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#251 20-09-2022 19:55:18

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Et donc pour les moustiques, pas de moustiquaire de tête ?

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#252 20-09-2022 20:13:39

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Canyon83 a écrit :

#666383Et donc pour les moustiques, pas de moustiquaire de tête ?

Non, pas dans nos contrées et en particulier en altitude (ce serait moins vrai en bord de mer, près d'une plage ou d'une lagune ...)

La plupart du temps la fraicheur et l'humidité du soir vont rendre les moustiques inactifs.

Si ce n'est pas le cas, une fois dans mon duvet avec le bonnet sur la tête rabattu sur les yeux d'une part, le buff remonté sur le visage d'autre part, il n'y a plus guère que l'extrémité de mon nez d'exposée. La vraie nuisance résiduelle est alors le son du moustique qui cherche un angle d'attaque sans le trouver : les bouchons d'oreille sont là pour ne plus avoir à y penser.

Cette année, malgré la chaleur sèche de juillet, je n'ai pas le souvenir d'une nuit où les moustiques ont réellement été une nuisance. Ce sont plus les taons qui ont été pénibles en journée dans les zones de troupeaux.


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#253 21-09-2022 07:33:21

marcheur75
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Merci pour ce récit.

Les moustiques sévissant dans les zones chaudes et humides, c'est sans doute "la chaleur sèche" de cet été qui les a raréfiés, à mon avis. Les spécialistes du forum nous diront si c'est bien cela.


Je n'ai pas lu tous les livres, hélas ! Mais la chair est réjouissante...

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#254 21-09-2022 07:57:22

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

marcheur75 a écrit :

#666407Merci pour ce récit.

Les moustiques sévissant dans les zones chaudes et humides, c'est sans doute "la chaleur sèche" de cet été qui les a raréfiés, à mon avis. Les spécialistes du forum nous diront si c'est bien cela.

Tu as sûrement raison : les surfaces d’eau stagnante propices à leur reproduction ont été très fortement limitées.


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#255 21-09-2022 14:03:41

Bombadyl
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Lieu : Pyrénées
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut Hervé, j'ai encore pas mal de retard dans ma lecture donc je réagis à ton récit du J10:

Hervé27 a écrit :

#665637J10, mardi 12 juillet : refuge de Certascan - Alos d'Isil

Au bilan 3h15 marchées depuis ma bifurcation jusqu'à Lo Fangassal, sans véritable difficulté technique ni d'orientation. Eu égard aux merveilles de cet itinéraire, le passage par Noarre que j'ai effectué en 2018 me parait très, très fade, et je dirai même sans aucun intérêt ... Honnêtement, faites de cette variante votre itinéraire principal, et n'optez pour Noarre que comme "Plan B météo" en cas d'orage ... Si ça "coûte" 1h de marche en plus, c'est le bout du monde.

En voyant tes photos je regrette de n'avoir pas visité ces lieux...
J'avais également planifié cette variante en itinéraire privilegié.
Elle est décrite dans le topo Trans'Pyr et donnée pour +1h15 de marche par rapport à Noarre.
Mais arrivés à la bifurcation et échaudés par nos temps de parcours "hors sentier" en Ariège, nous avons opté pour le plus rapide.

Du coup je me suis amusé à comparer nos temps de marche respectifs pour ces 2 options: Nous avons mis 2h15 (hors pauses) entre ta bifurcation et la cabanne de Fangassal. Donc on retrouve bien le delta de ~1h que l'on peut élargir à 1h15 vu que tu marches plus vite (en fait tu fais surtout beaucoup moins de pauses quand je compare nos traces VisuGPX!).

En tout cas, encore une superbe étape de HRP très bien racontée. Merci  pouce


Listes : liste HRP2023

Récits : HRP 2021 -> HRP 2022 -> HRP 2023

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#256 21-09-2022 14:10:17

pap35
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Bombadyl a écrit :

#666440En voyant tes photos je regrette de n'avoir pas visité ces lieux...
J'avais également planifié cette variante en itinéraire privilegié.

Je plussoie, la plus belle section de mes 6 jours de cet été, m'a presque fait regretter d'avoir décidé que le lendemain j'allais arrêter. Et beaucoup plus facile que certains passages de rochers de l'Ariège.

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#257 22-09-2022 11:48:58

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J14, samedi 16 juillet : Lacs de Remuñe - Añes Cruces

Vidéo
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Nuit sèche et douce encore et toujours. Au réveil, même pas la peine de me couvrir pour sortir du duvet et de la tente et aller ramasser et enfiler mes affaires de marche, qui ont bien séché sur la pierre chaude. À poil à 6h du matin et 2200 m d'altitude, même pas un frisson ... Remballage facile et rapide, et j'enclenche le chrono à 6h30.

Aujourd'hui les objectifs sont ambitieux : d'abord la Baisse Inférieure de Literole pour ce matin, pour enquiller aussi sec sur les Gourgs Blancs. Je passe dans le territoire de Zorey, mais après avoir échangé avec lui il y a quelque jours il n'y aura pas de possibilité de se croiser. Peut-être au retour, mais il est bien occupé : si la montagne est mon lieu de vacances, pour lui c'est son lieu de travail et les clients passent d'abord ... J'ai en réserve pour cet après-midi l'option d'une variante pour couper depuis les Gourgs Blancs directement vers le Lac de Pouchergues, via Port d'Ô, lacs de Gias et Clarabide. J'attends de voir dans quel état de forme je serai pour ne me décider qu'à la dernière minute. Evidemment, toujours pas d'inquiétude météo : seule la durée du jour peut me limiter.

Me voilà donc lancé pour l’ascension de Literole, 2ème "grand col" après Molières hier, par des chemins dont je me souviens qu’ils sont chaotiques ...

Je quitte d'abord les lacs de Remuñe sur un tout petit rythme pour ne pas violenter la machine : j'ai dormi près du 1er qui est le plus grand. J'ai bien fait de ne pas chercher plus loin, il n'y vraiment aucun espace bivouaquable autour du deuxième au fond d'un chaos rocheux. Je retrouve l'itinéraire principal par le fond du vallon de Remuñe, pour m'engager dans une gorge étroite où le sentier se cherche un passage sur l'une ou l'autre rive. Il faut de nombreuses fois traverser le torrent, avant d'attaquer la montée franche vers le Portal de Remuñe. L'univers est désormais totalement minéral et va le rester pour la plus grande part de la journée.

Départ du lac de Remuñe. J'ai dormi au centre de l'image
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le Val de Remuñe avant l'arrivée du soleil
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1ers rayons
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Il me faut 2h10 pour atteindre le Portal de Remuñe, où le dénivelé s'adoucit mais le terrain reste brutal et abrasif. Un peu de douceur cependant avec un bonbon à la menthe que je ramasse au sol, perdu par un prédécesseur ... Malgré les grandes chaleurs la neige est encore bien présente dans ce secteur, mais elle est plus décorative qu'autre chose. Rien à voir avec la vallée totalement englacée que j'avais péniblement traversé début août 2018, 3 semaines plus tard dans la saison que cette année ! Averti par un randonneur croisé hier soir, je prends garde au cairnage et vérifie régulièrement au GPS que je ne me laisse pas entrainer vers le bas et dans les falaises au-dessus du Lac Blanc. Il faut rester en hauteur avant de trouver du terrain où l'itinéraire devient plus évident.

Portal de Remuñe, en direction de Literole
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Pic Perdiguère, lac Blanc et Baisse Inférieure de Literole
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J'étais encore jusque-là seul dans les parages, mais je croise maintenant Thomas, jeune et valeureux HRPiste chargé de 22 kg mais parti d'Hendaye avec 28… Je comprends qu'à ses yeux je dois faire figure d'extra-terrestre ! Il a quitté le premier ce matin le refuge du Portillon, et m’annonce que la troupe suit.

Les quelques zones enneigées se franchissent à plat, et c’est entièrement par l’éboulis que je parviens au col. Ma mémoire des lieux était trompeuse : je ne me souvenais absolument plus de cette arête déchiquetée, ni du petit pas d’escalade pour y parvenir. L'image que j'avais gardé était celle d'un col arrondi sous une épaisse gangue de neige et de glace ... Je reste 10 minutes seulement profiter de la vue et faire quelques images, à califourchon sur un rocher exposé au vent, pour bien vite basculer de l'autre côté et redescendre vers le Portillon. Le petit glacier agonisant se fait peu à peu ensevelir par l'éboulis qui descend du Tuc de L'Estraperlo. Pour limiter le risque de glissade sans crampons (mais sans véritable danger), je longe la limite entre neige et éboulis, gardant toujours ainsi "au cas où" la possibilité de m'appuyer sur une pierre plutôt que de déraper sur de la glace. Prudence certainement excessive pour cette année ...

au pied du col
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du Col, vue arrière
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les restes du glacier, lac du Portillon et Gourgs Blancs
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Le lac du Portillon est bien bas, totalement dépourvu des morceaux de banquise qui y flottaient encore à mon dernier passage. Les années ne se ressemblent pas. Je décide de faire un arrêt collation au refuge, avec une bonne omelette jambon-fromage et, une fois n'est pas coutume, une canette d'Orangina pour profiter de la formule. J'arrive au stade où toutes les calories sont bonnes à prendre, ça ne va pas s'arranger. Je suis attablé avec Cédric, qui est là en mode trail mais randonne aussi en itinérance, et nous parlons matos.

Lac et refuge du Portillon
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Le redémarrage est difficile : j'ai du mal à suivre l'itinéraire sous la Tusse de Montarqué et en direction du Col du Pluviomètre, trompé sans doute par des cairnages multiples. Je jongle dans les grands blocs ... mais comment avais-je donc fait en 2018 pour descendre d'ici vers le Portillon dans la brume ? Je redescends du Col du Pluviomètre par l'arête d'un gros névé de neige molle, très esthétiquement bordé par un éphémère lac de fonte. Les Gourgs Blancs se traversent dans les gros blocs, et je monte au col par l’éboulis, là où d'autres empruntent le névé. J'arbitre rapidement pour ne pas aller chercher la variante du Port d'Ô : la somme d'itinéraires rocheux déjà accumulés pour aujourd'hui me suffit, et je ne veux pas risquer un bête accident (les accidents sont toujours bêtes) en solitaire sur un itinéraire de découverte dont je ne connais rien ...

Lac du Portillon et Literole, vus du Col du Pluviomètre
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les Gourgs Blancs vus du Pluviomètre ... magique !
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Je passe donc à 13h le Col des Gourgs Blancs et emprunte la longue descente vers Caillaouas. Un peu plus bas et au milieu d'un névé, je me retrouve littéralement alpagué par un binôme que je viens de saluer, lesquels veulent tchatcher matériel pendant que je brûle au soleil … Je mets de longues minutes à m'extraire poliment d'une discussion qui s'éternise, et en viens à me demander si je ne devrais pas coudre sur mon sac un QR Code renvoyant vers mon Trombi sur RL  rl lol  !

La descente est longue et fatigante, passant d'un lac à l'autre. La végétation réapparait peu à peu avec la perte d'altitude, et la chaleur de la mi-journée se fait maintenant sentir. Le Lac des Isclots m'avait fait rêver sans que je m'y arrête en 2018, je répare l'erreur cette année. Je trouve un étroit creux d'ombre dans une faille de rochers proche de la rive et m'y installe le temps d'un café et du grignotage. Je m'octroie aussi quelques brasses pour nager jusqu'à l'île en face de moi.

Lac des Isclots
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La descente continue encore jusqu'au lac de Caillaouas. J'y trouve la traversée du barrage fermée pour cause de travaux de réfection de la chaussée, un itinéraire de déviation pour les randonneurs étant indiqué par le sentier malcommode passant en contrebas de la retenue. Tant pis : j'enfreins l'interdiction et passe sur le barrage, trop pressé de marcher à nouveau sur du sentier régulier et enfin détendre des articulations bien sollicitées depuis ce matin. J'ai bien fait de ne pas en rajouter par le Port d'Ô, je crois que j'en aurais souffert ...

Lac de Caillaouas, bien bas lui aussi
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Echange amusé avec un groupe de gars qui veulent camper ici près des ruines des bâtiments, mais qui faute de réseau n'arrivent pas à joindre leurs copines pour leur dire de les y rejoindre ... Ils me demandent si je passe par la Soula pour leur transmettre le message ... Désolé les gars, il faudra retourner les chercher dans la vallée lol !

Je me lance pour ma part sur le sentier des anciennes mines, qui reste à flanc bien au-dessus du refuge de la Soula. Je vise désormais d'aller dormir "en dur" dans la belle cabane de Prat-Cazeneuve, rêvant pour une fois d'un peu de confort. J'avance à bon rythme sur l'antique itinéraire des wagonnets où, parfois, quelques rails demeurent encore.

je joue au petit train : tchou-tchou !
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Les km s'ajoutent aux km, et à 17h45 je passe par le déversoir du lac de Pouchergues. Un tuyau de métal déverse avec force le trop plein d'une conduite courant sous la montagne, et je m'y désaltère d'une eau glacée. Faisant un petit crochet pour admirer le lac, aurais-je vraiment gagné à passer par les Port d'Ô et de Gias pour arriver directement ici ? Je scrute la montagne pour tenter de repérer visuellement l'itinéraire, mais n'y vois rien d'engageant. Mais, bon, c'est toujours plus impressionnant vu de loin ... Aucun regret, je m'en suis tenu à ce que j'estimais être mes possibilités physiques pour aujourd'hui.

Vallon du Louron. A gauche la cuvette du Lac Pouchergues, à droite le replat où on distingue juste la cabane de Prat-Cazeneuve
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Lac de Pouchergues. Passer par là-haut sera pour une autre fois ...
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Je me réjouis d'avance de terminer ma journée à Prat-Cazeneuve, atteint d'ici en 1/4 h supplémentaire.

Forcément, nous sommes un week-end à la mi-juillet, il fait grand beau. Il y a du monde ... Je trouve là 3 gars avec 2 chiens, qui ont déjà passé 2 nuits sur place et rayonnent aux alentours. Très corrects, ils sont à chaque fois prêts à libérer les lieux pour les randonneurs et planter leurs tentes à l'écart. Un autre groupe familial se tient plus à l'écart avec 2 adultes, 2 enfants et 2 autres chiens ... Comme les chiens des uns créent des problèmes avec les chiens des autres, un chien du premier groupe doit rester enfermé dans le refuge pendant que tout le monde divague dehors ... Je m'interroge sur la pertinence de vouloir dormir ici, surtout que le dortoir en mezzanine que je vais visiter m'apparait surchauffé par le soleil sous le toit de tôle ...

Histoire de faire le point, je m'adosse à l'ombre du refuge et à l'abri du petit vent pour me chauffer un dernier café (enfin, un capuccino déca). Ainsi ventilé et reposé, je me résous au bout d'1/2 heure à aller chercher mon bonheur ailleurs, d'autant que d'autres randonneurs arrivent avec l'intention de profiter de la cabane, qui n'est pas si grande que ça (surtout avec à l'intérieur un local réservé au berger !). Je me console en me disant que ce que je vais marcher en plus ce soir sera autant de moins pour demain ... C'est qu'il est déjà temps de penser au ravitaillement : pas possible de tenir jusqu'à Gavarnie et par un itinéraire "long" via Barroude d'une part, et mon épouse et ma fille doivent m'y rejoindre lundi soir. Deux raisons pour m'avancer via le trajet "direct" par Parzan ...

18h30 : je quitte Prat-Cazeneuve
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Je pousse donc vers le haut du vallon d'Aygues-Tortes, cherchant la combinaison d'une eau courante et d'un carré d'herbe bivouaquable. Un couple marche devant moi : je crois les rattraper mais ils bifurquent sur la droite, sans doute pour bivouaquer près des petits lacs de Gourg Ardoun ou Gourg Long. C'est trop à l'écart de l'itinéraire à mon goût : je n'aime pas refaire à rebours au matin le trajet de la veille ... Malheureusement, plus j'avance et plus je trouve de raisons de continuer : harcelé par les taons d'abord, puis ensuite constatant que je suis pris en sandwich entre 2 troupeaux de moutons : avec la chance qui me caractérise, si je m'installe dans les zones propices que j'aperçois, j'ai toutes les chances que l'un ou l'autre troupeau vienne aussi s'y agglutiner pour la nuit.

Je me résous donc à franchir le col, ce qui me fera tout de même 600 m D+ supplémentaires depuis la cabane de Prat -Cazeneuve. J'y suis à 20h après une montée à l'ombre. Il y a là-haut des cercles de pierre où je pourrais m'installer ... si j'avais de l'eau. Je dois donc aller chercher le bivouac plus bas, et au point où j'en suis, pourquoi pas à la cabane d'Añes Cruces ? Pour me motiver dans ce dernier effort, je peux admirer une troupe d'isards pour une fois nonchalants, dont le profil se découpe sur le fond du massif des Posets. Hormis un passage raide sur les bords du torrent qui s'enfile dans un éboulis le long d'une barre rocheuse, la descente se fait bien.

Sous le Col d'Aygues-Tortes, vue vers le vallon
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Col d'Aygues-Tortes. Les Posets dans le couchant
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Finalement je n'ai pas à marcher jusqu'à la cabane d'Añes Cruces, car un beau et large replat d'herbe s'offre à moi, traversé par le torrent. Les températures invitent à rester en altitude, et le thermostat sur 2300 m est très confortable. Je plante ainsi le Pioulou après ma plus grosse journée de marche depuis celle du départ, et consacre l'énergie qui me reste à une toilette et rinçage du linge dans le torrent.

Bonne nuit
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En quelques chiffres :

Total J14 :
32 km
D+ 2549m
D- 2447m
Marche 11h29 (+pauses 2h45)
kmE 63
IBP 275

Cumul J01-14 :
437 km
D+ 27 100 m
Marche 137h30
kmE 761

Itinéraire
7ZpAUdEqy.Trace-J14-RL.jpeg

Profil
7ZpAYokeJ.Profil-J14.jpeg

Progression
7ZpB1NUMW.J14.jpeg


Vidéo
7ZpOLf1qr.Titre-J14.s.jpeg


EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 17:35:53)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#258 22-09-2022 12:10:43

WouinWouin
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Une belle journée ça !

Je sais maintenant où on s'est croisé. Cette nuit là, j'étais à la cabane. A mon avis, tu es parti plus tôt que moi le lendemain.

Toujours un plaisir de te lire en tout cas !

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#259 22-09-2022 12:15:54

Hervé27
éMULe
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Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

WouinWouin a écrit :

#666573Une belle journée ça !

Je sais maintenant où on s'est croisé. Cette nuit là, j'étais à la cabane. A mon avis, tu es parti plus tôt que moi le lendemain.

Toujours un plaisir de te lire en tout cas !

J'étais à rien de pousser jusque-là, mais j'en avais plein les pattes ! Dommage ...


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#260 22-09-2022 17:13:58

Stéphane_33
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Belle journée   pouce

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#261 22-09-2022 17:44:06

Balipit
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Inscription : 05-02-2017

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hervé27 a écrit :

#666575

WouinWouin a écrit :

#666573Une belle journée ça !

Je sais maintenant où on s'est croisé. Cette nuit là, j'étais à la cabane. A mon avis, tu es parti plus tôt que moi le lendemain.

Toujours un plaisir de te lire en tout cas !

J'étais à rien de pousser jusque-là, mais j'en avais plein les pattes ! Dommage ...

Oui , je connais bien le secteur : c'est déjà pas mal comme journée  pouce

Dernière modification par Balipit (22-09-2022 17:44:53)

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#262 22-09-2022 19:05:06

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

c'est extraordinaire de voir le portillon si bas et les bourgs blancs à sec.

on dirait que les montagnes sont toutes nues sans leur manteau de neige.

une bien belle journée tout de même...

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#263 22-09-2022 19:14:42

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

laxmimittal a écrit :

#666643c'est extraordinaire de voir le portillon si bas et les bourgs blancs à sec.

on dirait que les montagnes sont toutes nues sans leur manteau de neige.

une bien belle journée tout de même...

L.

Pour comparaison :

la vue de la Baisse de Literole vers Remuñe le 5 août 2018
7ZqjVmdUh.2018-08-05-09.jpeg

le lac du Portillon avec encore des plaques de glace
7ZqkftZFJ.2018-08-04-20.jpeg


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#264 22-09-2022 19:33:07

Canyon83
Membre
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Si Zorey su, Zorey pas venu  wink
Hervé27, vous êtes en vacances ? Non ch'uis au fond d'la mine, j'pousse des wagonnets  lol

M'enfin, 2500m de D+, c'est bien, mais tu as déjà fait mieux  wink

Encore et toujours de bien belles photos, là, ça donne vraiment envie de vivre cette expérience !

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#265 23-09-2022 00:07:27

Timalaya
Membre
Inscription : 07-10-2019

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Le Port d'Oo ça passe bien si on frôle les parois du Pic Jean Arlaud, c'est pas trop dégueu. (bien penser à passer vraiment juste a coté des dalles du Jean Arlaud, les deux premières fois j'avais suivi des cairns plus a l'est, c'est bien plus pénible). Ensuite faut bouffer un peu de pierriers a flanc jusqu'à Gias mais ça dure pas longtemps. Puis bonne sente/sentier jusqu'au lac de Pouchergue, je trouve ça bien moins chiant que le col des Gourgs Blancs assez pénible quand c'est tout sec. Et le lac secret de Clarabide vaut le détour, pour la prochaine fois comme tu dis !  tongue

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#266 24-09-2022 11:02:31

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J15, dimanche 17 juillet : Añes Cruces - Pietramula

Vidéo
7ZsXTemS6.Titre-J15.s.jpeg


Au risque de me répéter encore et encore : nuit sèche et douce. Le départ en est facilité et je commence à enregistrer ma trace à 6h32 ...

champs d'iris
7ZsTRseFM.J15-01.jpeg

Un vrai regret d'itinéraire pour cette journée, je me résous au trajet direct pour rallier Gavarnie au plus vite :
- j'y dois retrouver ma famille mardi matin
- j'ai besoin de ravitailler et passer à Parzan (4 jours après Tredos / Salardù)
- ma grosse journée d'hier me pousse vers du chemin facile

Je voulais au départ passer par Bachimala et rejoindre Urdiceto par les crêtes, mais je n'ai pas le jus pour attaquer cette variante d'altitude qui aurait sûrement été magnifique en cette belle (et chaude) journée. J'entame donc la descente vers Viados et ne bifurque pas à hauteur de la Cabane d'Añes Cruces pour remonter vers le Col du Señal de Viados. Dommage, car je sais maintenant que j'aurais pu croiser WouinWouin qui passait ici la nuit en dur ...

là-haut, WouinWouin s'éveille mais je n'en savais rien (cabane d'Añes Cruces, juste visible en plein centre)
7ZsUbquct.J15-03.jpeg

A la bifurcation entre GR11 (direction de Port de Chistau et d'Estos) et chemin du Port d'Aygues-Tortes d'où j'arrive, la passerelle tordue souvent imagée ces dernières années dans les vidéos de HRP gît désormais brisée dans le lit du torrent. 2 grumes solidarisées par des sangles ont été récemment installées en remplacement, mais je ne veux pas jouer les équilibristes et traverse sur les rochers dans le lit du cours d'eau.

entre 2 ponts
7ZsU0YRw0.J15-02.jpeg

Le vallon est paisible en ces petites heures, mais je n'y trouve aucune fraicheur. Je sais que si je n'aurai pas encore trop chaud ce matin, le passage cet après-midi à Parzan sera probablement pénible, mais je n'ai plus le choix ... Je croise bientôt à la montée les marcheurs lourdement chargés du GR11 partis du refuge de Viados, puis un groupe plus important dont les membres arborent des faisceaux de petits fanions : un marquage de trail se prépare.

descente vers Viados
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Je pensais descendre plus vite, mais il me faut plus d'1h30 pour parvenir au refuge de Viados. Je décide de me ménager avant les fortes chaleurs, et me pose là plus tôt qu'à l'habitude, le temps d'un café et du grignotage de ce qui me reste dans le sac (je veux avoir totalement vidé mes réserves avant Parzan). Installé dehors à l'ombre d'un grand arbre et à côté de la salle hors-sac, je fais la connaissance de Cédric, marcheur du GR11 et de son sac gargantuesque. Je m'apitoye sur sa démarche raide et visiblement douloureuse, quand il en vient à me parler de ses hanches en titane ... Forcément, découvrir qu'il est possible de fortement s'alléger l'intéresse ! Je repars finalement après 1 h,  avec la perspective des 800 m de remontée sous le soleil vers le Col d'Urdiceto ...

Refuge de Viados
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A hauteur du camping d'El Forcallo, plutôt que d'emprunter la piste chaude et poussiéreuse, je poursuis par le GR11 qui doit suivre le torrent sur l'autre rive, bien à l'ombre dans la forêt. Ce bon sentier paisible est un régal, et me permet de repérer (pour un futur passage ?) la cabane ouverte de Es Plans. Sur ma carte aucune passerelle ne permet de retraverser le torrent du Rio Cinqueta, au lit teinté par la rouille amenée par l'eau descendue de ces montagnes de fer. Il me faudra passer à gué quelque part, sans me laisser piéger par les petites gorges impraticables qui se profilent. Malgré la sécheresse le débit reste important (la fonte des neiges arrive juste au bout), et il me faut mettre résolument les pieds dans l'eau, pour remonter vers la piste en mode sanglier. Dans l'aventure, je ne réalise pas immédiatement que la bouteille d'1,5 litres qui remplace momentanément ma Platypus défunte, et que j'ai serré à l'horizontale sur le haut du sac, va quitter son logement et tomber. Dans le grondement du torrent je n'entends rien, et ne pourrai que constater l'absence un peu plus tard ... Je n'ai donc que mon 1/2 litre pour cette session de chaleur : pourvu que l'eau ne manque pas en chemin !

Refugi de Es Plans
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passage à gué du Rio Cinqueta
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Avec mes chaussures trempées par la traversée à gué et qui font plouitch, plouitch à chaque foulée, j'attaque maintenant par la piste la longue remontée vers Urdiceto. J'ai eu raison de me ménager ce matin, ça m'évite de caler avec la chaleur qui monte. Arrêt rapide à une abondante source en bord de piste : j'y bois autant d'eau que possible et recharge mon 1/2 litre. Une fois n'est pas coutume, j'y suis rattrapé par 2 vingtenaires avec des sacs à la journée qui montent à allure soutenue : je vais m'efforcer de les prendre pour "lièvres" mais les verrai inexorablement prendre de l'avance. Je tiens mon souffle et pousse la machine, déterminé à atteindre le col d'une traite, sans pause intermédiaire. La vallée est belle, bucolique et fréquentée, mais sans excès.

Cabana de Sallena (rustique ...)
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Un peu après la passerelle sur le petit torrent de Montarruegos, dont le bois pourrit et qu'il faut traverser avec prudence, la pente se redresse et exige de donner un petit coup de cul supplémentaire. C'est là que je rejoins l'un de mes 2 vingtenaires, qui a visiblement craqué à l'instant où son partenaire a décidé de passer en mode trail ... Pendant que l'un trottine dans les hauteurs, l'autre s'est écroulé à l'ombre d'un pin et ruisselle de sueur. Je rattraperai plus loin le coureur, contraint au demi-tour ... La fréquentation sans excès se fait quand même plus intense, et je ne serai plus très loin de l'agacement après avoir croisé successivement une dizaine de VTTistes, puis un groupe d'ados tellement nombreux que je cherche des yeux le bus qui a dû les déposer ...

passerelle de Montarruegos : on dirait que quelqu'un est passé au travers ...
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il est des portions de chemin plus reposantes que d'autres
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approche du Col d'Urdiceto
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Je dépasse un peu avant le col un HRPiste, avec qui j'ai le temps d'échanger sur les quelques longueurs que nous faisons ensemble (Julien rentre dans le récit). J'indique qu'avant la probable chaleur torride de Parzan, j'ai l'intention d'aller me faire une bonne pause baignade plus bas après le col à la petite retenue hydroélectrique d'Urdiceto, avant de reprendre les devants. Etonnamment je trouve la cabane au col d'Urdiceto fermée et verrouillée : ce sera souvent le cas au mois de juillet, alors que sur mon trajet retour je les trouverai ouvertes ... Du col je coupe la piste par le sentier, et après quelques lacets j'y trouve une belle source d'eau glacée, nichée dans un creux de mousse en bord de chemin : un régal ! Une demie-heure est nécessaire du col pour rejoindre le petit lac d'Urdiceto, tout bleu dans le creux du vallon et bordé de petites terrasses d'herbe et de jeunes pins. C'est parfait pour s'installer à l'ombre et vite piquer une tête ! Le rêve !

Col d'Urdiceto : la cabane est fermée
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retenue d'Urdiceto
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avant que de piquer une tête (notez le sel de transpiration sur les bretelles !)
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Julien passe bientôt et je l'invite à profiter, mais il est résolu à rejoindre Parzan au plus vite et poursuit. Pour ma part, je tiens à profiter de cet ultime instant de fraicheur ... même si au final il faut bien me résoudre à entreprendre les longs kilomètres de piste. J'avais rincé mon linge dans le lac et renfile des affaires encore humides : c'est confortable pour le T-Shirt dans cette chaleur, mais je remets mes pieds dans des chaussettes et chaussures que j'aurais apprécié plus sèches ... Assez vite, à marcher sur la piste, je vais sentir que ça chauffe. Plutôt que prendre le risque d'ampoules, je vais m'arrêter de nouveau à hauteur d'un pré où je peux m'asseoir à l'ombre, et donner une nouvelle aération / séchage à l'ensemble. Je ne suis déjà plus qu'à 1600m d'altitude, la chaleur est déjà étouffante ...

Je remonte le buff sur le visage au passage des 4x4 pour ne pas respirer la poussière. En général, les véhicules sur la piste ralentissent ostensiblement à l'approche d'un marcheur, conscients du désagrément ainsi causé.

A 15h30 je suis enfin en fond de vallée et traverse le Rio Barrosa, pour subir un ultime supplice au bord des 1,5 km de route nationale : il fait 38°C ...

ça devient dur ...
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... très dur ...
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Après juste (ouf !) 1/4 h de bitume j'arrive à Parzan aux abords du supermercado. Sur un banc à l'ombre non loin de la route je retrouve Julien et fait la connaissance de Jean, encore un HRPiste. Il me font une place dans ce maigre espace de confort (relatif), et je leur confie mes affaires pendant que je vais faire mon raid de ravitaillement : pas besoin de me charger outre-mesure, je n'ai pas de doute d'être à Gavarnie demain ... Outre mes nourritures habituelles, je reviens avec une bouteille de yaourt à la framboise tongue toute droite sortie des réfrigérateurs, ainsi qu'une nouvelle grande bouteille d'1,5 litre d'un genre de limonade, dont je vais avoir besoin comme (nouveau) remplacement de ma Platypus. Je vais vider tout ça tranquillement pendant que nous discutons ...

Pour une fois la météo s'est chargée, et le retour au réseau indique un faible risque d'orage. Entre laisser passer la chaleur et laisser passer l'orage, nous allons passer là presque 3 heures, en venant aussi à nous décaler vers le Bar Restaurant de l'autre côté de la route. J'en profite également pour y recharger ma caméra (petite frayeur quand je la récupère : la batterie est brûlante après avoir rechargé, sans doute un effet exacerbé de la chaleur). Jean et Julien retrouvent là d'autres HRPistes vus dans les jours précédents, et qui prendront place en gîte au village. Une courte averse tombera durant ce temps, la première eau du ciel depuis 11 jours de canicule !

Regardant sa carte, Julien décide d'aller dormir ce soir au Lac de Barroude. Un peu interloqué, je lui demande s'il a bien pris la mesure des distances (15 ? 20 km ?) et des dénivelés (1400m D+ d'ici au Port de Barroude). C'est peut-être optimiste pour quelqu'un qui en est à son 30ème jour de HRP depuis Banyuls, non (j'en suis à 15 ...) ? Surtout qu'il va être 18h ... Mais il est comme ça, Julien ! Ceci étant dit, s'il peut faire du stop au lieu de marcher dans une zone qui ne l'intéresse pas, il ne s'en prive pas : c'est d'ailleurs comme ça qu'il est arrivé à Parzan, pris en stop à la descente par le berger wink . Quant à lui, Jean a déjà pris les devants pour remonter par la piste en direction de Pietramula. Chacun repart à son heure ou de son côté ...

Après un aussi long arrêt il faut remettre les muscles en mouvement. Heureusement l'organisme désormais surchargé en sucres répond bien. Passé 18h j'entame un trip du soir, avec pour objectif de mettre dès maintenant derrière moi la longue piste. Je veux aller bivouaquer le plus haut possible, c'est à dire à Pietramula, quitte à arriver tard. Le couvert nuageux et la petite averse de tout-à-l'heure ont fait retomber la température, et je n'ai plus qu'à enclencher le pilote automatique pour dérouler les kilomètres : en bord de route d'abord jusqu'au village de Chisagüés, de piste carrossable ensuite. Par rapport à mon précédent passage en 2018, le hameau a été bien agrandi par la construction encore en cours de toute une série de chalets ...

Chisagüés
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C'est un peu après le village que je rattrape Jean, et nous ajustons mutuellement nos rythmes pour reprendre notre conversation et refaire le monde. Il veut bien marcher jusqu'à Pietramula, mais exige toutefois de faire une pause pour le dîner sur le bord de la piste ... A cette heure-ci il a normalement et depuis longtemps posé le bivouac, et ne se voit pas poursuivre sans un apport de calories.

De fait, avec l'heure tardive du départ, cette pause dîner anticipée (pour moi) et les longs kilomètres, il est 21h15 quand nous atteignons la fin de la piste. Il y a là un van et un couple qui se prépare à y dormir. La zone que j'envisageais pour le bivouac de l'autre côté du torrent se révèle malheureusement être aussi celle de divagation des vaches. Nous nous rabattons sur le genre de terre-plein naturel près de la route, où avec l'heure tardive j'aurai du mal à trouver un espace dénué de chardons et d'orties ... Si par habitude je plante le Pioulou, Jean pour sa part s'installe à la belle étoile.

mauvaise photo (au matin) de notre bivouac
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Tout près de nous (mais de l'autre côté du torrent) les vaches carillonnent : sans les boules quiès c'était la nuit blanche ...

Desséché malgré tout ce que j'ai bu, je vais me relever dans la nuit pour aller refaire le plein de ma (nouvelle) grande bouteille d'eau au torrent et à la frontale ... Maladroit, je vais laisser le bouchon m'échapper et disparaitre dans l'obscurité et le courant ... Si j'ai de l'eau jusqu'au matin à condition de ne pas renverser son contenant, demain il me faudra encore une fois faire avec mon seul 1/2 litre roll .




En quelques chiffres :

Total J15 :
41 km
D+1948m
D-2323m
Marche 9h38 (+pauses 5h05)
kmE 67
IBP 230

Cumul J01-15 :
478 km
D+ 29 024 m
Marche 147 h
kmE 828


Itinéraire
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Profil
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Progression
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Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 17:51:42)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#267 24-09-2022 11:44:50

vacuithe
Sébastien
Lieu : Nantes
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Belle petite journée de marche !
L'année dernière j'avais fait une boucle au départ de Gavarnie, je me souviens très bien de ces champs d'iris, c'était impressionnant je n'en avais jamais vu autant !

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#268 24-09-2022 17:27:02

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

L'étape "Naquunlac"  cry    wink
Et la variante initialement prévue aurait empêché le ravitaillement ou bien rajoutait trop de difficultés ?

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#269 24-09-2022 17:44:54

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Canyon83 a écrit :

#666828L'étape "Naquunlac"  cry    wink
Et la variante initialement prévue aurait empêché le ravitaillement ou bien rajoutait trop de difficultés ?

C’était sûrement un peu plus long mais probablement pas difficile. C’est juste qu’au petit matin et après la grosse journée de la veille, je n’avais pas le jus pour attaquer la grimpette requise, peut-être partiellement hors sentier. C’était plus simple de me laisser descendre en roues libres jusqu’à Viados … Bref, un bon coup de flemme …


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#270 24-09-2022 20:32:22

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

On a tous besoin de temps en temps d'un petit relâchement, c'est bénéfique  cool

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#271 26-09-2022 15:29:32

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J16, lundi 18 juillet : Pietramula-Gavarnie + Jour Zéro n°2

Vidéo
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Pour une fois ce matin la toile est un peu humectée : le temps chargé et la petite averse d'hier après-midi à Parzan signalent le début d'un changement de temps, mais aussi que je me rapproche de l'humidité atlantique. Une Lune gibbeuse trône haute dans le ciel d'une blancheur éclatante. Elle aura baigné de lumière toute la seconde partie de nuit.

J'ai toutes les raisons aujourd'hui de ne pas être pressé : Gavarnie est désormais tout proche et je n'ai pas de doute d'y être dès ce soir. Ma famille (enfin, une partie ...) m'y rejoint demain, ce sera donc jour de repos, le deuxième depuis le départ. Ayant marché et bivouaqué hier soir avec Jean, nulle raison de ne pas poursuivre de concert aujourd'hui également : nous n'avons pas encore complètement refait le monde dans nos discussions, il nous reste pas mal de finitions pour occuper notre journée wink .

La Lune sur le Pic de Comodoto (2354 m)
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Si je suis levé à mon heure habituelle, Jean n'envisage pas de se mettre en route sans en passer par un solide petit déjeuner, que pour une fois je vais prendre aussi. A 7h je prends tranquillement les devants en direction du Col de Pietramula, histoire de chauffer un peu les muscles sans forcer. En traversant le torrent, je regarde à tout hasard si j'aperçois mon bouchon de bouteille perdu hier soir dans la nuit, mais non. A la première occasion je pourrai écraser mon contenant devenu inutile ... La quiétude du matin n'est troublée que par les beuglements des vaches qui se mettent en mouvement, les mères appelant leurs veaux. Concert également de marmottes, dérangées par le gêneur bipède que je suis. Un sanglier solitaire court dans la pente : j'en avais rarement vu aussi haut et totalement à découvert (bon, seulement 2000 m).

Pietramula, vue arrière en direction de Parzan
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Juste en-dessous du col je rencontre un HRPiste anglais assis au bord du chemin, attendant tranquillement le lever du soleil. Il a dormi seul cette nuit dans la cabane de la Estiva, que j'aurai bien aimé rallier hier soir, mais Jean n'était pas prêt pour une heure de marche supplémentaire. Je l'attends au col où il me rattrape bientôt, et nous traversons le plan de la Estiva au milieu des troupeaux.

La vache, le col est bien gardé !
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Après le plein d'eau à la fontaine, nous nous séparons momentanément : je veux aller visiter la cabane précédemment mentionnée, histoire d'en faire le repérage pour un futur passage. Le bâtiment est propre et sain, la toiture refaite plutôt récemment. Sol en béton, cheminée, mezzanine de planches pour le couchage (4 personnes). La particularité est qu'il n'y a aucune fenêtre : porte fermée, la seule lumière naturelle entre par l'emplacement de la serrure absente, qui fait alors office de lucarneau ... En contrebas, un long bassin pour le bétail est alimenté par une source. La vue sur les murailles du cirque de Piñeta est imprenable. N'hésitez pas à faire halte ici pour la nuit si votre horaire le permet !

Piñeta depuis le Col de Pietramula
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Refugi de la Estiva : j'y reviendrai ...
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Je coupe dans la pente pour rattraper Jean que j'aperçois en contrebas marchant sur le GR11. Un grand vautour passe alors en planant entre nous deux, au-dessus de lui et en-dessous de moi ... Quand je rejoins Jean, nous ferons détaler quelques isards, sans en avoir eu l'intention. La section en balcon le long de l'Estiva s'achève, et le GR11 va descendre en lacets en partie ravinés jusqu'au Pla de la Larri, 400 m D- en contrebas.

Quelques repères :
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Petit écart de ma part pour aller documenter la cabane de la Larri : grand volume sur un sol cimenté, une cheminée, mais aucun mobilier ni espace de couchage. Il faut y dormir à même le béton. Il fait bon et la fréquentation des lieux n'est pas encore importante : nous faisons une halte paisible sur un carré d'herbe entouré de grands buis pourvoyeurs d'ombre, non loin du torrent.

Pla de la Larri & cabane à gauche
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Débat avec Jean au sujet de l'itinéraire à prendre vers Gavarnie : par Lac du Marboré & Brèche de Tuquerouye, ou bien par Port Neuf de Pinède. La différence de 200 m D+ additionnels par Tuquerouye emporte la décision en faveur de Port Neuf de Pinède. C'est bien, comme ça je sais par avance où il me faudra passer au retour wink .

Après plus d'1h de pause, un bon chemin de coupe permet de passer du Pla de la Larri vers le pied de la cascade de Cinca au fond du cirque de Piñeta. Nous commençons à y croiser du monde lors de ce transfert ... Nous nous réhydratons abondamment à la fontaine de la colada de Piñeta. Comme ma grande bouteille est inutilisable (bouchon perdu), Jean accepte à mon intention de se charger de plus d'eau que nécessaire (je n'ai plus que mon 1/2 litre ...). Le sujet peut vite devenir critique dans ce secteur : l'ascension est raide et cause d'une abondante transpiration, le massif est calcaire et l'eau a du mal à s'y maintenir en surface, le soleil commence à cogner lourdement ...

Colada de Piñeta : maintenant, il faut monter !
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Il est midi quand les 2 itinéraires Tuquerouye et Port Neuf de Pinède bifurquent l'un de l'autre, et nous prenons à droite vers le moins élevé des 2 cols (900 m D+ tout de même depuis le Pla de la Larri). Le sentier est de facture acceptable et on ne risque pas de le perdre, mais vindiou ça grimpe ! En sens inverse nous croisons 2 français bien asséchés, heureux d'apprendre la présence de la fontaine à quelques dizaines de minutes. La dernière section sous le col est une vaste raillère : nous voyons les files indiennes de groupes montants et descendants, tous bien lents dans la pente de gravier où se dessine un chemin malcommode ...

Je n'irai pas prendre la fraicheur à l'ombre de ce pont ...
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Jean comme moi allons pester à chaque pas, car nos pieds s'enfoncent dans le gravier et nous redescendons à chaque pas la moitié de l'effort produit ... C'est comme s'il nous fallait gravir deux fois ce col. Nous nous serrons sur le côté pour laisser passer un groupe espagnol à la descente, dont plusieurs membres semblent très fébriles sur ce terrain instable. Tandis que nous attendons que tout le monde soit passé, nous allons nous agacer car les derniers s'arrêtent et occupent le chemin au-dessus de nous pour papoter et se prendre en photo devil  ... Nous ne retrouvons du terrain solide qu'aux abords immédiats du col, que nous sommes contents d'atteindre enfin, après 2 heures d'efforts dans la chaleur depuis la fontaine.

la raillère de Port Neuf de Pinède
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derniers mètres avant le col
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Cirque d'Estaubé et Hourquette d'Alan droit en face
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Il y a là un couple qui se rapproche de nous avec leur carte, nous demandant où nous sommes : venant de Gavarnie ils croyaient monter à la Brêche de Tuquerouye et au Lac du Marboré, les voilà à Port Neuf de Pinède. Pas d'autre choix pour eux que le demi-tour ...

Tout au long de la montée nous avons consommé notre eau, il nous reste environ 1/2 litre chacun alors que la faim du déjeuner nous titille. Nous prenons l'option d'avancer pour trouver un ruisseau et ne pas risquer de manquer, mais dans les calcaires du Cirque d'Estaubé c'est peine perdue. Quand nous trouverons un beau rocher offrant son ombre avec de jolis bancs de pierre aménagés à son pied, nous opterons pour déjeuner là et finir notre eau (pour moi sous forme d'un café). Nous en repartons à 15h, direction la Hourquette d'Alan qui sera bien longue à atteindre, 1h30 plus tard. Au moins dans cette ascension nous quittons les calcaires et retrouvons enfin de l'eau courante ... Courte pause de quelques minutes à la Hourquette, et de là nous plongeons avec l'intention de rallier Gavarnie "tout schuss", plus de 1000m D- plus bas. Jean est impatient d'arriver, il doit retrouver là sa compagne, avant d'aller bivouaquer ce soir au lac d'Ossoue qu'ils rallieront en voiture. Pour ma part j'ai tout mon temps : mon épouse et l'une de mes filles ne me rejoignent que demain en début d'après-midi. Cela ne m'empêche pas de tenter de suivre Jean qui cavale : nous arriverons à Gavarnie et au camping de la Bergerie après 1h40, seulement, belle performance !

En chemin, même Jean qui est pourtant bien chargé souffrira pour une randonneuse au sac énorme croisée à la montée, laquelle porte son sac en biais pour tenter de soulager alternativement la douleur infligée à ses épaules ... Une énorme tente ronde auto-dépliante ballote derrière elle, telle une roue de camion prête à se décrocher roll  ... Evidemment, si nous avions déjà chaud en altitude, c'est la fournaise qui nous attend en bas ... Nous n'aimerions pas avoir à suer dans la montée à cette heure !

Au pied de la Brèche de Tuquerouye. On aperçoit la toiture du refuge ouvert
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Hourquette d'Alan, vue arrière par-dessus le Cirque d'Estaubé et, au fond, Port Neuf de Pinède
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Hourquette d'Alan, vue avant vers le Vignemale, les Espuguettes en contrebas, Gavarnie en fond de vallée
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Brèche de Roland et Espuguettes
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Arrivé à 18h15 au camping (accueil toujours aussi sympa et bienveillant calin ), je monte installer le Pioulou tout en haut sur la dernière plate-bande avec pleine vue sur le Cirque. Je redescends prendre une douche-lessive : après m'être frictionné sous la douche chaude (rhââaaaa pouce ), j'y nettoie mes affaires dans la foulée (le tout dans les 7 minutes d'eau chaude imparties par le jeton de douche à 1 €, prix raisonnable). Vu les chaudes températures extérieures au-dessus de 30°C, j'essore mes affaires et avant de sortir de la douche je les renfile plus qu'humides mais désormais sentant le savon : c'est agréable et rafraichissant !

Je ne tiens pas le compte des rencontres faites au camping, et ne mentionne ici qu'une discussion amusante. D'un trio de marcheurs du GR10, l'un va me presser de questions sur mon matériel après avoir aperçu mon petit sac, et ce chaque fois qu'on se croisera ce soir et le lendemain. Cherchant une échappatoire, je le renverrai vers rl , ainsi que sur ma vidéo qui présente tout ... "Ah, ben je l'avais déjà vue ... en accéléré alors j'ai pas écouté, c'est pour ça que je demande" lol  !

je vais guetter un long moment l'arrivée de ce MUL qui a étalé son bivouac cow-boy très "light" au camping, espérant quelqu'un de RL. C'est en fait un HRPiste anglais ...
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Je me décale en ville à l'heure du dîner et retrouve une adresse bien connue au restaurant Le Mourgat pouce pouce pouce . Les lieux sont bien remplis mais comme je suis tout seul on me trouve encore une place en intérieur. Je m'y délecte d'une pizza "butineuse" (miel et fromage de chèvre), avant d'être rejoint par Jean et sa compagne. Nous nous décalons en extérieur juste après une averse, mais avec le coup de feu de l'heure de pointe nous sommes prévenus que le service sera long. Je double ma pizza d'un "petit" burger, mais Jean se jettera sur la version "Mastodonte" à 1kg la pièce tongue tongue  ! Encore juste en-deçà du seuil des 3 semaines d'itinérance, je ne me sens pas encore prêt pour ce niveau de compétition ... Après donc seulement une pizza et un burger de taille normale ici dit "du Berger", je me contenterai d'une imposante coupe de chocolat liégeois pour clore le repas tongue .

En soirée, Nous nous séparons avant que la nuit ne soit complètement tombée, dûment invité par Jean à profiter d'un hébergement dans son moulin restauré du Béarn. Merci l'ami ! Il va prendre une journée d'avance sur moi, mais comme je fais de plus longues journées que lui, il est probable que je le rattrape.

En rentrant vers le camping, déjà somnolent d'une lourde digestion, je supporte d'avoir enfilé ma polaire. Effectivement, le temps change ...


J0 n°2, mardi 19 juillet

Le lendemain je vais tranquillement tuer le temps, tout d'abord en feignassant sous ma tente tandis que mes voisins rempaquettent et déménagent. Le lever de soleil sur le Cirque est comme de bien entendu magnifique ... Le soleil n'atteint ce versant que vers 10h, et aussitôt l'intérieur du Pioulou surchauffe : c'est l'heure pour moi d'aller faire un tour "en ville" pour ravitailler à la supérette. Heureusement me direz-vous, l'enseigne est bien achalandée en produits dédiés aux randonneurs, et j'y trouve tout mon bonheur.

Il y aura aussi ce jour-là une part de ravitaillement "matériel" lorsque ma fille et mon épouse me rejoignent :
- remplacement de ma Platypus percée par un modèle plus récent provenant de mes stocks
- je retrouve mon raccord oublié, qui me permet enfin de connecter et recharger ma caméra sur la powerbank, m'affranchissant enfin de la dépendance des prises secteur
- complément des niveaux d'alcool à brûler, savon liquide, crème solaire ...
- remplacement de ma bouteille d'1/2 litre par une autre, au pas de vis compatible avec le filtre (j'avais omis de m'en assurer au départ ...)

Dans l'après-midi c'est Julien qui est arrivé à son tour au camping, après son grand tour des cirques depuis Parzan. Il nous rejoindra le soir à table, où on se trouvera plein de choses en commun, comme par exemple d'avoir été longtemps havrais ... Les normands se retrouvent en Pyrénées wink ! Visiblement convaincu depuis notre rencontre par la possibilité d'être léger, il a commencé à renvoyer de nombreux articles à la maison, et ne compte pas s'arrêter là : nous avons gagné un MUL ! On ne marchera pas ensemble, parce que c'est maintenant son tour de prendre une journée zéro : on arrivera malgré tout à se suivre de loin en loin grâce à WhatsApp et d'autres hasards (à suivre)...

@fredcognac :  Julien nous parle de la mésaventure d'un MUL qu'il a croisé, lequel avait perdu sa tente au nom chinois imprononçable dans les Gourgs Blancs. J'avais lu quelques jours avant ton appel au secours sur le fil Pyrénées ...

Pendant ce dîner tombera une nouvelle grosse averse orageuse. Le Mourgat est hélas fermé le mardi, nous nous étions rabattus sur un autre restaurant dont le menu est tout aussi adapté à l'appétit du randonneur. Décidément, j'aime Gavarnie tongue  !

Pour la suite, ma fille doit m'accompagner demain et après-demain sur des demie-étapes pour lui faire admirer le Vignemale, avant de tous nous retrouver une nouvelle fois à Candanchù où nous avons pris une location pour 2 nuits. Encore quelques jours tranquilles devant moi ... enfin c'est ce que je crois alors roll

Au matin, farniente pour moi tandis que mes voisins s'activent ...
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En quelques chiffres :

Total J16 :
23 km
D+1624m
D-2135m
Marche 7h48 (+pauses 3h29)
kmE 46
IBP 199

Cumul J01-16 :
502 km
D+ 30 650 m
Marche 155 h
kmE 875


Itinéraire
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Profil
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Progression
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Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (23-03-2024 12:58:20)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#272 26-09-2022 15:58:56

Matt81
Membre
Inscription : 22-02-2008
Site Web

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hello,
Toujours aussi chouette à lire, et les bonus vidéos bien sympas.
C'est un véritable topo à mettre en pdf sur le tel pour les prochains HRPistes pouce

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#273 28-09-2022 17:20:24

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Pour tous les gentils messages reçus, un grand merci  smile .

Comme chaque année, il me faut plus de temps pour pondre le récit que pour compléter l'itinérance. Déjà 1 mois d'écriture et je n'en suis pas même à la moitié  roll  ...


J17, mercredi 20 juillet : Gavarnie - Oulettes de Gaube

Vidéo
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Après ma journée de repos à Gavarnie, il est prévu aujourd'hui et demain de faire marche commune avec ma fille sur une demie-étape. Je pars ainsi en avant vers le lac d'Ossoue, où elle et mon épouse me rejoindront en voiture. On marchera ensemble jusqu'aux Oulettes de Gaube, d'où elle redescendra se faire récupérer à Pont d'Espagne, pendant que je continuerai sur l'itinéraire HRP. Alors que je commence à être bien en jambes, ça me permettra de faire des journées à peu près "normales", sans lui imposer d'essayer de me suivre sur une étape complète.

Avec la grosse averse d'hier soir et un réveil ce matin dans une brume épaisse, c'est un abri trempé et un duvet humide que je ré-empaquette. Les joies de la pause-séchage refont désormais leur apparition ...

Si je me réveille et me lève tôt, nul besoin de me presser. Le temps d'un petit coucou au reste de la famille dans leur tente où elles ont le droit à leur grasse matinée, et je traverse un Gavarnie désert, silencieux et fantomatique ... Je vais attraper le GR10 par l'église et le cimetière plutôt que de traverser tous les parkings (je pouvais faire encore plus court), et m'élève bientôt pour quelques heures de paisible remontée en balcon au-dessus de la vallée d'Ossoue.

J'espérais me dégager de la brume rapidement, mais en dépit de quelques trouées passagères elle va se révéler tenace, ne cédant le terrain que lorsque j'arriverai passé 10h au lac d'Ossoue. Le trajet va donc être assez monotone, mais la reprise ainsi au calme sur du terrain facile a quelque chose d'apaisant. L'humidité brumeuse et une température moins chaude que les autres jours me font supporter de garder polaire et coupe-vent pendant tout ce temps. En chemin je m'efforce de "documenter" les cabanes que je croise ...

Gavarnie à l'heure du chouchen ...
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espoir d'une trouée
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Cabane de Tousaus. Il est encore tôt et je n'entre pas, de crainte de réveiller un éventuel occupant
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Cabane de Sausse-Dessus : impossible d'ouvrir, comme si on avait scellé la porte
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Cabane de Lourdes : 4 sommiers métalliques, une table, pas de siège, propre
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Arrivée donc à 10h30 et après 3 heures de marche au Lac d' Ossoue, je vais prendre position au-dessus du parking terminal de la longue piste qui remonte de Gavarnie : ainsi, pas de risque de se manquer. Je suis en avance, le RDV étant fixé pour 11h00 ... Lieu et horaire étaient bien défini en amont, car il fallait tenir compte de l'absence totale de réseau.

Le soleil est revenu à l'approche du lac, et je peux donc étaler toutes mes affaires, de même que me chauffer un 1er café de la journée tandis que je patiente ... patiente ... m'impatiente ... A 11h30 j'estime que quelque chose cloche : se seraient-elles garées plus bas pour m'attendre ? J'en finis par remballer mes affaires et marcher sur la piste à leur rencontre, car que faire d'autre si nous ne pouvons nous joindre ? La piste n'est pas très bonne dans sa dernière portion en arrivant vers le lac, et je pourrais comprendre que la voiture familiale n'ait pas été engagée plus loin ... mais je n'en vois pas trace sur les zones de parking successives que je croise ... et l'heure tourne toujours ... Je commence à entrevoir un vrai problème, et je n'ai désormais plus d'autre choix que de descendre la piste jusqu'à les trouver, ou bien ré-accéder au réseau pour les joindre et comprendre ce qui se passe.

De plus en plus agacé, je marche ainsi 3 km avant de les voir arriver à pied ... Plus bas et en voiture, elles ont interprété une barrière à vaches comme une indication de fermeture de la route, et décidé de poursuivre à pied eek  ! Elles sont également parties de Gavarnie après l'heure de RDV à Ossoue ... Je viens de marcher 3 km à allure rapide et inquiète dans leur direction, j'admets avoir été de mauvaise humeur à cet instant-là roll  ... Le temps de retourner chercher la voiture pour ne pas leur faire marcher par la piste ces 3 km vers le lac et les 4 de retour, c'est avec 2 heures de retard que commence le pique-nique au bord de l'eau ...

arrivée au lac d'Ossoue
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étalage ...
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Lac d'Ossoue et Vignemale
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Forcément il va falloir ajuster le programme pour amortir le redémarrage tarif à 14h20. J'espérais offrir un dîner en refuge ce soir aux Oulettes de Gaube : il est probable qu'au rythme de nôtre binôme cet horaire ne soit plus tenable. Tant pis, mais nous gardons les Oulettes comme destination principale, quitte à y planter les tentes un peu tard. Pourvu cependant que les orages de fin d'après-midi de ces 3 derniers jours ne nous rattrapent pas ... Au pire, on aura toujours Baysselance à mi-parcours.

La remontée de la haute vallée d'Ossoue est bien belle, et pour moi d'autant plus agréable que j'ajuste mon rythme à celui de ma fille. Nous trouvons ici plus de neige que je ne l'aurais cru, avec encore quelques beaux névés en travers du chemin, mais maintenant proches de se désagréger. Il en est un en particulier dont l'aspect m'est ouvertement antipathique : la trace passe juste 1 ou 2 mètres au-dessus d'un trou béant, signalant un pont de neige désormais très dangereux. Nous allons nous engager  beaucoup plus au-dessus, moi le premier pour m'assurer de la solidité de la neige, et ça passera sans souci. D'un peu plus haut, nous verrons en revanche un large groupe à la descente faire sous nos yeux tout ce qu'il ne faut pas : ils s'engagent tous ensemble à la queue-leu-leu sur la trace, puis constatent la présence du trou et s'agglutinent tous à proximité, puis s'éparpillent dans toutes les combinaisons possibles de traversée de cette longue langue de neige. Les uns descendent loin en contrebas, d'autres passent près du trou, d'autres encore par notre propre trace, sans souci de garder leurs distances. Je préfère ne pas voir une éventuelle mauvaise suite et me retourne ...

vous engageriez-vous sur la trace ?
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Le chemin est long mais au moins est-il régulier. Ma fille arrive à tenir un bon rythme, en tout cas jusqu'aux grottes Bellevue que nous passons quelques minutes à visiter. Les 3 cavités sont cette fois relativement propres (j'y avais vu beaucoup de déchets en 2018), et les sols sont recouverts ici de bâches, là de couvertures de survie.

De là le chemin se raidit pour rejoindre le refuge de Baysselance 250m D+ au-dessus : je dois "vendre" la pause au refuge pour soutenir les efforts de ma progéniture dont l'allure se réduit alors de plus en plus. Nous y sommes à 17h après 2h40 depuis le lac d'Ossoue, ce qui est honorable pour ces 800m D+ et une quasi-novice. Nous nous offrons des chocolats chauds et boissons sucrées, histoire de ne pas risquer qu'une fringale vienne compromettre le trajet de descente. Face à un gardien de refuge patient et endurant, nous suivons la négociation des menus du dîner avec un large groupe espagnol où tout le monde parle en même temps, rendant cauchemardesque la tâche de celui qui s'efforce de traduire ... On en aurait du mal à entendre les marmottes ...

entrée d'une des grottes Bellevue
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depuis Baysselance, Gavarnie s'est bien éloigné
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Depuis le refuge, un petit 1/4 h suffit pour rallier la Hourquette d'Ossoue, à peine 100 m D+ au-dessus par le sentier en pente douce mais minérale. Vignemale et Petit Vignemale nous dominent. Les langues glaciaires sont de plus en plus difficiles à distinguer de leur soubassement rocheux poli par le temps. Tout en bas, la petite plaine glaciaire des Oulettes de Gaube nous montre que nous ne sommes pas encore rendus ... Il va nous falloir 1h15 pour descendre ces 600m D-, tandis que loin dans les vallées françaises nous apercevons la mer de nuages qui cherche à remonter. Peu à peu de petites brumes viennent parcourir la vallée encore en-dessous de nous, jouant entre la lumière du soleil du soir et l'ombre des pics acérés. Je pressens que la soirée va être humide, mais espère que le passage de brume ne sera qu'éphémère, nous laissant la possibilité d'une nuit étoilée.

Baysselance à mi-chemin de la Hourquette d'Ossoue
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Hourquette d'Ossoue et le Vignemale dans sa fratrie minérale
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la mer de nuages cherche à franchir son barrage
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ni le premier ni le dernier à faire cette photo, mais comment y renoncer ?
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A hauteur du refuge, blindé de monde, je n'ai finalement pas de regret de ne pas être arrivé plus tôt : nous serons bien plus tranquilles à faire notre tambouille et grignoter nos trésors de nourritures plaisir depuis nos abris. Pour ce faire nous remontons la plaine alluviale, franchissant tant bien que mal les eaux qui s'étalent  pour garder les pieds secs. Nous allons chercher 2 emplacements adjacents encore disponibles assez loin du refuge, loin des zones inondables. Ma vieille Nemo retrouve ainsi quasiment le même spot qu'à son précédent passage wink .

La soirée est bien agréable, et chacun va de son côté s'engoncer dans son duvet pour passer la nuit.

avec Nemo Blaze et Pioulou en 1er plan, c'est encore mieux
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Tout ça nous faisait une bien jolie petite journée bien sympa, agrémentée de quelques anecdotes ...

Les choses vont cependant se compliquer : alors que je suis déjà bien endormi, je vais sursauter lorsque ma fille vient me chercher dans ma tente. Il est 23h, et depuis un moment elle se débat avec une douleur dans la mâchoire qui ne cesse de monter sad . Une rage de dents inopinée en plein bivouac, laquelle lui arrache des larmes (et je sais de mon expérience paternelle qu'elle est dure à la douleur ) ! Le temps de rassembler mes sens, je dois constater que je n'ai rien dans ma pauvre pharmacie à cet effet : à force de ne jamais utiliser les cachets qui s'y trouvaient, j'avais fini par ne plus les renouveler ...

Il y a encore de la lumière au refuge, je n'ai que cette option : je renfile les chaussures et, à la frontale, tente de retrouver un itinéraire pas trop inondé ... Là-bas, je trouve 4 gaillards attablés dehors, qui détectent à mon arrivée nocturne qu'il y a là quelque urgence. 3 d'entre eux se tournent vers le 4ème, dont je vais vite supposer qu'il a une certaine compétence médicale. J'explique ma situation (ou plutôt celle de ma fille, que j'ai enjoint à rester au chaud dans son duvet), et Gaëtan (appelons-le comme ça, car je crois que ma mémoire me fait ici défaut) va redescendre avec moi jusqu'à sa propre tente, d'où il extirpe une impressionnante pharmacie, avec les recommandations d'utilisation : Doliprane, mais aussi codéine (uniquement sur ordonnance ...) si le 1er devait ne pas faire effet ... Je le remercie chaleureusement, et repars dans la nuit à la recherche de ma progéniture. Après quelques instants d'hésitation pour retrouver le bon emplacement, le joli jaune de la Nemo finit par se distinguer (mon Pioulou vert olive est quasi invisible dans la nuit).

Après un premier Doliprane qui semble faire effet, je vais rester à côté de ma grande fille (finalement, on peut tenir à 2 dans la Nemo Blaze 1P ...), avant de regagner mon Pioulou vers 1h du matin. J'y retrouve mon matelas gonflable à plat : la réparation n'a pas tenu ... Cette nuit n'est pas la meilleure dont je me souvienne ...


En quelques chiffres :

Total J17 :
31 km
D+1798
D-1064
Marche 8h35 (+ pauses 3h32)
kmE 49
IBP 182

Cumul J01-17 :
533 km
D+ 34 446 m
Marche 164h
kmE 924


Itinéraire, y compris mon détour inutile ...
7ZzBiEfkz.Trace-J17.jpeg

Profil
7ZzBn1dso.Profil-J17.jpeg

Progression
7ZzBokzyr.J17.jpeg

Vidéo
7ZzLEjrzU.Titre-J17.s.jpeg


EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (23-03-2024 13:11:23)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#274 28-09-2022 18:30:24

Magne2
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Inscription : 23-09-2013
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Merci pour ces récits fort vivant.


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#275 28-09-2022 20:36:50

Canyon83
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Inscription : 18-04-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hervé, s'il y a le moindre danger, s'il te plait, ne prends pas de risques, envoie ta fille devant (de toute façon elle est toujours devant  lol ), sinon, comment aurions-nous la suite du récit ???!!!
Un petit air de famille et toujours de bien belles images  pouce

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