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#326 22-10-2022 13:30:33

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

"retour dans l'archipel des îles pyrénaïques"   excellent  pouce

Pour les brebis, tu as dû être un loup dans une vie antérieure, ou bien alors, il faut leur crier "pas panique"  lol

Encore de bien belles photos, sans doute que les Pyrénées fonctionnent en effet de foehn

https://meteofrance.com/actualites/previsions/effet-de-foehn-sur-le-pays-basque-samedi#:~:text=Lorsqu'un%20courant%20a%C3%A9rien%20rencontre,une%20d%C3%A9tente%20et%20se%20refroidissent.

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#327 23-10-2022 19:13:26

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Les italiens progressent en parallèle aussi en vidéo :

la HRP de Lorenzo - Episode 2
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Si mes comptes sont exacts, leur J7 correspond à mon J28- 1er août ...


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#328 24-10-2022 11:36:02

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J29, mardi 2 août : du refuge de Belagua au lac d'Estaens

Vidéo
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Finalement une très bonne nuit dans le confortable et accueillant refuge de Belagua, où je m'offre le luxe d'un petit déjeuner avant le départ à 7h11. Le lever du jour s'est bien décalé depuis le départ d'Hendaye, j'ai moins de scrupules à prendre plus de temps au matin. Avec le plein d'énergie ainsi fait dès le départ, ainsi que des affaires propres et (presque) sèches, je suis prêt à reprendre la chasse derrière la fine équipe italienne.

Les derniers échanges SMS indiquent qu'ils ont passé l'essentiel de la journée d'hier à Lescun, et que chacun de notre côté nous avons pris le lac d'Estaens comme cible (ambitieuse) du bivouac de ce soir. La météo est encore sur du très grand beau temps aujourd'hui et ne doit commencer à tourner que demain : a priori des conditions idéales pour marcher jusque tard ce soir, d'autant que passés les lapiaz du Pic d'Anie le chemin sera très roulant. Mes 8 journées dans le Pays Basque se seront finalement déroulées dans une fenêtre météo plus fraiche de 10°C que dans l'épisode de canicule, et après 2 premières journées pluvio-humides le temps fut globalement sec et ensoleillé. Cette fenêtre doit se refermer à partir de demain, avec un temps apparemment plus systématiquement orageux ... En attendant, ce matin il fait encore bien frais.

Privé de panneau solaire en attendant d'espérer récupérer un remplacement à Gavarnie, j'ai fait le plein de charge à bloc pour téléphone, caméra et powerbank. Pendant quelques jours et par mesure d'économie je n'enregistrerai pas ma trace, en revenant à la vieille méthode éprouvée de noter mes temps de passage et de pause. Je dois savoir tenir 3 jours dans ces conditions sans avoir à recourir à une nouvelle prise secteur.

départ de Belagua
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Pas d'originalité ce matin sur l'itinéraire, je retrace mes pas du trajet aller via le GR12 d'abord jusqu'à la Porteille de Larra, puis via Pétragème pour rattraper la HRP "officielle" au Lac de la Chourique. Le trajet est direct, très plaisant et relativement roulant, tout en offrant une ambiance sauvage. Je m'amuse des panneaux indiquant des temps de marche à la minute près, qui finalement s'avèrent très utiles pour mesurer avec précision sa "performance" ... Seul ce matin sur le chemin, je profite pleinement des cris des marmottes qui se réverbèrent dans les défilés calcaires des lapiaz, ainsi que des vols groupés et piailleurs des corneilles ... Derrière moi les collines basques espagnoles s'abaissent et se perdent dans la direction d'un océan invisible, je reviens dans la montagne ...

le Pays Basque est désormais derrière
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Ma solitude n'est rompue qu'à la Porteille de Larra, où plusieurs larges tentes sont encore dressées tandis qu'on s'y affaire au petit-déjeuner. Ce sont sûrement là les bivouaqueurs qui, hier soir, ont dépanné Denis d'1/2 litre d'eau, avant sa descente en cavale vers Belagua. A partir de là les groupes arrivant du Col de Linza se multiplient, laissant supposer qu'ils ont dormi au refuge éponyme plus bas dans la vallée, ou qu'ils y ont laissé leur voiture ... L'itinéraire irrigue le massif en randonneurs, mais on reste loin de la saturation.

Hoya del Portillo de Larra
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Je remonte dans la steppe après le Col de Linza, puis m'écarte du chemin pour aller profiter d'un rare étroit couloir d'ombre entre 2 rochers. Il est maintenant 10h et le soleil commence à cogner, les places à l'ombre sont chères ...

le foncier ombragé coûte cher
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En repartant je fais un peu plus attention à mon itinéraire pour passer cette fois-ci au-dessus des lapiaz entre ici et Pétragème. Je découvre ainsi un bien meilleur tracé, lequel m'amène ~120 m D+ au-dessus du Col de Pétragème, où il faut redescendre par un sentier de caillasse. Toujours plus de monde par ici et avec la matinée de grand beau temps qui avance, je ne m'attarde pas et continue de progresser. Je profite d'une section plus tranquille lorsque je bifurque du sentier descendant aux bergeries d'Ansabère, pour aller rattraper de niveau le col de la Chourique. Un large groupe d'isards gambade dans les éboulis de la haute vallée de la Chourique, que je redescends sans hâte, prenant le temps d'inspecter un tumulus mégalithique que j'avais zappé au trajet aller.

de Linza à Pétragème
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sous le Pic d'Ansabère, la pointe de la Grande Aiguille dépasse à peine
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plus qu'à redescendre vers le Col de Pétragème en contrebas
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Pic de la Chourique
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Tumulus
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Passé la cabane en fond de vallon et maintenant en direction du lac de la Chourique, je croise décidément beaucoup de monde, tous dans le même sens. Il doit y avoir là un populaire circuit à la journée ... La source en bord de chemin (visible sur OpenTopo) coule toujours aussi abondamment, alors que l'environnement est décidément très, très sec et jauni.

J'arrive passées 13h au lac de la Chourique, espérant y apercevoir Lorenzo & Francesco. Il y a là bien du monde, mais je n'entends pas ici d'exclamations distinctement italiennes émerger du brouhaha hispanisant. J'arrive à me trouver une place confortable au bord de l'eau pour une jolie baignade, et laisse un peu passer le temps pour ne pas prendre le risque de les avoir dépassé. Ne les voyant toujours pas, et au vu du temps nécessaire jusqu'ici depuis Lescun, j'en finis par conclure qu'ils doivent être encore devant et reprends la route, bien rafraîchi par mes quelques brasses.

Retour au lac de la Chourique
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Toujours pour ne pas risquer de les manquer, je m'en tiens à l'itinéraire HRP référencé qui descend en vallée pour remonter par Las Foyas, plutôt que le Pas de Laraille juste au-dessus du lac et que j'avais emprunté à l'aller. La cuvette de Las Foyas est desséchée, le fond des mares est boueux et leur pourtour craquelé : je me demande où le troupeau de vaches que je croise trouve désormais à boire. Au Col de Pau, je jette un regard en arrière au cas où un binôme montant arriverait derrière moi, mais il n'y a personne dans le vallon, renforçant encore la probabilité que mes italiens sont bel et bien encore devant moi. S'il n'y a plus aucune chance qu'ils soient derrière, plus question de traîner : il faut reprendre la chasse et cavaler à leur poursuite. Il est déjà 15h et je ne suis pas encore rendu au Lac d'Estaens ...

aridité ...
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Désormais peu de monde depuis que j'ai quitté le lac de la Chourique, je ne salue qu'un unique randonneur assis en bord de chemin, admirant le paysage sous le Pic de Burcq. Je me fends d'un "hello" auquel il est répondu par "salut Hervé !" eek  ... Je rattrape ainsi Laurent, HRPiste luxembourgeois et MUL déjà croisé sous la Rhûne le jour de mon arrivée à Hendaye cool . Il semble un peu fatigué de sa journée, mais surtout un peu inquiet de trouver désormais de l'eau sur ces crêtes : je le rassure avec la source de Saoubathou d'une part, le refuge d'Arlet d'autre part, d'autant que le chemin est après ici très roulant. Le plus amusant est qu'il était à Lescun hier avec Lorenzo & Francesco, me confirmant qu'ils sont bien devant car partis plus tôt que lui ... et qu'ils ont aussi un peu parlé de moi et de mon petit sac lol ! On tchatche quelques instants avant que je ne reprenne ma fuite en avant, Laurent voulant y aller plutôt tranquille une fois qu'il en aura fini avec sa pause.

salut Laurent !
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salut JP !
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A Saoubathou je reprends un peu d'eau à la source, dont le débit a bien baissé en 10 jours. Le temps est toujours aussi dégagé et ensoleillé, et je cavale encore jusqu'à Arlet où je m'arrête une grosse demie-heure, le temps d'une rapide baignade et d'un plein d'eau. Contrairement au passage précédent je ne peux aller me servir au robinet du refuge, les ouvriers cette fois moins accommodants me renvoyant vers la source au très faible débit, où je vais devoir longuement attendre le lent remplissage de mes contenants (je prends 1 litre de réserve dans la Platypus en plus de mon 1/2 litre habituel).

Il est presque 18h quand je repars, avec en perspective un joli trip du soir jusqu'au lac d'Estaens via Aguas Tuertas qui sera ma seule véritable variante pour aujourd'hui (bien que je sois déjà passé par là en 2018). Après la facile et courte montée au Col d'Arlet, la descente dans Aguas Tuertas se révèle plus facile que dans mon souvenir. Il est vrai que la dernière fois j'avais une ado pas vraiment à l'aise sur ce genre d'itinéraire ... Les sonnailles d'innombrables bovins et chevaux remontent de la vallée, survolés par de massifs regroupements de corneilles. L'ambiance sonore est très sympa ...

du Col d'Arlet, le refuge en travaux, le lac et PMO
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direction Aguas Tuertas
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Si mes calculs sont exacts, c'est dans la plaine alluviale du fond de vallée d'Aguas Tuertas que je passe le cap des 1000 km cumulés depuis mon départ de Banyuls. Je pousse désormais l'allure, car je veux être au lac ce soir, ne serait-ce que pour une ultime baignade !

la plaine à la montagne
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Passé la longue plaine, je remonte par un chemin de rocaille vers un col sans nom au milieu d'un chaos rocheux, dominé par les falaises calcaires. Il est presque 20h quand je peux enfin apercevoir le lac. Si je veux y retrouver mes italiens et à condition qu'ils soient bien là, je dois m'assurer de ne pas manquer leur lieu de bivouac. Je quitte donc le GR11, lequel longe le lac en rive Sud par des falaises rocheuses impropres à tout campement, et prends le circuit par la rive Nord, inspectant d'abord les criques où ils auraient pu faire halte. J'y trouve bien des campeurs, mais pas ceux que je cherche ... Ce côté du lac est désormais déjà bien dans l'ombre, et la rive ensoleillée de l'autre côté est la nouvelle cible de mon exploration.

pas d'italiens à l'ombre
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essayons au soleil !
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Je poursuis par le petit chemin étroit entre lac et falaise, et je peux effectivement apercevoir de multiples abris plantés sur le bel espace herbeux offert par une péninsule encore baignée de soleil.  Après avoir contourné tout le lac, j'y parviens et reconnais vite les accents chanteurs et rieurs si caractéristiques smile  ! Lorenzo et Francesco ont été rejoints aux Aldudes par Giulio, qui doit les accompagner jusqu'à Gavarnie.

Ils sont là à leur 8ème jour depuis Hendaye, et j'aurai fait le même trajet en 5 jours. Pas mal ...

C'est une belle soirée qui s'annonce là, mais avant toute chose je profite des ultimes rayons de soleil pour aller piquer une tête dans le lac ...

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En quelques chiffres :

Total J29 :
42 km
D+2468
D-2106
Marche 10h55 (+pauses 2h19)
kmE 71
IBP 257

Cumul J01-29 :
1006 km
D+ 55 100m
Marche 277h
kmE 1679


Itinéraire
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Profil
80exdvHbH.Profil-J29.jpeg

Progression
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Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (25-03-2024 13:34:50)


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#329 24-10-2022 19:08:50

Matt81
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hello,
toujours super agréable à suivre.
Ta salamandre du lac de la chourique ressemble surtout à un triton (qui doit galéré avec les contaminants des baigneurs en grand nombre certainement).
Allé, la suite en groupéto en mode pépère maintenant ? je n'y crois pas  big_smile

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#330 24-10-2022 19:37:35

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Matt81 a écrit :

#669146Hello,
toujours super agréable à suivre.
Ta salamandre du lac de la chourique ressemble surtout à un triton (qui doit galéré avec les contaminants des baigneurs en grand nombre certainement).
Allé, la suite en groupéto en mode pépère maintenant ? je n'y crois pas  big_smile

Salut Matt81 smile

Bien vu pour le triton wink  !

Le rythme des journées communes sera sujet de concessions réciproques, ainsi que de quelques aléas. Je ne divulgâche rien en rappelant qu'à la différence du mois de juillet essentiellement (très) chaud et (très) sec, le mois d'août pyrénéen fut orageux ...


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#331 24-10-2022 19:48:28

Stéphane_33
Membre
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut Hervé,
Le lien vers la trace ne fonctionne pas (pas de lien en fait ...).
Stéphane.

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#332 24-10-2022 19:58:00

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Stéphane_33 a écrit :

#669153Salut Hervé,
Le lien vers la trace ne fonctionne pas (pas de lien en fait ...).
Stéphane.

Oups, corrigé ! Merci de l’alerte wink


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#333 24-10-2022 21:44:44

Gustave
Membre
Inscription : 14-05-2017

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut Hervé,

Superbe récit que je suis. Au 22ème jour je lis :

Hervé27 a écrit :

Sur cette portion de route en cul-de-sac jusqu'à la grotte d'Harpéa passent plusieurs voitures, que je trouvent bien cavalières avec le marcheur que je suis : un coup de klaxon pour me signaler leur arrivée et me faire me serrer, mais guère d'effort de leur part pour se serrer de l'autre côté et éviter de me frôler. J'ai vu plus correct, et le scénario se répète à 3 ou  4 reprises devil  ...

Pour ma part, j'ai l'habitude dans ces conditions de "laisser traîner mes bâtons" la main à hauteur des hanches et la pointe des bâtons légèrement pointées vers la route de façon "négligée". Effet garanti ! A chaque fois que j'ai agit de la sorte, les automobiles ont effectuées un large crochet pour me dépasser...  tongue

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#334 24-10-2022 21:57:04

jluis
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Lieu : Pau-Tarbes
Inscription : 14-03-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Bonjour Matt81

Pas plus Triton que Salamandre mais plutôt Colitriton ( Euprocte desPyrenées ) Voir sur le site du PNP :
http://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/ … s-pyrenees

Hervé27 a écrit :

#669151

Matt81 a écrit :

#669146Hello,
toujours super agréable à suivre.
Ta salamandre du lac de la chourique ressemble surtout à un triton (qui doit galéré avec les contaminants des baigneurs en grand nombre certainement).
Allé, la suite en groupéto en mode pépère maintenant ? je n'y crois pas  big_smile

Salut Matt81 smile

Bien vu pour le triton wink  !

Le rythme des journées communes sera sujet de concessions réciproques, ainsi que de quelques aléas. Je ne divulgâche rien en rappelant qu'à la différence du mois de juillet essentiellement (très) chaud et (très) sec, le mois d'août pyrénéen fut orageux ...

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#335 25-10-2022 18:29:55

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hervé27 a écrit :

#669155

Stéphane_33 a écrit :

#669153Salut Hervé,
Le lien vers la trace ne fonctionne pas (pas de lien en fait ...).
Stéphane.

Oups, corrigé ! Merci de l’alerte wink

Ah je pensais que le panneau solaire étant HS, on n'avait plus de trace pendant au moins 3 jours, le temps de récupérer le nouveau...donc tu en as fait une manuelle, cool pouce

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#336 25-10-2022 18:53:59

Matt81
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

jluis a écrit :

#669164Bonjour Matt81
Pas plus Triton que Salamandre mais plutôt Colitriton ( Euprocte desPyrenées ) Voir sur le site du PNP :
http://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/ … s-pyrenees

Suite à la lecture de l'article, je reste d'avis du triton et non pas ce Colitriton (que je ne connaissais pas mais qui semble apprécié les eaux un peu plus vives) smile

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#337 26-10-2022 11:03:56

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J30, mercredi 3 août : du lac d'Estaens au vallon d'Arrious

Vidéo
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Aujourd'hui marque une petite révolution dans ma traversée : je marche dans un groupe, et ça change tout ! C'est là ma véritable variante de l'instant, et de fait je vais retracer avec le trio Francesco - Giulio - Lorenzo des pas déjà faits en 2018 et/ou 2022, laissant de côté quelques itinéraires que j'aurais pu découvrir à cette occasion. Cela suppose quelques concessions de part et d'autre : je dois accepter des arrêts beaucoup plus fréquents, mais aussi m'ajuster au rythme de fusée que Lorenzo et Giulio imposent aux démarrages. Comme décrit précédemment, c'est un peu comme un bon vieux diesel Renault faisant la course à une Ferrari et une Lamborghini ... Avec moins d'arrêts au stand et toujours du carburant dans le réservoir, ça ne m'empêchera pas d'arriver aux cols en même temps que tout le monde, sinon avant.  Francesco (par ailleurs pas loin, à 17 ans, d'être le benjamin de ce millésime) est plus tranquille dans son approche, démarrant souvent en avance pour se laisser rattraper ensuite. Pour leur part mes compagnons transalpins pousseront leurs horaires plus loin qu'ils n'en avaient l'habitude. J'aurai ainsi en journée l'impression de "piétiner" dans des arrêts à répétition, pour au final constater, bivouac posé, qu'on aura pas si mal avancé compte tenu des circonstances.

Nous voulions faire un bout de route commune sur cette HRP, et le fait de les avoir rattrapé ici au Lac d'Estaens permet d'envisager d'aller ensemble jusqu'à Gavarnie en ~3 jours sans trop d'impératifs horaires, puisque chacun a ses propres plans d'une part (fin des vacances de Giulio qui devra rentrer, itinéraires séparés après ça pour Francesco et Lorenzo), avec de toute façon une journée de repos à y prendre. Pour ma part j'attaque ce matin ma 11ème journée consécutive de marche depuis mon dernier zéro, la perspective d'un repos réparateur est rassérénante. A noter aussi que je me resocialise, ce qui me rend très bavard et j'en demande pardon ici roll ...

Quelques jalons et contraintes d'ores et déjà prévus pour aujourd'hui :
- ravitaillement à la supérette de Candanchù tongue
- récupérer au Somport la dépose de laxmimittal calin tongue
- gérer la météo qui semble indiquer (à juste titre) la bascule dans les orages du mois d'août hmm
- assurer la progression pour garantir que Giulio pourra prendre un bus à Gavarnie samedi matin

Concession du groupe à mon égard, le réveil est fixé à 6h00 afin de se donner la marge nécessaire pour gérer tous ces éléments. Le départ a lieu en ordre dispersé, et je pars avant 7h00 juste derrière Francesco, à la recherche de la source que j'avais repéré à mon précédent passage de 2018. C'est là que le quatuor se met pour la 1ère fois en ordre de marche, avant que nous ne nous lancions dans le tour de la Haute Vallée d'Aspe (plutôt que la descente - remontée via Sansanet). Ce chemin globalement à flanc est particulièrement agréable dans la douceur du matin, et j'ai vite fait de retirer polaire et coupe-vent avec lesquels j'avais douillettement démarré.

pour une fois, le rempaquetage est collectif
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au revoir lac d'Estaens
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A observer pour la 1ère fois le démarrage sur des chapeaux de roue des deux Formule 1 italiennes, j'en viens à m'interroger sur comment j'ai pu rattraper 3 jours de retard sur de tels bolides lol ! Quelques chevreuils disparaissent dans les sous-bois à notre approche, et chacun vaque à documenter sa HRP pour des retex futurs, sauf Giulio. Seul d'entre nous à n'être pas dans cet état d'esprit, il est sans doute celui qui profite le plus de l'instant tandis que nous sommes déjà un peu dans "l'après".

poor lonesome MUL ...
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J'avais un souvenir "laborieux" de cet itinéraire, mais c'est que je l'avais emprunté avec l'une de mes ados lors d'une chaude fin de journée et l'avais trouvé interminable. Malgré quelques arrêts framboises - groseilles tongue tongue , nous sommes à Candanchù en 2 petites heures que je ne vois pas passer. Avant d'aller faire nos courses à la supérette qui vient d'ouvrir, nous nous installons à la confortable terrasse d'un bar, avec table basse et canapés pour nous 4. On y enquille les viennoiseries, cafés et boissons, tandis que les appareils électriques rechargent dans la salle. Je procède aussi à la vidange de ma poubelle qui ne cessait de s'alourdir depuis Hendaye, y ajoutant la paire de chaussettes avec laquelle j'avais marché depuis Banyuls : 1 000 km de bons et odorants services finissent dans les détritus, triste fin cry . J'avais porté en réserve depuis ici même et mon dernier RDV familial une paire neuve de réserve, j'aurais tout aussi bien pu la laisser dans une dépose) ... Le ventre rempli ne m'interdit pas d'acheter plus de victuailles que je ne compte en porter, et je vide un nouveau litre de Yop tongue après le passage à la supérette, en même temps que je reconditionne des réserves pour 3 jours.

Haute vallée d'Aspe
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belle équipe !
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1000 km de bons et odorants services
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Après un long arrêt d'1h45 au total, Francesco et moi partons en avant vers le Somport, car j'ai ma dépose à y récupérer. On longera le bord de route, car aller chercher le sentier eut été beaucoup plus long. Avec des indications dignes du Da Vinci Code, je retrouve le précieux paquet dissimulé derrière la statue de la vierge, contenant :
- un clip solaire de rechange après avoir cassé le mien il y a 1 semaine cool
- 33 cl d'alcool qui me donnent de quoi voir venir pouce
- un pâté de Lespoune qui sera particulièrement apprécié tongue

Encore merci à Laurence calin
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De là, poursuite sur le bord de route jusqu'à la moche station d'Astun. Ne voyant toujours pas Lorenzo et Giulio nous rattraper, nous nous installons à l'ombre sur les marches d'un chalet au bord du vaste parking, où je me fais chauffer un café. Après quelques instants, il va s'avérer que les 2 bolides nous avaient depuis longtemps dépassé (sans doute quand nous avions le dos tourné lors de la récupération de ma dépose), et nous attendent plus haut dans la station ! Francesco fonce les rejoindre, mais je prendrai plus de temps car j'ai un capuccino brûlant à avaler ...

A la poursuite du groupe, je prends néanmoins le temps de chercher et trouver un point d'eau dans la station. Les toilettes publiques sont cachées dans les sinistres couloirs du centre commercial actif seulement à la saison d'hiver, et je peux y faire le plein. Après ça j'en reviens à mon leitmotiv : rattraper les italiens. Le sentier est raide au démarrage, qui plus est inondé par un bras du torrent qui a décidé d'en faire son lit. Je mets un point d'honneur à tenir le rythme, et finis par apercevoir le groupe lorsqu'il s'engage dans la portion plus raide qui précède l'arrivée à l'Ibon de l'Escalar. C'est bon, j'ai identifié le point faible des splendides mécaniques transalpines : le dénivelé wink ! J'arrive au lac à peine après eux, et nous inaugurons un principe qu'il sera vite impossible de respecter : un lac, une baignade cool !

Au Col des Moines à 13h, 2 changements majeurs s'opèrent :
- face aux majestueux PMO dit JP, nous constatons que nous allons quitter la montagne "douce" et "herbeuse" pour  sa version plus "dure" et "minérale" (me concernant, c'est juste un retour)
- la nébulosité s'est formée, le soleil ne sera plus sans partage ...
- en revanche, les lieux sont toujours aussi fréquentés ...

Changement de terrain. Changement de météo. Constante de (sur)fréquentation
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A la descente, nouvelle baignade express d'1/4 h au lac Castérau, après quoi il faut dégringoler tout en fond de vallée jusqu'à la bergerie de Cap de Pount, où nous allons faire un nouveau plein d'eau au robinet extérieur de la bâtisse. Avec bien assez de provisions dans nos sacs, pas d'achat de fromage ... L'observation du temps semble indiquer que l'orage se forme, nous mettant dans l'incertitude pour la grosse remontée à Peyreget (700m D+). Après discussion de groupe, on décide de tenter le passage, mais il ne faut plus traîner.

Raide au départ avec une coulée à remonter dans un étroit couloir rocheux, la montée est ensuite plus douce à travers l'estive. Nous retournons chercher de l'eau à la cabane de Peyreget, où la fontaine coule encore du même mince filet que je lui avais trouvé 2 semaines auparavant (je suis impressionné par les besoins en eau de Francesco, qui renouvelle sans cesse 2 litres portés aux poches latérales de son sac). Cette fois l'exigu local randonneur est ouvert, et pourrait offrir un abri temporaire s'il nous fallait rebrousser chemin dans l'orage depuis le col. Les autres randonneurs doublés dans la montée semblent cependant vouloir s'y retrouver aussi, pas sûr de tenir à 8 ou 10 dans un placard à balais !

Lac Castérau, avec 2 croissants
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Cap de Pount avec un ciel qui s'alourdit
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Cabane de Peyreget
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L'ambiance est encore bien ensoleillée mais dans un temps lourd : quelques grondements se font entendre, mais ne viennent assurément pas de notre versant. Il faut presser le pas avec pour objectif d'être en mesure de prendre abri au refuge de Pombie. Confirmation de mon impression précédente, quand le dénivelé se fait plus raide dans la montée finale à Peyreget à travers un pierrier de grands blocs, je me retrouve vite loin en avant.

Depuis ce premier col significatif sur la HRP, la vue de l'autre côté est majestueuse et sinistre. Le ciel est bien noir en face sur le massif du Balaïtous, et déjà l'on peut voir défiler quelques rideaux d'averses. Avec nos multiples pauses express, les rythmes alimentaires du reste de l'équipe sont chamboulés : il est 16h15 et ils n'ont pas eu jusqu'à présent de véritable déjeuner. Ayant pour ma part l'habitude de me contenter de grignotages successifs, je dois leur "vendre" d'aller d'abord prendre abri en contrebas au refuge de Pombie, car je n'ai plus de doute que cet orage est pour nous si nous restons assis au col plus longtemps ...

Au col de Peyreget, un avenir menaçant
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Nous allons descendre rapidement en un peu plus de 20 mn, avec quelques coups de tonnerre bien sentis et un décompte des secondes qui ne cesse de se resserrer. Les éclairs bien visibles dans le massif en face ne sont pas les plus inquiétants, ce sont plutôt ceux que nous ne verrons pas et qui frapperont le Pic Peyreget qui vont nous secouer. Les 1ères gouttes tombent quand nous faisons le tour du lac de Pombie, pour nous engouffrer dans un refuge totalement surpeuplé.

Tandis que dehors la pluie va tomber abondamment, nous trouverons à nous placer dans la cuisine hors-sac, (relativement) délaissée par la masse au profit de la salle commune. J'ai le plaisir d'y retrouver Helge, HRPiste allemand rencontré à Ulldeter au soir de mon 4ème jour. C'est lui qui m'avait si gentiment fourni en cachets pour aider à surmonter ma mauvaise passe alimentaire calin . Ce n'est pas qu'il fasse de petites étapes, c'est plutôt qu'il explore méthodiquement les environs de chaque section traversée. Au final il se dépense au moins autant que moi, et nous nous jugeons mutuellement bien amaigris depuis notre première rencontre ...

Pombie, juste à temps
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Contraints par l'orage et à force de longs arrêts, notre progression n'a guère été efficace jusqu'à présent. Les lieux étant blindés, avec déjà beaucoup d'abris montés lorsque nous sommes arrivés, aucun de nous n'a l'envie ou l'intention de faire halte ici. Après 1h les averses ont cessé et la lumière revient, je prends les devants pour redescendre en vallée et repérer un possible bivouac de groupe à proximité du Caillou de Soques. Dans la longue descente de 700m D-, je vois que l'orage a été plus violent dans cette direction, avec encore par endroits des amas de grêle charriée par le ruissellement. Dans le fond de vallée à 19h j'y trouve un torrent boueux peu propice à nous servir de ressource balnéaire ni potable, même filtrée. Je prospecte différents spots, si possible hors de vue de la route mais ne trouve rien de transcendant. Je me poste au moins mauvais d'entre eux, y attendant le groupe.

rafraichissant après cet été de canicule ...
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toute la poussière de juillet lessivée par l'averse
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Quand nous nous retrouvons, la frustration d'une progression entravée motivera Giulio et Lorenzo à se lancer dans un trip du soir pour remonter dès ce soir le vallon d'Arrious (autant de moins pour demain), tandis que Francesco préfère bivouaquer ici, quitte à démarrer très tôt demain matin pour recoller au groupe. Un trip du soir ne peut que me séduire, et bien vite me voilà à tenter de ne pas laisser les 2 bolides me distancer dans la remontée du vallon d'Arrious. Au début je parviens juste à suivre à distance leur rythme, mais peu à peu et sans que je cherche à accélérer je constate que l'avance de Giulio se réduit, puis que je le rattrape, de même que Lorenzo encore un peu plus en avant. J'avais indiqué de mémoire à Lorenzo que nous devrions pouvoir trouver des terrains propices une fois passée la bergerie, et effectivement nous trouverons juste au bord du ruisseau une série de petits emplacements près de gros rochers, avec pleine vue sur le Pic du Midi d'Ossau. A 20h20 nous posons les sacs à terre pour planter les tentes ...

L'orage revenant en début de nuit, la proximité du ruisseau procurera une légère inquiétude, mais rien sur le terrain n'indique de débordements fréquents et tout ira bien.

Ce soir, faisant manuellement le total des distances et temps de marche, je suis le premier surpris de trouver un chiffrage conforme à ma moyenne. Comme quoi il existe différentes manières d'arriver à un même résultat, et le joyeux désordre à l'italienne ne marche pas si mal wink  !

ancêtre essayant de ne pas se laisser distancer par les jeunes ...
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l'orage reviendra en nocturne ...
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En quelques chiffres :

Total J30 :
33 km
D+ 2424
D- 2162
Marche 9h24 (+pauses 4h08)
kmE 61
IBP 234

Cumul J01-30 :
1038 km
D+ 57 600m
Marche 286 h
kmE 1739


Itinéraire
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Profil
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Progression
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Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (25-03-2024 13:49:51)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#338 28-10-2022 10:01:54

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J31, jeudi 4 août : du vallon d'Arrious au Marcadau

Vidéo
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L'orage est revenu en soirée, donnant quelques appréhensions étant donnée la proximité du ruisseau, mais les ondées ne furent pas violentes. De fait, ma toile sera sèche au matin, m'évitant la corvée de séchage.

Nul besoin de se hâter, puisque hier soir Francesco avait préféré bivouaquer en solo en fond de vallée près du Caillou de Soques. Avec Lorenzo et Giulio nous avons donc le temps pour traîner dans les duvets, nous rassembler autour du petit-déjeuner et enfin commencer à plier le camp. Francesco arrivera vers 8h30 alors que toutes les tentes ne sont pas repliées. Pour sa part tente et duvet sont trempés de condensation et de rosée, et il a eu froid ...

il était pas beau ce bivouac ?
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Le départ se fait en ordre dispersé : Lorenzo fait fumer la gomme et est déjà loin devant quand je me mets en marche avec Francesco, tandis que Giulio prend le temps de boucler son sac plus gros que les autres ... Il nous rattrape et double vite, et le groupe ne se reforme qu'au col d'Arrious après 20 petites mn. Connaissant maintenant bien l'itinéraire puisque c'est mon 3ème passage ici, je suis harcelé de questions sur les moindres difficultés à venir, en particulier par le benjamin Francesco : je préfère botter en touche pour ne pas délivrer d'informations venant gâcher le plaisir de la découverte, et ne donne de détails que s'il s'agit de choisir entre 2 itinéraires possibles.

La méthode porte vite ses fruits, avec quelques instants plus tard des visages qui s'illuminent à la découverte "surprise" du magnifique lac d'Arrious. Lors d'une discussion la veille durant notre arrêt calories à Candanchù, j'avais pu constater que la notion de "Passage d'Orteig" ne leur évoquait rien ... Je vais donc juste leur demander de ranger ici leurs bâtons, et les lancer en avant sur la sente qui s'engage dans la falaise. Effet garanti, d'autant que la météo magnifique permet de pleinement apprécier nos vertiges respectifs. Le circuit des merveilles continue encore lorsque se dévoile Arrémoulit : son cirque, son lac, son refuge smile ...

lac d'Arrious
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Orteig
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Artouste en fond
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Arrémoulit
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Un court arrêt de 20 mn au refuge permet l'achat de boissons et/ou une pause express aux commodités. Il y a bien trop de monde : comme à mon précédent passage je ne suis pas à l'aise et pressé de repartir ...

Si j'étais repassé en solo j'aurais certainement opté pour enfin découvrir l'itinéraire Palas - Lavedan - Larribet - Peyre Saint Martin. Cette fois-ci en groupe, et jaugeant des envies / possibilités de mes compagnons, je devine cependant que l'itinéraire via Respomuso sera beaucoup plus sympa pour qui vient par ici pour la 1ère fois. Tant pis si pour moi c'est la 3ème, ma véritable variante à cette heure étant l'intégration à l'équipe. Je décris néanmoins les 2 options, et Respomuso sera bien le choix collectif.

La montée au Col d'Arrémoulit est certes un peu casse-pattes mais ne prend qu'1/2 heure. Dans la belle lumière du versant espagnol, la vue plongeante dans le cirque d'Arriel est exaltante. On ne voit du col qu'une petite partie du lac en contrebas, et les envies de baignade prennent vite le dessus sur toute autre préoccupation d'itinéraire ou de progression. La raide mais courte descente de 200m D- est vite effectuée. Il était trop tôt pour profiter des lacs d'Arrious et d'Arrémoulit, nous ne laisserons pas Arriel Alto nous passer sous le nez. On limite tout de même les ablutions à 20 mn, histoire d'arriver quand même à progresser un peu dans cette journée déjà démarrée bien tard. En repartant à 11h30, nous n'avons marché pour 3 d'entre nous que moins de 2 heures ...

descente du Col d'Arrémoulit vers Arriel Alto
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Arriel Bajo
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D'ici le chemin "roule", et après avoir serpenté le long des lacs et des petits défilés où s'engouffrent le vent et le torrent, nous basculons dans l'ambiance très méditerranéenne menant à flanc de montagne vers lac et refuge de Respomuso. Il y a de l'entrain dans l'équipe, et entre 2 prises de vues le rythme est soutenu. Il y aura un nouvel arrêt d'1/4 h au refuge de Respomuso, dont franchement nous aurions pu nous dispenser : j'attends à l'extérieur assis dans l'escalier que chacun ressorte avec sa consommation, un peu rigolard de la disproportion de tous les sacs à dos entassés ici lol .

Un faux air de Méditerranée ...
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Je motive le groupe à aller chercher la vraie pause déjeuner plus loin, là où je sais trouver des rives plus enchanteresses. Ils vont finalement m'avouer qu'ils sont eux-mêmes un peu déçus par le côté "usine" de ce refuge, me rassurant sur la pertinence de mon propre point de vue, qui ne serait ainsi pas seulement motivé par une misanthropie pathologique ...

Il suffit de marcher 1/4 h de plus, puis de redescendre du sentier à travers quelques grands blocs, pour nous retrouver sur les berges herbeuses du petit lac de ras Ranas. Une petite éminence boisée nous offre ses ombrages pour l'installation de la pause pique-nique, mais le point d'attraction restera le lac où nous retournerons nous baigner à de multiples reprises. L'herbe douce permettra de faire bronzette et savourer l'existence !

L'heure tourne cependant, et il est une variante que je veux absolument faire aujourd'hui, via les lacs de Cambalès plutôt que par la Fâche. Mes compagnons préfèrent (et c'est normal) l'itinéraire "officiel" et direct, et rien ne nous interdit de suivre nos chemins respectifs pour nous retrouver ensuite au fond du Marcadau. L'idée serait de finir ensuite la journée au Lac d'Arratille. Mon itinéraire étant a priori plus long que le leur, on va donc définir que si je ne les retrouve pas à Wallon, je poursuivrai jusqu'au lac.

Ibon de ras Ranas
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A 15h Francesco est parti en avant et je le suis de peu. Giulio et Lorenzo veulent prendre leur temps, ce dernier ayant des vidéos à enregistrer pour ses abonnés.

J'avais bien vu que le temps risquait de tourner et que, si je voulais prendre ma variante, il ne fallait plus traîner. A peine revenu sur les hauteurs, je peux voir monter les nuages sombres par-derrière la Fâche ... Je longe bientôt la muraille du barrage jamais mis en eaux de Campo Plano, à quelques encâblures derrière Francesco. Je le rattrape tandis qu'il fait une pause de reconfiguration après avoir traversé le déversoir du lac et avant d'attaquer la montée vers la Fâche. Ayant procédé à une réévaluation de la météo, j'estime que la fenêtre météo pour passer par Cambalès est définitivement refermée, et que le choix est désormais entre passer le col de la Fâche au plus vite, ou attendre ici pour essuyer l'orage dans les moins mauvaises conditions. Tourné vers les cols et les sombres nuages qui apparaissaient derrière, j'en avais oublié de me retourner ! L'orage était en fait derrière moi, arrivant maintenant rapidement ... Il s'agit désormais de vite trouver une zone un peu abritée des bourrasques et ne risquant pas l'inondation, pour y monter les abris avant le déluge. Giulio et Lorenzo sont interceptés à leur arrivée, d'abord un peu incrédules de mon pessimisme météorologique.

Campo Plano: ça se corse ...
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Un premier gros roulement de tonnerre et les 1ères gouttes dissipent les doutes, et on aura juste le temps de monter les tentes avant le déluge. Dans la précipitation je monte ma toile à l'envers, mais qu'importe pourvu que les piquets tiennent. Les lourdes gouttes tambourinent avec violence et mêlées de quelques grêlons, tandis que le cirque des montagnes résonne des claquements électriques. Nous n'aurions clairement pas aimé essuyer ça dans la montée vers la Fâche ... Par deux fois, croyant le calme revenu, je sors pour donner le signal du départ après la tempête et commencer à démonter le Pioulou. Par deux fois l'averse reprend, nous forçant à la patience, et moi à replanter les piquets que je venais d'arracher roll ...

Ce qu'on ne peut éviter il faut le subir, et alors que la pluie se fait plus tranquille je vais piquer une tête dans le lac wink pour tuer le temps.

entre 2 cellules orageuses. Notez ma toile inversée lol
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Campo Plano sans le soleil
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Nous allons rester bloqués là plus de 2 heures, ne repartant qu'à 17h30 quand le ciel se déchire enfin, non sans quelques ondées légères mais persistantes. A plusieurs reprises je dois m'arrêter pour retirer ou remettre la veste de pluie (plus pour son rôle de coupe-vent), ou bien mettre à l'abri / ressortir l'électronique ... La fatigue n'a pas fait son œuvre sur cette journée à la progression entravée, et le duo Lorenzo / Giulio fait vrombir les cylindres dans l'ascension de la Fâche. Ce n'est qu'après les lacs (et les incroyables vues arrière en direction de Respomuso et du Pic du Midi d'Ossau) que je recolle au peloton dans la montée finale au col.

vue arrière sur lac de la Fâche, Respomuso et Pic du Midi d'Ossau
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Même si nous évoquons brièvement l'idée de, comme hier, pousser les feux tardivement pour rallier malgré tout le lac d'Arratille, notre arrivée en fond de vallée du Marcadau passé 20h sera le signal de la fin de cette journée très sympa mais un peu chaotique. Il faut aussi compter avec Francesco qui a démarré plus tôt et en a plus dans les pattes ... Nous avions établi qu'en étant à hauteur de Wallon ce soir, nous étions garantis d'être demain à Gavarnie : tout va donc bien malgré cette journée un peu tronquée. Nous dressons le camp sur un large promontoire herbeux entre 2 bras de torrent, et profitons de l'encore longue lumière du soir pour vaquer aux multiples occupations du bivouac : aménagement des abris, changement de tenues, toilette, lessive, étirements ...

bivouac à Wallon
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Nous nous rassemblons enfin pour partager le dîner, confortablement adossés à un large rocher monolithique poli par le glacier disparu, mais quelques gouttes de pluie vont nous disperser et nous renvoyer sous nos abris respectifs, se transformant vite en un nouveau son et lumière qui va durer jusqu'à la nuit complète. Aux éclairs et coups de tonnerre les plus violents, Giulio répond en poussant la chansonnette depuis le fond de sa tente. La bonne humeur prime avant tout !

Passée une première grosse averse, la pluie se fera ensuite plus douce et épisodique, avant de cesser totalement. Pour ma part, entre hier et aujourd'hui je suis rassuré sur la réparation sommaire de la déchirure de mon Pioulou. Mes 2 morceaux de duct-tape appliqués au recto et au verso de la toile restent en place et empêchent les entrées d'eau. Par précaution je fais cependant en sorte de ne rien disposer dans l'angle concerné, lequel ne concerne que les marges de ma zone "habitable".

Une mauvaise surprise cependant : ma frontale est introuvable ... forcément oubliée / perdue au bivouac précédent devil  ...

son et lumière
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En quelques chiffres :

Total J31 :
20 km
D+1249
D-1426
Marche 6h56 (+pauses 4h39)
kmE37
IBP 158

Cumul J01-31 :
1058 km
D+ 58 800m
Marche 293 h
kmE 1776

Itinéraire
80kVF5ykW.Trace-J31.jpeg

Profil
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Progression
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Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (25-03-2024 14:03:27)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#339 28-10-2022 13:26:37

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 02-10-2019

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Magnifique étape ! Une des plus belle de le HRP (d'après moi). Et une fois n'est pas coutume ... à taille humaine !
Il y a une petite erreur sur la vidéo. L'altitude du col de la Fache : tu as indiqué 2567 m. Il me semble qu'il manque 100 m  smile.
Merci à nouveau pour tout ce travail de titan ("titanium work" en anglais : tâche longue, difficile et ultralégère demandant force et persévérance lol ). Ce sera une mine d'informations pour les prochains candidats à la HRP. Je ne crois pas avoir déjà vu un topo aussi complet et détaillé : carte, trace, texte, photos, vidéo... Pour chaque étape.... Dans les deux sens ... Moult infos sur les points d'eau, les lieux de bivouac possibles, les approvisionnements, les abris, les difficultés du parcours, un aperçu des aléas météo possibles et les façons de les gérer, ...). Chapeau bas !


Moins on porte, mieux on se porte !

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#340 28-10-2022 13:38:29

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut et merci  wink  !

J'avoue que le marathon du récit réclame plus d'abnégation que la traversée elle-même ... Peut-être autant d'ailleurs pour le lecteur que pour le rédacteur lol
! Tenez bon, encore 14 étapes !

Si l'altitude au col de la Fâche n'est pas la bonne roll ... c'est que sur cette séquence nous sommes déjà à la descente du col  big_smile . Les 2664 m sont mentionnés quelques secondes plus tôt cool

EDIT : Sur ce, je m'absente quelques jours profiter de l'été indien sur les crêtes des Vosges ... Le prochain épisode aura un peu de retard, mais vous pourrez dimanche soir tromper votre attente et regarder le 3ème épisode de Lorenzo qui concerne la même période :

Episode 3 : Trail Family !
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Dernière modification par Hervé27 (28-10-2022 13:45:04)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#341 28-10-2022 13:53:52

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 02-10-2019

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Oups... désolé pour l'erreur d'inattention  roll

Bonne virée Vosqienne !  cool


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#342 28-10-2022 14:21:08

marcheur75
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Inscription : 22-02-2009

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

A défaut d'agent 212, il y a eu la rencontre de deux Mélusine, à moins que ce ne soient Mélusine et Natacha. Mais qui serait Mélusine et qui serait Natacha ?

Heureusement que tout c'est bien passé, les femmes en blanc ne sont pas intervenues. Quelques voraces sans doute de temps en temps, mais apparemment pas de Cupidon. Cette manie du bain mériterait de consulter un psy.

Le Grand Raoul trouvait son inspiration en s'allongeant sur son canapé, et notre Grand Hervé la trouve en marchant !

Merci beaucoup pour l'énorme travail que représente la rédaction de ce récit !


Je n'ai pas lu tous les livres, hélas ! Mais la chair est réjouissante...

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#343 28-10-2022 16:35:04

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Ah je me rappelle m'être baigné au début de l'orage dans Arrémoulit avant de me réfugier dans le refuge, après une une bonne partie du tour du Balaïtous plus l'ascension à son sommet.
Lors de la descente, il y avait un unique cumulus sur le Pic, qui a dû prendre de l'épaisseur sans que je le note, car j'ai vu la foudre tomber au milieu d'un grand ciel bleu, tangenter la pente faiblement déclive avant de trouver une masse, le tout dans un claquement très impressionnant  eek
Ca doit être une constante les orages là-bas  neutral

@ marcheur75: comme je comprends bien cette manie de se baigner dans les lacs de montagne, je fais tout pareil  voire même de façon exacerbée, je choisis souvent mes randos en fonction du nombre de lacs  cool

@ Hervé27, bonne virée vosgienne  smile

Edit: il n'y a pas une erreur soit dans l'intitulé de la trace, soit dans la trace elle-même car elle est nommée Aestens Arrioux ?

Dernière modification par Canyon83 (28-10-2022 16:38:42)

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#344 28-10-2022 18:45:40

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

@canyon

C’était  la bonne trace mais pas le bon intitulé.

Corrigé depuis mon bivouac cowboy à 1000 m : je voulais tester un peu de matos hiver, ça attendra …


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#345 28-10-2022 21:14:13

Canyon83
Membre
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Pas de pb je la renomme dans mon dossier HRP, et merci  smile

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#346 31-10-2022 17:41:23

Gustave
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Bonjour Hervé,

Au matin du J29, si je ne me trompe pas, les "corneilles" que tu rencontres sont des chocards à bec jaune.

Le chant de la corneille  rl

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#347 01-11-2022 14:56:19

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Gustave a écrit :

#669599Bonjour Hervé,

Au matin du J29, si je ne me trompe pas, les "corneilles" que tu rencontres sont des chocards à bec jaune.

Le chant de la corneille  rl

Bien vu (ou plutôt bien entendu wink ), je m'incline devant les éminents naturalistes ici rl présents !


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#348 01-11-2022 14:57:28

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

marcheur75 a écrit :

#669436A défaut d'agent 212, il y a eu la rencontre de deux Mélusine, à moins que ce ne soient Mélusine et Natacha. Mais qui serait Mélusine et qui serait Natacha ?

Heureusement que tout c'est bien passé, les femmes en blanc ne sont pas intervenues. Quelques voraces sans doute de temps en temps, mais apparemment pas de Cupidon. Cette manie du bain mériterait de consulter un psy.

Le Grand Raoul trouvait son inspiration en s'allongeant sur son canapé, et notre Grand Hervé la trouve en marchant !

Merci beaucoup pour l'énorme travail que représente la rédaction de ce récit !


pouce


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#349 01-11-2022 20:00:37

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J32, vendredi 5 août : de Wallon-Marcadau à Gavarnie
+ J zéro n°4

Vidéo
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Après avoir été contraints de passer la soirée confinés par l'orage dans nos abris respectifs, les abris ne sont qu'à peine humides. Pas de moustiques non plus, malgré la présence d'eau stagnante dans un petit bras de ruisseau à quelques mètres : l'orage les aura lessivés.

La motivation de ce matin tient dans la perspective d'être à Gavarnie ce soir, où nous avons tous prévu une journée de repos avant que chacun ne reprenne sa propre route. Giulio a réservé bus et train pour demain matin, Lorenzo et Francesco feront route à part pour la suite, et quant à moi je dois retrouver ma solitude ... Nous avons l'intention d'y prendre quelques bons moments ensemble, et les yeux de Lorenzo ont pris un éclat particulier depuis que je lui ai parlé de certains burgers dignes d'un estomac de thru-hiker : un "burger challenge" est en vue tongue  !

Je démarre avec Francesco un peu avant 7h en direction de lac et col d'Arratille, sans inquiétude aucune d'être vite rattrapé par les bolides Lorenzo / Giulio. Même si l'estimation n'est d'avoir "que" 8h de marche sur une longue journée d'été, l'orage probable de l'après-midi incite à ne pas trop nous attarder. Le ciel de ce matin n'est pas totalement dégagé, facteur aggravant pour un éventuel orage précoce.

Montée tranquille au lac dans le très beau et très paisible vallon d'Arratille. Arrivé au lac avec Francesco, nous y faisons halte le temps de permettre au groupe de se reformer, et pour moi de tout juste faire chauffer un café. Plusieurs bivouacs sont encore installés sur la rive Sud en direction du col, toujours dans l'ombre à cette heure. Une fois repartis 40 mn suffisent pour être au col, avec déjà 700m D+ dans les jambes depuis la levée du bivouac.

Vallon d'Arratille devant / derrière (ou l'inverse)
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lac d'Arratille
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lac du Col d'Arratille
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Je retrouve avec plaisir le très minéral Circo del Ara, par lequel nous transitons en arc de cercle et en partie à niveau jusqu'au Col des Mulets. Comme les jours précédents, je me garde bien de vendre la mèche de ce que mes compagnons de marche découvriront de leurs propres yeux à chaque col. Observer leurs regards quand ils découvrent un nouveau paysage me retire toute idée de répétition : je retrouve mon propre émerveillement du premier passage en Pyrénées.

La fréquentation commence à augmenter avec le milieu de matinée, et le flux des marcheurs arrivant des Oulettes de Gaube. Je vous rassure, on ne se marche pas encore sur les pieds, ce n'est pas le TMB roll . Nous marquons un court arrêt au Col des Mulets, car je ne résiste pas à l'idée de faire usage de ce nom qui nous est si particulier ( rl wink ) pour une photo à thème.

du Col d'Arratille, le Vignemale
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du Col des Mulets, le Circo del Ara et le Col d'Arratille de l'autre côté
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MUL crucifié au Col des Mulets
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35 mn d'une descente raide suffisent pour descendre dans le fond des Oulettes de Gaube, non sans prendre le temps d'admirer l'apparition progressive du Vignemale et du glacier morcelé des Oulettes. Une bonne pause est prise à une table en terrasse du refuge, avec pleine vue sur leurs majestés ...

Il est bien difficile de faire repartir le groupe, tant la vue et le beau temps incitent au farniente (et à la prise de calories sucrées). Je dois recourir à l'arme déloyale du "burger challenge" pour faire décoller Lorenzo, mais c'est la préoccupation météo qui me motive : le ciel peut avoir l'air très bleu et dégagé, mais du fond de ce cirque nous ne pouvons rien voir de ce qui se prépare. La négociation est de ne prendre la vraie pause déjeuner qu'au refuge de Baysselance : après cela il sera moins inconfortable de descendre avec l'orage sur les talons que d'avoir à monter dans sa direction ...

Classique, mais c'est moi qui l'ai faite (encore !) ...
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C'est donc parti pour les 600 m D+ jusqu'à la Hourquette d'Ossoue, dans laquelle je retrouve la même forme que lorsque je m'y étais confronté en 2018. Je mets un point d'honneur à ne laisser personne me distancer, pour peu à peu prendre une avance qui s'accroitra substantiellement dans le final. Lorenzo semble définitivement souffrir, il n'a pas encore retrouvé ses jambes de trail. Content de moi, j'arrive à avaler le tout en 1 heure exactement : je me sens un peu plus en forme à chaque jour qui passe, et la légèreté du sac presque vidé de ses victuailles pour l'arrivée au ravitaillement y est en partie pour quelque chose ... On profite 10 mn du col pour quelques photos : à tout hasard je suggère que le Petit Vignemale se prête bien à l'ascension, mais la motivation générale est à la descente vers Baysselance tout proche pour la pause déjeuner promise.

Hourquette d'Ossoue et Vignemale
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Au refuge, nous allons chercher l'ombre adossés au mur à l'opposé des tables écrasées de soleil. Pourquoi faut-il donc qu'aucun aménagement ne soit jamais réservé aux parties à l'ombre (si ce n'est le stockage de matériel ou des déchets ...) ? Tout le monde n'a pas toujours envie de faire halte bombardé par les UV ... Nous restons là plus d'une heure, allant et venant vers l'accueil renouveler des commandes de boissons ou gourmandises.

depuis Baysselance, le Cirque de Gavarnie et, toute petite, l'échancrure de la Brèche de Roland
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Il faut pourtant bien repartir, et à 14h nous entamons la longue redescente (tant en dénivelé qu'en kilométrage) qui doit nous amener à Gavarnie. La nébulosité se forme maintenant vite, et certains nuages commencent à monter. Nous ne sommes pourtant pas inquiets, car la direction d'Ossoue et de Gavarnie est encore d'apparence très dégagée. A priori nous nous dirigeons à l'opposé de l'orage qui se forme ...

Petit arrêt pour permettre la découverte des grottes Bellevue par l'équipe, que j'avais déjà bien "documentées" au trajet aller. La qualité du sentier permet de progresser et descendre vite, mais il n'en est pas moins long. Le soleil commence à être parfois masqué, mais comme nous descendons dans la chaleur c'est plutôt un soulagement. Les névés qui barraient le chemin il y a 16 jours ont bien régressé, découvrant pour l'un d'eux une ravine malcommode. En avant avec Lorenzo, nous aidons une marcheuse anglaise (lourdement chargée ...) à trouver le passage. Il faudra un moment faire marche arrière pour lui prêter une main secourable et lui éviter une glissade dans la boue rocailleuse.

vue arrière sur encore une autre face du Vignemale tandis que le temps se couvre
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zig forçant l'allure vers Ossoue
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Plus vite qu'anticipé le temps prend une tournure maintenant franchement menaçante, avec déjà quelques gouttes qui tombent. Nous allons presser le pas en direction du lac d'Ossoue, et de la cabane très dépouillée qui se trouve à côté (un sol en béton, 4 murs, un toit ... et rien d'autre sinon une fenêtre et une porte). A l'extérieur la pluie s'installe et nous partageons les lieux avec - chose rare - un couple d'Islandais, ainsi qu'une marcheuse française. Quelqu'un a égaré ici une belle cape de pluie d'apparence neuve, ça doit bien lui manquer en cet instant. La pause est l'occasion de chauffer le dernier café de ma réserve, avant de nous décider de la conduite à tenir : il va être 16 heures et il nous faut choisir entre rester ici au sec (mais bof, bof ...), ou bien tenter de tracer sur Gavarnie dans une accalmie (ou en espérant qu'il fasse meilleur dans cette direction). Nous choisissons de nous remettre en mouvement, et la décision collective sera de tracer sous l'orage par la piste / route, plutôt que par le sentier sur les hauteurs. Le sentier nous aurait offert des possibilités d'abris supplémentaires (cabane de Lourdes ou de Sausse-Dessus), la piste ne laisse pas d'autre choix que d'avancer quelles que soient les conditions.

préparation du capuccino à la cabane d'Ossoue
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Les 4 premiers kilomètres sur la route de terre vont plutôt bien avec seulement quelques gouttes éparses, mais les choses se gâtent quand nous arrivons sur l'asphalte. J'avance clairement plus vite que le groupe, et décide de partir en avant et à mon rythme : avec une arrivée possible vers 18h, il y a un risque de trouver un camping déjà bien occupé, et nous n'avons pas de réseau pour pouvoir réserver. De là et sur les 6 kilomètres qui restent, je vais me prendre la saucée comme jamais : comme je marche vite et transpire en conséquence, difficile de dire si dans ces circonstances la veste de pluie a été de la moindre utilité ... Plusieurs voitures redescendent : sous le déluge, pas une ne se propose spontanément de "ramasser" un randonneur sous le déluge. Même si je me suis fortifié dans mon esprit pour ne pas faire d'incartade motorisée sur le parcours, pas sûr que j'aurais su résister. En tout cas je n'ai pas levé le pouce ... Je regarde néanmoins avec envie si les collègues n'auraient pas déjà pris place dans l'une d'elles roll

l'avenir immédiat est sombre. Après ça, toute l'électronique sera mise à l'abri le plus profond et étanche ...
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Quand enfin j'arrive à Gavarnie, qu'il me faut traverser dans toute sa longueur pour rejoindre le camping de la Bergerie, j'y croise la foule en T-shirt qui redescend du cirque pour retrouver camping-cars et voitures. Je suis mieux équipé qu'eux et pourtant trempé et inconfortable, mais ne suis finalement pas le plus à plaindre. L'averse ne montrant aucune accalmie et, pire, se renforçant encore, je fais quelques courtes pauses et des sauts de puce à l'abri d'un auvent ou de l'un ou l'autre balcon. J'arrive enfin, misérable, au camping, et entre un peu avant 18h dans la salle commune où d'autres réfugiés ont cherché à échapper aux éléments. Sans que je me sois présenté, la patronne arrive directement vers moi avec un paquet : mon panneau solaire de remplacement que mon épouse avait envoyé ici ! Elle se souvenait suffisamment de moi pour reconnaitre au 1er coup d'œil le pauvre diable dégoulinant venant d'entrer ...

Il n'y aura aucun problème de place ce soir, et quand je signale qu'il y aura 4 personnes et 4 tentes, on me demande si les 3 autres ne sont pas les néerlandais qui ont téléphoné à l'instant. Même si je réponds par la négative puisque le reste de l'équipe n'est qu'italienne, il s'avèrera que c'était bien eux mais que dans la panique d'un orage et d'un appel en anglais, l'accent italien n'a pas transparu lol . Je vais m'asseoir au fond de la salle pour me changer et me mettre au sec, tout en ayant commandé un chocolat chaud ... Après 20 mn je renouvelle la commande pour 4 personnes calin quand, enfin, Lorenzo, Francesco et Giulio arrivent à leur tour !

L'orage finit tout de même par cesser (on nous dira qu'il fut tout aussi violent hier, nous n'en avions vu que les bordures à notre bivouac au bord du Marcadau), et nous allons installer les tentes, non sans avoir préalablement réservé nos places au restaurant du Mourgat tongue . Les abris sont plantés tout en haut de la zone randonneurs, là où les vues sur le cirque sont les plus belles. Entre l'accueil et la beauté du site, ce camping de la Bergerie est décidément un bien bel endroit où s'arrêter.

cherchez pas, il n'y a pas mieux !
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Ce soir le match du "burger challenge" était plié d'avance, même si la compétition avec Lorenzo serra serrée : je finis jusqu'aux ultimes miettes des frites qui accompagnaient mon burger, tandis que mes concurrents Lorenzo et Francesco se feront aider sur le final par Giulio, qui n'avait commandé qu'une pizza, moins conséquente que le burger "Mastodonte" (c'est son nom) de 1 kg tongue tongue tongue  ! Victoire au finish me direz-vous ? Que nenni ! Je complète par une large coupe glacée d'un chocolat liégeois surmonté d'une pyramide de Chantilly. L'œil satisfait d'une digestion bien entamée, les autres compétiteurs sont maintenant spectateurs et incrédules ...

remarquez les yeux réjouis, vous n'en verrez pas souvent des comme ça !
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jeu, set et match !
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J zéro n°4, samedi 6 août

Que cette journée de repos va faire du bien, après 13 journées de marche consécutives !

Elle permet de se doucher à l'eau chaude, prendre le temps d'une lessive et du farniente, de quelques courses ... Les commerces bien achalandés vont me permettre de remplacer à l'identique ma lampe frontale (Petzl e-lite) perdue il y a 2 jours. Une autre perte constatée hier, c'est celle de mon Opinel n°3, égaré peut-être à la pause d'Arratille ... Voyant dans une vitrine une collection de "gros" Opinel, je demande à tout hasard si quelque part dans le stock il n'y aurait pas un "tout petit" n°3 : en fouillant dans un tiroir on me répond "hélas, je n'ai qu'un n°4 ... et un n°2 !". En MUL réjoui, je prends le n°2 et m'allège d'1 g smile .

Comme il faut aussi ravitailler, je fais le choix ici de poursuivre par un itinéraire direct, plutôt que le grand tour par les cirques (Estaubé, Troumouse, Barroude ...) que je m'étais promis pour ce retour mais qui me coûterait une journée (voire plus étant donné les orages désormais quotidiens). L'itinéraire "direct" passant par Bielsa ou Parzan, pas besoin de charger plus que 2 jours de vivres, chose faite à la très bonne épicerie.

Après un petit-déjeuner pris tous ensemble dans un café, Giulio nous fait ses adieux pour attraper la navette pour Gèdre, puis nous revient 1 heure plus tard après avoir compris que ça ne l'avancerait pas sur sa correspondance avec le bus suivant : autant rester avec nous et prendre la navette du début d'après-midi ! La séance suivante de recomplément calorique du midi sera plus raisonnable, dans une petite pizzeria aux allures de gargotte mais en réalité excellente. Ici tous les commerces semblent familiaux : on retrouve dans un établissement du personnel qui vous servait dans un autre la veille, on appelle la patronne Tatie ou Maman etc. Je pense que cela fait le charme de ce site incroyablement touristique, lequel sans cette structure familiale ressemblerait bien trop à un Disneyland pompe à fric.

Dans l'après-midi, maintenant sans Giulio et tandis que l'orage menace, je suis au camping et entend la patronne dire à des randonneurs qui arrivent qu'ils seront parmi les derniers : il ne lui reste qu'une place. Or un peu plus tôt, nous avons eu des nouvelles de Laurent (dit "le luxembourgeois", voir ses brèves apparitions aux épisodes 24 et 29), qui a forcé l'allure dans le mauvais temps et compte arriver ce soir. Nous nous assurons qu'une place lui sera bien réservée, la vraiment toute dernière nous dira-t-on ... Le sens commerçant et de l'accueil de l'équipe du camping ne sera toutefois pas pris au dépourvu : nous les verrons à chaque nouvel arrivant (toujours "le dernier") jongler avec les places et les réservations pour ne laisser personne sur le carreau ... Carreau détrempé, car les cellules orageuses défilent et se vident ici de leur contenu.

Francesco barbouillé et "alité" sous sa tente, avec Lorenzo nous retournons relativement tôt en ville dans une accalmie, dans l'idée de prendre table avant le coup de feu d'une part, l'averse suivante d'autre part. En chemin nous croisons Laurent qui arrive, et l'informons de sa place réservée. C'est peu dire que, aussi misérable que nous hier, la bonne nouvelle le remplit de joie. Le groupe enrichi de 2 néerlandais avec qui nous discutions au camping, Laurent nous rejoindra dîner dans la même pizzeria que le midi. A l'heure du dessert et tandis que dehors tombe une nouvelle grosse averse, nous commandons des glaces au comptoir ... sans avoir réalisé que la machine est à l'extérieur ! C'est en voyant la serveuse sortir se faire tremper à notre service que nous allons collectivement rougir de honte ops , mais ce sera tout de même une bonne rigolade car elle viendra nous servir trempée, mais hilare wink !

A table très tôt il n'est pas encore bien tard quand nous nous séparons, même si le jour tombe. Je décline à regret les prolongations alcoolisées (modérément car à la bière) suggérées par Laurent. Si Laurent fait à son tour jour zéro demain, il me faudra quant à moi repartir au petit matin, et il n'est plus l'heure de "charger". Salut Laurent, j'aurai bien aimé faire un peu de chemin avec toi !

En quelques chiffres :

Total J32 :
30 km
D+1457
D-1940
Marche 7h53 (+pauses 3h04)
kmE 50
IBP 190
+ burger Mastodonte à 5000 kCal tongue (environ)

Cumul J01-32 :
1088 km
D+ 60 300m
Marche 301 h
kmE 1826


Itinéraire
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Profil
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Progression
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Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (25-03-2024 16:52:55)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

Hors ligne

#350 03-11-2022 14:54:55

Hervé27
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Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J33, dimanche 7 août : de Gavarnie à la cabane de la Estiva

Vidéo
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Dans le pot de chambre réceptacle des orages qu'aura été Gavarnie à l'occasion de cette journée zéro et de ses 2 bivouacs, inutile de dire que l'abri est bien trempé ce matin : une séance de séchage sera indispensable. La météo reste à l'orage tous les après-midis pour le futur prévisible, il faut désormais en intégrer la contrainte dans la planification du quotidien.

Giulio est rentré chez lui hier, Francesco double son jour zéro et se sépare ici comme prévu de Lorenzo. Chacun reprend désormais son chemin, mais Lorenzo comme moi prévoyons de passer par Tuquerouye et le lac du Marboré ce matin, et devrions avoir encore un peu l'occasion de nous croiser. Il a déjà plié la tente et décollé quand je mets la tête hors du Pioulou ce matin, car il veut aller visiter le fond du Cirque tout en se laissant une chance de me rattraper dans la montée aux Espuguettes et à la Hourquette d'Alan. Pour ma part je quitte le camping à 6h45 avec un ravitaillement léger, non sans avoir payé ma note dès hier soir.

Pour faire variante, mes plans sont de passer par Bielsa, en tentant d'éviter ainsi les longues pistes qu'impose le passage par Parzan.

Il fait beau ce matin et les lumières dorées du levant sur les falaises du Cirque au-dessus duquel je m'élève sont bien belles. L'échancrure incongrue de la Brèche de Roland, telle une dent manquante sur une mandibule géologique, reste toujours aussi spectaculaire. Pour une fois j'ai un peu frais sur ce versant à l'ombre, avec seulement mon T-shirt ... C'est déjà à mi-hauteur des Espuguettes que je croise mes premiers rares marcheurs à la descente du refuge, où j'arrive à 8h05 pour un arrêt express à la fontaine. Toujours à l'ombre et de plus en plus au frais avec l'altitude, je ne veux pas me poser avant d'avoir trouvé le soleil à la Hourquette d'Alan, pour laquelle il me faudra 40 mn de plus : au total 2 h pour 6 km et 1000m D+, je ne suis pas mécontent ...

Quel cirque !
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le même, depuis les Espuguettes
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dernière vue depuis la Hourquette d'Alan, de la Brèche de Roland au Vignemale
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C'est dans les derniers mètres avant la Hourquette que je reconnais en contrebas l'arrivée de la Ferrari de compétition qui va me rattraper quelques instants plus tard, pour la (re)découverte enfin ensoleillée du Cirque d'Estaubé. Je m'arrête ici 10 mn, le temps d'accueillir Lorenzo et grignoter une barre de céréales. J'ai la forme et pourtant Lorenzo est encore plus en jambes que moi et part en avant : je me fais l'illusion de pouvoir le rattraper à l'usure, mais rien à faire. Je peux encore l'apercevoir loin au-dessus de moi dans le couloir d'éboulis menant à la Brèche de Tuquerouye, sans savoir encore que les circonstances vont nous séparer ici pour plusieurs jours.

Cirque d'Estaubé et, au fond, le Port Neuf de Pinède
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Couloir d'accès à la Brèche de Tuquerouye
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La montée est bigrement raide, et oblige à mettre sans cesse la main aux rochers parfois instables : descendre doit être encore plus inconfortable, ce qui est vite confirmé par les marcheurs lourdement chargés qu'il me faut laisser passer en patientant ... Je suis revenu dans l'ombre, et arrive enfin au solide refuge perché entre les 2 parois de la brèche. Je pensais m'y arrêter faire chauffer un café, car il y a là de la place et un peu de confort ... mais toujours en l'absence de soleil il y fait bien froid. Découvrant simultanément l'incroyable beauté du lac du Marboré et de la cuvette minérale qui l'héberge, elle bien ensoleillée, je préfère poursuivre un peu et aller prendre place au bord de l'eau.

vue arrière vers Estaubé avant d'arriver à la cabane ouverte de la Brèche
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au pied de la cabane
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fascinante beauté du Mont Perdu et de son glacier, du Marboré et de son lac
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Pas trace de Lorenzo dont j'avais compris qu'il voulait faire sécher ici ses affaires, c'est donc qu'il a pris les devants. Pour moi, à bientôt 11h et après 4h de marche, c'est ici ou jamais que je peux me reposer et étaler au séchage et à l'aération la totalité de mon équipement. J'ai eu bien raison car quand je repars après 1h tous les signes sont là de la dégradation, avec désormais des nuages toujours plus présents et resserrés alors que le ciel était d'azur à mon arrivée.

ici, c'est la pause !
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Il faut un peu zigzaguer à suivre les cairns depuis le lac avant de trouver l'itinéraire de redescente dans Piñeta : les tours et détours me permettent de me retourner souvent pour admirer encore et encore le Marboré, le Mont Perdu et le glacier de ce dernier. S'ensuivent d'interminables lacets d'un chemin globalement de bonne facture pour, après 1000m D- et 1h20 de descente, atteindre enfin la fontaine avec bassin et ombragée de la Colada de Piñeta. Il y a là du monde en transit, et je prends plusieurs fois la file d'attente pour y remplir à plusieurs reprises ma bouteille, que je ne peux m'empêcher de boire à chaque fois et donc refaire un tour ... Au moins, je suis désormais hydraté à fond !

profiter encore ...
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puis plonger dans Piñeta
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Une vue arrière sur le Cirque et les cascades me confirme la noirceur du ciel derrière moi : c'est beaucoup plus dégagé dans la direction de Bielsa, et j'espère donc désormais gagner du temps sur l'orage en m'éloignant au plus vite du Mont Perdu. En revanche je ne veux pas me taper tout le fond sur-fréquenté de la vallée de Piñeta : je veux m'en tenir aux sentiers via le Llanos de la Larri et le plateau de l'Estiva, pour n'en redescendre qu'à l'approche de Bielsa. Cela me permettra de rester en altitude, éviter la foule et la chaleur, profiter de la vue ... Mon timing et celui de l'orage mettent aussi sur ce tracé l'option d'un abri à la cabane de l'Estiva que j'avais repéré et visité à l'aller, en plus de celui de la cabane de la Larri. Ainsi je peux m'engager avec ces 2 excellentes sécurités face au mauvais temps derrière moi.

vue arrière du fond de la Colada de Piñeta
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Les premiers grondements et premières gouttes vont se manifester alors que je suis encore sur le sentier forestier qui permet de transiter vers le Pla de la Larri. Il ne me faut qu'1/2 h pour y être et, pensant le déclenchement de l'orage tout proche, je m'arrête près de la cabane le temps d'une courte pause d'observation et pour faire le point. Il y a là un couple avec un chien (genre casse-pieds qui aboie après tout ce qui lui fout la trouille, à commencer par moi), bientôt rejoints par la copie conforme d'un autre couple avec chien trouillard. C'en est vraiment pénible, et l'idée d'avoir à partager dans ces conditions (ne serait-ce que le temps d'un orage) cet abri sans confort (sol en béton, aucun mobilier), me décide à enfiler ma veste de pluie et tenter un sprint jusqu'à la cabane de l'Estiva. Il tombe des gouttes éparses et le cirque résonne désormais de grondements permanents : je me prépare psychologiquement à prendre la saucée, et mets toute mon énergie à parcourir la distance et le dénivelé (3 km et 500m D+) dans le temps le plus court possible. Après la montée semie boisée, je n'aime pas l'exposition du plateau de l'Estiva, mais l'orage semble alors avoir régressé.

en repartant du Pla de la Larri
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Depuis la Larri j'arrive en 1h à la cabane de l'Estiva, juste à temps avant la 1ère grosse averse : je ne me paye les premières grosses gouttes que dans les derniers 50 m que je me tape à même la pente pour couper la trop longue piste en lacets, puis c'est le déluge. Il est 15h, et le défilé des cellules orageuses, parfois spectaculaires, ne fait que commencer. Je rencontre ici un couple polonais un peu plus âgé que moi, Macha et Naschka (entre mémorisation des prénoms et orthographe, je me trompe certainement ...), sur un mix GR11 / HRP. Ils suivent approximativement les étapes de leur topo-guide, mais en se décalant délibérément d'1/2 étape afin de privilégier les bivouacs à mi-parcours entre 2 refuges gardés. Bonne technique, et nous nous trouvons beaucoup d'affinités. On parle un peu matos, beaucoup philosophie de la marche ... Macha porte un écusson du GR20 aux 2 marques rouge et blanche, ce qui lui permet d'arborer ses couleurs polonaises wink ! Leur tente sèche en intérieur accrochée à un mur, tandis qu'ils ont installé leur couchage dans la mezzanine. Ils m'y proposent déjà une place mais je ne m'installe pas encore, attendant une possible opportunité de continuer mon chemin.

Après une bonne heure de discussion et tandis qu'orage et averses se poursuivent, ce sera l'heure d'une sieste. Tandis que mes voisins somnolent, je profite d'une accalmie pour descendre à la source en contrebas faire le plein d'eau, et m'installe provisoirement sur le sol en béton et dans la chaleur douillette de mon duvet, avec juste mes 2 bouts de trop fin matelas mousse hmm mais un oreiller convenable smile . Avec un capuccino bien chaud et quelques calories tongue , les rudes conditions ne vont pas m'empêcher d'atteindre un agréable endormissement digestif ...

Cabane sans fenêtre de la Estiva...
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...et aperçus de son panorama inoubliable
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Vers 18h30 les choses semblent plus calmes, mais les prévisions météo restent agitées pour la nuit, comme elles l'ont été tous les jours précédents. Par SMS (oh, du réseau smile !) Lorenzo m'a fait entretemps savoir qu'il arrive à Bielsa après une marche forcée sous l'orage, où il ravitaillera demain matin avant de se diriger vers Benasque. Il a ainsi pris sur moi 1/2 journée d'avance qu'il va être bien difficile de rattraper maintenant qu'il est en solo et peut donner la pleine mesure de ses jambes de trail ... C'est pour moi une nouvelle journée "tronquée", et si ce scénario continue de se répéter je ne suis plus certain d'être de retour sur les bords de la Méditerranée dans le temps que je m'étais octroyé : il ne me reste que 13 jours ...

Je décide de finalement dormir ici plutôt que de tenter un trip du soir et un bivouac humide sous l'orage, et m'en tiens au sol en béton que finalement je supporte par-dessus ma fine couche d'Arkmat : faire ainsi chambre à part avec mes colocataires me permettra de partir tôt demain matin sans trop avoir à les déranger ... Je vide ce soir presque toutes mes réserves, ne gardant qu'un rien de grignotage avant le ravitaillement que je prévois toujours à Bielsa.


En quelques chiffres :

Total J33 :
22 km
D+2109
D-1388
Marche 6h46 (+pauses 1h26)
kmE 45
IBP 190

Cumul J01-33 :
1110 km
D+ 62 400m
Marche 308h
kmE 1870


Itinéraire
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Profil
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Progression
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Vidéo
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EDITS : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (25-03-2024 17:04:53)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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