Vous n'êtes pas identifié(e).
- Contributions : Récentes | Sans réponse
Annonce
#1 04-06-2023 19:02:00
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Notes : je mets pas mal de photos vu que je n'arrive pas à choisir lesquelles décrivent le mieux les paysages traversés.
Le récit sera en 2 parties et sera suivi de messages concernant le vélo et le matériel.
Il existe en Espagne un territoire grand comme deux fois la Belgique avec une densité de population équivalente à la Laponie ou les Highlands écossaises. On y compte seulement 6,99 habitant au km² : c’est la Laponie espagnole.
C’est ainsi que l’on nomme la «Serranía Celtibérica» qui s’étend sur un territoire réparti entre 10 provinces ( Teruel, Guadalajara, Cuenca, Saragosse, Burgos, La Rioja, Segovia, Castellon et Valence) et qui représente 13 % de la superficie du pays. (Source)
C'est pour faire découvrir ce territoire et ses habitants qu'Ernesto Pastor a créé l'itinéraire des Montanas Vacias (Montagnes Vides). Constitué d'une boucle principale de 700km, d'une boucle secondaire XL de 1000km de plus et de multiples variantes, il navigue entre montagnes et canyons, petits villages et grands espaces, et offre un regard sur un espace sauvage qui se meurt à petit feu à cause de l'exode rural et de l'apathie des pouvoirs publics.
J'y suis allé en mai pour deux semaines, avec le projet de faire la boucle principale et une partie de la boucle XL, en fonction du temps disponible, de mon rythme et de ma motivation. Pour faciliter mon accès, je suis parti de Calatayud, petite ville sur la ligne de train Barcelone - Madrid située à proximité de la boucle XL. Sur la carte suivante on peut voir la boucle originale (au sud) ainsi que la boucle XL (au nord) qui se rejoignent au niveau du puente de San Pedro, ainsi que mon parcours et mes journées (je suis désolé d'avoir saccagé la belle carte créé par Ernesto) :
Après quelques kilomètres sur une route déserte, je rejoins le tracé au niveau d'un petit village. On est dimanche, à part un petit bar rien n'est ouvert. De là de découvre de quoi sera fait le parcours des Montanas Vacias : des pistes forestières d'état variable, souvent roulantes mais rarement plates. D'ailleurs, dans ce premier secteur on ne peut pas vraiment parler de forêt mais plutôt de garrigue. Dans ma motivation du premier jour j'avance bien. Je ne croise personne à part dans les villages que je traverse, et encore.
Depuis le départ j'ai quitté la vallée et je n'ai fait que monter progressivement. Au loin je peux voir la plaine de l'Èbre et ses cultures, mais ici seuls les buissons résistent aux pentes et au soleil. Plus loin je redescends et contourne un grand lac dans lequel miroitent les nuages. Je croise mon premier chevreuil - j'en verrai quasiment tous les jours. Un petit col plus tard, je passe devant de beau château de Zafra, qui a servi pour le tournage de Game of Thrones. Je continue jusqu'à Molina de Aragon, où une station service me dépanne pour le soir et le lendemain matin. Je n'avais pas prévu d'aller jusque là, mais dans l'enthousiasme du départ j'ai bien roulé. Je ne m'arrête pas là et profite des quelques kilomètres de route en faux plat descendant au fond d'une gorge pour m'avancer encore un peu. Je dors au bord de l'eau, où je sais que ce sera humide et froid mais je n'ai pas trop le choix. Au moins je peux rapidement me rincer dans l'eau fraiche. Ce sera la seule nuit où j'utiliserai mon tarp.
Le lendemain je passe le puente San Pedro et rejoins donc la boucle principale des Montanas Vacias. Elle m’accueille avec une montée sur goudron qui me fait sortir de la fraicheur du canyon. Ce n'est pas forcément pour me déplaire, j'ai eu un peu froid cette nuit et mon compteur de vélo m'affiche 2° au moment de partir. Mon duvet est fatigué (et sale) et c'était la canicule juste avant que je parte, je ne suis donc pas forcément bien équipé pour des nuits trop fraiches...
Une fois sur le plateau je navigue dans de belles forêts de pins. Malheureusement, je me rends compte que ma roue arrière perd en pression. Je décide d'essayer de tenir jusqu'à un endroit où il y aurait de l'eau pour trouver la fuite, donc en attendant je regonfle régulièrement. A un moment je doit me rendre à l'évidence et je me lance donc dans le remplacement de la chambre à air, mais la vis maintenant la valve est bloquée et sans pince je ne peux rien faire. Je regonfle péniblement et descend tant bien que mal jusqu'à un abri un peu plus bas. Plus tôt j'ai croisé un couple de français qui avait prévu de venir jusqu'ici, j'espère donc qu'ils auront de quoi m'aider.
Je dois attendre un peu plus d'une heure qu'ils me rejoignent, mais heureusement ils ont de quoi m'aider. La source à côté est presque au goutte à goutte mais son bassin me permet de trouver la crevaison, et comme elle m'évite aussi de m'assoiffer je décide de m'arrêter là pour aujourd'hui même si ma journée a été relativement courte. Dormir à l'intérieur me fait de l'oeil si ça m'évite d'avoir froid en fin de nuit. Nous sommes rejoints par d'autres cyclistes faisant les Montanas Vacias, et nous avons là un bel assortiment des vélos pouvant être utilisés : ça va du gravel en pneu de 38 (très limite de l'aveu même de son propriétaire) aux tout-suspendus du couple français, en passant par des gravel de voyage et mon semi-rigide.
J'ai bien fait de dormir à l'intérieur : dehors, dans les replis du terrain, l'herbe est blanchie et mon souffle brumeux. Je suis parti relativement tôt, alors que tout le monde dort encore ; hier fut une courte journée, j'ai bien l'intention d'avancer un peu plus aujourd'hui. Pour m'aider je peux compter sur un parcours qui n'est pas plat mais contient beaucoup de goudron en début de journée. Mais bon, pour ça il faudra déjà que je répare une autre crevaison, cette fois-ci sur le pneu avant. Heureusement, je la remarque alors que la route passe à proximité de l'un des rares ruisseaux du coin, donc je peux réparer ça facilement. Je suis du genre à garder mon sang-froid et ce n'est pas une crevaison qui va me mettre de mauvaise humeur, mais je me souviens de mes hésitations avant de partir quant à oui ou non remplacer mes pneus : j'aurais définitivement dû, et passer en tubeless par la même occasion.
La mi-journée est chaude, mais au fur et à mesure le temps se couvre et le vent se lève. A un moment il me semble impossible d'échapper à l'orage, mais finalement je vais plus vite que lui et lorsque j'arrive à Torrebaja, au pied du Javalembre, je sais que je suis tiré d'affaire. J'ai un peu de mal à trouver où me ravitailler, mais j'arrive à repartir environ 1h30 avant le coucher du soleil. Parfait, ça me permet de commencer l'ascension qui me fait tant peur. La raideur de la pente et la faible qualité de la piste m'empêche de beaucoup avancer, mais c'est toujours 500m de moins à faire demain.
Le temps et couvert, frais et venté. J'ai plus l'impression d'être en Bretagne qu'en Espagne, mais les 1000m de D+ qui m’accueillent me rappelle rapidement où je suis. La montée est peu régulière, la piste souvent de mauvaise qualité et le vent n'aide pas, donc je mets assez longtemps à franchir le Javalembre. Heureusement la descente est rapide et peu technique, et je me retrouve sans autre problème dans la torpeur de la plaine. Estimant avoir assez de réserves d'eau je coupe un peu pour m'éviter un détour inutile dans une station service qui sert de point de ravitaillement et je continue entre les champs jusqu'au pied de la prochaine grimpette. Une longue pause et un ravitaillement plus tard je repars en direction d'un abri qui me permettra de passer la nuit à l'abri du vent et du froid.
Le soir, seul dans la cabane, la fatigue me fait réfléchir à tout un tas de variantes pour raccourcir le lendemain et arriver plus tôt à Terruel, où j'ai prévu de passer un jour de repos. Après avoir tracé plusieurs options, je repousse la décision au lendemain et vais me coucher entouré des aboiements de chevreuils.
Il fait beau, je suis motivé et donc malgré toutes mes tergiversations de la veille je pars sur le parcours normal. Je dois faire un cours arrêt dans un petit village qui pourrait être en Corse pour réparer une énième crevaison mais sinon j'avance à peu prêt correctement. Aujourd'hui encore une belle montée m'attend, mais la piste est en bien meilleur état que la veille et je me fatigue beaucoup moins. Au sommet je traverse une petite station de ski avant de redescendre au chaud. Quelques petites bosses parfois un peu raides me séparent encore de Teruel, mais finalement j'y arrive assez tôt. Demain, c'est repos.
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#2 04-06-2023 21:32:20
- tolliv
- Sérénitude
- Lieu : Toulouse
- Inscription : 06-09-2016
- Site Web
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Effectivement, ça fait vraiment désertique.
Tu as trouvé de l'eau quand même ?
"La vie est trop courte pour être petite"
Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----
Hors ligne
#3 05-06-2023 13:56:53
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Il y a des fontaines dans quasiment tous les villages. Avec mes deux bidons j'avais 1,5l d'autonomie ce qui me permettait généralement d'atteindre le village suivant. De temps en temps j'ai dû m'arranger pour rajouter 1l. Je n'ai utilisé mon filtre que 2 fois, dont une fois de manière non prévue (si je n'avais pas écourté la journée à cause d'ennuis mécaniques je n'en aurais pas eu besoin).
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#4 05-06-2023 14:00:24
- tolliv
- Sérénitude
- Lieu : Toulouse
- Inscription : 06-09-2016
- Site Web
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Une question bête : tu montes tout sur le vélo ou cela t'es arrivé de pousser le vélo dans des montées ?
Tu sais d'avance à partir de quelle pente tu vas le pousser ?
"La vie est trop courte pour être petite"
Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----
Hors ligne
#5 05-06-2023 16:46:27
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
C'est impossible de savoir à l'avance vu qu'en VTT ça dépend beaucoup du terrain. Dans le topo il est indiqué au moins deux endroits où il est courant de pousser, mais j'ai la fierté de pouvoir dire que je n'ai jamais eu à le faire malgré des passages à 20% sur piste défoncée Le seul endroit où j'ai mis pied à terre sur quelques mètres c'était sur du plat, lors de la remontée d'un ruisseau à sec.
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#6 06-06-2023 18:52:05
- Laith
- Membre
- Inscription : 19-02-2015
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Salut et merci pour le retour, le coin m'intéresse bien pour un prochain projet.
Au final quel aura été le plus long moment passé sans croiser d'humains/villages habités ? Aussi as tu vu sur les cartes ou en chemin quelques singles qui pourraient être intéressant à tester en vtt ? (Quitte a pousser/porter un peu)
Et au plaisir de lire la suite !
Hors ligne
#7 17-06-2023 22:58:24
- Gudule
- Membre
- Inscription : 18-03-2018
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
La suite, la suite !
Voyage à vélo de la France au Japon
Hors ligne
#8 17-07-2023 14:02:14
- Lupa
- Membre
- Lieu : Bruxelles
- Inscription : 30-05-2022
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Merci pour le récit, quels paysages superbes !
Je suis tombée sur ce post en faisant des recherche sur les Montanas Vacias justement. Est-ce tu as croisé des marcheur-euses ? Je ne vois que mention de cyclistes dans tout ce que j'en lis jusqu'ici (très courte recherche).
Hors ligne
#9 19-07-2023 00:04:33
- Pat85
- Membre
- Lieu : Les Herbiers
- Inscription : 07-11-2020
Re : Montañas Vacias : bikepacking VTT dans la diagonale du vide espagnole
Merci je cherchais une nouvelle idée de voyage. J’ai trouvé !
Dernière modification par Pat85 (19-07-2023 00:05:17)
Moins c'est mieux
Hors ligne