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hrp:04

Jour 4

Cabane de Lindus - Remise d'Ergurguy +705m/-1045m

Le voici, le voilà, le fameux brouillard du pays basque! Il nous suit et nous précède toute la matinée. Un autre phénomène nous a suivi depuis Hendaye, parti un jour après nous, il nous rattrape à Egurguy: un randonneur hollandais… étonnant! Première galère aussi: 45min dans l' “enfer vert”, lamentablement paumés dans une forêt, quoi!

Rencontre du troisième type

Cabane du Lindus - Bout de carte !

Il a fait mauvais cette nuit: vent et pluie. J'entrouvre la porte, on est dans un brouillard total: humidité 100% ! Dans l'abri la condensation recouvre la toile, je passe un petit coup rapide avec ma serviette éponge pour voir: impec, la condensation a disparu et ne réapparaît pas. Après avoir fait de l'eau à la citerne sans la traiter, on part à 7h cette fois, jovials comme tous les matins: on a la pêche! Le port d'Ibaneta est passé dans le brouillard, on suit le GR11 donc normalement pas moyen de se paumer. Difficile de savoir où nous sommes quand même.

Bout de carte - Urculu

On pense avoir repéré le passage du Mendi Chipi, le balisage se fait plus aléatoire, puis revoici la frontière, ah voilà une borne. Quel numéro? n°204. Ok on s'est pas trompés. Le ciel se dégage enfin et la vue est magnifique. Nous repassons côté espagnol pour passer au sud de l'Urculu.

Urculu - Refuge d'Egurguy

D'après la carte il nous faut ensuite quitter le GR11 pour se rapprocher de la frontière (au sud-est du col d'Orgambide) et la longer en passant à 500m d'elle sur une sorte de plateau côté espagnol. Le problème c'est que l'itinéraire indiqué sur la carte est côté espagnol (imprécision de la carte), en pointillé (hors piste) et qu'il en manque 5 bons kilomètres avant Egurguy! En quittant la route qui mène au col d'Orgambide on se met dans une belle galère en entrant dans une forêt qui est sur la droite de la route. Pourtant ça commence bien: un beau chemin nous y mène à la forêt et on en traverse une bonne partie avant que le chemin ne se transforme en sentier puis en sente, puis en plus rien du tout… On prend alors à la boussole cap au 70, plus ou moins tout droit dans la forêt, plutôt dense et escarpée. Plusieurs barres rocheuses nous barrent le passage et on doit parfois faire de la grimpette entre les branches et les rochers ou des numéros d'équilibristes pour sauter de bloc en bloc.

Euh ben on est paumés !

Ca passe mais même avec les sacs légers on doit faire hyper gaffe...

On s'en sort finalement pas trop mal après 45 min de doute: voilà le plateau. Maintenant direction sud-est. Inutile de dire qu'avec des sacs lourds on ne serait pas passé.

Le plateau

Voilà qu'on aborde la partie hors-carte, on grimpe sur la crête pour voir le côté français qui lui est sur la carte, il nous permettra de mieux nous situer.

Au loin on distinguait le pic d'Anie

HYPER raide cette pente herbeuse.  Ergurguy tout en bas.

La vue vers l'est est fabuleuse : pic d'Orhy et peut-être d'Anie au loin, on décide de rester sur la crête.Finalement on arrive en vue du refuge d'Egurguy depuis le haut de la colline qui le surplombe à l'ouest (plutôt que par la route en bas). La pente est très raide mais tout en herbe: on descend tout droit, parfois en ramasse ! Il me reste encore de l'eau du litre pris ce matin, faudrait que je me force à boire plus…

La corvée, mais dans un cadre plutôt agréable!

Le refuge est fermé, super. Une remise à l'arrière nous servira d'abri mais un peu de ménage est nécessaire. Il est 15h, on s'occupe: sécher l'abri, faire une lessive, aérer le sac de couchage, une bonne toilette.

Vers 18h un randonneur seul apparaît de nulle part. Il est torse nu, hyper bronzé, plutôt grand, un sac de 60L sur le dos, des bâtons de skis aux mains et des chaussures de running aux pieds. Comme nous, il fait la traversée… Il vient des Aldudes et est parti depuis 3 jours de Hendaye. Son sac fait 15kg. Putain le malade. On est épatés: il vient des Aldudes mais en plus il a galéré une heure avant le Lindus en se trompant de route. On l'interroge sur ses godasses, il nous les montre: c'est des godasses de footing bien usées, la semelle se décolle et il n'y a aucun crantage, elles sont faites pour la route… “je pense que je vais en acheter d'autres à Gavarnie” il nous dit. Je doute qu'elles tiennent jusque là mais j'acquiesce en disant: “oui, des chaussures de montagne” Il sourit: “ non non les mêmes !”. Apparemment il a l'habitude: il a fait le GR20, le GR5 et pas mal de rando en Hollande, son pays. Il est super sympa, au fil de la discussion on s'aperçoit que bien que fanatique comme il se définit, on pourrait très bien s'entendre. Mais demain il a prévu une étape légèrement différente de la notre et de toute façon au delà de nos possibilités physiques: Egurguy-Belagua!!! On lui dit qu'en France, marcher avec nos godasses de raid en montagne est considéré comme de l'inconscience, alors faire la traversée en running route usées, n'en parlons même pas! Il nous répond “oui! en Hollande aussi…” avec un grand sourire. Quand même, Hendaye-Egurguy en 3 jours c'est pas mal, il doit avoir une sacré condition physique. “ Tu viens directement de Hollande?” “Ah oui, je suis parti le 1er juillet au matin en stop de chez moi et je suis arrivé à Hendaye à 18h le même jour…”. Décidément ce mec est étonnant. Il sort quelques affaires de son sac: toutes les cartes de la traversée (2kg), deux guides (le Véron et un guide Hollandais) et un Stephen King qui doit bien faire 600 pages… 3kg de livres il nous dit. Pas de tente mais un sursac de bivouac. Pas de pharmacie, pas de pastille pour purifier l'eau, plusieurs shorts mais pas de pantalon, pas de PQ (!) on lui en donne, pas de lampe… Eeeeeh ben. Heureusement qu'il vient pas dire ça sur le forum montagne! Quand même, il gémit quand il se baisse et a une ampoule, on rigole ensemble et on lui donne trois pansements. Il compte partir à 5h15 demain, on lui fait une place dans la remise et on parle de nos projets à venir avant de s'endormir.

Nico, Olivier, Sacha

A 22h30 une vache est entrée dans l'enclos qui entoure le refuge, Nico se lève pour la chasser à coup de “aller!” “hop!”. 10 min plus tard il est de retour, ça n'a pas été évident apparemment, mais il commence a avoir moins d'appréhension avec elles: tant mieux, c'est pas la dernière qu'on va croiser!

hrp/04.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:10 de 127.0.0.1