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Jour 17

Refuge d'Anglos - Lac à l'est du refuge Colomer +1670m/-1695m

C'est la fin de la neige et des hauts sommets, cette étape nous mène dans le Parc National d'Aiguestortes. Nous nous baladons entre des lacs magnifiques durant une bonne partie de la journée et faisons une rencontre sympatique au refuge de la Restanca.

Des lacs plus beaux les uns que les autres

Estany Gran avant de descendre dans la vallée d'Anglos

Après une bonne nuit et un p'tit déj au lit (!), on quitte ce petit refuge vandalisé mais placé dans un site merveilleux. Aujourd'hui nous quittons le massif de l'Aneto en descendant au pont de Salenques pour ensuite rejoindre la HRP à Hospitau de Vielha.

La descente du vallon de Salenques depuis le refuge d'Anglos commence agréablement: sur du plat on longe un petit lac en marchant sur un mélange d'herbe grasse et de mousse qui nous change de la caillasse et du terrain délicat d'hier. Mais c'est pas fini: après le lac le chemin descend raide sous des arbustes à travers lesquels on se faufile, puis on se retrouve dans une jungle de grandes herbes qui masquent le chemin et nous aspergent de rosée matinale. Plus bas, c'est une forêt de feuillus qui nous accompagne jusqu'au Pont de Salenques. Quelle variété, en à peine 700m de dénivelée!

On plonge dans une végétation luxuriante Ambiance jungle Superbe forêt avant le Pont de Salenque

On longe un peu la route près de la retenue d'eau de Senet, puis on rejoint la cabane de l'Hospitalet dans laquelle j'avais prévu de dormir au soir du jour 16… Heureusement qu'on est restés là haut: cette grande cabane est une vrai ruine, il y a un toit et des murs en béton, mais de larges ouvertures de chaque côté laissent le vent s'engouffrer… Brrrr terrible. Des restes de beuverie et de feux de camp dans la pièce principale nous auraient fait fuir à coup sûr hier soir, d'ailleurs c'est ce qu'on s'empresse de faire maintenant.

Une petite route sympathique nous permet de rejoindre l'Hospitau de Vielha sans prendre la nationale. La zone est en plein chantier pour cause de construction d'un nouveau tunnel, pas vraiment accueillant. Le gîte n'ouvre qu'à 17h et on ne trouve aucun commerce… Le temps de regarder les panneaux indiquant les itinéraires et leurs durées, plutôt optimistes d'ailleurs et se contredisant suivant les panneaux, et on repart en direction des lacs de Rius. Le Port de Rius est vite rejoint: on a hâte de voir ces lacs qui se révèlent effectivement très beaux.

Superbes étangs de Rius Superbes étangs de Rius

A un moment la HRP se sépare en deux variantes: celle qui fait le “grand tour des lacs” avant de rejoindre le refuge de la Restanca puis Salardu et celle qui descend plus directement vers la Restanca. D'un commun accord on choisit la deuxième option: 3h supplémentaires pour voir deux lacs de plus ne nous attire pas plus que ça. Et étant donné que l'on ne passera pas par Salardu, il nous en reste encore un grand nombre à découvrir entre les refuges de la Restanca, Colomer et Saboredo! On descend donc le “Barranco de Rius” jusqu'à un replat à 1900m d'altitude et on prend à droite.

D'après la carte, l'itinéraire est une petite traversée tranquille à flanc mais en fait le terrain se révèle difficile et le chemin très pénible. C'est une succession de montées, descentes incompréhensibles tantôt sur des blocs, tantôt à travers des buissons, bref on est content d'arriver au refuge de la Restanca.

Le site est sympa, le vent fait des risées sur le lac au pied du refuge, mais l'ensemble me paraît trop bétonné. Nico monte visiter puis revient me dire qu'il a rencontré deux randonneurs qui font aussi la HRP… Nous discutons ainsi pendant 1h autour d'une table du refuge avec deux copains passionnés qui fêtent leur retraite (61 et 63 ans) en faisant la HRP. Quelle pèche ils ont ! Sympas, ils nous proposent du rouge espagnol qu'ils trinquent depuis un bon moment déjà, on mange deux sandwiches vendus sur place pendant qu'ils nous racontent leur traversée. Ils n'ont pas vu Micha, le hollandais qui nous avait dépassé le quatrième jour mais vu qu'il marche deux fois plus longtemps que tout le monde, c'est pas étonnant! Ils ont fait des jours de pose, mais lors du premier ils se sont tellement emmerdés qu'au deuxième ils ont retrouvé des potes pour se balader au Marcadau sans les sacs, finalement ils en ont fait plus qu'un jour de HRP !

Le pays basque: “vous l'avez vu ? Parce ce que nous on a vu aucun paysage, mais les locaux ne les ont jamais vu non plus, alors…” On se marre bien ensemble.

Échange d'adresses mails : l'un d'eux a envie comme moi de raconter leur aventure sur le web. Ils nous parlent aussi d'un énorme ultra-marathon en train de s'organiser: la traversée des Pyrénées… Ouaw, ça ce serait énorme! Un régal pour ces monstres de l'endurance que sont les ultra-marathoniens.

Un coup d’œil complice avec Nico et on quitte ces retraités sympas et … volubiles: il faut qu'on avance pour rejoindre le dépôt demain et puis le bivouac ici est interdit partout…(“Parc Nacional d'Aigüestortes”) Lacs, col de Crestada, lacs, port de Caldes, lacs, refuge de Colomers. Là idem: le site est magnifique, mais la masse du refuge et la retenue d'eau, ça fait trop de béton à mon goût. Sur la carte est indiquée une cabane ou refuge non-gardé au sud du refuge principal. Elle est effectivement non-gardée mais fermée par 4 énormes verrous bloqués par des cadenas démesurés. Bon ben va falloir trouver autre chose. En s'approchant du refuge on croise un randonneur avec des chaussures de trail North Face défoncées qui monte trouver un coin tranquille. On lui donne quelques indications sur ce qu'on a vu et en parlant de ses godasses, il nous apprend qu'il marche depuis 13 jours depuis Banyuls. Il les a défoncées entre le lac d'Airoto et le Port de la Bonaigua. Ca tombe bien, on passe là demain! Apparemment il s'est paumé (sa carte est au 1/200.000 !) et a galéré hors piste dans les rhododendrons. Il a trouvé un refuge super sympa par hasard, mais est incapable de nous dire exactement où il se trouve sur sa carte: à côté d'un lac près du col d'Airoto. Grrr.

Refuge de Colomer, j'entre à peine pour ressortir tout de suite: ça grouille de monde dedans, on se bouscule, au secours. On reprend le chemin, en quête d'un endroit isolé pour bivouaquer. Ca dure, c'est une pénible fin de journée. On hésite: “là” “non, d'ici on nous verra”, “peut-être là” “non plus”…

Je dois être plus fatigué que je ne le pense, cette interdiction de bivouaquer qui nous oblige à errer pour trouver où nous cacher m'exaspère, je m'emporte soudainement contre mon pote de toujours, Nico, sans raison valable. Pour trouver un coin mais aussi pour faire baisser la tension, on pose les sacs temporairement là où on est, chacun part de son côté . J'en profite pour me plonger la tête dans l'eau glacée d'un des lacs et me faire une petite toilette. Enfin apaisé et après une recherche infructueuse d'endroit vraiment plat et abrité des regards, je rejoins Nico pour m'excuser. Il sourit et m'annonce qu'il a trouvé un “coin pas mal”. Je le suis, effectivement: à l'abri des regards, tout près du lac (tant pis pour les moustiques), près d'un petit îlot, de l'herbe grasse et moelleuse nous accueille. “Bien joué”.

Etang près du refuge Colomer

Assis peinards (comme tous les soirs!), on termine tout ce qui nous reste de bouffe sauf un plat lyo et le petit déj de demain. Le vent est faible, voire nul: les moustiques attaquent, on rentre les pantalons dans les chaussettes et on met les moustiquaires de tête pour faire à manger. Quand c'est prêt, je mets la cagoule de la doudoune et à part quelques tentatives suicidaires sur mes mains, le nuage de moustiques reste au dessus de ma tête.

Le soir on papote de tout, de rien et de l'itinéraire de demain: que nous réserve la partie entre le port de la Bonaigua et Alos de Isil? Je me rappelle d'un récit sur internet où ils racontaient s'y être complètement paumés par un temps bouché.

On verra bien, comme d'hab' !

hrp/17.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:17 de 127.0.0.1