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Récit du tour du Mont Perdu

Gavarnie Mont-Perdu Ordesa Brèche de Roland Gavarnie

Voici ce que je considère comme le plus bel itinéraire de 4-5 jours des Pyrénées, après l'avoir parcouru en 2001 sous le soleil, j'y retourne cet été 2004 avec deux amis par une météo parfois perturbée.

Voir aussi : l'album photo

RÉSUMÉ

JourEtapeCommentaire
1 Gavarnie - Pailla Pour ceux comme nous qui arrivent tard à Gavarnie (en plus ça évite d'avoir à payer le parking !). 2h de marche, le temps de monter à la cabane de Pailla.
2 Pailla - Tuquerouye - Petit Astazou Les choses sérieuses commencent: on rejoint le refuge de Tuquerouye par son fameux couloir. Pour ceux qui sont encore en forme, faites comme nous: allez au Petit Astazou.
3Tuquerouye - Mont PerduOn enchaîne par l'ascension du Mont Perdu en passant le col du cylindre: ambiance haute montagne! Neige, glace, petite escalade et … petit, vent et brouillard pour nous.
4Ordesa - CarriataOn plonge dans le canyon d'Ordesa, véritable chef d'oeuvre naturel, pour en ressortir par l'invraisemblable sentier du cirque de Carriata.
5Carriata - Brèche de Roland - Taillon - GavarnieReste à rejoindre Gavarnie par la brèche de Roland, non sans avoir pris le temps d'admirer le panorama depuis le sommet du Taillon et de chercher le trésor que nous avons découvert…

Premier jour

Arrivés tard à Gavarnie (vers 18h), on dit bonsoir au gars du parking qui rentre chez lui, on se gare et c'est parti. Harcelés par le sifflement des marmottes en vente dans les boutiques, on traverse le village en vitesse. A la sortie, ne faites pas comme nous, traversez la rivière au premier pont, sinon il faut revenir un peu en arrière après le deuxième pour arriver au début du sentier qui monte au refuge des Espugettes. En 1h / 1h30 on arrive à une sorte de replat où se trouve la cabane de Pailla, dominée par le refuge des Espugettes.
Le site est très sympa, comme il y a du monde dans la cabane, on va s'installer plus bas sur l'herbe rase près du ruisseau. En soirée le temps se couvre et le vent se lève, on va se coucher alors que les premières gouttes arrivent: Domi et Lolo dans leur tente (Saraccénia), et moi dans mon abri… avec leurs sacs à dos qui ne rentraient pas sous leur tente!

Peu après l'orage se déchaîne et je me rends compte que là où je me suis mis l'herbe rase n'est pas assez drainante: de petits ruissellements apparaissent. Pas grave, je sors la couverture de survie pour la mettre sous le matelas… Oups elle est morte: dépliée, puis repliée (un peu humide sûrement) il y a 3 ans, elle est maintenant collée sur elle même et se déchire de partout quand je la déplie. Finalement je prends mon piolet et creuse rapidement une petite rigole avant de m'endormir comme un bienheureux (non sans avoir vérifié que ça fonctionnait à merveille!).

Deuxième jour

La pluie a cessé, je range mes affaires restées bien au sec toute la nuit et on s'échauffe un peu violemment sur les pentes qui mènent au refuge des Espugettes. Des groupes sont en train de se préparer à partir, on les devance jusqu'à la Hourquette d'Alans. Une fois le col franchi, on emprunte sur la droite un raccourci qui descend en diagonale vers le port neuf de Pinède. Plus bas on rejoint le sentier qui monte du bas du cirque d'Estaubé vers le port neuf de Pinède. Peu après, il faut faire attention à ne pas manquer la bifurcation pour le quitter et monter vers Tuquerouye. Nous voici rapidement au pied du couloir.

J'avertis mes compagnons: il est plus raide qu'on ne le pense, surtout vers la fin et des gens s'y sont tués, donc attention !
La partie droite du couloir est assez déneigée, on préfère passer par le caillou. Domi est en forme, il grimpe seul devant. Je reste prendre quelques photos de Lolo en action ;-)

On arrive au refuge vers midi, les nuages sont déjà là, mais une éclaircie ou deux nous permet d'admirer ce fantastique panorama en entier: lac glacé, Mont Perdu, col du cylindre, Cylindre…

Apparemment le refuge a souffert : des morceaux entiers du revêtement de la toiture se sont envolés cet hiver. Et il y a déjà du monde: une dizaine de personnes.
Domi et moi sommes encore en forme, on prend batons, appareil photo, doudoune (pour moi) et polaire (pour Domi) et piolet pour aller vers le petit Astazou. Lolo préfère rester dans le coin.
On se sépare près du lac: lui à gauche, nous à droite.
Certains disent que pour aller au Mont perdu par le col du Cylindre, il faut contourner le lac par la droite… Je ne suis pas vraiment d'accord: en passant à droite il faut d'abord contourner des dalles presques lisses en empruntant des vires que certains pourront trouver scabreuses, puis traverser un névé assez raide qui donne directement dans le lac, et enfin marcher à flanc sur névé pendant une bonne partie… L'itinéraire par la gauche parcourt certe plus de distance, mais ne comporte aucune difficulté ou passage pénible et est tout aussi joli. Vous jugerez par vous même.

Alors que nous progressons vers l'Est au jugé en restant à flanc de paroi, le temps se dégrade et il se met à pleuvoir. Heureusement le plafond se maintient au dessus du sommet du petit Astazou.
Je suis étonné de voir quel point le caillou reste adhérent, même trempé.
Voici le sommet, pour l'atteindre il faut emprunter une crête et faire quelques pas d'escalade en passant tantôt à gauche, tantôt à droite. Près du sommet, j'emprunte une vire côté droit de la crête, mais elle ne même nulle part. Demi-tour. Entre temps, un nuage est apparu de nulle part et quelques coups de tonnerre se font entendre. Hum. Mieux vaut pas trainer là… En revenant sur la vire, je trouve un passage pour grimper 5m et revenir sur la crête, mais Domi le juge au delà de ses capacités: il n'est pas sûr de pouvoir redescendre par là et préfère renoncer. On l'appellera désormais Domi le sage ! J'arrive rapidement au sommet - dans le brouillard… Dire qu'il y a normalement une vue superbe sur le cirque de Gavarnie d'ici… Tant pis, je vais pas attendre une éclaircie: l'orage approche.

Le retour se fait sous la pluie, mais on se marre bien: plusieurs névés nous permettent de descendre en glissade et Domi commence à bien maîtriser la technique !
Le soir on discute un peu avec les autres randonneurs et on se motive mutuellement pour aller se laver. Domi et Lolo s'y collent en premier sous les encouragements de tout le refuge et alors qu'ils sont dehors, une averse de grêle s'abat sur le refuge. A l'abri, on les plaint en rigolant: “Rhooo les pauvres….”. L'averse s'arrête, ils reviennent tous rouges, bien revigorés !
A mon tour, mais coup de bol la pluie s'arrête et j'ai même droit à un peu de soleil :-)
Deux autres randonneurs arrivent, nous voilà donc 12, capacité maximale. Mais en 2001, je lisais dans le carnet du refuge qu'il a déjà accueilli plus de 30 personnes un jour de mauvais temps !

Troisième jour

Très mauvaise nuit pour Lolo, il a “pas dormi” et me raconte toute la nuit: les orages, les coups de tonnerre, un très très près, la chasse à la souris, etc. J'ai rien entendu, pourtant on dormait côte à côte !
Il fait assez beau ce matin , mais des nuages déjà présents font penser à une dégradation. Après avoir contourné le lac Glacé par la droite, on approche de la barre rocheuse sous le glacier du Mont Perdu. Nous la franchirons sur sa partie droite pour ensuite aller vers le col du Cylindre.
Trois passages sont recensés.

J'en ai déjà parcouru deux: celui de gauche (rouge) et celui au centre (vert), celui de gauche est plus facile et à peine plus long (5 min). Ne connaissant pas celui de droite (en bleu), je pose mon sac et vais voir. Aucune trace sur le névé (assez raide) qui y mène, le rocher est trempé mais je veux en savoir plus. Je m'engage donc dans la voie, mais tout de suite un pas puis un autre suffisent à me convaincre que ce passage est plus technique que les deux autres que je connais. Pas la peine de continuer, je rejoins les autres qui m'attendent.
Un groupe d'anglais commence à emprunter le passage du milieu, ils peinent et tirent sur une corde qui pend d'en haut sans aucune méfiance, sans être allé vérifier comment elle était fixée…

Nous on fait comme prévu: par la gauche. Quand on y arrive, je constate satisfait que le rocher est sec.

Lolo et Domi grimpent sans difficulté.
Plus haut on prend le temps d'aller voir la glace qui émerge avant d'entamer la longue remontée jusqu'au col du cylindre.
Le mauvais temps est arrivé, on avance dans le brouillard. On distingue par moment les Anglais qui sont 200m plus bas (apparemment ça a été moins facile pour eux).
Les éboulis sous le col sont toujours aussi pénibles, on est content de passer de l'autre côté. Pour descendre à l'Etang Glacé, il faut franchir une petite barre rocheuse en l'abordant d'abord par la gauche, puis en la longeant sur tout son long par une vire au bout de laquelle on termine la descente par une petite désescalade facile.
Malgré le temps pourri, il y a pas mal de monde. Il pleut, on ne voit pas le sommet et donc la vue là haut sera inexistante, mais on y va quand même !

Les éboulis du couloir de la voie normale sont physiques mais sans risque, Domi et Lolo sont heureux d'arriver au sommet, je suis heureux d'y retourner avec eux. En plus la nature nous offre une ou deux éclaircies pendant lesquelles on s'empresse de prendre des photos et commenter les paysages.
La descente du couloir est rapide, on doit maintenant descendre vers le refuge Goriz et trouver un endroit où bivouaquer. La pluie nous suit et nous poursuit pendant une bonne partie de la descente.

On passe près d'herbe accueillante mais on continue jusqu'à trouver un emplacement à l'abri de la pluie et du vent sous une immense paroi en surplomb. Un ruisseau coule non loin, ok c'est parfait.


Il est 16h, la toilette du soir est glaciale, mais je décide de faire une lessive: chemise, chaussette et caleçon y passent. Domi et Lolo font de même. Tout sera quasiment sec avant qu'on aille se coucher, même mes chaussures (Salomon Raid 2) pourtant bien mouillées pendant cette journée. Leurs chaussures de rando en cuir restent humides par contre.
Le soir on observe ce phénomène classique: l'air humide venant du côté français déferle en Espagne sous la forme d'une coulée de nuages gris ininterrompue, puis au contact de l'air chaud et sec ces nuages disparaissent comme par magie. Ensuite, au contact d'un pic espagnol, cet air toujours humide est dévié vers le haut, prend de l'altitude et un nouveau nuage apparait en forme de colonne. Fascinant !
Une souris vient nous rendre visite alors qu'on va se coucher, décidément elles sont partout !

Quatrième jour

Aaah j'avais hâte à cette journée. Il fait grand beau temps, c'est pas trop tôt ! Le refuge Goritz, comme d'habitude ressemble plutôt à un véritable camping, on s'arrête juste regarder dedans, il faut reconnaître que c'est assez joliment fait.
Le canyon d'Ordesa se dévoile, bientôt nous sommes au début du sentier qui longe tout le canyon en restant perché à flanc de falaise. On le suit jusqu'à arriver à un belvédère aménagé avant l'infernale descente de 600m qui permet de redescendre sur Terre, au bas du canyon.

Ce n'est pas fini pour nous une fois arrivés en bas, puisqu'il nous reste plus de 1000m de montée par le cirque de Carriata: on descend d'un côté pour remonter aussi sec de l'autre !
Il faut suivre un peu la route (1km?), jusqu'à arriver près d'un batiment, prendre le sentier qui part à droite (des panneaux décrivent l'itinéraire et les réglementations du parc).
Fait chaud en bas (on prend le temps de cueillir des fraises des bois), heureusement peu après être sorti de la forêt le sentier traverse un torrent près duquel il fait plus frais.
Lorsqu'on regarde vers le haut, ce n'est que parois, avec le Tozal del Mallo qui nous domine sur la gauche. On se demande bien par où exactement va passer le sentier.

Un peu de grimpette et quelques grandes marches plus haut, on est fixé. Le sentier exploite chaque faiblesse, chaque vire de la paroi très intelligemment.

Certains passages sont vertigineux. Il y a en gros deux possibilités: soit par les vires, soit en faisant les passages d'escalades.
Les passages d'escalades sont munis de “clavijas”: ce sont des tiges métalliques enfoncées dans le rocher pour aider à grimper. En s'en servant, le niveau ne dépasse pas le II en escalade, à mon avis. Une corde peut être utile pour assurer les moins aguerris (se servir d'une des clavijas).
En passant par les vires, on en franchit une première (celle de la photo) assez impressionnante pour les non-initiés après laquelle on peut bifurquer pour rejoindre les passages d'escalade (ce que nous avons fait). Ceux qui ne veulent pas grimper peuvent alors emprunter la seconde vire, mais elle est encore plus étroite que la première et équipée d'un cable auquel il est plus que recommandé de s'assurer. Après cette seconde vire, le sentier monte en laçets raides mais pas trop techniques.

Prendre bien le temps de savourer chaque moment de cette “ascension” car c'est un vrai régal !
Une fois en haut on continue à être béat d'admiration devant les paysages.
Cette fois, je prends le temps d'aller au sommet du Tozal del Mallo, Domi m'accompagne et c'est vraiment la cerise sur le gateau.

Comme suspendus en plein ciel. Nous ne sommes plus maintenant dans le creux du cirque, mais détachés de la paroi et quasiment dans l'axe du canyon d'Ordesa… En plein bonheur, j'ai du mal à quitter cet endroit, je me console en me disant que j'y reviendrais encore !
En continuant vers le nord, des prairies paradisiaques nous accueillent: de l'herbe bien grasse, des troupeaux d'isards et un curieux petit ruisseau en forme de cercle qui se faufile entre les linaigrettes, avant de disparaître dans un goufre. On s'installe là pour la nuit.

Cinquième jour

Il a fait froid cette nuit, du givre tapisse l'herbe par endroits. On part bien couverts vers l'est pour rejoindre au jugé la grande prairie en bas des pentes menant à la brèche.
La montée à la brèche se fait très facilement si l'on prend soin de suivre le sentier cairné qui se dirige vers la gauche de la brèche. De nombreuses traces à flanc côté droit sont tentantes, mais la pente est raide et pas très fiable.

Après un casse croute sur la frontière, on part en direction du Taillon: le ciel est dégagé, peut-être que ce troisième 3000m de la rando nous laissera voir une belle vue ?
En route, Domi nous amène dans une grotte au fond de laquelle il avait découvert un trésor par hasard il y a quelques années: une énorme salagmite de glace (2m50).

Je prends l'appareil et demande à Lolo d'aller derrière pour l'éclairer de sa frontale pendant que je fais une pose longue (10s).
On ressort sans rien dire aux dizaines de personnes qui passent devant se douter de rien et on reprend le sentier vers le Taillon.
C'est un sommet sans charme, un gros tas de cailloux, mais le panorama est chouette: on voit en enfilade tous les sommets du cirque, avec au loin le Mont Perdu. Et de l'autre côté, le Vignemale et son glacier.

Quand on revient à la brèche, une cordée grimpe la falaise côté ouest: c'est l'attraction du jour !
Pour éviter les bousculades sur le névé côté français, on passe par les éboulis (raides), avec les bâtons pour se stabiliser: aucun problème.
Et pour terminer en beauté cette magnifique rando, on décide de plonger droit vers le coeur du cirque de Gavarnie en descendant par le sentier de l'échelle des Sarradets. L'autre itinéraire, par la vallée à l'ouest est jolie mais interminable. Voyons voir à quoi ressembleRaide mais superbe, avec quelques passages où il faut poser les mains, mais sans aucune difficulté technique pour ceux qui ont été à l'aise pendant le reste de la rando.
En bas on retrouve la foule de badeaux habituelle, mais sans que celà me dérange: des images, des souvenirs pleins la tête, mes pensées sont encore là haut.

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