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#451 08-01-2024 11:49:50

bernard_lyon
Μηδὲν ἄγαν
Lieu : Lyon
Inscription : 16-12-2015

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Ouh ben… il t'a fallu de la constance ! Sacrée fin de parcours.


"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")

Mon trombi | Liste | HRP Banyuls-Alos d'Isil | GR738

Hors ligne

#452 10-01-2024 20:24:02

Hervé27
éMULe
Lieu : Thann, Alsace
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#60 dimanche 20 août 2023
Hovet - Grønenuten (Hardangervidda nasjonal park)
40km +1226 -671 10h25 (+pauses 1h35)
Cumul 2402km D+50500m Marche 589h
Vidéo#60

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À l'heure du réveil la pluie battante tambourine toujours sur la toiture de mon bungalow, et les gouttières dégorgent. De l'autre côté de la cour le torrent gronde bien plus fort qu'hier à mon arrivée. Il est urgent d'attendre, et j'en profite pour un long petit-déjeuner paresseux.

La météo actualisée indique que la pluie doit se calmer à 8h, et que le ciel devrait s'éclaircir dans l'après-midi. Toutes mes affaires ont été bien dé-humidifiées dans la pièce de séchage, je perds un peu en charge aqueuse dans le sac, mais j'ai ajouté une bonne charge de victuailles avant de me lancer dans la longue traversée de l'Hardangervidda.

Il est 8h45 quand enfin je me décide à fermer derrière moi la porte du bungalow, pour me mettre en marche sous une pluie maintenant moins sévère. D'ici pour aller à Geilo j'ai 2 itinéraires possibles : l'un par le fond des vallées et essentiellement le bord des routes, ou alors par les sentiers par-dessus la montagne et un ~500m D+ / D-. Reposé, séché et rassasié, j'ai le plein d'énergie et me sens suffisamment joueur pour aller voir ce que peut me réserver la montagne après 18h de fortes précipitations (~30 mm d'eau si j'en crois Meteoblue). La route serait 2 fois plus longue en distance, et après la longue piste d'hier j'ai besoin de retrouver quelques petits chemins et mes bonnes sensations ...

Je traverse donc une nouvelle fois le village d'Hovet dispersé dans la forêt de pins (cette dernière uniformément tapissée de plans de myrtilles chargés en fruits, et piquetée de gros bolets), et peux constater que la supérette est ouverte en ce dimanche matin, contrairement à ce que je croyais savoir des habitudes norvégiennes. Mon sac est lourd du ravitaillement que j'y ai fait hier, peut-être pouvais-je attendre d'être tout-à-l'heure à Geilo avant de me charger ?

départ d'Hovet sous la pluie
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Je me laisse entrainer un moment à suivre la route, et manque dans un premier temps le chemin perpendiculaire qui passe devant la vieille auberge du village avant de franchir le torrent. Trajectoire corrigée et passé le pont, je remonte par une piste la rivière aux eaux puissantes sur quelques centaines de mètres, revenant presque jusqu'à la hauteur de mon hébergement de cette nuit. Quand je bifurque pour passer à l'ascension des flancs boisés de la montagne, je sais à l'intensité de l'eau qui ruisselle que je peux déjà dire adieu à mes pieds secs ...

Je remonte d'abord par une mauvaise piste forestière, dont le tracé a été réquisitionné par l'eau pour accommoder momentanément son évacuation de la montagne vers la rivière. À mi-pente je quitte ce ruisseau principal pour en prendre un autre plus petit, qu'on appellerait sentier par temps sec si la chose existe par ici. La montée est franche mais régulière tandis que la pluie se réduit à presque rien, les muscles apprécient de pouvoir s'exercer dans un peu de dénivelé. Les quelques portions de sentier qui ne sont pas inondées sont particulièrement agréables, dans une forêt qui semble ici n'avoir remplacé les pacages qu'assez récemment. Je trouve d'ailleurs plusieurs anciennes cabanes de rondins effondrées, que j'imagine avoir été celles des bergers avant que la forêt ne reprenne ses droits.

l'eau réquisitionne tout
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sentier ou ruisseau, peu importe, c'est la même chose
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la forêt est plus jeune que la cabane ...
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Après 1h30 de marche j'arrive à hauteur du plateau et le terrain s'aplanit, alors que la limite des arbres flirte avec celle de la chape nuageuse. Je cherche un moment mon chemin à hauteur d'un tout petit lac ... avant de comprendre que mon sentier est dessous et que je dois marcher dans l'eau jusqu'aux genoux ... C'est ensuite un grand lac aux eaux lisses que je longe, par un sentier malcommode alternant gros cailloux, herbes détrempées, petits ruisseaux et flaques. L'ambiance est fantomatique sous la brume, et serait profondément silencieuse si quelques cris d'oiseaux ne venaient percer cette quiétude.

j'image ces jolis reflets ... avant de comprendre qu'il s'agit du chemin !
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pas une ride sur l'eau
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Sur ce plateau je devrais bientôt pouvoir rejoindre une route de terre qui m'amènera vers Geilo, et peu avant de l'atteindre je croise Halvar, un norvégien venu relever ses filets de pêches dans le lac près duquel je viens de passer. Nous discutons un long moment, assez pour qu'il me dise qu'il est le directeur commercial pour la Norvège d'une grande compagnie aérienne, et pour que je m'efforce de répondre à toutes ses questions pleines de sollicitude qui fusent sur le Norge På Langs. Dans cette matinée jusqu'ici grise et mouillée, la rencontre met du baume au cœur !

Ici les étangs et les marécages débordent, et je marche encore une petite section dans 30 cm d'eau. Peu après mes 2 pieds touchent enfin le gravier solide et sec (enfin, non spongieux ...) de la route, non loin d'une voiture garée là et que je suppose être celle d'Halvar. La pluie a totalement cessé et le ciel se fait plus lumineux, il semble que la chape de nuages ne tardera plus à se dissiper. Anticipant plusieurs jours à travers l'Hardangervidda, je repositionne mon panneau solaire sur le haut du sac, m'assurant n'avoir aucun faux contact, souci récurrent avec mes câbles ... La powerbank est chargée à bloc et la caméra à peine entamée des quelques prises de vues de ce matin. L'idée est de préserver autant que possible la charge du téléphone et repousser autant que possible le besoin d'une prise électrique.

Je suis ici sur les bordures du parc national d'Hallingskarvet, et je devrais apercevoir ses plateaux glaciaires. Avec la brume trop présente de ce côté je traverse les lieux sans même me douter de leur présence, que je ne découvrirai que plus tard dans la journée après m'en être déjà bien éloigné.

par là les sommets et glaciers du parc national d'Hallingskarvet. Vous les voyez ?
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La route arrondit un autre grand lac, puis amorce une descente franche dans la vallée tout au long d'une multitude de cabines. Certaines sont en construction, et visiblement toute la zone fait l'objet d'une promotion immobilière pour ces "hyttas", en très forte demande auprès des norvégiens. En même temps que je descends le ciel se déchire et je peux même apercevoir en contrebas la ville de Geilo sous le soleil. J'y suis à 12h30, et m'y mets en recherche d'une quelconque table de pique-nique où je pourrais établir ma pause d'aération podologique. La petite ville aux allures de grande station de sports d'hiver me fait l'effet d'une ruche, particulièrement fréquentée en ce mois d'août. Les pentes alentours sont balafrées de pistes de ski, tremplins et remontées mécaniques : il me faut m'affranchir de tout ça avant de rallier les plateaux sauvages de l'Hardangervidda ...

direction Geilo : la lumière revient
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Je fais ma pause par-delà la rivière à une table de pique-nique proche d'une supérette (fermée en ce dimanche). Ce n'est pas l'endroit le plus bucolique dans une zone commerciale et proche de la route, mais je fais avec ce que je trouve. J'ai la vue par-dessus la rivière sur un cimetière paysager, et finalement assez de verdure pour ne pas me croire en ville. J'en repars après mes 40 mn réglementaires, sous un soleil désormais mieux établi : il m'avait manqué ! Je m'élève par l'autre versant de la vallée sur une petite route dans les lotissements au pied de la station, avant de retrouver un sentier. Je me fixe comme objectif minimal pour ce soir d'atteindre le refuge de Tuva, à 20 km de Geilo, mais sans intention aucune d'y dormir. Je veux absolument profiter du beau temps et bivouaquer ce soir, et si possible pousser jusqu'à l'entrée dans les limites du parc national de l'Hardangervidda.

mes pieds font leur pause en pleine ville, et j'arrive à ne vous en montrer que de la verdure
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Je dois patauger un peu là où le chemin est entaillé par la piste de ski, pour retrouver ensuite un environnement plus sauvage sur un plateau rocheux parsemé de lacs entourés de bouleaux nains. Les chemins y sont faits de rochers saillants et donc un peu fatigants, d'autant que le balisage est parfois déficient et néglige de signaler les bifurcations importantes, m'obligeant 2 fois à rebrousser chemin pour trouver le sentier supposé me guider jusqu'au refuge de Tuva (vive le GPS !).

des cabines splendidement isolées sur les lacs de ce plateau
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Au Nord je peux voir les parties du massif que j'ai court-circuité depuis hier matin, avec la barre rocheuse de l'Hallingskarvet d'où s'échappent des langues glaciaires. Plus à l'Ouest la calotte plus massive de l'Hardangerjøkulen n'apparait que comme un liseré blanc par dessus le relief : sans mon détour depuis hier matin je passais à son pied.
Retrouvant une vue dégagée presque à 360°, je peux voir que le beau temps n'est pas encore parfaitement établi : des ondées circulent, et fatalement l'une finira par passer sur moi, rafraîchissant sensiblement l'atmosphère et l'humeur.

sur la moitié droite de l'image, le plateau de l'Hallingskarvet. L'Hardangerjøkulen à peine visible sur le liseré de montagnes dans la moitié gauche
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Le chemin est joli mais exigeant, j'y croise quelques marcheurs solitaires ou en groupe. J'avais 3 itinéraires possibles jusqu'à Tuva, tous équivalents en distance. Avec les passages d'averses plutôt fraîches j'exclus l'itinéraire qui me ferait passer par un petit sommet proche de 1400m. Les suivants sont respectivement un sentier et une route, parallèles l'un à l'autre, et j'attends le dernier moment pour finalement me décider à prendre la route de terre. Le sentier casse-pattes de caillasse et flaques m'a fatigué, mes jambes qui s'usent ont à nouveau besoin de délassement. Par ailleurs, la route me permettra de marcher à bonne vitesse pour tenir mon objectif de largement dépasser Tuva et aller chercher mon bivouac au plus près du parc.

Le vent souffle désormais sur le plateau revenu au soleil. Je m'accorde une nouvelle pause un peu à l'écart de la route, derrière un monticule qui m'abrite du courant d'air. J'en repars à 18h pour mon "trip du soir", psychologiquement prêt à marcher encore ~3h et boucler ainsi une journée convenable malgré mon départ tardif ce matin à presque 9h. Toujours sur le bord de la longue route de graviers qui va jusqu'au refuge, une voiture passe et s'arrête à ma hauteur, en fait un taxi cherchant à rentabiliser sa course jusqu'à Tuva. Je dois expliquer que marcheur je suis, marcheur je reste, et il poursuivra sans moi avant de repasser dans l'autre sens 1/4 h plus tard.

devant moi, un long plateau où je vais pouvoir aller me perdre
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Je passe à Tuva à 19h, juste le temps d'y profiter des toilettes sèches, et de là peux enfin me réengager sur du sentier, d'abord bien boueux. Je croise vite un marcheur qui va aller se poser au refuge, lequel me confirme que le bivouac ne manque pas et qu'il vient de voir quelques tentes déjà installées. Il me dit aussi que les chemins sont bien boueux, ce à quoi je réponds que si on ne supporte pas les pieds mouillés, la Norvège n'est pas le lieu où passer ses vacances itinérantes ... (mais qu'est-ce que je f... là ?)

refuge de Tuva. Je n'entre que dans les toilettes ...
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Les petites élévations sèches alternent avec les creux plus humides, et je peux même renouer avec des traversées de cours d'eau à gué. Je m'enfonce dans le plateau sauvage, et retrouve un peu des sensations d'immensité que j'avais dans l'Arctique, sans repère visuel (ni arbre, ni maison, ni personne ...) qui me permette d'évaluer les distances. Je ne sais dire si les élévations que je vois devant moi sont justes de petits mamelons proches, ou alors de hautes collines éloignées. Ne pouvant visuellement estimer ma progression, j'ai l'impression de faire du surplace ...

À mi-distance du chemin et d'un petit lac, un groupe a installé son campement dans un thalweg où j'aurais peine à trouver un espace plan pour dérouler mon couchage. Je compte 7 tentes individuelles vertes identiques, en souhaitant bien du courage à ceux qui vont passer leur nuit en dévers ... Juste après se dévoile un spot parfait, fait d'une belle pelouse d'herbe rase sur une terrasse proche du ruisseau, mais je le néglige car désormais focalisé sur le fait d'atteindre la limite du parc, que je pense avoir visuellement localisé sur une crête arrondie entre 2 collines qui se rapprochent.

pour ma part, je ne voyais pas là autant de spots pour planter mon abri ... Je suis sûrement trop difficile
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J'attends 20h pour activer le mode "bivouac", à commencer bien entendu par la constitution d'une réserve d'eau pour la soirée et la nuit. Comme je traverse une zone marécageuse aux eaux jaunies sinon rougies par les tanins, j'attends de franchir des cours d'eau plus importants et moins teintés pour y remplir la Platypus. Le soleil descend très lentement et en oblique sur l'horizon, et idéalement je voudrais en profiter encore un peu depuis mon bivouac pour quelques belles images, mais pour ça je dois dépasser ma zone de marécages et atteindre le pied de la colline où passe la frontière du parc de l'Hardangervidda.

bientôt l'heure du bivouac
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Ma recherche de perfection est vaine, car finalement le petit vent me fera choisir un creux herbeux abrité, mais privé de la vue vers le couchant. Je positionne le Pioulou sur un bourrelet surélevé pour bénéficier malgré tout d'un courant d'air suffisant pour chasser les moustiques, car ma première prospection dans la zone la plus abritée a vu rappliquer trop de bestioles. Il y avait longtemps d'ailleurs que je ne m'en étais plus soucié, et je fais usage de la moustiquaire ...

il n'y aura manqué que le soleil couchant
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à suivre ...



Vidéo#60

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#453 12-01-2024 19:01:40

Hervé27
éMULe
Lieu : Thann, Alsace
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#61 lundi 21 août 2023
Grønenuten - Sandhaug (Hardangervidda)
45km +559 -504 10h36 (+pauses 1h24)
Cumul 2447m D+51100m Marche 599h
Vidéo #61

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Je vous le dis d'emblée avant de raconter cette journée : de toute la traversée c'est celle à laquelle les mots "fatigue" et "lassitude" sont le plus fortement attachés. Sans le support des vidéos et de ce que j'y raconte, ma mémoire en serait restée limitée à quelques bribes. Je n'ai pas réussi ce jour-là à prendre beaucoup de plaisir, anesthésié par la monotonie des paysages, la tristesse de la météo et l'inconfort du chemin. Peut-être qu'avec quelques degrés de plus, un chouya de soleil et moins de vent, mon ressenti aurait été très différent ! L'envie d'arriver au bout du périple a dès lors pris le dessus sur la juste appréciation de l'instant : il faut dire qu'avec moins de 400km restant à parcourir, les jours avant la fin ne se comptent désormais plus qu'au moyen d'un seul chiffre, autant dire rien ...

Déjà la nuit a été arrosée par une succession de petites averses, faisant mentir mes prévisions qui l'annonçaient belle. Si je peux profiter d'un joli lever de soleil depuis le fond de mon duvet, le ciel reste bien chargé de nuages et le ressenti des températures est plutôt frais sur ce plateau d'altitude à ~1200m. L'abri est détrempé et le couchage bien humide quand je les remballe, prêt à partir peu après 6h30.

ça commençait pourtant en beauté
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Muni de bonnes prévisions météo et anticipant un terrain globalement roulant avec de très faibles dénivelés, mon intention est d'en profiter pour faire une très grosse journée. Quelque part en moi j'aimerais avoir rattrapé ce soir mon itinéraire prévisionnel quitté hier matin à Jungsdalshytta, mais c'est très largement utopique. Toujours est-il qu'à peine quitté mon bivouac et revenu sur le sentier, je trouve le petit panneau usuel marquant la limite de l'Hardangervidda, le dernier grand parc national de ma traversée. Encore un signe que la fin est proche, rendant plus difficile de garder le mental et le physique mobilisés sur les efforts de l'instant ...

À peine revenu sur le sentier, j'y trouve le panneau signalant mon entrée dans le parc national d'Hardangervidda
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Le vent qui toute la nuit a agité la toile du Pioulou est toujours présent, poussant devant lui de petites pluies qui selon mes prévisions n'auraient pas dû être. Après m'être un peu élevé, je redécouvre des paysages très ouverts, me rappelant les immensités du Finnmark et de l'Arctique. Le soleil perce les nuages pour éclairer les collines devant moi et me promettre un avenir meilleur, mais pour l'heure je marche juste sous les brumes matinales et entre les gouttes. Je redescends bientôt vers une rivière et le refuge d'Heinseter, qu'un randonneur croisé hier m'avait signalé comme étant fermé. C'est effectivement le cas, avec mention que le périmètre clôturé est sous vidéo-surveillance. Les pales d'une grosse éolienne restent immobiles malgré le vent établi, preuve supplémentaire de l'inoccupation des lieux. Pour ceux qui se casseraient le nez ici après avoir espéré y prendre abri, une affichette désigne une minable zone de bivouac au sol détrempé, et il ne semble même pas que l'accès aux toilettes sèches soit possible. Les lieux sont déserts et je passe vite mon chemin ...

retour de l'immensité
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arrivée au refuge d'Heinsetter
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Je n'aime pas le sentier, entrecoupé de rochers saillants et de sections spongieuses. Il est difficile d'y prendre un rythme et c'est mentalement usant. Il y a au moins des ponts et passerelles pour franchir les cours d'eau, c'est déjà ça. Avec le chemin casse-pattes, l'absence de repères mesurables dans ce paysage de collines à la végétation rase me prive de moyens d'évaluer visuellement ma progression. J'ai l'impression de faire du sur-place, de piétiner ...

Après Heinseter, remontant une colline, je peux voir sur la crête de celle-ci un groupe qui semble avoir à peine émergé de ses différents abris, après avoir passé là une nuit sans doute bien exposée au vent. Je ne sais s'ils en ont fini ou pas avec leur petit-déjeuner, mais pour ma part je marche déjà depuis presque 3 heures : chacun son rythme !

quelques vues ...
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le chemin est sec quand il s'élève sur une colline, mais après ce ne sont que marécages...
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Le soleil qui me semblait promis tout-à-l'heure ne cesse de m'échapper. Sur ce terrain dégagé que j'anticipais de traverser par beau temps, je pouvais espérer bénéficier d'un bon rendement de mon panneau solaire. Evidemment il n'en est rien, et comme j'ai bien tiré depuis hier sur tous les appareils sans jamais vraiment recharger, la préoccupation électrique revient sur le devant de la scène ... Après 15km et quand enfin le soleil perce les nuages, j'avise la berge d'un petit lac pour aller m'y poser. Pendant que les pieds s'aèrent et que le café chauffe, je voudrais pouvoir optimiser la position du panneau solaire mais, las, l'astre du jour s'est déjà masqué ... Je ne reprends pas de charge, et ma pause se révèle un peu frisquette ... J'en repars sous un ciel assombri et avec un moral qui commence à flageoler ...

Je commence bientôt à longer le grand lac étiré de Langesjøen, sur la rive duquel je trouve le refuge de Rauhelleren, désert à cette heure. Je n'y vois que le gardien affairé à quelques travaux, et nous ne faisons que nous saluer de la main. Je ne vois que 10°C à un thermomètre au mur du bâtiment, c'est peu quand on est dans le vent et à la merci des ondées ...

refuge de Rauhelleren
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Juste après le refuge c'est le selfie des 2400 km que je fais avec plus de 20km de retard (mais je l'ignore). Il me reste désormais moins de 400km, et donc a priori moins de 10 jours pour finir à Lindesnes ! Avec la météo bouchée, je décide après cela de cesser d'enregistrer ma trace pour économiser le téléphone. Je limitais déjà l'utilisation de la caméra, mais c'est aussi parce que les paysages sont trop répétitifs ... À compter du refuge le sentier s'élargit un temps à la largeur des essieux d'un quad, me permettant de progresser avec plus d'aisance. Cela ne dure malheureusement qu'assez peu de temps, et je retrouve vite l'alternance des sections spongieuses et rocheuses. Remonter la longueur du lac est interminable, j'en ai pour une douzaine de kilomètres !

2400 !
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La masse nuageuse va finir par s'ouvrir et laisser place à un ciel d'éclaircies, m'offrant un moment un peu plus de soleil. Je me pose en bord de chemin pour tenter d'en profiter mais rebelote, les nuages reprennent le dessus et j'écourte cette pause froide et ventée. Je dois repasser dans une vaste zone de lacs et marécages entre lesquels le chemin oscille, malheureusement pas toujours à pieds secs. C'est une zone dans laquelle ma carte indique la présence d'un abri au bord d'un lac, 300m à l'écart de mon chemin. La tentation est grande de m'y détourner, mais je m'en abstiens pour plusieurs raisons : je ne sais pas s'il est en libre accès d'une part, et il ne dispose certainement pas de prises USB d'autre part ! Avec ma lassitude du moment, je crains surtout trop d'arrêter ma journée là si les lieux s'avèrent trop accueillants ... Pour me maintenir en marche je me promets de m'offrir les plaisirs du prochain refuge gardé de Sandhaug, encore à une douzaine de kilomètres (corruption de MUL, ça va chercher loin ...).

Je marche maintenant comme un automate, sans vraiment de plaisir, décomptant les kilomètres qui me restent jusqu'à l'objectif. J'ai parfois des vues par-dessus ce qui me semble être une immense plaine marécageuse, au-delà de laquelle semblent enfin se profiler quelques montagnes conséquentes. Je retrouverai là-bas mon itinéraire tel que je l'avais initialement prévu, mais ce ne sera pas avant demain.

au loin, trop loin, des montagnes ...
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Une ligne de collines barre encore mon passage après une dernière large cuvette, et une fois celle-ci franchie je descends vers le lac de Nordmannslågen, près duquel et à 19h je trouve le grand refuge gardé de Sandhaug. Tant pis cette fois pour ce que ça coûte, mais j'ai trop besoin d'aller y chercher un peu de resocialisation. J'y prends une place en dortoir ainsi qu'au dîner, où un groupe de médecins retraités norvégiens facétieux me fait une place et m'adopte pour la soirée, laquelle se terminera par une revue de sac !

J'arrive à faire un peu de lessive que je mets sécher dans la "Torke Rom", où la concentration de vêtements et chaussures suspendus entretient un délicieux fumet dans une atmosphère étouffante ...

bientôt à Sandhaug
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refuge de Sandhaug (le lendemain matin)
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la "torke rom" (pièce de séchage) : les odeurs sont ... indéfinissables !
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à suivre ...



Vidéo #61

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#454 14-01-2024 17:58:19

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#62 mardi 22 août 2023
Sandhaug - Hellevassbu (Hardangervidda)
42km +847 -934 10h02 (+pauses 1h35)
Cumul 2490km D+51900m Marche 609h
Vidéo#62

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Je pars un peu plus tard que prévu du refuge de Sandhaug, après avoir discuté poids du sac avec quelques autres lève-tôt, qui comme moi viennent profiter de la cafetière en libre-service avant que le service du petit-déjeuner ne ferme la salle pour la préparer … Les batteries sont chargées, le plein de calories est fait et mes affaires sont propres et sèches. Un beau soleil matinal me donne le moral qui me manquait hier. Le vent qui m'a saoulé la veille est tombé, et le silence dehors est absolu : c'est incroyablement apaisant !

7h45 seulement pour le départ, mais dans un état d'esprit beaucoup plus positif que celui - déprimé - dans lequel j'étais arrivé. Quelques chevaux divaguent à proximité du refuge. Le conducteur d'un tracteur s'affaire près des barques en bord de lac. Les paysages sont encore très ouverts avant que je ne revienne tout-à-l'heure dans la montagne.

Les 1ers kilomètres consistent à contourner le lac, d'abord proche de ses rives pour en franchir le déversoir par une passerelle, puis plus dans l'intérieur et un peu plus en hauteur. Le sentier déroule quasiment à plat, parfois un peu humide mais rien de comparable à hier. J'y marche avec facilité, profitant de la vue qui porte par-dessus le lac jusqu'aux franges du glacier de l'Hardangerjøkulen, à 40km droit vers le Nord.

d'abord près des rives ...
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par-dessus le déversoir
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zoom sur le dôme de glace de l'Hardangerjøkulen, à plus de 40 km
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Après seulement 5 km je passe à hauteur du refuge de Besso, sur la rive opposée du lac de Nordmannslågen par rapport à Sandhaug. Distance étonnamment courte entre 2 refuges gardés, les options d'hébergement sont de fait assez nombreuses dans ce parc national. Le refuge est à l'écart du chemin, lequel ici bifurque à l'opposé des berges du lac. Je remonte un torrent qui coule en cascades au fond d'une faille rocheuse, le franchis par une étroite passerelle et, de là, remonte enfin dans l'intérieur et le relief. Finies les grandes étendues mornes et plates, revoici des montagnes, des lacs, des torrents, des névés ...

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fin de la monotonie
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D'un lac à l'autre sur du sentier facile et pratiquement sec au fil des veines de rochers, je m'élève petit à petit jusqu'à passer un petit col à ~1400m, d'où je découvre des vues lointaines sur la suite du massif. Les restes de neige sont encore nombreux à travers ces montagnes, et sous le ciel qui s'est de nouveau obscurci l'ambiance se fait automnale. Je commence à rattraper d'autres marcheurs, sans doute partis tout-à-l'heure de Besso, mais les laisse reprendre les devants quand j'avise un spot de pause en bord de ruisseau, et où je profite d'un dernier rayon de soleil avant que le temps ne se gâte ...

ambiance d'automne
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on prend le soleil tant qu'il y en a !
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Je vais d'un lac à l'autre, suivant toujours la même direction générale et me rapprochant de la ligne serrée de montagnes sombres et tachetées de neige qui me barrent l'horizon. Au Nord-Ouest je peux voir que je me suis rapproché de la caractéristique montagne tabulaire du Hårteigen (1690m), que j'avais pu apercevoir de bien plus loin hier matin : je n'irai pas plus près d'elle et désormais m'en éloigne par le Sud.

La lumière s'affaiblit, et je peux voir progresser des ondées dans toutes les directions autour de moi. Bientôt me voilà sous une bonne averse glacée, alors même que je rattrape enfin mon itinéraire prévisionnel quitté il y à 3 jours à Jungsdalshytta. Ce grand détour m'avait permis de progresser malgré la pluie, au prix d'un itinéraire de délestage parfois rébarbatif ... J'ai dû manquer de bien jolies choses ces jours passés, mais on ne peut pas tout avoir ... En rattrapant mon chemin, j'oblique maintenant psychologiquement définitivement vers le Sud pour le sprint final vers la Mer ... du Nord !

la montagne tabulaire du Hårteigen (1690m)
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le temps est sombre ...
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... et la pluie me rattrape
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Même sous les averses les paysages sont magnifiques, et après un nouveau petit col je descends franchement vers un nouveau grand lac, le Litlosvatnet, et un nouveau refuge gardé, fort opportunément nommé Litlos. Le soleil revient et l'air se radoucit, j'en profite pour marcher et m'avancer, sans m'y arrêter. En sens contraire je croise un binôme néerlando-norvégien, et le second me harcèle vite de questions sur mon matériel dont il veut tout savoir. Heureusement il est également pressé car il veut faire des images avec son drone depuis le refuge, ce qui me permet de m'éclipser sans avoir à faire une revue de sac sur le bord du chemin ... Le sac ALD l'a particulièrement intrigué et je le lui ai même fait essayer ...

il suffit d'1/4 d'heure pour passer de ça ...
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... à ça !
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refuge de Litlos
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Je continue d'enquiller cols, lacs et vallées, dans un environnement montagnard très plaisant. Les options de bivouac sont ici infinies, toutes plus belles les unes que les autres, mais c'est loin d'être l'heure ... Pour faire ma seconde pause de la journée, je dois attendre que passe une nouvelle ligne d'averses, puis avise un rocher au-dessus d'un lac et juste avant d'entreprendre une remontée importante vers un col. Au cours de cet arrêt le soleil se montre un peu partout dans le vallon et sur le lac, mais jamais sur moi ! J'en suis quitte pour une pause un peu fraîche, et j'en repars avec les muscles ankylosés.

Après cette arrêt je marche encore un peu plus de 2 heures, toujours avec des alternances de petites averses fraîches. La météo un peu inconfortable n'arrive cependant pas à gâcher le plaisir de cette très jolie section, qui concentre tout ce que sait offrir la montagne norvégienne. Elle me démotive cependant à chercher un bivouac, le refuge non gardé d'Hellevassbu où je programme d'arriver avant 19h30 étant trop idéalement placé pour que j'envisage de le dépasser. Dans la dernière heure avant d'y arriver, je vais apercevoir une tente superbement installée sur une terrasse à flanc de falaise, mais cela ne suffit pas à me faire varier d'objectif : j'ai bien apprécié la journée malgré les ondées, je ne veux pas la gâcher par une nuit humide ...

un peu de tout ce que la montagne norvégienne sait offrir ...
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Cette dernière partie est parfois exigeante, en particulier quand je remonte un étroit vallon dans les grands blocs et quelques névés, mais rien d'excessif. En soirée un peu de lumière finit par revenir, et c'est vers un lac d'Hellevatn ensoleillé que j'amorce mon ultime descente de la journée. J'aperçois maintenant les bâtiments du refuge d'Hellevassbu aux bords de l'eau, avec quelques va-et-vients qui trahissent que les lieux sont occupés ce soir. Rien d'étonnant, j'ai très régulièrement croisé du monde sur le chemin aujourd'hui (peut-être une douzaine de personnes ...).

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descente finale vers Hellevassbu
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Je vais partager le refuge avec un groupe scolaire et ses enseignants accompagnateurs : si c'est un joyeux bordel à l'heure du dîner, les ados norvégiens s'avèrent pour le reste particulièrement disciplinés et respectueux de la quiétude des autres occupants. Ils occupent l'un des deux dortoirs de l'étage en plus du bâtiment annexe, et je me retrouve d'abord seul dans le second dortoir, jusqu'à ce qu'arrivent à 21h et déjà avec leurs frontales 2 couples norvégiens, avec qui je discute jusque tard dans la soirée.

Il y a aussi en ce moment ici un inspecteur du DNT (le second que je rencontre sur cette traversée), qui prend soin à nous placer en nous attribuant nos lits, et à vérifier que tous nos gestes sont effectués comme il convient : je me fais par exemple reprendre à vouloir essuyer un peu d'eau renversée sur la table avec un tissu destiné à saisir la bouilloire qui chauffe sur le poêle ... Chaque objet a un usage défini auquel il ne faut pas déroger. Cela a le don de m'agacer, mais en Norvège, je me dois de faire comme les norvégiens !

Hellevassbu
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J'ai décidément beaucoup aimé cette journée malgré une météo que j'espérais meilleure. Les paysages étaient magnifiques et sans cesse renouvelés, les chemins étaient globalement faciles et variés, et tout à l'opposé de la veille j'ai pu prendre pleinement plaisir à cette belle étape dans la montagne. Au vu de la distance qui me reste, je me dois désormais de savourer les instants qui me sont offerts, car j'en arrive à l'ultime semaine de l'aventure.


à suivre ...


Vidéo#62

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#455 15-01-2024 23:24:24

lignedefuite
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Pris par l'élan de ton récit, dans l'envie de te remercier, je t'ai préparé en toute simplicité un sonnet hommage à ce partage d'un parcours qui m'a enchanté.
Je le déposerais à la ligne d'arrivée qui sera, si j'ai bien écouté horizontale, et ton chant de joie à la vaste rumeur de l'océan s'unira (pour paraphraser Heredia).


le plus lourd dans mon sac à dos est le confort qui est dans ma tête...
Si j'étais un marcheur, je serais John Muir.

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#456 16-01-2024 00:06:34

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

petit message en passant : tes dernieres photos sont magnifiques !!!

(j'enquillerai la lecture des épisodes en retatd au prochain we dispo :) ).

L.

Dernière modification par laxmimittal (16-01-2024 00:07:44)


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#457 16-01-2024 00:50:25

El gringo monitor
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Je ne garde pas un souvenir impérissable de la randonnée en Norvège. Ces photos, d'un environnement uniforme et monotone, me donneraient presque le cafard...marécages, moustiques...seule la pêche de la morue en plein jour à minuit sur la plage avec grillade immédiate du poisson frais présentait un intérêt qui n'appartient qu'à ces contrées, ou les jeunes femmes qui sortent de leur sac à main une flasque d'alcool parce que la vente d'alcool était interdite même le samedi soir ! Là encore, les soirées étaient d'un ennui mortel malgré la beauté viking et la gentillesse de ces Norvégiennes. J'y étais allé pour des raisons professionnelles il y a bien longtemps et jamais il me serait venu à l'esprit d'y retourner, trop le bourdon !

Comme quoi, le ressenti...

Additionner les distances m'interpelle également, 2490km, 52000 mètres de dénivelée, il pourrait y en avoir le triple, ça me laisse indifférent et j'ai décroché depuis longtemps. Je m'interroge sur la motivation qui pousse à réaliser ces thru-hikings...recherche de ses propres limites ou plus simplement course au toujours plus spectaculaire pour épater la galerie ?

Voilà je voulais l'écrire, désolé d'être brutal et à contre-courant de la coutume qui veut que l'on s'extasie, pour connaître ces contrées, je n'y arrive pas.

Dernière modification par El gringo monitor (16-01-2024 07:41:21)


L'ultra-légèreté, c'est aussi à la journée !

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#458 16-01-2024 08:50:20

wwwfabien
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#695979(...)
une petite section du Parc National de Rondane.
(...)
la ville d'Otta
(...)

J'y étais il y a quelques jours et ça ne ressemble pas du tout à tes photos !!!
C'était tout blanc et tout gelé avec un grand ciel bleu tongue
Et le soleil se couchait à 15h... après avoir fait la grasse mat' jusqu'à 10h environ  eek  lol


J'ai eu plaisir à lire ton récit !
Ca me donne envie de retourner dans le coin hors période hivernale, alors pas l'été mais à l'automne avant les premières neiges.

Dernière modification par wwwfabien (16-01-2024 08:54:55)

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#459 16-01-2024 11:39:23

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#63 mercredi 23 août 2023
Hellevassbu - Sandvatnet
49km +1299 -1511 12h03 (+pauses 2h25)
Cumul 2539km D+53200m Marche 621h
Vidéo #63

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Hier soir l'une de mes colocataires avait indiqué qu'elle ne supportait pas les ronflements, et que si le cas s'en présentait elle viendrait réveiller les coupables. À plusieurs reprises dans la nuit je l'entends se lever pour admonester ses camarades, et aux petites heures du matin j'ai droit à mon tour à ce que l'on vienne me tapoter l'épaule, m'invitant à une position latérale de sécurité libérant mes voies respiratoires ! Je ne me rendors pas vraiment, et comme il sera bientôt l'heure de me préparer pour le départ, je finis par me lever, attraper mes affaires et me translater vers la pièce commune et désertée du rez-de-chaussée du refuge d'Hellevassbu.

Dehors un jour sombre s'est levé, la nébulosité enserre les montagnes alentours et il a visiblement plu durant la nuit. La dernière météo dont je dispose m'indique quelques risques d'ondées légères aux premières heures du matin, se dégageant rapidement pour faire place à un ciel variable. J'ai beau faire traîner le temps de mon petit-déjeuner, à 6h45 je suis dehors, le moral gonflé à bloc par le repos et la belle étape d'hier, prêt encore une fois à une nouvelle grosse journée. Une première section de ~20km ce matin doit me faire sortir du Parc National d'Hardangervidda, et atteindre le grand refuge / gîte d'Haukeliseter au bord de la route nationale qui traverse le massif.

Une minuscule trouée dans les nuages en direction du levant laisse apparaitre un point de ciel bleu et de lumière, me laissant croire à l'arrivée de l'amélioration promise. Je suis dans le cocon chaud et confortable de l'addition de mon habituel T-shirt de laine, de ma polaire et de la veste de pluie, ainsi que de mon bonnet vissé sur le crâne. Le début de la marche à pas lents est très paisible, sous l'alternance de quelques fines gouttes de pluie et de moments secs.

lever de soleil sans gloire
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La montagne est magnifique, mystérieuse et sinistre, et j’y enchaîne petits et grands lacs, petits cols, traversées de torrents ou de déversoirs, passant d’une vallée à l’autre avec quelques restes de neige. J'oscille entre 1200 et 1400 m d'altitude, attendant l’éclaircie qui ne vient pas. Au contraire : les averses se font plus fortes et ne sont plus entrecoupées de moments plus secs. La pluie est désormais froide et inconfortable, pas question de faire halte pour la moindre pause avant d’atteindre un lieu et moment secs. Mes doigts s'engourdissent, au point qu'il devient difficile de manipuler caméra ou téléphone, que ce soit pour imager ou m'assurer que je n'ai pas quitté l'itinéraire.

Je rattrape et distance vite 2 marcheurs avec leur chien, comme moi en direction d'Haukeliseter. Comme moi ils ne s'attendaient pas à une telle session de mauvais temps, mais il faut pourtant bien avancer. Plus tôt j'avais dépassé une tente, encore hermétiquement fermée pour offrir un cocon de chaleur et de sérénité à ses occupants : j'en viens à regretter de ne m'être pas essayé moi aussi à la grasse matinée ...

torrents à franchir : check
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lac : check. Montagne : check. Névés : check.
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soleil ? joker !
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lac d'Holmasjøen et falaises de Nupsegga (1673m)
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MUL après 2 mois et 2500km au régime de l'omelette norvégienne
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Vers 11h la pluie se calme et je peux enfin décrocher de la montagne pour redescendre sur un plateau à 1100m, qui s'avère être un labyrinthe strié de veines rocheuses et de creux allongés barrés par des lacs. La marche en continu depuis tôt ce matin avec les pieds froids et trempés commence à me peser, je suis pressé de quitter cet interminable dédale et d'atteindre l'abri sec et chauffé du refuge ... Je croise un jeune couple de français, puis une marcheuse isolée, tous ayant repoussé leur départ d'Haukeliseter en raison de la forte pluie matinale inattendue.

Je finis par arriver sur les rebords du plateau, et apercevoir en contrebas le grand lac de Ståvatn, puis les bâtiments de bois du refuge coincé entre la route nationale et les berges. Je n'ai plus que 150m de dénivelé à descendre, mais cette dernière portion s'avère de plus en plus ravinée et boueuse au fur et à mesure que je me rapproche des parkings et de la route. Mes pieds et chaussures étaient jusqu'ici "seulement" mouillés, ils sont désormais maculés de boue ...

les panneaux ont besoin de sécher, moi aussi
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descente spongieuse vers Haukeliseter
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Haukeliseter est une très vieille étape dans la traversée du massif, que celle-ci soit routière et Est-Ouest, ou bien pédestre et Nord-Sud. Les lieux font gîte, refuge, restaurant, aire de repos en bord de nationale, magasin à touristes, villégiature sur les rives du lac ... J'entre me mettre à l'abri dans la grande cafétéria, me déchaussant pour y évoluer pieds nus et éviter d'y balader mes chaussures crottées ...

Je reste là 2 heures entières, déjeunant à la cafétéria  de boulettes de viande et pommes de terre, ne parvenant pas tout-à-fait à me sécher entièrement durant ce long arrêt. Je recharge les appareils à une prise près de ma table, dont j'ai judicieusement choisi l'emplacement à cet effet. Avec le réseau je me projette désormais sur l'intégralité des derniers jours, depuis la météo détaillée que je pourrais avoir d'ici à Lindesnes, et jusqu'à la disponibilité du billet d'avion du retour ...

Par la grande baie vitrée je peux voir le ciel s'éclaircir et le soleil donner un peu, mais la météo des jours prochains est déprimante : si je peux espérer 24h de temps convenable d'ici demain après-midi, de nouvelles fortes pluies doivent me rattraper demain soir et pour plusieurs jours, alors que je devrais me trouver dans l'environnement sauvage et exposé d'un grand plateau d'altitude accidenté et criblé de lacs. J'ausculte ma carte pour évaluer mes options, que le relief et les itinéraires référencés limitent à 2 possibilités : soit m'en tenir à mon tracé d'origine en allant me mettre en sécurité par des sauts de puce d'un refuge à l'autre, ou alors me décaler dans le fond des vallées et la marche sous la pluie par les bords de route qui descendent vers la mer ...

C'est avec ces incertitudes que je me remets en marche à 14h, heureusement rasséréné par un peu de soleil et de jolies vues. Je tourne autour du lac par un mix de sentier et de piste, avant de recommencer à m'élever dans la montagne en direction d'un col que mon GPS mesurera à 1339m : je commence à me faire à l'idée que les "points hauts" du parcours vont désormais s'abaisser de plus en plus jusqu'à rejoindre le niveau de la mer ...

Cette session de l’après-midi offre un beau rattrapage aux souffrances du matin : le temps est agréable malgré des nuages encombrants, les vues sur les lacs immenses encombrés d'îlots sont belles et lumineuses, le sentier est de bonne qualité et me permet de marcher à bonne allure. La météo rétablie me motive pour un nouveau bivouac, bien que j'aie sur le chemin le petit refuge non gardé d'Holmavatnhytta à bonne distance pour y être à un horaire raisonnable ...

autour du lac de Ståvatn. Par contraste avec ce matin, je peux dire qu'il fait beau !
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lac de Kjelavatn
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l'ambiance s'améliore ...
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pas question de s'endormir en comptant les moutons, on m'attend à Lindesnes
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tôt ou tard, un de ces cols sera le dernier ...
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Le sentier passe longuement en balcon sur les hauteurs du lac d'Holmavatn, et peu de temps avant le refuge je rattrape une marcheuse solitaire allemande âgée (je lui donne plus de 75 ans), assise pour souffler sur le bord du chemin, son énorme sac de peut-être 16-18 kg à ses côtés ... Elle va bien et a juste besoin de faire les choses à son rythme, elle est sûrement plus méritante que moi sur ces chemins. Quand je lui dis que je compte dépasser Holmavatnhytta et marcher encore en soirée pour prendre bivouac, elle s'inquiète pour moi et insiste lourdement pour que, par sécurité, je laisse une trace de mon passage dans le Hyttebok quand j'y passe.

Je ne veux pas m'y arrêter longtemps, et puisque j'y trouve quelqu'un déjà installé (un allemand, encore), je lui demande s'il peut m'apporter le Hyttebok sur le perron pour m'éviter de crader les intérieurs avec les chaussures mouillées. La vieille dame nous rejoint tandis que je finis d'y renseigner mon passage au 63ème jour de ce Norge På Langs, elle pourra dormir tranquille !

lac d'Holmavatn dans le soir, et annexe du refuge d'Holmavatnhytta
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Il est 19 h et le soleil se couche désormais à 21h, ne me laissant au grand maximum que 2h30 à 3h de lumière. J'ai envie de cette jolie marche du soir et il y a bien encore un refuge à ~15km, mais ce serait pour une arrivée à la nuit un peu au-delà de mon désir. Je me programme mentalement pour basculer en recherche de bivouac à compter de 20h30, et me voilà relancé !

Les balcons herbeux au-dessus du lac d'Holmavatn promettaient du bivouac facile, mais une fois que je les dépasse le terrain se complique par des pentes raides à l'approche du lac suivant de Sandvatnet. Plus ennuyeux, la brume tombe et le taux d'humidité monte jusqu'à la saturation, je n'ai d'autre choix que de poursuivre sur des terrains chaotiques et détrempés, attendant d'atteindre une piste sur la rive du Sandvatnet pour enfin commencer à chercher mon bivouac alors que la lumière tombe. L'environnement rocheux ne se prête pas à planter l'abri, même si j'explore à plusieurs reprises les abords de la route de terre. Les rares lieux plats sont des flaques spongieuses, et je continue de longer les tristes berges en direction de la digue de retenue à l'extrémité du lac.

Sorti de la brume, descente vers le lac du Sandvatnet
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Par instinct je monte explorer une petite piste latérale qui s'élève vers un terre-plein, formé des remblais de la construction du barrage. Là je trouve un vaste replat de gravier au pied de la ligne électrique, qui à défaut d'être le spot de toute beauté dont je rêvais a le mérite d'offrir un sol plat, sec et bien drainé. Il est 21h15 et avant d'enfoncer les piquets et tant que j'ai encore un peu de lumière, je repars en arrière pour vite aller remplir ma Platypus à la dernière petite cascade aperçue en bord de route. Une fois revenu, le montage et ses finitions exigeront pour la 1ère fois que je fasse usage de la frontale. Dans la pénombre et la brouillasse il fait frais ce soir, et l'ambiance est à l'automne ...

sac à terre avant que la nuit ne tombe ...
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à suivre ...


lignedefuite a écrit :

#696893Pris par l'élan de ton récit, dans l'envie de te remercier, je t'ai préparé en toute simplicité un sonnet hommage à ce partage d'un parcours qui m'a enchanté.
Je le déposerais à la ligne d'arrivée qui sera, si j'ai bien écouté horizontale, et ton chant de joie à la vaste rumeur de l'océan s'unira (pour paraphraser Heredia).

ça promet  lol !


laxmimittal a écrit :

#696898petit message en passant : tes dernieres photos sont magnifiques !!!
(j'enquillerai la lecture des épisodes en retard au prochain we dispo smile )

Coucou Laurence : ne tarde pas, je suis presque arrivé wink !


El gringo monitor a écrit :

#696904Additionner les distances m'interpelle également, 2490km, 52000 mètres de dénivelée, il pourrait y en avoir le triple, ça me laisse indifférent et j'ai décroché depuis longtemps. Je m'interroge sur la motivation qui pousse à réaliser ces thru-hikings...recherche de ses propres limites ou plus simplement course au toujours plus spectaculaire pour épater la galerie ?

On le fait pour soi tant qu'on a le privilège de pouvoir le faire, et je ne recommanderai pas une grande itinérance à quelqu'un qui cherche la gloriole. C'est une chose qui ne parle qu'aux initiés, et en dehors du cercle restreint de rl il n'y a guère de public auprès de qui s'en épancher. Le temps d'attention très limité que famille et amis veulent bien sacrifier au sujet quand on a besoin d'en parler est franchement décourageant, et le meilleur moyen de ne pas sombrer alors dans la dépression est d'y retourner ...


wwwfabien a écrit :

#696910J'y étais il y a quelques jours et ça ne ressemble pas du tout à tes photos !!!
C'était tout blanc et tout gelé avec un grand ciel bleu tongue
Et le soleil se couchait à 15h... après avoir fait la grasse mat' jusqu'à 10h environ  eek  lol
J'ai eu plaisir à lire ton récit !
Ca me donne envie de retourner dans le coin hors période hivernale, alors pas l'été mais à l'automne avant les premières neiges.

damned je suis démasqué en plein délit de publicité mensongère  lol ! J'ai trop poussé le photoshop  wink  !
Je ne pouvais pas caler mes dates avec l'automne, mais c'est effectivement la saison préférée des scandinaves pour découvrir leur arrière-pays. Remonter vers le Cap Nord en septembre avec l'embrasement des couleurs le jour et les aurores boréales la nuit doit être quelque chose ...


Vidéo #63

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Dernière modification par Hervé27 (16-01-2024 11:51:38)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#460 16-01-2024 17:04:33

Shanx
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Je lis (presque) tout smile

J'aurais la même remarque que sur un de tes précédents récits : pour moi les photos sont un éléments super important, je trouve dommage qu'elles aient été prises au téléphone et donc que leur qualité soit médiocre hmm En plus je trouve que les téléphones sont mauvais pour photographier les nuages, et sur tes derniers jours il y en a eu quelques uns big_smile

Hervé27 a écrit :

#696919le meilleur moyen de ne pas sombrer alors dans la dépression est d'y retourner ...

Est-ce que ce n'est pas ton moteur principal au final ? Dans la vie de tout les jours la dépression guette, donc pour oublier ça tu prépares, effectues puis raconte de longues itinérances, ce qui te permet de penser à autre chose ? Parce que j'en connais un qui fonctionne exactement comme ça big_smile


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#461 18-01-2024 10:48:47

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Shanx a écrit :

#696939Je lis (presque) tout smile

Aïe, je vais faire gaffe à ce que j'écris, alors lol ...

Shanx a écrit :

#696939J'aurais la même remarque que sur un de tes précédents récits : pour moi les photos sont un éléments super important, je trouve dommage qu'elles aient été prises au téléphone et donc que leur qualité soit médiocre hmm En plus je trouve que les téléphones sont mauvais pour photographier les nuages, et sur tes derniers jours il y en a eu quelques uns big_smile

À mon humble avis, ce n'est pas tant la question de l'appareil de prise de vue que du photographe qui se tient derrière ... Je n'ai hélas ni le talent ni la patience nécessaires pour faire des images de qualité : j'en prends mon parti ... Peut-être que plus tard, quand mes envies et mes possibilités me feront aller plus lentement et porter un autre regard aux environnements traversés, j'essayerai d'y consacrer plus de temps et d'énergie ...


Shanx a écrit :

#696939

Hervé27 a écrit :

#696919le meilleur moyen de ne pas sombrer alors dans la dépression est d'y retourner ...

Est-ce que ce n'est pas ton moteur principal au final ? Dans la vie de tout les jours la dépression guette, donc pour oublier ça tu prépares, effectues puis raconte de longues itinérances, ce qui te permet de penser à autre chose ? Parce que j'en connais un qui fonctionne exactement comme ça big_smile

C'est exactement ça : désormais je ne laisse plus de temps mort dans le cycle préparation - réalisation - récit, de peur du vide qu'il me faudrait affronter dans ma vie civile ...


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#462 18-01-2024 11:29:04

ludof
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#697072

Shanx a écrit :

#696939J'aurais la même remarque que sur un de tes précédents récits : pour moi les photos sont un éléments super important, je trouve dommage qu'elles aient été prises au téléphone et donc que leur qualité soit médiocre hmm En plus je trouve que les téléphones sont mauvais pour photographier les nuages, et sur tes derniers jours il y en a eu quelques uns big_smile

À mon humble avis, ce n'est pas tant la question de l'appareil de prise de vue que du photographe qui se tient derrière ... Je n'ai hélas ni le talent ni la patience nécessaires pour faire des images de qualité : j'en prends mon parti ...

Je partage l'avis de Shanx, et je pense contrairement à toi que le problème est très majoritairement lié à l'appareil de prise de vue.
Tes photos sont plutôt réussies d'un point de vue esthétique (composition, exposition, lumière, etc ..)

C'est le rendu global qui n'est pas agréable : manque de naturel, de détail, de piqué, accentuation excessive. Sur les zones types herbes ou nuage, c'est particulièrement flagrant, et ça c'est complètement lié à l'appareil de prise de vue (à moins que tu fasses un post traitement important avant de poster ?)

Ludovic

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#463 18-01-2024 11:55:36

ludof
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

PS : est ce que tu redimensionne tes photos en 1000 px de large avant de les poster ? Si ce n'est pas le cas, il se peut aussi que le redimensionnement automatique joue sur la qualité d'image.

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#464 18-01-2024 13:18:22

jega
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

non mais sérieux les gars eek !!

oui ça serait mieux avec un reflex fullframe et en prenant plus de temps pour cadrer et pour faire le post-traitement

et pourquoi pas les videos youtube avec un Ronin 4D !!

En norvegien, on dit "vi bryr oss ikke om det" que je traduirais joyeusement par "on s'en tamponne le coquillard !!" lol

Elles sont exceptionnelles ces images !!!

70 jours !! 70 jours à documenter sa marche, en photo, en vidéo, sous la pluie, les pieds dans(sous) l'eau, avec un sac de 2kg (nourriture et 3 litres d'eau compris)

70 jours qu'il nous prend par la main pour nous faire profiter de cette fantastique épopée

le ratio qualité vs efficacité est incroyable

et depuis 5 mois (de montage, de traitement des fichiers, de redaction... ) Hervé nous delivre tous les 2/3 jours un episode écrit et monté, methodiquement...

juste Respect

C'est bientot fini, il reste de ce journal norvegien, 7 journées à lire et à voir, alors personnellement je vais m'en délecter, ici sur ce forum ET sur youtube

et je me prépare dejà au manque qui arrive

Hérvé merci infiniment de ce temps et de ce partage


Je mulerai...
tu muleras
il....

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#465 18-01-2024 15:07:40

ludof
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Qu'on soit bien clair : je suis le récit d'Hervé avec gourmandise, et lui suis reconnaissant du travail de restitution titanesque réalisé  pouce

Je réagissais seulement sur sa remarque disant " la question de l'appareil de prise de vue que du photographe qui se tient derrière ... Je n'ai hélas ni le talent ni la patience nécessaires pour faire des images de qualité". Pour moi au contraire je pense que l'oeil et le talent du photographe sont bien là, et qu'il est juste confronté aux limites de son matos.

Mais cela ne change en rien le plaisir que j'ai à suivre et parcourir son récit.

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#466 18-01-2024 15:19:36

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#64 jeudi 24 août 2023
Sandvatnet - Hovden
31km +828 -1010 8h23 (+pauses 1h53)
Cumul 2569km D+54100m Marche 630h
Vidéo #64

8bQ5W0gIX.IntroJ64.s.jpeg

La nébulosité d'hier soir s'est entièrement déposée ce matin en condensation. La nuit a été particulièrement humide et fraîche, et pour une fois je n'ai pas eu trop chaud dans mon duvet. La tente est détrempée, mais avec un ciel qui s'est dégagé je découvre que la vue de mon spot était bien plus jolie que ce que j'en pensais hier soir (malgré la ligne électrique au-dessus de ma tête). L'air frais pique un peu et mes doigts s'engourdissent à ranger la toile mouillée alors que je suis encore profondément à l'ombre, je réalise soudain que c'est là la sensation d'un beau matin d'automne. Les jours s'enfuient et le désir d'arriver lutte avec la nostalgie qui, déjà, s'installe. Sucré-salé ...

sur les hauteurs du Sandvatnet
8bQh7elRF.2023-08-24-06.jpeg

Pour la première fois depuis longtemps j'ai donc un temps qui s'annonce magnifique, mais aussi l'épée de Damoclès de prévisions exécrables pour la soirée et les jours suivants. L'itinéraire du jour doit me faire passer d'abord par des vallées à moyenne altitude (~700-800m), avant de me faire remonter sur un vaste plateau à ~1100-1200m, dont la carte me laisse entendre que - déjà en temps normal - il est particulièrement gorgé d'eau. Le terrain pour la phase de mauvais temps pourrait donc être difficile et exposé, et je ne suis pas très sûr d'en avoir très envie ... Pire, passées les premières heures de marche de ce matin, il n'y aura plus là-haut d'itinéraires alternatifs balisés susceptibles de m'offrir d'élégantes échappatoires si les choses se dégradent trop. À l'inverse, si je quitte la montagne les opportunités d'y remonter ensuite seront tout aussi rares, me condamnant aux bords de routes en fond de vallée ...

Bref, à l'heure du départ (6h45), je suis partagé entre la perspective d'avoir enfin aujourd'hui une belle grande étape de beau temps, et le risque de me retrouver ensuite "dans la seringue" d'un itinéraire obligé et exposé avec le retour des intempéries. Je ne décide de rien et me laisse d'abord porter par mes pas, rejoignant la piste qui va jusqu'à la digue de retenue du Sandvatnet, dont je dois décrocher pour m'engager dans la vallée étroite qui en descend, en direction des fjords ici tout proches.

la digue, la digue ...
8bQhnhVlu.2023-08-24-06.jpeg

Je n'ai que 7-8 km à faire jusqu'au refuge non gardé de Bleskestadmoen, que j'avais vaguement eu l'intention d'atteindre hier soir si j'avais été plus bourrin que je ne le suis déjà. Je pensais trouver un sentier de vallée facile et roulant, mais il n'en est rien. Les obstacles rocheux le disputent aux zones marécageuses, et malgré quelques aménagements sommaires de planches ici et là, les pieds pataugent dans l'eau froide, glissent sur les rochers moussus et fatiguent dans les incessantes montées-descentes. J'ai très bien fait de m'arrêter hier soir bivouaquer là où je l'ai fait, le terrain aurait été trop délicat à parcourir dans la pénombre. Les spots de bivouac y sont quasi-inexistants, et si je finis par en voir un en bord d'un petit lac, je n'ose imaginer le degré d'humidité qu'il aurait fallu y affronter.

la vallée où je m'engage, direction la mer de brume
8bQhyK8jf.2023-08-24-06.jpeg

une image suffit pour entendre splouitch, splouitch ...
8bQhGBqBG.2023-08-24-07.jpeg

Si le chemin n'est pas évident, la vallée est quant à elle particulièrement paisible, laissant flotter quelques lambeaux de brume par-dessus la forêt de petits bouleaux. Certains arbres ont commencé à jaunir, répondant au rougissement des plants de myrtilles à mes pieds. La nature ici me murmure l'automne ... Dans l'air particulièrement calme, la surface des étangs renvoie des reflets presque parfaits. Les seuls sons audibles sont les clochettes plus ou moins lointaines des quelques moutons égaillés aux alentours, rarement visibles dans tous les replis du terrain étoffés par la végétation. Toujours bien à l'ombre dans le vallon, je peux voir s'illuminer les pentes au-dessus de moi, et me prends à rêver d'enfin marcher au soleil ...

reflets presque parfaits, à hauteur d'un spot de bivouac qui aurait été bien humide
8bQhQfgVJ.2023-08-24-07.jpeg

Alors que je n'ai plus qu'un peu de terrain plat et marécageux à traverser avant d'atteindre le 1er refuge du parcours programmé, je passe à hauteur de la seule opportunité de bifurquer avant demain. Un panneau de bois flèche la direction de la ville d'Hovden, et soudain la perspective de toujours plus d'eau dans mes chaussures ne me fait plus envie : va donc pour l'itinéraire alternatif, même si je sais que cela signifie quitter la montagne norvégienne sans peut-être n'y plus revenir ... Indécis jusqu'à la dernière seconde, je ne me détermine que sur l'instant, et m'engage sur une sente à peine visible, heureusement marquée par des "T" de peinture rouge, cependant plus discrets que ce que j'ai pu voir ailleurs.

le changement de direction est brutal, mais le tracé bleu risquait d'être plus qu'humide, et surtout sans échappatoire ...
8bQlDVv6V.CarteJ64.jpeg

c'est maintenant ou jamais ...
8bQic8iGn.2023-08-24-08.jpeg

plein la vue et le soleil dans les yeux
8bQipzAu3.2023-08-24-08.jpeg

ils vont me manquer
8bQi1cFJF.2023-08-24-08.jpeg

Je ne quitte pas instantanément la montagne, puisque cette bifurcation quasiment plein Est doit me faire franchir le massif pour redescendre ensuite par une assez longue vallée sur l'autre versant. Je m'offre ici en une seule fois les 600m D+ qui autrement se seraient étalés sur toute la matinée, d'abord dans les herbes et buissons détrempés de rosée, puis peu à peu dans un environnement de plus en plus montagnard. La montée est exigeante car il n'y a pas vraiment de chemin visible, la fréquentation doit être faible sur ces itinéraires secondaires. L'œil guette sans cesse la prochaine marque, il faut s'assurer de sa direction avant de lancer chaque pas, et la chose est rendue difficile par le flamboyant soleil que j'ai vite face à moi. L'exercice est néanmoins plaisant, je retrouve quelques sensations pyrénéennes ou alpines qui auront été plutôt rares dans cette traversée.

Bientôt sur le plateau
8bQiBdF99.2023-08-24-09.jpeg

Un peu avant 10h je débouche sur le plateau par un col au-dessus de 1300m, une altitude que je n'espérais plus avec la perspective de la descente vers la mer. La vue se dégage vers les lointains à l'Est et à l'Ouest, et si je suis sous un beau soleil je peux déjà sentir la présence d'un voile d'altitude qui arrive. Je ne veux plus me presser, et l'envie désormais de goûter les instants qui me sont offerts l'emporte sur le reste. Je m'installe ici au soleil, attrapant pour mon café l'eau qui sourd du rocher. La litanie des "dernières fois" a commencé, je referme peu à peu derrière moi les portes de l'aventure ...

Il n'y en a que 2 qui bossent, et ce n'est pas moi ...
8bQiIx0jV.2023-08-24-10.jpeg

La pause dure presque une heure, j'en repars tout-à-la fois heureux et chargé d'émotions. Je pense n'avoir plus qu'à me laisser descendre vers la vallée en direction d'Hovden, mais le parcours improvisé me réserve la jolie surprise de faire durer le plaisir, me faisant encore traverser un peu ce plateau criblé de lacs. Le soleil n'est plus aussi franc mais quand même bien présent, et sous mes pieds je peux sentir que la neige était encore là il y a peu. Les sols sont gorgés d'eau et rebondissent sous mes pas. Quand enfin la descente s'amorce, la végétation rase révèle une palette de teintes nouvellement roussies et jaunies : l'automne arrive et je m'échappe !

un plateau gorgé d'eau ...
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... et criblé de lacs
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murmures d'automne
8bQjaashq.2023-08-24-11.jpeg

Je marche doucement pour faire durer le plaisir. Je longe de jolis lacs d'altitude, puis commence à retrouver les bouleaux tout en marchant le long du torrent bruyant. Je prends en ligne de mire un grand lac entouré de forêt plus bas dans la vallée, déterminé à y dépenser ce qui me reste de temps au fonds du porte-monnaie bientôt vide de ma traversée. La température au soleil s'adoucit d'autant plus vite que je perds inexorablement de l'altitude, et à 13h je me pose au bord de l'eau redevenue estivale. J'y fainéante un long moment, avec face à moi la belle vue sur le lac au pied des montagnes, agrémentée de quelques cabines de pêcheurs.

feignasses !
8bQl8LDM9.2023-08-24-14.jpeg

Quand je quitte ma pause il me faut remonter un peu dans la colline, puis descendre plus franchement pour, à 15h, quitter le sentier malcommode et atterrir sur la route de terre qui doit me mener à Hovden en longeant les lacs étirés qui occupent le fond de vallée. Je retrouve ici du réseau, et profite de ma bascule sur route pour refaire un point complet : météo, itinéraires, hébergements ... Si le ciel reste encore lumineux il s'est maintenant couvert, et si j'en crois les prévisions actualisées il ne me reste que 1 à 2 heures avant qu'il ne pleuve. Je n'ai plus de motivation pour, passé la bourgade d'Hovden maintenant toute proche, attaquer d'emblée les bords de la route nationale.

ciao montagnes !
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arrivée à Hovden
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Avec les fortes pluies de ce soir et cette nuit, je vise la tranquillité d'un abri en dur que je ne peux trouver qu'à Hovden, ou alors dans un camping encore 20 km plus loin. Je préfère ne pas gâcher la belle impression de la journée telle qu'elle s'est écoulée jusqu'ici, et quand j'arrive dans la petite ville de sports d'hiver, je me dirige vers un complexe d'immeubles libellé sur ma carte comme proposant le gîte. Une affichette m'y indique que les réservations doivent se faire auprès d'un hôtel situé plus bas dans la station, par ailleurs proche des commerces ... Peu avant d'y être, je passe devant un bâtiment qui me donne toutes les apparences d'être une pension mignonette, avec un n° de téléphone à appeler : ici ou ailleurs, peu m'importe, et me voilà à tenter de me faire comprendre en anglais à une dame norvégienne qui, pour une fois, semble avoir des difficultés dans cette langue. Elle arrive cependant à me faire comprendre qu'elle loge dans la maison d'en face, où je vais la trouver ... J'y rencontre un couple très âgé, leur donnant ~85 ans, et la santé du mari n'est visiblement pas bonne, avec des bouteilles d'oxygène et une tuyauterie qui relie son fauteuil avec différents appareillages ...

Madame me confie les clés de la pension, et je suis obligé de lui faire répéter le prix de l'hébergement, tant il me semble dérisoire (250 couronnes, à peine plus de 20 €). Pour une fois on m'exprime la préférence d'un règlement en liquide, chose dont j'ai perdu l'habitude après 2 mois en Norvège. Ici tout se paye par des applications, des terminaux bancaires ou des virements ! Je n'ai plus assez de billets sur moi, et elle m'invite à revenir la payer plus tard après m'être installé, indiquant que je pourrai m'arranger à la supérette.

Je vais donc me poser au gîte, bâtiment offrant tous les conforts et fait pour héberger 25 personnes, et où je serai rigoureusement seul. J'en ressors pour aller visiter la supérette, où en plus d'un assortiment de victuailles plaisir pour ce soir j'achète un parapluie en prévision des longs kilomètres de route sous la pluie auxquels je peux m'attendre les prochains jours.

Au moment de payer à la caisse, je signale qu'il me faut 100 couronnes en liquide pour m'acquitter de mon loyer auprès des vieux voisins d'en face, mais me heurte au refus de la caissière qui ne peut débiter ma carte de crédit sans la contrepartie d'un achat d'un article référencé ... Je n'ai même pas le temps d'envisager les complications que cela implique (le prochain distributeur de billets est à 8 km !), et un gars juste derrière moi à la caisse intervient pour me dire que si je paye ses achats (150 couronnes, ~12 €) avec ma carte, il peut me compenser avec le liquide équivalent qui fera mon affaire. Acte spontané de rendre service, ainsi que j'en aurai souvent rencontré ! Il retourne à sa voiture chercher le liquide qui traine dans sa boîte à gants tandis que je règle sa note, et nous passons ensuite 10 minutes à parler rando et Norge På Langs, chemin qu'il rêve d'entreprendre. Merci l'ami !

Il pleut déjà légèrement quand je retourne chez mes logeurs leur déposer mon loyer, et je suis bien content ce soir d'être confortablement à l'abri tandis que l'eau dégorge des gouttières. Je peux profiter des douches chaudes, faire ma lessive puis paresser un peu dans les grandes pièces communes désertes le temps de mon dîner, ainsi que d'une grosse mise à jour de mes épisodes quotidiens en retard sur Instagram.




à suivre ...


jega a écrit :

#697086non mais sérieux les gars eek !!
(...)
Hervé merci infiniment de ce temps et de ce partage

Merci jega wink  ! Nous sommes sur un forum de perfectionnistes : ici on compte au dixième de gramme, pixel et lumen près lol  ! Je suis preneur des conseils qui permettent de m'améliorer sans frais, tant que ça ne m'alourdit pas (ou que ça n'allège pas mon portefeuille)

ludof a écrit :

#697076(à moins que tu fasses un post traitement important avant de poster ?)
(...)
PS : est ce que tu redimensionne tes photos en 1000 px de large avant de les poster ? Si ce n'est pas le cas, il se peut aussi que le redimensionnement automatique joue sur la qualité d'image.

Je reformate en 1000 pixels manuellement avant de télécharger sur RL. Je soupçonne que pour obtenir un meilleur piqué, mon redimensionnement manuel devrait s'opérer à une valeur supérieure à 1000 pixels, mais quant à savoir laquelle utiliser, mystère ... Si les fins connaisseurs des algorithmes du forum peuvent m'éclairer ... (mon format d'origine 4032  x 3024). En général, les images en 4x3 viennent de mon téléphone (iPhoneSE 2020), et les 16x9 sont des captures d'écrans la caméra (DJO Osmo Pocket 2)

J'applique un traitement plus ou moins fort, surtout pour rééquilibrer les lumières autrement trop ternes :
- "suppression de la brume", sans quoi les lointains et les nuages sont beaucoup plus estompés que ce que j'en voyais
- "éclairage tons foncés / tons clairs", pour rééquilibrer les paysages sous-exposés sous un ciel sinon trop lumineux
- un peu de luminosité en plus

L'effet est sûrement trop fort quand je rattrape ainsi des images trop à contre-jour (comme la première de cet épisode ici sans aucune reprise), mais difficile d'y échapper.

pour comparaisons, ci-dessous les première et avant-dernière images de ce récit sans retouche ni redimensionnement préalables. Les images sont striées de distorsions du fait de la compression automatique
8bQnrDi46.2023-08-24-06.jpeg
8bQmtBx05.2023-08-24-14.jpeg

Vidéo #64

8bQ5W0gIX.IntroJ64.s.jpeg

Dernière modification par Hervé27 (19-01-2024 11:55:46)


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#467 18-01-2024 16:07:49

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

ludof a écrit :

#697076

Hervé27 a écrit :

#697072

Shanx a écrit :

#696939J'aurais la même remarque que sur un de tes précédents récits : pour moi les photos sont un éléments super important, je trouve dommage qu'elles aient été prises au téléphone et donc que leur qualité soit médiocre hmm En plus je trouve que les téléphones sont mauvais pour photographier les nuages, et sur tes derniers jours il y en a eu quelques uns big_smile

À mon humble avis, ce n'est pas tant la question de l'appareil de prise de vue que du photographe qui se tient derrière ... Je n'ai hélas ni le talent ni la patience nécessaires pour faire des images de qualité : j'en prends mon parti ...

Je partage l'avis de Shanx, et je pense contrairement à toi que le problème est très majoritairement lié à l'appareil de prise de vue.
Tes photos sont plutôt réussies d'un point de vue esthétique (composition, exposition, lumière, etc ..)

C'est le rendu global qui n'est pas agréable : manque de naturel, de détail, de piqué, accentuation excessive. Sur les zones types herbes ou nuage, c'est particulièrement flagrant, et ça c'est complètement lié à l'appareil de prise de vue (à moins que tu fasses un post traitement important avant de poster ?)

Ludovic

... et je me demande - pour connaitre le même phénomène - si l'intérêt familial de nos récits (personne ne lit mes récits sur LR dans la famille) ne serait pas mieux stimulé avec des "bonnes" photos (moi je trouve déjà tes photos tes bonnes en regard des moches images que je rapporte avec mon moche iPhone SE).

quand tu as dans les yeux les paysages grandioses traversés et que tu restitues une image insipide, ils ne peuvent pas vraiment comprendre ton émerveillement.

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#468 18-01-2024 16:24:01

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

laxmimittal a écrit :

#697096... et je me demande - pour connaitre le même phénomène - si l'intérêt familial de nos récits (personne ne lit mes récits sur LR dans la famille) ne serait pas mieux stimulé avec des "bonnes" photos (moi je trouve déjà tes photos tes bonnes en regard des moches images que je rapporte avec mon moche iPhone SE).

quand tu as dans les yeux les paysages grandioses traversés et que tu restitues une image insipide, ils ne peuvent pas vraiment comprendre ton émerveillement.

Je ne crois pas : soit il y a de l'intérêt, soit il n'y en a pas, la qualité technique des images n'y fait strictement rien. Celui qui veut rêver n'a nul besoin d'images si on parle à son imagination ...

Le désintérêt de ceux qui nous sont proches peut parfois en être blessant : je me souviens en fin de traversée de l'Arc Alpin, après 50 jours de marche, avoir envoyé un message à toute ma famille présente dans la région pour savoir qui saurait être là autour de mon arrivée. Je n'ai pas reçu la moindre réponse, et je viens d'une famille nombreuse  ...


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#469 18-01-2024 16:44:07

ludof
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#697094Je reformate en 1000 pixels manuellement avant de télécharger sur RL. Je soupçonne que pour obtenir un meilleur piqué, mon redimensionnement manuel devrait s'opérer à une valeur supérieure à 1000 pixels, mais quant à savoir laquelle utiliser, mystère ... Si les fins connaisseurs des algorithmes du forum peuvent m'éclairer ... (mon format d'origine 4032  x 3024). En général, les images en 4x3 viennent de mon téléphone (iPhoneSE 2020), et les 16x9 sont des captures d'écrans la caméra (DJO Osmo Pocket 2)

je ne connais pas le détail des algorithmes du forum, mais de ce que j'ai compris le plus efficace est de redimensionner exactement à 1000 px avant import, ce qui permet d'éviter que le forum applique un redimensionnement qui pourrait être destructeur. Sur le dernier récit que j'avais posté, j'avais commencé par utiliser des photos en 2000 px de large, sur les conseils de tolliv je les ai remplacé par des photos de 1000 px de large, le résultat était bien meilleur


Hervé27 a écrit :

#697094J'applique un traitement plus ou moins fort, surtout pour rééquilibrer les lumières autrement trop ternes :
- "suppression de la brume", sans quoi les lointains et les nuages sont beaucoup plus estompés que ce que j'en voyais
- "éclairage tons foncés / tons clairs", pour rééquilibrer les paysages sous-exposés sous un ciel sinon trop lumineux
- un peu de luminosité en plus

Pour avoir eu un iPhone SE 2020 et un iPhone 12 mini, mon constat est que :
- Apple est très fort pour donner un rendu flatteur sur écran
- Une fois l'image transférée sur PC, le résultat est déjà mois sympa, en particulier du au fait d'une accentuation parfois excessive
- Dès qu'on commence à faire du post traitement (et en particulier l'éclaircissement des zones trop sombres) ont atteint très vite les limites acceptables en termes de qualité d'image.

Je n'ai pas fait de photo avec d'autres Smartphones, mais je pense que le problème est le même, voire pire vue la réputation qualitative qu'a Apple sur l'aspect photo.

Il n'y a pas de miracle, la petite taille du capteur d'un smartphone limite forcément les possibilités en termes de qualité d'image.

En conclusion, quand je fais des photos à l'iPhone, je prends soin de peaufiner l'exposition et la composition pour avoir à ne faire quasiment aucun recadrage ou post traitement, et de préserver au maximum la qualité d'image.

D'autant que les traitements logiciels de l'iPhone sont particulièrement bluffant dans les situations de fort écarts de luminosité : là où un reflex classique sortira une image inexploitable sans un post traitement important (diminution des hautes lumières, éclaircissement des ombres, voire exposition multiple et HDR), l'iPhone est capable de sortir une image exposée correctement en "sortie de boitier"

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#470 18-01-2024 21:03:13

Matt81
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

jega a écrit :

#697086
juste Respect
C'est bientot fini, il reste de ce journal norvegien, 7 journées à lire et à voir, alors personnellement je vais m'en délecter, ici sur ce forum ET sur youtube

et je me prépare dejà au manque qui arrive
Hérvé merci infiniment de ce temps et de ce partage

Oui tout pareil... mais j'ai repris du retard sur les vidéos... je me fais une ou deux soirées rattrapage prochainement smile

@Fabien > des images quelque part de ton trip Rondane ?

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#471 19-01-2024 11:40:16

bernard_lyon
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#697098

laxmimittal a écrit :

#697096... et je me demande - pour connaitre le même phénomène - si l'intérêt familial de nos récits (personne ne lit mes récits sur LR dans la famille) ne serait pas mieux stimulé avec des "bonnes" photos (moi je trouve déjà tes photos tes bonnes en regard des moches images que je rapporte avec mon moche iPhone SE).
quand tu as dans les yeux les paysages grandioses traversés et que tu restitues une image insipide, ils ne peuvent pas vraiment comprendre ton émerveillement.

Je ne crois pas : soit il y a de l'intérêt, soit il n'y en a pas, la qualité technique des images n'y fait strictement rien. Celui qui veut rêver n'a nul besoin d'images si on parle à son imagination ...

Ça dépend… si est on est un peu photographe, ça fait grincer des dents la qualité des photos au smartphone (et je parle pour mes photos aussi !) cry

Hervé27 a écrit :

#697098Le désintérêt de ceux qui nous sont proches peut parfois en être blessant : je me souviens en fin de traversée de l'Arc Alpin, après 50 jours de marche, avoir envoyé un message à toute ma famille présente dans la région pour savoir qui saurait être là autour de mon arrivée. Je n'ai pas reçu la moindre réponse, et je viens d'une famille nombreuse  ...

Pareil… Heureusement j'ai deux amies randonneuses, mais sinon, aucun intérêt, et on me le dit !!!  big_smile


"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")

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#472 19-01-2024 11:41:21

bernard_lyon
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Sur cette dernière journée en particulier (mais sur les précédentes aussi), tu as vraiment des bonheurs d'écriture Hervé ! C'était un régal à lire.


"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")

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#473 19-01-2024 12:06:15

Rodo le Preux
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Pareil, je trouve que ton style s'améliore ++ et le récit en est encore plus plaisant  pouce

merci Hervé !

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#474 19-01-2024 19:50:37

Yapluka
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Oui les marcheurs sont incompris smile
C'est vrai aussi pour les voileux, entre autres. Et c'est pour ça que, au retour d'une sortie,  j'aime bien passer du temps au bar du club avec d'autres voileux.

Je ne connais pas de 'Bar des marcheurs'. Dommage !

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#475 20-01-2024 21:13:12

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#65 vendredi 25 août 2023
Hovden - Valle
56km +299 -700 11h00 (+pauses 2h01)
Cumul 2626km D+54300m Marche 641h
Vidéo #65

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Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir vous raconter de cette journée ? Qu'est-ce qui pourrait vous intéresser, maintenant que j'ai quitté la montagne et que le retour du mauvais temps me condamne à un nouvel épisode de marche sur route ? Je vais faire au mieux de mes souvenirs glanés du fond de la vallée de Setesdal, où coule la large rivière de l'Otra : ce n'est pas le meilleur qui m'est resté de la Norvège, mais il faut de tout pour faire une traversée.

La pluie a été forte cette nuit et se poursuit encore ce matin, et quand je me remets en marche à 6h30, je peux inaugurer le petit parapluie que je me suis offert hier. Sa poignée glissée dans une poche de bretelle, je peux serrer son manche avec un élastique de la capuche de la veste de pluie, et éprouver ainsi une combinaison "mains libres" à l'abri de la pluie, très pratique tant que le vent ne souffle pas ... ou que les violentes turbulences d'un camion ne viennent pas tenter d'emporter mon petit abri portatif ...

Les prévisions devant moi me donnent de la pluie qui s'affaiblit en matinée et devient sporadique dans l'après-midi, et de nouvelles fortes averses s'annoncent pour la nuit et toute la journée de demain. Avec l'eau déjà tombée qui a besoin de temps pour s'évacuer d'une part, et celle qui arrive ensuite d'autre part, je suis bien content de ne pas être aujourd'hui prisonnier des plateaux exposés où j'aurai dû autrement me trouver. Dans l'après-midi je pourrais avoir 2 possibilités de remonter vers l'altitude par des chemins balisés, mais à quoi bon si le pire est encore à venir pour demain ? Les autres reconnections possibles ne sont pas avant la mi-journée de demain, et au-delà il n'y aura plus d'alternative sérieuse à la route jusqu'à l'arrivée.

Le meilleur parti que je puisse tirer de cet itinéraire bis, c'est de marcher longtemps, vite et loin, afin de me rapprocher sensiblement du final. Je suis maintenant assuré d'être à Lindesnes pour le 31, et comme le régime des bords de route devrait me permettre de couvrir rapidement une grande distance, je vais même peut-être pouvoir m'avancer un peu ... Quelle autre motivation puis-je désormais avoir ?

Je lâche ma clé dans la boîte aux lettres de mes logeurs, et me voilà marchant sur le trottoir, puis le bas-côté.

la pension que j'ai eu pour moi seul et un prix dérisoire
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une fois n'est pas coutume, je me suis alourdi
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en rouge, mon itinéraire bis par la vallée de l'Otra
en bleu, la montagne que j'ai fui
en orange, les rares itinéraires balisés qui me permettraient de reconnecter : 35 km avant d'atteindre le 1er d'entre eux

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L'Otra est belle large rivière, alimentée par tous les lacs des montagnes alentours. Parfois entravée de digues de retenue, elle forme ici des zones d'eaux calmes voire même des lacs, et là des sections plus tumultueuses. Elle serait plaisante à suivre, s'il ne fallait le faire depuis le bord d'une large route nationale. La fréquentation est d'abord faible, puis s'intensifie avec l'avancée de la matinée. Heureusement et comme déjà vu ailleurs, les conducteurs sont ici très respectueux des piétons, et je m'inquiète moins que je ne le ferai sur une route française équivalente. Je tombe vite sur des travaux d'élargissement, lesquels incluent l'aménagement d'un confortable véloroute indépendant de la chaussée principale. Selon l'avancement des travaux, pendant de nombreux kilomètres j'y marche alternativement sur la terre battue pas encore asphaltée, ou bien sur un bitume fraîchement posé.

L'atmosphère est particulièrement sombre sous la pluie, mais abrité comme je le suis sous mon parapluie mon confort est parfait. Seules les chaussures usées laissent passer un peu l'eau et me font marcher les pieds humides, mais ça j'ai l'habitude. Les cimes sont la plupart du temps invisibles sous le plafond nuageux, et la pluie semble là-haut plus intense qu'ici : mon choix était le bon, mais je ne peux m'empêcher de regretter la montagne ... Le fléchage des refuges DNT fait partie intégrante de la signalisation routière, ils ont droit à leurs panneaux individuels au même titre que les villages ! Ceux que je croise ce matin envoient cependant vers l'autre versant que celui où j'aurai dû me trouver, je ne les signale donc que pour l'anecdote puisque ce n'était de toute façon pas mon itinéraire ...

rare moment où une hauteur se dévoile
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les jolies berges de l'Otra
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À 10h30 je profite d'une petite aire de repos pourvue de toilettes et de bancs abrités sous un auvent, pour y faire une pause du matin presque au sec. La pluie s'est réduite à moins qu'un crachin, mais la lumière n'est toujours pas là. Je supporte ma doudoune le temps de l'arrêt, car même s'il ne fait pas réellement froid, l'humidité omniprésente ne joue pas en faveur du confort thermique quand on s'arrête.

mon relais routier
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le chocolat en victime collatérale
Tiens ? La photo me rappelle que depuis quelques jours, j'ai inversé chaussettes de marche et de nuit, question de bonne gestion de l'usure ...

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Je réédite l'exercice de la pause dès 12h15, quand je traverse le village de Bykle et où je trouve une station-service / cafétéria. J'y ai déjà 27km de parcourus avec le rythme jamais entravé que permet la marche sur route : me reposer à bonne fréquence est essentiel pour cette journée ! Je m'offre une gaufre et des cafés en plus de ce que je grignote tiré de mon sac. Tandis que je me détends au chaud et au sec, je parcours machinalement le stock de mes photos accumulées depuis 2 mois sur le téléphone : les  émotions affluent, si proches et si lointaines, bientôt remisées dans l'armoire des souvenirs ...

Bykle, église et cimetière paysager
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Le temps est maintenant sec mais toujours bouché, je laisse passer les 2 options de reconnection qui d'ici s'offraient à moi. 30 km de route n'ont pas encore eu raison de ma faible motivation à renouer avec les sentiers détrempés, et de toute façon les prévisions sout toujours aussi pessimistes pour ce soir et demain.

J'arrive néanmoins à bénéficier de quelques moments de variété, quand je peux emprunter l'ancienne route désaffectée qui court dans la gorge entre lac et falaises, que la nationale traverse désormais à force de longs tunnels. J'y croise un itinéraire de découverte, fait d'escaliers de bois qui montent dans le rocher, là où un panneau décrit comment, au temps d'avant la route, il fallait franchir les gorges par un jeu de passerelles en équilibre précaire à flanc de rochers. Le panneau explique que certaines portions décrites par les vieux croquis n'existent plus, dynamitées par le percement des aménagements ...

Quelques jolies cascades dévalent des falaises dépourvues de toute végétation. Le fonds des gorges est noyé par un lac de retenue, et je profite ici de quelques instants paisibles, momentanément abrité des bruits de roulement des pneumatiques sur l'asphalte, lesquels m'accompagnent obstinément depuis le départ de ce matin ...

arrivée dans les gorges
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je vous parle d'un temps que les moins de 200 ans ne peuvent pas connaître ...
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avant que tout cela ne soit ouvert à la dynamite de M. Nobel ...
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fermes-gîtes à la sortie des gorges
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Je retrouve la nationale après cet intermède, et les kilomètres y défilent dans la monotonie. Ici et là je capte quelques images de cette Norvège de l'intérieur. Parfois un vieux moulin, des maisons coquettes, de vieilles cabanes de rondins aux toits de tourbe, d'antiques greniers ... J'en arrive à un total de 45 km parcourus quand, pour ma 3ème et dernière pause, je m'écarte de la route via un camping boisé pour camping-cars, lequel s'étale joliment sur les bords de l'Otra. Je m'y pose à une table de pique-nique, malgré une affichette qui précise que l'utilisation des lieux est strictement réservée aux pensionnaires de l'établissement (lequel fonctionne entièrement en libre-service, avec QR Code). Il passe bien une voiture sur la route de terre, mais sinon personne pour me faire culpabiliser de profiter un peu d'un instant à l'écart du bitume.

petit moulin
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et toujours les reflets sur l'Otra
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Malgré mes pauses assidues, les jambes commencent à tirer et les pieds à chauffer avec cette marche sur bitume. Reparti à 17h, je vise de dormir ce soir au camping de Valle, bourgade encore à une douzaine de kilomètres en aval. Outre l'abri du mauvais temps, cela me permettra d'y avoir tout le confort qu'un marcheur fatigué puisse espérer, et c'est ainsi que je me motive à franchir cette distance additionnelle.

Par chance, je peux faire la moitié de cette dernière section en quittant la route nationale, via une passerelle piétonne qui me permet d'aller chercher une petite route de desserte sur l'autre rive. C'est beaucoup plus paisible, et me permet de relativiser les tensions diverses qui affectent mon appareil musculo-articulaire ...

et l'Otra, toujours et encore
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les vieux greniers, amoureusement entretenus dans toutes les fermes
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bric-à-brac : m'est avis que la vieille cocc' doit valoir quelque chose, aujourd'hui ...
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J'ai droit à un nouveau bout de véloroute pour mon arrivée "en ville", m'évitant un final par la Nationale. Il y avait bien une zone de loisirs avec quelques camping-cars et commodités, que j'ai failli aller explorer pour un bivouac, dans un entrelacs de cascades et d'étangs au débouché d'une vallée, mais c'est le confort du camping que je vise ce soir. D'ailleurs la pluie reprend un peu sur ces derniers kilomètres, histoire de me rappeler pourquoi je ne suis plus dans la montagne.

Les choses sont bien faites car je passe devant la supérette quelques centaines de mètres avant le camping, et j'y fais une rapide collecte de quelques éléments vitaux essentiels à ma survie. À nouveau pourvu en chocolat, je peux donc sereinement envisager d'aller prendre gîte.

Bien que je sois encore dans les horaires, il n'y a personne à la réception. Qu'à cela ne tienne, nous sommes en Norvège et le cas est prévu : les clés sont accrochées à disposition en extérieur, et l'arrivant est cordialement invité à aller s'installer dans le bungalow disponible de son choix, pour ne revenir s'acquitter de son dû qu'une fois qu'il y aura quelqu'un. Le tarif est modique pour la Norvège : 350 couronnes (30 €), j'ai plus souvent vu le triple ...

Seuls voisins que j'aperçois, un couple et ses chiens fureteurs installe son camping-car sur l'immense pelouse déserte, où je ne vois pas la moindre tente. Ma cabine est vieillotte mais bien suffisamment confortable pour mon besoin, et je m'y installe avec abandon. Je retourne peu après me traîner vers la réception, quand je vois y arriver une dame "lourdement" enceinte que j'avais croisé tout-à-l'heure pendant mes courses. Son accueil est adorable, et elle me procure très gentiment une pièce de 20 couronnes pour me permettre de faire usage de la douche (la monnaie est clairement en voie de disparition par ici ...). Encore un trajet jusqu'à ma cabine, où je ressens le besoin d'une boisson chaude et de grignoter quelque chose avant de ressortir me doucher et faire ma lessive ... Le piège se referme et je m'endors profondément dans un fauteuil : la nuit est bien installée quand je m'extirpe péniblement de ce premier sommeil, pour me traîner encore crasseux vers mon lit et mon duvet, ma pièce de 20 couronnes destinée à ma douche restera sur le coin de la table ...

libre-service
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à suivre ...


Vidéo #65

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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