[Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Magne2 · 01-12-2023 22:19:55

De même,toujours présent j'admire sa motivation.

Yapluka · 01-12-2023 23:00:42

Suiveur toujours présent. Et admiratif.

Stéphane_33 · 02-12-2023 00:05:01

Salut Hervé,
J'ai lu tous les épisodes et je suis épuisé par procuration rien qu'en regardant les distances quotidiennes !
Mais je tiendrai jusqu'au bout, promis
Stéphane.

Hervé27 · 03-12-2023 17:38:02

#42 mercredi 2 août 2023
Vaalta - Gaundalen fjellgård
36km +732 -940 9h47 (+pauses 3h39)
Cumul 1673km D+35100m Marche 420h

Vidéo #42

Réveillé comme souvent bien avant 5h, de belles lumières sur la toile du Pioulou m'incitent à sortir de l'abri pour aller profiter de quelques belles images du soleil encore à raz de l'horizon entre de sombres nuages. À l'opposé c'est un arc-en-ciel que j'observe, signe incontestable qu'il y a de l'eau dans l'air ! Les images faites, je retourne à mon duvet pour un petit déjeuner rapide, puis remballe le bivouac humide. Je démarre à 6h pile sous un ciel déjà rebouché, et la perspective d'une journée potentiellement pluvieuse.

5h du mat'

Ma préoccupation première est celle de mes batteries : j'ai déchargé tout ce qui restait de ma powerbank dans le téléphone, le ramenant à peut-être 30%, et ma caméra n'est guère mieux lotie. En l'absence de soleil ce matin ma priorité est donc de prendre la direction de la prise électrique la plus proche ...

J'ai planté la tente hier soir juste là où j'avais retrouvé du sentier, que je peux maintenant indifféremment prendre dans l'un ou l'autre sens. Ma trace prévisionnelle me faisait contourner un grand lac voisin par le Nord avant de redescendre au Sud, mais je vois que je pourrais être plus vite à un gîte / refuge en partant d'emblée vers le Sud plus près de la frontière suédoise. Les 2 trajets se rejoignent ensuite et se valent plus ou moins en distance, et la priorité électrique me fait modifier mes plans en ce sens : je dois pouvoir faire tenir mes batteries sur 10 km, mais peut-être pas sur 20 ... Va donc pour le Sud et le refuge de Gjevsjøen !

mon changement d'itinéraire (en rouge) par rapport au prévisionnel (bleu)

Bien entendu j'ai renfilé mes chaussures et chaussettes mouillées, mais j'ai le moral regonflé à bloc avec enfin un sentier à suivre, très bien marqué par de hauts piquets de bois régulièrement espacés. Le mental se repose enfin, nul besoin de m'interroger à chaque pas sur la direction à prendre ... Certes mes pieds ne sèchent pas vraiment, mais je ne suis plus à marcher en permanence dans les mousses spongieuses.

Je remonte sur une colline à ~700m d'altitude, puis redescends à ~500m dans un vallon où les aménagements du sentier se multiplient : marquage, ponts, planches ... Le luxe ! Nouvelle remontée sur une colline à ~650m, puis c'est la longue descente vers le lac de Gjevsjøen près duquel doit se trouver le gîte que je vise. J'y trouve de beaux sous-bois tapissés de douces herbes au vert tendre, puis une piste forestière près de laquelle je commence à croiser quelques cabines.

direction le lac de Gjevsjøen, au fond de l'image

ce n'est pas aujourd'hui que le soleil suffira à mes batteries ...

la vie est plus facile avec des ponts ...

sous-bois bucolique ...

même les tourbières ont droit à des petits noms

Traduction approximative : "arrête de marcher et viens voir si notre distributeur n'a pas quelque chose pour toi. Signé Bambi"

À 8h15 et alors que des grains multiples parcourent les horizons qui m'entourent, j'arrive à Gjevsjøen fjellgård, une ferme - gîte. J'y trouve un groupe de 6 randonneurs en train de prendre leur petit-déjeuner sous un barnum, et suite à ma requête d'une prise de courant ils m'invitent à me diriger vers la résidence des propriétaires. J'y toque à la porte et passe la garde d'un gros Husky affectueux dans le vestibule, et franchie la porte suivante je reçois un chaleureux accueil de la maîtresse des lieux, seule personne levée de la maisonnée. Me voilà assis à la table familiale encore vide, au plus près du 220 V !

Gjevsjøen fjellgård. Traduction approximative : prise électrique !

veau timide

Peu à peu la famille se rassemble, qui venant de l'étage, qui arrivant de l'extérieur. Ce sont leurs cousins qui tiennent la ferme, et l'été voit se réunir ici la famille dispersée entre les fermes de la région et diverses villes de Norvège. On me fait parler de mon Norge På Langs, et le hasard veut que justement, ils ont hébergé cette nuit une marcheuse sur le même itinéraire, laquelle a dormi dans l'un des bungalows voisins !

C'est ainsi que quelques instant plus tard, je vais rendre visite à Ewa (Instagram @ewachwalko), marcheuse polonaise, avec la surprise supplémentaire d'apprendre qu'elle aussi se dirige vers le Sud, partie bien avant moi du Cap Nord le 2 juin ! J'avais bien aperçu son nom dans l'un ou l'autre Hyttebok, mais comme ses commentaires étaient écrits exclusivement en polonais je n'avais pas réalisé que quelqu'un me précédait ... Nous allons dans la salle commune partager plusieurs cafés successifs, puis après avoir remercié les propriétaires, nous nous mettons en chemin de concert pour poursuivre la conversation.

Ewa !

Vu que j'ai rattrapé en 44 jours (pauses comprises) le chemin fait par Ewa en 62, l'idée est de ne marcher ensemble que quelques heures, avant qu'inévitablement je reprenne les devants. Nous avons un prochain refuge à 10 km, allons au moins jusque-là !

Nous partons de concert à 10h15, et je me suis donc arrêté 2 bonnes heures. Je suis maintenant saturé en caféine, mais au moins téléphone et powerbank ont repris bien assez de charge jusqu'à demain matin. Le sentier longe le lac sur presque 5 km, mais n'est guère aménagé : il faut rester attentif au marquage, et les sections marécageuses sont nombreuses.

Pas la même charge, pas le même rythme, mais ça nous fait du bien à tous les 2 de n'être plus seuls pour quelques kilomètres !

pour une fois qu'il y a quelqu'un pour tenir la caméra, on peut me voir marcher sans mise en scène !

au long des berges marécageuses du Gjevsjøen

Ewa marche d'un bon pas, ce qui n'a rien de surprenant quand on en est à 1600 km parcourus. Il est très agréable de rester calés sur le même rythme, et il n'y a guère que dans les sections les plus marécageuses que je prends les devants, car Ewa prétend encore essayer de ne pas se mouiller les pieds. C'est vrai qu'avec mes chaussures basses il y a longtemps que je ne me pose plus ce genre de question ...

Dans nos discussions j'apprends qu'elle est universitaire, et suivie dans son périple par ses étudiants. Son parcours est voué aux rencontres avec la culture locale, les traditions ... avec un petit côté ethnographique passionnant, et le projet de mettre tout cela en livre. Pas étonnant que j'ai pu la rattraper, vu le temps ainsi consacré aux humains sur son chemin ! Par comparaison, je me fais l'image d'un ours taciturne et pressé ... Nous avons au moins une "connaissance" en commun, puisque nous avons chacun préparé notre traversée en nous aidant en partie des récits d'Agneszka Dziadek (Instagram, Youtube), autre marcheuse polonaise infatigable qui remontait le Norge På Langs en 2022. Ewa a l'avantage de connaître sa compatriote Agneszka directement, alors que je n'en suis qu'un modeste suiveur ... et je lui ai demandé de transmettre mes remerciements !

le Gjevsjøen désormais derrière nous. NB : l'autre rive est en Suède

Après les 5 premiers km proches du lac, les 5 suivants consistent à remonter 200m D+ sur une petite colline, puis en redescendre vers le prochain lac d'Holdern. Nous y trouvons le refuge DNT d'Holdern fjellgård, couplé avec une autre ferme-gîte non loin. À 13h40 l'heure se prête bien à un arrêt déjeuner, mais si nous voulions d'abord nous contenter d'une table en extérieur, une ondée nous convainc à faire usage de l'intérieur (moyennant finance ...).

Il s'agit d'une très jolie cabine à l'ancienne, et nous y croisons Jøn, qui fait de courtes randos pour exercer sa passion de la photographie. Nous aurons droit à nous faire tirer nos portraits !

Holden fjellgård : plusieurs types d'hébergement, un peu de monde croisé

Nous ne repartons qu'à 15h15 après 1h30 de pause, et pour l'un comme pour l'autre c'est bien plus long que ce dont nous avons l'habitude. Pas trop grave pour moi qui ait commencé à marcher à 6h du matin, mais pour Ewa partie à 10h cela ne fait que 10km parcourus pour aujourd'hui. Il va falloir forcer le pas pour rallier le refuge suivant de Gaundalen ...

Nous passons devant le gîte mais, prise d'un doute sur la direction, Ewa prend la peine de demander à la famille qui est là s'il s'agit bien de la direction de Gaundalen. Ils nous indiquent le sentier qui se trouve au-dessus et que nous retournons prendre ... avant de vite constater qu'il s'agit du sentier par lequel j'aurais dû arriver si je m'en étais tenu à mon itinéraire prévisionnel, à l'opposé donc de la direction recherchée. Marche arrière, et nous repassons devant les "locaux" qui nous avaient si mal aiguillés ... Mon GPS, lui, ne ment pas ...

Après un petit kilomètre le long des rives du lac d'Holdern, nous retrouvons des pentes herbeuses et spongieuses pour la remontée d'une petite vallée sur ~300m D+.

Départ d'Holden fjellgård

Tandis qu'une petite pluie s'installe, nous ne trouvons plus de piquets de bois pour nous guider, mais des petits rubans orangés attachés aux arbres et aux buissons. Il n'y a jamais eu de chemin ici, et sur les cartes l'itinéraire consiste à suivre une ancienne ligne de télégraphe, dont les vieux poteaux ont été préventivement sciés pour qu'ils ne tombent sur personne (je sais, la probabilité eut été faible ...). Comme les petits rubans et l'alignement des moignons de poteaux se marient bien, pas de problème particulier jusqu'au col.

le long de l'ancienne ligne de télégraphie

Au col, quelqu'un y a laissé son slip. Ce n'est pas la 1ère fois depuis le Cap Nord (cf épisode 18 ) ...

Nous passons le col à 17h30, et continuons de nous laisser guider par les anciens poteaux ... à tort car nous nous retrouvons bientôt sans rien : ni anciens poteaux, ni rubans orangés. Pas grave, on poursuit au GPS pour finalement retrouver les rubans oranges plus bas dans la vallée, lesquels passaient sur l'autre versant que celui que nous avions suivi.

ahhh ... le son des gouttes de pluie sur un étang ...

La descente est plus longue que la montée, pour arriver à 19h30 et sous une nouvelle averse à la ferme-gîte de Gaundalen. Je voulais à l'origine aller plus loin, mais après 4 heures de marche continue depuis Holdern j'ai besoin a minima d'une pause, et ma motivation pour repartir immédiatement dans la montagne pour chercher un bivouac sous la pluie est minime. Ewa est du même avis, et nous allons toquer chez les propriétaires pour voir s'il est possible de prendre place au gîte ...

arrivée à Gaundalen

La ferme et le gîte sont tenus par un frère et une sœur, tous deux vaillants retraités à l'âge difficile à établir. Le prix de la location du gîte est de 400 couronnes (~35 €) par personne, et je suis un peu gêné car je n'ai plus que 200 couronnes en liquide. Qu'à cela ne tienne, je n'ai qu'à faire un virement depuis mon téléphone : on n'est pas très adepte du liquide en Norvège ! Après un peu de temps à pianoter sur mon écran tandis qu'Ewa et la patronne discutent, je demande à quelle adresse mail je peux faire envoyer la confirmation de virement (car il ne passera que d'ici 1 ou 2 jours), et on me répond "Pour quoi faire ? Vous m'avez dit que vous l'aviez fait, pas besoin d'un écrit". La société norvégienne est basée sur la confiance, et d'un certain côté ça fait chaud au cœur de ne pas avoir en permanence à prouver son honnêteté ...

Pendant la journée Ewa et moi avions discuté de nos itinéraires respectifs :
- le mien après Gaundalen me fait continuer à suivre l'E1 par des vallées plus vers l'Ouest, pour accessoirement passer au "centre géographique" de la Norvège (un bête gros cairn au milieu de rien)
- celui d'Ewa consiste à rester au plus près de la frontière suédoise, via une vallée totalement hors sentier et plus directe

J'ai maintenant soupé des trajectoires à l'azimut, mais au fil des échanges d'Ewa avec la propriétaire, et tous penchés sur une belle grande carte papier, je réalise non seulement que la trace d'Ewa est 20 km plus courte (!), mais que mon propre tracé n'est pas vraiment comme je le croyais pourvu d'un réel sentier. A choisir entre 35 km 100% hors sentier par la trace d'Ewa, ou bien 55 km à 50/50 sur la mienne, l'option d'Ewa est de loin la meilleure. Je décide là de changer mes plans, et de poursuivre encore demain avec Ewa, laquelle appréhendait cette section par définition extrêmement peu fréquentée ... Il n'empêche, moi qui croyais avoir retrouvé pour de bon hier soir du chemin bien établi, le fil des jours me fait vivre une réalité bien différente ...

En passant nous apprenons que les rubans oranges suivis cet après-midi sont un marquage préparatoire par les bénévoles du DNT, avant d'y disposer des piquets et des cairns dûment peints de rouge. La propriétaire est chargée de recueillir les impressions des marcheurs passés là, et nous pouvons lui faire la remarque que le changement de versant à effectuer au col nous avait visuellement échappé.

J'apprends également que si des français sont venus ici l'hiver dernier pour skier, c'est bien la 1ère fois que l'on en voit passer ici sur le Norge På Langs, et cela fait de nombreuses décennies que les lieux offrent le gîte ... Je commence à me convaincre que je suis peut-être le 1er ...

Pour conclure Ewa, qui tient à cuisiner autant que possible tout au long de sa traversée, achète une douzaine d'œufs de la ferme ainsi que des herbes (ciboulette, dirais-je), et j'aurai l'insigne honneur de pouvoir mettre les pieds sous la table dans la maisonnette où nous nous installons (8 couchages, séjour, salle à manger, cuisine, douche chaude , armoire de séchage ...).

Ewa à la cuisine des produits de la ferme. Royal !

à suivre ...

Notez que je ne fais pas ici l'appel des présents, mais que les petits mots des uns et des autres font bien plaisir quand même ! Déjà 3 mois de rédaction et encore 27 épisodes, j'espère que le narrateur aura autant de force que les lecteurs pour aller au bout avant le premier perce-neige (à ma fenêtre c'est tout blanc sous le soleil) ...

Vidéo #42

Yapluka · 03-12-2023 19:10:19

Bonjour Hervé, ne t'en fais pas, les suiveurs sont entraînés après autant de km à te lire. Je ne dirais quand même pas qu'on a des molets en acier comme les tiens

Dernière modification par Yapluka (03-12-2023 19:10:46)

ludof · 03-12-2023 19:21:37

C’est toujours un plaisir de te lire, même si j’avoue n’avoir pas lu l’intégralité du récit de chaque journée je prends toujours autant de plaisir à retrouver ta prose et tes photos de façon régulière

Matt81 · 03-12-2023 21:15:28

Ma lecture suit ton rythme effrénée (des kilomètres et de rédactions), mais j'ai 2 vidéos de retard
Très sympa ce partage d'un jour, ça doit bien faire plaisir que de ne pas simplement "croiser".

Bombadyl · 03-12-2023 22:50:07

Merci pour ce nouvel épisode Hervé !
Un peu de compagnie ça doit faire du bien après tant de journées de solitude (mêmes entrecoupées de quelques retrouvailles familiales).

Eric le rouge · 04-12-2023 10:05:18

Salut,
Le lecteur sait être discret parfois (euh... aussi pour ne pas avouer avoir le temps de suivre ton rythme de... récit ).

Sympa cette rencontre, et l'adaptation d'itinéraire qui te fait ralentir pour aller plus vite
Curiosité de potentiel voisin : Ewa est ethnologue de taf' ou amateure ?
Et est-ce que vous avez causé matériel, car elle dû être très intrigué par ton petit paquetage au regard du terrain partagé.

Hervé27 · 04-12-2023 11:45:45

Coucou à tous et merci du passage !

Eric le rouge a écrit :

#695127Salut,
Curiosité de potentiel voisin : Ewa est ethnologue de taf' ou amateure ?
Et est-ce que vous avez causé matériel, car elle dû être très intrigué par ton petit paquetage au regard du terrain partagé.

Salut Eric,

Pour tout savoir, son intitulé de poste est "Directrice de l’Université des sciences de l’environnement et des sciences de la vie de Wrocław" (plus ici sur son blog), et a déjà fait un périple de dimension similaire dans les Carpathes (avec un livre à la clé).

On a effectivement parlé un peu matos, mais finalement pas tant que ça. Ewa connait bien les principes MUL, mais aime bien se rassurer par un peu d'excédent de matériel pour parer à toutes les conditions.

En partant le 2 juin du Cap Nord elle a démarré en conditions hivernales, pour finir à Lindesnes le 15 septembre dans des conditions déjà très automnales. Avec mes dates (20 juin au 29 août), je me suis calé sur les conditions les plus estivales, qui me permettaient de rester au plus léger (même si j'étais moitié plus "lourd" que dans les Alpes et Pyrénées aux mêmes dates).

En terme de tempérament, là où moi je vais chercher abri ou bien me détourner dans le très mauvais temps, elle est plutôt de nature à l'affronter et à s'en tenir à l'itinéraire. Forcément, ça influe fortement sur les choix de matériel ...

Avec de plus petites étapes il lui fallait porter plus de ravitaillement, et de nature différente avec des produits frais, car elle tient à cuisiner là où je ne fais que chauffer de l'eau pour des aliments déshydratés.

Nous étions donc très différemment chargés, mais chacun était dans sa propre adéquation.

Dernière modification par Hervé27 (04-12-2023 11:47:29)

bernard_lyon · 04-12-2023 22:39:52

Salut Hervé, après 3 semaines sans te lire (Népal ! ), je viens de me rattraper en me régalant avec les épisodes que j'avais ratés. Impressionné par ton moral, et par ton abnégation à nous transmettre ce récit toujours vivant et informatif. Pas de lassitude du lecteur que je suis…

Hervé27 · 05-12-2023 14:22:12

#43 jeudi 3 août 2023
Gaundalen - Veresstua
38km +793 -867 11h00 (+pauses 1h36)
Cumul 1711km D+35900m Marche 431h

Vidéo #46

Hier avec les bons conseils des propriétaires Ewa et moi avons bien préparé notre traversée de la vallée de Stigådalen, avec quelques informations essentielles sur l'itinéraire : un pont isolé à trouver à l'azimut dans les 1ers kilomètres, un changement de versant à négocier au niveau d'un gué de la rivière, et la recommandation générale de toujours viser ensuite de marcher dans la hauteur, si possible au-dessus de la limite des arbres. Les prévisions météo ne sont pas très favorables, avec de la pluie dans la matinée, un mieux dans l'après-midi puis à nouveau du mauvais temps en soirée. Nous estimons en avoir pour 35 km si nous voulons rallier le refuge DNT suivant de l'autre côté, même si naturellement nous sommes équipés pour bivouaquer. Aucun autre abri d'aucune sorte à espérer sur la distance, mais nous devrions retrouver du sentier balisé d'abord, puis l'itinéraire de l'E1, dans les derniers kilomètres.

mon prévisionnel balisé sur l'E1 en bleu, le raccourci hors sentier d'Ewa en rouge : 20 km de moins !

Un rien de ménage après un rapide petit-déjeuner et un au-revoir à nos hôtes, et nous partons à 7h40 dans un beau rayon de soleil.

L'armoire de séchage a fait merveille, et nous pouvons repartir sans l'inconfort d'avoir à remettre des affaires humides. Nous n'en profitons cependant que quelques minutes, car le sol et les herbes sont toujours détrempés de la forte pluie d'hier soir et de la nuit : pieds et chaussettes baignent à nouveau après quelques centaines de mètres, mais on a l'habitude ...

Gaundalen, la maison jaune des propriétaires, et à gauche l'entrée du gîte

retour vers la cambrousse : on part vers la gauche de l'image (l'itinéraire "normal" est par la droite)

Nous commençons par descendre dans le fond du vallon le long du chemin agricole, pour de là traverser la zone marécageuse à la confluence des rivières du secteur. Le sol de mousses pourrissantes serait propice à s'y enfoncer, s'il n'était recouvert de grillages pour en permettre le franchissement par les engins légers (quads) de la ferme ... Nous passons une première large passerelle, avant de délibérément quitter le chemin pour aller chercher à l'azimut un pont de bois bien présent sur la carte, mais déconnecté de tout chemin. Le trajet le plus direct est ici rarement le meilleur, car il faut arrondir les parties les plus spongieuses des tourbières.

tant qu'on a du chemin et des ponts ...

C'est trois-quarts d'heure après notre départ que nous franchissons cet ultime aménagement, et commençons véritablement notre hors-sentier. Celui-ci est plus prononcé que mes expériences précédentes, car j'avais alors au moins une trace sur la carte que je pouvais utiliser en main courante. Cette fois-ci il n'en est rien, et il faut faire son chemin sur le terrain en cherchant à éviter la forêt dense tout comme les sols trop liquéfiés pour supporter notre passage. Ce n'est pas si compliqué, car au final nous avons maintenant à nous deux plus de 3000 km d'expérience cumulée sur les terrains de Norvège ... De temps à autre l'un ou l'autre fait la recommandation de serrer plus d'un côté ou de l'autre, ou bien de reprendre de la hauteur, et à force de tirer ainsi des bords la progression se fait bien.

dernier aménagement

les jeux de lumière vont se poursuivre toute la journée

aujourd'hui encore vous pourrez me voir sans trucage

Les tourbières herbagées restent le meilleur moyen de progresser en ligne droite, et nous avançons bien sous les lumières joliment contrastées du soleil qui joue entre de lourds nuages. La pluie finit par nous rattraper vers 9h30, et je suis bien content de ne pas avoir un sac aussi lourd que celui d'Ewa à poser à terre pour le couvrir d'un sursac ...

Ce n'est qu'une ondée non-violente, et elle cesse déjà quand nous redescendons la colline pour aller chercher le gué qu'on nous a indiqué sur la rivière de la Stigåa. Nous pouvons traverser des eaux calmes sans nous mouiller plus haut que les mollets, et décidons de profiter d'une belle éclaircie pour faire là une première pause. Qui sait ce que nous permettra ensuite la météo ? Un peu plus en amont il y avait de jolies cascades, mais en la matière nous sommes blasés et n'avons pas cherché à nous en rapprocher. J'offre le mocaccino mais c'est le réchaud d'Ewa qui chauffe l'eau.

la pause et son envers (j'ai l'air épuisé ...)

Le redémarrage se fait dans la pente douce d'abord, plus raide ensuite quand nous décidons d'aller toujours plus dans les hauteurs pour échapper aux bouleaux nains, ici pas plus hauts que des buissons mais qui entravent notre marche. En prenant ainsi de l'altitude nous découvrons des vues d'autant plus belles que le soleil s'est maintenant imposé, et nous sommes pleinement satisfaits de ce choix d'itinéraire. À force de nous élever nous sommes un temps juste sous le niveau de la crête arrondie, autour de 650m d'altitude (seulement ...), et l'itinéraire semble désormais simple le long de cette ligne.

Nous croisons de temps à autre des rennes solitaires, ou alors en très petits groupes. Parfois apparait au sol la double trace caractéristique d'un quad, laquelle nous sert de guide sur quelques centaines de mètres avant de diverger dans une autre direction.

Ewa dans la montagne
Cherchez le renne

Il nous faut contourner par ses flancs un petit sommet sous les 900m, et les pentes enbuissonnées à traverser vont nous être bien fatigantes. La déclivité est parfois très prononcée, et la seule aide dont nous disposons est formée par les traces du passage répétitif des rennes, nous offrant par moment l'illusion d'un sentier. Ma cheville toujours en dévers commence à souffrir malgré ma bonne chevillière, et ce passage à flanc de montagne n'est pas le meilleur souvenir de cette journée.

Après ce contournement un peu pénible et quand nous retrouvons un sol plus plan, nous faisons une pause déjeuner à proximité d'une source, afin de pouvoir repartir ensuite du bon pied. Nous retrouvons la crête arrondie, avec maintenant de belles vues vers les montagnes suédoises à notre gauche, lesquelles s'élèvent à ~1200m.

Le ciel redevient incertain, et nous pouvons voir défiler de nombreux grains qui pour l'heure nous épargnent.

Nôtre point le plus haut de la journée est atteint au petit sommet de Nordre Seterfjellet, à 782m d'altitude. Il y a là un petit cairn que nous avons pu voir de très loin, premier indice de notre retour espéré sur les sentiers.

là-bas, la Suède

C'est sur le sommet suivant, le Hitre Seterfjellet à 725m, que nous retrouvons le balisage et que je "célèbre" le cap des 1700 km.

fin (théorique) du hors sentier, et 1700 km !

D'ici une vague trace est visible au sol, et parfois un cairn nous guide, mais toujours sur le fil de la crête il n'y a guère de question à se poser sur le chemin à suivre. La carte norvégienne indiquait 2 itinéraires possibles pour descendre vers le lac de Veresvatnet maintenant visible au fond de la vallée : l'un plutôt direct mais semblant s'enfoncer dans la végétation spongieuse de la vallée, l'autre un peu plus long mais restant sur la hauteur jusqu'à rattraper la trace de l'E1. Nous choisissons cette seconde option, laquelle nous semble à l'évidence bien plus "roulante" ...

ça se gâte

Nous allons toutefois peu à peu déchanter, car la trace que nous essayons de suivre est faite d'innombrables zigzags entre des petits lacs, des ressauts rocheux et d'incessantes montées / descentes, le tout entrecoupé d'une infinité de passages boueux à affronter. C'est fatigant d'abord, épuisant ensuite ... Pour ne rien arranger, quand enfin nous retrouvons à 18h le balisage rouge de l'E1, c'est la pluie qui s'installe et ne va plus nous quitter. Elle nous ôte toute envie d'essayer d'installer un bivouac dans cet environnement défavorable dont nous cherchons à nous arracher, et nous sommes désormais focalisés sur l'idée d'atteindre le confort du refuge de Veresstua.

visuellement c'est joli, mais c'est crevant

reconnection avec l'E1

joli, mais crevant (je me répète, c'est intentionnel pour bien faire passer l'idée ...)

Juste après la reconnection à l'E1 nous doublons d'autres marcheurs avec leur chien, selon toute vraisemblance sur un circuit court vu la configuration des sacs. Ce sera la seule rencontre - éphémère - de la journée, et silencieuse au-delà du "he-hei" d'usage ...

Avec le refuge en ligne de mire, Ewa réfléchit à ce qu'elle aurait envie de cuisiner, et trouve que ce serait une bonne occasion de goûter enfin tous ces cèpes qui nous entourent depuis maintenant quelque temps. Ils se font instantanément plus rares dès lors qu'on les cherche, mais nous arriverons néanmoins à en rassembler suffisamment pour agrémenter nos assiettes, pourvu d'atteindre le refuge et ses ustensiles de cuisine ...

pour améliorer l'ordinaire

comme d'hab', les arrivées sont interminables

La pluie se fait continue dans la descente, et c'est à 19h30 que notre pénible sentier aboutit enfin sur une piste. Nous la confondons d'abord avec la route que nous visions, et commençons à l'emprunter dans le mauvais sens. Heureusement le GPS est là et nous corrigeons le tir, nous faisant ainsi mouiller un peu plus longtemps que nécessaire. Nous aurions pu emprunter la coupe du sentier entre cette piste et la route, mais nos jambes fatiguées préfèrent la simplicité de marcher à plat sur un sol non boueux ... Les randonneurs croisés un peu plus tôt ne dédaignent pas ce même raccourci, car ils rattrapent là l'avance que nous avions pris sur eux et arrivent en même temps que nous au parking où leur voiture les attend.

Il nous reste 3 km à marcher sous la pluie et sur la route en bord de lac, où sont installées de multiples cabines ainsi qu'un centre de vacances. C'est la 1ère fois qu'un refuge DNT où je veux faire halte se trouve à proximité d'une route dans un lieu (très modérément) touristique, et nous nous demandons s'il ne va pas être déjà bien occupé, d'autant que nous arrivons tard. Il est bien signalisé et fléché depuis le bord de la route, et nous sommes presque surpris de le trouver avec son cadenas bien en place.

La cabine est peut-être la mieux équipée de toutes celles croisées jusqu'à présent : en plus de tout le confort habituel offert pour le séjour, la cuisine et le couchage, le bâtiment est raccordé au réseau électrique et peut ainsi offrir une pièce de séchage. Comme la plupart des cabines norvégiennes elle n'a pas l'eau courante, et il faut aller en chercher à une pompe ... que je trouve cassée et inopérante ! Je vais déambuler dans le périmètre jusqu'à trouver le ruisseau pour y remplir le seau en inox du refuge, et je préviens Ewa qu'il peut être prudent filtrer l'eau un peu teintée, mais elle ne voit pas de raison de s'inquiéter de quelques tanins. Depuis le temps que nous arpentons la Norvège, nous avons largement eu le temps soit d'être malades (ça n'a pas été le cas), soit de nous habituer ...

Ce n'est cependant pas tout : pour la 1ère fois sur le parcours, Ewa et moi trouvons ici un service d'épicerie en libre-service, sous la forme d'un cellier bien rempli de produits en tout genre. Nous y trouvons des conserves, des chips, des biscuits, des soupes, de quoi faire des boissons chaudes, des desserts, des pains Wasa etc. Etonnamment, alors que je m'attendais à des tarifs prohibitifs pour disposer de quelques maigres snacks, les produits ne semblent pas plus chers que dans une supérette ... Ce soir nous nous y offrons des pâtes carbonara, accompagnés des champignons qu'Ewa fait rissoler dans une poêle, et en dessert une salade de fruits en conserve.

MUL satisfait (j'ai depuis dûment repris mes 10 kg, je vous rassure)

Avec 38 km et un peu de dénivelé c'est une très grosse journée pour Ewa, un peu moins pour moi mais je n'en suis pas moins crevé. L'arrivée de la pluie en fin d'après-midi nous a privé d'une pause, nous faisant marcher plus de 5 heures en continu jusqu'à l'arrivée au refuge passé 20h.

Il y a du réseau et je peux recontacter la famille. L'idée était d'abord qu'elles me récupèrent avec la voiture quelque part sur mon trajet à partir d'ici pour aller passer un jour zéro là où nous pourrions trouver un hébergement, mais je vois alors que le prochain refuge DNT, à seulement 1/2 journée de marche d'ici, est également proche d'une route. Nous y programmons pour demain les ultimes retrouvailles, et je pourrai ainsi leur faire découvrir un peu de la vie en "hytta". Elles sont aussi accessoirement chargées de procéder à mon ravitaillement, et je ferai alors mes ultimes ajustement matériels pour les dernières semaines de la traversée.

à suivre ...

@bernard_lyon : flatté de voir que de retour de l'Himalaya, tu te lances derechef dans le rattrapage du feuilleton !

Il n'était pas forcément judicieux que je m'en tienne à mon format de récit à épisode quotidien pour raconter cette traversée. Si c'est le mode qui me permet le mieux de transcrire l'histoire singulière de chaque journée, c'est horriblement chronophage sur une balade de cette longueur...
Je suis face à un dilemme :
- soit j'espace les épisodes pour me donner du temps, au risque de laisser la mémoire s'effacer d'une part, de n'en avoir pas fini d'ici ma prochaine virée d'autre part ...
- soit je resserre la cadence (et je ne peux pas faire plus vite qu'un épisode tous les 2 jours), au risque d'assommer le public ... Le visionnage toujours plus confidentiel de mes vidéos montre que beaucoup ont abandonné en route, et je ne peux pas leur en vouloir . En revanche ceux qui restent sont visiblement des accros, merci à eux
Il faudra peut-être que j'envisage d'autres formats pour de prochains périples, mais pour l'heure la priorité est de finir ce récit sans le bâcler ...

Vidéo #46

Magne2 · 05-12-2023 15:44:57

Perso je ne lis que le récit,faute de temps pour regarder les vidéos

ASM · 05-12-2023 15:53:53

Finalement, les 10km se prolonge ... et j'apprécie beaucoup cette rencontre entre passionnés à la 'démarche' un peu différente.
Ça prouve, si c'était nécessaire, qu'il n'y a pas UNE façon de randonner à laquelle nous devrions tous adhérer
Ta rencontre avec EWA et ce que tu nous en racontes est vraiment instructive et très chouette.
Un grand merci pour ce partage.

Sinon, comme Magne2, je reste sur les récits écrits.

Javah · 05-12-2023 16:21:50

Salut Hervé!

Un petit mot pour te donner du courage pour la suite, et pour ma part n'aie pas peur de m'assommer en resserrant la cadence Je n'ai malheureusement pas le temps de regarder toutes tes vidéos mais me régale en lisant chaque épisode de ton récit. Encore merci!

FrancoiseB38 · 05-12-2023 16:23:41

hello Hervé
je suis les vidéos mais même si elles n'existaient pas tes talents de conteur et les photos seraient suffisants ! merci pour ce partage !

Schum · 05-12-2023 19:05:55

Javah a écrit :

#695201(...) et pour ma part n'aie pas peur de m'assommer en resserrant la cadence (...)

Pareil pour moi
De mon côté je lis plus que je ne regarde les vidéo, mais je jette un œil de temps en temps sur le tube quand même. Courage Hervé, et surtout (et encore) merci pour le partage de tes aventures

Hervé27 · 05-12-2023 22:28:08

Coucou à tous ,

Je trouve qu'il y a un sujet intéressant dans les échanges qui précèdent, et je l'ai ouvert ici : "le sens du récit"

RDV là-bas pour poursuivre la discussion !

Nicolas36 · 05-12-2023 22:40:55

En dehors des premières journées où tu étais accompagné, tu as parcouru de longues distances chaque journée. J'avais la sensation en te lisant que tu t'épuisais depuis quelques temps.
J'ai l'impression que cette rencontre a été un prétexte pour ralentir et changer, temporairement, de mode de randonnée, et que tu en avais besoin. Je me trompe ?

Hervé27 · 05-12-2023 23:30:57

Nicolas36 a écrit :

#695228En dehors des premières journées où tu étais accompagné, tu as parcouru de longues distances chaque journée. J'avais la sensation en te lisant que tu t'épuisais depuis quelques temps.
J'ai l'impression que cette rencontre a été un prétexte pour ralentir et changer, temporairement, de mode de randonnée, et que tu en avais besoin. Je me trompe ?

Salut Nicolas

La réponse est oui et non ...

Oui, j'en avais besoin : l'opportunité de momentanément changer de rythme, de marcher de concert avec quelqu'un d'autre, de se resocialiser après de longs épisodes de solitude est forcément bienvenue. Cela apporte du changement, de la variété, de l'humain ... Je peux alors ré-émerger d'un enfermement sur moi-même. Ce sont des occasions qu'il ne faut pas laisser passer ou gâcher pour une question de timing.

Non, parce que ce n'est pas l'inévitable fatigue qui fait que la rencontre est la bienvenue, parce qu'en réalité mon mode de randonnée personnel est justement d'aller jusqu'à une forme d'épuisement pour y trouver de la satisfaction. D'ailleurs sur cette étape de 38 km & 11 heures de marche hors sentiers avec Ewa, nous n'avons pas particulièrement ralenti ...

Le fait d'aller chercher mes limites quand je marche seul me permet d'avoir un peu plus de temps à sacrifier aux (rares) rencontres avec des marcheurs que je peux accompagner. Le temps est une denrée précieuse sur un long itinéraire : je le thésaurise en prenant de l'avance quand je suis seul, pour en avoir un peu à dépenser quand il y a des moments à partager.

foxof · 06-12-2023 00:19:23

Coucou Hervé!

Moi, j'ai pas mal de temps libre en ce moment, donc plus tu publies, plus je me régale

En revanche, la fatigue de devoir écrire ne mérite-t-elle pas, au même titre que le J zéro en randonnée, une petite pause dans l'écriture?

Par exemple, au lieu de publier tous les 2 jours, tu fais une exception, le temps de recharger les batteries et tu publies en laissant 4 jours OFF, pendant lesquels tu fais tout sauf ça.
Comme lors du jour zéro, ou tu fais tout, sauf randonner

Dans tous les cas, je lis avec grand plaisir ton récit.

Pour les vidéos, je les trouve personnellement très qualitative, mais assez peu informatives en comparaison de l'écrit.
Mais ne te fies pas au nombre de vue seulement pour juger de la qualité de tes vidéos, ce sont les seules que je regardes en "vidéo de randonnée". Entre l'utilisation des drônes, les personnes qui se filment plus qu'ils ne filment les paysages, les musiques continues et un peu lourdingues pendant certaines vidéos, je trouve ton format très épuré, naturel, brut. Moi ça me convient tout à fait.

Après, il y a une part de subjectivité, forcément...

Hervé27 · 06-12-2023 09:56:55

Salut foxof,

Intéressantes remarques, j'y apporte mon grain de sel dans le fil "le sens du récit"

perneto · 06-12-2023 12:05:27

J'apprécie aussi beaucoup les épisodes écrits pour chaque jour, mais comme d'autres je n'ai pas assez de temps pour les vidéos correspondantes.

Peut-être pourrais-tu t'éviter du travail, et aussi toucher un public plus large, si tu te limitais à des vidéos couvrant une semaine entière?

Hervé27 · 07-12-2023 11:08:19

perneto a écrit :

#695247J'apprécie aussi beaucoup les épisodes écrits pour chaque jour, mais comme d'autres je n'ai pas assez de temps pour les vidéos correspondantes.
Peut-être pourrais-tu t'éviter du travail, et aussi toucher un public plus large, si tu te limitais à des vidéos couvrant une semaine entière?

Là aussi très bonne remarque, et j'y apporte réponse dans "le sens du récit"

Quand l'édition des épisodes quotidiens sera achevée, je n'exclus pas de monter une vidéo longue (~1h) pour retracer l'ensemble de la traversée.

Hervé27 · 07-12-2023 14:47:38

#44 vendredi 4 août 2023
Veresstua - Bellingstua
16 km +297 -177 3h51 (+pauses 1h01)
Cumul 1727km D+36200m Marche 435h

Vidéo #44

Nuit et digestion confortable au refuge de Veresstua après les agapes d'hier soir. Je n'ai qu'une petite 1/2 journée de marche programmée pour ce matin, puisqu'il est prévu que ma petite famille me rejoigne au refuge suivant de Bellingstua, à seulement une quinzaine de kilomètres d'ici et où j'entends séjourner 24h pour un nouveau repos partagé. Elles n'y seront pas avant le début d'après-midi compte-tenu des courses à faire et du temps de route, donc nul besoin de me presser ce matin. Pour Ewa, après ce qui était hier pour elle un trop gros kilométrage, un départ un peu décalé n'est pas non plus pour faire de mal ... Il est donc presque 9h quand nous quittons le refuge sans nous presser, sous un ciel encore une fois chargé et quelques gouttes de pluie.

Veresstua

Avant toute chose nous devons trouver où il est possible de nous délester des boîtes de conserves vides consommées hier soir, et pour ce faire nous allons revenir un peu sur nos pas de la veille pour aller faire usage des conteneurs du gîte / centre de vacances voisin ...

Opération tri sélectif

La route de graviers dure encore 2 petits kilomètres à bonne distance de la rive du Veresvatnet, avant de se terminer par un petit parking à l'orée de la forêt et au bord d'un petit lac secondaire, forêt dans laquelle s'enfoncent 2 sentiers distincts. Même si un seul des deux fait l'objet d'une signalisation de randonnée, nous prenons quelques instants pour nous assurer qu'il s'agit bien là de notre direction ...

spot de pause probablement agréable si c'était le moment

quelques vérifications d'usage avant de s'engager

Nous nous engageons par un très bon chemin dans la forêt dense, passant même à quelques dizaines de mètres du lac de Veresvatnet sans rien en voir tant la végétation est épaisse. C'est dès l'abord un chemin de bien meilleure facture que celui de notre arrivée d'hier soir.

La section plate et boisée est néanmoins de courte durée, et après moins d'1 km nous attaquons la remontée dans les collines, émergeant vite dans les pentes évidemment spongieuses. Nous bénéficions cependant d'un balisage irréprochable, fait de piquets de bois à l'extrémité peinte en rouge, lesquels émergent de façon évidente tous les ~50m de la végétation basse.

une promenade dans un parc

quelques allures de jungle

retour à notre environnement usuel

Evidemment, à retrouver les sols de mousse gorgée d'eau, les chaussures séchées au refuge renouent vite avec leur état détrempé usuel ... Rien de comparable cependant avec hier soir, car nous ne retrouvons pas tous les creux, bosses et mares de boue dans lesquels nous avions longuement galéré. Les pentes sont régulières, et mis à part le splouitch-splouitch régulier à chaque foulée, il suffit de nous laisser porter par nos pas. En arrière le Veresvatnet est à peine visible, noyé dans le passage des grains.

Nous sommes cependant plutôt épargnés par la pluie dans cette section de douces collines verdoyantes, où les lacs de toutes tailles viennent se nicher dans les creux évasés. Quand le soleil fait mine de donner nous avons vite chaud dans le petit effort de la montée, mais il y a toujours le retour d'une ondée pour nous dissuader de reconfigurer nos tenues.

Marécages pentus. Il y a tellement d'eau et de mousses pour la retenir que même les pentes ne suffisent pas à son drainage ...

toute cette eau descend lentement vers les lacs qui occupent chaque dépression

Proches du point le plus haut de notre traversée de ces collines (~560m) il semble bien que le temps va se gâter, et nous pressons le pas pour atteindre un petit abri mentionné par nos cartes et signalé par le balisage. Nous trouvons là un beau gammu bien isolé, mais à l'intérieur très rustique fait de terre battue sur laquelle une bâche plastique est étalée. Il y a là un vieux poêle un peu déglingué mais probablement fonctionnel, et une petite planche posée sur 2 rondins en guise de petit banc pour s'asseoir.

Nous nous posons là une petite heure pour une pause déjeuner un peu anticipée, la dernière que je fais avec Ewa puisque nos chemins vont se séparer dans une poignée de kilomètres.

ça se gâte

à l'abri pour déjeuner

Ewa est encore là, ce qui vous permet de me voir en pleine action de documentation filmée

Nous repartons à midi avec le même régime de petite pluie intermittente, avec désormais peu de changements d'altitude au long de ce grand plateau. Le sentier ne cesse de s'améliorer, avec maintenant la présence systématique de planches pour nous faciliter la progression au long des zones marécageuses. Tout ce travail est très récent, car les planches ont encore l'aspect neuf des rayonnages d'une grande surface de matériaux de bricolage, certaines arborant encore leurs étiquettes !

les norvégiens se ramollissent, mais il est vrai que la Suède n'est qu'à 3 km (les suédois sont les champions des pontons !)

Entre ces aménagements et les défilés d'averses qui n'invitent pas à la flânerie, nous marchons d'un bon pas et avançons vite vers la fin de ces 3 journées de marche partagée. Bientôt commencent à apparaître des cabines émergeant de la forêt au bord des lacs, avant qu'à 13h30 nos pas ne touchent le bitume de la route par laquelle femme et enfant vont bientôt m'arriver. Nous aurions pu poursuivre par le sentier, mais nous avons l'un comme l'autre privilégié la rapidité du bord de route pour avaler le dernier kilomètre. En passant, cela me permet de faire le repérage des possibilités de se garer pour la voiture familiale.

on aperçoit les cabines disséminées dans la forêt

Ewa et moi nous disons ici au-revoir, et d'ici je vais lui redonner une pleine journée d'avance puisque je prévois de ne repartir que demain après le déjeuner, quand mon épouse et notre fille repartirons de leur côté pour le long voyage de retour en voiture vers l'Alsace. Ewa a tracé d'ici un itinéraire exclusivement norvégien via la bourgade de Meråker où elle devrait passer demain pour ravitailler, au prix de pas mal de distance à faire sur des routes de gravier. Pour ma part j'envisage un itinéraire plus "sauvage", m'emmenant par une courte incursion suédoise vers la station frontalière de Storlien. Il est donc très probable que, du fait de ces itinéraires différents, je ne recroise plus Ewa. Il y a déjà ici des considérations météo qui rentrent en ligne de compte, mais j'aurai amplement le temps d'y revenir dans les épisodes suivants ...

retour au bitume, Ewa s'en va !

Au bord de la route un panneau DNT indique bien le refuge de Bellingstua, à seulement 200m de l'asphalte et accessible par un bon sentier excellement aménagé et gravillonné. La cabine est un peu vieillotte mais très agréable, et je m'y installe seul puisque je le trouve encore cadenassé.

Un moment plus tard je vais cependant être rejoint par un randonneur norvégien, prénommé Arvit, avec qui nous partagerons de très bons moments entre aujourd'hui et demain matin. Il a fait une partie de ses études en France, et est trop heureux de pouvoir renouer ici avec son français qu'il parle excellement bien, exigeant même que nous n'utilisions pas d'autre langue ! C'est un érudit historien local et écrivain, nos échanges seront passionnants, me permettant entre autres choses de mieux comprendre les enjeux autour de la langue en Norvège. Il défend particulièrement le Nynorsk (le "Nouveau Norvégien"), langue dans laquelle il a rédigé 11 des ses 14 (!) livres, par opposition au Bokmål (je fâcherai Arvit en traduisant par "littéraire") qui a tendance à prendre le dessus dans la pratique linguistique courante. Tout cela est né de la nécessité de réhabiliter les langues norvégiennes face à l'utilisation administrative et officielle du Danois puis du Suédois, selon l'époque et la tutelle sous laquelle était le pays ... Entre ces 2 langues formalisées (Nynorsk et Bokmål), il faut ajouter tous les parlers locaux, qui font qu'il existe tout un art norvégien de sélectionner le mode d'expression le mieux adapté à l'identité de l'interlocuteur comme au sujet de la conversation ... Dans le temps de ma préparation, cette découverte qu'il n'existe pas une unique langue norvégienne officielle m'avait bien étonné. Je n'oublie évidemment pas non plus les langues Sames, au nombre d'une dizaine différentes utilisées entre Norvège, Suède, Finlande et Russie ...

Bellingstua

C'est sous la pluie que mon épouse et ma fille arriveront au milieu de l'après-midi, après avoir garé la voiture un parking trop tôt et un long détour à pied par des chemins bordés de marécages. Le véhicule repositionné, nous pourrons plus facilement le vider de son contenu fait essentiellement de victuailles (j'avais pu préalablement confirmer qu'il y aurait tout le nécessaire pour cuisiner !).

C'est donc en famille que nous goûtons ce soir aux plaisirs de la vie en "hytta"

à suivre ...

Vidéo #44

Dernière modification par Hervé27 (07-12-2023 15:19:59)

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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#376 01-12-2023 22:19:55

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#377 01-12-2023 23:00:42

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#378 02-12-2023 00:05:01

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#379 03-12-2023 17:38:02

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Vidéo #42

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#380 03-12-2023 19:10:19

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#381 03-12-2023 19:21:37

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#382 03-12-2023 21:15:28

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#383 03-12-2023 22:50:07

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#384 04-12-2023 10:05:18

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#385 04-12-2023 11:45:45

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#386 04-12-2023 22:39:52

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#387 05-12-2023 14:22:12

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Vidéo #46

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#388 05-12-2023 15:44:57

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#389 05-12-2023 15:53:53

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#390 05-12-2023 16:21:50

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#391 05-12-2023 16:23:41

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#392 05-12-2023 19:05:55

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#393 05-12-2023 22:28:08

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#394 05-12-2023 22:40:55

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#395 05-12-2023 23:30:57

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#396 06-12-2023 00:19:23

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#397 06-12-2023 09:56:55

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#398 06-12-2023 12:05:27

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#399 07-12-2023 11:08:19

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#400 07-12-2023 14:47:38

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#44 vendredi 4 août 2023Veresstua - Bellingstua16 km +297 -177 3h51 (+pauses 1h01)Cumul 1727km D+36200m Marche 435h

Vidéo #44

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Vaalta - Gaundalen fjellgård
36km +732 -940 9h47 (+pauses 3h39)
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#43 jeudi 3 août 2023
Gaundalen - Veresstua
38km +793 -867 11h00 (+pauses 1h36)
Cumul 1711km D+35900m Marche 431h

#44 vendredi 4 août 2023
Veresstua - Bellingstua
16 km +297 -177 3h51 (+pauses 1h01)
Cumul 1727km D+36200m Marche 435h