Table des matières

Le concept

Qu'est-ce que randonner léger ?

Il s'agit d'un concept assez flou qui pourrait se résumer par adapter intelligemment .

Quelle est la limite entre un sac lourd et un sac léger ? Impossible à définir. Entre un sac léger et un sac hyper-léger ? Peu importe. Ca dépend de chacun. Certains prennent des sacs de 5kg pendant 6 mois à travers l'Himalaya, d'autres 15kg pour un week-end.

L'essentiel est d'adapter le concept à sa façon d'être et de randonner. Certains sont douillets ou gastronomes, d'autres très portés sur leur l'hygiène ou bien frileux . Parfois on randonne avec des enfants ou des débutants et alors la marge de manœuvre est plus étroite.

C'est pourquoi le contenu de notre sac à dos à la rubrique matériel n'est qu'un exemple. Vous y puiserez éventuellement quelques idées.

Est-ce que c'est nouveau ?

Au risque de vous décevoir: non ! Depuis toujours les bergers se déplacent avec trois fois rien, John Muir a exploré les rocheuses avec une couverture, une gamelle et un sac de pain et nous, randonneurs, faisons presque tous attention au poids de notre sac (voir l'histoire de l'équipement léger d'escalade et de randonnée). …Alors, quoi de neuf en fait?

La nouveauté, c'est peut-être une sorte de mélange entre haute technologie et simplicité d'autrefois, retour à l'essentiel. Le marché actuel nous inonde d'articles de randonnée gadgets, mais aussi de produits hi-tech qui sont vraiment un plus par rapport au passé. Le but est d'éliminer le superflu et de retrouver la simplicité du passé, tout en profitant des évolutions des matériaux et de la technologie d'aujourd'hui…

Et éviter ainsi de se retrouver avec un sac de 20 kg plein de produits hyper-légers !

Qu'est-ce qui nous a amené à randonner léger ?

Posez vous la question: qu'est-ce qu'on trouve en général le plus pénible en rando ?

Notre réponse a été: porter les sacs (nous portions à l'époque des sacs de 15 à 20kg pour quelques jours d'autonomie). Ce n'était donc ni l'inconfort des bivouacs, ni le froid du matin, ni la mal bouffe, mais le poids des sacs et les inconvénients qui vont avec.

Pour certains même, porter un sac lourd c'est normal ou bien ça fait même parti du plaisir…

Normal de porter un sac lourd ? Dans certains cas oui: enfants, longue autonomie (>15 jours), alpinisme engagé, etc, dans beaucoup d'autres (dont le notre) non !

Plaisir de porter un sac lourd ? Plaisir de l'effort, du dépassement de soi pourquoi pas. Mais en rando légère on préfère se dépenser pour découvrir de nouveaux panoramas que pour porter le sac.

Pour d'autres “on s'y fait” à porter des sacs lourds et quand ils sont bien conçus, ça ne pose pas de problème. Oui on s'y fait, c'est ce qui rend difficile de tout remettre en question, mais pensez à vos vieux jours, à vos genoux, hanches et dos (voir le paragraphe Sécurité) . Et puis je vous assure qu'on s'est habitué aux sacs légers beaucoup plus facilement et sans regrets !

Qu'est-ce que ça change ?

Plus de liberté et plus de plaisir à randonner. Prenez un instant et imaginez partir dans la liberté la plus totale (en autonomie) avec simplement un sac de pique nique sur le dos… Plus léger, on devient plus libre de ses mouvements, mobile, plus disponible pour les autres et plus attentifs aux paysages. On peut aussi aller plus loin et plus en sécurité .

Qu'est-ce qu'on perd ? Moins qu'on y gagne !

En général, la plupart des inconvénients ne représentent plus grand chose une fois qu'on a goûté au confort de marche qu'apporte un sac léger.

“Mais s'il neige ou s'il pleut pendant trois jours, si la température descend à -10°C?”.

Si des conditions pourries sont annoncées, on évite en général d'aller en montagne. Si plusieurs jours de pluie nous tombent dessus sans prévenir, le fait d'avoir à se changer dans l'abri, vivre dedans au bivouac sera pénible. Je crois qu'on préférerait redescendre ou trouver une cabane pour y attendre une amélioration. De toute façon la rando n'aurait pas été un réel plaisir quel que soit l'équipement, non?

La neige? Les bâtons de rando faisant office d'armature, l'abri a résisté sans problème à 50cm de chute de neige cet hiver (photos). Quand à poursuivre la rando sur un sol enneigé, vu les risques de dérapage, mieux vaut avoir un sac léger! Si un grand froid arrive ←5°C, à moins de s'enfiler dans le sac de couchage dès qu'on s'arrête ou de pas s'arrêter (!), il faudra redescendre.

Mais comptez dans quel pourcentage de vos randos un mauvais temps de ce type vous est tombé dessus… En résumé on préfère avoir à redescendre lors de conditions exceptionnelles et profiter d'un confort de marche 99% du temps.

Comment faire ?

Deux façons: soit changer radicalement le contenu du sac comme nous l'avons fait, soit procéder par étapes en modifiant un à un les éléments du sac.

Et n'oubliez pas de venir demander conseil dans le forum !

Une balance assez précise peut aussi être utile à se rendre compte du vrai poids des choses (aie!).

Restez critique et ne tenez jamais rien pour acquis définitivement. Remettre en question chaque objet au fur et à mesure que l'on acquiert de l'expérience, sans brûler les étapes. Faites confiance à vos expériences, mais ne les exagérez pas: si un vieux crapahuteur vous dis qu'il faut un piolet pour passer les névés, ne concluez pas dès la première rando que c'est faux parce que vous n'en avez pas eu besoin sur les deux névés peu pentus que vous avez empruntés…

Raisonnez en pourcentage : 50% de gagné sur un objet de 200g, ça fait pas beaucoup, mais en répétant le raisonnement sur chaque objet, là ça compte !

Les 3 éléments les plus lourds sont: tente, sac de couchage et sac à dos. Commencez par les deux premiers, choisissez le sac en dernier.

On commence souvent par entendre dire: “il faut un sac de 60L pour plusieurs jours de rando en autonomie”… Tout d'abord, non cette simplification n'a pas lieu d'être (même si elle facilite le travail de beaucoup de vendeurs). Le volume à choisir dépend de chacun. Ensuite c'est tout l'inverse qu'il faut faire: choisir le sac à dos en dernier et trouver le plus petit dans lequel tout rentre et dont le confort est adapté à vous et à la charge.

Sinon vous ferez la même erreur que nous: on achète des sacs de 60/70L, légers bien sûr (2.1kg au lieu de l'autre à 2.3kg). Puis on remplit ce sac de 60/70L uniquement avec du matos léger (bien sûr): le matelas gonflable “léger”, l'oreiller “léger”, le thermos “léger”, 2 ou 3 T-shirt “légers”, la tente igloo “légère” (2.1kg ou lieu de 2.5kg), etc.

Le problème c'est qu'une fois le sac choisit, on finit toujours par le remplir ! Choisissez le sac en dernier, une fois que vous savez en gros quoi mettre dedans.

Enfin, vous pouvez vous inspirez de notre liste pour la HRP !

"C'est cher"

A vous de voir. On trouve toutes les gammes de prix dans le commerce et la bricole permet d'économiser beaucoup.

Ca fait déjà beaucoup moins cher: entre 180 et 450 euros de différence!

Seul le sac de couchage en duvet est cher et nécessaire pour réduire vraiment poids et volume. Mais avec les sous économisés sur le reste, vous pourriez vous offrir un sac de couchage d'excellente qualité !

Sécurité

La sécurité en montagne est un des points essentiels, mais le fait d'avoir ou pas tel ou tel matériel n'est qu'une petite partie de l'aspect sécurité.

Parlons concret: voici deux exemples.

L'important ce n'est pas ce que l'on a ou pas, c'est ce que l'on sait faire avec ou sans.

Randonner léger c'est adapter.

Des gens sont morts (en Corse notamment) parce que ils ont pris tout le matériel qui “devait les aider” à s'en sortir en cas de problème, sans avoir appris à bien l'utiliser. Beaucoup font l'erreur de partir, se disant “c'est bon on a tout ce qu'il faut pour …” en résumant ça au matériel : et l'expérience du bonhomme alors ? Sans ce matériel certains accidentés auraient probablement eu la sagesse d'attendre. Donc dire qu'il faut un piolet pour aller marcher sur névés pentus: oui ! Mais si on sait pas s'en servir on n'est pas moins fautif que celui qui l'a “oublié”.

Être sous équipé est dangereux, c'est clair. Mais on oublie souvent qu'être suréquipé est dangereux aussi ! Prendre le matériel le plus costaud ou le plus chaud et donc souvent le plus lourd n'est pas non plus forcément sécuritaire. L'entorse de la cheville et la chute sont probablement les accidents les plus courants en montagne et souvent lourds de conséquences. Pensez vous qu'on a plus de chances de se fouler la cheville ou de tomber en portant un sac de 20kg ou un sac de 8kg ? Un déséquilibre est rattrapé beaucoup plus facilement sac léger au dos.

D'autre part être léger rend plus mobile, c'est un autre élément de sécurité très important.

Enfin, parlez-en à votre médecin. Vous verrez que la marche avec un sac lourd est une pratique à haut risque pour vos articulations (dos, genoux). Pas de problèmes diront certains: “mon sac à dos est de super qualité, son portage est excellent et mes chaussures ont un super amorti”. Ok, bien sûr. Maintenant prenez les mêmes chaussures et le même sac à dos mais avec 10kg d'équipement en moins dedans, mieux, non ?

Bien sûr par delà toutes ces considérations d'autres points concernent la sécurité, ils sont peut-être les plus importants: se renseigner sur la météo avant et pendant la rando, connaître ses capacités et ses limites physiques ainsi que mentales.

A quoi ça sert de courir ?

On nous le demande souvent. “Vous manquez tout… paysages, etc” .

Qui a parlé de courir? Le but initial de ces sacs est de nous soulager le dos, ensuite on s'aperçoit que cela nous permet de marcher plus longtemps dans la journée: continuer 3 ou 4h ou faire un sommet, atteindre une cabane, longer la rivière ou… fêter l'arrivée bien sûr ! Alors qu'avec les gros sacs on était souvent cassés en début d'après-midi après 7 ou 8h de marche.

Maintenant s'il faut se dépêcher ou si l'envie nous prend, oui ce type de sac permet d'aller très vite mais ce n'est pas le but recherché.