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#26 29-09-2015 22:19:13

enrico
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Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J12 : Lundi 06/07/15
Du bivouac aux Oulettes du Vignemale (2150m), près du refuge des Oulettes de Gaube, par la Hourquette d'Ossoue et le Grand Vignemale, jusqu'au bivouac près de la cabane de Sausse Dessus.
Estimation par openrunner : 24 km, D+ 1690, D- 1820

Le parcours de J12

Comme d'habitude, lever entre 5h et 5h15, départ en plein jour entre 6h et 6h15. Montée à la Hourquette d'Ossoue avec le spectacle du lever de soleil qui illumine de teintes dorées les rochers du Vignemale smile. Le breton me rejoint et passe devant.

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Le Grand Vignemale prend de belles couleurs au petit matin

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Le rocher commence à blanchir au soleil

En passant au refuge de Beysselance, je laisse le plus gros du contenu de mon sac à dos dans des paniers et descends jusqu'au chemin à flanc permettant de traverser jusqu'à la base du glacier d'Ossoue.

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La lune est toujours là à l'approche du glacier d'Ossoue

Le temps est au beau fixe, avec beaucoup de vent en altitude, comme d'habitude. Les crampons sont utiles sur le glacier, mais plus pour se stabiliser et éviter de progresser avec un pas en avant, deux en arrière, que pour des réels problèmes de sécurité. D'ailleurs, aucune des personnes que j'ai vu sur ce glacier n'avait mis les crampons à la descente cool. Je ferai de même. Je passe jeter un coup d'oeil à la brêche de Gaube, avant de monter à Pique Longue où ça souffle pas mal.

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Au sommet de Pique Longue

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Vue sur le glacier au-dessous, avec ces rochers rouge fauve en premier plan

Je ne suivrai pas ensuite le circuit emprunté par presque tous ceux qui sont montés là-haut, lesquels, une fois redescendus de Pique Longue, font la tournée de tous les petits sommets qui entourent ce plateau glaciaire, non sans être passés sous les grottes Russel. Il paraît que ce sont des « 3000 ». Ah bon, des 3000 ! Et alors ? Je me contente de regarder et d'admirer, avant de redescendre directement de Pique Longue vers le bas du glacier.

Cent cinquante mètres à remonter pour aller récupérer mes affaires au refuge de Beysselance où je mange une assiette de charcuterie cool. Puis c'est la longue et belle descente en direction de Gavarnie smile.

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En descendant vers le barrage d'Ossoue

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Les moutons font les malins sur la neige pour se faire prendre en photo par tous ceux qui passent lol

Arrivé au barrage d'Ossoue, je me fais une petite place à l'ombre de la cabane du même nom, parmi les randonneurs qui squattent l'endroit, juste pour me soustraire cinq minutes à la torpeur ambiante tongue. Puis, je bifurque sur le GR10 et monte jusqu'à la cabane de Lourdes. L'endroit est superbe, notamment le torrent avec des belles cuvettes d'eau claire pour se baigner, mais les cuvettes sont pleines de monde, et la cabane aussi, d'après ce que je peux voir depuis le sentier. Je continue jusqu'à la cabane de Sausse-dessus, mais elle est fermée. Non loin de là en m'enfonçant dans la vallée, je m'installe pour la nuit, seul, un peu à l'écart du torrent. Une fois posé, je vais voir tout au fond de cette vallée de Sausse-Dessus. Il n'y a personne et au bout de ce chemin sans issue, je profite d'un magnifique panorama sauvage et austère sur les parois du Pic de Gabiet et du Soum Blanc des Espécières  smile.


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

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#27 29-09-2015 23:00:40

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J13 : Mardi 07/07/15
Du bivouac près de la cabane de Sausse Dessus, par la brèche de Roland, jusqu'au bivouac à l'étang glacé (sous le Mont Perdu).
Estimation par openrunner : 17 km, D+ 1750, D- 840

Le parcours de J13 (début)
Le parcours de J13 (fin)

Depuis mon arrivée à ce bivouac, je cherchais une sente pour passer de l'autre côté du Pic de Saint-André, vers le port Boucharo. En fait, je ne tiens pas spécialement à passer par Gavarnie. Il y a bien, plus haut, quelques petits morceaux de sente visibles sur la carte, mais je ne trouve pas l'accès depuis le bas hmm. Finalement, je décide de me trouver un passage en attaquant pas le nord, sur des pentes pas très raides cool. D'abord une sente jusqu'à un piton rocheux à 1958 m. Puis je monte hors sentier en contournant la Montagnette par son versant Est wink. Je redescend  dans une vaste et belle cuvette et remonte au col de Lary. De là, je m'aperçois, en regardant le plateau de St-Jean au-dessous, que je suis beaucoup trop au sud hmm. L'autre alternative, je me dis, au lieu de monter à ce col de Lary bien tentant, aurait été, depuis cette cuvette, de poursuivre vers le sud en remontant un couloir évident à l'Ouest du pic des Ligader, pour accéder à un sentier de crête vers le Pic de St-André, et pouvoir redescendre sur le col des Espécières, puis sur le Port de Boucharo. Tout ceci étant plus compliqué et au prix de plus de dénivelé. Bref, je ne suis pas certain d'avoir fait le mauvais choix cool. Je réussis quand même à trouver des sentes pour descendre en balcon vers le sud jusqu'au point 2126m, en bas de la dernière montée de la route vers le col de Tente cool.

Comme le soleil tape fort, je lève le pouce et une petite famille dans un camping-car se charge de me monter jusque là cool. Et voilà un deuxième petit accroc à ma traversée à pieds des Pyrénées lol !

Ensuite, je prends la piste jusqu'au col Boucharo, puis le sentier pour monter à la Brêche de Roland. Il y a pas mal de monde, pour la plupart des randonneurs à la journée venus admirer la brèche, souvent sans oser dépasser le refuge des Sarradets. Pourtant, le sentier d'accès à ce refuge comporte des passages à mon avis plus difficiles que ceux que l'on trouve après pour monter à la brèche, notamment une traversée de torrent un peu olé olé.

Je m'arrête au refuge pour manger un morceau, une omelette avec plein de bonnes choses dedans tongue. La gardienne n'est pas à la fête, entre les commandes de clients à préparer et son bambin qui crie dans son parc. Je lui propose de le garder près de moi. Elle me le passe et je l'installe sur mes genoux, en fait sur ma jambe gauche. Tout se passe bien, le calme est revenu. Je parle à l'enfant, lui raconte des petites histoires, le fait jouer avec l'un de ses petits jouets en bois posé sur la table devant nous. Il a 9 mois et pèse 9 kg (infos maman). Il semble adorer frotter sa tête contre ma barbe. Une belle rencontre avec ce petit bonhomme. Je crois que j'étais un peu ému smile. Bientôt, il a envie de passer à autre chose et commence à gigoter, à s'agiter et à crier. Voyant cela, maman vient le reprendre et m'apporte mon omelette. Après l'avoir dégustée à côté d'une table de bretons pas très montagnards, mais fort sympathiques, je sors sur la terrasse avec mon sac à dos et, avisant un petit groupe équipé alpi (baudrier, corde, coinceurs etc), je les questionne pour aller vers le Mont Perdu. En fait, j'avais potassé tous les itinéraires des sommets où j'étais susceptible d'aller, mais j'aime bien avoir en plus des réactions à chaud. Comme on est déjà en début d'après-midi, la première réaction est de me dire que c'est trop tard, pensant que je leur parle de l'aller-retour. Les chose s'arrangent lorsque je leur dis que je suis équipé pour bivouaquer, ce qui n'apparaît pas forcément au premier regard sur mon sac à dos, où rien n'est apparent hormis les bouteilles d'eau et le panneau solaire au-dessus.

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La brêche

Je me met en route. C'est la première fois que je viens là et je suis impressionné par la beauté et la grandeur de la Brèche de Roland smile. Jamais rien vu de pareil. Il fait un temps extraordinaire, je poursuis sous le Casque par le pas des Isards.

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La brêche vue depuis le pas des Isards

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Le pas des isards

Après, je me trompe en commençant à descendre en suivant bêtement un type qui devait peut-être aller au refuge de Goriz. Mais je m'en aperçois assez rapidement et met mes crampons pour remonter une pente assez raide qui coupe vers mon itinéraire. J'accède à la large vire supérieure, qui paraît si fine vu d'en-dessous. Plus besoin des crampons. Je continue et passe au col de la Cascade. La vue est belle, mais le côté Gavarnie est un peu en contre-jour. Il n'y a plus personne dans les parages à cette heure-ci.

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Le col de la Cascade (avec le Vignemale au fond)

Je me fais une petite frayeur à l'endroit où il faut faire un peu d'escalade facile sur une vingtaine de mètres pour remonter d'un étage vers un gros cairn évident. En effet, à la fin, je ne peux pas éviter complètement la douche venant de la fonte du névé supérieur et, tout en haut de ce passage, je redouble de prudence pour traverser sur le rocher mouillé avant de sortir vers le haut.

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Le Mont Perdu

En contournant le cylindre, je dois mettre mes crampons et prendre mon piolet à la main pour passer quelques névés un peu raides au-dessus de barres rocheuses. Bien sur, il aurait sans doute été possible de faire sans, mais quand on a un équipement de sécurité, autant s'en servir. A force de jouer avec la sécurité, c'est un peu comme de jouer avec des allumettes, un jour on se brûle. Merci, j'ai déjà donné... et par chance, suis toujours en vie.

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L'étang glacé

Il est plus de 18h, je décide de bivouaquer à l'étang glacé en me posant dans l'un des nombreux lieux de bivouac aménagé contre des rochers à l'abri derrière des murettes.

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Bivouac à l'étang glacé

Je vais dire bonjour à des espagnols qui bivouaque derrière un autre muret à 20 mètres du mien, mais ils n'ont pas l'air d'apprécier et me rendent à peine mon salut. Un peu étonné, je monte mon abri avec des pierres en guise de sardine et n'y pense plus. Cela me fait un toit acceptable au-dessus d'un trou dont le sol est une surface assez plate où je peux m'allonger sur mon matelas avec mon sac de couchage. Mais c'était sans compter le vent qui se lève, le même vent avec des bourrasques très fortes que je rencontre depuis le début mad. Très mauvaise nuit, à cause de mon abri qui ne tient pas en place, des pierres qu'il faut sans cesse remettre. Je surveille particulièrement une grosse pierre située en hauteur juste au-dessus de ma tête roll. Elle tient un côté de mon abri et bouge à chaque bourrasque, mais finalement, elle tiendra le coup jusqu'au matin. Pourquoi n'ai-je pas démonter tout ça pour dormir à la belle étoile avec le seul muret comme protection ? Je pensais que ça allait se calmer.


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#28 30-09-2015 00:00:22

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J14 : Mercredi 08/07/15
Du bivouac à l'étang glacé (sous le Mont Perdu), par le Mont Perdu, jusqu'à Bielsa (hôtel Los Valles)
Estimation par openrunner : 13,5 km, D+ 710, D- 2410

Le parcours de J14 (début)
Le parcours de J14 (fin)

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Lumière matinale sur le Cylindre et le col du Cylindre, depuis la montée au Mont Perdu

A cinq heures, je commence à me mettre en mouvement et pars à six heures pour l'ascension du Mont Perdu. Çà monte raide mais sans difficulté notable, tout se fait dans la caillasse à côté du névé. Je croise deux randonneurs français qui ont bivouaqué là-haut. Ils me disent qu'ils ont failli redescendre la veille au soir, voyant le temps commencer à se dégrader. La vue est magnifique de tous les côtés depuis le sommet du Mont Perdu, sans doute la plus belle vue de toute ma traversée cool.

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Vue depuis le sommet du Mont Perdu

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Vue depuis le sommet du Mont Perdu

Je redescends tranquillement et récupère mon sac à dos que j'avais laissé au début de l’ascension, avant la petite bosse qu'il faut escalader sur la moraine. Je monte vers le col du Cylindre, fais les quelques pas faciles pour accéder à cette belle vire horizontale que l'on suit tout à droite avant d'accéder au col. Toujours une très belle vue, cette fois-ci sur le secteur Tuqueyrouye.

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Vue depuis le col du cylindre

Je descends par une sente bien marquée vers le côté gauche du glacier du Mont Perdu.

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En me retournant vers le glacier du Mont Perdu

De là, des traces dans les névés me conduisent sur la droite vers l'itinéraire le plus facile pour passer la barre rocheuse. Des gros points à la peinture rouge le signalent à plusieurs endroits sur des rochers, et en final juste au départ de cette petite désescalade dans un dièdre. Il y a là un groupe de 4 ou 5 espagnols qui font un rappel. Comme ils sont déjà tous en bas, sauf leur leader, ce dernier me propose d'utiliser leur rappel. J'accepte volontiers, un surcroît de sécurité ne se refusant pas wink. J'enfile la sangle croisée en huit sur mes jambes, accroche le mousqueton à vis dans lequel je mets le huit où passe la corde à double et je descends. En bas, je remercie tout le monde et continue mon chemin droit dans la pente cool. Petits passages sympas de désescalade facile pour passer des petites barres dans des brèches. Tout en bas, je traverse en diagonal pour rejoindre au plus court le chemin qui plonge vers Pineta, au prix d'un déchaussage pour franchir un large ruisseau pieds nus.

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Toutes seules au milieu des cailloux

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Regard en arrière sur le col du Cylindre depuis le balcon de Pineta

La descente est longue, environ 1300 mètres depuis le balcon de Pineta, mais c'est indéniablement une très belle descente, avec notamment une flore admirable en cette saison (iris sauvages, etc) et une grande variété de points de vue (falaises, cascades). Je croise beaucoup d'espagnols qui montent. L'un d'entre eux me dit qu'il faut environ 4 heures pour arriver au balcon depuis le bas. Je les trouve bien courageux par cette chaleur.

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Début de la descente sur Pineta (côté gauche)

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Début de la descente sur Pineta (côté droit)

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Descente vers Pineta

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Iris sauvages dans la descente vers Pineta

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Descente vers Pineta

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Cascades de Pineta

Lorsque j'arrive en bas, je suis séché roll. Depuis le sommet du Mont Perdu (3348m), cela a fait pour moi 2000 m de dénivelé négatif. Il fait extrêmement chaud. Je me revois assis à l'ombre d'un gros arbre à côté d'un bassin où coule de l'eau fraîche, un coin où tous les randonneurs s’arrêtent en descendant. Une vieille anglaise arrive et s'assoit également. Elle me propose un bout de sa tourte fourrée à la pomme et au gingembre, en me disant que c'est très bon. J'accepte et me régale de cette friandise tongue. Je m'aperçois que, comme souvent en marchant, j'ai omis de m'alimenter correctement dans la matinée. Quelques minutes plus tard, elle me donne tout le reste de sa tourte qu'elle ne veut pas finir. J'engloutis tout et ça me fait du bien tongue.

A ce moment-là, j'avais prévu de remonter vers le refuge de la Larri, et de poursuivre sur le GR11 pour me positionner pour faire le chemin des mines, suivi des crêtes jusqu'à Viados (itinéraire décrit par Scal, repris par René94). Sous un soleil de plomb, je remonte au refuge de la Larri, puis me trompe pour continuer sur le GR11.

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La cascade de la Larri, en remontant de Pineta vers le refuge éponyme

N'ayant pas du tout dormi la nuit précédente, je me sens harassé sad. Je regarde autour de moi, il n'y a pas d'eau pour bivouaquer. Pas d'ombre non plus. J'ai un instant d'hésitation, puis je déclare forfait et décide de redescendre pour faire étape à Bielsa. Je prends un chemin direct jusqu'à la route où je commence à marcher jusqu'à la hauteur de l'embranchement vers le camping Pineta que je dépasse, puis je fais du stop. Hé hé ! Troisième entorse à ma traversée des Pyrénées à pieds. Des barcelonais me prennent et me descendent au camping de Bielsa, au-dessous du village. C'est sur mon chemin du lendemain, mais les espaces disponibles corrects sont tous en cours d'arrosage et je les trouve bien mal placés au milieu de caravanes. Finalement, je remonte au village et prends une chambre à l'hôtel-restaurant Los Valles. Je me dis que j'ai bien mérité ça big_smile. Il est contigu à une supérette où j'irai m'acheter quelques fruits. Très bon dîner à l'hôtel cool, mais le bruit de la route proche me gène pour bien dormir.

Dernière modification par enrico (30-09-2015 00:13:08)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

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#29 30-09-2015 10:20:42

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J15 : Jeudi 09/07/15
De Bielsa (hôtel Los Valles), par le col Pardinas, jusqu'à Viados (camping El Forcallo)
Estimation par openrunner : 20 km, D+ 1730, D- 1110

Le parcours de J15

Voulant profiter jusqu'au bout de cette pause réparatrice, je ne partirai qu'à 8h30 de Bielsa, après le petit-déjeuner de l'hôtel. Mais c'est au cours de cette soirée que je réfléchis à la suite de mon parcours, décidant de supprimer la plupart des variantes que j'avais encore prévu de faire. Il faut être réaliste, mes prévisions étaient un peu trop « gourmandes » au regard de mon âge et de ma forme, se basant sur un passé révolu , enfin de plein de choses lol. On ne peut pas être et avoir été wink. Il fait trop chaud, je suis trop fatigué, mes chaussures me font mal aux pieds et j'ai un début d'entorse à la cheville droite. Bref, je n'ai plus assez la « caisse ». Je n'irai donc pas à Bénasque en traversant les Posets, pas de Pic d'Estats et de Montcalm non plus. Il n'y aura pas de Mounicou et de montée au refuge de l'Etang Fourcat, ni la variante qui suit par les crêtes, ni la crête à hauteur du Canigou. Je rends les armes et passerai par l'Espagne via le refuge de Val Ferrera. La seule variante de la HRP que je compte encore faire est l'Aneto, mais je prévois maintenant de le faire en aller-retour par la voie normale, plutôt qu'en traversée sud-nord, voire par cet autre itinéraire que j'avais repéré, plus conforme à une traversée vers l'Est, par le refugio de Pescadores, le lac et le col de Creguena, les lacs et le col de Coronas.
Je quitte Bielsa par le GR191 en direction du col de la Cruz de Guardia.

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Col de la Cruz de Guardia

De là, une piste m'emmène rapidement au refuge Pardinas et son rocher caractéristique sous lequel il est construit.

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Punta Maristas (depuis la route vers le refuge de Pardinas)

Du col Pardinas juste au-dessus, c'est une longue descente dans des beaux alpages, puis par une piste que l'on peut couper à loisir, sauf vers le bas.

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Plan de Monzarro (depuis le col de Pardinas)

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Rio Cinqueta, avant Viados

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Les Posets et la maison du camping El Forcallo

J'arrive ainsi à Viados où je vais me réfugier sous les frais ombrages du camping El Forcallo. Je fais la connaissance d'un randonneur qui campe à côté de moi. Il fait un bout de la HRP chaque année. Il a très mal aux pieds et ne sait pas s'il ne va pas s'arrêter au refuge de la Soula. Il faut dire qu'il porte vraiment très lourd roll. Je lui suggère que son mal aux pieds n'est peut-être pas étranger au poids de son sac. Il me rétorque qu'avant, il avait les mêmes chaussures et qu'il n'avait pas mal aux pieds. Il m'avoue quand même plus tard qu'il a un peu forcé sur son sac à dos cette fois-ci, parce qu' « il ne veut manquer de rien ». Je lui raconte ma démarche constante pour alléger le poids de mon sac à dos, lui parle du site randonner-léger. Mais on ne passe pas des heures à parler de ça. Ce n'est pas la peine de tourner cent fois le couteau dans la plaie, l'essentiel est de semer la graine. En plus, ce gars est très costaud et marche vite, comme je le constaterai le lendemain. Si j'ai bien compris, il faisait les étapes de la HRP comme elles sont décrites, toutes les étapes et rien de plus, quitte à s'arrêter parfois en milieu de journée lorsque l'étape du jour était finie. Nous prenons le dîner proposé par le camping, très bon dîner au prix de 14€. Il y avait en entrée une soupe de lentilles avec du lard. Lorsque j'ai commencé à manger cet excellent plat dans mon assiette -  j'avais dû manger 2 ou 3 bouchées – j'ai vu mon voisin d'en face commencer à essuyer la sienne avec du pain. Un garçon vraiment très rapide  lol !

Dernière modification par enrico (02-10-2015 15:06:06)


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#30 30-09-2015 11:50:48

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J16 : Vendredi 10/07/15
De Viados (camping El Forcallo), par le lac de Caillauas, jusqu'au bivouac au lac des Isclots
Estimation par openrunner : 19 km, D+ 1750, D- 980

Le parcours de J16

Je quitte le camping vers les 6h10, passe devant le refuge de Viados devant lequel de nombreux randonneurs sont en train de se préparer, sans doute pour aller aux Posets. Le HRPiste du camping me rejoint et nous marcherons une partie de la journée plus ou moins ensemble, ou pas très loin l'un de l'autre, lui devant la plupart du temps.

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Vers le col d'Aygues Tortes

De toute façon, nous n'allons pas au même endroit, lui allant au refuge de la Soula, et moi souhaitant passer par le sentier à flanc qui contourne le Pic du Quartau depuis le lac de Pouchergue. La montée est rude après la Cabane de Anes Cruces pour monter au col d'Aygues Tortes. Du pierrier, rien que du pierrier lol ! Après la descente dans le vallon du même nom, nous nous disons au revoir à la bifurcation avec le lac de Pouchergue où je me dirige pour prendre le sentier à flanc qui démarre de ce lac.

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Vallon d'Aygues Tortes

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Vers le lac de Pouchergues (vallon à droite)

Mais la traversée du torrent du lac s'avère impossible mad. Il y a bien une poutre qui a été mise en place sous le déversoir, mais elle est complètement submergée et de plus, domine une cascade bouillonnante roll. C'est vraiment trop risqué de tenter de passer. Je suppose que la vanne du déversoir du lac avait été partiellement abaissée, ou que la fonte accélérée avait entraîné ce surcroît d'eau. Le contournement du lac ne paraît pas possible non plus.

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Lac de Pouchergues

Je descend sans trop m'écarter de la cascade en me demandant comment je vais pouvoir faire. Je découvre qu'une sente remonte ce torrent de manière assez raide sur l'autre rive wink. Mais le courant est fort et je ne trouve aucun passage à gué. Tout en bas, je réussis à traverser le torrent à pieds nus les chaussures à la main. Puis je remonte de l'autre côté sur cette sente les 150 mètres jusqu'au départ du sentier convoité qui court à flanc de montagne.

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Vu du départ du chemin en balcon, le vallon vers le refuge de la Soula

Plus loin, ce sentier traverse des baraquements techniques. Il faut ouvrir une porte, traverser et ne pas oublier de refermer (écriteau).

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Lac de  Caillauas

J'arrive au lac de Caillauas où je rencontre un couple de bretons qui font un morceau de la HRP. Gros sacs, gros appareil de photo réflex. Ils vont très doucement, font de petites étapes. Lui, plus expert qu'elle, est manifestement aux petits soins pour elle. Ils pensent pouvoir passer le col des Gourgs Blancs dans la soirée, pour commencer à redescendre ensuite sur le refuge d'Estos en vue d'aller à Bénasque. Lui connaît, il est déjà venu. Je file devant, me trompe un peu, ils me rattrapent, je refile devant et arrive au lac des Isclots cool.

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Bivouac au lac des Isclots

En voyant ce très beau lac et ce terrain plat herbeux devant, et que le temps reste résolument au beau fixe alors que l'après-midi est déjà bien avancée, je décide de me poser là pour bivouaquer cool. Quand les bretons arrivent un peu plus tard, ils font de même et posent leur tente non loin de mon abri. La vue est superbe et reposante, se parler est inutile, on passe la soirée, chacun dans son coin, à admirer le coucher de soleil et les changements de lumière sur le lac cool.

Dernière modification par enrico (05-10-2015 11:04:52)


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#31 30-09-2015 12:21:04

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J17 : Samedi 11/07/15
Du bivouac au lac des Isclots, par le col des Gourgs Blancs, le refuge du Portillon et le col inférieur de Literole, jusqu'au bivouac à côté du refuge de la Renclusa.
Estimation par openrunner : 21 km, D+ 1790, D- 2080

Le parcours de J17

Départ comme d'habitude peu après vers 6h. Toujours un temps superbe et maintenant sans vent cool. La montée au col des Gourgs Blancs est facile. La vieille neige des névés n'est pas gelée, les crampons restent dans le sac. Sur le côté droit en montant, de belles parois rocheuses éclairées par le soleil révèlent toute leur complexité minérales.

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Faces rocheuses sur la droite en montant au col des Gourgs Blancs (Pyramides de Pouchergues ?)

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Faces rocheuses sur la droite en montant au col des Gourgs Blancs (Pic Camboué ?)

Au col, je croise un couple de jeunes espagnols avec lequel je discute un moment. Discussion en anglais comme je l'ai fait la plupart du temps avec les espagnols ne parlant pas français, car de mon côté, je ne « hablo » pas du tout espagnol. Ils sont bien équipés pour l'alpinisme (crampons, piolet, baudrier, corde sur le sac). Ils sont en vacances dans le coin et écument tous les sommets à faire. Ils semblent bien maîtriser leur sujet et font plaisir à voir wink. Ce jour-là, ils vont au Pic Gourdon, un sommet facile.

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Pic Gourdon (depuis le col des Gourgs Blancs)

Lui me montre le pluviomètre où je dois me rendre et me dis qu'après, il vaut mieux passer par la crête avant de descendre au lac du Portillon, car il peut y avoir des névés raides à traverser par l'itinéraire direct. En fait, c'est ce dernier que je choisirai, plus direct et très bien tracé dans les névés successifs.

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Lac de Portillon

J'arrive au refuge du Portillon où je bois un orangina et mange une omelette cool. Comme les SMS que j'envoie chaque jour restent en rade dans mon portable que je laisse éteint la plupart du temps, je demande si je peux téléphoner avec le fixe du refuge. C'est d'accord, mais seulement pour dire que je vais bien et donner le numéro du refuge pour me faire rappeler. N'en demandant pas plus, je m'exécute, mais repartirai avant qu'on n'ait eu la possibilité de me rappeler. Je monte au col inférieur de Literole où j'examine la fameuse descente dont j'ai lu quelques retours plus ou moins épiques dans différents blogs.

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Pente de descente du col inférieur de Literole (Désolé, on n'y voit goutte)

En fait, la pente présente deux parties courtes assez inclinées à environ 35/40°, avec un replat au milieu, ou plutôt une portion bien moins pentue. En bas, c'est toujours de la neige, et, à part quelques cailloux ça et là, il n'y a pas vraiment d'obstacles donc pas trop de dangers objectifs. C'est sur que quand c'est gelé, la chute doit être problématique parce qu'on a vite fait de prendre de la vitesse. Je descends sur les talons dans la neige molle, et arrivé au milieu de la première partie raide, glisse, chute et me laisse glisser sur mon postérieur sur la dizaine de mètres qui me sépare du replat. Vive la neige molle lol ! Rigolant en moi-même en me disant que ce n'est pas très sérieux - tiens, ça me fait penser à quelqu'un, ça lol  - je finis par mettre mes crampons et prendre mon piolet pour la deuxième partie cool. En me retournant, je vois qu'il y a des traces de randonneurs sans équipement qui passent par un pierrier sur le côté droit en descendant. Pas forcément une bonne idée parce qu'avant, il faut descendre une partie raide du névé, avec atterrissage dans ce pierrier.


Ensuite, je me fourvoie un peu en passant trop haut au-dessus du lac de Litterole, mais la vue de trois HRPistes en train de remonter d'un pas décidé me remet dans le bon chemin de descente, parmi pierriers et névés. Enfin, quand je dis HRPistes, je n'en sais rien, mais pourtant à les voir, j'en aurais presque mis ma main à couper. Le coin est très beau, avec le sombre Pic de Remune en toile de fond smile.

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Lac blanc de Literole

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Pic de Remune

Alors que le cheminement le plus évident descend par des pierriers jusqu'au torrent de Remune, qu'il faut traverser pour continuer à descendre par un sentier sur sa rive gauche, je suis des traces qui vont de névés en névés, de petites croupes en petites croupes, sur un cheminement plus esthétique, moins caillouteux, et surtout moins traumatisant pour mes pieds et ma cheville qui me fait mal. Mais arrivé en bas, je me retrouve sur la rive droite alors que le chemin est de l'autre côté roll. Je descend le long du torrent pour trouver un endroit où traverser à gué mais il n'y a rien de traversable. Je croise une petite famille que je reconnais pour les avoir déjà vu au refuge d'Arrémoulit. Tiens, je me dis, c'est pas à côté, quand même, Arrémoulit. M'étonnerait qu'ils aient fait tout ça à pieds, d'ailleurs ils ne sont pas équipés pour. Deux parents, un enfant et un chien qui doivent faire de l'itinérance en voiture. Ils sont manifestement à la recherche de la même chose que moi, mais eux remontent, ayant sans doute fini leur exploration vers le bas. Nous nous saluons, mais le bruit du torrent est tel que se parler est quasi impossible. Je me dis que ça commence à devenir inquiétant roll. Pas envie de tout remonter. J'arrive à un passage où le torrent devient tellement encaissé entre des barres rocheuses qu'il ne permet plus de le descendre sur cette rive. Je me mets donc à remonter moi-aussi, en scrutant bien les possibilités de traverser à gué. A peine 50 mètres plus haut, je vois dans le torrent : une pierre, une deuxième pierre pas trop loin et un passage sans pierre cool. Un trou à mon avis pas trop profond. Pas besoin d'aller plus haut. Mais c'est impossible de me tenir sur un bâton planté au fond pendant que je saute, il y a trop de courant. Je remonte mon pantalon, prends de l'élan, et court : première pierre, deuxième pierre, un pied au fond... et la berge ! Ouf ! wink Çà s'est passé tellement vite que mon pied, qui a été complètement immergé dans le bouillon du torrent, n'est même pas complètement mouillé dans la chaussure.

S'en suit la longue descente jusqu'au Plan de l'Espital. La journée est déjà bien avancée et je ne sais pas où je vais bivouaquer. Je suis fatigué et je me laisse porter par mes pas, suivant le GR qui remonte un peu au bout de cette grande et belle plaine. Je continue en traversant des terrains où Il y a des vaches partout. Je passe sur la route et arrive au terminal du car qui ramène les gens au retours de leurs excursions. Une vingtaine de personnes attend. Il y a là une baraque assez moderne d'aspect, mais je ne sais pas si c'est un abri, s'il y a de l'eau. J'en doute et ne vais même pas voir hmm.

J'avance et vois le départ du chemin vers le refuge de la Renclusa. Un jeune est là, en short et baskets de trail, petit sac à dos. Je lui demande s'il va au refuge. « Oui, il me dit, il y a 300 mètres jusqu'au refuge, c'est donné pour 40 minutes. Je monte bivouaquer là-haut, pour la course de trail qui a lieu demain. J'y vais pour encourager des copains qui la font ». Je le sais bien qu'il n'y a que 300 mètres, mais bref, ce jeune me redonne la patate et si lui part à fond les manettes, je sors de mon état de léthargie et me mets également en route en marche active pour atteindre le refuge. Ce chemin, qui mène au refuge du plus haut sommet des Pyrénées, est très confortable, il est en grande partie aménagé en allée dallée. J'ai dû bien traîner ce jour-là puisque j'ai calculé que, arrêts compris, l'étape aura duré 14h30. Au refuge, je ne m'arrête pas et vais directement un peu plus loin, où sont les emplacements de bivouac. On est samedi. Il y a du monde, beaucoup de jeunes espagnols. Ambiance camp de base, ça discute, ça rigole, on ne fait pas attention au bruit du groupe électrogène qui fournit de l'électricité au refuge, en plus de ses panneaux solaires qui ne doivent pas suffire. Je me retrouve à côté du jeune que j'ai vu en bas du chemin du refuge. C'est un gars de Luchon. On discute le coup cool. Il va peut-être aller à l'Aneto demain si ça ne prend pas trop de temps. Il a juste le double-toit de sa tente et de quoi bivouaquer une nuit. Toilette minimum et coucher tôt. J'apprends une bonne nouvelle, il y a une tolérance de jour pour ce bivouac. On peut laisser les tentes en place dans la journée si on les met à plat parterre, en laissant dessous tout ce que l'on ne veut pas emporter cool.

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#32 30-09-2015 12:47:30

Jerichay
Conventionnel Montagnard
Lieu : A gauche hors sentier
Inscription : 03-04-2015

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

"J'ai dû bien traîner ce jour-là puisque j'ai calculé que, arrêts compris, l'étape aura duré 14h30."

Oui, euh...bon euh: faut quand même voir la longueur de l'étape en question...
Beau retour en tout état de cause, agrémenté de belles photos. Merci à toi.
En attendant la suite...


Il n'existe que des points de vue.

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#33 30-09-2015 13:45:28

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Jerichay a écrit :

"J'ai dû bien traîner ce jour-là puisque j'ai calculé que, arrêts compris, l'étape aura duré 14h30."

Oui, euh...bon euh: faut quand même voir la longueur de l'étape en question...
Beau retour en tout état de cause, agrémenté de belles photos. Merci à toi.
En attendant la suite...

Salut Jerichay smile ,

Merci à toi aussi smile .

Oui, enfin, c'est une façon de parler. Mais j'aime bien l'idée d'errance, sans vraiment savoir où la journée va se terminer. Ce jour-là en tous les cas, je ne savais pas que je serai au refuge de la Renclusa en fin de journée.

A bientôt pour la suite smile


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#34 30-09-2015 14:22:23

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J18 : Dimanche 12/07/15
Du bivouac à côté du refuge de la Renclusa, par l'Aneto, jusqu'au bivouac en haut du Plan d'Aigualluts.
Estimation par openrunner : 12,5 km, D+ 1430, D- 1480

Le parcours de J18

Je me réveille comme d'habitude un peu après 5 heures et commence à me préparer. Dès 5h30, des frontales s'agitent sur le chemin qui monte à l'Aneto. Je me dis que je ne vais pas me presser pour grimper là-haut cool. Après tout, il n'y a que 1300 mètres de dénivelé environ, ça ne va pas être une affaire wink. Je commence à monter. Il y du monde, beaucoup de petits groupes d'espagnols, quelques français.

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Ça démarre fort dans la caillasse

On sent de la tension chez certains ascensionnistes qui vont plus vite qu'ils ne devraient big_smile ... Les équipements des uns et des autres présentent toutes les variétés possibles, du plus léger (baskets, short) au plus lourd (grosses chaussures d'alpi, guêtres) roll. La plupart ont des crampons et un piolet. La première montée jusqu'à la brèche du Portillon supérieur se fait dans des pierriers, en traversant ici et là des névés. Les groupes s'espacent de plus en plus au fur et à mesure de l'ascension. Je suis seul sans personne en vue ni devant ni derrière au moment de faire la traversée à l'horizontal afin de rejoindre la brèche, en cheminant sur une suite de terrasses dans des gros blocs aux belles couleurs dorées cool. Comme quoi ! Seul aussi dans la descente de la brèche sur le névé. Ce névé sur lequel je prends pieds est raide, mais le chemin tracé est une véritable autoroute.

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Bon, l'Aneto, c'est tout droit lol

En fait, je suis encore seul sur ce chemin, avec les plus rapides loin devant moi. Ce n'est pas indispensable, mais je mets quand même mes crampons et prend mon piolet à la main smile. Je devrais ensuite à plusieurs reprises les enlever et les remettre au gré des passages rocheux à traverser, voire même les garder parfois sur de courts passages rocheux tongue. Quand je les enlève, je me les attache autour du cou, les laissant pendre de chaque côté devant moi. Ça n'est pas vraiment conseillé, mais bon big_smile... Il y a aussi un passage avec un grand champ de glace grise à traverser (glace vive). Là, ça crée un petit attroupement avec tous ceux qui mettent leurs crampons, surtout que pour certains, c'est la première fois, donc ça rame. Et puis il y aussi ceux qui n'ont pas de crampons et qui attendent. Une fois passé ce petit regroupement, je me retrouve seul à nouveau sur ce glacier, et ceci pratiquement jusqu'en haut, à part quelques rares personnes que je croise cool. A se demander où sont passés tous ceux que j'ai vu ce matin. A un moment de ma progression, je croise le jeune luchonnais qui redescend déjà. Il a un petit piolet à la main. T'as mis combien de temps ? Je lui demande. 2H40 pour le sommet, il me répond. lol Bravo ! je lui dis, t'as bien marché. Et comment t'as fait avec tes trails et ton short sur la glace ? Bah, j'ai contourné, il me dit cool. Moi, je mettrai un peu plus de 5 heures pour arriver au sommet tongue.

Je trouve un bon attroupement avant le passage de Mahomet, car tous les gens qui arrivent commencent par monter au sommet, puis redescendent et se regroupent là où ils ont laissé leur sac, avant ce passage rocheux. Ce-dit fameux passage de Mahomet est assez sympa, c'est un moment de convivialité et d'entraide, entre ceux qui passent sans état d'âme particulier et ceux qui ont besoin d'être aidés et rassurés par les plus aguerris smile.

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Sommet de l'Aneto, avec tout le tintouin habituel

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Sommet de l'Aneto, avec un cairn

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Sommet de l'Aneto, nature

La vue depuis l'Aneto est splendide cool. Je passe un bon moment là-haut, presque seul – deux français sont assis dans un coin. le temps est magnifique et pour une fois, il n'y a pas trop de vent. Après, la descente est agréable sur le glacier smile.

Je rejoins un petit groupe de jeunes barcelonnais après la brèche du Portillon et nous discutons en descendant. Enfin, je discute surtout avec une jeune barcelonnaise vraiment très belle et fort sympathique cool, mais pas très sure d'elle dans les cailloux, et que ses copains laissent marcher seule derrière. Les pierriers se font bien sentir dans mes articulations avec la fatigue accumulée.

De retour à la Renclusa, je replie mon abri et refait mon sac, puis je vais au refuge manger une assiette de je-ne-sais-plus-quoi-très-bon, avant de me remettre en route, direction le col de la Renclusa non loin au-dessus, avant de redescendre sur le plan d'Aigualluts, où j'irai bivouaquer au plus haut, près de mon départ du lendemain matin vers les Mulleres tongue.

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Plan d'Aigallut

Dans la soirée, je discuterai avec trois jeunes espagnols, deux garçons une fille, équipés alpi, qui surgissent du défilé d'où sort ce torrent Esera qui descend du glacier de l'Aneto. Ils ont fait depuis le matin une course d'alpinisme par les crêtes en passant par le sommet de l'Aneto. Je me dis que c'est eux que j'ai dû voir partir à la frontale au petit matin. Ils semblent fatigués mais leur yeux brillent, je les sens heureux de la belle course qu'ils ont réalisée smile . Ils iront se poser un peu plus loin pour bivouaquer.

Dernière modification par enrico (06-10-2015 09:40:55)


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#35 30-09-2015 14:49:57

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J19 : Lundi 13/07/15
Du bivouac en haut du Plan d'Aiguallut, par la Tuca et le col des Mulleres, jusqu'à Hospitau de Vielha (invit particulier à Vielha).
Estimation par openrunner : 14 km, D+ 960, D- 1480

Le parcours de J19

Départ comme d'habitude juste après le lever complet du soleil, direction le col de Mulleres. Au premier petit lac, je discute un moment avec trois gars qui ont bivouaqué là smile. Il y a trois générations, un jeune ado, son père, et un ancien. Le père était bénévole à la course de trail de la veille qui passait par le sommet des Mulleres. Il y emmène aujourd'hui son fils et l'ancien, laissant ce dernier monter à son rythme loin derrière. La montée des Mulleres est très belle, se déroulant en grande partie sur des dalles rabotées il y a très longtemps par un glacier. C'est sec jusqu'au sommet.

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En montant à la Tuca de Mulleres

Au Tuca de Mulleres, la vue est magnifique sur les Maladitos. Je cherche un passage pour descendre et je regarde dans la première brèche en allant en direction du col à partir de ce sommet, mais c'est vraiment trop raide, avec un névé lui-aussi très raide au-dessous. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à me mettre dans la tête que je ne suis pas au col, mais au sommet juste à côté. Faut dire qu'il n'y a pas une grosse différence d'altitude entre les deux. Le père de l'ado à qui je fais part de mes doutes pour la descente me dit d'attendre que son collègue arrive, qu'il connaît bien le coin. En effet, peu après son arrivée au sommet, je questionne l'ancien qui me montre l'itinéraire de descente depuis une vingtaine de mètres après le point bas du col. On y voit quelques traces dans le névé au-dessous, névé que l'on peut d'ailleurs éviter. Il me raconte également qu'il a fait l'une des premières traversées des Pyrénées de Georges Véron en 1968, et me donne quelques anecdotes sur ce dernier. Les trois attendront que j'ai franchi le petit passage de désescalade facile depuis le col avant de repartir. Après cela, je rencontrerai encore au début de la descente vers Hospitau de Vielha un autochtone qui me conseillera sur le meilleur itinéraire à suivre, bien cairné, passant par les lacs de Molières. Cette descente est très belle, franchissant tous les étages de végétation entre 3000 mètres et 1650 mètres, finissant par des sentiers longeant des cascades et des sous-bois rafraîchissant.

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Vue de la Tuca de Mulleres sur le val de Molières et Hospitau de Vielha

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Val de Molières

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Un lac de Molières

A Hospitau de Vielha, je fais du stop juste avant l'entrée du tunnel pour descendre ravitailler à Vielha. Il y a un espace d'environ 200 mètres où les voitures qui passent peuvent se garer. Petit problème, la place est déjà en partie occupée par deux gendarmes espagnols et leur voiture arrêtée en travers, moteur en marche roll. Ils arrêtent toutes les voitures particulières qui passent pour les contrôler. Qu'à cela ne tienne, il y a de la place pour tout le monde, je me dis. Je me met à côté d'eux et commence à faire du stop cool. Il fait un soleil de plomb. Moi d'un côté avec ma barbe sauvage sous mon chapeau à rebord, les flics en uniforme de l'autre côté, ça me fait penser à l'intro de « Il était une fois dans l'Ouest », l'harmonica en moins. Personne ne s'arrête pour me prendre. Un peu plus tard, des gars qui travaillent à l'entretien de la route arrêtent leur véhicule de service à côté de moi pour aller bricoler je ne sais quoi. Ils me conseillent d'aller directement demander aux voitures que les flics arrêtent. Je ne le fais pas, il fait trop chaud cool. C'est un peu comme si une sorte de gentlemen agreement s'était instauré avec la maréchaussée. Personne ne dégaine, tu nous fous la paix et on te fout la paix big_smile.

Quand même, une voiture s'arrête et m'embarque. Un gars de Vielha qui parle très bien le français. Il me demande ce que je fais et, quand je commence à lui parler de ma traversée des Pyrénées, il trouve ça vraiment bien, et me dit qu'il aimerait pouvoir la faire un jour tongue. C'est un montagnard qui aime sa région, le Val d'Aran. Il me propose, après avoir fait mon ravitaillement, de me montrer l'itinéraire pour aller directement à Artie et Salardu, en marchant avec moi en fin de journée. Je lui dis d'accord. Il me dépose au rond-pont de Vielha à côté du supermercado où il y a de tout, et nous nous donnons rendez-vous à 18h30.

Je fais deux passes au grand magasin, une première pour acheter de quoi manger immédiatement à m'en faire péter la sous-ventrière, ce que je fais devant le magasin, debout à l'ombre contre un mur, une deuxième fois de manière plus raisonnée pour refaire mon approvisionnement à emmener dans mon sac à dos. A 18h30, je retrouve comme convenu mon ami espagnol smile. Je lui dis que je dois passer à la poste pour renvoyer mes crampons et mon piolet. On y va, mais on trouve porte close, de peu d'ailleurs. Alors je lui dis que ça ne fait rien, que je vais prendre une chambre d'hôtel jusqu'au lendemain matin pour pouvoir renvoyer ce matériel. Pas question, qu'il me dit, tu viens dormir à la maison. Je me retrouve dans une grande maison où il rebranche tout à notre arrivée (électricité, eau). Il me montre ma chambre - avec un bon lit - et la salle de bain pour me prendre une bonne douche cool. En fait, il habite à Barcelone, travaille à l’hôpital public espagnol, à Barcelone et à Vielha, et cette maison est en gros une maison de famille. Il nous prépare un repas très copieux (steak énormes, pattes, salade, fromage, fruits), avec une bouteille de vin rouge qu'on dégustera en parlant de montagne cool. Le seul problème, c'est que je n'ai plus très faim, vu ce que je me suis déjà enfilé au supermarché, mais j'essaie de faire honneur au repas tongue. En tous les cas, un accueil vraiment formidable que je ne suis pas prêt d'oublier smile. L'impression que faire de la montagne était, pour lui, comme si on était de la même famille wink. Le lendemain matin, on ira à la poste déposer le colis qu'il m'a aidé à faire avec des vieux cartons la veille au soir, puis il me remontera en voiture à Hospitau de Vielha pour la poursuite de ma traversée cool.

Dernière modification par enrico (02-11-2015 19:19:25)


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#36 30-09-2015 17:54:12

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J20 : Mardi 14/07/15
De Hospitau de Vielha (invit particulier à Vielha), par l'étang de Riu et le refuge de la Restanca, jusqu'au bivouac près du refuge Colomers.
Estimation par openrunner : 17,5 km, D+ 1620, D- 1060

Le parcours de J20

C'est parti pour la montée à l'étang de Riu. Je rencontre sur le chemin deux jeunes femmes allemandes, une grande délurée et une petite timide smile. Nous discutons un peu, puis je les retrouve après avoir fait un arrêt pour manger. Avec la grande, une discussion à bâton rompue s'instaure, ça nous fait marcher ensemble pendant un bon moment cool. Elles font le tour des lacs, selon un programme refuge – refuge auquel elles se sont inscrites par internet.

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Etang de Riu

Après l'étang de Riu, je choisis de passer par le raccourci du Val d'Arties plutôt que par les grands lacs de Tort et del Mar, lesquels ne m'attirent pas particulièrement. Trop grands. Dans ce raccourci, alors que je suis dans un passage raide dans des blocs, je croise une petite famille dont le père porte un bébé dans un siège sac à dos. Il n'a pas l'air très à l'aise, le risque de chute est loin d'être négligeable. Je suis assez excédé de voir ça, je trouve que les gens font parfois n'importe quoi en montagne roll.

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Joli

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Lac et refuge de la Restanca

Au refuge de la Restanca, je commande une soupe. On me sert dans un bol un truc infâme qui ressemble à de l'eau de lessive avec un peu de gras qui surnage mad. Le refuge est bondé, comme tous les refuges de ce circuit autour des lacs. Je verrai la même chose à Colomers. Ce circuit me paraît être une belle machine à faire du fric, les étés où il fait beau roll.

Je repars dans cette grande montée vers le col de Caldes, croise toute une tribu de scouts espagnols big_smile. Leur chef donne des instructions pour me laisser passer. Plus loin, je rattrape un couple d'espagnols, deux jeunes genre fashion victim. Je suis séduit par leur jeunesse et leur gentillesse cool. Ils ont des gros sacs à dos, beaucoup trop gros pour eux. Ils doivent s'arrêter très souvent pour se reposer, du genre tous les 500 m. Ils me disent qu'ils font des petites étapes et sont étonnés quand je leur dis d'où je viens.

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Lac Deth Cap deth Port

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Lac de Les Mangades

Peu après, alors que je ne suis plus très loin du refuge de Colomers, c'est un jeune allemand que je croise, lui aussi avec un gros sac. Il semble un peu paumé avec ses lunettes pleine de buée tellement il transpire. Il veut rejoindre le refuge de la Restanca car il n'a plus de nourriture. Mais on est déjà le soir et je lui dis qu'il a encore beaucoup de chemin à faire. Çà ne semble pas l'inquiéter, mais après l'avoir quitté, c'est moi qui suis inquiet pour lui roll. Je me dis, j'espère que les jeunes espagnols ne l'auront pas laissé continuer et qu'ils l'auront invité à leur bivouac quand ils se seront croisés. C'est ce que j'aurai dû faire et j'y repense après.

Au refuge de Colomers, malgré les panneaux d'interdiction de camper, je me paye le culot d'aller demander au refuge où je peux poser ma tente lol. Le refuge est bondé, tout le monde est à table, on ne s'entend pas parler. Le type me demande si je veux dîner. Je lui réponds que je veux d'abord poser ma tente cool. Il me dit que ce n'est pas possible à côté du refuge. Bref, je ressors et retraverse la passerelle pour me poser sur une sorte de plate-forme herbeuse non loin du torrent dans lequel il y a la prise d'eau du refuge, ce qui me garantit à priori une bonne eau. Mais la plate-forme est infestée de vieilles bouses de vache et d'insectes en tous genre. Çà ne sera finalement pas un bon coin pour le bivouac.

Dernière modification par enrico (06-09-2019 09:30:36)


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#37 30-09-2015 18:29:32

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J21 : Mercredi 15/07/15
Du bivouac près du refuge Colomers, par le port de la Bonaiga, jusqu'au refuge Airoto
Estimation par openrunner : 18,5 km, D+ 1430, D- 1420

Le parcours de J21

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Vers le col Sandrosa

Pour une fois, je suis les indications du topo Véron que j'ai téléchargé sur mon smartphone wink. Tout se passe bien, sauf que le dit topo me fait faire une descente  hors sentier depuis le col Pigader (ou Sandrosa) jusqu'à la Garonne, descente dont je me serais bien passé vu l'état de mes pieds roll. Après coup, je me suis dit en regardant la carte que passer par le refuge de Saboredo depuis ce col par le bon sentier existant doit être une meilleure alternative.

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Camin de Ruda : Sacré non de non, qui a déversé un camion de cailloux sur ce chemin ? lol

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Chute de l'Arriu de Saboredo

Plus bas en descendant la piste le long de la Garonne, j'ai du mal à trouver le départ du sentier qui remonte du Val de Ruda au Port de la Bonaiga. J'ai beau m'aider du GPS pour me situer, force est de constater que le sentier ne part pas du petit parking d'où il est indiqué partir. C'est là que sont les habituelles cartes et autres indications d'entrée de parc placées sur des supports en bois. C'est à n'y rien comprendre, le sentier figure sur la carte affichée, mais je ne le vois pas dans la réalité roll. Il est possible qu'il m'ait crevé les yeux sans que je l'ai vu lol. Je trouverais finalement ce sentier bien marqué en jaune en le croisant en remontant à travers champs d'un peu plus bas. Je renonce à aller voir d'où il partait.

Au Port de la Bonaigua, endroit plutôt moche avec une route, des pylones à haute tension et un télésiège, il fait très chaud et il n'y a pas d'ombre, sauf peut-être, vu de loin, près du bâtiment du restaurant du col, lequel me semble fermé vu de loin. Je casse la croûte à l'ombre du sous-bassement en pierre d'un pylône à haute-tension cool.

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En montant après le port de la Bonaiga vers le refuge d'Airoto

Dans la remontée de l'autre côté, je croise un couple d'espagnols qui randonne à la journée. Je leur demande si c'est facile d'aller au refuge d'Airoto. Elle me répond : Mais vous randonner seul ? Lui l'interrompt et me dit qu'en gros, tous les chemins y mènent plus ou moins hmm. Après coup, je me suis demandé s'il ne se moquait pas un peu de moi neutral. En fait, c'est tout un périple d'aller à Airoto depuis Bonaiga. Mais après une demi-heure environ, je tombe sur un parcours de course de trail dont les petits panneaux m'aident à me diriger sur sentier sur une bonne partie du parcours wink. Tout de même pas jusqu'au refuge d'Airoto, mais l'essentiel est fait.

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Estany Rudo

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Estany de Garrabea

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Estany del Rosari d'Arreti

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Estany petit d'Airoto, avec le refuge d'Airoto (Point orange à 10h)

Cette région me plaît beaucoup, elle est belle et sauvage, pas très facile d'accès me semble-t-il, avec des lacs qui valent bien ceux des Encantats wink. Il fait toujours très chaud et très beau. On dirait par moment que l'on est dans un décor de western. Plutôt western spaghetti avec du chorizo lol. Je suis seul à faire étape au refuge d'Airoto. Le coin est sympa cool. Grande table en bois à l'extérieur à l'ombre d'un gros arbre, eau dans un bachat à proximité, bons matelas à l'intérieur. Il y a même l'électricité dans le refuge, grâce à un panneau solaire. Un écriteau demande de ne pas s'en servir plus d'1h30. Je m'en servirai un peu le lendemain matin.

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#38 30-09-2015 18:42:31

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J22 : Jeudi 16/07/15
Du refuge Airoto, par Alos de Isil et le col de la Cornella, jusqu'au bivouac au lac de Tartera (2382m)
Estimation par openrunner : 14 km, D+ 1580, D- 1390

Le parcours de J22

La montée au col de Clot de Moredo est bien cairnée. Je croise trois Hrpistes dans la descente sur Alos de Isil, peu de temps après avoir rejoint la petite route qui descend avec force lacets à Isil, et alors que je suis en train de chercher le meilleur moyen de couper tous ces virages. Ils m'indiquent un bon chemin pour descendre à Alos de Isil tongue. C'est juste avant d'arriver à Bordes de Moredo, que l'on rejoint en coupant au mieux les lacets de la route. Avant l'entrée dans ce hameau, après être passé devant des ruches en contrebas de la route, il y a sur la droite un panneau indiquant le départ d'un sentier : « Gite - Alos de Isil » . Ce sentier, très bien marqué en jaune sur tout son long, va directement à Alos de Isil, sans aucune difficulté à part peut-être à un endroit où un mur de soutènement s'est effondré. Les fameux problèmes de végétation cités dans le Véron ne sont donc plus d'actualité cool.

Je découvre ce village, très beau et très calme en cette fin de matinée. Je refais le plein d'eau à une fontaine avant de me remettre en route. En route, c'est le cas de le dire puisque ça commence par du goudron sur plus de 2 km. Après avoir passé le pont de la Pena et alors que je remonte la piste vers les deux granges d'où part le sentier, je retrouve les mêmes fanions que ceux de la veille. Décidément, ce parcours de course de trail n'en finit pas. Bien et pas bien pour moi. En fait, je m'aperçois que je n'ai qu'à le suivre tout du long, il me mène où je vais. C'est seulement vers la fin, à l'approche du col de la Cornella, le col indiqué dans le guide Véron, que je m'aperçois que les fanions me font bifurquer vers le col suivant Bassa xica de la Tartera. Ne sachant pas vraiment où va cette course de trail, je redescend 50 mètres de pierrier pour reprendre l'itinéraire vers le bon col. C'est alors que je rencontre un randonneur qui monte dans ma direction. Lui-aussi s'est trompé. On se met à faire route ensemble pour passer le col de la Cornella. Il s’appelle Christophe, c'est un Hrpiste d'Eure-et-Loir, mais comme il ne dispose que d'un temps limité, il ne fait qu'une partie du trajet. Le courant passe bien, il est sympa cool.

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Le col de la Cornella, depuis le bivouac au lac Tartera

Alors que le ciel se charge d'une couleur grise de plus en plus sombre, on s'arrête au lac de Tartera pour bivouaquer, juste après le col de la Cornella. Il y a du vent. Les fanions de la course de trail sont toujours là, preuve que la traversée par l'autre col était possible. En y regardant bien, elle était même plus facile, plus adaptée à la course à pieds que le col de la Cornella dont la descente sur le lac de Tartera est très raide. L'orage s'annonce alors que nous finissons tout juste de nous installer, une grosse averse de grêle suivie de pluie dans la première partie de la nuit. C'est conforme aux prévisions que j'avais reçues par SMS de ma compagne qui fait mon routeur météo, et qui m'avait annoncé trois fins d'après-midi de suite avec des orages. Celle-là est la première de la série. Dîner en terrasse sous la pergola ce soir-là, heu... je veux dire sous le bec de mon abri big_smile. Pour le dessert, je suce un bonbon que m'a donné Christophe. Il m'a raconté que c'est un anglais qui terminait sa balade dans les Pyrérénes qui lui a donné son reste de paquet de bonbons en lui expliquant que ça fait un dessert léger que l'on peut partager. En m'endormant, je regarde les grêlons qui rebondissent en tombant sur le sol. Je calcule que c'est la fin de trois semaines de beau temps sans interruption, 22 jours exactement smile. (Je ne compte pas les quelques gouttes reçues la nuit en bivouaquant au lac de Peyreget).

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#39 30-09-2015 19:00:39

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J23 : Vendredi 17/07/15
Du bivouac au lac de Tartera (2382m), par l'abri Enric Pujol et Noarre, jusqu'au refuge de Certascan.
Estimation par openrunner : 19 km, D+ 1540, D- 1670

Le parcours de J23

Grand beau temps. Je pars avant Christophe qui est moins matinal que moi. La descente depuis le col de Calberante vers le refuge Enric Pujol est magnifique, avec de nombreux lacs entourés de dalles de rochers polis par d'anciens glaciers.

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Estany major de la Gallina

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Estany Mitja

Le soleil fait bien ressortir les couleurs minérales, du brun au rouge foncé. Je croise à nouveau toute une troupe de jeunes scouts espagnols dans la descente, puis un couple de HRPistes à l'abri Enric Pujol. Ces derniers ont évité la descente sur Noarre en prenant la variante par le haut, par les lac de Mariola, le col et le lac de la Riberata. Ils me disent que c'est plus long que par Noarre. Plus sauvage aussi. Ils portent lourds et ils ont l'air d'en avoir bavé. Je regarde aussi l'itinéraire consistant à couper par au-dessus en restant sur un niveau 2100 mètres, mais ça ne m'inspire pas, estimant que ça ne vaut pas vraiment le coup en terme de temps de parcours, vu les hors-sentiers et les petites erreurs de parcours et autres que cela doit entraîner immanquablement.

C'est donc la longue descente sur Noarre, en fait une belle descente sur un bon sentier bien ombragé cool. Christophe me rattrape alors que je fais une halte pour me ravitailler en eau près d'un torrent. Il continue devant. Âgé d'environ 45 ans, c'est encore l'un de ces randonneurs traditionnels bien chargés, mais il a la forme et va à un bon rythme, beaucoup plus rapide que le mien wink.

A Noarre, je me trompe un peu, descendant trop bas sur la route que l'on rejoint avant le village. Je remonte et rejoint le village par un agréable sentier à l'horizontal. Noarre, c'est bien plus petit qu'Alos de Isil, mais il y a plus de vie, je croise du monde, les rénovations vont bon train. Après la sortie du village, la remontée le long du torrent de Noarre se fait sur un sentier agréable bien ombragé cool. Plus haut vers 2050 mètres, ça monte carrément très fortement et très efficacement dans des pierriers pour atteindre un premier petit lac à 2150 m.

Je rejoins Christophe un peu après, avant les lacs de Guerossos. Il est surpris de me voir, moi-aussi, je le croyais loin devant. Le ciel s'est bouché, l'orage n'est pas loin, je sens que Christophe s'arrêterait bien aux lacs de Guerossos pour bivouaquer. Moi, je suis tendu vers l'objectif de passer le col de Certascan qui n'est pas beaucoup plus haut. On continue, le col est en vue. Nous le passons sans que l'orage éclate.

En descendant de l'autre côté, la vue sur le lac de Certascan est très belle. On dirait l'anse d'une mer intérieure. Plus loin, les passages où on le longe en passant sur des rochers tombant verticalement dans l'eau sont très beaux aussi. C'est juste avant d'arriver au refuge de Certascan.

En fait, l'orage n'éclatera que lorsque nous serons arrivés au refuge, où nous dormirons, mais où nous cuisinerons notre propre nourriture dans la partie hors-sac. Pas de problème avec le gardien sur ce point, il est sympa et compréhensif smile. La pluie crépitera une bonne partie de la soirée. On est vendredi soir, il y a du monde, des espagnols venus pour le week-end. Le mulet du refuge passe toutes ses journées à frapper le sol de son pas lourd et lent entre l'arrière et l'avant du bâtiment. Il a un petit coin abrité fait pour lui sur un côté du refuge, un peu comme un couloir dans lequel le gardien le rentre pour qu'il puisse passer la nuit au calme. Un jeune couple a choisi de dormir sous leur tente sur un petit replat à 5 mn au-dessus du refuge.

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#40 30-09-2015 19:14:59

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J24 : Samedi 18/07/15
Du refuge de Certascan, par le Pla de Boavi et le col de Sellente, jusqu'au refuge Valferrera
Estimation par openrunner : 17 km, D+ 1320, D- 1700

Le parcours de J24

Grand beau temps. Je pars seul en direction du refuge de Valferrera.  Christophe, lui, a décidé de passer par Mounicou. Je n'ai pas d'état d'âme de ne pas passer par Mounicou et l'Etang Fourcat. De toute façon, j'ai toujours ma cheville droite à la ramasse, elle n'est pas stable latéralement, sans doute une petite entorse et j'ai décidé de faire au plus facile smile. Je dois composer avec lorsque je marche, faire attention de poser mes pieds en la sollicitant le moins possible.

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Petit lac et rochers rouge (après ref. Certascan)

La descente jusqu'au Pla de Boavi fonctionne bien, ça va vite. Je plains ceux qui remontent dans les endroits où il faut se frayer un chemin à travers les fougères. D'ailleurs, à deux reprises, je croise un couple de randonneurs qui remonte, un français et un espagnol. Avec leurs gros sacs, ils ne sont pas à la fête. Du Pla de Boavi, je n'en reviens pas de voir le sentier qui remonte au col de Sellente. Un sentier avec un muret de soutènement ! La grande classe ! Jamais vu ça dans les Pyrénées, à part le sentier qui monte au refuge de la Renclusa. Passage au refuge de Baborte. Le lac est beau smile.

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Refuge de Baborte

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Lac de Baborte

Puis c'est un long cheminement jusqu'au refuge de Valferrera. Pour le troisième après-midi de suite, le temps tourne à l'orage. J'arrive au refuge sous une averse de grêle. Avec ma veste de pluie, je suis sec en haut, mais je n'ai pas eu le temps de mettre mon pantalon de pluie et en arrivant, je vais essorer mon pantalon de rando aux toilettes. Un jus marron s'en écoule. Ça l'a un peu rincé, tant mieux. Je me dis que la jupe de pluie doit être plus efficace dans les cas d'urgence. Plus rapide et plus facile à mettre en œuvre. Comme le mauvais temps semble vouloir se maintenir, je prends une demi-pension sans le petit-déjeuner car je compte partir très tôt le lendemain. Très bon accueil des gardiens smile. Ils rechargent mon téléphone dans la cuisine, me permettent de me faire rappeler sur leur fixe depuis la France pour 1€. Comme j'ai dû leur donner mon prénom pour me faire rappeler, ils n'arrêtent pas de m'appeler par mon prénom au cours de la soirée et c'est plutôt sympathique, moins anonyme smile.

C'est samedi soir, il y a foule au refuge, beaucoup d'espagnols venus faire le Pic d'Estats le lendemain. Mais le refuge n'est pas complet pour autant. Dans ma chambrée, nous ne sommes que trois, je suis seul à l'étage. Les deux espagnols au-dessous de moi discutent entre eux en un flot continu dont je ne comprend rien. Avant le dîner, j'arrive à poser une question en français et la discussion se poursuit dans la langue de Molière avec l'un des deux qui la parle bien. Je réalise que, plus que nous, les espagnols ont une grande capacité à discuter de tout et de rien lol. Dîner très sympa à une table de barcelonnais. Une femme à côté de moi parle français et on ne se prive pas tongue. Je raconte la traversée que je fais, ils me soignent, me servent de bonnes portions. J'ai une tendance à finir les plats qui sont pourtant copieux. J'ai l'impression que mon estomac est un puits sans fond roll. Je mange beaucoup et je n'ai même pas mal au ventre. Il y a aussi dans leur groupe une jeune française de Bordeaux habitant Barcelone, mais elle est assise trop loin de moi pour que je puisse lui parler.


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#41 30-09-2015 19:43:33

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Sympa le CR. J'ai a peine le temps de lire que tu poste une deux journées de plus!

Dernière modification par kodiak (30-09-2015 19:50:05)


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#42 30-09-2015 20:22:23

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

kodiak a écrit :

Sympa le CR. J'ai a peine le temps de lire que tu poste une deux journées de plus!

Bonsoir Kodiac smile

Merci smile
Pour la rapidité, c'est vrai que, comme mon compte-rendu écrit est prêt, ça va assez vite pour poster. Le plus long, c'est le chargement des photos que je fais au fur et à mesure.
A tout bientôt pour la suite, mais tu n'es pas obligé de tout lire d'un coup wink


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#43 30-09-2015 21:01:51

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J25 : Dimanche 19/07/15
Du refuge Valferrera, par les cols de Boet et de Rat, jusqu'à la cabane La Serrera (après le refuge Sorteny).
Estimation par openrunner (hors automobile) : 18 km, D+ 2020, D- 1070

Le parcours de J25 (jusqu'à Arcalis)
Le parcours de J25 (depuis El Serrat)

En fait, j'aurai pu prendre le petit-déjeuner au refuge car tous ceux qui vont au Pic d'Estat se lèvent très tôt et le refuge sert dès un peu avant 6h. Je me retrouve à table avec le groupe de la veille au soir, ils me filent plein de trucs à manger du petit-déjeuner qui leur est servi tongue. Il fait comme d'habitude très beau dès le matin cool. Montée au Port de Boet, une fois de plus sur un chemin soutenu par un muret et qui fait des lacets, ce que je n'ai pas souvent vu dans ma traversée. Sans doute un ancien chemin muletier.

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Port de Boet et pic de la Rouge (à gauche)

En redescendant de l'autre côté, je discute un moment au lac de la Soucarrane avec un jeune couple de pêcheurs français venu passer là le week-end. Il fait très beau et je les envie de rester là à buller autour de ce joli lac cool.

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Etang de la Soucarrane

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Vallée de Soulcem, en descendant du port de Boet

Je prends le chemin qui descend directement dans la vallée de Soulcem, puis le sentier qui remonte au Port de Rat. Une belle montée dans la partie supérieure de l'accès à ce col. Là-haut, alors que, pour manger un morceau, je me suis mis en contrebas côté andorran à cause du vent, un type émerge au sommet, venant du côté français. Petit sac à dos et grosse paire de jumelles. Il attaque direct en me demandant où je vais, d'où je viens. Je ne lui dis pas mais je pense fort : 'du calme mon garçon' lol. Je lui demande qui il est et à quel titre il me pose ces questions neutral. Il paraît un peu décontenancé et s'excuse. Je lui dis qu'avec ces grosses jumelles, je l'avais pris pour un garde ou quelque chose comme ça. Il me dit que les grosses jumelles, c'est pour regarder deux potes à lui en train de faire une course sur un pic à proximité. Mon œil ! Je trouve ça bizarre quand même.

Au dessous, les équipements de la station de ski d'Arcalis gâchent la vue roll. Je descend et arrive au parking principal où il doit y avoir 300 voitures. A côté d'un restaurant qui jouxte le départ d'un télésiège en service, il y a des immenses équipements gonflables de toutes les couleurs, un genre de mini lunapark pour enfants. C'est comme une tâche dans la montagne, avec de la musique en plus. C'est sans doute pour attirer les parents au resto pendant que les enfants jouent. Mais ça ne marche pas, il n'y a aucun enfant et le resto est presque vide. Comme s'ils ne sont pas mieux à profiter de la nature environnante avec leurs parents, les enfants ! Bref, c'est la misère, ce coin roll.

Alors que je traverse le parking, je vois devant moi un couple d'espagnols en train de rejoindre leur voiture. C'est trop tentant tongue. Je me rapproche et leur demande : « El Serrat ? » (en prononçant bien le 't' à la fin). Ils me répondent 'oui' et une minute plus tard, je suis assis à l'arrière d'une berline. J'évite ainsi la marche sur la route, puis sur un GR de pays qui longe cette route. Une chanson s'invite dans ma tête pendant la descente : « … à l'arrière des berlines... Je suis le roi des scélérats, à qui sourit la vie... usez vos souliers... Et que ne durent que les moments doux... ». Je m'en fous ! mais c'est la quatrième entorse à ma traversée des Pyrénées à pieds big_smile.

Juste au-dessus d'El Serrat, je rattrape le chemin qui part vers le refuge de Sorteny. A cet endroit précis, je rencontre un jeune HRPiste qui fait la 3ème et ultime partie de la HRP d'Ouest en Est smile. C'est Benjamin, il a 31 ans, un gros sac traditionnel sur le dos et des grosses Meindl aux pieds, avec, quand on le suit, l'étiquette jaune Vibram bien visible sous la semelle à chaque pas. Nous discutons le coup en montant, passons au refuge de Sorteny. Le temps commence à se gâter pour le quatrième après-midi de suite. Nous décidons de faire étape avant qu'il ne commence à pleuvoir peu après le refuge de Sorteny, à l'abri La Serrera.

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Abri La Serrera - Devinette : parmi les items qui sèchent, lesquels appartiennent au randonneur traditionnel, et lesquels au randonneur léger ? lol

En fait, il pleuvra assez tard et très peu ce jour-là. La soirée nous permet de faire connaissance. En fait, on randonne un peu de la même façon. Lever tôt, coucher tôt, lavage personnel et lessive dans les torrents aussi souvent que possible. Il semble apprécier mes levers à 5h, mais il n'est pas du tout d'accord sur le fait de faire du stop, comme je viens de le faire ce même jour pour descendre à El Serrat depuis la station d'Arcalis, me disant que sur le plan de l'éthique de la traversée, ce n'est pas terrible. Il me dit que ce chemin qu'il a lui-même emprunté à partir d'Arcalis en descendant de l'Etang Foucat n'était pas si mal. Je sais bien que, sur le fond, il a raison, mais je lui réponds qu'il n'y a pas de problème sur le plan de l'éthique à partir du moment où je ne m'en cache pas. Je fais la traversée que je veux et dis ce que je fais. Un peu de stop dans les endroits sans intérêt ne fait pas de mal et ça repose wink. Il me rappelle ma traversée des Alpes que j'ai fait en de nombreuses étapes, où j'en étais à mettre le pied sur une ligne de départ fictive lorsque je revenais pour faire une nouvelle étape. Les temps ont changé hmm.

Dernière modification par enrico (06-10-2015 09:50:37)


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#44 30-09-2015 21:22:52

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J26 : Lundi 20/07/15
De la cabane La Serrera (après le refuge Sorteny), par le lac de la cabane Sorda, jusqu'au bivouac entre les deux lacs de Juclar.
Estimation par openrunner : 19 km, D+ 1430, D- 1300

Le parcours de J26

On démarre ensemble avec Benjamin. En fait, on va marcher six jours ensemble. Six jours un peu durs pour moi, parce que le rythme de Benjamin est juste un peu trop rapide. Disons qu'en moyenne, il tient un rythme de 6 à 700 m/h à la montée quand je suis à 5 à 600 m/h. Je m'adapte et de son côté, cela lui permet de faire plus de photos et de prendre plus de temps pour vérifier l'itinéraire sur ses cartes et sur le topo Véron (papiers). Par contre, à la descente, il est moins rapide et nous allons au même rythme.

En redescendant du col des Meners, alors qu'on discutait, on se trompe vers 2250m en prenant un chemin secondaire sur la carte, mais apparaissant comme chemin principal dans la réalité. C'est là que l'on voit de loin un renard. Un peu plus bas alors que je marche devant, je me retrouve face à lui au détour d'une bosse, à environ cinquante mètres big_smile. Ce couillon ne nous avait pas vu. Je fais signe à Benjamin de se baisser et de prendre son appareil de photo. Quand on se relève, on voit le goupil détaler à une vitesse incroyable dans des terrains escarpés. On aurait dit une séquence hors goudron du road-runner Bip Bip poursuivi par le coyotte big_smile.

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Pic Nègre de Juclar

Mais tout cela ne nous remet pas sur le bon chemin et nous nous retrouvons à 1950 m sur un parking à l'arrivée d'une petite route venant de Ransol. Nous devons remonter 250 m pour rejoindre notre chemin au refuge Coms de Jan. Pique-nique au lac de la Cabana Sorda. De là, un chemin à flanc nous mène au point de confluence entres les torrents de Manegor et de l'Isla, à 2026m. C'est un peu avant que l'on rencontre deux couples de HRPistes que Benjamin avait déjà croisé au refuge de l'Etang Fourcat. L'un d'entre eux est en mode refuge/refuge sur une quinzaine de jours. A environ 100€ l'étape à deux, on calcule que ça commence à faire un budget hmm. Nous prenons tous un joli sentier rouge et blanc qui monte sur l'Obaga de Juclar, contourne l'Alt de Juclar pour arriver sous le premier lac de Juclar. On boit un coca au refuge de Juclar. D'autres randonneurs français arrivent, venant de l'Est. Certains ne souhaitent pas dormir au refuge, mais, fatigués, ne semblent pas très motivés pour repartir. On laisse tout ce petit monde réfléchir et avec Benjamin, on repart.

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2ème lac de Juclar

Le premier lac de Juclar est un lac de barrage avec des flancs trop escarpés pour bivouaquer à côté. Le deuxième lac est très beau et on peut s'y baigner. On trouve un lieu de bivouac 5 étoiles juste entre les deux lacs, avec un petit torrent d'eau fraîche à proximité pour la consommation cool. On se lave et on se baigne smile. Le soir, six jeunes allemandes débarquent en provenance du col de l'Alba et nous demandent si elles peuvent bivouaquer à côté de nous smile. Elles portent toutes le même foulard, sans doute des guides. Bien entendu, nous leur disons que c'est d'accord, le spot de bivouac ne nous appartient pas. Je ne comprend pas l'allemand, mais elles semblent très décontractées, n'arrêtant pas de se parler. Mine de rien, leur petit groupe affiche une belle cohésion, cependant mâtinée d'une certaine dose d'insouciance. Elles posent leurs affaires et partent dîner au refuge distant d'une vingtaine de minutes, malgré un temps qui devient menaçant. Lorsqu'elles rentreront plus tard, il fait nuit noir et elles devront monter leurs tentes sous une pluie battante.

Dernière modification par enrico (17-10-2015 15:26:31)


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#45 30-09-2015 21:39:00

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J27 : Mardi 21/07/15
Du bivouac entre les deux lacs de Juclar, par le col de l'Alba et l'Hospitalet, jusqu'à la cabane du Cortal Rosso (au-dessus col de Puymorens).
Estimation par openrunner : 20,5 km, D+ 1130, D- 1340

Le parcours de J27

On part comme d'habitude vers les 6h passées, sans réveiller nos voisines de bivouac. Il fait très beau, la montée au col de l'Alba est agréable smile. La suite du parcours par les étangs d'Albe, de Couart jusqu'à celui de Pédourrès nous surprend par la rudesse de ses pierriers, dans un décor cependant magnifique.

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Etang de Couart

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Une araignée, championne du DIY

Nous rencontrons trois randonneurs en train de finir leur petit-déjeuner à côté de leur tente à l'étang de Pédourrès. Deux garçons et une fille, tous trois dans la trentaine. Ils ont des sacs énormes. Ils sont venus pour pêcher et vont de lac en lac pendant plusieurs jours. Un moment sympa avec eux cool. Leurs sacs ne sont pas bourrés que d'angoisses mais aussi de plein de bonnes choses. Je fais honte à Benjamin - en fait pas tant que cela - en me faisant offrir tartines de miel et petits gâteaux.

La suite du parcours jusqu'à l'Hospitalet est plus facile. En y descendant, on s'arrête un instant pour discuter avec des locaux qui sont en train de nettoyer le sentier de toute la végétation qui dépasse avec des rotofils. Ils s'excusent pour les fleurs qu'ils coupent, mais nous, on les remercie pour leur travail de nettoyage. Ils nous montrent d'en haut où se trouve l'épicerie. A cette épicerie, qui fait également bar et restaurant, on trouve de la nourriture pour faire du ravitaillement, mais il y a peu de vrai choix pour le randonneur, sauf peut-être pour ceux que cela ne gêne pas de porter des boîtes de conserve, des pâtes à cuisson lente, du riz standard, du pain, etc. Il n'y a même pas de saucisson, que du jambon blanc, du jambon cru et du fromage, avec des prix très chers. De plus, l'accueil, en tous les cas en ce qui nous a concerné, est tout simplement pas sympathique, même pas commerçant sad.

La remontée vers le col de Puymorens est longue, sur sentier puis sur piste. Nous rencontrons une petite famille, père, mère et deux jeunes ados, qui sont partis depuis une semaine en itinérance de refuge en refuge. Nous nous disons après coup que c'est courageux de la part des ados de marcher autant. Plus loin, c'est un troupeau de chevaux de Mérens que nous découvrons dans un champ à côté du chemin. Cette race ariégeoise de petits chevaux noirs, réhabilitée dans les années 70, était utilisée pour les travaux depuis l'antiquité.

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Chevaux de Mérens au-dessus du col de Puymorens

Le temps commence à se boucher et c'est en courant sous la pluie que nous arrivons au petit abri de Cortal Rosso (2100m) où nous passerons la nuit. L'abri est propre, mais il est bien tagué. Il y en a même un qui a écrit sur un mur "Vive les Muls", sans doute par excès d'enthousiasme. Je reçois des nouvelles de Christophe, des MMS avec des photos qu'il a prises quand on marchait ensemble. Il est à l'Hospitalet et il part au camping de Poivré Puymorens. Après Mounicou, il est descendu par la vallée de Soulcem, puis est remonté au col de Rat. Je lui donne notre position par SMS, puis je l'appelle. Il a fait une chute dans un pierrier en descendant du col de l'Albe. Pas trop grave quand même, mais ça ne m'étonne qu'à moitié, vu la difficulté de ces pierriers.

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#46 30-09-2015 21:49:30

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J28 : Mercredi 22/07/15
De la cabane du Cortal Rosso (au-dessus col de Puymorens), par le Puig Carlit, jusqu'à l'abri de la Calma (non loin du lac de la Pradella).
Estimation par openrunner : 19 km, D+ 1120, D- 1290

Le parcours de J28

Le temps est encore incertain quand nous partons en direction du Puig Carlit, mais ça tient. Plus on s'approche, plus la montée au Carlit surprend Benjamin par sa raideur. Il pense même qu'elle est plus à droite. Moi, je vois bien les traces faites dans le pierrier par les randonneurs. Je lui dis que c'est parce qu'on voit cette montée de face qu'elle paraît aussi raide. En final, c'est aussi raide et un peu pareil que la montée finale au Mont Perdu, mais c'est plus long. Benjamin est parti devant. Le temps s'est bien dégagé et nous pouvons profiter de la vue au sommet, où je le retrouve en grande conversation avec un jeune perpignanais qu'il a découvert seul au sommet en train de chanter en s'accompagnant avec une petite guitare verte.

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Un sac à dos, une petite guitare verte, une croix tordue, c'est au sommet du Puig Carlit

En fait, ce jeune, dont j'ai oublié le prénom, se filmait en plus avec une GoPro pour alimenter la page d'accueil d'un blog qu'il a créé en vue d'un grand voyage intercontinental qu'il va faire au cours d'une année sabbatique. Il connaissait très bien le coin. Des gens commencent à arriver par petits groupes des Bouillouses quand nous repartons à trois avec ce jeune de Perpignan avec lequel nous ferons toute la descente jusqu'au refuge Caf des Bouillouses. Arrivés en bas du Puig, nous traversons tout cet espace avec de beaux lacs et de bons chemins sans trop de dénivelé, espace taillé pour le tourisme familial. D'ailleurs, des familles, nous en rencontrerons en grand nombre dans ce coin. Nous pique-niquons au refuge Caf, mais moi, n'ayant presque plus rien à manger dans mon sac à dos, je commande le menu que me propose le gardien. Un gars qui a à cœur de bien faire manger ses clients. C'est dit. Ça a commencé par un délicieux gaspacho maison. Tout le reste était très bon. Plus tard dans l'après-midi, après avoir dit au revoir au jeune de Perpignan qui reprend sa voiture, nous repartons à pieds avec Benjamin, mais bien vite, le temps semble tourner à l'orage. Comme nous ne voulons pas nous trouver, au moment de bivouaquer, dans les zones urbanisées que nous allons devoir traverser, nous faisons étape à l'abri de la Calma, à l'écart du GR10. Abri cinq étoiles, assez grand, une cheminée, éclairé par une grande fenêtre, avec des murs blancs non tagués. Ruisseau à faible débit à proximité, où on pourra quand même se laver et faire notre lessive. Plusieurs averses de pluie en soirée.


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#47 30-09-2015 22:06:32

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J29 : Jeudi 23/07/15
De l'abri de la Calma (non loin du lac de la Pradella), par Bolquère et Eyne, jusqu'au bivouac au Pla de la Beguda (2335m – Haut de la vallée d'Eyne)
Estimation par openrunner (hors automobile) : 26 km, D+ 1030, D- 580

Le parcours de J29 (début)
Le parcours de J29 (fin)

Le GR10 jusqu'à Bolquère comprend des parties fortement caillouteuses vraiment pénibles. A l'intersection avec la D618, nous prenons à droite cette route que nous remontons sur 1,5 km pour arriver à un super marché Casino, où je fais un ravitaillement pour 5 jours. Je laisse Benjamin pour aller aller acheter du gaz au magasin de sport au départ des remontées mécaniques de Pyrénées 2000, mais je rentre bredouille. Je dis alors à Benjamin de partir seul, je ne veux pas le faire attendre pendant que je vais faire du stop pour aller acheter du gaz à Font-Romeu, avec toute l'incertitude que cela comporte. Chacun part de son côté, on se dit qu'on se reverra peut-être en haut de la vallée d'Eyne pour bivouaquer.

Après seulement 5 minutes de stop, un type en grosse BMW me prend. Dans ce coin, on dirait que plus on a une sale gueule, mieux ça marche. Le gars est sympa, il me dépose devant une quincaillerie où, à son avis, je suis sur de trouver du gaz. Manque de pot, ils n'ont que des recharges camping gaz, les cartouches à vis n'étant vendues que dans les magasins de sport. Mais on m'en indique un à deux minutes : Sport 2000. J'achète ma cartouche et le jeune vendeur, voyant ma dégaine de vagabond, me branche sur la HRP, il me raconte qu'il est en train de la préparer. On en discute deux minutes. Le retour en stop est aussi facile qu'à l'aller, cette fois-ci avec un jeune webmaster qui va à un rendez-vous professionnel. Il me dit que le stop est difficile dans ce coin. Hypocritement, j’acquiesce lol.

Je me remet en route au carrefour de la D618 avec le GR10. C'est beaucoup de goudron pour descendre à Bolquère village, puis au col de la Perche. A la sortie de Bolquère village, en face du monument aux morts, je suis impressionné par une présentation du GR10 qui est faite dans un espace dédié en bord de route, avec les kilométrages d'un côté et de l'autre, des peintures de toute la chaîne des Pyrénées avec les principales étapes etc.

Au col de la Perche, je prends le GR du tour de Cerdagne, puis au carrefour où l'on voit un beau dolmen sur un tertre, le sentier archéologique qui remonte à Eyne. Là, je rencontre des familles en vacances, plus loin des enfants sur des poneys. A un moment, alors que j'allais croiser une famille, j'entends la femme dire : « Bernard, tu fais attention aux enfants et tu surveilles Pepsi ! » lol.

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En me retournant dans la Vallée d'Eyne

Eyne est un très beau village, avec beaucoup de vieilles maisons retapées, mais c'est de bon goût, ça n'en rajoute pas. Je remonte la vallée d'Eyne le long de son torrent, c'est un très joli coin. Il y a beaucoup de monde qui s'y promène, des pêcheurs aussi. Arrivé au Pla de la Beguda, au plus haut de la vallée à 2335 mètres, je retrouve Benjamin qui s'est installé derrière un petit muret de bivouac. Il s'est déjà lavé et a fait sa lessive. Pas facile pour moi de trouver un emplacement pas trop loin qui ne soit pas en zone potentiellement humide, mais je m'adapte. Mon emplacement n'est pas terrible mais heureusement, malgré un ciel qui se couvre, il ne pleuvra pas cette nuit-là. Tant qu'il y a du soleil, le fond de la vallée d'Eyne s'éclaire d'une belle robe minérale rouge brique.

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Concours de queues... de ch'val !

Je reçois à nouveau un selfie de Christophe par MMS. Il était au Carlit à 11h la veille, soit une heure après nous. Il est au gîte des Orris à Planes. Il va y rester deux jours pour aller visiter Montlouis. Après, c'est la fin de parcours dans les Pyrénées pour lui cet été. On se souhaite bonne chance. Enfin, c'est surtout moi qui lui souhaite bonne chance parce que Christophe, il est depuis peu licencié économique, avec encore deux grandes ados à la maison. Il est venu faire cette balade parce qu'il avait besoin de décompresser.

Un gars arrive et installe son bivouac 100 mètres au-dessous de nous. Dans la soirée, on entend siffler des marmottes et on voit de nombreux isards. Certains d'entre eux descendent pour boire et remontent sur l'autre versant.


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#48 30-09-2015 22:21:09

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J30 : Vendredi 24/07/15
Du bivouac au Pla de la Beguda (2335m – Haut de la vallée d'Eyne), par la station Vallter, jusqu'à la maison forestière à côté du refuge de Mariailles
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 1390 ; D- 1975
Estimation par openrunner : 36 km, D+ 1420, D- 2040

Le parcours de J30

La montée au col de Nuria est assez rapide. Puis c'est le cheminement sur la crête où se succèdent les pics et les cols. La lumière matinale est fantastique. On voit des isards par dizaines, pour ne pas dire par centaines. Parfois des cabris avec leur maman.

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Essai de photo d'isards avec un smartphone !

Il y a aussi quelques espagnols coureurs de trails qui s'entraînent. On discute avec l'un d'entre eux sur ces montagnes qu'il connaît bien. Le gars qui bivouaquais en-dessous de nous nous rattrape juste avant la descente sur le refuge d'Ull de Ter. C'est un Hrpiste, il doit avoir dans les 23 ans et il marche bien. Il a commencé la HRP avec son père, mais ce dernier à dû s'arrêter à cause de problèmes aux ménisques. La veille, il avait fait une étape depuis le lac de Lanoux jusqu'en haut de la vallée d'Eyne, en passant par le Carlit.
En attendant, on le laisse descendre au refuge d'Ull de Ter et nous, on coupe à l'horizontal en traversant le domaine skiable jusqu'à la station supérieure de Vallter où on boit un coca à la cafétéria tout en mangeant un petit encas de notre sac. Puis on remonte à la portella de Morens en n'oubliant pas de faire le plein d'eau en traversant le torrent. D'après le topo, il n'y en a plus après.

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Vaches blanches devant le Roc Blanc

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les nuages s'invitent et maintenant, un combat s'engage entre le gris  et le bleu

Le décor a changé, on fait maintenant des kilomètres de chemin plus ou moins à plat ou en courbe de niveau. Le jeune rencontré précédemment nous rattrape et file devant. Il s'était arrêté au refuge pour manger un sandwich. Le ciel commence à se couvrir du côté espagnol. A partir du col près du Pic de la Llosa, le tonnerre commence à gronder sérieusement, nous faisant allonger le pas. Enfin, le mien surtout parce que Benjamin a décidé de rester stoïque en disant que si ça doit tomber, que ça tombe et on verra bien. Il décide d'ailleurs de faire une pause déjeuner sous la menace orageuse, ce dont je me serais passé sans problème. Je ne réagis pas comme lui et accélère la cadence. Je lui dis à un moment que lorsqu'il verra un éclair lui péter à 10 mètres, il réagira différemment. Il en convient. Nous passons près de crêtes rocheuses magnifiques. Nous avançons ainsi tout l'après-midi avec ces roulements de tambours sur notre droite.

A l'abri CAF du Pla Guillem où nous avions prévu de nous arrêter, ne voyant pas d'eau à proximité, nous décidons de pousser jusqu'au refuge de Marialles, ou plus exactement à l'abri forestier juste à côté. Nous rencontrons un petit groupe avec un accompagnateur de moyenne montagne. Ce dernier nous dit que ce coin du refuge de Mariailles reste souvent à l'abri des orages. Ce ne sera pas le cas, mais nous aurons de la chance, les pluies orageuses ne tomberont qu'une fois bien installé dans l'abri forestier, lessive faite et lavé à la source située à 5 minutes en amont. Enfin, pas tout à fait pour moi, car comme d'habitude, j'ai traîné, cette fois-ci pour discuter dans l'abri avec un couple de belges et du coup, je me suis lavé sous la pluie finissante de la première averse. Ce jeune couple belge était très sympa, des globe-trotteurs qui sont allés dans de nombreux pays sur tous les continents. Je me suis délecté de leurs histoires. Mais ils portaient plus lourd que lourd, avec des trucs invraisemblables dans leurs sacs à dos. Et puis, il y avait aussi le jeune Hrpiste qui nous avait rattrapé. Ce dernier nous dit qu'il compte aller jusqu'à Amélie le lendemain.

Pour Benjamin, c'est la fin provisoire de son parcours, puisqu'il doit retrouver sa famille et sa copine dans un camping au col de Jou, avant de repartir deux jours plus tard avec cette dernière pour rejoindre Banyuls.

Vers 11 heures du soir, alors qu'il pleut de manière soutenue, je vois des frontales dehors. La porte s'ouvre, ce sont des scouts, une quinzaine au total. Ils sont en retard pour un problème de transport en commun. Ils dîneront avant de se coucher, mais quand même avec une certaine organisation. Comme il n'y a pas assez de place dans le dortoir à l'étage, certains dormiront parterre au rez de chaussée.


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#49 30-09-2015 22:40:46

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J31 : Samedi 25/07/15
De la la maison forestière à côté du refuge de Mariailles, par le Canigou, jusqu'à Amélie-les-Bains (camping Amélia)
Estimation Openrunner : km = 44, D+ 1445, D- 2930
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 1445 ; D- 2945

Le parcours de J31

Je petit-déjeune seul et sans bruit vers 5h30, pour ne pas réveiller les scouts qui dorment parterre. En partant, j'oublie ma bouteille d'eau d'un litre, mais il me reste celle d'un demi-litre que j'utilise le plus souvent, et ma poche à eau de 2,5 litres, dans laquelle je vais glisser un litre à la première occasion. Un litre de sécurité.

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Canigou en vue, mais encore beaucoup de pierriers à traverser

Il fait beau dans la montée vers Le Canigou. Je découvre en passant le petit refuge Arago. Il semble être un abri cinq étoiles, avec son ruisseau d'eau fraîche à côté. Seulement deux couchages superposés, mais il y a un endroit ombragé près du ruisseau pour planter une tente. Au-dessus de cet abri, commence bientôt un parcours en pierriers comme seules les Pyrénées savent en offrir aux pas des randonneurs lol. Je fais attention à ma cheville. Je rencontre un Hrpiste avec lequel je discute un peu. Un jeunot, il doit avoir la cinquantaine cool. Il est de La Rochelle.

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Le voilà !

Plus haut, un peu d'escalade très facile dans des rochers en escalier et je débouche au sommet. Bien beau sommet en vérité. On ne voit pas la mer ce jour-là, mais la vue est tout de même très belle smile. Le rochelois est déjà là depuis un petit moment, il me propose du thé. Il fait chauffer de l'eau et je sort un paquet de gâteaux. On est au milieu de la matinée et il y a déjà quelques coureurs de trail qui ont fait la montée pour s'entraîner pour la grande course du coin prévue le week-end suivant.

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Sommet du Canigou

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Sommet du Canigou

Je descend plan-plan aux Cortalets. Incroyable, le monde que je croise qui monte au Canigou ! Mais on est samedi. Il y a même des jeunes qui monte avec un drapeau catalan. Au refuge, je suis rejoint par le rochelois. On discute le coup en pique-niquant tranquillement sur la terrasse. Il est comme moi encadrant de ski de rando, sauf qu'habitant bien plus loin des montagnes que moi, il a moins l'occasion de pratiquer. Je repars devant, il me dit qu'il me rattrapera.

Depuis les Cortalets, la suite du parcours se fait en grande partie sur un bon chemin horizontal pendant des kilomètres. Je change de rythme et j'accélère, mais du coup, je ne reverrai plus le rochelois. Par contre, je vois la mer à plusieurs reprises. Çà me motive. Me prêtant au jeu d'avancer vite, je finis par arriver au col de la Cirère à 16h, boudant l'Abri de Pinatell où je ne m'arrête pas. Du col, je coupe à gauche sous le Puig de l'Estelle pour viser la tour de Batère, sans passer par le gite éponyme. Ensuite, je maintiens un rythme rapide, parfois marchant, parfois même courant dans les descentes en faux plats. Mais cette descente à Amélie est longue, très longue, surtout en fin de journée. Comme je le fais depuis le début, je ressers mes chaussures de temps en temps avant les descentes raides et caillouteuses, pour essayer de préserver mes orteils qui commencent à aller mieux. Je me dis en rigolant qu'ils seront guéris une fois arrivé à Banyuls. A un moment, le marquage rouge et blanc m'entraîne dans un raccourci plein de buissons épineux, je m'en arrache et retrouve plus loin un bon sentier. A Montbolo, je choisis un peu au hasard de passer par la clinique El Sola. Arrivé vers 19h30 à Amélie, il ne me reste plus qu'à rejoindre le camping Amélia où j'arrive vers 19h50. L'accueil est fermé mais je m'installe, me douche et lave mes affaires. Encore une grosse journée pour moi, avec plus de 13h depuis mon départ de Mariailles.


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#50 30-09-2015 23:05:15

enrico
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Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J32 : Dimanche 26/07/15
De Amélie-les-Bains (camping Amélia), par le Perthus, jusqu'au bivouac au col de l'Ouillat
Estimation / Openrunner : km = 44, D+ 2210, D- 1460
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 2215 ; D- 1495

Le parcours de J32

Je décolle à 6h30 du camping, direction le Roc de France, sans être passé à la caisse du camping, vu qu'il n'y a encore personne. Interminable chemin en sous-bois, dont une grande partie est à l’horizontale. Je passe devant le Le Mas de Can Félix. Cette belle demeure au milieu de nulle part ne manque pas de charme.

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Le Mas de Can Felix

C'est là que je suis rejoint par le jeune Hrpiste qui est parti plus tard d'Amélie, où il a dormi à l'hôtel. Il me dit qu'il risque de faire pareil au Perthus. Je lui répond qu'une fois au Perthus, le col de l'Ouillat n'est pas si loin. Il part devant et je continue vers le Roc de France, où cependant je ne monterai pas, pas très motivé par les 100 mètres supplémentaires à faire pour voir une vue de beau temps brumeuse depuis ce sommet à 1450 mètres d'altitude.

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A l'approche du Roc de France

Je préfère couper au-dessous par le GR10, que je quitte au col del Pau de la Neu pour descendre au refuge de Las Salinas, un bel endroit où je fais le plein d'eau à l'une des trois buses qui alimentent en eau bien fraîche un long bassin de pierre. Puis je continue à descendre en direction du col de Lli. Bientôt, je me retrouve sur une piste, parfois bétonnée. Rien de tel pour me faire accélérer le pas.

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Un beau spécimen des forêts

Arrivé à Las Illas, je m'arrête au bar-restaurant juste à l'entrée de ce village. Accueil remarquable et sympathique, avec le petit geste de me déplier un parasol en terrasse pour boire un coca et manger mon pique-nique tiré de mon sac à dos, ceci en plein milieu du service cool. Il fait très chaud et la remontée de 200 mètres sur une route jusqu'au col du Figuier est pénible et peu intéressante. La HRP n'emprunte plus maintenant que le GR10, qui chemine exclusivement sur des routes non goudronnées, parfois même bétonnées.

A un moment, je croise deux randonneurs, un père et son fils ado. Ils vont de refuge en refuge et me demandent si j'ai vu une source. Je leur dis qu'à environ 20 minutes, j'ai fait le plein avec un peu d'eau qui traverse la route sur un bout de dalle en béton, eau venant, selon mon estimation, d'une source en amont. Je leur dis qu'il suffit de s'asseoir au bord de la route vers l'aval et de tendre sa bouteille sous le petit jet d'eau qui se forme à cet endroit tongue.

L'arrivée au Perthus en passant par le cimetière militaire du col de Panissars est interminable. Ce col mériterait une visite approfondie, avec son site archéologique et ce cimetière, témoin d'un bataille du XIIIè siècle. Je jette un coup d’œil rapide mais m'arrêter est impossible. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il fait très chaud et je remets deux pains de glace dans le congélo en buvant un coca bien frais et en mangeant une glace industrielle sans goût dans un bar de la rue centrale du Perthus. Je suis étonné par le spectacle de tous ces gens venus acheter tout et n'importe quoi, comme cette petite famille assise en terrasse à côté de moi. Ils ont acheté un paquet de pailles géantes. Oui, vous entendez bien, des pailles géantes pour boire avec une paille ! Bref, je quitte cet endroit pas fait pour moi et commence à remonter sur le GR10 en direction du col de l'Ouillat. Le cheminement de ce GR ne passe maintenant plus par la route, mais dès la sortie du Perthus, monte à droite dans des pistes qui s'entrecroisent et dont il ne faut pas perdre le fil. Au-dessus, c'est une fois de plus des kilomètres de piste à l'horizontal qu'il faut avaler, avant de finalement monter pour accéder au niveau du col de l'Ouillat.

L'accueil au gite-restaurant du col de l'Ouillat est des plus sympathiques big_smile. Les gens de cette région sont d'une gentillesse qui m'a beaucoup touché. Aucune ostentation, un accueil simple et gentil. Pourtant, je ne dors pas au gite et ne mange pas au restaurant. Je bois simplement mon troisième coca de la journée sur la terrasse qui offre une vue magnifique en camaïeu de bleu sur les montagnes. A 2,2€, c'est le coca le moins cher de toute la traversée. Les gens attablés me regardent et me sourient. Certains me demandent d'où je viens. La nouvelle que je viens d'Amélie circule de table en table. "Il vient d'Amélie, il vient d'Am..., il vient..., il..." lol. La jeune maîtresse des lieux quitte son service pour me montrer où sont les douches. Elle me dit qu'elle est contente de travailler ici parce qu'elle fait ce qu'elle veut et n'accepte que les gens qui lui plaisent. Je me lave et, question d'habitude, lave mon tryptique (tee-shirt, chaussettes slip). C'est 1€ la douche. Bivouac à côté d'une table de pique-nique dans la pinède à proximité.

Dernière modification par enrico (01-10-2015 07:33:09)


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