[Récit + liste] Une traversée des Alpes...Eté 2019...

06chamois · 29-10-2019 10:12:15

Salut guichet, sympa le coin Lauzanier / Salso Moreno.
En ce moment quasiment personnes et puis le pas de la cavale vu du bas c'est vrai que tu te demandes par ou tu peux passer.
En plein hiver c'est parfois (!!!!!) plus simple puisqu'il n'y a plus de chemin

Belle balade que tu as fait dans le coin (que j'adore

La suite ......

Guiloup · 29-10-2019 11:27:48

Le col des fourches a sans conteste été l'un de mes passages préférés de ma grande traversée du Mercantour 2019. La vue y est inimitable je trouve!

06chamois · 29-10-2019 12:40:17

L'été c'est super mais l'hiver trop beau mais un peu plus hard surtout

La petite chapelle du lac

Le lac gelé

Tu vois par ou tu es passé au Pas de la Cavale ????? Pas facile de retrouver ton passage et en hiver faire son tracé au plus juste avec le maximum de sécurité enfin presque.
La montée ça va mais la descente est plus ardue.

laxmimittal · 29-10-2019 13:41:53

coucou guichen,

que c'est boooo;

encore encore;

je te harcèle plus, promis

je repars dimanche et passe vers ton coin sur la N165/166 en fin de matinée. sinon, ta tente t'attendra sagement à Pâcques.

L.

Dernière modification par laxmimittal (29-10-2019 13:43:26)

azerty · 29-10-2019 14:15:58

salut guichen.
plein de souvenirs de mes coins préférés des alpes.

guichen a écrit :

#542967En passant dans la ruelle principale, ambiance mortifère (toujours sous des nuages noirs) et un torrent attirant:

les villages du queyras et de l'ubaye ont quelques particularités. il y a ces petites affiches qu'ils collent partout dans les rues avec les noms des défunts, et bien sur les maximes peu engageantes sur les cadrans solaires et la porte des cimetières. pour se rappeler que le temps passe.

tiens tu as raté celle là, c’était à fouillousse ou à maljasset, je ne sais plus, la photo date de 2005.

ester · 29-10-2019 14:27:30

Bonjour Mr Guichen, bonjour à tous,

Mr Guichen a écrit :

hésite à confier une partie de mes vêtements à la machine à laver.

La tenue du Mul à la laverie : en tenue d'Adam sous sa Gatewood, un hauban en guise de ceinture pour ne pas choquer les petits enfants (ou pour ne pas subir l’assaut des bûcheronnes), lisant avidement Rl sur son Iphone, relié à l’unique prise électrique…

Mr Guichen a écrit :

Autour de nous, ce sont donc des rhubarbes des moines (oseilles des Alpes) et épinards du bon-Henri (le roi, chénopode bon-Henri) qui poussent allègrement mais trop...
A ce moment là, j'ai une pensée pour nos cuisinières patentées de notre site chéri (tata ester, florencia): je les imagine déjà à couper, laver, recouper, tailler, blanchir, cuire, assaisonner ces plantes...

J’en salivais, rien qu’à la lecture de chénopode Bon-Henri !
Il y a des cuisiniers aussi ! Merci au passage à zorey qui m’a fait découvrir l’épinard sauvage (le chénopode) !

guichen · 29-10-2019 15:16:53

Bonjour les muls...

Ajout fait des photos de l'étape Larche - Bousieyas...

@ 06chamois: merci pour ces photos ambiance hiver; je ne suis pas encore certain de bien voir par où je suis passé!

@ Guiloup: en fait, c'est la globalité de l'étape qui reste un excellent souvenir; pas de difficultés majeures et des vues magiques!

@ laxmimittal: n'oublie pas de voir les photos ajoutées ce matin; je serai à Paris le 14 novembre...

@ azerty: +1 avec toi; et cela donne une de ces envies frénétiques d'y retourner!!!

Concernant le rapport vie-mort, effectivement très surprenant: influences protestantes, conditions de vie précaires...?

Au sujet des cadrans solaires: un catalogue de cadrans solaires...

@ ester: le fantasme du mul à poil sous sa Gatewwod, je ne connaissais pas!

Il y a bien sur des cuisiniers... Zorey en est un assurément: à raconter dans mon retour de la HRP!

guichen · 31-10-2019 01:09:31

Bonsoir les muls.

En relisant mes notes et vérifiant certaines informations, j'ai appris que j'étais passé près de la Cime du Mul proche de la Tête Carrée et du Pas de la Petite Cavale (à l'ouest du Pas de la Cavale)...

Quelqu'un connaît?

Mercredi 4 septembre 2019: Bousiéyas - Auron...

Départ à 7h10 du gîte.

Après un bout de route, j'emprunte une piste forestière puis arrive sur un replat puis je randonne sur un plateau au dessus d'une forêt de mélézes.

Au nord:

Le col de la Colombière est en face et facile à atteindre par une route d'alpage (arrivée à 8h20).

Au col, j'aperçois deux bêtes: je ne sais pas si ce sont des bouquetins ou des chamois.

Direction la Tête de Vinaigre soit 161 mètres plus haut : le dénivelé est avalé sans m’en rendre compte, le paysage s'offre pas à pas et quelques chamois m'observent...
A 8h40, je me trouve près de son fortin (c'était le point d'appui de Las Planas, petite position fortifiée du secteur fortifié du Dauphiné sur la ligne Maginot des Alpes).

Magnifique vue panoramique à 360°...

Vue sur la fin d'étape de la veille, au nord:

Au retour, au col, je rencontre un couple. Le monsieur est un retraité en devenir (dans six mois) de l'ONF: nous échangeons sur les temps durs de l'Office...
Il officiait dans le coin: il indique que le mélèze était très demandé. Or, l'accès aux massifs n'est pas aisé et il a connu la diminution des exploitations forestières et scieries...
Les deux commencent à me parler des prochaines étapes: n'en dites pas trop, que je découvre moi-même!!!

Zou, descente vers Saint-Dalmas-Le-Selvage: sentier un peu raide, très lisible...Il fait chaud, de plus en plus, c'est le suuuuud!

Derniers lacets et enfin le village à 10h47: direction la fontaine puis la place du village.
J'ai l'impression de me trouver en Corse: des petits vieux passent et repassent, les maisons, le paysage...Presque ma Balagne...

De vieux commerces:

J'y reste à peine une heure: pendant ce temps là, arrivées régulières de mes compagnons de chambrée à Bousiéyas.

Après l'église, je passe sur le torrent de Jallorgues (source de la Tinée) et marche sur la route forestière vers le col d'Anelle (fontaine): de nouveau, un très beau panorama s'offre à moi!

Je reste sur la même route puis après un kilomètre, je pars sur la droite en prenant un sentier vers les prés: il y a de ces odeurs portées par la chaleur!

Assez rapidement, j'aperçois le village au loin...

Une dernière fois, je croise la piste et termine la portion sous un chemin ombragé, vestige routier des transhumances et transports entre les villages...

Je ne suis plus trop le GR dans les premières rues: j'erre un peu dans le village au feeling...Je me sens bien dans ce village du sud et ses ruelles mystérieuses...
Bingo: la place du village et sa mairie (j'y pose mes fesses à 13h47).

Je prends le temps d'aérer mes orteils, de reprendre de l'eau, de jeter un coup d'oeil sur ma messagerie, d'alimenter mon smartphone...

A 15h15, Marignan, non direction Auron, ça me démange...

Un passage par la banque et me voilà, de nouveau, sur les routes; je passe devant le gîte (je m'alourdis) et marche sur l'ancienne route de Nice.

Sur un côté de bergerie:

Auron par le sentier: au départ de la route, c'est un raidillon sérieux qui m'oblige à reprendre un peu de souffle puis le chemin s'élève plus facilement avant de parvenir aux Hauts d'Auron par des lacets.

Je souffle un peu au replat et regarde si possibilité d'y bivouaquer puis décide de descendre. Encore un léger dénivelé et je descends sur la route des Hauts d'Auron vers 16h45: vue sur la station et ses caractéristiques (du chalet traditionnel au chalet "m'as-tu vu brother", de la maison des années cinquante à celle des dernières années, des immeubles modestes aux constructions plus ambitieuses voire luxueuses et enfin, les téléskis, télésièges et ce qui lacère la montagne).

Je cherche à me poser sur les hauteurs: je ne vois rien de concret...Je verrai bien plus bas (...

Au coeur de la station, je repère les épiceries: hop, un peu de courses pour moins de six euros (ce n'est pas moi qui vais aider les investisseurs qui souhaitent faire d'Auron une station haut de gamme ).
"C'est la station à 1h30 de Nice et à 3h30 de Londres" peut-on lire à l'office de Tourisme: un londonien arriverait plus vite que moi partant de Saint-Dalmas!

Je glande: je crois même que je me lave pas pourtant j'avais bien noté l'eau chaude en accès libre (aux toilettes sous le grand espace).
Je dîne à 19h00 sur la place centrale: derrière moi et plus loin des immeubles en construction...A 20H00, les ouvriers s'affairent encore sur les chantiers...

Comme je ne suis pas compliqué, je me réfugie sur la terrasse ouest du grand bâtiment en bois et hop, dodo à 20h05 sous un beau ciel...

PS:

Au gîte de Bousiéyas, lecture d'un ouvrage de Depardon.
J'y ai vu des photos de Saint-Dalmas-Le-Selvage.

Je ne suis pas insensible aux oeuvres de Depardon ...:)

clems190 · 01-11-2019 11:25:29

guichen a écrit :

#543799Bonsoir les muls.
En relisant mes notes et vérifiant certaines informations, j'ai appris que j'étais passé près de la Cime du Mul proche de la Tête Carrée et du Pas de la Petite Cavale (à l'ouest du Pas de la Cavale)...
Quelqu'un connaît?

Tu es sûr? Le rocher des 3 évêques apparait sur ta photo au pas de la cavale ainsi que sur la vue d'en bas avec le chemin descendant directement dudit pas.

laxmimittal · 02-11-2019 20:02:55

Coucou guichen,

C'est moi ou c'est de plus en plus beau ?

(PS : je ramène ta tente à Paris, appelle-moi pour la récupérer et si tu veux dormir à la maison, pas de souci).

L.

guichen · 03-11-2019 23:26:56

Hello les muls...

@ clems190: je me suis mal exprimé; pour atteindre la cime du Mul, j'aurais dû partir vers l'ouest...

Explications géologiques autour du Pas de la Cavale: voir le quatrième schéma.

@ lax: que dire? It was amazing!

Jeudi 5 septembre 2019: Auron - Refuge de Longon...

Nuit moyenne: il y avait un bruit pas trop loin qui m'a réveillé dans la nuit. Et après, je n'ai pas vraiment dormi. En revanche, les étoiles étaient bien visibles!

Je me réveille à 6h54 sous un ciel assez couvert. A 7h25, je quitte la station: le sentier croise les voies réservées aux VTT. J'ai devant moi trois randonneurs que je vais finalement rattraper avant les derniers lacets près du Col de Blainon. Le plus grand des trois gallois me demandent si je suis Stéphane: en fait, ils ont rencontré les deux jeunes gallois.

Nous échangeons un peu sur nos sacs et nous repartons tous les quatre. Je les laisse peu après le col: ils me rattrapent ensuite au début de la descente vers Roya puis stoppent.

Je décide de savourer cette portion: allure modérée dans la descente.

Le chemin est très agréable. Régulièrement, je rencontre des ruines qui témoignent de l'activité pastorale passée dans cette partie de vallée.

Juste avant d'arriver à la Roya, les bâtiments sont en meilleur état général, j'aperçois deux couvreurs rénovant un toit en lauze (grise). Je reste discuter avec eux pendant vingt minutes.
Je suis toujours admiratif de ces métiers manuels difficiles et qui aident aussi à transmettre des savoir-faire extraordinaires. L'un des deux me proposent de les aider: je réponds par la négative (pas le temps mais surtout circonspect sur mes capacités).
Avant de partir, le principal interlocuteur m'indique que demain, je rencontrerai une pierre qui sera cette fois-ci rouge-violet.

J'arrive à la Roya à 9h55, village en fond de vallée et dominé par la montagne de l'Alp.

Je m'arrête près de l'église: chouette, un banc! Avant de repartir, je m'alourdis d'un peu d'eau (fontaine peu avant l'église).

Le sentier continue près de l'église et descend vers la rivière. J'emprunte deux ponts et commence l'ascension dans la forêt sur un sentier à l'ombre (rive droite du torrent).

Après les barres de Roya (le sentier évolue dans un espace réduit), le chemin devient plus dégagé, plus alpin, plus raide.

Je retrouve les trois gallois à la bergerie au milieu de la pente. Un peu plus loin, je tombe sur le berger: c'est un jeune qui a repris depuis peu cet espace et précédemment dans le Var.

La bergerie n'est pas en super état: le métier de berger ne rapporte pas autant que d'autres...Il me précise aussi que le lait de chèvre sert aussi aux agneaux...

Direction sud-est sur un sentier pas évident qui débouche sur un replat puis sur un plateau au sud: y coule un ruisseau dans un magnifique décor! Au milieu du plateau, s'y trouve une tente qui a remplacé un abri construit par le précédent berger et détruit depuis.

Je déroule le long du torrent puis passe une sorte de collet: j'aperçois le col de la Crousette. Deux personnes plus âgées me précèdent dans le pierrier: je les rattrape juste avant le col.

Au col peu après 13h15: j'attends les deux randonneurs, les trouvant un peu en difficulté.

Je discute avec eux: je leur indique que je vise le Mont Mounier.
Du col, il y a une trace qui me semble un peu suspecte: je la prends deux minutes et décide de stopper car le terrain est instable...

Je repars avec le couple sur le GR: ils vont moins vite que moi et les sème assez vite. En moins de trente minutes, j'atteins la stèle Vallette.

Je m'interroge sur le temps: encore de gros nuages noirs.

Allez, zou, direction le Mounier, là, le chemin est évident (confirmation sur le topo que c'est par ici que ça se passe).
Au niveau du replat, sur la crête, cinq chamois me regardent pas trop inquiets. Nouvelle grimpette, bah, où est-il le Mounier? Arg, il est plus loin.

Je touche les cairns présents au niveau du Petit Mounier et redescends pour arpenter le début de l'arête sud-ouest.
Toujours des nuages dans les environs. J'interroge un groupe sur la montée finale pour le sommet: pas de difficultés particulières, il faut plutôt rester à droite.

Seul, je grimpe donc pour toucher la croix à 14h25 (2 817 mètres). Ouf, les nuages se sont éloignés: je suis un peu rassuré!

Un sentiment de puissance m'envahit et content d'y être: toujours un panorama sublime même si le soleil se fait discret...

Cinq minutes à regarder tout autour de moi. Dans mon esprit, un retour des méridionaux qui m'avait fait rêver. Merci philip et JJondalar!

A 15h00, je débute la descente peu avant la stèle: le GR part vers le sud-est. Le chemin est visible sur au moins un kilomètre: je progresse sur une large crête dans un environnement lunaire.

Je rejoins un groupe au niveau de l'embranchement du sentier pour le col de l'Espaul: ils y descendent.

Plus loin, je me retourne, et repère une bergerie au niveau de la Barre Sud du Mounier: cette dernière est située au dessus d'une sorte de dépression.

Cette partie désertique s'achève. Le chemin perd de l'altitude pour arriver sur une partie où les arbres réapparaissent: le col des Moulines n'est plus très loin.
Au col à 16h05, je m'assieds un peu et déchausse...

Le chemin se dirige vers le nord (je rentre de nouveau dans le Parc national du Mercantour) puis s'infléchit vers le nord-est.

Je traverse une forêt de mélèzes jusqu'au torrent et reste sur sa gauche.

Une nouvelle petite montée et sur ma droite, je vois le village de Vignols.

En face de moi s'offrent les Portes de Longon: je devine un semblant de passage étroit.
Ah, il faut de nouveau descendre et je suis un peu fâché: je suis impatient d'arriver au refuge!

Au point le plus bas, je porte mon regard vers le point du chemin me plus haut et y distingue des randonneurs. Je me promets de ne pas m'arrêter avant les Portes!

Je rattrape les marcheurs: c'est le couple rencontré avant le Mounier qui avance très lentement!

Je continue sans me soucier de leur état: non, c'est faux!

Je franchis un passage réduit qui me semble être les Portes avant l'alpage et il faut encore monter un peu!
En fait, les Portes sont plus loin après la bergerie sur la gauche: je reste sur la rive droite du torrent et trouve un panneau indiquant les Portes de Longon.

De temps en temps, je regarde derrière moi: je ne vois pas les deux anciens...

Encore un peu d'efforts et j'arrive au refuge à 17h55.

J'interroge les patrons: interdiction de bivouaquer autour du refuge!
Ceux-ci m'expliquent que c'est juste par rapport à leur responsabilité en tant que propriétaires des bovins...Ils me conseillent de camper juste après les rochers (situés à cent mètres du refuge).

Whaouha, je vais pouvoir y mettre mon abri et m'inscrire pour le repas: le seul de la traversée et repéré à la lecture du topo...

Une personne me demande si je n'ai pas vu deux personnes: je lui explique que oui et lui indique qu'à 18h30, s'ils ne sont pas arrivés, je reprendrai le chemin...
Pas besoin, ceux-ci arrivent avant 18h30...

Je monte l'abri, me nettoie et retourne au refuge.

Un apéritif est offert à tous à l'extérieur: le rosé est moyen mais les crêpes aux pois chiches poivrées délicieuses!
C'est convivial: cela permet des échanges entres randonneurs et les patrons expliquent un peu leur activité.

Après cette belle entame, direction les tables: au menu, une sorte de pains-lasagnes au thym puis du veau et de l'agneau avec des pommes persillées et des crozets, puis fromage et enfin un yaourt caillé aux myrtilles sans oublier le vin rouge.

Une vraie tuerie ce repas à vingt euros: je me sers puis de nouveau voire une troisième fois.
Je dis à mes voisins que j'espère que demain, je ne vais pas en payer l'excès: ça ne correspond pas du tout au régime alimentaire adopté depuis bientôt trois semaines!

La soirée est joyeuse dans le réfectoire! On referait bien encore le monde de la randonnée mais il faut que les patrons puissent se coucher tôt.

Avant de remercier les patrons, je leur indique qu'il y a une rumeur: ils ne seraient plus présents dans l'avenir!
La patronne me répond par la négative: en fait, rien de tout cela; elle précise que des travaux d'aménagement seront effectués au niveau du refuge, que celui-ci évoluera...

Je gagne mon abri, repu, satisfait par ce souper inscrit au programme.
A 21h40, je me couche; peu après, la pluie tombe et le vent se lève: un remake de la deuxième nuit?

azerty · 04-11-2019 12:01:55

ralenti guichen, tu va arriver trop vite à la mer et après c'est fini.

guichen a écrit :

#544207
Le sentier continue près de l'église et descend vers la rivière. J'emprunte deux ponts et commence l'ascension dans la forêt sur un sentier à l'ombre (rive droite du torrent).

j’étais resté 2 heures bloqué à cet endroit. sur l'autre rive un troupeau de patous accompagnés de quelques moutons m'interdisaient le passage malgré 2 ou 3 tentatives tout en délicatesse .
au bout d'un moment je vois un mec dormir dans l'herbe pas loin, je lui demande ou est le berger. c'est moi qu'il me dit .....

Hervé27 · 04-11-2019 20:21:35

Salut Guichen ,

Ah, le Longon, que de beaux souvenirs. C'est là que dans mon enfance on me parlait déjà du loup, bien avant la reconnaissance "officielle" de son retour en 1992. Il n'avait probablement jamais tout-à-fait disparu de la région …

Le dîner au refuge est un immanquable de la Traversée, tant par le menu que par la convivialité des lieux et la séquence apéro à l'extérieur / dîner, tous propices à l'échange. Tu as très bien fait d'en profiter. On a aussi dû t'aiguiller vers les mêmes rochers que moi pour ton bivouac : pour ma part et pour cause de sécheresse, j'avais eu droit toute la nuit aux clarines des vaches en quête d'herbe … J'avais finalement regretté de ne pas opter pour le dortoir …

Le passage des patous peut s'avérer délicat, mais ça s'était bien déroulé pour moi face à 6 ou 7 d'entre eux …

guichen · 06-11-2019 00:12:33

Bonsoir Hervé27, azerty et les autres...

@ Hervé27: j'y retournerai bien au refuge! Quelle cuisine! Pas eu de soucis avec les cloches...

@ azerty: et encore, j'ai eu l'impression parfois d'être au ralenti!

Vendredi 6 septembre 2019: Refuge de Longon - Saint-Dalmas Valdeblore...

J'ouvre les yeux à 7h10, départ à 7h40...
Avant de retrouver le GR, je prends quelques photos du refuge:

Le sentier se dirige vers l'est et débouche dans une gorge. Je déambule déjà au milieu des melèzes.

La veille, nous étions pratiquement quarante personnes à dîner: presque tout le monde descend vers le sud. Une sorte de convoi s'étend donc sur le chemin.

Au niveau du ruisseau de l'Arcane, je passe sur une belle passerelle en bois et puis remonte pour arriver au plateau de Rougios (belle aire de bivouac, constructions).

Après le pâturage, c'est au tour d'une piste forestière puis un chemin sur lequel la pierre rouge-violette évoquée la veille par le couvreur apparaît.

J'arrive au magnifique village de Roure au milieu d'un groupe: je ne m'attarde pas* afin de profiter seul de la promenade en plein village, de la vue sur la vallée, puis de celle sur Saint-Sauveur-sur-Tinée.

Pour information, la route ne fut créée qu'après la Seconde Guerre mondiale. En 1927 les habitants mettent en place un câble de 1 850 mètres de long porteur de wagonnets en bois et actionné par un moteur électrique. Il fonctionna jusqu'en 1962 permettant d'assurer la descente de la production (lait, fromages et farine) et de remonter les provisions et le courrier. Dans le village même, des brouettes à moteur montées sur chenilles permettent le transport des objets lourds le long des ruelles en pente et des escaliers.

La route d'accès n'est arrivée à Roure qu'en 1933.

*et pourtant, j'y serai bien resté!

De Roure à Saint-Sauveur, je ne cesse de penser à la Corse: ça y ressemble tellement!

J'arrive à Saint-Sauveur peu avant 11h00 et stoppe au niveau de la mairie sous un soleil radieux: toujours les mêmes opérations d'aérations, de séchages et de grignotages.

D'autres randonneurs arrivent et discutent avec ceux qui m'ont précédé: il est temps de repartir pour éviter le trafic!

Pratiquement à la sortie du village, peu après le bâtiment eaux et forêts, un marcheur tente le stop pour gagner Saint-Dalmas Valdeblore.

Je quitte la route principale vers le sud puis emprunte le chemin raide qui grimpe vers la chapelle Saint-Roch (son auvent profond en fait un abri intéressant en cas de pluie).
Peu après, j'arrive sur le chemin qui monte vers Rimplas: chemin large sur piste, rétrécissant puis à nouveau en piste. L'éperon ouest du village est visible depuis un moment...

Petit arrêt dans le village vers 12h35: pas dans le café mais un peu plus loin à côté d'un prunier (je vole quelques prunes).

Fin de la pause: après la chapelle de Saint-Roch (encore!), je lève les yeux vers le pays d'Hervé27: satanés nuages!

Le sentier quitte la route sur la droite, descend progressivement et offre une belle vue sur le mont Viroulet. Des ronces poussent au bord du chemin: je me fais une orgie de mûres.

Une drôle de maison pas trop loin de Le Planet:

La remontée vers la Bolline se fait au milieu des châtaigniers: dommage que j'arrive trop vite en septembre pour en déguster!

Je chope quelques pommes juste avant d'arriver vers ce que je pense être un lycée (la Bolline) et après un beau raidillon arrive à la Roche (côté est).

Je me mets sous un arrêt de bus, me déshabille et souffle un peu. J'hésite à entrer dans le hameau sur ma gauche: je pense qu'il y aura de quoi croûter plus loin.

Bon, encore quelques efforts avant de gagner Saint-Dalmas. Un peu plus loin, me voilà à discuter avec l'heureux propriétaire d'un Renault Express en bon état: un temps, plus jeune, j'avais envisagé d'en acheter un. Je lui indique que je suis propriétaire d'un Kangoo de 1999: ces mecs quand ils parlent bagnoles!

J'atteins le village par la route principale: la pluie arrive. A 14h55, je me réfugie sous l'arrêt bus, au départ du GR52. J'y laisse le livre que j'ai depuis quelques jours et en reprends un (Les voisins d'à côté de Lindwood Barclay). Une jeune fille attend le bus après quelques jours de randonnée dans le coin: nous échangeons sur le matériel de randonnée).

J'avance dans la rue: l'épicerie est fermée, je me dirige vers le café.Je reste un bon bout de temps et discute avec le patron originaire du coin...

guichen a écrit :

Autre scénario possible.
Les situations de ce récit étant purement fictives, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Je lui parle d'Hervé27: il opine du chef. Il me dit que c'est le fils de Germain13 et de Jeanne26. Germain13 étant issu d'Alphonse06 et de Berthe84...Alphonse06 lui même de Gervais05 et de Marie0 (italienne)...
Il le connaît bien. Au village, on le tolère, ce monsieur de la ville, qui depuis peu, pavane en sac ultraléger venu d'Asie.
Oui, oui, Hervé27 est régulièrement DJ au festival Bouge ta montagne, spécialité "je vous embrouille avec mes tableaux, mes grammes et l'itinérance combien ça coute".
Cette année, il n'est pas venu soi disant pour une retraite mulo-spirituelle! Ils ont trouvé en urgence le groupe Picon mon Amour...
Non, non, je le connais à peine, uniquement dans le cadre des réseaux sociaux, juste une connaissance!
Je bois rapidement mon café allongé et repars...
Plus loin, une dame me demande si j'ai des nouvelles d'Hervé27 et me demande si je suis Guichen35. Je pars en courant en criant "je ne suis pas un numéro, je ne suis pas un numéro, je suis un mul libre!"

On discute du loup, des neiges d'antan; dehors, ce sont averses sur averses...

Je profite d'une accalmie pour sortir: peu après l'église, rebelote pour la pluie.

Okay, mais il faut que je cherche maintenant un endroit pour l'abri. Je me réfugie sous un chapiteau derrière l'église: pendant deux heures, ça tombe, ça tonne, ça tombe, ça gronde...

En début de soirée, ce n'est vraiment pas terrible. Au fond du chapiteau, il y a une scène. Bon, bah, je vais y poser mes affaires et y dormir...

Pour l'eau, je ne suis pas embêté: la fontaine est à trente mètres et des toilettes se trouvent de l'autre côté de la rue.

Souper à 19h00 puis coucher vers 20h00. Et la pluie qui tombe, qui tombe...

zorey · 06-11-2019 00:30:51

Salut guichen!

guichen a écrit :

autre scénario possible

J'me régale, la suite !

Hervé27 · 06-11-2019 12:05:06

Salut Guichen,

A La Roche, tu avais une pizzeria 100 m en contrebas ... unique commerce du village ... En photo tu as mis l’hôtel du Caîrou, fermé depuis belle lurette. Après guerre il y avait 3 épiceries ! J’ai usé mes culottes courtes dans ses ruelles

Ce que tu as appelé le Viroulet est peu spectaculaire (en fait une simple crête boisée), à la différence du Caire Gros, flanqué à droite par le Petit Caire.

On dit d’ailleurs que quand Le Caire Gros met son chapeau, c’est qu’il va pleuvoir : fine déduction !

Dernière modification par Hervé27 (06-11-2019 12:08:19)

azerty · 03-01-2020 15:14:34

guichen a écrit :

Après mon périple dans les Pyrénées en 2016 (récit que je m'engage à terminer avant le 31 décembre 2019)

guichen tu procrastines !!
il manque les 5 dernières étapes des alpes ? c'est dommage on y était presque.
ou bien es tu resté vivre à St Dalmas ?

Myrtille88 · 29-02-2020 23:22:32

J'ai bien apprécié cette lecture que je projetais depuis un bon moment, merci!
bon... Il manque les toutes dernières étapes, mais ça ne saurait tarder, non?

en tout cas toujours beaucoup de plaisir à revoir des endroits connus

bravo d'avoir tenu jusqu'au bout malgré un genou en vrac,

j'envie les Muls qui peuvent partir sur de longues périodes, je n'y arrive pas,il me manque le mental, snif

Cette traversée des Alpes est tout de même une belle expérience

Myrtille

guichen · 21-03-2020 18:27:16

Bonjour.

Myrtille88 a écrit :

bravo d'avoir tenu jusqu'au bout malgré un genou en vrac,
j'envie les Muls qui peuvent partir sur de longues périodes, je n'y arrive pas,il me manque le mental, snif

Je n'ai pas vaincu le mal absolu: depuis un bon moment et des kilos en moins , je n'avais plus mal!

Il y a sûrement un peu de "mental" dans cette affaire. Entre-nous, ce n'est que le GR5 puis le GR52.
J'ai en revanche de l'admiration pour certains-es muls à la lecture de leur périple (désert blanc, Alaska, sur 3 mois)...

Azerty a écrit :

guichen tu procrastines !!
il manque les 5 dernières étapes des alpes ? c'est dommage on y était presque.
ou bien es tu resté vivre à St Dalmas ?

Je pourrai évoquer le COVID mais non, de la procrastination! Quelle honte!
Je n'ai pas lé génie littéraire d'Hervé27!

@ Zorey: merci!

Samedi 7 septembre 2019: Saint-Dalmas Valdeblore - Gîte du Boréon...

J'ouvre les yeux vers 6h45 puis départ à 7h15...
Je repasse devant l'arrêt de bus et démarre ma montée en compagnie d'un couple de bretons.
Il fait frais, le passage avant le plan de la Gourra est sympathique en sous-bois. Peu avant la clairière, je rejoins un couple rencontré l'avant-veille à Longon. Tantôt je les dépasse sinon les talonne au gré de mes arrêts tant les vues sont magnifiques vers la vallée de la Tinée et avant les lacs des Millefonts.

Quel beau pays que celui d'Hervé27!

Tout seul comme un grand, je me dirige vers le Col du Barn que j'atteins vers 10h30. Sur ma droite (voir photo précédente) s'élève le mont Pépoiri que je lorgne: y vais-je ou pas?
Je décide de le laisser toujours tracassé par ces fins de journées pluvieuses.

Devant moi, toujours aussi beau:

Après le col, le chemin part franchement vers le nord et descend à travers des prairies alpines où les vaches cheminent sereinement.
Quelques arrêts myrtilles puis après une traversée de forêt tout en douceur, dans laquelle les torrents rafraîchissent l'air, j'arrive à la Vacherie du Collet, enfin j'y passe à côté et décide faire une pause déjeuner (11h56).

Je suis installe bien au soleil près de la croix: 2 agents de l'ONF déjeunent de leur côté près de l'abri de l'autre côté de la route.

Mais il faut repartir! La partie menant au Col de Salèse se fait essentiellement sur la route et sous un soleil triomphant.
Au col, je cherche un peu (glurp!) puis trouve bien le sentier menant au parking de Salèse.
Sur cette portion, je rencontre pas mal de monde. Une personne me demande où est situé le lac. Quel lac? Elle ne sait pas et semble choquée par mon ignorance!
Ce chemin longe le torrent et après 2 traversées, je remonte sur la route venant du col: le ciel devient alors menaçant...

Après pratiquement 30 minutes sur l'asphalte, je surplombe le lac du Boréon à 14h15. Je décide de descendre vers le lac puis me dirige vers le Parc Alpha qui invite en toutes saisons le promeneur à s’immerger dans la vie des 3 meutes de loups...

J'hésite à dormir près du lac: je sens que de nouveau l'orage sera au rendez-vous!

Je remonte en direction du gîte: il est un peu plus de 15h00.

Je n'ai pas réservé mais il y a de la place. Direction la douche!

Dehors, c'est la douche écossaise! Ca n'arrête pas de pleuvoir!

Toujours aussi économe et surtout en sobriété alimentaire, je soupe seul lors d'une éclaircie. En revanche, je ne manque pas de dévorer "Travail Soigné" de Pierre Lemaître.

Dans le gîte, je retrouve en grande partie des personnes rencontrées auparavant: nous discutons des prochaines étapes...

Dans la chambrée, ça ronfle et mes dernières pensées vont vers les lignes du topo ("la montagne n'est pas finie et les trois prochaines étapes vont nous le rappeler. Paysages alpins et sentiers difficiles, les quatres prochains cols ne sont pas de tout repos et requièrent une bonne condition physique").
L'imagination, ça nous travaille!

brons07 · 21-03-2020 20:13:52

Merci pour ce récit , c'est dans mes projets donc je suis avec encore plus d' intérêt.
Travail soigné, c'est très bon et la fin est surprenante ( chut)
Dans la même veine ( polar) il y a aussi "cadres noirs", dans le monde du travail, toujours Pierre Lemaître.
Il faut lire à dit notre président, alors lisons...

guichen · 21-03-2020 21:10:20

Dimanche 8 septembre 2019: Gîte du Boréon - Refuge de Nice...

Départ du gîte vers 7h35.

C'est bien humide sur le parcours!
Peu après le départ, j'aperçois un abri qui, comment dire, a des caractéristiques de randonnée légère. Je dis bonjour puis continue sur le chemin.

Ce matin, j'ai hâte d'arriver dans la Vallée des Merveilles. Je pense toujours à un article paru dans Libération en 1995, enfin je crois: on y parle de cette vallée, de ces gravures rupestres.
Depuis, je n'ai cessé de fantasmer sur cet endroit, de ces mystérieux messages...

Et je n'ai toujours pas passé le pont de Peïrastrèche! Quelle impatience qui m'anime ce matin!

Je rejoins l'alsacien rencontré tout au début de mon périple et croise une bande d'ados encadré par quelques adultes peu avant le croisement pour le refuge de Cougourde: je suis assez choqué par l'équipement global de la troupe tout en baskets et sacs à dos quasi inexistants!

J'arrive au lac de Trécolpas avec le trio de gallois sous un vent frais:

Quelle beauté, quelle quiétude! Mais je ne m'attarde pas trop: le soleil est de l'autre côté de la crête et il me tarde d'être dardé par l'astre!

Mais je ne me lasse pas de me retourner:

Et plus loin, au Pas des Ladres!

Pause fraîcheur au col: le chemin indiqué pour aller vers la Madone de Fenestre est fermé. Je dois donc reprendre le chemin qui tire vers la frontière et qui ensuite se dirige complètement vers le sud.

Je n'y vois pas d'inconvénient: la journée s'annonce radieuse et les paysages à en tomber.

Il s'agit du sentier menant au Col de la Fenestre. Je croise de plus en plus de randonneurs: okay, c'est la Vallée des Merveilles.

Plus au nord, j'arrive donc à la frontière à 11h20: s'y trouve un poste d'observation italien jusqu'en 1947 (traité de Paris).

En redescendant, je croise de nouveau un lac dans cet univers pleinement minéral et sec: je me pose mode séchage et rêveries.

Les sommets environnants impressionnent:

Après ce moment de quiétude, toutefois atténué par un nombre grandissant de bipèdes en short et armés de bâtons, je dévale vers le sanctuaire touché vers 12h45.

L'alsacien est là: il a emprunté le chemin interdit plus court!

La Madone, statue en cèdre du Liban polychrome du xive siècle, est vénérée tous les 15 août et 8 septembre par la population locale et celle des environs du Piémont.
À cette dernière date, la Vierge est descendue en procession jusqu’à Saint-Martin-Vésubie pour y passer l’hiver.

Je prends le temps de visiter l'endroit. Il est trop tôt pour moi! Et je ne voyais pas le lieu ainsi!

Nous repartons ensemble et passons près de la Vacherie de la Madone (intérieur figurant dans le livre cité de Depardon).

Dans la montée, je lâche rapidement mon camarade et rencontre assez vite des quadrupèdes!

Pas le temps de flâner, j'en ai encore pour 4h00 avant d'arriver à l'objectif du jour, le Refuge de Nice.

Pas de difficultés particulières. En fait, c'est plutôt dans la tête car le rédacteur du topo se demande si cette étape n'est pas la plus difficile de la Grande Traversée "du point de vue technique avec en point d'orgue le Pas du Mont Colomb".
Dans mon esprit, ce sont donc des réflexions qui s'entrechoquent: sensation d'en finir, et après, quid de ces foutus nuages noirs qui s'offrent devant moi??!

Rassuré par la bête, j'arrive à 14h20 au passage soulagé, sachant que dans la descente, comme d'habitude, prudence!

Devant, vers l'est, passage étroit :

Mon top indique 2 heures pour le refuge et sur le panneau 1 heure, je cherche l'erreur.

Ma montée s'était déroulée dans une ambiance corse. Un peu d'anxiété et beaucoup de plaisir. Je descends vers le refuge avec les mêmes sentiments toujours en alerte, avec un oeil vers les cieux et l'autre vers mes pieds (passages réguliers dans pierriers).

Au bout de 30 minutes, j'arrive en bas de la retenue d'eau bien avant le refuge. Autour de moi, le gris l'a emporté: je sens vaguement que je ne serai pas tout à fait sec à l'arrivée.

Je contourne la retenue d'eau par l'ouest et aperçois rapidement le refuge sous des rafales de neige fondue qui tombe depuis 15 minutes:

Je trouve ce refuge majestueux, bien intégré dans le décor...

J'aborde l'escalier avec joie toujours sous cette neige qui ne fait que tomber: peu importe, petite neige, ce soir, je serai entre 4 murs...

A 15h27, je quitte mes chaussures et visite le refuge: pas de souci, il y a de quoi accueillir!

Je profite largement du poêle, le privilège de ceux qui arrivent tôt!

Avant 19h00, la neige tombe toujours:

J'ai soupé dans la petite cuisine près de l'entrée: un peu glauque mais ça le fait! Je m'empresse de retrouver le poêle.

Je me délasse devant cette heureuse invention qu'est le poêle. Délicieux moments de chauffe tout en parcourant les magazines de montagne mis à la disposition des clients.

Derrière moi, les supers clients du refuges finissent leurs desserts. A un moment donné, des propos sur la randonnée retiennent mon attention: quelqu'un parle de poids...

Je me retourne et me permets de me joindre à la discussion. Au bout d'un moment, je pense comprendre qu'une personne voire deux a la même ambition que moi: en porter moins et y remédier.

Bien sûr, le site de randonner-léger est évoqué. Je décline mon pseudo; devant moi, pour moi, mon couple mythique de RL, mes Johnny et Sylvie, Stone et Charden ou Peter et Sloane aux pas légers!

C'est donc le couple Nath et René94 en personne! Et qui daignent me parler, me conseiller!!!Trop cool! Dans l'abri aperçu le matin (Tarptent Saddle 2?), c'étaient eux!

Nous en rigolons...Ils ont bravé les averses depuis la veille. Ils font un grand tour du Mercantour (René94, si tu es là, c'est cela n'est-ce pas?).

Super fin de soirée avec discussions enrichissantes. Nous scrutons l'extérieur du refuge: la neige ne cesse de tomber et du fait du froid, semble s'endurcir.

Je rejoins ma chambrée: le trio gallois y est et ça ronfle déjà. Je m'endors, ravi par la gentillesse du couple léger...

Hervé27 · 22-03-2020 00:32:55

C’et gentil de me ramener un petit peu chez moi, tandis que j’arpente un autre massif ...

guichen · 22-03-2020 02:33:37

Lundi 9 septembre 2019: Refuge de Nice - Baisse de Camp d'Argent...

Ca remue dans la chambrée: un coup d'oeil au smartphone, il est 6h30!
Je ne suis pas trop pressé de sortir de la couette: ce sont mes 3 ou 4 derniers jours et aujourd'hui, dernier passage à plus de 2 500 mètres.
Je prends véritablement conscience de ce qui s'achèvera bientôt.

Dehors, ça caille sévère: c'est un paysage quasiment blanc...

Je traîne donc un peu. Je dis au revoir à René94: à priori, nous nous reverrons au refuge des Merveilles.

Je pars donc vers 7h50: je suis dans les tout premiers. Je suis une trace ce qui facilite largement mon ascension!

Rapidement, je repère la trace d'un autre ami: une idée?

Pendant la montée, je dépasse l'alsacien et je suis maintenant celui qui fait la trace, ce qui est évidemment moins simple!

J'arrive au lac Niré vers 8h30:

Avant le col, un jeune en sandales avec un bâton me dépasse: une sorte d'hippie plein de vigueur. J'essaie de le suivre mais tel Jésus, il marche sur la neige.

Encore un effort et je suis toujours aussi la trace du 4 pattes qui aura monté jusqu'au passage!

Puis vers 9h25, c'est la Baisse du Basto, yes!

D'où je viens:

Et devant moi, avec au loin la Baisse de Valmasque:

Dans la descente, c'est un peu plus ardu et la neige a bien humidifié mes chaussures.

Sur ma gauche, j'aperçois le lac du Basto, le lac noir et le lac vert.

Vue du lac du Basto:

Je croise un groupe sous la tête nord du Basto: il est environ 10h15, ce groupe doit venir des Merveilles.

J'atteins la Baisse de Valmasque à 10h44:

Vue vers les Merveilles:

Vues sur les cimes de Montolivo et de Chamineye:

Je profite de ces impressions hivernales, c'est trop bon, c'est même du bonus!

J'entre donc dans la vallée des Merveilles. Vers le plateau et le lac des Merveilles, un panneau indique que je dois abandonner l'usage des bâtons: un bâton en bois est proposé.

Je découvre donc avec ce bâton une infime partie des gravures présentes sur le chemin...

Je croise le Christ:

En résumé, les gravures rupestres, au nombre d’environ 100 000 dont 37 000 figuratives, concernent 3 700 roches couvrant près de 1 400 ha répartis dans un ensemble plus vaste de 4 000 ha. Elles sont réparties dans sept hautes vallées situées à plus de 2 000 m d’altitude, autour du Mont Bégo (2 872 m) et du Rocher des Merveilles (2 659 m), dont 6 en France : Vallauretta, Valmasque, Col du Sabion, lac Sainte-Marie et surtout Merveilles (972 ha) et Fontanalba (486 ha) remarquables par leur richesse en gravures. Sur le versant italien se trouve le secteur de Vei del Bouc2.

Un La vallée des Merveillesen mieux par quelqu 'un d'autre!

Je chemine dans cet espace occupé jadis par des populations emplies d'imagination et après une dernière razzia de myrtilles, j'arrive au refuge des Merveilles vers 12h45.

Avant le refuge et le lac:

Petit arrêt grignotage et surtout opération de séchage!

Derrière le refuge, il y a bien un espace pour bivouaquer mais je ne me vois pas glander pendant toute l'après-midi...

Je revois (enfin 6 mois après les faits, je pense) Nath et René94 et précise que je repars vers le soleil...En compagnie de mon camarade alsacien.

La montée est super régulière et agréable. Nous laissons à droite le lac Fourca puis ensuite le lac Trem.

Vue du Mont Bégo:

Au lac de la Muta, au loin s'offre la crête sournoise entre la cime du Trem et celle du Diable:

Dernier lac avant le Pas du Diable:

Un peu d'efforts et j'arrive au pas à 15h05.

La vue est un peu bouchée vers la mer:

Puis peu à peu, que vois-je?

Un peu d'émotion tout de même! Une famille est présente au passage: je demande à être pris en photo pour immortaliser ces moments...

Je laisse tout le monde et me dirige donc vers cette combe...

Je suis tout seul, un peu émotionné par ces premières images de la mer: on s'en fait tout un film avant et puis cela arrive!
Sur ma gauche, j'aperçois des 4 pattes, sûrement des chamois, qui m'observent. Plus loin sur la droite, un troupeau de chèvres s'élève vers la crête.
Un hélicoptère passe vers le Mont Capelet Supérieur. Il part puis revient et enfin quitte le territoire: silence!

Passage rapide vers la Baisse de Cavalline: j'en prends plein les mirettes avec ces couleurs dorés.

Le parcours jusqu'au col de Raus est avalé avec avidité: j'y arrive à 16h20. Je carbure littéralement, je n'ai qu'une pensée, c'est rallier le Camp d'Argent, je suis hypnotisé par cette idée!

Dans un premier temps, c'est la pointe des Trois communes qui me guide:

Mais le parcours est agrémenté encore de descentes et de montées!

Avant d'y arriver, je jette un regard derrière moi: l'alsacien me suit à environ 30 minutes. Je stoppe pour discuter avec un gardien de l'ONF et un berger. Ce dernier non propriétaire gère environ 800 bêtes avec ses chiens.

Je décide de monter à la redoute placée sur le massif de l'Authion: c'est mon dernier passage de la traversée à plus de 2 000 mètres!

Je quitte la route, le chemin partant vers le sud-ouest. 3 cervidés passent devant moi tout aussi étonnés que moi!

J'arrive à la cabane de Tueis puis retrouve la route. Pendant 10 minutes, je me délasse sur la route puis le chemin repart vers la droite pour gagner le téléski au bas duquel se trouve le camp d'Argent.

Au loin, changement de paysage!

Je pourrai aller au gîte mais non, je préfère être tout seul afin de repenser au déroulé de la journée!
Il est 18h30: je pose les bâtons près du départ du téléski sur un petit espace bétonné avec auvent.
Je ne verrai pas l'alsacien...
Après une énième soupe-pâtes-semoule, je me couche le regard vers les étoiles, il est 20h30.

marcheur75 · 22-03-2020 10:52:17

Petite question à laquelle tu as probablement prévue de répondre dans la conclusion de ce très beau récit.

Tu as pris le nécessaire de bivouac puisqu'on voit sur deux photos une bâche montée avec deux bâtons ; cependant, tu dors essentiellement en refuge, même quand le temps semble clément. Était-ce prévu dés le départ ? Sinon, pour quelles raisons ? Si prévu dés le départ, n'aurait-il pas été plus léger de ne prendre aucun abri et de dormir à la belle étoile quand il faisait beau ?

J'ai fait le même trajet en 2009 et, de mémoire, je n'ai eu aucune difficulté à bivouaquer toutes les nuits ni à me ravitailler dans les commerces alimentaires des villages. J'ai seulement le souvenir d'une étape entre deux commerces de 5 ou 6 jours. Il est malheureusement possible que certaines épiceries de village aient fermé depuis.

06chamois · 22-03-2020 11:07:00

Merci beaucoup pour ton récit. Tout ce coin je le connais bien pour y aller très souvent et avec les photos, pleins de souvenirs (vieux et jeunes) remontent dans ma tête.
Vivent la fin de ce virus pour y retourner.

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