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#1 22-08-2013 22:44:25

Noucho
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[Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Salut.

En  septembre dernier j'avais expérimenté le concept de "cyclosommets", un mix de randonnée itinérante à vélo et d'alpinisme facile pour visiter des sommets au passage. J'avais alors traversé la moitié nord des Alpes françaises. Cet été, l'occasion s'est présentée de finir le boulot en parcourant la moitié sud avec mon ami Julos. Départ de Nice le 11 juillet, arrivée à Guillestre le 18 (pour Julos) puis à Modane le 21 (pour moi). Voici l'enchaînement des cols et sommets parcourus :

  • Madone d'Utelle (1194 m)

  • Madone de Fenestre (1908 m) / Cime du Gélas (3143 m)

  • Col Saint-Martin (1500 m)

  • Col de la Bonette (2715 m) / Cime de la Bonette (2860 m)

  • Chapelle Sainte-Anne (1752 m) / Grand Bérard (3046 m)

  • Col de Vars (2111 m)

  • Col d'Izoard (2360 m) / Pic de Rochebrune (3320 m)

  • Col de l'Echelle (1762 m)

  • Col du Mont-Cenis (2081 m) / Mont Giusalet (3312 m)

et l'itinéraire complet sous google maps.

Je tiens à faire un retour sur ce trajet, pour "boucler la boucle" avec la moitié nord. Malheureusement mon retour sera un peu bancal, car je me suis fait voler ma batterie d'appareil photo dès le 3ème soir mad. Histoire d'illustrer l'ensemble du trajet, j'ai rajouté des photos trouvées sur internet pour la fin du périple, mais bon c'est tout de suite moins intéressant...


Matos

À tout seigneur, tout honneur, je commence par le matos. Très proche de ce que j'avais en septembre dernier, je ne recommence pas toute la discussion. Quelques différences proviennent du fait que nous étions deux, et également pour plus de sécurité dans les parties montagne. Cliquer ici pour la liste complète.

Pour dormir à deux, j'ai emmené mon abri oli_v_ier cousu main. Une solution plutôt légère puisque nous emmenions un bâton chacun, pour les parties à pied. Ca l'a très bien fait, même si mon abri mérite encore quelques améliorations (arceau trop lourd, besoin de tubes réhausseurs pour rallonger mes bâtons trop courts, partie avant à redessiner, etc.). Pour une seule personne je trouve quand même la combinaison "poncho-tarp + sursac léger" plus légère et plus simple à installer.

Au niveau sécurité, je n'ai pas répété mon erreur de l'an dernier : nous avons pris des piolets. J'étais sûr qu'il serviraient, vu l'enneigement exceptionnel de cette année. J'ai encore pris mes mini-crampons de rando (kahtoola microspikes), et j'ai prêté mes vrais crampons à Julos pour plus de sécurité -- d'autant qu'il emmenait des chaussures montantes, au contraire de moi. Enfin, pour initier Julos à l'alpinisme facile, j'ai emmené un petit kit d'assurage : corde de 20 mètres, baudrier léger, sangles et mousquetons. Au final, ce kit n'a pas servi car Julos s'est invalidé juste avant notre premier sommet ! En ce qui me concerne, j'ai béni mon piolet à plusieurs reprises, et j'ai poussé les microspikes à leur limite d'utilisation. Pour mon dernier sommet (le Mont Giusalet) des vrais crampons auraient été plus sécures.

À vélo, nous avons réduit la protection contre le vol à son strict minimum : un seul petit câble à code pour nos deux vélos. Vu qu'a priori on rencontre très peu de voleurs professionnels en montagne, le seul but de cet antivol était d'empêcher un quidam de partir avec un vélo sur un coup de tête. On a encore les vélos (si ça prouve quelque chose cool).

Allez, j'enchaîne derechef sur le récit et les maigres photos. A partir du 4ème jour, elles ne sont plus de nous...


Jour 1 : Nice -> Madone d'Utelle
Vélo : 54 km, +1500 m, -300 m

Le train nous dépose relativement tard à la gare de Nice (vers 15h), ce qui n'est pas plus mal pour éviter la grosse chaleur.
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On a quand même très très chaud sur la première partie du parcours, jusqu'à Levens. Belvédère plongeant sur la vallée du Var au niveau du Saut des Français:
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Belle première descente jusqu'à Saint-Jean-la-Rivière. Il reste encore 900 m de dénivelée pour atteindre la Madone d'Utelle. On fait la course contre la nuit, mais la montée au crépuscule vaut son pesant de cacahouètes ! Au loin on aperçoit déjà la vallée de la Vésubie (objectif du lendemain) puis le Mercantour et le Gélas (objectif du surlendemain) :
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La vue au sommet est toujours aussi belle, du Mercantour à la Baie des Anges. Des souvenirs m'assaillent, d'un temps révolu. Mais pas le temps de trop s'y abandonner, la nuit tombe déjà et il faut monter l'abri, préparer le repas... et savourer notre première nuit dehors.
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Jour 2 : Madone d'Utelle -> Lac de Fenestre
Vélo : 52 km, +1650 m
Pied : +350 m

D'une madone à l'autre ! Redescente matinale vers Saint-Jean-la-Rivière. Montée douce mais chaude jusqu'à Saint-Martin-Vésubie, agrémentée de ma première crevaison. On passe les heures chaudes à Saint-Martin, puis on embraye sur la montée à la Madone de Fenestre quelques 1000 m plus haut... une sacrée bavante. Mais on y arrive, on y arrive :
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Refuge super sympa, une gardienne propose de garder nos vélos pour la nuit. Son excellence le Gélas daigne se découvrir de sa draperie de nuages, un bon présage pour le lendemain :
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On embraye à pinces pour bivouaquer au lac de Fenestre, une heure plus haut. Il est bien 20 heures, la montagne est pour nous seuls.

Et là !! Dans la montée ! Julos m'indique une bestiole sur le flanc opposé du vallon, à 200 m de nous. C'est un LOUP ! Ces bébêtes qu'on n'est jamais sensé apercevoir tant elles sont craintives. Et effectivement, une fois qu'il nous a repérés, celui-ci ne fait pas de vieux os. Il file la queue basse dans l'éboulis, en mode chacal, et en quelques secondes disparaît de notre vue. Malgré tout, bizarrement, nous sommes un peu plus tendus que d'habitude lors du bivouac ! On cache bien la bouffe, on jette parfois de furtifs coups d'oeil dans les pentes environnantes. Et on garde nos piolets à portée de la main pour dormir. Ah elle est belle, l'espèce dominante... smile


Jour 3 : Traversée des arêtes du Gélas

Pied : +900 m, -1250 m
Vélo : 13 km, -900 m

Réveil matinal vers 5h, cap sur le collet Saint-Robert pour effectuer la traversée W->E des arêtes du Gélas. Mais en chemin c'est le drame. Julos, fatigué après une mauvaise nuit (certaines mauvaises langues disent que c'est à cause du loup tongue), s'enfonce brusquement dans un bord de névé... et s'éclate la rotule sur une pierre. Il en a le souffle coupé pendant 10 minutes. Un hématome se forme et l'empêche de marcher normalement. Impossible pour lui de monter au Gélas dans ces conditions. Je choisis d'y monter quand même, seul, tandis que Julos redescendra doucement vers un lieu de rendez-vous.

En montant au collet Saint-Robert, une traversée neigeuse un peu raide (je dirais 30-35 %) pousse mes mini-crampons (microspikes) à leur limite. L'un des deux tourne sur mon pied et se retrouve dans une position peu orthodoxe, mais qui accroche toujours bien la neige dure. Et pas trop d'inquiétude en cas de glisse car (1) j'ai mon piolet, (2) la pente est peu exposée, s'adoucissant lentement dans un vallon enneigé quelques cent mètres plus bas. Je suis quand même content d'atteindre le collet. De là, l'arête W vers le sommet est parfaitement déneigée, dans un rocher sain et facile (quelques pas de III). En se retournant, on aperçoit le chemin parcouru, la Madone de Fenestre tout en bas... et même la mer, avec un peu d'imagination :
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Je me sens bien en confiance, et avale les 300 m d'arête en moins d'une heure. Moment magique au sommet, à observer les jeux des nuages côté italien (comme d'hab!) en compagnie d'un bouquetin égaré par là. Je lui offre quelques noisettes, qu'il dédaigne. En revanche, il prend la pose pour moi. Camouflé devant le Mont Clapier...
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...puis rêveur devant les nuages et l'Argentera :
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Merci Madame (je crois que c'était une femelle) ! A nos pieds, le lac Blanc est toujours sacrément enneigé :
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Je redescends enfin par l'arête E, exposée mais facile et très rapide. Ici une tentative de panorama avec l'arête, le balcon du Gélas au fond... et le gaz côté italien !
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Pas plus de 15 minutes de difficultés pour atteindre le balcon du Gélas, d'où m'attend une longue descente à la ramasse dans la neige jusqu'à mon point de départ.

Julos est bien au rendez-vous, il a même croisé une kiné niçoise qui lui a appliqué une compresse de neige. Malgré tout la douleur reste vive, et on s'inquiète pour la suite de notre périple. Inquiétude confirmée dans la redescente vers Saint-Martin, à pied puis à vélo : Julos ne peut tout simplement plus pédaler. On s'installe au camping de Saint-Martin ; un parfum de fête flotte sur la ville en ce 13 juillet.

Mais le soir, deuxième mauvaise nouvelle : je me suis fait voler mon chargeur et ma batterie d'appareil photo, que j'avais laissés sur une prise aux sanitaires du camping ! Le mot que nous laisserons le lendemain, dans l'espoir d'une simple méprise, n'y changera rien. Bye bye les photos pour la suite du voyage ! Mais quelle espèce de gros f*** de p*** s'autorise à gâcher les vacances d'inconnus pour quelques dizaines d'euros !!? Entre ma course réussie au Gélas, l'angoisse liée au genou de Julos, et la perte de mon chargeur, plaisir et frustration se disputent mon humeur ce soir là. Finalement, la fatigue mettra tout le monde d'accord.


Jour 4 : Break autour de Saint-Martin
Pied : +850 m, -450 m

La journée démarre dans l'expectative. Quelques tours de pédales, et Julos confirme nos craintes : il ne peut toujours pas pédaler. Nous convenons de prendre une journée de break, et d'attendre le lendemain pour décider de la marche à suivre. Mais qui dit break ne dit pas repos total : on profite de la navette qui dessert le Boréon et la Madone de Fenestre pour effectuer la traversée entre les deux vallons, par le lac de Trecolpas et le pas des Ladres. Le lac est superbe avec son petit îlot couvert de sapins.
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Un peu trop de monde à mon goût, mais comment se plaindre alors que nous y contribuons nous-même !? Montée express au Pas, redescente express sur la Madone. Clairement, le genou de Julos s'améliore ! On se couche avec l'espoir revenu, de plus en plus sûrs de repartir ensemble demain vers la Tinée. Sans photos...


Jour 5 : Saint-Martin-Vésubie -> Saint-Étienne de Tinée
Vélo : 59 km, +1200 m, -1000 m

Réveil bonheur ! Julos a clairement bien récupéré. Il envoie du bois dès les premiers hectomètres du Col Saint-Martin ; je ne le reverrai qu'au sommet. Encore une énooorme descente vers Saint-Sauveur de Tinée...

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...puis nous remontons vers Isola. Là, deux choix s'offrent à nous pour rejoindre l'Ubaye. A droite, le Col de la Lombarde vers l'Italie, puis le col de Larche et ses beaux sommets environnants que j'aimerais bien gravir ! A gauche, le Col de la Bonette, censément plus haute route d'Europe et rêve de tout cycliste. On choisit finalement cette seconde solution, ayant glané plusieurs mauvais échos concernant la route du col de Larche. On continue donc dans le fond de la Tinée, par une belle piste cyclable...
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...que l'on suit jusqu'à Saint-Etienne de Tinée.
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Glace, ravito. Puis je me paye une grosse séance de "bricolage parano" -- peut-être que certains cyclistes connaissent le concept. Je retourne mon vélo pour mieux régler mon dérailleur, auquel je découvre soudain plein de problèmes ! Je passe une heure à pester dessus avant de me rendre compte que tous mes problèmes proviennent du fait... que j'avais retourné mon vélo. mad
Du coup, l'heure aussi a tourné, on s'installe tranquillement au camping de Saint-Étienne.


Jour 6 : Saint-Étienne de Tinée -> Col de la Bonette -> Sainte-Anne la Condamine
Vélo : 60 km, +2250 m, -1650 m

Après deux séjours dans les Alpes, je trouve que le vélo en montagne est quand même une sacrée souffrance, et à mon goût la présence de la route et de la civilisation atténuent un peu la récompense du sommet, comparé à de la bonne vieille rando pédestre.

Mais le Col de la Bonette !... La route est magique. Ici, juste avant le camp des Fourches, avec vue sur la Tête de l'Enchastraye (au fond à droite):
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L'arrivée sur la cime pelée et solitaire est incroyablement gratifiante, d'autant plus que la raréfaction de l'air à 2800 m se fait clairement sentir (nous, on avait plus de brume malheureusement) :
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En se retournant, on savoure également le chemin parcouru :
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Le panorama sommital est si vaste ! La descente sur Jausiers si belle ! C'est un voyage à soi tout seul, de ceux qu'on est heureux d'avoir faits.

En descendant sur Jausiers, une chaleur sèche et des fragrances méridionales nous accueillent. Bien que plus au nord, la vallée de l'Ubaye est clairement plus provençale que la Tinée. Julos suggère de faire un sommet dans le coin, vu qu'il ne lui reste que deux jours. Pure idée ! On achète la carte IGN, on fouine sur internet à la librairie de Jausiers, et paf : Tour et ascension du Grand Bérard, 3046 m, topo par Alain (le gourou des alpes du sud sur Altituderando). Départ depuis Sainte-Anne la Condamine, station de ski au-dessus de la Condamine-Chatelard. En selle !

La montée goudronnée vers Sainte-Anne la Condamine constitue le premier tronçon d'un col mythique, le tunnel du Parpaillon, une route de pierraille qui relie l'Ubaye à l'Embrunnais. Nous, petits joueurs, on s'arrête avec le goudron à la Chapelle Sainte-Anne. Rien que cela, c'est déjà environ 500 m de déniv en 6 km, qui cassent bien les pattes après un col de la Bonette. Qu'importe, aujourd'hui on est des warriors ! A l'arrivée, vue plein axe sur la Tête de Siguret :
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Julos trouve une belle terrasse d'herbe à proximité d'une colonie de vacances en bivouac. On aimerait bien les imiter, qui roulent le long de la pente dans leurs sacs de couchage ! Mais voilà, on y perdrait 300 boules de SdC ultralight, et notre dignité de déjà vieux...


Jour 7 : Tour et ascension du Grand Bérard
Pied : +1300 m, -1300 m
Vélo : 16 km, +200 m, -450 m

Nous montons par le Vallon de Bérard, jusqu'au Pas du Réverdillon. Au sud, le sommet du Grand Bérard qu'on va faire en aller-retour -- un sacré tas de caillasse !
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La montée finale est intéressante, un peu exposée et avec quelques posages de main sur la fin. On peut même corser l'affaire par moments en suivant le fil de l'arête, dans un rocher moins pourri qu'on pourrait le croire. Du coup, je me dis qu'il pourrait être amusant de chevaucher dans son intégralité cettte large échine, jusqu'au Pont du Bérard. Une prochaine fois peut-être !

La vue au sommet est un peu bouchée par les sommets environnants -- la pointe de Chalanche toute proche a sans doute une vue bien plus intéressante. Mais pas le temps cette fois. Pour l'heure, le ciel se couvrant nous incite à descendre rapidement par le vallon du Parpaillon, lui aussi un tas de pierrailles assez infâme. Et dire que des vtt montent là-dedans ! De profil, le Grand Bérard exprime encore mieux sa caillassitude :
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Sur les 16 heures, on se prend enfin le gros orage d'après-midi qui nous pendait au nez depuis le début du séjour. Grêle en prime. Heureusement on arrive juste au-niveau des premières granges où l'on trouve à s'abriter tant bien que mal. On passe ainsi une heure et demie sous un petit auvent en tôle, entre cigarettes et hébétude, tandis qu'autour de nous les ruisseaux se transforment en torrents boueux.

Après la pluie vient le beau temps, temps pour nous de redescendre à nos affaires, faire la recontre d'un berger fan de Raoul Petite, petite étape vélo jusqu'à Saint-Paul sur Ubaye.
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L'arrivée sur le village, avec le Brec de Chambeyron encore enneigé en arrière plan... waouh !!
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(Bon là, il faut imaginer la neige!) Pour conclure la soirée, gueuleton en bonne compagnie au restaurant l'"Ubaya", tout proche du camping, et dont la tomme fondue est éminemment recommandable. On profite pleinement de notre dernière soirée commune, avec Julos. Déjà !? Et pourtant oui, Nice semble si loin...


Jour 8 : Saint-Paul sur Ubaye -> Guillestre -> Col d'Izoard
Vélo : 59 km, +2000 m, -1150 m

Petite dernière journée pour Julos, qui a un train à Guillestre vers 13h. Pas de stress, donc, pour expédier les 9 km du Col de Vars et redescendre tranquillement. On se retourne, le temps de dire au-revoir à l'Ubaye :
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Julos asthmate à tout va dans les 5 derniers km à 9%... il faut dire que c'est son dernier col ! Au sommet, on échange quelques affaires, dont mes sangles et corde qui finalement n'auront pas servi, et que Julos rembarque pour m'épargner leur poids. Dernier café-cigarette. Dernière descente. Dernier rond-point. Dernière cigarette (c'est mal). Salut l'ami, merci pour les beaux souvenirs partagés !

Je repars sans trop traîner vers le Col d'Izoard, côté Casse Déserte. Je garde un souvenir ému de ma montée sur l'autre versant, en septembre dernier. C'était une après-midi douce, dans l'ombre clémente d'une belle forêt de sapins. Cette fois par contre, le soleil me vide de mon eau jusqu'à Brunissart et sa mauvaise ligne droite... puis disparaît soudain au profit des nuages noirs. Plic. Plic plic. Plic plicplic plicplicplipliplipripriPPRRRRIIIII... et c'est parti la saucée !

A partir de là c'est le blackout, jusqu'au sommet du col. Qu'ai-je vu ? De la buée et des gouttes sur mes lunettes. Qu'ai-je senti ? Juste mes pieds mouillés et le fouettage froid sur mon visage. Combien de temps ai-je mis ? Impossible à dire, mais je me soupçonne d'avoir fait un chrono très honorable, tant mes jambes privées de sensations tournaient sans douleur. Passé le col sans même m'arrêter, je me réfugie au refuge Napoléon, quelques centaines de mètres plus bas. J'essore mes chaussettes sous l'auvent, tellement heureux d'être au sec qu'il me faut un bout de temps avant de sentir le besoin de me mettre au chaud.

Big up à tout le staff du refuge Napoléon, qui ont été très sympas avec moi ! Ils me proposent leur auvent pour passer la nuit au sec, me font crédit pour un apéro puis un fameux dîner chaud (ironiquement, je n'avais pas de liquide lors de cette humide journée !). Je leur paierai le solde le lendemain dans une boulangerie de Briançon. En me réchauffant doucement, je regarde le ciel toujours bien couvert. Le Pic de Rochebrune, déjà annulé en septembre dernier et que j'avais prévu de gravir le lendemain, risque bien de m'échapper encore une fois.


Jour 9 : Ascension du Pic de Rochebrune
Pied : +1100 m, -1100 m
Vélo : 22 km, -1200 m

Mais qui ne tente rien n'a rien, je me réveille tout de même à 5h le lendemain. Constat mitigé : le ciel bleu n'apparaît que sporadiquement derrière de mouvantes brumes. Mais il ne pleut pas. Je me mets en route pour voir. Voilà à peu près ce que je vois (y compris en termes d'enneigement):
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Sauf que dans mon cas, un nuage gris s'accroche obstinément au sommet du Pic. Arrivée au Col des Portes vers 9h30 après une longue progression sur névés. La montée terminale ressemble à ça, moins la neige :
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Petite hésitation avant de poursuivre, mais les nombreux cairns rendent l'itinéraire très simple à suivre, même dans la brume. Bientôt je rencontre les difficultés finales. D'abord quelques rochers à escalader pour contourner de mauvais névés. Ensuite la brèche sous le sommet, entièrement recouverte d'une épaisse selle neigeuse : on aperçoit à peine le sommet de la corde à noeuds placée au départ de la paroi ! Je traverse les 10 mètres de brèche avec concentration, en taillant ma trace au piolet -- car il y a une bonne pente de part et d'autre. La fin est très plaisante dans du bon rocher ; je débarque enfin au sommet vers 10h30, où le soleil me fait l'honneur d'une modeste apparition. Bien plus modeste que là smile :
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Instant magique, sérénité du sommet après l'itinéraire éprouvant. Mais les nuages environnants m'indiquent bien à quel point cette sérénité est temporaire, et je ne tarde pas à reprendre le chemin de la vallée.

Une pluie gentille s'invite peu après le Col des Portes. Pas très agréable, mais rien à voir avec le calvaire qu'elle représente à vélo. De retour au refuge Napoléon, la pluie forcit. Je traîne à nouveau, en attendant une accalmie qui ne viendra pas. Je me mets finalement en selle vers 16h, le coeur gros, direction Briançon. J'essaie d'aller tout doucement afin d'éviter le fouettage glacial de la pluie. Ca marche un peu, mais il faut endurer le froid plus longtemps. Moralité: ça ou foncer... ça se vaut bien ! J'atteins Briançon dans un piteux état et me réfugie dare-dare dans un nouveau café. Ca commence à coûter cher en chocolats chauds, cette affaire.

Mon plan initial était de pousser ma journée jusqu'à la frontière italienne. Mais lorsque la pluie se calme un peu, passé 18 heures, la mollesse envahit tout mon être. Droit vers le camping de Briançon, que je n'adore pas spécialement, mais dont je ne peux que bénir les douches chaudes ce soir-là.


Jour 10 : Briançon -> Susa -> Barrage du Mont-Cenis
Vélo : 97 km, +2000 m, -1450 m

Grosse journée de vélo en perspective afin d'atteindre le barrage du Mont-Cenis. Malheureusement je ne décolle que vers midi, suite à un petit incident technique. Passons les détails ; disons juste que le MUL et le radin en moi ont préféré perdre une matinée à trouver un joint de fortune pour ma pompe de vélo, plutôt que d'en racheter une ! Je me mets enfin en route vers le col de l'Echelle. La vallée de la Clarée, toujours magnifique...
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...me plonge tête la première dans l'Allée aux Souvenirs - pas si vieux (3 ans) mais déjà d'un autre temps pour moi... Je reprends une bonne rasade de nostalgie qui ne m'abandonnera, ni au col de l'Echelle pendant ma petite sieste au soleil...
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...ni dans la longue descente de Bardonnechia vers Susa. Il faut dire que les maîtres d'oeuvre italiens (qui parviennent à insérer des grosses montées au-milieu d'une vallée en descente) et le vent de face (qui me force à pédaler non-stop dans les faux plats descendants) n'ont pas fait d'efforts pour améliorer mon humeur. Pourtant il y a avait de belles choses à voir !
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Finalement c'est un épicier super sympa, juste avant Susa, qui me redonnera le sourire en me vendant de ces victuailles dont seuls les Italiens ont le secret. Un prosciutto secco... mamma mia ! Il m'offre gentiment quelques viennoiseries de la veille, que j'engloutis aussitôt.

Forza ! La pièce montée de cette journée est l'interminable Col du Mont-Cenis depuis Susa. Plus exactement, je compte m'arrêter ce soir au pied du barrage éponyme, soit "seulement" 17 km et 1200 m de dénivelée. C'est mon dernier col, c'est aussi celui de trop. J'ai 10 jours dans les pattes, je sens bien mes genoux, je rêve de m'arrêter en plein milieu et de remettre la suite au lendemain, tant pis pour le Mont Giusalet... et je commence à me dire que je suis bien con de m'imposer de tels efforts au-lieu de simplement prendre ma voiture jusqu'au pied de ces p**** de montagnes !

Mais voilà, je veux vraiment gravir le Giusalet demain, alors je souffre encore un peu, en jurant qu'on ne m'y prendra plus. Et j'arrive finalement à la plaine de Saint-Nicolas, terminus du jour. Il est 21h passées, il me faudra encore deux heures pour mollement monter ma tente et ingurgiter mon repas avant de sombrer dans un court sommeil.


Jour 11 : Ascension du Mont Giusalet
Pied : +1700 m, -1700 m
Vélo : 47 km, +450 m, -1050 m

Réveil 4h30. Black out. Réveil 5h. Départ 6h. Je suis toujours dans le coaltar, surtout que je n'ai plus de café pour ce dernier jour. Je cherche mon chemin pendant une bonne heure, dans des vallées tortueuses juste en dehors de ma carte, imprimée à la va-vite. Impossible de réfléchir avec lucidité, c'est comme si j'étais toujours endormi. Pourtant petit à petit, le corps se chauffe, le cerveau se dégrippe.

J'atteins le col Giaset vers 9h, assez alerte pour tenter l'ascension du Giusalet par son arête nord-ouest -- celle de droite sur la photo :
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L'enneigement était assez similaire à cette photo. La première partie, avant de rejoindre le fil de l'arête, est bien en neige et me pousse à nouveau en dehors de ma zone de confort. Taillage de marches au piolet, montée de pentes neigeuses qu'on n'aimerait vraiment pas avoir à redescendre. Regret amer de ne pas avoir repris mes vrais crampons, ceux que j'avais prêtés à Julos. Si bien que continuer à monter devient rapidement la solution la plus sécure, quoique déplaisamment incertaine. Heureusement l'arête proprement dite, enfin déneigée, ne me pose plus de problèmes.

Tout en bas, le lac du Mont-Cenis joue avec les nuages -- un peu comme ceci :
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La vue au sommet m'aide à me remettre de mes émotions. Vanoise au nord, massif d'Ambin à l'ouest, et Rochemelon à l'est, dominant le val de Susa:
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(Il faut imaginer le plateau sommital recouvert de neige.) Descente neigeuse assez rigolote par la voie normale, dans les restes du glacier du Bard et le chaos rocheux de sa moraine. Au détour d'un bloc, je dérange une harde de bouquetins en pleine sieste au soleil. Rencontre deux Italiens au refuge Vacca, le temps d'un bref casse-croûte.

La fin de mon périple est une longue course pour attraper un train à 16h30 à Modane. Départ vers 13 heures du refuge Vacca, arrivée vers 14h30 à la plaine Saint-Nicolas pour charger le vélo, en selle vers 14h45 et dernières souffrances vélostiques pour rejoindre le col du Mont Cenis 350 m plus haut. Dernier regard vers le Mont Giusalet... j'étais là haut il y a 4 heures !
938a1f478415ecbc136b412e300391bde2524d.jpg(source)
Au Col, descente plongeante vers Lanslebourg...
92875efcd0117a2030234c2f96b15a9ffefa7b.jpg(source)
...puis il reste 20 kilomètres jusqu'à Modane, où j'arrive vers 16h45. Soit dix minutes après mon train ! Pas grave, c'était un bel effort pour clôturer ce séjour intense. Je prendrai finalement un TGV vers 19h30 (en emballant mon vélo à l'arrache). Et dans son attente un bon litre de bière.

Dernière modification par Noucho (23-08-2013 18:24:54)

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#2 22-08-2013 22:54:59

guichen
Membre
Inscription : 06-05-2013

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Ca y est : les aventures de toto...version mulle... big_smile

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#3 23-08-2013 12:16:12

Noucho
Membre
Inscription : 29-05-2010

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

guichen a écrit :

Ca y est : les aventures de toto...version mulle... big_smile

Vu qu'on ne comprend plus du tout ce post, je précise que cette discussion s'est initalement appelée "toto" suite à une fausse manoeuvre de ma part ^^.

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#4 28-08-2013 12:05:52

Julos
Membre
Inscription : 02-10-2012

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Deux photos assez pourrav' pour illustrer le passage par la Bonette. Un col finalement difficile, non par ses pourcentages tout à fait dans les canons alpins français (<9%) mais sa longueur et la aéfaction du R (qui fait perdre la tête). En plus faut vraiment être maso pour aller tout en haut via la boucle que fait la route (2815m) alors que le col proprement dit n'est qu'à 2700 et quelques…

Plus haut col routier d'Europe
Deux galériens

En tout cas, que de nostalgie à lire ton récit mon pote… et aussi une furieuse envie de remettre ça, bien sur. Je te propose le Ventoux et la montagne de Lure en Hiver avec redescente à ski  tongue


"Ce que j'espère c'est qu'un jour on trouvera la sphère non commutative S^2_q dans la nature et qu'on pourra l'utiliser comme instrument de musique et ce sera un instrument merveilleux parce qu'il ne se désaccordera jamais." Alain Connes

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#5 28-08-2013 13:37:06

Shanx
Sanglier MUL
Lieu : Probablement au boulot :(
Inscription : 22-04-2012
Site Web

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Salut

Merci pour ton récit qui fait furieusement envie smile
Le combo vélo + rando/alpi est vraiment sympa – et sort un peu de l’ordinaire. Tu avais quoi comme vélo ?


← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary

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#6 28-08-2013 19:05:35

Youri
Membre
Inscription : 11-04-2009

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Tiens tiens on vous a vu à la madone de fenestre smile

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#7 28-08-2013 20:02:18

fredlafouine
Fouinez!
Lieu : bretagne
Inscription : 24-05-2009

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Super sympa votre récit! Et voilà, à peine rentré je ne pense déjà plus qu'à une seule chose : on repart quand? big_smile

Sur le papier le duo vélo/grimpe est fort alléchant, mais sur le terrain ça doit être assez frustrant comme tu le dis très bien Noucho. Tous les jours on retourne la civilisation... Ça casse un peu le truc quand on connait le bonheur d'évoluer plusieurs jours d'affilée dans des espaces sauvages.

Ca va Julos bien remis? Petite pensée pour un pote qui a certainement les ligaments de la cheville déchirés... IRM dans quelques jours. Quelle idée aussi, de faire des saltos. Bien fait tiens. tongue

Noucho, t'as testé les Kahtoola sur neige un peu molle? Ils ne sont alors quasiment d'aucune utilité.


´·.¸¸.·´¯`·.¸ ><((((((º>

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#8 28-08-2013 21:45:57

Noucho
Membre
Inscription : 29-05-2010

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

@Julos :
Salut mon poto. Merci pour les clichés téléphoniques, tellement pourraves que même de face on reste anonyme !

Julos a écrit :

une furieuse envie de remettre ça, bien sur. Je te propose le Ventoux et la montagne de Lure en Hiver avec redescente à ski  tongue

Oh oui j'imagine déjà ! "Bien sûr la montée est un peu galère avec les skis sur le dos, mais la descente avec les vélos sur le dos en vaut bien la peine!" tongue.


@Shanx :
Mon vélo est un vtc hybride (giant crs, modèle 2010, environ 12 kg), qui fait "tout un peu, rien très bien". Je m'en sers en ville pendant l'année, et pour de la cyclorando l'été. Il passe aussi sans problèmes sur chemins de terre avec pas trop de caillasse, etc. Un bon choix, non ruineux, pour un cycliste occasionnel dans mon genre. Après, il est certainement un peu moins performant qu'un vélo de route...


@Youri :

Youri a écrit :

Tiens tiens on vous a vu à la madone de fenestre smile

Trop bon ! Vous randonniez dans le coin j'imagine ? On s'est parlé, ou pas ?
Il faut dire qu'est passés 3 après-midis de suite à la Madone de Fenestre, ça augmentait les chances de s'y croiser !


@ Fred :

fredlafouine a écrit :

Sur le papier le duo vélo/grimpe est fort alléchant, mais sur le terrain ça doit être assez frustrant comme tu le dis très bien Noucho. Tous les jours on retourne la civilisation...

Oui, il y a quelques côtés un peu frustrants. Déjà, effectivement, le côté plus hâché et moins sauvage. Et ensuite, le timing que ça impose pour les journėes, si on veut se réveiller au pied de la montagne pour une ascension matinale. Il faut réfléchir à l'avance à son itinéraire, puis essayer de bien s'y tenir... ça enlève un peu de liberté. Après, c'est un vrai plaisir que de pouvoir partir de très loin, arriver en haut d'une montagne, puis redescendre, à la simple force de ses muscles. Je le referai certainement, mais peut-être sur des sorties plus courtes (par exemple, comme ici ^^).

fredlafouine a écrit :

Noucho, t'as testé les Kahtoola sur neige un peu molle? Ils ne sont alors quasiment d'aucune utilité.

Ouais carrément. J'ai pu descendre à la ramasse en les gardant aux pieds.^^

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#9 28-08-2013 21:51:18

fredlafouine
Fouinez!
Lieu : bretagne
Inscription : 24-05-2009

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Noucho a écrit :

Ouais carrément. J'ai pu descendre à la ramasse en les gardant aux pieds.^^

Idem.


´·.¸¸.·´¯`·.¸ ><((((((º>

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#10 29-08-2013 06:38:58

tomi
Qui ça ?
Lieu : Belledonne + Euskal Herria
Inscription : 02-09-2008

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Merci pour la chouette balade qui m'évoque quelques souvenirs !

J'étais aux col et tunnel de Parpaillon deux jours après votre passage au Grand Bérard (montée depuis Embrun)

Dernière modification par tomi (29-08-2013 07:45:09)


Monsieur Miko, attendez, vous ne pouvez pas faire ça ! - Toi pas t'inquiéter, Miko pouvoir.  (Vuillemin)

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#11 29-08-2013 10:54:18

Julos
Membre
Inscription : 02-10-2012

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

fredlafouine a écrit :

Sur le papier le duo vélo/grimpe est fort alléchant, mais sur le terrain ça doit être assez frustrant comme tu le dis très bien Noucho. Tous les jours on retourne la civilisation... Ça casse un peu le truc quand on connait le bonheur d'évoluer plusieurs jours d'affilée dans des espaces sauvages.

De mon point de vue, j'ai une autre perception du truc: c'est clair qu'on est souvent dans la civilisation avec le vélo mais on finit par être "à côté", du moins mentalement. Les camions, les voitures nous doublent ? Soit, ce sont comme des idées qui passent et auxquelles on ne s'attache pas, comme lorsqu'on médite. Ca peut valoir aussi pour les lieux de villégiature même si c'est peut-être plus compliqué. Les transitions vélo/marche sont des passages intéressants de pur désocialisation, comme le troisième étage d'une fusée (qui ne fusait pas en l'occurence au vallon de la Madone) et inversement aussi l'enchaînement marche/vélo est une redescente en douceur qui permet de ramener l'ivresse des cîmes aux pauvres contrées fréquentées massivement par l'Homme.
Les souvenirs de beauté écrasante et solitaire perdurent et ont tendance à masquer la réalité, pas forcément sordide d'ailleurs, d'un camping ou d'une place de bourg alpestre.

La redescente finale en train (Guillestre-Marseille) est beaucoup plus pénible par contre...

fredlafouine a écrit :

Ca va Julos bien remis?

Oui, oui nickel, un trail format court il y a une dizaine de jours et plus aucune douleur mais c'est bien sensible ça un genou.

Noucho a écrit :

Salut mon poto. Merci pour les clichés téléphoniques, tellement pourraves que même de face on reste anonyme !

Mais de rien, c'était fait pour. Pour le Ventoux en hiver, je pensais éventuellement à un remorquage du vélo, déposé sur une sorte de ballon gonflable. C'est pas encore clair dans ma tête mais comme ça représente du poids supplémentaire, je me dis que ça ne peut que te stimuler  tongue


"Ce que j'espère c'est qu'un jour on trouvera la sphère non commutative S^2_q dans la nature et qu'on pourra l'utiliser comme instrument de musique et ce sera un instrument merveilleux parce qu'il ne se désaccordera jamais." Alain Connes

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#12 30-08-2013 16:42:34

Noucho
Membre
Inscription : 29-05-2010

Re : [Récit + liste] Cyclosommets 2 : 11 jours de Nice au Mont-Cenis

Merci pour les retours positifs, ça fait plaisir !

tomi a écrit :

J'étais aux col et tunnel de Parpaillon deux jours après votre passage au Grand Bérard (montée depuis Embrun)

Hé hé... je me souviens que tu m'as dit avoir de la famille dans le coin (vieux retour du terrain où tu m'avais parlé du Vieux Chaillol).
Tu l'as fait en vtt j'imagine ? Ou bien certains s'y aventurent encore à vélo de route, comme au bon vieux temps du Tour de France mode 1920 ? En tout cas ça a l'air d'une belle aventure, là-haut.

Julos a écrit :

Les transitions vélo/marche sont des passages intéressants de pur désocialisation, comme le troisième étage d'une fusée (qui ne fusait pas en l'occurence au vallon de la Madone)

Très joliment dit. Je suis d'accord avec Julos, c'est assez grisant d'abandonner les vélos, pour continuer à monter à pied, puis tout redescendre jusqu'au fond de la vallée. Il y a un petit côté descente en apnée, mais dans l'autre sens.
Après, en pratique, c'est rare d'enchaîner tout cela dans la même journée, car il faut se lever très très tôt si on veut faire du vélo avant d'attaquer un sommet. Je l'ai fait une seule fois lors de mon séjour précédent (Col du Galibier puis Grand Galibier), et c'était bieeen fatigant ! Dans le genre hardcore, les Niçois font ça : la Prom' Gelas !

Julos a écrit :

La redescente finale en train (Guillestre-Marseille) est beaucoup plus pénible par contre...

4h30... Ca se faisait aussi vite à vélo non ? smile))

Dernière modification par Noucho (30-08-2013 16:44:10)

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