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#1 07-11-2019 18:11:18

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

[Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Première partie

A la sortie de l’avion (ouuuuuh, pas bien !) qui me ramène du Kirghizstan ce jeudi en fin d’après-midi, une canicule étouffante m'abasourdit et me motive à repartir illico en quête de fraîcheur dans les hauteurs, cette fois avec mon plus jeune pour partager avec lui une seconde sortie d’apprentissage MUL (rappel : c’est lui qui est le plus avancé et discute tatillon le moindre de mes choix non optimaux ; c’est plus moi que lui qui suis en apprentissage). Cela faisait deux fois que l’on repoussait une sortie pour cause de météo instable voire déplorable. Pour le coup, ce week-end, le temps est (trop ?) beau et calme.

Après 2 jours d’expérimentation transgénérationnelle dans le Lubéron, on passe cette fois à 2 nuits de bivouac, en montagne, avec l’objectif de tutoyer un peu les sommets en initiation rando alpine/alpi facile… A la clé, aller fureter au-dessus des 3 000 (un record pour le p’tit bonhomme), en essayant d’optimiser notre matos. Direction l’Aiguille du Goléon (3 427 m), entre Arves et Oisans. De beaux coins de bivouac. Un panorama somptueux. Un lac d’altitude. Un glacier si gentil qu’il ressemble plus à un gros névé. Une course d’arête qui ne dépasse pas le III… Que demander de plus ?

Un petit coup de fil aux (super) gardiennes du refuge du Goléon jeudi soir confirme que la chaleur est très supportable au-dessus de 2 000, et que les nuits sont à peine fraîches (pas de regel à espérer). La neige qui encombrait encore il y a peu le pourtour du lac et le vallon a été vaporisée ces derniers jours par une météo bloquée en mode grille-pain.

La gardienne me conseille d’ailleurs de ne pas partir trop tôt, pour échapper à la fournaise de l’approche sans ombre. Cela tombe bien, je sais bien faire cela : ne pas partir trop tôt quand je prépare un sac (à prétention) MUL. Avec toutes les affaires et vivres à trier, nettoyer (je vais passer un p’tit moment à récupérer ma popote et mon réchaud encrassés) et recomposer, je sens que je ne vais pas être trop efficace.

En père indigne, je fais craquer un après-midi de cours à mon fils. J’ai prévu de bafouiller une piteuse excuse d’obligation familiale nébuleuse, mais lorsque je viens récupérer Gaby à 13h30 en fin de pique-nique, toute la classe est au courant de la sortie MUL, et la maîtresse, espiègle, nous souhaite un bon bivouac avec notre réchaud canette (il faut dire que Gaby avait fait quelques mois plus tôt une démonstration de son premier P3RS à l’occasion de la semaine du recyclage) !

A la maison, c’est encore le chantier : me voilà reparti en mode tentaculaire, dans un ballet un peu confus et très suant (est-ce que je vous ai dit que c’était la canicule ?) entre placards, caisse de matos, sacs, conditionnements, balance, ziplocks… Une nouvelle fois, je vais savoir a posteriori le poids des sacs (je me contente de griffonner dans mon carnet le poids des consommables pour mon retour). Punaise, qu’est-ce que je suis loin des vrais MUL tout en automatisme.

Bon alors le gag, c’est que j’ai oublié de vérifier si les chaussures de rando (tige haute) de l’été dernier lui allait encore. #mesenfantsgrandissentpas
… Verdict plus que prévisible : le pied ne rentre pas. Merdre dirait le Père Ubu !
(on verra sur les photos que du côté du pantalon de randonnée euh… il y a aussi un problème de taille)
Un adepte de bonzaï trouverait sans doute des solutions minimalistes, mais je succombe plus classiquement à un travers consumériste. On est bon pour une pause dans un de ces Décaquelons qui honorent et subliment les paysages autoroutiers de France.

Outre cette pause touristique sympathique, il me paraît périlleux de lancer Gaby avec une paire de grosse toute neuve pour sans doute plus de 2200D+ cumulés sur le week-end… Du coup il va faire la montée aujourd’hui en basket. On préserve les pieds pour monter en tige haute sur neige, glacier et rocher le J2… Je croise les doigts pour que ça passe (sans trop d’ampoules), et puis le J3, redescente en basket.
Grace à mon détachement des contingences de la croissance de mon fils, je viens d’alourdir mon sac d’une paire de MH500 (+ 317g). Pour l’optimisation du matériel, cela commence bien.

En voiture Simone non Gaby ! Extraction douloureuse de la fournaise lyonnaise, pour replonger bientôt dans le foyer ardent de la cuvette grenobloise. Bonne nouvelle, presque pas de ralentissement (alors que d’ordinaire…), et nous voilà dans les temps dans les rayons d’une grande surface au sang bleu à Saint-Egrève. J’ajoute à la liste de course des compeed au cas où les choses dégénèrent (+ 20g).

Je crois que j’ai trop pris la confiance : le contournement de Grenoble vire au désastre. A une allure de gastéropode sous Tranxène, les roues de la voiture fusionnent avec l’asphalte. A la sortie de l’autoroute, cela devient pire : après Pont de Claix (donc une voie sans issue de secours), c’est la bérézina : blocage total jusqu’après Vizille. C’est vraiment dans ces moments là que j’apprécie le choix fait il y a bien longtemps de ne pas prendre la clim’, parce que je ne sais plus si je vous ai dit que c’était la canicule.

L’enfer va nous retenir dans ses griffes plus de 2 heures… Presque 5h après notre départ, on se gare bien tard, bien stressé et bien lyophilisé (-1870ml) au Hameau de Valfroide et ses belles masures de pierre et d’ardoise. L’avantage d’un départ vespéral, c’est qu’il fait vraiment bon, presque frais oserais-je dire ! Allez, on ne traîne pas histoire d’arriver avant la nuit pour monter l’abri. J’ai abandonné l’idée de monter le plus haut possible pour se poser après l’ancien refuge Caraud : on se contentera du premier, près du lac.

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Au bout de quelques pas, la magie des lieux, de l’heure et de la marche opère. L’air vif nous rince les poumons. L’œil se réveille face aux prairies de fleurs qui mouchètent d’éclats bigarrés leurs verts veloutés. Les reliefs ouvrent leur perspective et nos pas délient le paysage. On profite du premier replat pour avancer vite. La pente s’accentue progressivement, mais les lumières adoucissent le panorama. Le soir argente les ondulations du torrent, mordore la reine Meije et festonne de sépia le Rateau. Une marmotte invisible nous encourage, et un chamois met du baume au cœur de mon fils.

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On rattrape une randonneuse au ralenti, qui nous demande de prévenir sa fille (une des gardiennes) qu’elle est partie tard donc qu’il ne faut pas se faire du souci. Elle a de la chance : son abri est déjà prêt. Petit à petit, Gaby subit le contrecoup de ce drôle d’après-midi et je l’encourage comme je peux. L’arrivée au col efface la fatigue : sous l’œil tranquille du refuge, plusieurs vagues d’herbes figées sur leur écume rocheuse gondolent le site jusqu’au lac cristallin qui s’endort dans de légers tremblements.
On croise la jeune gardienne, pas affolée du retard de sa mère et qui se rappelle de mon coup de fil : « c’est vous qui allez bivouaquer : vous allez être trop bien ». Elle nous dit qu’une famille doit aussi partir sur le Goléon demain matin tôt (réveil à 4h). Il est 21h30 passé : au boulot !

Choix de terrain, montage de l’abri, installation des couchages (cette fois, on ne se plante pas avec ma seconde feuille de polycree que l’on se contente de déplier simplement), tout est plus speed que je ne l’avais imaginé. Je teste mes premières routines : pas encore bon pour l’abri, pas mal pour les couchages…
Sous la lumière qui s’éteint, je passe à la case dîner. Gaby, fidèle assistant, part recueillir de l’eau à filtrer dans le torrent. Je monte mon installation, rassuré par la possession d’un authentique et fiable alcool à brûler.
Suite à mon échec kirghize, j’ai nettoyé le P3RS de sa gangue noirâtre hier soir, mais je n’ai pas pris le temps de le retester pour voir s’il tournait bien. Grossière erreur ! Les flammes ont du mal passer côté brûleur : il doit être encrassé à l’intérieur. Je perds du temps sur le préchauffage, et l’efficacité semblent amoindrie. J’installe la popote et rapidement de l’alcool se met à couler sur le côté, en gaspillant le carburant dans des flammes inutiles ! Qu’est-ce que c’est que ce [biiiiiiip] ?!
Au moment où j’écris ces lignes, je vois déjà le sourire narquois d’Einganien
Bon, vu la dilapidation d’alcool, pas de soupe ce soir, il est tard et je gaspille mes réserves. On se contentera de noodles.
Après observation à la frontale, je comprends que la partie supérieure du réchaud s’est enfoncée, réduisant le volume disponible et créant des fuites dès le début de la chauffe. Je le remets délicatement en place à la main, mais le réchaud a pris un peu de jeu et il faudra le vérifier régulièrement. Surtout, j’avais été joueur à vouloir optimiser la quantité d’alcool emmené… Et je me rends compte que je vais manquer d’ici la fin.
Avoir des ustensiles low tech ne signifie pas réduction des techniques. Mes mésaventures culinaires montrent bien que certes, l’anthropomul(et) est un peu pataud, mais que l’utilisation d’un réchaud minimaliste implique une somme inaperçue de petits savoir-faire (manipulation, installation, entretien, vérification…) et de connaissances (type de carburant, temps de chauffe et quantité à prendre)…

Rincage express au torrent (pas de savon), brossage de quenotte rapide sous les étoiles qui parsèment le lac (Gaby s’est définitivement fait à la mini-brosse partagée et au savon d’Alep) et dodo (trop) tardif. Je programme ma montre pour un lever à 4h30 et décollage peu après 5h : pas besoin de démonter l’abri pour le coup.
Gaby s’est enfoncé avec un sourire bienheureux dans mon duvet plume douillet. De mon côté, vu que je cours encore après une solution 3 saisons, je suis en multi-couches : collant, pantalon, petite doudoune, sursac StS et duvet Quechua famélique. Et bien pour un poids non optimal, c’est juste limite pour une nuit qui ne sera pas glaciale. Lors de mes multiples réveils, je me rassure en pensant à la majorité qui souffre de la canicule en contrebas.

To be continued...

Dernière modification par Eric le rouge (08-11-2019 16:35:40)


Mon trombi schizo, mi-Mul mi-anthropologue, avec un sommaire de mes récits de sortie bavards et de mes articles indigestes big_smile sur la Mul

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#2 07-11-2019 18:38:57

06chamois
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Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

La suite Éric le rouge pour savoir ce qu'il va se passer d'autre  big_smile
Bravo pour ton fils en tout cas.
Nous aurons le droit à son retour sur ce parcours ????


La montagne entretient à la fois la tête et le corps, alors plus d’hésitation = vive la randonnée  big_smile

Mon trombi :   https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=35338

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#3 08-11-2019 16:34:27

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
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Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Deuxième partie :

Petit matin
Bon, si j’ai fait des vagues nocturnes, au petit matin j’écrase profondément ! Je n’ai pas entendu ma montre sonner (a-t-elle sonné d’ailleurs ?). A la lumière je comprends bien qu’il y a un souci : il est 5h20… [biiiiiiip] !! J’aurais dû doubler le réveil avec mon téléphone.

Au moins on aura récupéré un peu plus. Activation de la progéniture mais le p’tit bonhomme est en mode diesel. Même la vue XXL sur le massif de la Meije qui rosit ne réussit pas à l’égayer. Il faut dire que je n’ai pas encore réussi à trouver le bon dosage lait en poudre-chocolat en poudre pour un bon cacao. Là aussi, des tests à la maison auraient pu être un moyen de fiabiliser mes dosages.

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Pas facile le réveil du p’tit bonhomme

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5h49, on décolle. J’ai laissé un bâton sur l’abri pour le maintenir et progresserai clopin-clopant des bras. Je croise les doigts pour que les chaussures neuves n’explosent pas les pieds du fiston. Mon 37l est une nouvelle fois bien vide sur mon dos : 1 petit litre d’eau, nos victuailles de la journée, le matos technique… Et de la place pour abandonner nos vêtements plus tard lorsqu’il fera chaud. Gaby lui ne porte rien. Vive le mode aller-retour !

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Il ne fait pas froid, et la neige que l’on trouve assez vite après le Replat d’Almont, porte bien sans être verglacée. Du coup, dans les premières pentes, pas besoin de sortir un bout de ficelle pour sécuriser la progression du fiston qui prend son rythme de croisière. L’Aiguille du Goléon se laisse désirer, mais celles d’Argentières puis d’Arves nous offrent bientôt leurs masses pyramidales caractéristiques.

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On devine devant quelques silhouettes qui piquettent les névés : ce doit être la famille qui dormait au refuge. Je m’étonne de les voir déjà. Ils ne doivent pas avancer bien vite.
Se produit alors un mécanisme classique de la physique de la randonnée : tout mobile captant un autre mobile qui le devance a tendance à accélérer pour le rattraper. La résistance de l’air raréfié semble diminuer et la consommation d’énergie augmente (compensée par de régulières poignées de graines) tant et si bien que notre référentiel, constitué d’un couple et de deux enfants est atteint rapidement.
Echange sympathique, partage de quelques vivres. Ils ne visent pas le sommet, seulement un petit tour sur le « glacier » Lombard. Signe de MULisation, je ne peux m’empêcher d’observer avec un soupçon de commisération (pas bien assumée) leurs sacs, que je trouve beaucoup trop replets pour le petit périple du jour.
On les double et terminons de remonter la vallée le long du torrent Maurian, et débouchons sur le glacier et une vue bien dégagée sur le sommet. Mon fils vient de passer gentiment pour la première fois la barre des 3 000 – seuil bien arbitraire pour un anglais, mais symbolique pour un p’tit crapahut français.

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Comment ça, mon fils a grandi et je ne m’en suis pas rendu compte ? Au fond, l’arête à parcourir intégralement.

Pause barre chocolatée et discussion des options pour la suite. Gaby opte une remontée directe jusqu’à un petit collet (sous le Bec de Grenier) pour parcourir intégralement l’arête du Goléon.
On y arrive d’une traite (mon fils s’est challengé pour ne pas faire un seul arrêt) au collet (un peu plus de 3 200). Reprise de souffle en profitant du panorama.

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Et on attaque la partie horizontale de l’arête, largement dégarnie de neige. Louvoyant entre blocs instables et pas de varappe, je sors la corde pour (r)assurer Gaby, qui est impressionné par les pentes de chaque côté. Je sens que se mêlent chez lui fatigue, découverte du souffle court en altitude et inquiétude croissante dans le parcours d’arête qui se redresse. Il est de plus en plus hésitant.

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Jeu : Où est Charlie euh Gaby ?

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Un remake alpin de Game of Thrones ? En tout cas, winter is not coming !

Je le laisse dans un endroit bien sécurisé et file repérer la fin de l’itinéraire. On n’est plus très loin, mais il y a quelques passages gazeux qui subsistent, et qui vont encore plus l’impressionner à la descente… J’aimerais vraiment le pousser à aller au sommet, mais ce serait dommage de transformer cette balade en mauvaise expérience (bavante voire flippante). Je redescends lui faire le topo, sans aucune pression. Il a passé le seuil de 3 300, c’est déjà une petite victoire et on décide de redescendre, en prenant rendez-vous pour une prochaine fois venir chatouiller les 3 427m sommitaux.
La neige est un peu transformée, ce qui rend assez ludique la descente du glacier en mode glissade simili ski (pour rappel, pas de crevasses sur le Lombard).

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Je crains que l’on n’enfonce trop, mais finalement le retour est rapide et confortable jusqu’en bas, sous un soleil radieux avec ce qu’il faut d’air pour ne pas avoir trop chaud. La bonne nouvelle, c’est que les chaussures de Gaby ne lui ont causé aucun souci : pas de plaie, pas d’ampoule…

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Retour au lac en début d’après-midi : on s’offre une boisson et une collation à la terrasse du refuge, profitant des facilités de la consommation et de l’accueil au top des deux gardiennes.
Après-midi à lézarder, faire le tour du lac et des environs, se projeter sur notre balade du lendemain (pour « remplacer » le sommet d’aujourd’hui, je propose à Gaby de faire un détour par la petite pointe qui surplombe le refuge, histoire de rentrer avec un p’tit pic sous la dent).
Entraînement aux techniques MUL pour mon fils qui gère en toute autonomie et avec un sérieux de pape la filtration de l’eau.

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Le vent se lève, et on construit un abri complémentaire pour protéger le réchaud ce soir.

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Ce samedi soir le refuge est complet, et pas mal de gens viennent bivouaquer. Chaque arrivée est scrutée avec attention par mon mini-MUL, qui commente un peu consterné la taille des sacs ou des abris un peu trop gros, mais se montre impressionné par un randonneur qui va dormir à la belle étoile.

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Une famille de 4 s’installe non loin, et monte un grand tarp. « Ah ! Tu crois que ce sont des MUL ? » s’enjoue mon fils. Scrutateur, il est hésitant. L’abri est clairement minimaliste (+ 1)… Ah oui mais ils ont l’air de bien galérer à le monter, comme si c’était la première fois (-1)… Et puis les sacs, ils sont quand même trop gros (-1)… Tiens ils utilisent un réchaud à alcool (+1)… Mais il est énorme, et même pas fait main (-1). Bon : verdict contrarié que ce ne sera pas notre première croisée MUL impromptue.

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Nous avons toute la soirée pour nous : Gaby a pillé la bibliothèque du refuge et on joue aux dés sur des cailloux (pas facile). Repas préparé plus sereinement qu’hier (du temps, un réchaud remis en état, une bonne protection du zef) et une belle nuit tranquille à la fraiche (un peu trop fraiche quand même pour mon combo de couchage).
Pas de réveil ni d’horaire le lendemain… On émerge vers 8h. Vu que j’ai gaspillé mon alcool le J1, on a opté pour un cacao et café au refuge (tant pis pour les doses montées pour rien).
Démontage placide. On refait les niveaux d’eau à 1,5l (a priori, pas de souci pour trouver des torrents, ce qui se confirmera ensuite) et on décolle sans se presser vers 10h : c’est bon de ne pas courir. L’idée générale est de faire le tour des Roches de Casse en passant par le col du Cruq des Aiguilles, mais en se laissant inspirer par le terrain.

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On attaque par un petit sentier, que l’on quitte assez vite pour remonter à vue sur le petit sommet ambitionné. Terrain assez raide pour finir au milieu des rochers, sur un vrai mini-pic avec un très beau panorama à 360.

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Redescente puis on joue au yoyo avec les traces : traversée, remontée vers la Roche de casse, redescente vers le col du Cruq à 2 700.

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Nouveau très beau point de vue : le Signal de La Grave se dresse sur une étendue de vallons verts qui gondolent jusqu’au plateau d’Emparis. Pause pique-nique avant de plonger sur la seule portion de chemin pas très agréable (raide et abimée). Gaby trouve une vieille bouteille abandonnée et décide de la redescendre (pas de déchet !). Sur cette portion, on observe plusieurs gros rapaces volant bien haut : 3… 4… Le décompte s’emballe et on dénombre bientôt plus d’une quinzaine d’oiseaux qui glissent dans le ciel. Je n’en ai jamais vu autant en même temps, et je n’ai aucune idée de l’espèce diurne qui pourrait voler en gros groupe comme cela (avis aux connaisseurs : on prend l’info avec plaisir). On rattrape et suit un groupe de randonneurs, que l’on abandonne bientôt, tout comme le chemin : plutôt que de partir vers les Chalet du Puy Garnier, on décide de se balader hors sentier dans les flancs de montagne.

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On trouve quelques traces de troupeaux de vaches. On louvoie au-dessus de gorges, sautons une paire de torrents. Quel plaisir de naviguer au gré du terrain. Par moment, Gaby quasi-disparaît derrière les hautes herbes et fleurs. Nous finissons par arriver vers le Chalet de la Celle, on l’on retrouve une trace de tracteur au milieu des prairies d’altitude, qui nous ramène au Hameau de Valfroide.

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Il est 16h passé, et c’est avec regret que l’on reprend la voiture pour rentrer, heureusement sans embouteillages, vers la chaleur étouffante de la ville. Mon fils a déjà pris rendez-vous l’an prochain avec le Goléon pour finir le travail.

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Mon fils en mode « redescente des déchets des autres »

En résumé, je suis de mon côté très heureux de ce moment partagé avec un vrai confort : sans mes petites expérimentations MULesques, j’aurais avec certitude été beaucoup plus chargé pour ce type de pérégrinations. Non seulement l’allègement a permis un grand confort de marche et de bivouac sans rien sacrifier à la sécurité, mais le jeu minimaliste (bien qu’encore peu épuré) permet d’évoluer avec plus de disponibilité au milieu.


Mon trombi schizo, mi-Mul mi-anthropologue, avec un sommaire de mes récits de sortie bavards et de mes articles indigestes big_smile sur la Mul

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#4 08-11-2019 17:46:19

Magic Manu
Magicien itinérant
Inscription : 12-11-2011

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Ouaaaaah!!! J'adore les randos père-fils! Il a quel âge, ton gars?


"Il en faut peu pour être heureux" (Baloo, le Livre de la Jungle)
Le kilt? La meilleure façon d’être en « burnes out »!
Trombi

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#5 08-11-2019 17:55:43

Stéphane_33
Membre
Lieu : Bordeaux
Inscription : 05-12-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Le coin est superbe, bravo pour votre rando smile
Quant aux oiseaux ce pourrait être des vautours, j'ai eu l’occasion d'en voir plusieurs dizaines fondre en quelques minutes sur une carcasse de mouton dans cette même vallée. C'est très impressionnant et mieux vaut garder ses distances.

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#6 08-11-2019 22:25:28

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

@magicmanu: c'est Gabi pour ta gouverne j'ai 11 ans.
@06chamois: j'ai beaucoup aimé cette rando, sur l'arête j'ai vraiment flippé à cause du vide.Pendant la rando je faisais Fort Boyard avec les torrents.

...
Bon allez mon fiston ! Tu n'as que 11 ans et il est l'heure d'aller te brosser les dents et te coucher  wink

Dernière modification par Eric le rouge (08-11-2019 22:29:19)


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#7 08-11-2019 22:31:35

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Merci pour vos retours...
Pour les vautours, j'ai eu un doute, mais je n'avais jamais vu ces oiseaux en mode gang ! Je peux imaginer qu'une nuée sur une carcasse soit impressionnante  mad


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#8 09-11-2019 13:19:18

tolliv
Sérénitude
Lieu : Toulouse
Inscription : 06-09-2016
Site Web

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Quel beau retour, cela fait des souvenirs extraordinaires à vie.
Pourquoi il n'y a que ton fils en photo ? Pas toi ? Ni toi + lui ? C'est parce que tu ne les diffuses pas ?


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#9 09-11-2019 19:06:13

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

tolliv: c'est Gabi, j'ai déjà demandé à mon père si il voulait que je le prenne en photo mais il ne voulait pas.
PS: j'aime bien tes photos.


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#10 09-11-2019 19:37:43

tolliv
Sérénitude
Lieu : Toulouse
Inscription : 06-09-2016
Site Web

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Et bien Gabi, tu lui diras que c'est bien dommage. Je sais qu'on n'aime pas trop se voir en photo mais on est super contents de les regarder 10 ou 20 ans après (crois-moi mon expérience).
Surtout pour des moments uniques comme ça.


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#11 15-11-2019 14:18:04

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Beau récit eric le rouge, de belles descriptions de la nature, on voit que tu aimes manier le crayon. C.'est une chance que ton fils soit intéressé par la mul, félicitations pour sa persévérance.
J'adore ce coin des aiguilles,  d'Arves. Dommage c'est de plus en plus sec.
Merci pour le partage.
Myrtille  wink

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#12 15-11-2019 21:49:39

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

@Myrtille88 : Merci pour ton passage et ton gentil mot smile Mon fiston va lire avec plaisir ton retour.
Pour le côté sec, c'est assez impressionnant en effet : pour être passé par là il y a bien longtemps, il est incroyable de voir le recul glaciaire (ce qui est valable ici vaut dans toutes les montagnes et glaciers que je connais). C'est un sentiment étonnant de partager ces espaces glaciaires avec son fils, en lui disant d'en profiter, parce que d'ici 10 ans (pour le Lombard) ou un peu plus pour d'autres, ils auront disparu !
@Tolliv : euh... tu as raison pour les photos. Donc en sus d'utiliser de manière éhontée (et absolument gratuite tongue) mon fiston comme assistant et cobaye d'apprentissage MUL, je vais en faire un photographe d'appoint big_smile


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#13 16-11-2019 14:21:55

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Je réalise que j'ai oublié de mettre la liste, ce qui manque un peu pour un [Récit + liste] tongue

Il s'agit du sac au taquet le J1, et allégé des consommables le J3.
Le J2, je ne portais pas grand chose (le matos "technique", un peu de nourriture, 1l d'eau car recharge facile, un peu de vêtement dans la journée) et Gaby n'avait pas de sac.

Bon bah même si j'ai optimisé des trucs, ce n'est pas encore hyper MUL. Le cumul équipement sec est de 10kg, dont un peu plus de 2,5kg de matos de montagne (crampon, corde, piolet...).
Avec les consommables, je portais au max 10,8kg. Gaby portait au max 2,15kg.

Je connaissais déjà certains postes de gain (sac à dos, duvet). Et du côté du matériel de montagne également, il y a des gains possibles assez évidents (baudrier, piolet).
Concrètement, j'ai depuis optimisé des choses :
- remplacer le sac Cilao 37 par l'arc'teryx alpha fl 30 racheté à Trois flèches (- 446g)
- remplacer mon combo couchage faute de mieux (duvet Quech' S15 + Thermolite reactor + collant = 1149 g !!) bien médiocre par un quilt Sierra Design Backcountry 35 (694g donc - 455g pour une meilleure performance thermique)

Presque 1kg sur 2 postes, c'est l'avantage de partir de loin wink

Mon baudrier Adjama Petzl commençant à être bien usé, j'envisage d'investir dans un Ghost de Béal (250g donc -190g)...

Si j'avais été un peu plus prévoyant, je m'évitais 680g de chaussures tiges de Gaby (cf. récit ; bien fait pour moi roll )

Bon, conformément aux suggestions suite à mon retour kirghize, je vais abandonner ceinture et bretelles euh mouchoirs et PQ big_smile



CatégorieItemMarqueModèleQ.Poids total
Sur le bonhomme
AutreBâtonCampSky Carbon2396
AutreCarte IGNIGNTop 251102
ElectroniqueAppareil photoCanonEOS1440
Housse"sacoche appareil photo"DIY112
AutreCarnet notes154
AutreCrayon papier13
ElectroniqueMontre altiSuuntoVector154
VêtementChaussettes mérinosIce breaker140
VêtementChaussure alpi basseGarmontDragontail GTX11112
VêtementT-shirt mérinos 2Ice breakernoir1124
VêtementLunette soleilJulboExplorer133
VêtementCasquetteForclaz145
VêtementCaleçonAthena156
VêtementPantalon escalade jean strechSimond1473
VêtementT-shirt synthétique MLCraftnoir1113
Total porté Eric3057
Sur le petit bonhomme
AutreBâtonBlack Diamond2570
VêtementPantalon1102
VêtementT-shirt MC154
VêtementT-shirt ML1145
VêtementPolaire (Gab)Sais pas1221
VêtementPantalon randonnée154
VêtementChaussettes129
VêtementBasket1486
VêtementLunettes127
VêtementCasquette148
VêtementCaleçon139
Total porté Gaby1775
Dans le sac Eric
AutreCB, permis, clé and co149
AutreMousqueton à visPetzlAttache 3D2114
AutreSangle276
AutrePioletAirtech1490
AutreBaudrier persoPetzlAdjama1441
AutreBaudrier GabyBlack Diamond1252
AutreSifflet18
AutreCordeBéal25m1710
AutreCrampons + antibottPetzlLéopard Flexlock1466
BivouacMatelasTherm-a-restPro lite small1340
BivouacThermolite reactorSea to summitcompact+1270
BivouacSac de couchage étéDécathlonS151705
BivouacSac de couchage plume -5WarmthGT 60011026
BivouacTapis solPolyCree170
BivouacAbri 2 placesNemoSpike 2P1720
BivouacSac gonflageDIY115
CuisinePopotte titaneToaks500ml1105
CuisineRéchaud alcoolDIYP3RS18
CuisineGobelaitDIY450ml228
CuisineCuillère plastique26
CuisineCouteauOpinel131
CuisineFeuille alu12
CuisineBriquet111
CuisineParevent110
ElectroniqueFrontalePetzlTikka XP190
ElectroniqueTéléphoneSamsungeuh vieux1130
HousseHousse compressionSea to summit13L139
HoussePopotteToaks110
HousseSac congél zippéPetit (1L)210
HydratationBouteille 1LHépar1L125
HydratationBouteille 1,5LCristaline123
HydratationGourde souple 0,5LSawyer121
HydratationFiltreSawyerMini148
HygièneCrème solaireDécathlon125
PortageSac à dos 37LCilaoIzi371992
VêtementCollantCarline1174
VêtementChaussure tige haute GabyQuechuaMH5002680
Total sac sec Eric8220
Sac Gaby
CuisineGraines1260
CuisineBarre chocolatSnickers150
CuisineBarre amandeGerblé125
AutreDés (5)122
AutreLivreLa Place176
AutreLivrePetit Prince (Gab)1130
AutreServietteLa ménagère30*30125
BivouacSardineNemoSpike 2P8120
ElectroniqueFrontalePetzlTikka187
HousseHousse compressionSea to summit8L134
HousseSac congél zippéPetit (1L)315
HygièneMouchoir9 pièces124
HygiènePapier toilette111
HygièneBoule Quiès + Boîte16
HygièneDuctape16
HygièneBrosse à dent14
HygiènePharmacie & savon Alep110
PortageSac à dos Quechua?22L1420
VêtementBuffDécathlon133
VêtementLunettes rech (Gab) + housse132
VêtementGants Gab144
VêtementGants EricRacer159gr
VêtementVeste imperméable (Moi)KalenjiTempête1174
VêtementCoupe-vent (Gab)Kalenji1105
VêtementDoudoune lightSalewarouge1376
Total sac Gaby2148
CuisineMarqueModèleQ.Total
CuisineAlcool (à brûler)Gourde compote175
CuisineSaucisse sèche1240
CuisineJambon1120
CuisineTuc183
CuisineSoupe155
CuisineNoodles2170
CuisineSemoule avec épices1125
CuisineCacahouète1150
CuisineCafé lyoph23
CuisineInfusion11
CuisineFourrés chocoBjorg3231
CuisinePalet bretonCasino268
CuisineBarre chocolatSnickers2100
CuisineBarre amandeGerblé375
CuisineLait poudre + cacao& récipient180
CuisineEauLa GoléonneCours d'eau ou retenue eau à sanglier11000
Total consommable2576


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#14 21-09-2020 19:21:52

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Mont Gros Léon - (Tour du Goléon) 28-30 juin 2019

Je me permets un "up" de ce petit récit parce que je viens de voir une retour important des (super) gardiennes du refuge du Goléon en termes de sécurité.

Le Glacier Lombard est clairement une pente débonnaire, que j'ai toujours connu bouché de chez bouché (au pire quelques crevasses de 15-20cm). Mais le réchauffement et la fonte sont en train de changer la donne.
Il y a eu deux incidents de chute, dont l'une aurait pu très mal se passer, en cette fin de saison.
Donc comme écrit ci-dessous, préférer tôt en saison, rester attentif et équipé si passage sur le glacier et, en fait, privilégier les arêtes pour les parcours de fin d'été.
https://www.camptocamp.org/xreports/125 … er-lombard


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