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#1 29-04-2020 08:07:26

Tinmar
Grand duq
Inscription : 05-02-2019

[Récit + liste] Balade dans le Petit Lubéron (30/11/2019)

Hello tous,

Je profite du temps de confinement pour faire quelques activités annexes à la randonnée: écrire (enfin) mon trombi, réaliser un projet de polaire à capuche dans le style des Melanzana (merci à ma chère mère et ses talents de couturières qui ont tout fait, me laissant le reste), et vous proposer mon premier récit.

Il s'agit de la première sortie que j'ai faite avec à peu près ma liste actuelle. C'est un tour dans le massif du Petit Lubéron qui date du 30 novembre 2019. J'étais parti pour marcher tout le weekend et j'ai finalement bouclé mon tour en une seule journée. Un marcheur léger est plus facilement un marcheur rapide.
- Voici ma liste
- Voici mon parcours

Pour cette sortie, j'ai fait ma navigation uniquement sur mon portable avec l'application View Ranger. Dans ce cas, je me débrouille pour afficher le parcours sur la carte mais je ne lance pas le suivi d'activité. Comme ça, avec mon portable en mode avion, je peux accéder à la carte quand je veux et je suis localisé seulement à ce moment-là, et donc j'économise ma batterie. Le suivi d'activité est fait par ma montre GPS. Dans cette configuration, mon portable tient largement la journée et je dois recharger ma montre pendant une pause (ça rentabilise l'arrêt pour faire le plein d'eau). Bon sauf ce jour-là, parce que ce jour-là, j'avais oublié mon câble de montre chez moi. Gros malin.

Bien, ce samedi 30 novembre 2019, j'avais prévu de partir de chez moi vers 6h-6h30 pour garer ma voiture et partir du parking vers 7h avec les premières lueurs. Bien sûr je me suis réveillé en retard et n'ai lancé ma montre qu'à 7h57. Dans ma promo, ils sont beaucoup à dire que je me bahute à faire ce genre d'activité pour le plaisir alors qu'on en fait déjà pour le boulot et que je pourrais faire la grasse mat'. Mais bon, y'en a qui disent que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Ce jour-là, je ne sais pas si c'est l'avenir qui m'a appartenu, mais au moins les premières heures de la matinée ainsi qu'un soleil assez radieux.

Parking au départ:
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Je marche habituellement avec un short de course et une chemise manches longues mais retroussées. Avec les températures à un chiffre qu'il y avait ce matin, j'avais mis mon legging de course, ma polaire (l'ancienne, celle décath) et mon imper. Et sans marcher, il ne faisait toujours pas hyper chaud. "Tu te bahutes Grand duq".
Je profite de la montée qui s'offre à moi pour faire deux choses: grignoter une barre de céréales goût chocolat (clairement pas dégueu et surtout parmi les plus caloriques) et me réchauffer. J'ai à peine quitté le macadam de la chaussée résidentielle et me retrouve entouré d'arbres que je commence à avoir chaud. Oh qu'il est bien fait ce corps humain qui chauffe vite, répond sans difficulté à l'effort et sécrète toutes les doses d'endorphine qu'il faut pour aimer ça et en redemander!
Il n'est même pas 8h30 que me voilà en chemises manches relevées (j'vous l'avais dit hein, annoncé compte double) et en short. En fait c'est assez marrant, je suis habillé exactement comme lors de ma traversée de la Chartreuse en juillet 2019 alors qu'on entre en plein hivers. Bon, il y a quand même deux explications: 1. la Provence a vraiment un climat très clément (au moins à cette période, je redoute les mois chauds); 2. j'avais mille fois plus chaud cet été.

Plus je marche et plus je découvre cette nature que je ne connaissais pas du tout. C'est nettement plus boisé que ce à quoi je m'attendais, mais il faut quand même dire que ce n'est pas très haut non plus. Strava m'indique 720m au point culminant de ma trace.
Ce matin en tout cas, même si quelques nuages sont présents, le soleil est bien au rendez-vous. Toute la semaine qui a précédé, je rafraichissais la page de la météo agricole pour être sûr de ne pas me prendre de la pluie. J'avais vu que samedi était épargné mais que dimanche le serait nettement moins. Il me fallait alors marcher vite. De ce côté-là, mission réussie.

Soleil et verdure:
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Bergerie:
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J'apprends que cette bergerie est une rénovation qui vise à repeupler le massif et permettre le retour des moutons. Bon, c'est logique qu'il s'agisse de montons et non de dauphins, ça reste une bergerie quand même. Un panneau parle de la faune que composent les hôtes de ces bois. Je ne me souviens plus s'il y était question de corbeau, mais à défaut le phénix sera le hibou grand duc. Grand duc hein, tiens tiens, drôle de coïncidence avec mon surnom.

Mon parcours part du parking des Gorges de Régalon pour rejoindre la crête du Petit Lubéron. Pour y arriver, il faut monter un peu de dénivelé dans des chemins/pistes/routes de gravats. Cela représente 590m de D+ sur 10 kilomètres. Ça m'a pris deux heures et j'en suis assez content.
Cette partie de l'itinéraire m'a paru assez "westernish" avec l'étrange forme du massif. J'imagine que ce sont les vent et pluie qui sculptent cela, mais un érudit en géologie du forum le confirmera ou l'expliquera mille fois mieux que moi parce que là, il ne s'agit que d'inventions de mon cerveau fatigué. Genre qu'il ne faudrait pas me prendre au mot v'voyez.

Décors de far west:
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J'arrive donc sur la crête, en passant à côté d'un refuge: le bastidon du Pardon. Ce matin-là, il était habité et donc j'imagine que la nuit d'avant aussi (perspicacité hein) mais il a l'air bien agréable. Je pensais y trouver une source mais n'y aie rien vu. Je n'ai pas voulu trop étendre mes recherches pour ne pas déranger les deux dormeurs qui se réveillaient.
J'ai compris à ce moment-là que je serai assez short en eau. J'avais pourtant fait attention lors de ma préparation à reporter sur mon traçage View Ranger toutes les citernes marquées sur la carte IGN. Citernes? Ah mais quel abruti, une citerne ce n'est pas une source, c'est une réserve d'eau, sans doute utilisée en cas d'incendie. C'est pas fait pour régler la soif de n'importe quel crétin qui n'a prévu qu'un litre d'eau pour plus de 40 kilomètres de marche sur deux jours. Heureusement, si je porte peu d'eau sur moi ce jour-là, je prévois toujours un ou deux litres dans ma voiture, au cas où je revienne assoiffé. Pour une fois que c'est un "au cas où" qui serve à quelque chose sans augmenter le poids du sac!

Après le refuge, j'arrive à proprement parler sur la "crête", qui n'est rien d'autre qu'une route. Une vraie cette fois, avec des parties macadamées. C'est d'ailleurs par cette route que les deux locataires du refuge sont arrivés en voiture. Je l'emprunte donc un peu déçu: je ne pensais pas marcher sur un terrain aussi artificiel (ouais bon j'abuse un peu, y'a quand même plein de graviers, de touffes d'herbe, d'arbres partout, donc je suis quand même bien dans la nature). Je croise d'ailleurs beaucoup de chasseurs, avec tout le folklore que cela véhicule. Ils ont l'air joyeux et passent sans doute une aussi bonne journée que moi - que demander de plus?
Mon moral remonte d'ailleurs assez vite puisque la facilité du terrain permet une progression rapide et mon rythme est bon: je parcours environ 11 kilomètres de route en une heure et demi.
Après le massif des Cèdres qui est un truc préhistorique si ma mémoire l'est inversement autant, la vue est très dégagée et me permet de voir les larges environs du Lubéron.

Le Mont Ventoux au-loin:
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J'arrive avant midi à une tour (j'ai été trop paresseux ou pas assez curieux pour rechercher ce que c'est exactement, sans doute quelqu'un ici saura pour moi). Je comprends bien que mes prévisions de temps m'ont fait emporter mon matériel de bivouac pour rien. Bon ce n'est pas totalement pour rien puisque cela me permet de voir que mon base weight est très satisfaisant mais c'est quand même deux kilos sur le dos qui ne servent à rien.

La tour:
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À partir de cette tour, je redescends vers le parking. Certes, le dénivelé négatif permet d'accélérer mais le chemin est ici beaucoup plus étroit et serpente beaucoup. C'est quand même bien déroulant et on se sent agréablement seul.
Je rattrape deux randonneuses moins rapides et beaucoup plus couvertes que moi. Cela va sans doute ensemble. Je les double en les saluant et l'une me fait remarquer que je suis en shorts le dernier jour du mois de novembre avec un "Vous n'avez pas froid avec les gambettes à l'air?". Je lui explique qu'il fait beau et que je marche suffisamment vite pour me réchauffer. Cela semble leur suffire à entendre leurs rires. La plupart des rencontres sur les sentiers de France sont quand même de chouettes rencontres parce que les gens sont de bonne humeur.

J'ai fait une autre rencontre aussi notable ce jour-là. Au détour du chemin, j'entends des aboiements. Chiens de chasseur pensè-je habilement. Je vois en effet deux-trois chiens courir dans ma direction. En aboyant. En aboyant de façon plus agressive qu'il n'est agréable de se faire aboyer dessus. Autrement dit, ce n'est pas agréable du tout. Je n'ai pas particulièrement peur des chiens, et je les trouve d'ailleurs parfaitement sympathiques, mais dans cette situation, je n'ai pas tellement envie de leur tendre la main pour les caresser.
D'autant plus que les premiers chiens sont rapidement rejoints par d'autres de leurs congénères: en voilà deux autres, puis encore, et encore. Si bien que je me retrouve entouré par tout un chenil (nan nan grand duq t'abuses, une dizaine de chiens, ce n'est pas "tout un chenil").
Il n'empêche qu'à ce moment, chenil ou pas chenil, je suis bien content d'encore prendre un bâton de randonner: d'abord ça permet de monter le tarp; ensuite c'est un excellent outil pour marcher vite; et enfin ça m'apparaît comme l'ultime barrière entre la meute et mes "gambettes à l'air". Ma voix? Ah nan, parfaitement inutile, ils ne m'écoutent pas plus que des enfants devant la télé quand c'est l'heure de dîner.
Tout me semble perdu, j'essaye de lancer des regards autour de moi pour voir où m'abriter. Cet arbre? Ce muret? Je me dis que je pourrais affronter ces dogues assoiffés de chair dans un combat épique qui sera conté à travers les âges. Enfin, un saint-Michel en short, avec un bâton télescopique en guide d'épée, qui affronte quelques chiens dont la somme des dents ne donne même pas une mâchoire à un dragon, pas sûr que Peter Jackson mette ça en film. Sans doute pas assez biblique pour ça.
Et là miracle, au bout de deux minutes à me faire insulter de tous les noms (en vrai je ne suis pas certain, je ne suis pas encore bilingue en chien), deux chasseurs apparaissent, tout guillerets, le fusil à l'épaule, rappelant leurs bêtes d'un sifflement bref mais efficace. L'un d'eux me sert la main et me dit pour s'excuser "ah bah vous devez sentir le sanglier vous". Je ne m'y attendais tellement pas que j'ai acquiescé, je ne voyais pas comment il pouvait en être autrement. Je ne pouvais être que coupable. Faute avouée à moitié pardonnée, alors je la reconnais sans attendre.

Pendant mes repérages sur la carte IGN, j'avais noté un refuge vers le trentième kilomètre. J'y arrive vers 14h. J'avais certes pris un livre, mais je ne me voyais pas poireauter dans une espèce de bunker bétonné, taggé et crasseux alors qu'il me rester moins de 15 kilomètres. Je repars donc aussi tôt.
Je croise quelques personnes: un couple de randonneurs, une famille se baladant, trois-quatre chasseurs venant d'abattre un sanglier (pas moi pour le coup, un vrai de vrai, avec les poils, le groin et les pattes en plus de l'odeur et des plombs dans la carcasse).

Peu après, j'arrive à la portion qui me faisait pas mal saliver: les gorges de Régalon. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais le nom pouvait faire penser à une super BD médiévale.
Je n'ai pas été déçu du tout. Un chemin s'infiltre dans une crevasse pour suivre un cours d'eau et s'enfonce. Il s'enfonce tellement que les parois s'élèvent suffisamment haut et abruptement que je ne peux aller que tout droit ou rebrousser chemin. J'avance. Le cours d'eau devient ruisseau et le ruisseau devient torrent. Jusqu'au moment où le chemin disparait. Enfin, plutôt il se glisse sous le torrent. Ou le torrent recouvre le chemin. Genre que c'est l'union des deux, le mariage de l'eau et de la pierre. L'un et l'autre ne font qu'un. Je me félicite d'être en short et affronte les eaux. J'en ai au maximum jusqu'au dessus du genou et à certains moments, je dois désescalader le lit du torrent. Voyez plutôt.

Gorges de Régalon:
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Les gorges me libèrent quasiment sur le parking et je rejoins ma voiture. Il est 16h et ma montre m'annonce 43.2 kilomètres et 8h02. Décidément il va falloir que je prévois plus long pour la prochaine (c'est d'ailleurs fait depuis et cela appellera sans doute un prochain récit). Pour être parfaitement franc, j'ai eu de très belles courbatures le lendemain.

Édit: orthographe

Dernière modification par Tinmar (29-04-2020 18:06:41)


"Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur." - Nietzsche, Le Crépuscule des idoles

mon trombi
-
balade dans le petit lubéron

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#2 29-04-2020 11:06:06

tolliv
Sérénitude
Lieu : Toulouse
Inscription : 06-09-2016
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Re : [Récit + liste] Balade dans le Petit Lubéron (30/11/2019)

Ah les gorges de Régalon, quelle régalade.
Quel dommage d'aller aussi vite !


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#3 07-05-2020 22:25:44

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : [Récit + liste] Balade dans le Petit Lubéron (30/11/2019)

Je me le réserve pour demain tongue

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#4 08-05-2020 15:12:43

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : [Récit + liste] Balade dans le Petit Lubéron (30/11/2019)

Virée bien sympathique,

C'est la Tour Philippe de Bonnieux sur ta photo

Ta liste de matériel est superbe!

Merci pour ce retour
Myrtille

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#5 08-05-2020 16:44:19

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Balade dans le Petit Lubéron (30/11/2019)

Salut Tinmar  smile

Petit récit bien agréable et de jolies lumières automnales … On guettera un retex de traversée au long cours avec appétit tongue !


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre

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#6 08-05-2020 17:33:11

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
Inscription : 09-06-2014

Re : [Récit + liste] Balade dans le Petit Lubéron (30/11/2019)

Tinmar a écrit :

#567967..."ah bah vous devez sentir le sanglier vous".

lol


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

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