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#26 21-08-2022 13:28:54

patou
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Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

J'adoooore l'Ariège !
Merci  pouce


Mul part ailleurs

Hors ligne

#27 21-08-2022 15:46:34

Cat 09
Membre
Inscription : 04-03-2020

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Episode 4 (et dernier), du 10 au 14 Août 2022, vers les Monts Rouch, le Certescans, et Hervé27 !!!


Préparation

Cet été, vous l’aurez compris, j’ai décidé d’aller rendre visite aux hachèrpéistes éréliens, espèce en voie de développement rapide, si j’en crois le forum. Je programme donc mes virées en fonction de l’endroit où je peux les rencontrer. Pour celle-ci, l’objectif est ambitieux : établir un contact avec une variété extrêmement rare, je n’ai eu connaissance que d’un seul individu : l’hachèrpéiste aléretour. Vous aurez reconnu Hervé27 qui passe en Ariège dans les jours qui viennent, pour la deuxième fois de l’été. Je l’avais raté à l’aller, j’espère que cette fois-ci sera la bonne.
Pour affiner le point de rencontre, qui peut varier au gré de l’avancement de chacun et des nombreux orages prévus, nous communiquerons par textos, il nous a semblé que c’était le moyen le plus sûr. Cela nous a tout de même réservé quelques surprises, comme vous pourrez le voir.
En ce mercredi 10 Août au matin, donc au dernier moment, car ma vie est actuellement faite de départs en montagne, de retours de montagne, et de quelques jours de travail se glissant dans les interstices restés libres, je suis donc en permanence à faire et défaire mon sac, sécher et aérer mes affaires, les ranger, les ressortir, peser de la nourriture et l’emballer, mesurer des quantités d’alcool à brûler, de crème solaire, et même de papier toilette, bref, au dernier moment, je fais mon sac. J’espère n’avoir rien oublié… Poids du sac sec : 4,950 g. Les affaires sur moi : 1 kg tout rond. La nourriture et l’alcool pour 3 matins, 3 midis et 3 soirs, et les grignotages : 2,550 kg dont 600g de fruits frais. L’eau : 1 L. Le ravitaillement pour Hervé, alcool compris : 800 grammes. J’arrive à un sac de 9,3 kg. Mais il faut y ajouter ma salade de pâtes pour midi (300g ?), et ce que j’achète sur la route : un pain au raisin pas encore mangé mais ça ne saurait tarder (200g ?), et 1 melon que j’ai choisi pas trop gros mais quand même (1,3 kg ?). Donc au total, en ce premier jour, quelque chose comme 11 kg. Ça me semble lourd…


Mercredi 10 Août

Il est 10h50, en ce jour de canicule. Voiture garée, sac sur le dos, j’entame la longue montée. 1860 mètres jusqu’au Mont Rouch, mais je dormirai en chemin. Une vingtaine de minutes de piste, j’y croise 1 ou 2 couples et 2 ou 3 familles venus se rafraîchir en ce fond de vallée, puis je laisse cette foule bigarrée et bruyante pour emprunter le sentier (ça, un sentier ?) qui monte vers le Mont Rouch et Les Clots de Dessus, c’est marqué sur la pancarte.

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Je me retrouve seule et heureuse. Finalement, le chemin est cairné, balisé de vieilles marques rouges, et plutôt bien tracé. Je monte dans la forêt, en bordure de torrent. Ce serait le genre d’endroit où je viendrais me mettre au frais, si j’étais une ourse et son ourson, pensé-je en scrutant attentivement les sous-bois…

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Une heure plus tard, dans une montée bien raide et toujours dans les arbres, me voici assise à manger mon pain aux raisins et à boire, boire, boire. Et souffler, souffler, souffler. Trente minutes après, je sors de la forêt, je quitte son ombre protectrice.

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Quelques fleurs résistent au soleil brûlant : bruyères, sénéçons, scabieuses, et épilobes. Je grappille quelques mûres au passage. Au premier filet d’eau, je mouille chemise et chapeau. A 13h30, je trouve un vrai coin d’ombre, un petit ruisseau qui coule, les rochers sont anguleux et inconfortables mais peu importe, je suis au frais, je me pose et je déjeune. Mais vraiment, impossible ici de faire la sieste, c’est trop inconfortable. Et tous ces rochers, au sol, viennent bien de quelque part. D’en haut… En fait, dans ce petit ravin, le trajet de l’eau est un peu le même que celui des cailloux… Durant mon repas, j’ai veillé à être à l’abri d’éventuelles chutes de pierres. Mais je ne vais pas sommeiller là.

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          Mon petit ravin ombragé. Il y a même une plaque de neige !

Il est 14h, c’est l’heure parfaite pour se liquéfier en reprenant la montée... Mais j’ai de l’eau, et j’arrive très vite aux Clots du Dessus. Cabane occupée par les bergers, que j’ai croisés en chemin, ainsi que leurs brebis. Tant pis pour la sieste à l’ombre dans une cabane bien fraîche. Ah si, là, un bloc judicieusement orienté ! Terrain en pente, quelques bosses, mais de l’ombre, et aucune crotte de brebis. Je sors matelas et sac de couchage, et hop, je roupille. On va laisser passer l’heure chaude…

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J’ai auparavant allumé mon téléphone, et capté un message obscur : « Salut Cat, je passe à l’instant à Conangles, encore bien handicapé l et la cabane de Fangassal. La variante par Flamisella est magnifi ». J’essaie de décoder : Conangles, je ne sais pas où c’est, et je n’ai pas la carte espagnole. Fangassal, je vois où c’est, j’y passerai dans 2 jours. Mais visiblement, entre les deux, il manque quelques mots… J’imagine un réseau téléphonique défaillant, fatigué, qui bégaie, hoquète, et finalement ne laisse passer que certains fragments de phrases... Bon, on verra bien. J’espère juste que c’est encore par les orages qu’il est handicapé…

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17h15, des nuages se sont formés, je repars. Ça bougonne, ça grogne, ça se chamaille un peu, là-haut. Mais il me semble que cela ne me regarde pas. C’est une histoire de nuages, tout là-haut dans le ciel. Qu’ils se débrouillent.

En prévision d’un bivouac sans eau, j’ai fait le plein, mon litre et demi me permettra d’atteindre demain midi et le premier des nombreux lacs à venir.

A 18h je suis au col 2397.

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Une cabane éphémère, fermée, y est sanglée. Quelques plats alentours bravent les à-pics. J’en choisis un pour ma tente. Les nuages sont partis bougonner plus loin, j’envisage donc de dormir dehors, il reste une petite place à côté de la tente, j’ai jugé préférable qu’elle soit montée, au cas où les chamailleries célestes s’accentuent. Bon, c’est vraiment au bord du vide, heureusement que la porte s’ouvre du bon côté !

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Belvédère magnifique, Valier en face, fumée montant de la vallée du Riberot, y aurait-il un feu, que ferais-je si cela brûlait où je suis, mais ne pensons pas à ça, regardons plutôt les belles choses, ces vautours posés sur la crête du Mont Rouch et prenant le soleil, ces beaux nuages bourgeonnant dans le lointain, et tiens, d’ailleurs, ça grogne à nouveau, du côté de ce gros joufflu bien gris, à l’Ouest. Ecoutons ces bruits de pierres qui tombent, et tentons sans succès d’apercevoir ce qui les fait rouler. Mais je ne vois nul animal traversant les pierriers ou les parois rocheuses, juste la montagne éclairée par le soleil couchant. Et, en bas, ces brebis qui remontent, en file indienne, et se massent, autour de la cabane, dans l’enclos qui leur est réservé pour la nuit, la bergère en chef d’orchestre. Tintement lointain des clarines, lent mouvement ondulant. J’écoute et je regarde. C’est beau. Puis je vais me coucher, sur ce terrain en pente, entre 3 touffes de gispet. Gispet bien sec qui traverse mon plastazote, le transformant en hérisson.


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          La lente migration des brebis

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Jeudi 11 Août

La lune et les étoiles sont revenues durant la nuit. Premier réveil à 6h55, je me tourne et me rendors. Deuxième réveil à 7h30, je grappille encore quelques minutes. 7h55, ah, mais il est tard ! Lever, salutations au soleil, pti déj, pliage de tente, rangement, c’est parti, sous un beau ciel clair. Juste quelques minutes pour recevoir et envoyer un texto, donnant mon itinéraire et précisant mes bivouacs prévus : Henri Pujol ce soir, et l’Estany Blau demain soir. Oh miracle, le texto reçu était clair, Hervé a confirmé pouvoir être à Alos d’Isil ce soir, il devrait donc me rattraper dans la journée de vendredi.

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          Heureusement qu'elle est accrochée...

Les vautours tournent déjà, ils ont été plus matinaux que moi. Je monte au frais, mais j’ai déjà chaud. La vue se dégage. Dans les lointains, un Aneto tout sec fait peine à voir. Au petit col 2688 - à moins que ce ne soit le Col du Mail, 2660, ma carte est imprécise - pas d’eau, comme prévu, mais des espaces plats et pas trop caillouteux. Et un petit coin sous un rocher, succinct, mais qu’on peut être heureux de trouver par conditions difficiles. Descente possible vers l’Estany Major de la Gallina, 3 cairns indiquent le début du chemin, un peu plus haut sur la crête. Mais j’ai choisi les Monts Rouch. Les Monts ? Eh oui, il y en a deux, chaque pays a le sien : Mont Rouch de France, 2868 mètre, deuxième plus haut sommet du Couserans après le Maubermé, et Mont Rouch d’Espagne, 2864,4 m, précisent les cartes espagnoles, qui rabaissent d’ailleurs celui de France à 2867 m. Les deux sont séparés par une brèche d’une trentaine de mètres qu’on dit très impressionnante à traverser, mais ne nécessitant tout de même pas de matériel d’escalade.

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          La crête menant au Mont-Rouch

Je monte donc vers le Mont Rouch, sur cette crête pierreuse où parfois, il faut s’aider les mains, mais sans aucune difficulté. Voici le perchoir à vautours, ils doivent y avoir leurs habitudes, ils y laissent des traces.

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          Des sacs de couchage emplis de duvet de vautour, ça n'existe pas ?

J’ai droit au coucou de Monsieur Gypaète qui ne fait que passer, volant tout droit vers l’Ouest. Sommet à 10h30. Aucun bivouac possible, c’est rocheux, sans aucun endroit plat. Passons en Espagne. La brèche se descend très bien, il ne faut pas avoir peur du vide, là aussi on met parfois les mains, mais cela reste de la randonnée. Elle se remonte également très bien, de l’autre côté, en passant sur la droite. Le côté gauche était moins attirant…

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Me voici donc en Espagne. La montagne s’adoucit, les courbes sont moins prononcées, les pentes bien moins raides. Je suis cette vaste croupe mi-herbe mi-cailloux, passe un emplacement de bivouac, remonte au Pic de la Tartera nommé aussi Mont Roig. Vue vers les Estany de Calberante et de la Gola, le Coll Curios, et, plus loin, la vallée d’Alos d’Isil, d’où arrivera Hervé.

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Je descends vers le Sud. L’idée est de suivre la crête jusqu’au col de Calberante, en passant par le Pic de la Gallina. La crête se suit très bien. Au détour d’un ressaut, une rencontre : le seigneur des bouquetins.

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Imposant, posé là, sur ces rochers, comme faisant partie de la montagne elle-même, l’animal me regarde. Immobiles, nous nous observons un moment. Je repars doucement. Mon chemin m’en approche. Alors, lentement, sans aucune peur, il tourne la tête, puis son corps entier, et d’un pas lent et majestueux, disparaît à mes yeux. Comme une invitation à continuer ma route.

Pic de la Gallina, encore un beau belvédère. Je descends au petit col lui succédant, et, j’ai eu ma dose de crêtes pour aujourd’hui, je décide de longer par l’Est le Pic Major de la Gallina, pourquoi Major, nul ne le sait, il est pourtant moins élevé que son frère jumeau. Une bonne sente me mène au Coll de Calberante.

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Un chapelet de lacs se dévoile. Estany Major de la Gallina, Estany de Dalt de la Gallina, Estany Mitja de la Gallina, et le quatrième, l’Estany Inferior de la Gallina. Au bord du dernier étang se situe le Refuge Henri Pujol. Descente rapide au premier étang. Les nuages apparus me font transformer la baignade prévue en toilette rapide, suivie du déjeuner et d’un brin de sieste sur un gros rocher plat et chaud. De multiples grenouilles un peu jaunes sautent à l’eau à chaque pas, les mini-grenouilles aussi, attention à ne pas les écraser !

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          Estany Major de la Gallina

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Depuis hier, pas un humain en vue. Je suis immensément seule, seule avec la montagne.

Les petits nuages gris sont devenus de gros nuages noirs. J’interromps ma sieste.

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          Déclaration d'amour d'un petit laquet smile

La descente est un enchantement. Je navigue de lac en lac, de replats herbeux en replats herbeux, de rocher rond en rocher rond, de cascatelle en cascatelle. Le ruisseau saute, paresse, serpente, creuse un petit canyon, forme une jolie vasque, se répand dans grand lac d’eau sombre et semble s’assoupir, mais plus loin, le lac se déverse et le ruisseau reprend ses jeux. Comme lui, je saute de rocher en rocher, je traîne sur ces replats d’herbe douce, je caresse ces doux rochers ronds.

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Mais l’orage approche… Sous quelques gouttes, j’atteins le dernier lac, et remonte au refuge. Il est 15h30. Il s’y trouve déjà trois randonneurs, ou plutôt, 2 randonneuses et un randonneur : un couple allemand parcourant la HRP de l’Ouest vers l’Est, et une Espagnole partie pour quelques jours. Nous échangeons quelques mots.

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Et, surtout, nous admirons les cieux. De gros nuages gris passent, lâchent une ondée sur le petit lac que nous voyons en face, pour le moment nous sommes épargnés, mais d’autres nuages arrivent, et cette fois c’est pour nous, les gouttes se font plus nombreuses, nous nous abritons dans le refuge.

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          Estany de la Llavera, sous le refuge

Deux Français sont arrivés, parcourant eux-aussi la HRP entière, d’Ouest en Est. Suivront encore 3 Espagnols arrivés sous la pluie. Nous sommes 9 qui allons dormir là. Enfin, pas sûr… Après un repas pris à l’intérieur, la pluie s’est arrêtée, et je vais vadrouiller en face, sur ces mamelons rocheux, encore de beaux rochers ronds polis par les glaciers passés. Et j’y trouve un joli petit coin pour dormir.
C’est décidé, comme à mon habitude je fais ma sauvage et m’en vais coucher dehors, sous les étoiles de ce ciel redevenu clair. Elles sont finalement peu visibles pour cause de pleine lune. Je verrai cependant une belle étoile filante. Car c’est le moment, une pluie de ces « flying stars », comme me l’a annoncé la marcheuse espagnole, était prévue cette nuit.

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Vendredi 12 Août


Réveil au petit matin, il ne fait pas froid, 11°C à ma montre. Départ à 7H30 après mes immuables salutations au soleil, le petit déjeuner, le rangement du sac. Les Espagnols sont encore au refuge, les Allemands avaient prévu de partir à 7h, je ne les verrai plus, et les Français sont déjà partis également, mais dans le même sens que moi, et je les recroiserai plus tard.

Le soleil est arrivé, j’ai déjà chaud. Une courte descente raide est finie, me voici au fond d’un cirque herbeux, je poursuis quelques minutes. Mais au bord de ce bon sentier, le ruisseau, toujours joueur, a taillé des baignoires rectangulaires, au fond d’une gorge minuscule. L’eau y saute de baignoire en baignoire, éclairée par le clair soleil de cette matinée. De belles dalles allongées la bordent.

Je ne suis partie que depuis une demi-heure, mais il m’est impossible de ne pas m’arrêter.

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Grand déballage pour faire sécher mon duvet humide de la nuit passée dehors, trempette rapide, lessive à l’eau, encore trois salutations au soleil, l’endroit est tellement beau, et repos allongée sur ces belles dalles. J’absorbe l’eau et l’air, le soleil encore doux, je savoure la rugosité de la pierre sous ma peau, j’entends le bruit de l’eau, le bourdonnement de quelques insectes, je respire de tout mon être. Je vis.

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Repue de soleil et d’air pur, affaires séchées, sac rangé, me voici repartie. Marcher vers l’Est, c’est avoir le soleil dans l’œil toute la matinée, me dis-je, chapeau sur la tête pour tenter de l’éviter. J’en profite, je tente de parfaire mon bronzage en retroussant mon short, mieux vaut un dégradé que cette trace trop nette ! Plus loin, une préoccupation plus importante aura raison de mes velléités esthétiques : un troupeau de vaches. Soyons claire : j’ai toujours eu peur des vaches. Toutefois, en deux dizaines d’années à fréquenter la montagne, et plus spécifiquement des amis bergers, j’ai appris à avoir moins peur, et je traverse désormais un troupeau sans risquer la panique. Mais celle-ci, de vache, est couchée en plein milieu du chemin… Et se lève, l’air excédé, à mon approche. Une vache gris clair, aux cornes coupées, ce qui, là maintenant tout de suite, me rassure (plus tard, une petite voix me dira : si elle a les cornes coupées, c’est peut-être parce qu’elle est plutôt agressive, non ?). Elle n’a pas l’air contente, semble ne pas vouloir me laisser passer. A gauche, il y a la montagne, ça monte vers le haut, ce qui est d’ailleurs généralement le cas. Praticable mais fatigant. A droite du chemin, dix mètres de plat, puis une petite barre rocheuse, une dizaine de mètres de hauteur, à vue de nez. Attrapant une tige séchée d’asphodèle, ce que j’ai trouvé de plus proche ressemblant à un bâton, car mes amis bergers m’ont dit que les vaches avaient peur des bâtons, je m’approche en choisissant de passer à droite. Très mauvais choix... La vache me regarde, baisse la tête, la secoue de gauche et de droite, tape du sabot, et… me charge ! Derrière moi, le vide… et là je crie, brandissant bien haut mon asphodèle séchée, je me grandis, je fais face, et je crie à nouveau bien fort. Elle s’arrête net ! Mon pauvre petit cœur risquant l’explosion, je me replie en arrière puis vers la gauche et donc le haut, tentant de garder mon air menaçant, avec cette pauvre asphodèle pour seule arme. La vache me regarde à nouveau, l’air furieux, elle baisse la tête, la secoue à nouveau de gauche et de droite, souffle bruyamment, racle un sabot par terre… Je crie à nouveau, bien fort. Etre juste un peu au-dessus me grandit, doit lui faire croire que je suis très dangereuse, et finalement elle baisse la tête, l’air vaincu, et s’en va un peu plus loin, vers le haut, certes, mais pas vers moi. La voie est libre. La surveillant du coin de l’œil, je rattrape le chemin, je fais quelques centaines de mètres, et je me permets de respirer. J’ai peur des vaches, certes, mais jamais je n’ai eu si peur !

Allez, Cat, respiration yoga, on expire à fond, on inspire tranquille, ce petit cœur ne doit pas continuer à battre aussi vite, on continue à marcher pour s’éloigner de cette bête sauvage, par pitié donnez-moi des ours mais pas des vaches, j’ai beaucoup moins peur des ours, mais voici d’autres vaches, j’attrape un bâton, un vrai cette fois, même s’il semble cassant il est plus imposant que mon asphodèle, voici donc d’autres vaches, et oui il est rare qu’elles soient seules, en général c’est un troupeau, d’autres vaches, donc, dont encore une sur le chemin, mais elles semblent bien plus placides, elles s’éloignent tranquillement à mon approche sans sembler vouloir défendre Dieu sait quoi même pas un veau, car oui, je ne l’ai pas dit, mais il n’y avait même pas de veau, donc aucune raison valable à mon sens pour agresser une simple randonneuse, mais après tout, peut-être avait-elle peur que je mange son herbe. Allez, le petit cœur va mieux, maintenant il serait temps de calmer le cerveau, arrêter ces phrases sans queue ni tête qui défilent dans ma tête, et retrouver un peu de paix intérieure. Inspiration, expiration, je ralentis la marche, le troupeau est dépassé, je peux à nouveau regarder le paysage, ces arbres à l’écorce rugueuse, ce ciel clair et sans nuage, mes pieds qui marchent, pas après pas, les pierres qui parsèment le chemin. Enfin je me retrouve, je respire librement.

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J’ai dépassé la cabane de Fangassal sans m’y arrêter, encore trop proche de ces bestiaux, j’ai continué la descente, j’ai traversé quelques ruisseaux, j’ai aperçu sur ma droite une belle esplanade surplombant le vide, on doit y être bien, là, pour dormir, (oui mais les vaches ???), et je suis arrivée à Pieta Palomera, grand espace ouvert avec un arbre ombrageant un petit coin d’herbe douce, j’y retrouve les Français d’hier soir, ils continuent leur chemin. Je me pose une vingtaine de minutes, sous l’arbre. Ne désirant pas faire le détour vers le bas pour retrouver la piste, je passe par la cabane, plus haut, en fort piteux état, puis je coupe à travers la forêt, sans peine.
Il est 10h45, il fait bien chaud, j’ai rejoint la piste, celle-ci est ombragée et pas désagréable, bordée d’un petit ru et de menthe sauvage, j’en ramasse quelques feuilles pour parfumer mon eau. La boire sera un délice durant cette journée très chaude.

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          La belle esplanade à bivouac

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          La spartiate cabane de Pieta Palomera

11h30, Estany de Xic, cabane petite et en mauvais état, mais on doit être content de la trouver en cas d’orage. La piste, carrossable, se terminait par un parking, où de nombreuses voitures sont garées. Il y a donc beaucoup de monde venu admirer ce premier étang, ou celui, plus grand, l’Estany del Port. Vers l’Ouest, des familles partent vers Mariola, autre étang semblant fort joli, et à portée des gambettes juvéniles.

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          Délicieuse fontaine en montant à l'Estany de Xic

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          L'Estany del Port

Quant à moi, je suis passée en configuration soleil, jambes en pantalon long, short posé en foulard sur mon cou, et je pars à l’Est. Et je fatigue : il s’agit d’une variante HRP, passant par l’Estany de Flamisella.

Des cairns sont visibles, je les suis sur une sente à peine marquée, mais soudain plus de cairn et plus de sente, et la pente s’est faite plus prononcée. Je cherche, je redescends un peu, je vais à gauche, à droite, je remonte, rien. J’y passe un temps infini me semble-t-il, jusqu’à décider de monter au mieux, certes il y a des barres rocheuses, mais plusieurs passages semblent possibles. C’est raide, mes pieds se posent comme ils le peuvent dans les bruyères, sur des cailloux qui ne tiennent pas, sur de l’herbe en grosses mottes. Il fait une chaleur écrasante. Je souffle, et je souffre. Après un long quart d’heure à l’ariégeoise, dré dans l’pentu, voici un replat, agrémenté d’un joli petit cairn et d’un bout de chemin venu de nulle part. On voudrait me faire croire que je n’ai jamais quitté ce p…n de chemin qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Mais laissons passer cet accès de mauvaise humeur. Pause. Mon petit cœur décidément bien malmené retrouve un rythme acceptable, je bois un coup, je reprends mes esprits, et je repars.

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          Le sentier retrouvé

La pente s’est faite plus douce, le chemin reste peu marqué, mais les cairns sont plus fréquents, de vastes étendues herbeuses accueillent mes pas, quelques sources donnent un peu d’eau, dormir ici serait agréable. Mais je veux encore avancer, l’étang doit être derrière ce ressaut, là. Mais le premier ressaut amène à un deuxième, puis à un troisième. Ce lac n’en finit pas de se dérober, il me semble qu’il recule à mesure que j’avance. Récompense de tant d’efforts, la vision d’un isard qui s’enfuit en bondissant. Dans cette belle prairie, il se pensait sans doute tranquille.

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          Ca se couvre vers les Monts Rouch

13h10. Enfin, le lac. Et la pluie, que je traite par le dédain. Les gouttes sont rares et s’évaporent aussitôt que reçues. Il faut dire que je n’ai pas froid, on ne m’étonnerait pas en me disant que je dégage de la fumée. Mais il n’y a personne que quelques chevaux, et personne ne me dit rien.

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Je doute capter quoi que ce soit ici, mais je n’ai pas de nouvelles récentes d’Hervé. J’essaie. Ça marche. Enfin, à peu près… Littéralement, voici le texto reçu : « ir s’il est possible de pousser ou pas. Il faut dire que le refuge serai avec un ami italien très investi MUL, ce sera multilingue ! »

Questionnements multiples… Mais je le tourne et le retourne dans tous les sens, ce message, la seule interprétation que j’en tire m’amène à une grosse déception. Il me semble bien qu’Hervé me dit qu’il ne sera pas à l’Estany Blau ce soir car il s’arrêtera au refuge Henri Pujol à cause des orages et de ce fameux ami italien. Je suis déçue déçue déçue. Mais bon, nous pourrons encore nous croiser demain matin, lorsque je reviendrai vers l’Ouest.

Posée proche d’un bel emplacement de bivouac, je me réconforte avec ma semoule habituelle. Le vent se lève. Je me suis rapidement refroidie, l’envie de baignade m’est passée, je me contente de manger. Trop de vent pour la sieste, les nuages se font menaçants, je me prépare à l’orage. Repartons.

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Descente facile jusqu’au chemin qui remonte à l’Estany Blau. Au carrefour, une cabane, parfait état, ouverte aux randonneurs, la cabane de Guerossos.

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Une table, un grand bas-flanc. Il est 14h. Les nuages sont toujours inquiétants, je m’installe donc pour la sieste, ainsi que les 2 Français que je viens de retrouver. L’un est mal fichu, embarras gastriques, peut-être l’eau du lac d’hier, même filtrée. Mais avant de m’installer, et même si je n’y crois plus trop, j’écris sur un bout d’élastoplaste un petit message à l’attention d’Hervé : « Cat 09 », avec une flèche indiquant la cabane. Et je m’en vais le coller sur le poteau indicateur situé à 10 mètres. Discret, mon message, en fait assez peu visible, il faut bien l’avouer. Sieste méritée.

Et là, c’est le gag, mais personne ne le sait : je dors suffisamment bien pour ne pas voir passer Hervé, qui de son côté, sans voir mon petit mot trop peu visible, est venu tout de même à la cabane pour voir à quoi elle ressemblait, a jeté un œil à l’intérieur mais discrètement pour ne pas réveiller les dormeurs, puis est reparti à ma rencontre vers l’Estany Blau.

Je me suis réveillée, j’ai bouquiné, attendant que ces nuages bourgeonnant décident de leur activité des prochaines minutes, grondera ou ne grondera pas, pleuvra ou pleuvra pas, parfois quelques gouttes nous arrivent mais rien de bien méchant, j’hésite j’hésite j’hésite. Hervé, pour ce soir, c’est raté, j’en suis persuadée, puisqu’il n’est pas encore passé. Alors, vais-je à l’Estany Blau ou n’y vais-je pas ? A force d’hésiter, il est 17h passé, il n’y a pas plus d’orage en vue qu’en début d’après-midi, je me décide, je continue. A 17h30 j’ai tout remballé et je repars. Quelques minutes plus tard, il pleut… J’hésite encore, décidément je n’ai pas d’idée très arrêtée, demi-tour ou pas demi-tour ? Mais bon, je suis partie, continuons.

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J’atteins un replat, magnifique et paisible, un petit laquet s’y prélasse, la pluie s’est arrêtée et déjà tout a séché, des chevaux paissent tranquillement. Je continue la montée, yeux rivés sur mes chaussures.

J’entends soudain de grandes exclamations : « Magnifique !!! Fantastique !!! Splendide !!! ». Je lève les yeux vers cet énergumène en short (ça, un short ?) qui gesticule en hurlant, l'air tout heureux, venant à ma rencontre. Hervé ????!!! Mais.... Il est dans le mauvais sens ????!!!!

C’est bien Hervé, nous sommes tous les deux ravis, aucun de nous n’y croyait plus. Ayant comme je l’apprends dépassé la cabane de Guerossos alors que j’y étais, il m’attendait à l’Estany Blau. Ne me voyant pas arriver et l’heure se faisant tardive, il redescendait pour voir. Voir quoi ? Lui-même ne le savait pas trop. Mais il m’a sans doute reconnue à mon chapeau bleu, car oui, j’ai oublié de dire que nous ne nous connaissons pas en vrai, cela peut compliquer les choses. Mais nous nous sommes retrouvés, c’est l’essentiel. Repartons dans le bon sens. Il ne faudrait pas qu’il revienne à Hendaye !

L’Estany Blau n’est pas idéal pour y dormir, c’est venté, et une tente occupe déjà le meilleur endroit. Nous continuons. Comme il le dit, aller le plus à l’Est possible, ça l’arrange. Moi, cela rallonge ma journée de demain, mais pourquoi pas, ça me fera voir du pays. Nous continuons vers Certescans. Pour un gars qui a déjà 2000 m de montée dans les pattes, et je ne compte pas les descentes ni les kilomètres, il est en forme, mais je m’y attendais. Il parle dans la montée, parle et parle encore, moi je réponds « Hon hon » pour dire que je suis d’accord, et ainsi, nous allons au même rythme.

Col de Certescans, vue sur la vallée suivante. Le niveau du lac est bas, ce qui le rend moche à mes yeux, mais la vallée est belle. Le laquet allongé sur la gauche nous invite à aller y voir. Plaisirs des heures tardives, nous croisons alors 6 isards, puis, tout au bord du lac, une garderie d’enfants bouquetins : quelque chose comme 4 mamans et 8 petits, qui nous regardent placidement arriver, ne s’éloignant que lorsque nous nous approchons franchement.

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Il est 20h, l’endroit nous plaît, nous cherchons 2 emplacements plats pour nos abris. Ceux-ci trouvés, Hervé va faire un plouf, tandis que je monte ma tente. Une petite ondée arrive, vite passée. C’est mon tour de bain, j’y vais. L’eau est chaude, comme cet été dans tous les lacs…
Nous nous retrouvons pour le repas, sommaire pour l’un comme pour l’autre. Vermicelles aux cèpes pour lui, semoule-soupe-fromage-saucisson tout mélangés pour moi. Avec, tout de même, un apéro cacahuètes, et du melon en entrée et en dessert, je l’avais porté pour cela, j’ai craqué et je l’ai entamé ce matin, mais j’ai réussi à en garder une moitié pour ce soir. Le ravitaillement change de sac. Et hop, 800g de moins pour moi ! Ce qui, avec le demi-melon avalé goulûment, les cacahuètes dont j’abandonne le reste, et le repas en moins, m’allège en une soirée de presque 2 kg !

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          La Nordisk et le Pioulou

C’est un repas-spectacle, soleil du soir éclairant les nuages d’orage. Magnifique.

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La nuit est tombée, il est 22h passées, nous partons nous coucher. Je me trouve un coin non loin de ma tente, pour, vous l’aurez compris, dormir sous les étoiles. Alors que je m’endormais, voici la suite du spectacle, le lever de lune. Cela commence par une lueur orangée à l’horizon, des nuages allongés formant halo, puis une boule orangée s’élève, dépasse ces nuages, grossit, s’élève encore, et éclaire tout d’une douce lumière blanche.

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Mais il est tard, il faut pourtant dormir. Je me renfonce dans mon duvet, me tourne et m’endors enfin. Nuit agitée comme toutes les autres durant cette randonnée, je me tourne plusieurs fois dans la nuit. Ce qui me permet d’ouvrir les yeux, et d’admirer les étoiles filantes.

Réveil à 6h15, je me lève, espérant voir Hervé avant que nos chemins ne se séparent. C’est exactement le moment où il arrive, ayant déjà tout plié, sac sur le dos, venant me dire au revoir. Encore un brin de discussion, et le voilà reparti vers l’Est, encore et toujours vers l’Est, jusqu’à la mer. Quant à moi, je repartirai vers l’Ouest, puis au Nord, retrouver mon chez-moi.

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          Salut Hervé, bonne route à toi !

Mon départ se fait à 7h45, après mes occupations habituelles. Je fais le plein d’eau au premier petit torrent, et entame la montée vers le col. A 8h30, j’y suis. Cela va me faire une journée monstrueuse, car j’ai prévu de rentrer ce soir, mais monter au Certescans est trop tentant… J’utilise mon petit sac léger emmené à cet effet, j’y glisse un pull, de l’eau, mon téléphone, les jumelles, mon appareil photo, je cache mon gros sac derrière un gros rocher, et, légère, j’attaque la montée.

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Mon ombre gravit lentement la montagne. Je suis au sommet à 9h15, encore et toujours seule. La montagne m’appartient. Sentiment d’immense plénitude.

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          Le Certescans, la montagne aux deux couleurs : rouge où je suis (schistes ferreux ?), blanche plus loin (granite ?)

Mais un retour aux basses contingences s’impose : comme toujours, j’ai laissé mon parcours au père de mes enfants, c’est lui qui assure ma sécurité si je ne rentre pas en temps et en heure. Et j’ai finalement décidé de raccourcir cette journée qui s’annonce trop grosse, de dormir une nuit de plus, et de ne rentrer que demain. Ici, ça doit capter. Youpi, c’est le cas ! J’envoie un texto groupé à mes 2 enfants et à leur père, histoire d’être sûre qu’au moins l’un d’eux le reçoive. C’est fait, réponse de ma fille, message bien reçu, elle transmet à son père. Tranquillisée, je repasse hors connexion. La batterie de mon téléphone est à 11%, et je n'ai pas de solution de recharge...

Descente rapide dans le pierrier, retour au col où je récupère mon sac à dos, et je continue. Avec les 2 kg en moins depuis hier soir, mon sac est léger, léger, léger. J’en bondis d’allégresse !

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Je retrouve l’Estany Blau, puis le petit laquet aux chevaux, et je ne descends pas plus bas : Hervé m’a indiqué un raccourci permettant d’économiser 150 m de dénivelée. Effectivement une sente est bien marquée, et le terrain est facile.

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          Estany Blau

Je retrouve rapidement Flamisella, c’est toujours aussi beau, les chevaux paissent tranquillement, je monte au ressaut bordant le lac, et je descends, suivant la sente qui serpente au mieux dans les prairies.

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De temps à autre, un cairn guide les pas. Je vais essayer de ne pas la perdre, cette sente, car je ne désire pas renouveler mon hors-chemin d’hier après-midi… Je suis les cairns, j’arrive à ce petit replat où hier j’ai tant pesté, et je continue vers le Nord-Ouest, au même niveau, alors que je venais du bas. A partir de ce replat, le cheminement reste à flanc, ne descend ni ne monte, durant une distance assez longue. Il se perd parfois un peu car le sentier est mal marqué, mais je réussis à ne pas le lâcher. Et je débouche en vue des étangs, bien plus haut que l’endroit où j’avais tant cherché un sentier. Il est vrai qu’il est tout de même très mal tracé, et que le cairn indiquant son départ dans la forêt n’est pas bien visible. Je descends au mieux, tentant de suivre la sente qui à nouveau se perd ici ou là, puis renaît, plus bas ou plus haut. Mais dans ce sens, je vois mon objectif : la vieille cabane pourrie au carrefour des chemins.

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          La sente à l'endroit où elle part franchement à droite (dans le sens Estany del Port - Flamisella)

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          Le minuscule cairn indiquant cet endroit, sur un vieux tronc blanchi

Petite pause de l’autre côté du ruisseau. Que faire ? J’avais prévu de monter à l’Estany de Mariola, de monter ensuite au Cap de Ruhos, de descendre de l’autre côté pour arriver au Port de Cruzous. Mais il est également possible de passer le Port de Marterat et de suivre ensuite un sentier bien noté sur les cartes, donc sans doute bien tracé, jusqu’à la route des mines d’Anglade, que je n’aurais plus qu’à suivre docilement jusqu’au parking où j’ai laissé ma voiture.

Grosse indécision. Tout et son contraire se bouscule dans ma tête : - au-dessus de Mariola, c’est hors sentier, et le hors sentier, c’est fatigant – il y a des nuages, ils sont de plus en plus gros et de plus en plus sombres - j’ai très envie de voir cet étang - je risque d’arriver au sommet du Cap de Ruhos à l’heure de l’orage – je voudrais passer par cette crête – en passant par le Port de Marterat je pourrai me réfugier dans une cabane, pas loin – je mouline, je mouline… STOP !

Ma décision est prise, celle de la sagesse, me demandant le moins d’efforts, du moins est-ce ce que je crois, la suite de la journée me montrera le contraire… Je vais donc passer le Port de Marterat, redescendre de l’autre côté, couper par le raccourci qui évite de descendre et remonter juste un peu plus loin, passer le col de Cruzous, et descendre dans la vallée. Si cela s’avère vraiment trop long, je poserai la tente dans la descente, par exemple là, vers ce point noté 1899, cela semble plat. Allons-y.

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          Cela se couvre sur l'Estany del Port...

La foule ne s’aventure guère plus loin que le début de l’étang, je me retrouve donc rapidement seule. J’entame la montée, mais suis vite arrêtée par une vasque accueillante.

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Je me pose dans l’herbe, me baigne rapidement, petite toilette, petite lessive car ma chemise sent décidément le chacal, repas rapide. Les nuages s’assombrissent encore et commencent à grogner, il est temps de repartir.

En 25 minutes je suis au col. Vue plongeante côté français, c’est austère et abrupt.

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La cabane de Marterat se trouve juste en-dessous, à 5 minutes. J’y arrive, elle est ouverte et agréable, il n’y a personne. Nouvelle pause, nouvelle hésitation : rester là, ou continuer malgré ces nuages de plus en plus noirs, ces grondements de plus en plus forts ? Un couple de randonneurs arrive, nous discutons 5 minutes, et puis encore une fois je fais ma sauvage, je repars. Avec la pluie qui arrive. Le sentier est assez bien marqué, tout d’abord en balcon, puis j’arrive au raccourci, lui aussi en balcon et balisé rouge, heureusement, car la trace est peu visible.

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          Le sentier bien marqué descend puis remonte. Le raccourci poursuit à flanc, passant entre des barres rocheuses peu inclinées.

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          Vue en arrière. On devine la sente. Contrairement à ce que laisse penser la photo, ce n'est pas impressionnant.

Mais le gispet ne glisse pas, les rochers non plus, je progresse assez vite, en direction du col. Atteint à 15h40. Et là, grossière erreur, je vais soit vous faire peur si vous envisagez un jour de venir marcher avec moi, soit vous faire rire, car c’est énorme. Je ne regarde pas la carte, je suis persuadée de l’avoir dans la tête. Et je suis persuadée d’être au Col de Cruzous. Mais la suite va se faire attendre, car j’essuie tout d’abord une ondée. Miracle, je suis juste devant une cabane éphémère, qui, celle-ci, n’est pas fermée. Elle est occupée par le berger, cela se voit, ses affaires y sont installées, mais je m’octroie la permission de m’y abriter, assise sur le plancher pour ne rien déranger. Première ondée. Ça se calme. Je me prépare à repartir. Au moment où je ferme la porte, deuxième ondée. Je me remets à l’abri, et bien m’en prend, car il tombe alors de la grêle… Ça se calme. Je me prépare à repartir. Au moment où je ferme la porte, troisième ondée. Je me remets à l’abri. Ça se calme. Je me prépare à repartir. Et là, fin du comique de répétition, il n’y a pas de quatrième ondée. Ouf !

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Sous moi, là en bas, la cabane de Cruzous où, allez savoir pourquoi je me suis mis ça dans la tête, je suis persuadée de devoir passer. Donc j’y passe, sans cependant m’y arrêter, car elle est visiblement occupée par le berger. Et je continue allègrement ma route dans la même direction, vers le bas, dans ces prairies au relief ondulant, sur ce sentier à peine marqué, mais après tout, j’ai l’habitude.

Ça descend, la sente est de plus en plus ténue, je cherche, tiens, voici un énorme cairn surplombant la vallée, pas vraiment de chemin à proximité, je descends au mieux, j’arrive en limite de forêt, je vais faire un tour vers la droite car d’après ma carte le sentier zigzague un peu, mais non, là c’est un ravin, je ne vais pas passer par là, allons voir dans la forêt. Je retrouve une sente, je la suis, la forêt est raide et glissante, il m’arrive donc de glisser et de me retrouver sur les fesses, mais sans danger, la pente n’est pas suffisamment prononcée pour que je ne puisse m’arrêter. A la faveur d’un semblant de replat je vais voir vers la droite si le sentier ne s’y trouverait pas, mais je bute à chaque fois sur le même ravin. De là je vois un très bon sentier, tout en bas dans la vallée, mais par où donc est-il arrivé là ? Tout cela ne correspond pas franchement à ma carte mais bon, l’essentiel est de descendre. Je cherche, vadrouille un peu à gauche – ah non une barre rocheuse – un peu plus bas – ah non là aussi il y a des barres – et à droite c’est déjà fait –un ravin. Je vous passe les montées et descentes, histoire de voir si « plus loin c’est mieux », croyance universelle de la condition humaine. Je vous passe les glissades sur l’humus détrempé, sur les troncs abattus ou les traîtresses racines, sur les feuilles mortes amassées en couche épaisse, d’ailleurs ça sent la soupe aux cèpes, la fatigue me donne des hallucinations. Bon, décidément, ça ne passe pas, remontons. Et je voulais économiser mon téléphone mais allumons, enfin, ce GPS. Sous les arbres, c’est looong… eh oui, je ne l’utilise jamais, alors quand ça m’arrive, il doit retrouver les satellites, et ça prend un temps fou. Mais je suis donc passée en réception également téléphonique, et je reçois un message de Joy me demandant si telle voie d’escalade qu’elle envisage pour le lendemain est agréable et si ma balade s’est bien passée. Je vous laisse imaginer ma réponse alors que je suis en pleine galère forestière… mais oui, la voie d’escalade est sympa, bien sûr, et là maintenant tout de suite, j’aimerais bien y être, plutôt que dans cette forêt gluante ! Finalement, à force de monter, soufflant et transpirant, j’arrive à la limite des arbres, le GPS capte un peu mieux, et tient absolument à me localiser dans la vallée d’à côté. Incrédule, je re-re-regarde la carte, et je comprends. La hoooonte ! Je me suis trompée de vallée ! Non mais la hoooonte !!!!!

Bon, ben y’a plus qu’à remonter. Fin de la forêt glissante, début des estives sans sentier. 2H30 après y être passée, me revoici à la cabane… Il est 18h50, je viens de faire 500m de descente, puis je les ai remontés, le tout en terrain pourri, pour rien… Je suis crevée, et pas du tout fière de moi.

Histoire d’orgueil sans doute, je ne veux pas dormir là. Et il est vrai que je n’ai rien prévu pour manger ce soir, j’étais sensée être rentrée. Donc je préfère n’avoir demain qu’un bout de descente à terminer. Je remonte, vers le véritable Col de Cruzous, l’autre n’étant qu’un « antécol » n’ayant même pas de nom. Bon ben encore presque 300 m de déniv, sur un sentier pas mieux tracé que de l’autre côté, avec 2 pauvres marques jaunes en tout et pour tout sur toute la montée…

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          Vers le col de Cruzous

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          Vous voyez un sentier, vous ?

Col de Cruzous, 19h30. Le vrai, cette fois. Si j’avais opté pour Mariola et Ruhos, je serais arrivée à gauche, là, et n’aurais sans doute pas vécu ma galère forestière… Bref regret.

Un peu plus bas, pas trop loin, j’aperçois ce replat, où j’envisage la nuit. Allez, un dernier effort ! J’en suis à 1680m de D+ et 1730 de D- depuis ce matin, hors chemin ou sur chemin pourri, ce ne sont pas 300 pauvres petits mètres de descente qui vont me faire peur ! J’y vais lentement. Je ne voudrais pas, avec la fatigue, me tordre une cheville. Et le chemin, là encore, est mal tracé. Quand elle existe, la trace est si étroite que les pieds s’y crochètent, et quand elle n’existe pas, je marche sur une sente d’herbe couchée à travers les touffes de gispet. Quelques gouttes accompagnent ma descente, mais rien de bien méchant, les cieux me sont cléments. Six isards s’enfuient en bondissant. J’admire et j’envie leur aisance. Je me sens épuisée mais je peux, encore, savourer ma chance, cette chance d’être ici, dans cette nature sauvage que j’aime tant.

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          Le plat visé, sa cabane sanglée, et son petit "collu" où je passerai la nuit

A 19h50, j’atteins le haut du plat, car cela forme comme une cuvette dans laquelle je ne veux pas descendre. Dans cette cuvette, une autre cabane éphémère, toujours très bien sanglée, arrimée à la montagne. Au bord de cette cuvette, là où je suis, cela forme comme un col, avec un peu de plat, où je plante rapidement ma tente, rajoutant des haubans, car ces nuages ne m’inspirent pas confiance. La vue est belle sur toute la vallée, sur le Valier en face, sous ces nuages si gris.

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J’ai marché 9h aujourd’hui, souvent en terrain difficile, les jambes sont lourdes, je n’ai pas faim, juste envie de me fourrer dans mon duvet. Quelques étirements tout de même, cela me fera du bien.

Et manger ?

Etat des lieux : il me reste 20g de semoule, sauvée de midi, donc agrémentée de citron et de menthe. Une dizaine de grammes de saucisson, et autant de vieux fromage. 4 biscuits. 1 pâte de fruit, une vieille barre de céréales rescapée de trop nombreuses randos, 2 barres de pâte d’amande, et du kaki séché. Et 0,8 L d’eau. De quoi survivre.

Je fais chauffer de l’eau, en verse un peu sur mon reste de semoule, j’y ai tout mélangé, saucisson et fromage, à la première bouchée j’ai envie de vomir. Non, tant pis, ça ne passe pas. Je referme mon pot, on verra ça demain. Le thé, par contre, est bu avec délice, je l’agrémente de 3 bouts de kaki séché, ça passe. Encore un peu de courage pour le brossage de dents et le pipi du soir, j’admire trois secondes la belle lumière, puis je me fourre dans mon duvet, sous la tente, car le ciel reste menaçant. Dodo.

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Mais le vent souffle en rafales. Fortes. De plus en plus fortes. Soudain cela se calme. Puis reprend. La tente vrombit et claque, elle fait un bruit d’enfer. Soudain, elle s’affaisse sur moi ! Il fait nuit noire, il est 23h, je crains l’arrivée de la pluie. Pas le choix, je m’extirpe à regret de mon duvet, et je vais voir, craignant la casse. Ouf, tout va bien, c’est une sardine qui a sauté. Je la replace en un endroit plus stable, je l’enfonce bien, cela devrait aller. La tente tiendra toute la nuit, malgré des rafales en tempête, à nouveau, vers 2h du matin. De toute façon je ne dors pas bien, j’ai mal partout, il me semble qu’en plus d’un essoufflement restant prononcé en altitude, merci au Covid, j’ai mal aux jambes dès que je marche un peu, cela ne m’arrivait pas avant. Mais la nuit se passe, et tout de même je me repose.

Lever à 7h, je suis dans la brume, aïe, ça ne va pas être simple de deviner ce chemin mal tracé. Mais je suis en fait à la limite d’une mer de nuage, la brume descend ou s’évapore, et je me retrouve au-dessus. C’est beau.

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Petit-déjeuner succinct mais cela me convient, 4 biscuits et un peu de thé, il me reste encore un peu d’eau pour la descente. Pas de salutations au soleil ce matin, je n’en ai pas le courage, mais je savoure tout de même le fait d’être là, face à ces sommets, dominant cette vallée et ces nuages qui s’effilochent. En bas, tout en bas, on devine les mines d’Anglade, où je retrouverai la route.

Départ à 8h. Mauvais chemin dans la pente herbeuse, je n’attendais pas autre chose. Mais rapidement j’arrive à la cabane de Saubé (un coin randonneurs, place pour 6 personnes en se serrant, sur matelas en mousse, espace exigu, pas de table, propre mais odeur prégnante de bouse de vache). J’y aurais sans doute mieux dormi, mais alors je n’aurais pas eu la vue de ce matin.

Le chemin s’améliore : après encore quelques errances, il devient franchement bon, c’est un plaisir de ne plus réfléchir à chaque pas. Je descends rapidement, je croise des vaches bien tranquilles, sans aucune inquiétude. Avant 9h, j’atteins la route. Quel bonheur ! Moi qui aime tant être hors sentier, je ne me reconnais pas. Je savoure la douceur de l’air, le bruit des ruisseaux, le chant des oiseaux, et la facilité de la marche. Pouvoir naviguer un peu à gauche, un peu à droite, sans aucune attention à ses pieds, quel repos !

La voiture est retrouvée à 9h30, après une demi-heure de relâchement, sur cette route bien confortable, où ne circule aucune voiture.

Par ordre de priorité : passer des habits propres, et trouver une boulangerie. L’appétit est de retour !

Hors ligne

#28 21-08-2022 17:33:04

Joy Supertramp
Sempervirens
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Site Web

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

lol
Qu'elle est belle cette histoire, un peu épique oui, mais belle ! C'est étrange ces histoires de texto qui ne passent que partiellement, ça ne m'est jamais arrivé !

Je rigole encore parce que oui, quand j'ai reçu ta réponse depuis ta forêt-qui-n'est-pas-la-bonne, j'ai bien perçu comme une pointe de découragement  lol Ceci dit, on a toujours pas été grimper cette fameuse voie, la faute aux orages  !


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

Liste montagne été top confort

Hors ligne

#29 21-08-2022 18:54:08

Cat 09
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Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Epique, c'est le mot ! Beaucoup d'émotions, dans un sens ou dans un autre. J'en suis rentrée épuisée ! Mais la tête et le cœur emplis de toutes les belles choses vécues durant ces quelques jours  smile .

Petit point matos :
Allègements :
- les chaussures, des Cimalp Ultrashell 365 X Hiking imper respi à 570g la paire, très agréables à porter même si mon pied tourne un peu dedans quand il est posé en dévers ; je les pense assez fragiles : elles n'ont fait qu'environ 10 jours de rando, et déjà la toile s'effiloche... Pourtant, elles sont chères (119,90€ en promo quand je les ai achetées, 129,90€ en promo actuelle) ; je cherche à en essayer d'autres, celles indiquées par Joy.
- plastazote utilisé en mousse de dos du sac à dos : le problème est qu'il se plisse, et c'est inconfortable ; j'ai dû le remettre en place souvent, et finalement l'utiliser dans un sens puis dans l'autre, car les plis finissaient par rester marqués, et alors il reformait le pli encore plus vite. Je vais le découper un peu en largeur, afin qu'il fasse légèrement moins que les 50cm de hauteur de dos de mon sac à dos, et je verrai alors s'il plisse moins.
- doudoune glissée dans le sac étanche avec le sac de couchage, donc un sac étanche en moins : - 27g car j'ai pris pour les habits le sac étanche de la doudoune (2L) et pas le 4L

Modifications sans changement de poids :
- mini sac à dos de 10L et 45g à la place de la banane : plus confortable surtout si j'emmène de l'eau ; a servi pour 1 sommet ; je trouve vraiment pratique de pouvoir poser mon gros sac et de n'emmener que l'essentiel.

Alourdissements :
- j'ai enfin changé la pile de ma montre alti que je croyais définitivement HS : elle fonctionne à nouveau, donc je la reprends ! + 50g.
- rajout de gants à usage uniques dans ma pharmacie : +4g?
- 2 sardines légères de mon autre tente, oubliées dans le sac à sardine de la Nordisk... (+14g)
- une bouteille vide en plus, 50cL pour 20g, m'a servi pour un bivouac suivi d'une matinée sans eau
- 15g de lotion antimoustique, contenant inclus : je n'ai pas vu un seul moustique ; mais peut-être est-ce tout de même grâce à la lotion, qui s'était répandue sur le dessus de mon sac et ensuite dans mes affaires de nuit où j'avais rangé la fiole, qui suintait... Donc la prochaine fois, je parfume quelques habits, et je n'emmène pas la fiole ! D'autant plus que l'odeur n'est pas désagréable.

Les multi-usages :
- déjà éprouvé depuis longtemps : l'oreiller constitué de pantalon-short-chemise pliés dans ma veste imper respi, à l'abri de la rosée
- nouveaux usages : si je suis en short, la mini serviette, mouillée de préférence, en foulard sur la nuque ; si je suis en pantalon, c'est le short qui sert de foulard ; pas de moyen de fixation, il ne faut pas qu'il y ait du vent, mais je vais y réfléchir ; l'étui à lunettes/gant microfibre qui souvent m'a vraiment servi de gant de toilette, et parfois aussi pour essuyer l'humidité de la tente avant de la ranger.

Absolument tous les éléments m'ont servi, hormis le matériel de sécurité (pharmacie, chevillère, couverture de survie, tire-tic, sifflet). Je vais peut-être essayer d'alléger encore ma pharmacie, pour les courtes balades en solo.

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#30 21-08-2022 19:00:44

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Non mais la hoooonte !!!!!

Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah Ah ah ah ah ah

unicorn


«Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait le tour de lui-même. »

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#31 21-08-2022 19:01:07

Lupa
Membre
Lieu : Bruxelles
Inscription : 30-05-2022

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Merci pour ce récit. J'aime tant l'Ariège...
peux-tu donner la référence de ton sac de 45g ? Merci.

Ps : j'avais quelques récits de retard... On peut dire que le dernier est une sacrée aventure !

Dernière modification par Lupa (21-08-2022 19:38:42)

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#32 21-08-2022 19:23:50

Cat 09
Membre
Inscription : 04-03-2020

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Sac Gossamer Gear 42L, en fait à mon avis un grand 45 L. 635g sans la mousse de dos.

Azerty, dis, tu viendras encore te balader avec moi eek ?

Le parcours :
J1 : 1400D+, 15D-
J2 : 650 D+, 740D-
J3 :1210D+, 1160D-
J4 : 1680D+,  2010D-
J5 : 890D-

7YBegiET7.Salau.jpeg


Edit : ortograf

Dernière modification par Cat 09 (22-08-2022 00:18:52)

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#33 21-08-2022 19:39:21

Lupa
Membre
Lieu : Bruxelles
Inscription : 30-05-2022

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Merci ! Je voulais dire ton sac de 10L smile

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#34 21-08-2022 23:24:34

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
Site Web

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Cat 09 a écrit :

#662950
Azerty, dis, tu viendra encore te balader avec moi eek ?

Tu parles quand même au spécialiste du "C'est pas le bon col !" D'ailleurs, elle me rappelle des souvenirs cette balade wink


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#35 22-08-2022 00:19:16

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Oui mais justement quand je marche avec cat on se neutralise et on ne se perd jamais.

Moi aussi ce petit lac me dit quelque chose, je crois bien que c’est là qu’on avait pris l’orage en 2020.

Lac


«Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait le tour de lui-même. »

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#36 22-08-2022 00:25:21

Cat 09
Membre
Inscription : 04-03-2020

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Lupa a écrit :

#662955Merci ! Je voulais dire ton sac de 10L smile

J'ai lu trop vite...
Sur l'étiquette, il est écrit : Compact Backpack Travel 10L. Il existe en plus grande contenance. Dans mon D4, c'est au rayon Sacs à dos, et plus spécifiquement Petits sac à dos de dépannage et autres bananes ou pochettes. 3€ (fabriqué au Vietnam, évidemment...). Se range dans une petite poche, comme un KWay.

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#37 22-08-2022 00:26:33

Cat 09
Membre
Inscription : 04-03-2020

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Azerty a écrit :

Oui mais justement quand je marche avec cat on se neutralise et on ne se perd jamais.

pouce

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#38 22-08-2022 08:36:04

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
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Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

C'est bien ça oui ! Bel orage, belle ambiance !


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#39 22-08-2022 11:52:42

Lupa
Membre
Lieu : Bruxelles
Inscription : 30-05-2022

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Cat 09 a écrit :

#662983J'ai lu trop vite...
Sur l'étiquette, il est écrit : Compact Backpack Travel 10L. Il existe en plus grande contenance. Dans mon D4, c'est au rayon Sacs à dos, et plus spécifiquement Petits sac à dos de dépannage et autres bananes ou pochettes. 3€ (fabriqué au Vietnam, évidemment...). Se range dans une petite poche, comme un KWay.

Merci smile bien pratique

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#40 22-08-2022 12:30:52

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Ce RDV fut bien sympa ...

On aurait pu se retrouver 3 heures plus tôt, mais je n'ai pas voulu déranger les dormeurs quand j'ai fait mon "reportage" sur cette jolie cabane de Guerossos lol !

7YCm5Y7ny.CAT-Guerossos.jpeg

Mon SMS complet était :

"Arrivé à Alos d'Isil à 17h avec l'orage. Je me pose 1h avant de voir s'il est possible de pousser ou pas. Il faut dire que le refuge est accueillant ...

Demain ne serai pas à Enric Pujol avant midi, peut-être 14h, et en bifurquant à la Cabane de Fangassal je compte suivre l'itinéraire des lacs Mariella - Xic - Flamisella - Blau.

Je serai avec un ami italien très investi MUL, ce sera multilingue !"


à comparer avec ce qu'il en resté :

« ir s’il est possible de pousser ou pas. Il faut dire que le refuge serai avec un ami italien très investi MUL, ce sera multilingue ! »


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre

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#41 22-08-2022 13:23:57

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
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Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Moralité : faut vraiment qu'on les fasse, ces buff RL. Cat aurait pu l'accrocher sur la porte et c'était réglé  smile


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#42 22-08-2022 18:16:01

Cat 09
Membre
Inscription : 04-03-2020

Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Ben dis-donc, le réseau mobile ne se contente pas d'avaler quelques mots !
Je comprends pourquoi mon interprétation était fausse...

Jolie photo de la cabane : ça roupillait bien, à cette heure-là !

Je suis moi aussi vraiment ravie qu'on se soit rencontrés. On a même trouvé le temps de marcher ensemble quelque chose comme 2 heures, c'était chouette :-)

Dernière modification par Cat 09 (22-08-2022 18:16:35)

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#43 22-08-2022 19:17:55

Magne2
Membre
Lieu : Vitry sur Seine
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Re : [Récit + liste] L'été des Trois jours, Ariège

Merci pour ton récit,un vrai feuilleton
Pour nous les ballades  à la journée nous ramènent souvent dans le HT Aragon  face à l'Aneto
7YCOIeZVI.Face-lAneto.s.jpeg


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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