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#101 21-10-2009 12:24:17

Bison
OpaRando
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Inscription : 05-01-2007

Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

On est quand même assez efficace, de nos jours ...

Aujourd'hui, le budget "alimentation" ne représente plus qu'un tiers environ du budget global des ménages.
Et le travail c'est 35 heures/semaine, ce qui fait 5 heures par jour (- 10% de "vacances") ...


La balance n'est pas un maître, mais un serviteur

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#102 21-10-2009 12:58:26

Vaer_dig_selv
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Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

Bison a écrit :

Et le travail c'est 35 heures/semaine,

Heu, non. Prof débutant à 51 ans, avec tous les cours à composer, les manips à préparer, le matériel d'expériences à réparer, les copies à corriger avec ma lenteur et mes scrupules, je me trouvais dans la zone 50 à 70 heures par semaine.

Et quand j'étais à mon compte, plus jeune il est vrai, je dépassais les 70 h/semaine.


Quand on tire sur les pianistes, la musique s'arrête.

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#103 21-10-2009 13:13:45

Vaer_dig_selv
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Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

thierry a écrit :
jean loup a écrit :

Chercher à manger est un souci permanent et prends un temps fou : notre société a remplacé ce temps par du travail rémunéré,

Il ne faut pas généraliser une expérience personnelle et vouloir en faire une vérité mythologique. Tous les chercheurs sérieux qui ont étudié la part de temps réservée à l'acquisition de la nourriture dans les sociétés primitives s'accordent à dire qu'elle est relativement faible.

Si vous ne l'avez pas lu, je vous invite à lire le célèbre ouvrage "Stone Age Economics" de M. Sahlins paru en 1972 (déjà), disponible en traduction française sous le titre "Age de pierre, âge d'abondance" chez Gallimard avec une préface de P. Clastres (à lire aussi "Chronique des indiens Guayaki", Terre Humaine, Plon de P. Clastres) mais également "Les chasseurs-cueilleurs ou l'origine des inégalités" d'A. Testard publié par La société d'ethnographie de l'université de Paris X en 1982.

Age d'or, oui, en zone favorable, et sauf saison exceptionnelle, où la Camarde fauche largement.
Les montagnes d'Europe sont le refuge de peuples refoulés là par des envahisseurs plus guerriers, plus organisés pour la guerre et la prédation. Le grand Nord aussi. Et là, la survie est beaucoup plus dure. Autrefois, au temps où j'écoutais beaucoup France-Culture, j'ai ouï dire qu'au moins un village dans une vallée élevée dans les Pyrénées a été abandonné au cours du Moyen-âge : trop froid, trop pauvre, les bébés y mouraient tous.
Dans ce refuge de minorités pourchassées qu'est le Caucase, les linguistes ont relevé une quarantaine de langues distinctes, sans compter les dialectes (plus de deux cents). Ils ont pu sauvegarder une langue qui n'était plus parlée que par un homme de 70 ans. Heureusement fort intelligent, il a compris intégralement les buts et les méthodes de la linguistique, et a pu fournir tous les renseignements souhaitables.

Hors extinction par famine, les linguistes font l'hypothèse, largement invérifiable, que certaines langues sont dues à des enfants seuls survivants d'une peuplade exterminée, soit par la guerre, soit par une maladie. Vocabulaire hérité appauvri, recréation de néologismes en trois générations... Possible, mais invérifiable.

Dernière modification par Vaer_dig_selv (21-10-2009 13:15:50)


Quand on tire sur les pianistes, la musique s'arrête.

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#104 21-10-2009 13:30:19

thierry
Membre
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Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

Entendons-nous, je parlais des sociétés primitives i.e. les "chasseurs-cueilleurs" pas des sociétés basées sur une économie de production et de groupes marginalisés issus de ce type d'économie.

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#105 21-10-2009 15:09:54

oli_v_ier
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Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

Merci pour ce témoignage Jean loup ! C'est ainsi que j'imaginais votre aventure.

Donc avant de traverser un lac : on apprend à nager ou à construire un radeau ou à faire fonctionner son imagination.

smile


La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.

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#106 21-10-2009 21:15:26

Oscar
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Inscription : 01-02-2005

Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

jean loup a écrit :

mon nom Jean Loup Petitqueux :


Vingt et un jours : finalement on n'a pas « trop raconté » et ces souvenirs restent intimes.
.

Merci beaucoup pour ce témoignage.

2 commentaires sur un registre bien différent :

Le premier, sur cette "aventure". Elle reste du domaine de l'intime, et finalement semble avoir été plus difficile que ce qui était imaginé. Peu racontée aussi. Bien que je pense la comprendre et que je la respecte au plus haut point, je trouve dommage cette discrétion car j'aimerais vraiment en savoir plus... Ca me met l'eau à la bouche, et clairement c'est une expérience rarissime voire unique.

Le second commentaire sur le site randonner-leger : c'est vraiment formidable ! En mettant mon commentaire sur cette traversée des pyrénées en autosuffisance, je n'espérais pas vraiment que quelqu'un se souvienne de cette expérience. Et en tout cas je n'imaginais pas que tu viendrais apporter ton commentaire !

Petite question pour rafraichir ma mémoire : cette traversée, elle a été effectuée en quelle année ?

En tout cas, merci encore pour ton intervention...même si je regrette sa briéveté.

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#107 22-10-2009 08:34:56

jean loup
Membre
Inscription : 20-10-2009

Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

Plusieurs axes de réponse :
C'était en 86, je crois : je pourrais le vérifier mais sans grande envie. J'étais moniteur de ski, accompagnateur depuis 76 ("ils" mis ont un diplôme sur mon activité...) puis aussi pisteur secouriste mais surtout grand amateur de vie sauvage, libre de pister, d'observer et de se servir à manger. Je préconisais à l'époque, après quelques jours de montagne (pour se désintoxiquer de toute nourriture formatée), de sentir les plantes (on broie une partie de plantesentre les doigts et on la porte à son nez) et de déterminer, à l'odorat, si elles étaient comestibles ou pas et surtout si notre corps "réclamait" son ingestion...Faîtes le test, avec un livre en main (qui ne montre, au passage, que les plantes en fleurs et donc déjà trop mures : allez donc manger un chou bien levé : c'est pas bon) et aussi sur les beaux fruits de l'étal (bien gorgés de tout, sauf d'odeur...) : instinctivement vous n'en aurez plus envie : j'applique cela encore dans ma nourriture, mais j'émet une réserve sur les champignons. Les fameuses amanites sont délicieuses à manger ! Pour les plantes mortelles, dont le bétail fait le tour patiemment, c'est flagrant : une vache, elle ne sait pas lire !
Ces expériences ont été complétées par du Sahara, du Québec et trois semaines au bord d'un lac, avec une canne à pêche, un fusil (que j'ai toujours) et un petit matériel de base (de celui que l'on ne peut trouver en pleine nature) : ma fameuse "trousse de survie" : mes enfants savent en faire une en quelques minutes. En quelques jours j'avais 5kgs de filet de truite, 3 canards, séchés et fumés au feu de bois (surtout pas du résineux) et cela prend du temps...
Une autre réponse : le temps de trouver à manger et de traverser les Pyrénées : une incompatibilité flagrante. Quand on marche, on ne mange pas : quoique l'on puisse être à l'affut visuel et ramasser au fur à mesure. Les hommes préhistoriques, comme des nomades, devaient bien suivre les migrations ou, après épuisement des ressources locales, se mettaient en quête de lieux plus favorable et giboyeux. Boire, manger, dormir, voire se reproduire et changer de territoire que pour cela : prendre les femelles de l'autre ou s'approprier la meilleure paye, le meilleur compte en banque : alors ça oui cela prends du temps. Divorce, les enfants, les traites, l'administration, les impôts, le radar, les points :  les bouffeurs de quotidien ! Ils nous tardent alors de partir en montagne : une vie simple, primitive, heureuse et saine.
La nature était généreuse à l'époque : il n'y avait pas autant de personnes qui viennent vous cueillir les champignons sous le nez : après avoir fait 350 km en voiture pour leur WE "écologique" et vous allume parce que vous travaillez avec votre voiture, et QUE 10 km dans "leur" montagne.
J'ai été aussi vacher (1000 bêtes, 10 000 ha) : 5 ans de traces à lire, d'habitudes à comprendre, le nez vers le sol, à vérifier la piste qui méne au troupeau. Les pneus, la façon de se garer, de bousiller la piste forestière, ou les gens qui marchent mal : des empreintes attaquées par le talon, par la pointe, ou traînantes signe de fatigue et tous ces gens qui laissent tant d'indices de passage...et de poubelles. J'ai l'argent d'aller ou je veux, sans m'occuper de l'après mon passage, et de polluer et je t'em......
Peut-on être autre chose que soi même en randonnée légére ?

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#108 22-10-2009 14:00:50

konrad
Marcheur Universellement Lent.
Lieu : Baléares
Inscription : 04-02-2005

Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

J'aime bien ton témoignage. D'une certaine manière il résonne avec ce désir au plus profond de soi de retrouver le « sauvage » qui sommeille et qui réclame sa part de vie libre loin des contraintes toujours plus coercitives du « civilisé ».
Ça me fait du bien de te lire, ainsi que d'autres aventures, moi que les circonstances et le manque de courage ont fait prendre d'autres voies.
J'ai perçu, peut-être à tort, une pointe d'amertume, que je comprends sans la partager totalement, pour des raisons variées …
Les mentalités ont changé et les espaces de liberté se réduisent comme une serviette de mul.
Je n'ai pas de réponse c'est pourquoi ces lectures alimentent mon imaginaire et ma réflexion.
Bon vent et longue vie à cet excellent forum.

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#109 27-10-2009 00:25:42

Bison
OpaRando
Lieu : Quaregnon - Belgique
Inscription : 05-01-2007

Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

Moi, j'aime beaucoup la signature de French Bob :

Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi-même. (Henry David Thoreau)


La balance n'est pas un maître, mais un serviteur

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#110 28-10-2009 14:35:39

tonton35
Membre
Inscription : 14-10-2009

Re : Traversée des pyrenées (pleine nature) en bivouac et autonomie complèt

Salut,

en effet cette signature provient d'une phrase de Thoreau dans son livre "Walden" que j'ai lu et relu des dizaines et des dizaines de fois. Si tu me permets French Bob j'aimerais compléter cette citation avec ses dires, et par la même occasion boucler définitivement cette discussion. Peut-être que Thoreau pourra mieux vous expliquer que moi mes envies :

"Ce n'est que lorsque nous sommes complètement perdus, où qu'on nous a fait tourner sur nous-mêmes, que nous apprécions l'étendue et l'inconnu de la Nature. Il faut à tout homme réapprendre ses points cardinaux aussi souvent qu'il sort soit du sommeil; soit d'une préoccupation quelconque. Ce n'est que lorsque nous sommes perdus - en d'autres termes, ce n'est que lorsque nous avons perdu le monde - que nous commençons à nous retrouver, et nous rendons compte du point où nous sommes, ainsi que l'étendue infini de nos rapports [...] Je suis convaincu que si tout le monde devait vivre aussi simplement qu'alors je faisais, le vol et la rapine seraient inconnus. Ceux-ci ne se produisent que dans les communautés où certains possèdent plus qu'il n'est suffisant, pendant que d'autres n'ont pas assez. "
Thoreau, dans "Walden ou la vie dans les bois"

Et je finirai par une phrase provenant des "Entretiens de Confucius, livre XII, ch.19":

"Vous qui gouvernez les affaires publiques, quel besoin d'employer le châtiment ? Aimez la vertu, et le peuple sera vertueux. Les vertus d'un homme supérieur sont comme le vent; les vertus d'un homme ordinaire sont comme l'herbe; l'herbe, lorsque le vent passe sur elle, se courbe."

Et pur finir, je vous conseille - si toutefois vous ne l'avez pas vu - de regarder le documentaire " Volem Rien foutre Al Païs ".

Voila, bon vent à tous
ciao ciao

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