La MUL c'est aussi...

Kian · 26-09-2006 19:19:11

La MUL se veut un jeu de mot avec l'antithèse du Mulet et signifie « Marche Ultra Légère ». Malheureusement, le terme MUL et sa signification sont réducteurs par rapport à tout ce que notre forum comporte comme membres. En effet, le terme « Randonner Léger » est plus juste car il s'applique à tous type de randonnées, et pas seulement à la marche à pied qui n'est qu'un « moyen » de randonnée et non un « but ». Nos membres randonnent à pied bien sûre, mais également à vélo, le kayak de mer, la voile, le cheval, le ski, la raquette, chiens de traîneaux et bien d'autres encore, et c'est bien les mêmes principes et philosophies qui sont applicables à tous ces moyens de transports. Highpictv l'a bien compris et il a entrepris le dessin d'un logo MUL plus généraliste.

J'irais même plus loin, la randonnée concerne également des personnes en chaise roulante ! Et oui, il faut aussi penser à eux, il n'y a pas que les « valides » qui randonnent. J'ai moi-même pris cruellement conscience de cette possibilité suite à une blessure qui me handicape actuellement et je me tourne vers d'autres formes de randonnée tels que le kayak et le vélo. Heureusement la situation s'est stabilisée et même améliorée. Les techniques qui ont été imaginées par certains membres du forum sont aussi applicables aux plus démunis qui doivent affronter les rigueurs de la société et du climat avec des moyens dont on ose à peine imaginer. Laurent à relancer le sujet sur les sans-abris, je vous invite a alimenter ce débat avant l'arrivée de l'hiver.

Olivier, le fondateur du site dit toujours : la marche légère est un moyen et non un but. Il faut en effet faire attention à ce que la recherche de la simplicité et de la perte de poids ne devienne pas quelque chose d'obsessionnel et de compulsif, ou pire encore, que cela devienne une compétition entre membres pour qui aura la liste la plus légère et le dernier gadget ultra light du moment. Certains seraient également tentés de sacrifier la sécurité sur l'autel de la légèreté! Le matos moderne ultra light à aussi la fâcheuse tendance à « alléger » d'abord votre portefeuille pour une durabilité qui vous fera repasser à la caisse régulièrement, faisant de vous un esclave du concept. Je pourrais vous faire une liste XUL (eXtrêmement Ultra Légère) qui vous allégera de plusieurs milliers euros et sans matériel technique tel que piolet, crampons etc.

Bref, la randonnée légère c'est avant tout un état d'esprit. Il y'a une autre forme de randonnée que j'aimerais évoquer au travers de ces quelques lignes : le vagabondage. Il peut se pratiquer toute l'année et partout. Il ne nécessite pas de partir dans les grands espaces sauvages en engageant beaucoup de moyens matériels et financiers. Le vagabondage MUL est la simplification poussée à l'extrême du concept car l'objectif de la randonnée devient lui-même extrêmement simple. Avez-vous déjà pensé à partir quelques jours ou juste un week-end autour de chez vous, même en ville ? Avez-vous déjà dormi sous un pont, caché derrière une église, sur une plage publique payante d'un lac en arrivant par voie d'eau ? Avez-vous déjà squatté le pont d'un bateau, un immeuble désaffecté, une automobile, l'abri bateau dans une grande propriété privée. Dormi derrière une église ? Je vous conseille un petit livre écrit par Sylvain Tesson qui aborde notamment ce petit côté insolent que peux prendre votre bivouaque : « Petit traité sur l'immensité du monde ». Allez-y, vous ne le regretterez pas je vous l'assure, depuis que je l'ai lu, j'ai un regard neuf sur mon environnement immédiat, j'ai découvert un nouveau sentiment de liberté au travers d'un état d'esprit en constant vagabondage. Ce livre est à mettre entre toutes les mains.

Le vagabondage peut bien entendu se pratiquer sur le long cours. Il demande dans ce cas un peu plus de préparation et un matériel spécifiquement adapté, mais son concept est tout aussi simple et il offre cette immense liberté de pouvoir choisir « au fil de l'eau » sa destination suivante. Il n'impose pas de mode de transport en particulier, d'horaire, de cadence, d'étape ou de gîte d'étape etc. Un jour de fatigue, un lieu magique, une rencontre inespérée ? Pas de problème, on s'arrêtera plus longtemps. Dans le cas contraire, une mauvaise météo qui s'installe, des gens pas très sympa, une région sans attraits, on prend le train et on va ailleurs. Un de nos membres, poète et artiste de son état est un vagabond assidu, est parti pour plusieurs mois et il nous relatera certainement ses expériences de vagabondage sur le long cours.

Je vous souhaite de bonnes expéditions et petites escapades MUL autours de chez vous, l'aventure c'est pas seulement au moment des vacances, c'est tout le temps, toute l'année et parfois près de chez vous.

Kai

Éloignez-vous à un jet de pierre sur la droite ou sur la gauche de cette route bien entretenue sur laquelle nous marchons, et aussitôt l'univers prend un air farouche, étrange... (R. Kipling) - Tiré d'un message de Laurent

Dernière modification par Kai (26-09-2006 22:25:49)

velox · 27-09-2006 02:12:25

Dans le même esprit:
http://www.latourex.org/

xiatuli · 27-09-2006 08:59:45

Merci Kai pour ce message plein de motivation et de conseils.

Je farfouillerai à la recherche de ce bouquin qui t'a inspiré ce billet d'humeur joyeuse en cette fin septembre.

Kian · 27-09-2006 09:19:58

xiatuli a écrit :

Merci Kai pour ce message plein de motivation et de conseils.
Je farfouillerai à la recherche de ce bouquin qui t'a inspiré ce billet d'humeur joyeuse en cette fin septembre.

Voilà :

http://www.amazon.fr/Petit-trait%e9-sur … F8&s=books

Kai

roger · 27-09-2006 09:42:37

Merci kai, je partirai ainsi plus léger.

Peyo · 27-09-2006 10:20:18

"Randonner léger est avant tout un état d'esprit".
Oui je suis amplement en accord avec cela, je crois même qu'on peut dire:
"Partir léger est avant tout un état d'esprit"

L'avantage de notre pratique (outre les apports de confort et de santé) est qu'il nous permet cumulativement de s'évader et de se retrouver.
"S'évader" car l'emcombrement matériel n'est pas de mise et rien ne nous rattache à un quotdien (même intéressant).
"Se retrouver" car le corps et surtout corps libres nous permettent de prendre de la hauteur et de jouir simplement de la moindre chose.
En cela Kai tu as tout à fait raison! Pas besoin de partir loin pour se sentir grisée par l'aventure et le renouveau, la découverte est à la portée de chacun et surtout en tout lieu.

A ce propos je voudrais parlé d'un concept (c'est un bien grand mot) que je suis en train de vivre: la randonnée urbaine en autonomie
Chacun est déjà surement parti faire une balade en ville avec une bouteille d'eau et un petit pic-nique. Mais là il convient de voir l'autonomie comme une moyen incontournable.
Dans un sac en bandoulière: une bouteille d'eau, de la nourriture, un canif, un imperméable et un plan, vous voilà paré pour une jolie aventure urbaine.

Le but est ici d'être totalement autonome et de ne céder à aucune sirène consummériste: pas d'achat de viennoiserie ou de coup de coeur devant une vitrine. Il convient seulement de pointer une zone de la ville sur la carte (sans appui d'un guide) et de marcher en restant ouvert à toute chose et surtout à tout être vivant (humain et animal) en laissant de coté tout ce qui peut être acheté.

Je sais vous allez me dire que vous faite ça tout le temps et que rien n'a été réinventer. Certes mais la différence réside dans 3 points principaux:

- se préparer mentalement à évoluer en totale autonomie matérielle et élever le "non achat" comme une règle, un code de conduite.

- appréhender la rue comme une zone libre et naturelle

Dans ce cas là il ne s'agit plus d'une promenade qui se transformera en lèche-vitrine mais belle et bien en une randonnée aventureuse où on aura le plaisir de faire des découvertes "hors-sentier" (hors guide de voyage).

L'impression est grisante car on a alors vraiment l'impression réapproprier l'environnement urbain.

Bien entendu je ne conseillerai que trop d'éviter les zones trop populeuses et commerciales en privilégiant les quartiers "populaires" et vivants (vivants d'une vie de tous le jours).

Pour faire écho, au livre de Sylvain Tesson, il est claire que dormir dans une zone comme une fléche de Cathédrale doit être un moment de pure errance à l'instar d'un bivouac dans les Drus... Le mode humain est visible mais les humains ne nous voient pas. Tel un temoin silencieux du monde des Hommes nous pouvons alors apprécier pleinement cette présence "camouflée" et gouter au calme en plein chao. Et quelle titillement de ce dire qu'à chaque instant cette "membrane" peut être brisée par un vigile, un garde forestier ou un propriétaire.

Lors d'un bivouac dans la forêt de Fontainebleau, alors que nous nous croyions totalement isolés (quelle blague), nous avons eu l'étonnement de nous réveiller à 10 mètres d'une piste de VTT sur laquelle passait un vélo quasiment toute les 5 secondes (une course ?).
Mais avec notre tarp kaki et nos habits sombres (et des VTTistes avec le nez dans le guidons) nous étions totalement invisibles. Une autre approche de la solitude entourée d'autres humains...

Merci Kai

Artiguel · 27-09-2006 11:36:59

Un des nombreux types de marche décrits par Rebecca Solnit dans son livre "L'Art de marcher", p.248-249:

" Ceux qui aiment marcher en ville sont familiers d'un état particulier de la solitude - une noire solitude ponctuée de rencontres comme le ciel nocturne est ponctué d'étoiles. Celle qu'on ressent à la campagne est de nature géographique: on a quitté la société des hommes (ce pourquoi la solitude s'explique par des raisons géographiques), et du même coup une sorte de communion s'opère avec le monde non humain. En ville, on est seul parce que le monde est plein d'inconnus, et c'est un luxe d'une rare austérité que de se sentir ainsi étranger parmi des étrangers, de marcher en silence en portant ses secrets et en imaginant ceux des passants. Spécifique au mode de vie urbain, cette identité nulle part enregistrée, infiniment malléable, est un état libérateur pour tous ceux d'entre nous qui veulent s'émanciper des espérances familiales et sociales placées en eux, se frotter à d'autres cultures, changer de peau, fût-ce provisoirement. (...) A petites doses, la mélancolie, le sentiment d'étrangeté, l'introspection comptent parmi les plaisirs les plus raffinés."

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Peyo · 27-09-2006 12:16:09

Artiguel a écrit :

Un des nombreux types de marche décrits par Rebecca Solnit dans son livre "L'Art de marcher", p.248-249.

Voilà aussi pourquoi j'adore ce forum!!!

Peyo "le Bienheureux"

ps: je ne me retrouve pas complétement dans cette noire solitude mais j'adhère à la reflexion globale. Surtout que j'aime partager ma solitude avec ma Belle, solitude couplistique, seuls dans le monde des Humains...

Artiguel · 27-09-2006 12:29:41

Peyo a écrit :

Artiguel a écrit :
Un des nombreux types de marche décrits par Rebecca Solnit dans son livre "L'Art de marcher", p.248-249.
Voilà aussi pourquoi j'adore ce forum!!!
Peyo "le Bienheureux"
ps: je ne me retrouve pas complétement dans cette noire solitude mais j'adhère à la reflexion globale. Surtout que j'aime partager ma solitude avec ma Belle, solitude couplistique, seuls dans le monde des Humains...

Dans ce livre, il y a tout un chapitre sur Paris: "Paris, ou herboriser sur le bitume", avec des passages qui me font voir cette ville d'un autre oeil (et m'incitent ainsi à pratiquer de nouvelles formes de randonnées).
Par exemple, p.258: "La couleur sable pâle des murs, des églises, des ponts confère à la ville toute entière l'aspect d'un immense édifice à la complexité inouïe, d'un relief corallien travaillé par la culture."
Un peu plus loin: "Cette ville est tellement bien entrée dans les tableaux et les romans de ceux qu'elle tenait sous son emprise que la représentation et la réalité sont comme deux miroirs face à face; la promenade y devient lecture, comme si Paris était une immense anthologie de contes."

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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