Vous n'êtes pas identifié(e).
- Contributions : Récentes | Sans réponse
#1 20-06-2017 21:33:46
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Vélo - Balade Japonaise
Après l'Islande et la Corse l'année dernière, je continue mon tour des îles. J'ai choisi un juste milieu entre ces deux îles : la chaleur corse et les précipitation islandaises, ça donne le Japon.
J'ai pas mal hésité avant de prendre mes billets vu que ce n'était pas du tout en haut de ma liste d'envie. Mais vu les complications administratives du pays qui m'intéressait le plus, et comme ma soeur est à Kyoto pour six mois, j'ai finalement choisi le Japon. Une fois la destination fixée, il m'a fallut trouver quoi faire. Comme d'habitude, je pensais faire une rando à pied. Mais les itinéraires "connus et balisés" (très souvent des pélerinnages) étaient soit trop urbanisés, soit bien trop courts.
Après de nombreuses tergiversation, j'ai donc choisi de partir en vélo. Grande première pour moi qui suis au mieux un cycliste occasionnel. Comme en plus je m'étais fait voler mon vélo de route fin 2016, autant vous dire que mon niveau de préparation atteignait des sommets. Cependant, le vélo me semblait le choix le plus adapté pour moi qui voulait en voir le plus possible et qui souhaitait à la fois voir des paysages mais aussi découvrir la culture. Et si le Japon est un pays très urbanisé, tout l'arrière pays montagneux est très tranquille avec de très belles routes, donc c'est parfait pour rouler.
Du coup, un peu moins d'un mois avant le départ j'ai acheté un vélo milieu-bas de gamme Décathlon (Triban 520 - spoiler alert: j'en suis très content). Je ferais un message détaillé sur le matos. Lors de mon départ, j'avais environ 530km et 9000m de D+ à mon actif, ce qui est peu. Je ressentirai bien ce manque de préparation.
J'ai aussi dû faire modifier mon billet d'avion pour inclure ledit vélo, ce qui m'a fait ajouter à la facture... 0€. 550€ A/R Lyon - Osaka avec un vélo, un bagage soute (46kg en tout) et un bagage cabine, merci Lufthansa (pour une fois que j'ai pas l'impression de me faire arnaquer en prenant l'avion). J'avais payé à peu près la même chose pour aller en Islande...
J'ai finis d'acheter le matos vélo (sacoche, etc.) deux jours avant de partir. Niveau organisation je suis pas mal je pense. J'ai fait le choix de partir avec une sacoche de vélo étanche (20l) et un sac à dos étanche (22l) accroché au porte-bagage afin de me permettre de me balader facilement avec mes affaires sensibles sur le dos en cas de besoin. Vu que je n'ai jamais eu peur pour mes affaires (et oui, c'est le Japon), je ne me suis jamais servi de mon sac à dos autrement que sur le vélo. 40l en tout, c'est beaucoup et j'avais souvent de la place libre, mais au moins ce n'était pas prise de tête pour le chargement ou pour chercher un truc, donc ça me va. Je ferais un post sur le matos, même s'il n'y a rien de révolutionnaire et aucun poids (je n'ai pas de balance). Je pense rester dans le thème vu la simplicité de la liste.
Au niveau de la préparation de l'itinéraire, ça s'est fait au feeling sur Google Maps. Toutes les routes goudronnées (et même certaines non revêtues) ont droit à Street View, donc c'est vraiment facile de préparer un itinéraire au petits oignons. Je n'avais que quelques points de repères : départ (Onomichi, pour la route des îles), les villes de ferry pour circuler entre les îles et à travers les baies, deux points remarquables (Fuji et un autre truc) et arrivée (Tokyo). Voici le parcours que j'ai suivi :
Il est en trois parties :
- Shikoku (rouge) : 435km, très montagneux
- péninsule de Kii (vert) : 452km, beaucoup de littoral (mais jamais plat) et un peu de montagnes sans trop d'altitude
- Honshu (bleu) : 754km, beaucoup de littoral (quasiment jamais plat), de la montagne.
Les distances sont les distances "utiles" ; avec tous les petits tours et détours que j'ai pu faire, mon compteur m'indique que j'ai fait environ 2100km.
Je ne peux malheureusement pas indiquer de D+, car il y a beaucoup (mais vraiment beaucoup) de tunnels, donc ça fausse les altitudes des traces gpx. J'ai essayé de ne pas mettre de points dans les tunnels, mais même comme ça le profil est faussé. Je pense qu'en moyenne j'étais entre 700 et 1000m de D+ par jour, avec parfois de grosses montées (cols), mais aussi souvent de petites variations. Les routes côtières sont par exemple un enchaînement fatiguant de petites ondulations de 20 ou 100m de dénivelé.
Au fur et à mesure de mon avancement j'ai de moins en moins suivi ma trace prévisionnelle, la dernière partie se faisant quasiment en improvisation avec l'aide de Maps. Je ne le regrette pas vu que c'est là ma partie préférée. Par contre j'ai eu le droit à un A/R de plus de 100km (facilement visible sur la trace bleue) à cause d'un col fermé...
Au niveau du retour, il va se découper de la sorte :
- intro (on y est)
- Partie 1 : départ et Shikoku
- Partie 2 : de Shikoku à Kii
- Partie 3 : Péninsule de Kii
- Partie 4 : Honshu
- Partie 5 : Fin
- Conclusion & logistique (faq : faire du vélo au Japon)
- Matériel
Pour ceux qui seraient intéressés pour faire du vélo au Japon, le plus intéressant sera probablement la conclusion.
Voilà, maintenant il ne me reste plus qu'à raconter trois semaines magnifiques.
Dernière modification par Shanx (20-06-2017 21:37:52)
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#2 20-06-2017 21:43:05
- Ezequiel54
- MULimaliste
- Lieu : Lorraine
- Inscription : 19-10-2016
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Hâte de lire tout ca Shanx
Hors ligne
#3 20-06-2017 22:30:28
- Vacuité
- Membre
- Inscription : 23-10-2014
Re : Vélo - Balade Japonaise
Le "teasing" est tout simplement ignoble...
Je m'abonne !
Il n'y a pas de vie, il n'y a pas de mort. Il n'y a que vacuité.
Hors ligne
#4 21-06-2017 05:36:19
- René94
- Membre
- Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
- Inscription : 30-12-2009
Re : Vélo - Balade Japonaise
Après l'Islande et la Corse l'année dernière, je continue mon tour des îles. J'ai choisi un juste milieu entre ces deux îles : la chaleur corse et les précipitations islandaises, ça donne le Japon.
Au moins, on est prévenus
Comme d'habitude, je pensais faire une rando à pied. Mais les itinéraires "connus et balisés" (très souvent des pélerinages) étaient soit trop urbanisés, soit bien trop courts.
Mais si, dans les Alpes japonaises, on peut préparer de longs itinéraires avec le site Yamareco.
Pour Yamareco, utiliser la traduction en français pour s'enregistrer avec un login/mot de passe.
"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi
Hors ligne
#5 21-06-2017 07:15:52
- florencia
- Membre
- Lieu : 71
- Inscription : 11-11-2011
Re : Vélo - Balade Japonaise
Salut Shanx,
Alléchant comme préambule
Je ne pourrais pas le suivre en direct, mais je le garde dans un coin de ma tête pour plus tard
La photo d'entête est superbe, bon cadrage et très beau reflet
Flo
Réalisations DIY
_ _ _ _ _ _ _ _ _
"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.
Hors ligne
#6 21-06-2017 07:54:15
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Shanx a écrit :Après l'Islande et la Corse l'année dernière, je continue mon tour des îles. J'ai choisi un juste milieu entre ces deux îles : la chaleur corse et les précipitations islandaises, ça donne le Japon.
Au moins, on est prévenus
Au risque de te décevoir, je suis passé entre les gouttes. Je n'ai roulé qu'une seule journée sous la pluie, le reste du temps s'il pleuvait c'était la nuit (et heureusement vu comme ça peut tomber).
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#7 21-06-2017 12:15:01
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Intro - suite
Un collègue m'a prêté une housse de vélo avec de grands blocs de mousse. Voilà donc à quoi ça ressemblait :
C'est avec ces quelques bagages, pas forcément très lourd (en tout il y en avait pour moins de 35kg) mais assez encombrant que je suis parti de Grenoble à 6h du matin, pour arriver le lendemain à 10h à Kyoto (avec 7h de décalage horaire à ajouter à l'heure française). Entre temps, j'ai dû prendre deux trams, un bus, deux avions et un train. Comme en plus je n'ai pas réussi à fermer l'oeil du voyage, j'ai été des plus efficaces la première journée.
Après avoir retrouvé ma soeur à la gare, nous nous dirigeons vers mon hôtel (K's backpacker house, ~25€ la nuit en dortoir, personnel très sympathique). Il n'y a que 800m à faire, mais après ce voyage et en portant le vélo sous une chaleur déjà écrasante, ça m'a paru bien long.
Je reste deux jours et deux nuits à Kyoto, le temps de visiter rapidement même si la motivation n'est pas franchement là (je ne suis pas fan des endroits trop touristiques sous la chaleur). Je mets ici quelques photos issues de ces deux jours.
Les japonaises n'aiment pas le soleil, donc les ombrelles sont souvent de sortie
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#8 21-06-2017 17:27:12
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Partie 1 : Shikoku
Jour 1 : Onomichi - Imabari (85km, ~200m D+)
Le lundi matin, c'est le grand départ. Je descends en train à Onomichi (légèrement au nord d'Hiroshima), en prenant d'abord un Shinkansen (l'équivalent nippon du TGV) puis un train local. Mon vélo (complètement remonté) est dans un sac de protection de qualité fabriqué à coup de sacs poubelle 120l et de duc-tape. Les vélos doivent impérativement être intégralement emballés pour pouvoir prendre le train, c'est pour ça que je dois traverser plusieurs gares avec le vélo le moins facile à transporter au monde.
Ca c'est de l'emballage de qualité !
J'ai souhaité partir de Onomichi pour pouvoir emprunter le Shimanami Kaido. C'est une autoroute qui part de l'île principale (Honshu) pour arriver sur Shikoku en passant par tout un tas d'îles grâce à de grands ponts. Une piste cyclable d'environ 75km est aménagée et est réputée comme étant une des plus belles du Japon, voir du monde.
C'est donc vers 11h que je donne mes premiers coups de pédale en direction du premier pont. Je traverse Onomichi en achetant à manger pour mon midi (inutile, il y a des magasins partout). Petite surprise : le premier pont n'a pas de piste cyclable. Après vérification, en effet, la traversée classique se fait en prenant un petit ferry pour atteindre la première île. (Oui, parce que sachant qu'il y avait une piste cyclable, je n'ai pas du tout préparé cette partie de l'itinéraire). Mais bon, il y a une route à côté de l'autoroute, donc la traversée se fait bien. Au niveau du premier village je rejoins la piste cyclable, qui consiste simplement en un balisage particulier sur la route. Mais comme il y a très peu de circulation, c'est pas mal du tout. Et rapidement, je pédale tranquillement au bord de la mer du Japon.
Autour des ponts, la piste se sépare de la route pour nous permettre de traverser sans fréquenter les voitures. Ca donne un très beau passage sous un pont, mais aussi de bonne petites montées pour rejoindre les ponts. Dans une de ces montées, un cycliste arrive à balle en descendant, et en m'écartant pour lui laisser de la place je roule sur un serpent qui traversait la piste. C'est le seul serpent vivant (et mort, du coup) que je verrais de mon voyage.
La piste oscille donc entre littoral, ponts et intérieur des îles. Ca permet de voir aussi quelques villages et temples, des forêts de bambous, des chantiers navals... Finalement, après un dernier pont long de plusieurs kilomètres, j'arrive à proximité de Imabari. Je me dépêche de traverser la ville (pas passionnant) en direction du château, dans la cour duquel je rentre par l'entrée principale. Je prends quelques photos malgré les difficultés d'avoir un bon cadrage à cause des ombres. Il est 18h, le soleil est en train de se coucher (nuit à 19h30). En sortant par l'entrée de derrière, grosse surprise avec une vue sublime sur le château et son plan d'eau. Il y a un petit parc avec une table abritée, je m'installe là pour la nuit après une première journée qui m'a ravi à tout point de vue.
Avant de me coucher, je teste un des bâtons que j'ai amené pour pouvoir monter l'abri : il est bloqué, impossible de l'agrandir. L'improvisation atteint des sommets. Je jette le bâton en me disant que je trouverai un bambou pour le remplacer.
Premiers kilomètres le long de la mer
Et la piste cyclable sous le pont
Le dernier et plus long des ponts (l'île du milieu n'est que la moitié du pont)
Le château d'Imabari vu depuis mon lieu de "bivouac"
Jour 2 : Imabari - aire de repos d'Omogo (90km)
Le lendemain matin je suis réveillé très tôt (vers 5h) par le jour. Ce sera comme ça tout les jours. Il faut un petit moment pour s'habituer à ce rythme calqué sur les heures solaires. Ainsi, midi correspond plus ou moins exactement au milieu de la journée, au contraire de la France où il y a un décalage de 2h.
Avant de partir, je passe dans un conbini me prendre un petit dej à base d'onigiri (boule de riz avec quelque chose dedans) et retourne dans la cour du château. Un groupe de japonais fait de drôles d'exercices, notamment se forcer à rire pendant plusieurs dizaines de secondes. Ça fait un peu peur.
Le début de la journée n'est pas super passionnant vu que je dois sortir de l'agglomération et que ça se fait sur une route assez passante. J'ai déjà du mal, les jambes ne tournent pas bien. Je croise mes premiers champs de riz (photo ! juste pour la forme, parce que j'en verrais beaucoup et des mieux). Une montée assez raide me permet d'atteindre un tunnel ; le revêtement de la route est globalement très bon, même si par endroit le goudron est rainuré dans le sens de la progression, ce qui n'est pas super agréable avec mes pneus assez fins. Je ne sais pas pourquoi c'est fait comme ça, je croiserai cette configuration plusieurs fois. En descente c'est une plaie.
Je fais donc connaissance avec les routes de montagne japonaises. Quasiment systématiquement le col est zappé grâce à un tunnel. Du coup autant je déteste les tunnel en vélo, autant leur vision m'était parfois agréable car ça signifiait quelques dizaines ou centaines de mètres de D+ gagnés ainsi qu'un bref instant de fraîcheur sur les routes les moins fréquentées (sinon un instant de pollution).
Une courte descente plus tard, je quitte la route principale pour remonter une vallée secondaire sur une petite route des plus sympathique. J'adore l'ambiance de ce coin qui semble oublié. Parfois la route se rétréci au point d'à peine laisser la place à une voiture. Je traverse des zones de bambous, des rizières puis une forêts de pins tout droit. Au col se trouve un golf privé (les japonais semblent fans de golf) ; de l'autre côté la descente est très raide, je reste cramponné à mes freins jusqu'à ce que la route s'élargisse de nouveau.
En bas je me retrouve dans une très large vallée urbanisée et avec pas mal de circulation. Ce n'est pas franchement agréable, surtout avec la chaleur. Je fais une longue pause dans un conbini qui offre un petit espace pour manger (avec électricité, pratique). Ensuite je reprends la route, et peu après le début de la montée je peux enfin bifurquer sur une route bien plus tranquille. La montée est sympa, régulière et calme. Le col est l'un des deux seules de tout mon voyage avec un panneau ; de toute façon la plupart du temps la route passe par un tunnel, donc finalement j'aurais fait relativement peu de cols à proprement parlé. Un peu frustrant avec toutes les montées que je me suis tapé.
Le ciel se voile petit à petit, et la descente est presque fraîche. Au milieu de la descente se dresse un mur, quelques centaines de mètres à 15%. Ça fait mal. Je rejoins la vallée de Omogo, que je remonte tranquillement. Quelques kilomètres plus loin se trouve une aire de repos fermée. Elle m'offre un très bon abri, des toilettes, des robinets extérieurs parfaits pour me laver, et de l'électricité. Je décide de m'arrêter là pour la journée.
Il commence à pleuvoir en début de soirée.
Peu après la bifurcation vers le col
Jour 3 : Omogo - Motoyama (105km)
Il a bien plu cette nuit. Heureusement, si le ciel reste bien couvert, je peux pédaler au sec. Ça commence par un faux plat montant d'environ 5km jusqu'aux gorges de Omogo, très beau site naturel. Je pense que c'est assez touristique, mais à 6h du mat il n'y a pas grand monde. Je fais un petit A/R de quelques kilomètres pour les remonter et profiter du paysage. Avec les nuages c'était sympa au niveau de l'ambiance, mais pas top pour les photos ; je regrette un peu le temps des jours précédents.
Lorsque je rejoins la route, elle s'élève brusquement. C'est parti pour 1300m de montée en deux morceau. C'est parfois un peu raide (8, 10% ?) et sur la fin j'en bave un peu. En plus mes cuisses ne sont pas bien reposées des jours précédents et chauffaient dès le début de la montée. J'en avais parlé dans mon trombi, mais pendant une dizaine de jours, le matin j'avais l'impression de ne pas avoir reposé mes jambes, donc ce n'était pas facile du tout. Quoi, vous avez dit manque d’entraînement ?
Enfin bref, je monte à mon rythme "tout à gauche", mais je monte quand même. Moins d'un kilomètre sous le sommet, il commence à pleuvoir, donc je jette toutes mes forces dans la bataille. De toute façon c'est la dernière montée du jour.
Au sommet se trouve un petit magasin de souvenir où j'achète une sorte de beignet. Je le mange sous un abri où se trouve quelques écoliers ainsi que leurs accompagnateurs (aussi nombreux que les gosses). Ils sont rigolos à se tenir bien droit en écoutant religieusement les adultes, autant de discipline qu'à l'armée.
Je vais voir le temple, où un moine m'invite à entrer. Il essaie de m'expliquer à quoi servent certains outils, mais je ne comprends rien. Je crois que le seul mot d'anglais qu'il connaissait était "hello" (surtout qu'il m'a dit ça quand je suis parti), ce qui n'est pas très loin de mon niveau de japonais.
Il pleut franchement. J'enfile ma tenue de pluie, glisse ma casquette sous le casque (indispensable contre la pluie, surtout avec des lunettes), et c'est parti pour une longue descente humide. A chaque virage se trouve un miroir permettant de voir de l'autre côté, c'est super pratique. Toutes les routes de montagnes ont ça, c'est un gros plus lors d'une descente en vélo.
Le reste de la journée est à l'avenant. 90km sous la pluie, c'est long, surtout que même si c'est globalement descendant, c'est une succession de petites montées-descentes. Par contre le secteur est très sympa, avec de belles vallées creusées par d’impressionnantes rivières et de multiples lacs artificiels. La route croise de nombreuses cascades et ruisseaux.
J'arrive à Motoyama alors que la pluie se calme. Je fais quelques courses et vais me mettre sous l'abri du camping gratuit et désert. Je suis vraiment rincé (dans tous les sens du terme), donc je décide de faire une journée courte le lendemain.
Malheureusement je ne verrais que ce panneau
un peu avant le col. La route est à gauche ; elle s'appelle "skyline".
Jour 4 : Motoyama - Tsurugi (85km)
Je dors mal. Les moustiques me dévorent. C'est le déluge. Je fais une grasse mat' et me lève à 7h. Même si la pluie s'est arrêtée je ne suis pas très motivé, mais les moustiques m'attaquent en nombre donc je décolle. Je suis une route moyennement passante plutôt moyenne avant de franchir un col (i.e. un tunnel) qui me permet de passer dans la vallée d'Iya. La montée est courte mais intense, avec de bons passages à 10%. Il pleuviote de temps en temps, mais le temps se dégage au fur et à mesure.
la vallée d'Iya est célèbre pour ses ponts de liane. J'avais prévu de m'y arrêter pour la nuit, mais je n'ai fait que 45km et je n'ai pas trop envie de m'arrêter là. Je remonte donc la vallée (faux plat montant). J'ai vraiment une allure de sénateur et je mets tout à gauche dès que la pente dépasse les 4%. Oui, je mouline beaucoup, mais mes cuisses me remercient. Je passe par le village d'épouvantails, c'est un peu spécial. Sinon pas grand chose de notable, même si c'est plutôt sympa et très tranquille. Encore une fois, aucun cycliste alors que l'environnement s'y prête bien. Au col de Tsurugi je croise un daim. Je mange un plat de Udon (nouilles), bon et pas cher (4.5€) au resto du col. Je dors sous une avancé d'un bâtiment.
Le col de Tsurugi est le point culminant de mon parcours (1400m).
Arrivée au village des épouvantails
Dernière modification par Shanx (01-07-2017 15:40:49)
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#9 21-06-2017 19:24:01
- Magne2
- Membre
- Lieu : Vitry sur Seine
- Inscription : 23-09-2013
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Bonsoir
Merci de ce retour original , belles photos .
kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur
Hors ligne
#10 21-06-2017 19:51:42
- bebel
- Membre
- Inscription : 12-08-2016
Re : Vélo - Balade Japonaise
Un sujet que je vais lire attentivement, comme le retour de SAKKADOS sur le GR10.
EDIT : remplacement de car par comme
Dernière modification par bebel (22-06-2017 07:45:00)
Hors ligne
#11 21-06-2017 20:05:51
- Myrtille88
- Membre
- Lieu : Provence
- Inscription : 30-09-2009
Re : Vélo - Balade Japonaise
Ah oui
Joli mix : Islande Corse
Un beau voyage dont je réserve la lecture pour mon retour.
Myrtille
Hors ligne
#12 21-06-2017 23:08:24
- kodiak
- Pas assez léger, mon fils!
- Inscription : 09-06-2014
Re : Vélo - Balade Japonaise
J'aime pas le vélo, le Japon ne me dit rien, mais ton récit est agréable et les paysages sympa. La suite!
Hors ligne
#13 22-06-2017 09:28:36
- shyguy
- Membre
- Lieu : Lyon
- Inscription : 10-01-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Hello,
Super, merci pour le récit dépaysant.
<- mes photos sur Flickr en cliquant sur "Site Web".
Hors ligne
#14 22-06-2017 12:36:14
- DOM42
- Membre
- Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
- Inscription : 17-03-2009
Re : Vélo - Balade Japonaise
Une vraie découverte pour moi ce pays,et un projet très original
Dernière modification par DOM42 (22-06-2017 12:36:35)
Hors ligne
#15 23-06-2017 13:26:53
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Jour 5 : Tsurugi - Yura (135km)
Je n'ai pas bien dormi. Malgré mon quilt 350 j'ai eu froid, alors que la température n'a pas dû descendre sous les 5°.
En fait hier j'ai menti. Tsurugi n'est pas un col, vu qu'il y a un petit tunnel pour passer de l'autre côté de la montagne. Dès les premiers mètres, mes jambes tirent comme si j'étais déjà en fin de journée ; heureusement, je commence par une longue descente, d'abord sur une mauvaise route (le moins bon revêtement de mon parcours), puis sur une route moins raide mais plus large et de meilleure qualité sur laquelle je peux avancer à vive allure. Je dérange un troupeau de daims qui se baladait au bord de la route. Ils grimpent le raide talus du bord de la route à une vitesse impressionnante.
La descente se termine par un faux plat qui hésite entre monter ou descendre ; dès que ça monte, je suis obligé de tout mettre à gauche (touriste). Finalement je quitte la route qui devient de plus en plus passante pour prendre une route secondaire qui monte sec en direction d'un autre col tunnel. L'ambiance est plutôt sympa au milieu de la forêt avec le soleil du matin. La descente se fait encore le long d'une rivière sur une route déserte.
Au fur et à mesure que je me rapproche de Tokushima, la route devient de plus en plus chargée et de moins en moins intéressantes. La traversée de l'agglomération en direction du départ du ferry est longue et chaude. J'étais mieux dans les montagnes.
Au ferry (environ 23€ pour 2h de traversée), l'employé m'indique en anglais que le bateau part à 11h ("ferry leaves at eleven o'clock") ; mais son accent japonais est tellement prononcé que je lui réponds que je ne comprends pas le japonais... On répète ça trois fois, avant que je comprenne ce qu'il veut me dire (et encore, parce que je savais déjà que le ferry partait à 11h). Avant d'embarquer j'échange quelque mot avec un cyclotouriste japonais (l'un des deux seuls que je croiserai). C'est plutôt sympa, mais ça reste limité vu son niveau d'anglais.
Le voyage se passe bien et le débarquement se fait à l'heure prévue, à la minute près. La suite de la journée n'est pas super intéressante : il s'agit d'abord de quitter Wakayama, puis de suivre une route assez passante le long de la côte. Si le profil ne montre pas de gros dénivelé, l’enchaînement de petites bosses sous la chaleur écrasante est fatiguant. Plus loin je trouve une route qui reste au bord de l'océan tout en étant plus tranquille, même si ça augment le dénivelé. Après le dernier col/tunnel de la journée (150m quand même, sachant qu'on est sur la côte) se trouve un très beau temple désert où aurait été inventé la sauce soja japonaise.
Finalement je m'installe à dans un petit parc à la sortie de Yura pour la nuit. C'est une petite ville de 5000 habitants, mais elle accueille un navire gazier de taille impressionnante.
Il y a beaucoup de moustiques, mais encore plus de vent. Je suis obligé de changé plusieurs fois d'emplacement, et je termine à moitié dans les toilettes, ce qui me force à me battre avec le détecteur de mouvement pour pouvoir dormir sans me prendre la lumière dans la tronche à chaque mouvement. Comme elle reste allumée super longtemps et que je me trompe deux fois de détecteur à masquer, je perds pas mal de sommeil...
Après le ferry, une fois la route principale quittée
Jour 6 : Yura - Kawayu (120km)
Réveil encore une fois assez tôt, surtout que deux personnes sont allées aux toilettes à 5h. J'ai vite tout remballer pour ne pas passer pour le touriste sans gène.
Pour ce soir je me fais un petit plaisir en me dirigeant vers un onsen (bain chaud) gratuit dans la plus pure tradition islandaise. Mais en attendant, j'ai ma centaine de kilomètres quotidienne à faire. Le début est dans la même veine que la veille, avec une petite route côtière qui monte et descend tout le temps. Malheureusement assez rapidement je récupère la route 42 qui monte et descend pareil, mais avec la circulation en plus. Arrivé à Kamitonda je quitte le littoral pour prendre la route 311. Elle est plutôt sympa et remonte dans une vallée qui se rétrécie de plus en plus autour d'une rivière.
Au niveau d'un embranchement, je reste sur la 311 qui prend le nom de "Kumano highway" (ce n'est en rien une autoroute). Un centre d'information explique qu'on est au départ du pèlerinage Kumano Kodo qui permet de relier trois gros temples bouddhistes / shinto en passant par plein de petits sanctuaires et temples et est inscris au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO. Je décide donc de changer mon itinéraire pour me permettre de passer par les trois temples principaux. J'en profite pour faire une bonne pause au frais avant de reprendre la montée.
Un peu avant le tunnel (qui représente un col, vous avez compris le principe ?), je vais voir sur une route secondaire et je me retrouve devant des petites rizières en terrasse. La classe.
La descente est jouissive. La route descend régulièrement et vole à travers la vallée. Sur la fin les tunnels s’enchaînent, mais les anciennes routes contournent les avancés montagneuses donc je zappe certains tunnels. Ça me permet d'avoir de beaux points de vue sur les vallées et la rivière en contrebas.
Un dernier tunnel me fait passer dans une vallée parallèle où se trouve une petite station thermale. Un onsen se trouve sur les bords de la rivière. Mais finalement je passe plus de temps dans l'eau fraîche, ça fait du bien. J'aime imaginer que ça aide à la récupération de mes cuisses qui me font toujours aussi mal.
Juste au dessus se trouvent des toilettes qui forment un abri parfait pour dormir. En plus y'a de l'électricité. Pour changer, cet après-midi j'avais plus mal aux fesses qu'aux cuisses. Peut-être qu'un jour je n'aurais mal nulle part ?
Au lieu de construire un gros temple, pourquoi ne pas construire un petit sanctuaire avec une miniature de temple ?
Premières rizières en terrasse
La route vole à travers les montagnes
Bain chaud extérieur (et gratuit) au bord d'une rivière
Jour 7 : Kawayu - Nachi (70km)
Aujourd'hui je me prévois une journée tourisme un peu plus light, avec la visite de deux temples importants. Mais pour commencer, entre 5h et 7h30 je me baigne en alternant rivière (c'est frais) et onsen. C'est vraiment agréable et je profite du lever de soleil différemment de d'habitude.
Ensuite j'ai quelques kilomètres jusqu'au premier temple, Kumano Hongu-taisha. Il est encore relativement tôt, mais il commence déjà à y avoir du monde. Je me balade aussi dans les alentours, où se trouve le plus grand torii du Japon à l'emplacement originel du temple (déplacé pour ne plus subir les crues de la rivière).
Je rejoins ensuite la côte en suivant cette rivière. La route n'est pas trop passante, les paysages sympas... J'aime bien. Après avoir suivi le littoral sur une dizaine de kilomètre, je retourne dans l'intérieur des terres pour monter au deuxième groupe de temple (Kumano Nachi-taisha), connu pour sa pagode sur fond de cascade. Il y a de nombreux temples, mais beaucoup de monde et de magasin, ce qui donne l'impression d'être dans un centre commercial. Dommage... J'avais prévu de dormir dans le coin, mais je ne trouve pas d'emplacement (sans chercher vraiment à fond), donc je décide de retourner à Nachi pour dormir au bord de l'océan. La baie est formée par une grande plage bordée par une pelouse avec des tables protégées par des pergolas supportant des plantes grimpantes. Je me cale à un de ces endroits, pas loin de toilettes avec des robinets extérieurs et un tuyau qui me fournit une douche de qualité.
Le soir quelques japonaises viennent faire du yoga à proximité, puis une mère et ces deux enfants viennent s'amuser avec des feux d'artifices. Malheureusement ça ne fait pas fuir les moustiques. Je pense que je suis en train d'établir un record du nombre de piqûres. Dire qu'en France je ne crains pas les moustiques...
Lever de soleil sur la rivière et les sources chaudes
Jour 8 : Nachi - Shimokitayama (70km)
Deuxième journée plutôt tranquille afin de laisser mes cuisses un peu tranquille. Vers 5h45, alors que je suis en train de me préparer, une petite vieille vient me parler. Ca fait plaisir, elle parle plutôt bien anglais donc nous pouvons vraiment échanger. Quand je lui explique ce que je fais, elle a la même réaction que tous les japonais avec qui j'en parle : "Sugoiiiii!" ("Incroyaaaaable", et je n'exagère pas sur la durée de la dernière syllabe). Elle me demande carrément de monter sur mon vélo pour pouvoir me prendre en photo.
La journée commence en revenant sur mes pas de la veille pour aller voir le troisième et dernier temple (Kumano Hayatama-taisha) à 15km de là. Vu qu'il est tôt, les magasins sont fermés et je suis absolument seul hormis quelques moines, donc c'est plus agréables que les temples de la veille.
La suite se fait d'abord le long du littoral. Même si c'est modérément passant, c'est plutôt moyen donc je suis plutôt content lorsque je bifurque vers l'intérieur des terres. Le secteur est en plus très sympa et la montée assez tranquille même si sur la fin ça se raidit. Enfin j'arrive au seul point que j'avais fixé dans mon parcours avant mon départ : Maruyama Senmaida, un site de rizières en terrasse assez impressionnant. J'y reste un bon moment, surtout qu'il n'y a personne. Je repars lorsque des bus de japonais arrivent... J'étais descendu au milieu des rizières, la montée pour reprendre la route est raide et franchit allégrement les 15%.
La route descend ensuite tranquillement en direction d'une autre vallée, qu'il s'agit de remonter sous un soleil de plomb. Je pense que ça a été un des moments les plus chauds de mon parcours (35, 36° ?). Sur la fin, je suis bêtement les panneaux qui annoncent ma destination plutôt que de suivre ma trace, donc je gagne 10km de distance, mais je me tape une montée de 3km à environ 15% pour accéder à un tunnel. Le soleil tape sur les falaises, il n'y a pas un souffle d'air, mes cuisses pleurent et moi je souffre.
C'est donc doucement que je continue jusqu'à Shimokitayama, petit village blotti sous un gros barrage. Une fois n'est pas coutume, je vais me poser au camping dans l'espoir d'avoir une douche et du wi-fi. La gérante me dit d'attendre quelqu'un qui parle anglais, qu'elle appelle. Quand il arrive, il ne sait dire qu'une seule chose : "sorry, I don't speak english". A grand coup de traducteur automatique, nous arrivons vaguement à nous comprendre. Je n'aurais pas de douche, mais une entrée à l'onsen du coin. Cette fois-ci il n'est pas sauvage, donc me voilà à poil au milieu des vieux japonais. C'est une expérience. Je passe beaucoup plus de temps dans le bain d'eau froide que dans les autres.
Lever de soleil depuis le sac de couchage
Entrée de Kumano Hayatama-taisha
Peu après avoir quitté la route du littoral
Rivière issue du déversoir du barrage
Jour 9 : Shimokitayama - Minamiise (130km)
J'ai dormi sous les arbres, mais pas assez, alors mon quilt est mouillé. Dommage.
Comme d'habitude je pars tôt. Il faut d'abord monter sur le barrage, puis ensuite suivre le lac dont le niveau est malheureusement assez bas. Mais passé les ouvriers sur le barrage, je ne croise absolument personne, donc je savoure. Quelques kilomètre plus loin, je dois passer un pont qui est fermé et barricadé. Sauf que si je ne peux pas passé, je suis complètement bloqué et dois faire radicalement demi-tour, donc ça ne me motive pas trop. Du coup je fais mon rebelle et je passe outre.
Et je fais bien ! C'est désert (forcément) et super cool. Je passe un second barrage et continue à longer un lac qui se rétrécit petit à petit jusqu'à ce que je me retrouve à remonter une rivière dans une petite vallée. A un moment je vois un petit sentier au bord de la route, donc par curiosité je vais voir en laissant le vélo. Je me retrouve devant une superbe cascade. Moment magique.
Je continue de remonter la vallée jusqu'à un tunnel à l'autre bout duquel des ouvriers travaillent ; j'ai tout juste la place de passer. De l'autre côté, je fais une petite pause lorsqu'un ouvrier vient me voir pour me dire que le tunnel est infranchissable. Oups, fallait me le dire avant. J'attaque la longue descente. Encore une fois les paysages sont magnifiques (je commence à être à court de superlatifs). Encore une fois un sentier me fait de l’œil, donc je vais voir. Il ne mène nulle part, mais je me retrouve au milieu d'une horde de singes. Ils s'enfuient tous sauf un qui me surveille. J'arrive à lui voler une photo floue. Finalement j'atteins un petit village et je croise une voiture, la première en 40km. Autant vous dire que ça a été une de mes portions favorites.
J'arrive à Aiga, où je mange au supermarché. Le reste de la journée consiste à 90 km sur la route côtière 42, rien de bien passionnant... A Minamiise se trouve un petit parc avec toilettes et un abri, parfait pour dormir.
Il pourrait faire peur s'il ne louchait pas
Dernière modification par Shanx (01-07-2017 15:47:58)
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#16 23-06-2017 14:23:01
- kenji
- Membre
- Inscription : 01-04-2015
Re : Vélo - Balade Japonaise
Super récit, merci
Tu n'avais pas de moustiquaire ?
Hors ligne
#17 23-06-2017 22:05:48
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Super récit, merci
![]()
Tu n'avais pas de moustiquaire ?
Un moustiquaire ? Pour quoi faire ?
Non, pas de moustiquaire. En même temps j'avais la flemme de monter ma tente, du coup je ne l'ai pas montée une seule fois.
Mais le lendemain du dernier jour raconté j'ai acheté une bombe anti-moustique qui a largement soulagé mes tourments.
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#18 24-06-2017 08:38:00
- micolett
- Qui marche au pied-de-biche
- Lieu : lyon
- Inscription : 16-01-2006
Re : Vélo - Balade Japonaise
Miam!
C'est le Japon que j'ai aimé, mais partiellement à pieds et surtout en stop!
Hors ligne
#19 25-06-2017 11:26:28
- bohwaz
- Membre
- Inscription : 26-04-2011
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Super chouette ce récit, mais flippants ces épouvantails je trouve ! ^^
Trombi: Australie, NZ, et les autres…
Some nomads are at home everywhere.
Others are at home nowhere,
and I was one of those.
— Robyn Davidson
Hors ligne
#20 25-06-2017 15:36:31
- oli_v_ier
- Administrateur
- Inscription : 24-01-2005
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Encore !
La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.
Hors ligne
#21 26-06-2017 19:27:01
- domweb
- Membre
- Lieu : Marseille / Jausiers (04)
- Inscription : 19-10-2011
Re : Vélo - Balade Japonaise
Magnifique, merci beaucoup !
Si j'avais une pensée profonde à exprimer ici, je serais déjà couché. Alors, je veille...
Hors ligne
#22 26-06-2017 21:25:57
- nobru75
- Membre
- Inscription : 17-01-2010
Re : Vélo - Balade Japonaise
merci !
je ne connais pas du tout le japon, j'imaginais cela dense . je suis surpris de ces portions desertes et avec quelles facilités tu bivouaques dans ce qui apparait comme un jardin public !
l'omnipresence des temples est notable
les rivieres sont magnifiques, as tu vu des pecheurs à la mouche ?
A+
Hors ligne
#23 27-06-2017 11:02:44
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Merci pour vos messages
Super chouette ce récit, mais flippants ces épouvantails je trouve ! ^^
Oui, c'était assez particulier. Si j'ai bien compris, c'est un village qui a été déserté à cause de l'exode rural, et donc quelqu'un a pris sur soi de le repeupler.
merci !
je ne connais pas du tout le japon, j'imaginais cela dense . je suis surpris de ces portions desertes et avec quelles facilités tu bivouaques dans ce qui apparait comme un jardin public !
Ah oui, j'ai bivouaqué à peu près n'importe où, et sans aucun souci (sauf un fois, et encore... J'en reparlerai). C'est pas en France que j'oserai faire ça...
l'omnipresence des temples est notable
Je m'étais promis de tous les voir. Au bout d'un mment je ne m'arrêtais pas tout le temps.
les rivieres sont magnifiques, as tu vu des pecheurs à la mouche ?
Beaucoup de pêcheurs (d'ailleurs j'en parlerai), mais pas à la mouche il me semble, plutôt à la cuillère. Mais je ne suis pas un pro de la pêche du tout.
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#24 27-06-2017 15:11:57
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Jour 10 : Minamiise - Hamamatsu (120km)
Debout à 5h10 après une nouvelle nuit à me faire bouffer par les moustiques. Ils ont l'air d'apprécier le sang français.
Je passe manger un bout au conbini (miam les onigiris de bon matin) avant de décoller pour de bon à 5h45. Je veux prendre le ferry de 8h10 depuis Toba, à une bonne trentaine de kilomètre.
Il y a un peu de brouillard, ce qui donne une ambiance sympa à travers les rizières. En chemin je longe des voies ferrées et croise donc des trains remplis d'étudiants en uniforme, ce qui donne des wagons entier de mec habillés avec les mêmes chemises blanches. La route est calme et tranquille, et à 7h je suis au terminal du ferry. Je dois attendre un peu plus d'une heure avant de pouvoir embarquer.
55 minutes plus tard, je suis de l'autre côté de la baie. Avant de partir pour de bon je passe voir un phare et des cailloux. C'est toujours assez brumeux. Le début est assez vallonné, mais ensuite c'est radicalement plat. Première fois depuis que je suis au Japon que je roule sans aucun dénivelé pendant plus de 5km. Malgré tout j'ai l'impression de ne pas avancer et j'ai du mal à me motiver, d'autant que c'est pas super passionnant. La route enchaîne les longues lignes droites sur les bords desquels alternent villages et serres.
Bref, journée peu intéressante. Le moment le plus notable est quand j'achète (enfin) une bombe anti-moustique. Comme je n'ai rien trouvé dans les conbinis, je passe dans une pharmacie (un vieux magasin qui ressemble à un magasin d'artisanat local d'un village montagnard en France). Autant vous dire que je suis content que mon mime de "bombe anti-moustique" à la vieille vendeuse n'ait pas été filmé.
J'arrive finalement à un endroit qui est marqué comme un camping gratuit sur maps. Il n'y a rien à part des toilettes et des espaces pour des tentes. Mais il y a une cascade pas moche pas loin et une rivière juste en dessous, sympa pour se baigner. Dommage qu'elle soit trop tranquille et donc qu'il y ait des algues qui se déposent sur moi dès que je bouge. J'en profite aussi pour faire un brin de lessive.
Demain il pleut, donc je ne sais pas encore ce que je fais. J'aurais bien pris un jour complet de repos (encore et toujours pour mes cuisses), mais je n'ai rien en bouffe et le coin est désert.
Temple à proximité de l'arrivée. Entrée payante et déjà fermé, dommage.
Jour 11 : Hamamatsu - Sakuma (60km)
Il pleut sévère jusqu'à environ 8h. Ensuite ça se dégage rapidement, et à 10h je pars sous un grand soleil. Mes affaires ne sont pas sèches, et mon cuissard m'irrite. Je préfère puer que souffrir, mais pour la prochaine fois je prendrais un change histoire de limiter les deux.
Tout d'abord je rejoins tranquillement le centre-ville en passant par un temple que je n'ose pas trop visiter vu qu'il y a une cérémonie à l'intérieur.
Je mange avant de repartir dans les montagnes. J'improvise mon trajet au jour le jour, avec dans l'idée d'être autour du Fuji le lundi suivant vu que c'est le seul jour sans nuage prévu par la météo.
La route est d'abord un peu passante, mais ça se calme, surtout que je passe de l'autre côté de la rivière (fleuve ?) sur une route inconnue des voitures (en tout cas on dirait). C'est cool.
Après une journée plutôt tranquille, j'arrive assez tôt à Sakuma. C'est assez grand du fait de la présence d'une importante centrale électrique liée au barrage du dessus, mais je ne trouve pas de conbini. Pas grave, j'ai de quoi survivre. Je vais voir le camping qui ressemble plus à un camp qu'autre chose. Personne. Je vais me poser sur le golf voisin en attendant la nuit pour m'installer discrètement.
Mais alors que je suis en train de lire à côté d'un évier (parce que chaque trou du terrain de golf à un meuble de cuisine avec un évier et l'eau courant. Je ne sais toujours pas pourquoi.), un gars arrive en voiture pour prendre des balles rangées là. Par politesse, je lui demande si c'est le gérant du golf. Il me dit que non, mais qu'il va l'appeler. Vu que personne ne répond, il me dit d'attendre et il part le chercher en voiture. C'est gentil, mais j'en demandais pas tant.
Il revient et on discute difficilement en attendant le "camping master". Enfin arrive un petit vieux rigolo sur son scooter, son casque tressautant à chaque nid de poule.
C'est assez compliqué pour me faire comprendre. A la fin je déballe mes affaires pour leur monter mon système de couchage afin qu'ils comprennent que je cherche juste un abri pour la nuit, ce que le camping peut m'offrir vu toutes les terrasses des bungalows inoccupés. Le vieux me dit de le suivre au camping et il m'ouvre un bungalow en me rassurant : "no money, no money". Dit comme ça ça parait rapide, mais toutes ces discussions se sont faites avec uniquement "Bonjour" et "Merci" en mot en commun...
Bref, j'ai un très bel abri pour la nuit. Je suis content.
Petite cascade pas loin de mon départ
Le nombre de grosses rivières/fleuves m'a étonné
Jour 12 : Hamamatsu - Yaizu (80km)
C'est probablement la journée la plus frustrante de tout mon voyage (avec peut-être la dernière). Mais reprenons dans l'ordre.
Cette nuit, encore une fois, ça a été le déluge. Finalement je suis bien content d'avoir eu mon bungalow. Je me lève vers 5h et je ne traîne pas trop ; pourtant, il y a déjà un mec en train de jouer au golf et le proprio bricole les douches. Je lui dis au revoir et m'en vais sur mon fidèle destrier.
J'ai beaucoup hésité sur le parcours à suivre ; finalement j'ai décidé de remonter un peu dans les alpes japonaises avant de passer deux ou trois cols pour me permettre de revenir dans la région du Fuji. Je commence donc par remonter une petite vallée dans la fraîcheur brumeuse du matin. Je ne croise personne, et cette solitude dans le brouillard donne une super ambiance. Je passe un col (pas de tunnel !) et redescends rapidement de l'autre côté. Ma roue arrière se comporte bizarrement, comme si elle était voilée alors qu'elle ne l'est pas. Je rejoins une vallée plus importante, que je remonte sur quelques kilomètres.
J'atteins un village au niveau duquel je dois bifurquer vers le premier col, le plus haut. Je tourne un peu mais je ne trouve pas de conbinis. Je fais une petite pause sur un pont. Juste avant que je reparte, une femme vient me voir et me propose de venir faire une pause dans son magasin. C'est un peu compliqué pour la comprendre, vu qu'elle doit utiliser la traduction automatique sur son téléphone. Et quand je suis à côté de mon vélo et qu'on me demande "Break?" ("pause" ou "cassé"), il peut y avoir confusion sur ce qu'on me demande.
Me voilà donc dans une salle/musée avec des tables, et des serpes et des scies présentées sur les murs. Étrange... Elle m'amène deux barres céréales et du café froid ("free!") puis elle me laisse. Les barres sont bonnes, mais j'ai horreur du café. J'en bois quand même la moitié pour ne vexer personne.
Je retourne dans le magasin discuter un peu avec les deux tenancières. Elles sont super sympas et très curieuses de ce que je fais ("Sugoiiiiiiii!") et d'où je viens. On rigole bien avec les réponses à côté de la plaque des traducteurs automatiques.
Elles me demandent où je vais ; après que je l'ai dit, elles m'annoncent que le col est fermé... Une d'entre elle appelle plusieurs personnes pour avoir confirmation. C'est confirmé.
Je n'ai plus qu'à redescendre jusqu'à Hamamatsu, mon point de départ de la veille. Chouette. Ça explique le gros A/R sur mon tracé. J'ai perdu 100km et une journée pour une partie certes sympa, mais pas transcendante au point de mériter ce détour. Au moins la route est sympa, même si je rejoins assez rapidement la route de la veille (au niveau de la photo avec la légende "Petit affluent").
Une fois de retour à Hamamatsu, je veux me diriger au plus court vers le Fuji. Le but est maintenant d'en faire le tour, puis d'aller me balader sur la péninsule d'Izu avant de me diriger vers Tokyo. Le reste de la journée est donc peu intéressant car assez urbanisé. Je perds beaucoup de temps à chercher la bonne route, surtout que certaines routes deviennent tout d'un coup interdites au vélo.
J'arrive à Yaizu assez fatigué malgré ma courte journée. Je me pose dans un grand parc au centre de la ville, à côté d'un terrain de base-ball où s’entraîne une équipe de jeunes.
Jour 13 : Yaizu - Lac Sai (100km)
Nuit bof bof. Pourtant personne ne m'a dérangé.
Départ vers 6h. Je finis de traverser la ville puis suis la route côtière. Assez rapidement elle passe de l'autre côté de la montagne et là... C'est le Fuji. Et sans nuage, s'il vous plaît (parce que ce truc est un aimant à nuage, c'est super dur de le voir en entier). La route descend sur le pacifique (littéralement). Nouvelle ville à traverser. Piste cyclable le long de l'océan, cool... Ah ben non, elle est fermée pour travaux. C'est chiant. Sur la fin je passe prendre un petit dej dans un conbini. Au moment de repartir, mon pneu arrière est à plat. Plus que ça, il est même foutu tellement il est usé le long de la roue sur un côté. Je soupçonne d'avoir sous gonflé le pneu (pas de manomètre sur ma pompe à main). Il y a un magasin de vélo à 1km, la chance. Il est samedi matin, 8h, mais on est au Japon.
Le magasin est fermé, alors je m'installe devant et commence à tout démonter. Un gamin sort, me voit et va chercher quelqu'un. Sa mère sort, me voit et va chercher quelqu'un. Son père sort, me voit et viens prendre de mes nouvelles. Ils me vendent un pneu et me prêtent une pompe à pied pour que je puisse changer ma roue. J'ai perdu 1h (et 40€), mais je peux repartir. Moralité : la prochaine fois je prendrais aussi un pneu de secours.
C'est un peu compliqué de trouver son chemin avec les routes interdites au vélo, mais finalement je passe dans les montagnes pour remonter au nord. Je rejoins la route touristique qui fait le tour du Fuji au niveau des chutes de Shiraito. L'endroit serait magique s'il n'était pas si touristique, dommage. C'est valable pour le reste de la journée, même si les vues sur le Fuji sauvent un peu les meubles. Je me balade autour du lac Motosu (la vue sur le Fuji des billets japonais à été prise ici) avant de terminer ma journée au bord du lac Sai.
Il y a un musée de plein air qui prend la forme d'un village traditionnel. Le soir le Fuji se reflète dans le lac, c'est joli. Dommage que des mecs nettoient des barques sur les rives, ce qui cause de nombreuses rides qui viennent briser le reflet.
(Attention, beaucoup de photos du Fuji, mais je sais pas lesquelles choisir)
Juste pour avoir le Fuji sans nuage et mon vélo sur la même photo
Dernière modification par Shanx (01-07-2017 15:52:27)
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
Hors ligne
#25 28-06-2017 10:24:29
- shyguy
- Membre
- Lieu : Lyon
- Inscription : 10-01-2012
- Site Web
Re : Vélo - Balade Japonaise
Hello,
encore merci pour ce récit qui donne une vue originale du Japon, et les photos qu'on peut voir en grand. Trop bien !
<- mes photos sur Flickr en cliquant sur "Site Web".
Hors ligne