[Récit + liste] La volta a tot un pais - Tour de l'Andorre 5 étapes !

Joy Supertramp · 27-08-2020 21:25:22

Bonsoir tout le monde !

Je trouve enfin quelques heures pour vous raconter l'une de mes petites expéditions de cet été 2020. Cette année en effet, pas de grande traversée au programme, faute de temps disponible, mais je m'attache quand même à me ménager quelques respirations afin d'aller crapahuter en montagne !

L'idée de faire ce tour de l'Andorre m'était venue il y a déjà quelques temps, il me semble à la lecture de topos sur internet. C'est un sentier balisé sous forme de GRP, donné pour 7 étapes, 110 kms et 8732m de dénivelé. Je ne suis pas ultra fan de suivre un sentier balisé, je me suis (relativement) ennuyée l'an dernier sur le GR10, mais pour autant, ça reste à mon avis un bon moyen pour découvrir un espace que de suivre un itinéraire sans trop se prendre la tête. En plus, cette année je suis professionnellement bien occupée et je n'ai pas eu beaucoup de temps disponible pour préparer un quelconque itinéraire, ce GRP tombait donc à pic !

Grande nouveauté, je ne suis pas partie toute seule cette fois-çi, j'ai été accompagnée par Yoann, un très bon ami à moi. Nous n'avions que très peu marché ensemble pourtant jusqu'alors, mais cet été il a eu, à l'inverse de moi, beaucoup de temps pour randonner ! Après un chemin cathare, un tour du biros, un tour des Pérics et plusieurs randos à la journée, je partais donc avec un compagnon mulet mais bien affuté, désireux d'aller se tester sur des dénivelés plus conséquents qu'à son habitude.

Puisqu'on partait à deux, j'en ai profité pour raboter ma liste au maximum. L'idée était de voir si je pouvais m'affranchir de mes derniers items confort, de mes dernières peurs. J'ai également fait quelques gros changements cet été en termes de matériel, que je vous laisse découvrir tout de suite avec la liste :

item	marque		Nombre ou jours	Poids unitaire	poids total	sur moi	dans sac
Poids"
ABRI					855		855
tente	3F UL	Lanshan 1 pro	1	855	855

COUCHAGE					936		936
Duvet	cumulus	Quilt 250	1	500	500
Matelas	Therm-a-rest	néo air X lite Women	1	340	340
oreiller	D4	gonflable	1	96	96

PORTAGE					885		885
Sac à dos	Osprey	Tempest 30	1	830	830
dry sac	Sea to summit	8L	1	55	55

CUISINE					451		451
popote	ti time	550ml	1	99	99
Réchaud	msr	pocket rocket 2	1	73	73
Réchaud		briquet	1	10	10
cuillère	titane	Lixada	1	15	15
Combustible	Cartouche gaz	primus	1	104	104
filtre a eau	Katadyn	Be Free 1L	1	51	51
filtre a eau	Katadyn	Flasque 1 L	1	29	29
poche a eau	platypus	2L	1	36	36
emballage kiri			1	18	18
emballage lyo			1	16	16

VETEMENTS					1381	541	840
T-shirt ML	D4	Merinos Gym	2	150	300	x
polaire	D4		1	170	170
Short	D4	convertible	1	250	250	x
collant	D4	Mérinos	1	150	150
Veste Imper respi	Patagonia	Torrentshell	1	300	300
chaussettes	X socks	Trek summer	2	50	100	x
Culotte	Ice breaker	siren merino	1	21	21	x
Boxer	Ice breaker	sprite hot merino	1	20	20
Brassière	Ice breaker	sprite racerback	1	30	30	x
Buff	D4	merino	1	40	40	x

CHIEN					146		146
tapis	D4	mousse recoupée	1	76	76
laisse	D4	escalade diam. 3 mm	1	70	70

CONSOMMABLES					5903		5903
Lyophilisé	divers		1	140	140
semoule	maison	avec legumes secs	4	80	320
porridge	maison		5	110	550
Graines & fruits secs	maison		6	40	240
snack salés			6	50	300
thé	maison		5	2	10
crackers	bio	2 paquets de 200 gr	6	50	300
chocolat	u		6	17	102
gâteaux	divers		6	30	180
barres énergie			7	33	231
kiri			12	20	240
gaz			1	90	90
eau			2	1000	2000
croquettes			3	400	1200

HYGIENE					233		233
Brosse à dents			1	10	10
Dentifrice			1	27	27
savon	diy		1	20	20
stick lèvres	dermophil		1	11	11
creme solaire	avène	SPF 50	1	60	60
mouchoirs			2	20	40
bouchons oreille			1	2	2
pharmacie			1	63	63

DIVERS					342	250	92
lampe	D4	vélo	1	15	15
argent			1	15	15
téléphone	XIAOMI	Mi A2 Lite + coque	1	210	210	x
casquette	D4 Kalenji		1	40	40	x
kit reparation	rustines, colle		1	50	50		rustines, colle, briquet secours, fil, aiguille.
serviette	D4	Microfibre recoupée	1	12	12

SUR MOI en plus					1150	1150	0
chaussures	salewa	SpeedBeat 40	1	700	700	x
bâtons	D4		2	225	450	x

TOTAL SAC SEC					4438
AVEC CONSOMMABLES					10341
AVEC SUR MOI					12282

Les innovations majeures :

- L'achat d'un quilt Cumulus 250. J'ai craqué après avoir vu celui d'Azerty fin juillet. C'était un achat que je voulais faire depuis longtemps ! Gros gain de poids sur ce poste puisque je gagne 400 gr par rapport à mon précédent duvet, tout en ayant un truc à priori plus chaud ! J'ai adoré. Je ne sais pas pourquoi j'ai pas passé le cap avant. C'est tellement génial d'avoir plein de place pour les jambes ! J'ai jamais eu froid, j'ai souvent eu trop chaud (je ne suis pas frileuse). Il est suffisamment long pour que je puisse me l'enrouler autour de la tête si besoin, j'en suis ravie !

- Remplacement de ma frontale Petzl artic core à 80gr beaucoup trop puissante par une petite lampe à 10 € de chez décath, initialement concue pour les cyclistes(voir ici) Pareil, encore un truc piqué à Azerty mais en même temps, ça faisait un paquet de rando que je me disais que ma frontale était juste là au cas où, alors bon ... Il était temps d'alléger ce poste. Rechargeable par USB, j'ai du l'allumer 15 minutes en tout et pour tout, c'est largement suffisant.

- Aucune solution de recharge. Déçue du Stodeus l'an passé, il est resté au placard depuis. Mon smartphone, en mode avion et économie d'énergie, avec le GPS allumé en permanence tous les jours mais sans suivi de trace, est rentré au bout du 6ème jour avec 30% de batterie, malgré un usage un peu plus intensif avec connection à internet un soir. C'est vraiment large, je pense ne plus amener de panneau solaire à l'avenir, seulement un chargeur si je pars plus de 8 jours.

- Pas de doudoune, seulement la polaire. Encore une fois, il était temps de vérifier si j'en avais réellement besoin. Verdict : oui. Je me refroidis facilement le soir au bivouac après l'effort. Là, nous avons eu des températures clémentes, donc ma solution polaire + veste imper/respi à suffit, mais clairement, il n'aurait pas fallu que nous perdiions un ou deux degrés sans quoi j'aurais trouvé le réveil moins agréable.

- Pas de jambes de pantalon. Ce n'était pas mon premier test, mais là, c'est définitivement validé pour les mois de juillet et aout. Je n'en ai jamais ressenti le besoin.

- Pas de couteau. Je n'ai pas pris de saucisson, donc pas d'utilité. J'ai galéré à tartiner mon premier kiri et ensuite j'ai trouvé la technique. Ceci dit, Yoann avait le sien qui nous a bien servi ... jusqu'à ce qu'il le perde et qu'on se rende compte qu'on peut couper un melon avec une carte européenne d'assurance maladie sans souci ! Il reviendra seulement si je reprends du saucisson.

- Pas de liseuse, pas de bouquin. Seulement une feuille de papier (le verso du tableau récapitulatif des étapes dans une pochette), et une page d'un bouquin de mots fléchés. J'avais pensé que partant à deux pour des journées assez grosses, nous n'aurions pas de temps mort à combler, mais nous avons été tout de même assez rapides et il y a des fin d'après-midi où lire m'a manqué. Je la reprendrai à l'avenir, après tout pourquoi s'alléger si ce n'est pour pouvoir emmener avec soi ce qu'on aime ?

- Changement de popote pour un équivalent de la toaks 550. J'ai pris 20 gr au passage mais j'ai gagné en volume et en stabilité sur le réchaud : c'est adopté. J'y loge la cartouche de gaz et ma cuichette + un briquet et un bout d'éponge, c'est tout ce que je lui demande !

- Abandon de toutes les housses inutiles : celle du matelas, celle de la popote, que je prenais jusqu'alors par habitude. Bon ça ne change rien, je vais continuer de ne pas les prendre !

- Remplacement du chapeau par une casquette. Moins protecteur, c'est sûr, j'ai du être plus vigilante sur la crème solaire mais sans soucis. Je profite mieux du paysage en étant moins enfermée sous ma visière et c'est agréable, je pense que je vais garder cette solution !

- Plus de gant de toilette, je me lave et m'essuie si besoin avec le même bout de microfibre, ça marche niquel, définitivement adopté.

- Remplacement d'un T-shirt manches courtes par un T-shirt manches longues : je n'ai pas assez bossé dehors au printemps pour avoir le bronzage qui va bien, j'ai cramé des bras plusieurs fois cet été, je préfère largement marcher en manches longues. Idéalement j'aurais voulu en trouver un avec capuche mais je n'avais pas envie d'y laisser un rein, je me suis donc à nouveau fournie chez décathlon avec le trek 500. Plus épais que mon autre (un modèle du rayon gym en merinos avec passe pouces que j'adore mais qui ne se fait plus), je l'ai gardé propre pour la nuit.

- Niveau bouffe, 4 soirs de semoule et un lyo qui trainait chez moi au programme. J'ai grace à mon boulot accès à des trucs trop cool à mettre dans la semoule such as des courgettes, des aubergines deshydratées, des épinards en flocons, de la tomate en poudre ... Bref je me suis fait plaisir et j'adore ça !

Tout ça pour dire, quand même, un grand merci à toute la communauté RL ! J'ai pu mesurer le chemin parcouru en un an, entre le 11 Aout 2019, date de mon départ pour la traversée des Pyrénées avec un poids de base à 9 kilos (la liste ici), et mon départ ce 11 Août (pure coïncidence !) avec près de la moitié du poids en moins, pour autant de confort ! Le fait de marcher avec un ami qui lui portait un gros sac m'a également fait prendre conscience d'une chose que je n'avais jusqu'alors pas perçue : la simplicité d'usage. Tout ce dont je peux avoir besoin dans ma journée est accessible, une petite pluie et hop, j'attrappe ma veste dans la poche en mesh pendant que lui cherchais la sienne au fond de son sac ; du vent et je sors mon buff de ma poche pendant que lui me demande de fouiller dans sa poche sommitale pour trouver le sien ... Tout ce genre de détails m'ont fait réaliser que je suis, en étant légère, beaucoup plus en contact direct avec ma randonnée, moins envahie de moments "perdus" à chercher quelque chose, à attacher mille bidules sur mon sac ...

Plein de merci donc à tous ceux avec qui j'ai marché cette année, et à ceux que j'ai lu avec attention !

Maintenant, place au récit !

Dernière modification par Joy Supertramp (27-08-2020 21:56:43)

laxmimittal · 27-08-2020 21:48:28

ooooh mais elle a beaucoup maigrit cette liste !!!

Bravo Joy.

En avant pour les shoot photos de Mousse

L.

Eric le rouge · 27-08-2020 22:23:50

Merci pour ce retour déjà bien précis sur ton équipement et tes évolutions... Je suis impatient du périple lui-même, mais aussi de voir à l'usage la "confrontation" entre ton approche MUL et celle plus classique de ton ami (intérêt, défiance, jalousie ??).

Joy Supertramp · 27-08-2020 23:01:55

Jour 1 - Mardi 11 Août 2020 17.6 km, +1817, -1299

Nous avons décidé de faire le moins de route en voiture et donc de ne pas rejoindre le point de départ officiel du GRP à Aixovall, mais de partir d'Ariège. Nous nous retrouvons donc à 6h du matin chez moi, pour une heure de route jusqu'au barrage de Laparan, au pied du refuge du Rulhe. Je connais assez bien le coin, mais Yoann n'y a jamais mis les pieds, c'est l'occasion ! Nous quittons la voiture à 7h30, pendant que les campings caristes dorment encore sur le parking ... Nous empruntons le bon sentier qui mène aux étangs de fontargente, désert à cette heure-çi. Personnellement, j'apprécie beaucoup ce massif de l'Aston qui mèle adroitement les estives et les cailloux, les replats et les pentes raides, moi, c'est tout ce que j'aime !
Nous atteignons les étangs une bonne heure après le départ, chacun est monté à son rythme, je suis devant pendant que Yo, en bon diesel, s'échauffe tranquillement. Il porte un sac qui doit faire, à vue de nez, dans les 16 ou 17 kilos, soit mon sac l'an dernier. Cette année, le mien avait pour objectif de rester autour des 10 kilos et c'est chose faite, malgré les 1200 gr de croquettes que je porte. J'ai décidé de ne pas surcharger Mousse, et de ne lui faire porter qu'1.7kg, poids du sac inclus. J'ai remarqué qu'au-delà, elle avait tendance à peiner, et vu les épisodes de petite forme qu'elle m'a fait récemment, je préfère la préserver.

Je monte donc toute heureuse à bonne allure, et nous arrivons ensemble sur les rives des étangs de fontargente. Il nous faut à présent viser entre les deux étangs pour atteindre le port de fontargente, un joli col bien dessiné qui nous sépare de l'Andorre. Nous saluons au passage un couple de randonneurs qui se réveille tout juste dans leur tente quand dans notre dos, nous entendons l'hélico arriver. Je me dis qu'il doit sûrement venir aleviner comme je l'ai vu faire ici même plus tôt dans la saison, et nous restons l'observer tandis qu'il manoeuvre à la surface de l'eau. Soudain, nous entendons un bruit de crachotement de haut parleur : il s'agit en fait de l'hélico du PGHM qui s'adresse aux bivouaqueurs ! Nous n'entendons pas la teneur du propos, mais, après une réponse formulée par les randonneurs, nous les entendons remercier d'un "Ok merci !" et repartir à l'autre bout du lac. Etrange ?! En fait, nous comprenons ensuite que de l'autre côté du lac, il y a aussi des randonneurs qui bivouaquent, visiblement, les gendarmes sont en train de les réveiller ! Nous emettons l'hypothèse selon laquelle ils viendraient en fait réveiller les bivouaqueurs tardifs qui auraient déjà du replier dans ce lieu très prisé ... si c'est le cas, ce n'est ni très économe, ni très écolo, mais après tout, nous ne sommes sûrs de rien ...

Passé la frontière, nous croisons nos premiers Andorrans, Ola ! Nous suivons un moment le riu del manegor près duquel paissent les vaches, puis nous bifurquons à droite en direction de la cabana sorda, au prix de quelques hésitations à propos du balisage Andorran au moins aussi approximatif que le balisage espagnol ... Il y a des marques partout, sur tous les cailloux, dans toutes les directions. Parfois, une marque explicite du style "tourner à gauche" est complétée d'une flèche qui dit d'aller tout droit ... Bref, je lance le GPS pour nous aider un peu, et c'est parti, nous voilà sur le GRP !
Il nous faut remonter pour atteindre la cabana sorda et il fait déjà chaud, très chaud. Je me rends une nouvelle fois compte qu'on n'est pas tous égaux face à la transpiration Pendant que Yoann sue à grosses gouttes, moi je prends mon petit rythme et je grimpe en tête. Yoann fait face à quelques soucis de pied depuis ses dernières randos et a donc emporté deux paires de chaussures : une paire d'Altra dans lesquelles il est bien mais qui lui semblent moins stable que sa nouvelle paire de garmont basses, mais semi rigides typées approche. Il alternera entre ses deux paires pendant quasiment toute la sortie pour soulager sa voute douloureuse, et le premier changement intervient dans cette montée.

Moi, je surveille attentivement mes Salewa qui sont en fin de vie, clairement, je sais que c'est leur dernière longue sortie tant la semelle commence à être bien poncée, et l'avant pied à tendance à se décoller malgré mes recollages au seamgrip. J'ai recommandé exactement la même paire, elle m'attendent sagement à la maison !

Arrivés à la cabana sorda, c'est joli mais le plaisir est gâché par tous ces gens qui braillent en sautant dans l'eau. Nous y fesons quand même une pause fruits secs pour moi, pas pour Yoann qui pratique le jeune intermittent et ne mange donc pas avant midi (ne me demandez pas comment il fait, si j'essaye je meurs !).

Ensuite, il nous faut encore monter, chouette ! Je prends plaisir à galoper sans m'arrêter avant le col au pied de la coume de Varilhes. J'attends Yoann en haut, en fait, il n'est pas si loin derrière, tant mieux ! C'est toujours difficile quand on pars avec quelqu'un de savoir si nos rythmes vont pouvoir s'accorder, je suis pour l'instant plutôt rassurée ! Il y a encore pas mal de passage sur le sentier, beaucoup de familles avec des enfants vraiment pas grands, Yoann comme moi nous faisons la réflexion que ça ne doit pas être simple pour eux, d'ailleurs, il y en a un qui refuse visiblement d'avancer sous le regard blasé de ses parents équipés par les sacs les plus monstrueux que j'aie jamais vu, j'imagine qu'ils portent toutes les affaires de la famille !

Au col, nous décidons d'attaquer la descente avant de manger, nous nous arrêterons vers midi à l'ombre bienvenue d'un pin pour entamer nos victuailles. J'adore toujours me dire que je vais devenir de plus en plus légère ! Pour moi, c'est le désormais classique crackers-kiri, qui me convient toujours très bien. Pour Yoann, c'est la miche de pain et la tome ! Nous rejoignons ensuite rapidement le refugi de Coms de jan où nous reprenons de l'eau. J'ai décidé de me forcer à ne pas remplir systématiquement mes deux litres, j'ai toujours peur de manquer ce qui fait que je porte toujours deux fois trop d'eau ! On se débarasse de ses peurs on a dit ! Je reprends donc un litre, et nous repartons non sans avoir discuté rapidement avec nos deux premiers HRPistes qui se reposent devant le refuge. J'ai toujours cette émotion qui me remplit quand je les vois essayer de se rappeler depuis combien de jours ils sont partis

Après le refuge, il nous faut attaquer la longue montée vers le collada de Meners, dernière montée de la journée. Pour moi ça va, Yo commence à souffrir un peu dès que ça monte (d'après lui, moi je vois qu'il avance toujours aussi bien !) Nous faisons tout de même une pause près d'un petit lac sans nom juste avant la montée finale. Les pieds de Yoann chauffent et nous prenons le temps de les rafraichir, il ne s'agirait pas de les abimer dès la première journée ! Moi, je mange un bout (en rando, je mange peu mais tout le temps, toutes les deux heures à peu près !) tout en regardant le ciel d'un oeil circonspect... Avant notre départ, les prévisions étaient très pessimistes et l'orage était annoncé tous les jours, Météo Pyrénées avait même déconseillé explicitements les sorties en montagne en Andorre, mais nous avons choisi de partir quand même puisque nous savions trouver des cabanes partout sur notre route.

Ca charge au loin ...

Allez, plus qu'un petit effort et nous serons en haut ! La dernière partie est assez raide, mais nous y croisons encore plusieurs personnes sans sac à dos, sans eau, personne n'a l'air de s'inquiéter de l'orage, à tel point que nous nous demandons d'où ils sont partis. Peut-être y a t'il un parking pas loin ?

Col en vue !

J'attends yo un peu sous le col car je veux que nous finissions ensemble cette dernière montée, ainsi je peux l'encourager ! Il marche très bien mais il est persuadé que non ... Nous finissons par y arriver et jetons un dernier regard en arrière avant de basculer sur l'autre versant.

Il ne nous reste plus qu'a dégringoler jusqu'à la cabane de Pieta Serrera, il est encore tôt, à peine 15h, nous avons bon espoir d'y trouver de la place !

Nous y arrivons rapidement et la trouvons vide, parfaitement à notre goût ! Nous nous installons chacun sur un lit, profitons du torrent extrèmement froid pour nous rincer avant que n'arrive Oliver, un espagnol en cours de HRP, avec qui je prendrai plaisir à discuter longuement ! Il souffre d'exactement la même douleur étrange que moi l'an dernier à la cheville, je lui souhaite que, comme pour moi, sa douleur disparaisse du jour au lendemain ! Nous échangeons sur nos émotions, il me dit être très préoccupé par son "atterissage", je lui raconte le mien et lui met les larmes aux yeux, fichtre, le gars est sensible ! Malheureusement, Yoann ne peux pas prendre part à la conservation, il comprend assez bien mais ne peux pas parler anglais, il en profite pour lire, lui qui a amené sa liseuse, le veinard !
D'autres français arriveront ensuite à la cabane, mais elle ne contient que deux couchettes et déjà Oliver envisage de dormir sur la table retournée posée au sol, alors ils s'en vont planter leurs tentes plus loin, nous ne les reverrons plus. Le vent se lève en soirée, et nous l'entendrons souffler très fort toute la nuit, bien heureux que nous sommes dans notre abri de pierre. Le vent était annoncé en rafales à 70 km/h pour demain, nous croisons les doigts pour que ça se calme avec le lever du jour ...

patou · 27-08-2020 23:02:20

Bonsoir
C'est trop trop bien ce retour. J'envisage depuis longtemps de faire ce parcours, et c'est prévu fin septembre avec mon mari et des amis ariégeois.
Tu l'as fait en 5 jours ?! Wouaw ! ( il est donné en 7 étapes). J'ai encore plus hâte de lire la suite, du coup.
Et bravo pour l'allègement !

azerty · 27-08-2020 23:24:44

Joy Supertramp a écrit :

#582288Nous faisons tout de même une pause près d'un petit lac sans nom juste avant la montée finale.

J'admets avoir raconté des conneries cet été au sujet de la différence entre les lacs et les étangs, mais j'ai appris quelque chose, à la différence des étangs, les lacs ont toujours un nom.

Chouette récit qui commence.

Joy Supertramp · 28-08-2020 00:07:07

Lamimittal et Eric le Rouge, merci déjà de votre passage par ici ! Oui, effectivement, c'était assez interessant de marcher ensemble d'un point de vue matériel et poids du sac. J'avais déjà bien sensibilisé mon ami depuis quelques temps, et il était déjà très intéressé par la MUL tout en ayant peur, je crois, du côté un peu "intégriste" du truc. Mais j'ai essayé de ne pas trop en dire, de laisser les reflexions se faire d'elles-mêmes ... Je lui avais quand même prété mon ancien duvet plus léger que son synthétique de 400gr, ma popote, et il n'avait pris que la toile extérieure de sa tente (1.8 kg quand même !), je lui avais laissé mon polycree en guise de tapis de sol ... Il y avait donc déjà eu des efforts de faits dans le sens de l'allègement, même si le chemin est encore long. Je ne voudrais pas spoiler mais il a depuis reçu une Lanshan 1 pro comme la mienne !

Jour 2 - Mercredi 12 Août 21.4 km, +1903, - 1844

Le réveil sonne à 6h, comme convenu. Ca pique un peu ! Le vent a soufflé fort toute la nuit, mais surtout, surtout, mon matelas fait un bruit de dingue sur les sommiers en métal Andorrans ! Déjà qu'en rando, ma première nuit est toujours un peu hachée mais alors là ... J'avais l'impression qu'à chaque mouvement de ma part je réveillais Yoann, Oliver, Mousse et même "el raton" aperçu hier soir ... désolée les mecs !

Nous émergeons avant le lever du jour et remballons rapidement les affaires. C'est la première fois que j'ai autant de nourriture dans mon sac et que j'ai réussi à tout rassembler dans un sac plastique, sans essayer d'occuper le moindre interstice pour que tout rentre, et c'est un gain de temps non négligeable quand il faut remballer ! Malgré tout, Yoann sera prêt avant moi car il ne déjeune pas. Moi, j'essaye péniblement d'avaler mes flocons au lait d'amande, mais ça ne veut pas. Ca me fait ça depuis quelques sorties, il faut que je trouve autre chose ! C'est Mousse qui les finira ce matin. Mousse qui d'ailleurs est en grande forme depuis hier, tant mieux !

Nous nous mettons en marche et atteignons rapidement le refuge Borda de Sorteny devant lequel nous passons sans nous arrêter. Le vent est finalement assez doux ce matin et tant mieux, mais le ciel reste menaçant. Nous prendrons nos premières gouttes juste après avoir dépassé le jardin botanique dans lequel j'arrive à ramasser une framboise, miam ! Pour le reste, il s'agit de marcher sur la piste jusqu'à atteindre El Serrat, rien de bien interessant mais au moins cela nous permet de rester à côté et de discuter tranquillement. On arrive à El Serrat, je trouve tout ça assez austère, cette pierre toute grise, ces énormes batisses cossues ... Les quelques fleurs aux balcons apportent heureusement un peu de couleur à l'ensemble. Nous laissons passer une belle averse plus ou moins abrités sous un arbre, et garderons les vestes de pluie pendant encore quelques temps. La mienne marche beaucoup mieux pour le côté "respi" quand je suis en manches longues, j'en suis fort aise, mais ce n'est toujours pas la panacée. Yoann est équipé d'une Marmot Precip qui lui fait le même effet. Nous évaluons l'intérêt du poncho : pour moi c'est niet, ce grand truc qui flotte au vent très peu pour moi, Yoann lui envisage de s'en acheter un pour pallier à l'effet étuve qu'il ressent avec sa veste. Il doit aussi mettre la housse de pluie de son sac afin de protéger ses affaires, je n'ai pas ce problème, tout ce qui craint est à l'abri dans un sac étanche.

Le sentier longe la route jusqu'au village des Salines, où je photographie les boîtes aux lettres, à l'image de l'Andorre : propres, bien rangées, austères.

Nous continuons ensuite vers Llorts. Sur le chemin nous croisons des locaux qui s'empressent de mettre leurs masques en nous voyant arriver. Ils ont tous l'air vraiment effrayés par le COVID, au point que nous nous demanderons à plusieurs reprises comment le gouvernement andorran à mené sa communication à ce sujet.

A llorts, on se fait attrapper par une belle averse et nous nous réfugions dans l'abri bus où se trouve là aussi quelqu'un qui met son masque et recule en nous voyant. Finalement, après quelques minutes (pendant lesquelles je mange, of course), il nous adresse la parole et nous échangeons quelques mots sur notre projet. D'après lui la pluie est annoncée pour les deux prochains jours, nous verrons bien ...

Il nous faut maintenant attaquer les quelques 800 mètres qui nous séparent du refugi de l'Angonella, en avant ! Le sentier est assez raide, dans la forêt, et la pluie s'étant calmée nous pouvons ôter nos vestes de pluie. Ceci dit, au bout d'un moment ça recommence quand même à me ruisseler dans le cou alors j'adopte la bonne vieille technique "CP qui attend sa maman à la sortie de l'école" et j'enfile ma capuche sur ma tete, laissant la veste retomber sur mon sac telle une cape afin de me protéger les épaules. Mousse, contrairement à son habitude n'a pas l'air de souffrir de la pluie et elle caracole joyeusement dans tous les sens, passant régulièrement devant moi pour s'assoir au milieu du chemin lorsqu'elle estime que le troupeau que nous formons est un peu trop dispersé. Je profite de ces moments pour attendre mon compagnon, qui n'est jamais bien loin.

Nous finissons par sortir de la forêt et tombons nez à nez sur un petit troupeau de chevaux que nous traversons. Mousse n'en a plus peur, elle reste au pied. L'horizon est toujours bouché et nous essuyons même plusieurs averses de grêle mais rien de bien méchant, nous entendons le tonerre au loin à plusieurs reprises. Nous sommes dans l'acceptation, il n'y a rien d'autre à faire qu'avancer, alors nous avançons !

Peu a peu la vallée s'ouvre

Bientôt, nous atteindrons la vallée de l'Angonella qui doit être absoluement magnifique ! Je me dis que je reviendrais. Pour l'heure, nous manquons de peu la cabane que je n'avais pas vue sur notre droite et nous y réfugions pour grignoter, il est midi ! Arrivent alors trois espagnols trempés comme des soupes qui grignotent un bout en écoutant leur "leader" leur dicter le dénivelé et les kilomètres restants. J'en comprends qu'ils font la même chose que nous, mais ils repartent bien vite, une fois changés. Nous prenons le temps de manger puis repartons, encore et toujours sous la brume, en direction du col que nous apreçevons maintenant.

Parfois ça s'éclaircit un peu ...

Je me retourne pour prendre une photo dans la montée

Y a plus qu'à !

Le terrain est bien croùlant mais ça monte tout droit alors moi j'adore Par contre en haut il souffle un bon vent frais, je ré-enfile toutes mes couches, buff inclus en attendant l'arrivée de Yo. De l'autre côté, ce qui nous attend est assez cool, un petit tour sur la crête et dans le vent, youpi !

Accompagnés par Céline Dion ("Souuuuuuuuuuus le vent !" - Pardon), nous nous engageons sur cette belle arête. S'en suit un moment comique pendant lequel Yoann tente en vain d'enfiler sa veste, on rigole bien !

En direction du pic de Percanela

De l'autre côté et avec tout ce vent, ça se dégage ! Nous atteingons rapidement le refugi de les fonts, qui ressemble à tous les autres. Nous y ferons une brève pause pour refaire de l'eau et repartons sans plus attendre. D'ailleurs, nous repartons sans vérifier l'itinéraire et je me rends compte après quelques centaines de mètre que nous ne sommes plus sur le GRP. Bon, tant pis, les deux sentiers ont l'air de se rejoindre plus loin, on continue. Finalement, le notre se perd dans la forêt et nous décidons rapidement de couper tout droit dans l'pentu pour rattrapper le sentier officiel qui doit se trouver en contrebas. Quelle ne fut pas notre surprise en retrouvant le chemin de constater que les trois espagnols se retrouvent à présent juste derrière nous ! Eux aussi ont du se demander d'où nous sortons mais enfin, je crois pouvoir dire que nous avons pris un raccourci J'aime bien le fait que nous soyons deux et que du coup je puisse me permettre de prendre un tout petit peu plus de risques que d'habitude. Quand je suis seule, j'évite toujours de sortir de l'itinéraire prédéfini (que je laisse toujours à un ami), de peur qu'il m'arrive quelque chose et que personne ne m'y retrouve ! Du coup, quand l'occasion se présente de "couper tout droit", je ne me fais pas prier, demandez à Azerty

Le chemin reste ensuite à flanc pendant un bon moment avant d'atteindre le refuge du pla de l'estany. Lorsque nous y parvenons, l'orage gronde non loin et les éclairs se font de plus en plus nombreux.
J'émet l'idée d'aller nous abriter dans le refuge au cas où, Yoann est plutôt motivé à continuer et avance l'argument que "de toute façons, on ne va pas dormir là", et il a raison, alors nous repartons ! La journée n'est pas finie, il nous faut redescendre vers le Riu Pollas, le traverser et remonter en face dans la raide valée du riu de Comapedrosa. Par chance, Yoann a eu du flair et l'orage s'éloigne peu à peu, laissant progressivement la place à un beau ciel bleu qui nous accompagnera dans toute la dernière montée, rendant la nature encore plus belle.

Nous atteignons bientôt et au prix d'un dernier effort qui passe bien pour nous deux, le refuge gardé de Comapedrosa. Le pic de Comapedrosa est le sommet de l'Andorre, et culmine à 2942m, juste en face de nous ! Nous chargeons la mule avec un gros plein d'eau (4L pour moi), moins pour Yoann qui a malheureusement perdu une de ses gourdes plus tôt dans la journée. Notre idée est de rejoindre le petit étang un peu au dessus du refuge pour y bivouaquer, mais lorsque nous y arrivons, point d'étang ! Seul un marécage nous accueille ! Bon, tant pis, ça ira bien pour cette nuit ! Nous cherchons deux emplacements plats pour monter nos abris pour la première fois. Le vent est encore assez fort et très tourbillonnant, si bien que je cogite longtemps pour savoir dans quel sens monter ma Lanshan. Au final, je l'ai tellement bien amarrée qu'elle ne bougera pas d'un iota de la nuit, qui finalement sera magnifiquement étoilée !

Joy Supertramp · 28-08-2020 00:08:46

@Patou, cool si ça peut servir ! C'est d'ailleurs aussi ce qui m'a motivée à faire ce récit, je n'en ai pas trouvé sur RL !

@Azerty, ah oui, j'avais déjà oublié ... tête de linotte !

Stéphane_33 · 28-08-2020 09:48:57

Bonjour Joy,
Encore une belle sortie qui me fait découvrir l'Andorre, merci pour le retour.
Stéphane.

Joy Supertramp · 28-08-2020 10:46:39

Merci Stéphane, c'était pareil pour moi, je ne savais pas trop à quoi m'attendre !

Jour 3 - Jeudi 13 Aout 20.5 km, +1176, -2491

La nuit fut bonne pour moi, un peu moins pour Yoann qui était un peu en pente ... Aujourd'hui nous attend une belle journée de descente pour ce qui est, normalement, la dernière journée du périple si l'on colle aux étapes officielles. Au réveil, le temps est au beau, il fait un peu frais, je m'active pour ne pas trop regretter ma doudoune ! Je me suis levée dans la nuit et j'ai pu admirer un magnifique ciel plein d'étoiles, tandis qu'au loin, au-dessus de la frontière avec la France, les éclairs lacéraient le ciel.

Nous nous mettons rapidement en chemin malgré l'étape repliage de tente, la mienne a un peu condensé mais pas plus que d'habitude, j'essuie le tout rapidement avec mon mini bout de serviette et je remballe, je ferais sécher plus tard.

La journée commence par 200 mètres de dénivelé positif, et ça j'adore, juste une petite montée pour se chauffer, et hop ! En haut, nous passerons brièvement en Espagne en passant sous le pic del Port Vell. Nous y dérangerons d'ailleurs un troupeau d'isard qui s'enfuient à toute allure à notre approche, désolée ! Nous rebasculons ensuite rapidement en Andorre, en passant sous les télésièges d'Arinsal, bon, çe n'est pas très joli ... Il nous faudra ensuite trouver la petite sente qui descend doucement vers le col de la botella, où nous devons prendre de l'eau pour la suite de la journée. Il y a là un restaurant, un robinet, et quatre copains français venus en van se faire un petit trip vélo, nous rigolons bien en les écoutant délirer entre eux, ils ont l'air marrant ! C'est donc chargés d'eau (3L pour moi, je compte partager avec Mousse et il n'y a pas d'eau jusqu'à ce soir) que nous attaquons ensuite la longue traversée plus ou moins à flanc et à couvert qui nous attend jusqu'au col de Montaner. Le paysage n'est toujours pas exceptionnel, mais la large piste nous permet de discuter tranquillement. Je suis contente d'être à deux puisque vraiment, la piste ce n'est pas mon truc, au moins là, je ne vois pas le temps passer !

Le point culminant de la journée se trouve être le Bony de la Pica, que nous avons maintenant au-dessus de nous. Il faut d'abord rattrapper la crête au Pic d'Enclar, puis la longer afin d'atteindre ses 2402 mètres d'altitude.

Cool, un peu de vue !

Le ciel est un peu bouché et nous ne pouvons malheureusement pas profiter du panorama intégral qui doit cependant être magnifique. Nous décidons de faire notre pause déjeuner là haut alors qu'il est à peine midi, mais moi je déteste descendre en ayant faim, alors je mange Pendant ce temps, mes deux acolytes se reposent ...

Sieste au sommet !

Nous attaquons ensuite la partie un peu plus corsée de la journée : on nous a promis des mains courantes, des passages de désescalade, une raideur extrême, j'espère que Mousse sera à même de franchir ces passages ! Bon en fait, c'est facile, c'est juste de la descente ! Il y a quelques passages équipés effectivement, mais Mousse les franchit toute seule sans même attendre qu'on l'aide, une formalité pour ma petite chèvre des montagnes ! Pour nous aussi, ça passe carrément bien. Yoann est très à l'aise en descente et moi je finis par m'y habituer, alors on déroule. Je suis quand même un peu déçue, j'espérais un peu d'adrénaline sur cette partie, tant pis !

Nous atteignons le hameau d'Aixas en début d'après midi, et, vu l'heure, nous nous rendons compte que nous allons arriver très tôt à Aixovall, point d'arrivée de l'étape du jour. Conjointement, nous décidonc donc d'aller profiter de l'ombre bienvenue d'un grand arbre au coeur de ce joli hameau, près de la chapelle. La chaleur invite à la sieste, nous sortons les sit pads et roupillons un petit peu pendant que Mousse monte la garde. Je profite de la grande table en pierre pour étendre mon abri à sécher, Yoann à la flemme se sortir la sienne. Encore une illustration de la facilité liée au nombre restreint d'items dans le sac !

Nous faisons là une bonne heure de pause sous le regard des anes et des chiens de la ferme, puis décidons de reprendre la route. Le sentier remonte un tout petit peu vers le col Jovell, puis c'est la descente finale vers la Margineda. Il fait chaud chaud chaud dans la forêt, et au fur et à mesure qu'on descend, on entend de plus en plus le bruit de la route.

Euh, c'est vraiment là qu'on va ?

En réalité, nous descendons vers la "banlieue" d'Andorre la Vieille, dans cette vallée étroite où tout se passe en Andorre. C'est donc extrèmement bruyant, ça pue, ça ne me fait pas du tout rêver. Nous commençons à nous demander si nous allons pouvoir trouver un coin pour poser la tente ce soir, mais pour le savoir il nous faut continuer à descendre ! A la margineda, alors que nous regardons un panneau, un homme nous interpelle en nous demandant si nous avons besoin d'aide, Yo a la présence d'esprit de lui demander s'il y a un camping dans le coin : sûrement à Andorre la vieille ( à l'opposé de notre destination), sinon peut être à la frontière à une dizaine de kilomètres, non merci ! Tant pis, nous continuons vers Aixovall par un sentier "en balcon" au dessus de la route, génial ...

L'arrivée à Aixovall est déprimante, il est peut être 15h30, il fait chaud, des voitures dans tous les sens, des travaux, ça pue, c'est sonore, bref, c'est un peu dur. Nous dirigeons nos pieds vers un petit bar qui à l'air sympa mais qui ne l'est en fait pas du tout, nous sentons que nous ne sommes pas les bienvenus quand la serveuse ne prendra pas la peine d'essayer de nous parler en espagnol ou en anglais, avant de finalement nous répondre en bon français ... Un jus de pêche chacun avalé en deux fois, on paye et on repars pour le café d'à côté. Ici, l'accueil est plus chaleureux, nous recommandons un jus de pêche et deux paquets de chips, moi j'y ajoute une assiette de surimi-patates-mayo, ce genre de trucs que je ne mangerai jamais chez moi mais qui me donne envie en rando !

Nous profitons du wifi pour essayer de trouver un endroit pour bivouaquer sur google maps (mot de passe :patatasbravas!), c'est peine perdue, la route est coincée dans la vallée, nous ne voyons aucune chance de bivouac en continuant notre itinéraire du lendemain à moins de remonter encore 800 mètres de dénivelé, ce qui ne nous enchante pas tellement. Nous ne voulons pas non plus trop nous écarter de l'itinéraire car la journée qui nous attend est déjà assez costaude et nous ne voulons pas en rajouter ...

Bon, on cogite et finalement on tranche : on va a l'hotel ! Je n'ai jamais fait un truc pareil ! Nous réussissons à trouver une copie de nos documents d'identité dans nos boites mail pour la reservation, et nous voilà dans une chambre surchauffée d'un hôtel assez miteux... On se console avec une douche et une glace, puis chacun en profite pour donner des nouvelles aux proches grace au wifi de l'hotel. Je n'avais pas du tout envie d'aller voir ma boite mail pendant ces cinq jours, mais bon ...

Allez, demain est un autre jour, le défi qui nous attend est de permettre à Yoann de dépasser son record de D+ en allant chercher les +2200, alors, au lit !

Shanx · 28-08-2020 11:26:02

Chouette récit

Peu de photos de Mousse le premier jour, je me demandais ce qu'il se passait. Heureusement ça va mieux après

Joy Supertramp a écrit :

#582275- Aucune solution de recharge. Déçue du Stodeus l'an passé, il est resté au placard depuis. Mon smartphone, en mode avion et économie d'énergie, avec le GPS allumé en permanence tous les jours mais sans suivi de trace, est rentré au bout du 6ème jour avec 30% de batterie, malgré un usage un peu plus intensif avec connection à internet un soir. C'est vraiment large, je pense ne plus amener de panneau solaire à l'avenir, seulement un chargeur si je pars plus de 8 jours.

Tu avais une solution de secours pour l'orientation ? Comment tu gères si ton téléphone tombe subitement en rade de batterie (coup de froid, app énergivore pendant la nuit... ça peut arriver) ?

Joy Supertramp · 28-08-2020 12:04:14

Jour 4 - Vendredi 14 Aout 22.1 km, +2276, -970

Malgré le côté étrange de se réveiller dans un lit à l'hotel en plein milieu d'une rando, nous avons bien dormi ! Le réveil sonne à 6h, comme d'habitude, et nous sommes rapidement prêts à partir. Mon petit dej passe à nouveau et c'est tant mieux, Mousse en revanche n'a pas touché à sa gamelle hier soir. Ca lui arrive de temps en temps, pas d'inquiétude ! A partir d'aujourd'hui, j'aurai du ne plus avoir de croquettes à porter pour elle, mais tant pis, je garde la part qu'elle n'a pas mangé !

Nous partons d'Aixovall en prenant encore un sentier en balcon, c'est encore moche et encore bruyant.

En face, c'est là où on va !
Le bruit de la route ne nous quitte pas alors que nous redescendons vers l'autoroute que nous traversons au sud de Sant Julia de Loria. Sur la route, je ramasse quelques mures que nous gardons de côté pour le repas du midi, vite, du frais ! Nous devons ensuite marcher sur le trottoir pendant quelques centaines de mètres, charmant ... Nous croisons une station service, dans laquelle nous choisissons de nous arrêter pour assouvir nos envies alimentaires ! Mousse reste dehors avec les sacs, nous enfilons nos masques (tiens, j'ai oublié de le peser ! Quelques grammes à peine, c'est un masque en papier !) et nous voilà bientôt chargés de 4 avocats, un melon jaune, un paquet de " Principe maxi choco" et une tablette de chocolat. Yoann n'en avait pas amené et je lui ai donc partagé la mienne, prévue pour l'ensemble du périple ce qui fait que nous arrivons à court (hors de question !)

Nous nous répartissons tout ça dans les sacs et repartons avec la hâte de quitter cette maudite route. Il nous faudra encore quelques efforts avant de ne plus l'entendre ! Nous devons maintenant attaquer la montée, toute la montée du jour se fait d'un coup, c'est parti ! Nous arrivons bientôt au village d'Aubinya qui est vraiment très joli !

Je suis la championne du cadrage foireux !

Je suis très heureuse de retrouver enfin un peu d'authenticité ! Celà nous réconforte pour la suite du parcours, et nous reprenons notre marche en direction du hameau de Juberi. Déconvenue à nouveau ... C'est moche, on marche sur la route, aucun intéret. Nous prenons une pause dès que nos pieds retrouvent un sentier, j'avale quelques fruits secs.

Il nous faut ensuite monter quelques 800 mètres pour atteindre un replat indiqué sur ma carte par "el conangle". Je pars devant, et j'entends bientôt un bruit de moteur arriver derrière moi : des motos cross ! Allons bon, voilà autre chose ! Je me mets sur le côté pour les laisser passer, ils se trompent de chemin, passent et repassent en laissant derrière eux des vapeurs d'essance horribles. Je commence à gromeler intérieurement, d'autant que devant moi, ça ressemble à ça :

Une fucking piste forestière ... tout ce que j'aime !

Il y a un balisage par arbre ou presque alors que jusque là nous les avions plutôt cherchés, étranges ces andorrans ! Je monte sans m'arrêter, tout en me disant clairement que si Yoann n'avait pas été là, j'aurais fait demi tour depuis longtemps pour aller faire un coup de stop et squizzer cette portion qui m'exaspère. En plus, je réalise que c'est normalement le premier jour du périple, ben mon vieux si j'avais attaqué par une journée aussi moche j'suis pas sûre que j'aurais fait la boucle ! Bon après, c'est très personnel, puisque quand je m'en livre à Yoann à l'occasion d'une petite pause, il me dit que lui, ça ne le dérange pas, qu'il est bien dans sa montée (constante, il est vrai, et à l'ombre !) et qu'il est rassuré quand à sa capacité à pouvoir boucler cette journée.

C'est sûr que nous n'avons pas le même objectif sportif sur cette rando, moi je sais que je vais boucler sans soucis alors je peux me concentrer sur autre chose : le paysage, par exemple, quand il y en a ! Nous décidons de faire une pause pour calmer nos estomacs un peu avant d'arriver au pla de conangles, et nous dégustons avec bonheurs nos morceaux de nature achetés le matin même, miam, voilà qui me remet du baume au coeur ! Yoann se rends compte qu'il a perdu son couteau, à ce compte là il va rentrer sans rien ! Encore une fois, avantage à la MUL : moins d'objets, moins de trucs à perdre ! Nous tranchons donc nos avocats avec sa carte européenne d'assurance maladie, moi je m'attaque au melon avec mes petits ciseaux (ceux pour couper les pansements anti-ampoules, que je n'utilise jamais !).

Nous repartons et atteignons bien vite l'enfer sur terre : le plat sur ma carte est en fait un genre de parc animalier appelé "Naturlandia", rempli d'enfants, d'adultes masqués, de gens sur les terrasses, de quads, pouah, vision d'horreur ! Nous avons besoin de prendre de l'eau et nous risquons donc à l'intérieur, nous trouvons les toilettes, remplissons les gourdes et basta, nous repartons, heureux de n'avoir pas attendu d'y être pour la pause dej !

Le chemin devient à partir de là une piste de 4*4 que nous ne quitterons plus jusqu'au sommet, en croisant même quelques-uns ... un régal. Bon, j'arrête de râler, la vue se dégage quand même et c'est plutôt joli, même si l'émotion n'est pas au rendez-vous.

Au loin le Pic nègre de Claror, notre destination.

Finalement, nous passons la barre symbolique des 2000 mètres d'ascension assez facilement, je félicite mes compatriotes pour leur endurance ! Nous passerons les 200 derniers mètres à discuter, et je dis à Yoann juste avant d'arriver au sommet : "Eh ben voilà, toi aussi tu as fait 2270 mètres en discutant !" La dessus, le voilà qui part en courant pour atteindre le sommet avant moi, je ne le rattraperai pas, bien joué, t'as gagné !

De l'autre côté du Pic, nous devons maintenant redescendre pour atteindre le refuge de Claror, notre destination. L'envie de couper tout droit dans le pierrier et de skier du caillou se fait trop forte, et nous voilà rapidement en bas !

Ca commence à être très joli, et croyez-moi, j'en suis soulagée !

Bientôt, nous arrivons en vue du refuge.

Il y a là déjà un couple d'espagnol qui s'est installé sur la mezzanine, nous prenons nos quartiers sur la table à l'extérieur du refuge. Il est 16h, nous avons bien roulé ! Le refuge est très bien équipé, la source est captée juste devant, c'est parfait ! Nous passons à la douche dans le ruisseau avant de parcourir les alentours à la recherche d'un endroit plat pour planter les abris, mais ce n'est pas chose courante par içi ... Nous trouverons finalement un endroit qui va bien mais qui est très exposé au vent et en plein milieu de l'avancée, et au loin, le ciel se charge à nouveau ... Finalement, nous ne prendrons pas le risque de devoir replier au milieu de la nuit et installeront nos matelas sur les lis en fer du refuge ... Vous voyez la suite ?
Mon matelas à fait son bruit terrible toute la nuit, et en plus j'ai assez mal dormi donc je me suis beaucoup retournée, l'écho renvoyé par la vaste pièce amplifiant encore le son, je crois que j'ai du être allègrement détestée par mes voisins de chambrée !

Joy Supertramp · 28-08-2020 12:06:24

Shanx a écrit :

#582322Chouette récit
Peu de photos de Mousse le premier jour, je me demandais ce qu'il se passait. Heureusement ça va mieux après
Joy Supertramp a écrit :
#582275- Aucune solution de recharge. Déçue du Stodeus l'an passé, il est resté au placard depuis. Mon smartphone, en mode avion et économie d'énergie, avec le GPS allumé en permanence tous les jours mais sans suivi de trace, est rentré au bout du 6ème jour avec 30% de batterie, malgré un usage un peu plus intensif avec connection à internet un soir. C'est vraiment large, je pense ne plus amener de panneau solaire à l'avenir, seulement un chargeur si je pars plus de 8 jours.
Tu avais une solution de secours pour l'orientation ? Comment tu gères si ton téléphone tombe subitement en rade de batterie (coup de froid, app énergivore pendant la nuit... ça peut arriver) ?

Salut Shanx, eh oui, je me suis dit pareil pour les photos de Mousse, ça doit être le fait de marcher à deux, j'étais moins focus sur ma chienne

Oui, nous avions un deuxième téléphone éteint en secours dans le sac de Yoann (le même que le mien en fait, avec les cartes chargées dessus). Et au pire, nous étions sur le GRP donc sur un sentier quand même relativement bien balisé, et surtout, fréquenté

Magne2 · 28-08-2020 12:29:26

Merci Joy qui nous fait voir par ce récit que l'Andorre ne se réduit pas qu'au pas de la Case

azerty · 28-08-2020 12:47:32

Joy Supertramp a écrit :

#582294Du coup, quand l'occasion se présente de "couper tout droit", je ne me fais pas prier, demandez à Azerty

Je confirme. Couper tout droit dans la pente en hurlant HHHHHHHRRRRRRRRRRPPPPPPPPPP !!!

Et maintenant elle chante du Céline Dion ça ne va pas mieux

Tu as du être bien malheureuse sur la route/piste. Content de voir que Mousse a retrouvée la forme.

C'est marrant j'ai la même photo de la cabane de Pieta Serrera quand on est arrivés dessus avec Pala2 mais à notre grand regret elle était déjà occupée et nous n'avons rien trouvé pour bivouaquer à proximité. C'est dommage car avec le ruisseau juste à coté et son air de petite maison dans la prairie...

Nous étions alors descendus jusqu'au Refuge suivant de Borda de Sorteny qui est un refuge gardé, et limite luxe, mais il y a une pièce en accès libre au niveau inférieur avec 8 couchages, une table et même l’eau chaude.

Joy Supertramp · 28-08-2020 15:10:50

Merci Magne2 de ton passage ici !

Azerty : Nos bivouaqueurs à Pieta serrera ont eu l'air d'avoir trouvé un coin un peu plus haut que la cabane en bordure du ruisseau, mais de là à dire que c'était plat, je ne sais pas, je ne suis pas allée vérifier ! Mais c'est vrai qu'elle est vraiment sympa cette cabane. Le refuge de Sorteny ne me disait rien, comme tu dis, un peu trop luxe !

Jour 5 - Samedi 15 Aout 27.9 km, +1697, -1757

Comme c'est une journée plutôt équilibrée qui nous attends, j'ai proposé à Yoann de décaler le réveil à 6h30, déjà pour ne pas embêter nos voisins de chambre trop tôt, et puis pour faire un semblant de grasse mat', c'est les vacances après tout !
Nous émergeons donc rapidement et sommes prêts à partir à 7h30, il fait bien jour, et plutôt beau ! Finalement, nous avons eu de la chance avec la météo qui n'a pas été si terrible que ce qui était annoncé, pouvu que ça dure !

Le GRP nous fait rester plus ou moins à flanc jusqu'à la cabane de Perafita, où nous arrivons rapidement. Il y a là un berger au drôle de look et ses chiens, qui nous laissent tranquille. En faisant un tour à l'intérieur de la cabane, Yoann y dégote une cartouche de gaz que nous choisissons d'emporter, et de laisser la mienne en échange. En effet, Yo n'avait pas bien anticipé sa consommation de gaz et s'est retrouvé en rade dès le deuxième soir, nous avons donc dû nous restreindre sur la mienne puisque pour ma part j'avais emporté un fond de cartouche que je savais pouvoir tenir jusqu'au bout, mais pas beaucoup plus. Encore un bon point pour la MUL : à force de tout peser on ne se fait plus avoir avec une cartouche presque vide !
Je laisse la mienne dans laquelle il reste au moins deux chauffes, pour au cas où quelqu'un en aurait besoin, et j'emporte l'autre, en ayant pris soin de vérifier avant qu'elle fonctionnait (on ne sais jamais ...)

Vue depuis la cabane

Nous remontons ensuite en direction du col de la maiana, puis nous redescendons de l'autre côté pour rattrapper les rives du riu madriu. Autant hier c'était moche, autant aujourd'hui c'est très joli ! Il nous faut franchir un enclos rempli de jolis chevaux timides qui s'écartent pour nous laisser passer.

Le sentier chemine doucement rive droite du riu, c'est vraiment très bucolique et nous avançons d'un bon pas, si bien que nous finissons par rattrapper le berger qui lui, tente de faire accélérer les vaches qui forment un bouchon en circulant à la file indienne dans les passages étroits.

Le rythme étant très lent, nous décidons de leur laisser un peu d'avance en faisant une pause près du ruisseau. Finalement, nous les retrouverons plus loin, éparpillées dans la prairie.

Il y a sur les rives du riu plusieurs cabanes qui ont l'air bien sympa, nous ne les avons pas toutes visitées mais ce sont à mon avis des endroit agréables où venir traîner les raquettes en hiver, je me note ça dans un coin de la tête !

La montée se fait ensuite plus raide pour atteindre le refugi gardé de l'Illa, fin de l'étape prévue par le GRP, mais donc beaucoup trop courte puisqu'il est environ 11h quand nous y arrivons. Là haut, nous retrouvons les chiens de notre berger, et le gardien, sympathique, nous indique en français la fontaine située en contrebas du refuge pour remplir nos gourdes.

Estany de l'Illa

Devant nous se dresse une jolie montée que nous décidons d'attaquer tout de suite, le soleil jusque là radieux commence à se cacher sous l'effet du vent de plus en plus fort que nous ressentons. Dans la montée, je double des randonneurs avec tout plein de trucs accrochés à leurs sacs : matelas, duvets, tente ... tant et si bien que je me demande ce qu'il peut y avoir dedans ! Ce ne seront pas les seuls que nous croiserons ainsi équipés et je pense qu'il s'agit pour beaucoup de leurs premières sorties en montagne ! Avec Yoann nous avons démarré un petit jeu qui consiste à essayer de deviner la nationalité des randonneurs à leurs tenues vestimentaires, nous ne nous sommes que peu trompés jusqu'alors : les Andorrans & espagnols en fluo, short et baskets, les français en couleur sombre Décathlon, facile !

La montée se passe bien pour moi et je sens bien que nous approchons de la fin tant mon sac me semble léger ! J'attends Yo sur la crête un peu avant le col, mais il fait un vent terrible et nous sommes rapidement congelés. Nous nous cachons de l'autre côté pour échapper au vent, aaah, c'est bien mieux ! Nous pouvons manger en paix nos derniers avocats, d'ailleurs si quelqu'un voit en haut du cirque des Pessons un avocatier pousser, c'est moi qui l'ai planté !

En attendant Yoann, je fais un panoramique sur l'estany de l'Illa

Vue sur la descente, et les lacets que nous allons devoir emprunter.

En bas, la myriade de lacs du cirque des Pessons

Nous sommes loin d'être seuls à cet endroit, il y a là tout plein de troupeaux de randonneurs que nous nous empressons systématiquement de dépasser à la descente. Yoann part devant, et dévale la pente. J'ai mal à ses genoux à voir les impacts qu'il leur inflige, moi qui essaye toujours de faire un maximum de petits pas rapides, lui, il est plutôt dans le style grosse marches ! Ceci dit c'est efficace, nous arrivons rapidement en bas de la descente, non sans une petite chute sans gravité pour moi ami, qui y laissera quand même quelques centimètres carrés de peau de tibia ! Il y a beaucoup trop de monde ici et moi, ça me gache un peu le plaisir, je n'ai pas envie de m'y attarder. Nous prendrons tout de même une pause pour se reposer les genoux un peu avant d'arriver au dernier étang (l'estany Primer, donc le premier en fait !). Je suis descendue un peu en sur rythme pour suivre Yo dans sa cavalcade et je le sens dans mes articulations, lui aussi d'ailleurs commence à ressentir une douleur à la cheville, à surveiller !

Il se dévoue gentillement pour rentrer dans l'établissement (blindé, touristes en goguette, tout ça ...)faire le plein d'eau pendant que je l'attends avec Mousse à l'extérieur. A partir de là, il nous faut marcher sur la piste (Attention, balisage un peu faible pour trouver la bonne piste !) pendant miiiiiiille ans, ce qui, vous l'aurez deviné, me saoule. A nouveau, nous ne retrouvons sous les télésièges de la station d'Envalira ... Le balisage erratique nous fait louper la bonne bifurcation et nous faisons un peu de rab, nous marchons sur une piste de ski qui pour l'instant est constituée de sable, c'est atrocement chiant.

Au loin, les nuages s'accumulent, menaçants, si bien que nous prenons une pause au bord du ruisseau aux Bordes d'Envalira. Il est déjà assez tard, environ 16h30 et nous ne sommes pas encore arrivés. Finalement, la journée qui nous paraissait la plus roulante s'avèrera la plus longue ! Comme je ne suis pas très enchantée à l'idée de me retrouver toute crête sous l'orage, nous prenons le temps de regarder la direction des nuages avant de nous décider à attaquer la montée. Il nous reste un peu plus de 500 mètres à monter pour atteindre la crête, et, après les efforts de la journée, ça commence à nous tirer dans les jambes ! Surtout que le final est bien raide, et surtout que nous avons trouvé sur la route un crâne de cheval que Yo à tenu a emporter avec lui (pesé au retour : 4,5 kilos ! Si j'avais su, je lui aurai demandé de porter mon sac ) !
Bref, nous arrivons en haut un peu à l'arrachée, mais le côté droit dans la pente de ce final me plaît quand même beaucoup !

La montée finale et au fond, les pistes d'Envalira sur lesquelles nous étions tout à l'heure.

Je sollicite une pause fruits secs au pas de las Vaques, mais nous ne nous attardons pas car partout autour, l'orage tonne. Nous avions initialement prévu un bivouac à l'estany baix de siscaro, mais pour le coup, sous l'orage le lieu nous semble fort contre-indiqué et nous décidons conjointement de pousser jusqu'à la cabane de siscaro un peu plus bas, alors que les premières gouttes nous atteignent.

Nous dévalons la pente et visons la cabane, que nous trouvons déjà occupée, et pas qu'un peu ! Il y a là une petite famille avec un bébé, des grimpeurs, et trois jeune qui ont allumé un feu à l'intérieur ! Personne ne nous adresse le moindre bonjour à l'exeption d'un des jeunes qui salue Mousse avec engouement ... Ambiance ! Je jete un oeil à l'intérieur, toutes les couchettes sont prises, OK, plan B ! Compte tenu de l'heure tardive, 19h30, nous n'avons pas l'envie de continuer, nous nous mettons donc à la recherche d'un lieu pour bivouaquer. Finalement, ça sera quasi sur le chemin, à quelques mètres seulement de la cabane. Moi, je fulmine contre ces gens qui, nous voyant arriver sous l'orage puis repartir, n'ont même pas eu la décence de s'assurer que nous étions équipés pour le bivouac ! Ca me fout en rogne, je vois bien qu'ils sont tous frustrés de ne pas être seuls dans cette cabane, mais enfin quand même ! Nous montons les abris, et pendant que Yo s'en va se laver dans le marécage voisin, moi, je ne m'embarasse pas des formalités et je vais directement au tuyau, à la cabane. Sur mon passage, la jeune maman m'adresse tout de même un franc sourire qui me fait du bien, tout n'est pas perdu !

Pluie en cours sur la frontière

Je n'avais encore lavé qu'une jambe sur deux que tout d'un coup, l'orage éclate, versant sur nous une belle averse, ni une ni deux, je remballe mes affaires (sèches, celles prévues pour la nuit) et m'en vais me réfugier sous la tente de Yo qui nous servira d'abri commun pour ce soir. Tant pis, je serais mi sale-mi propre, c'est pas grave, on arrive demain !

Mousse se roule en boule sur son tapis pendant que nous dégustons nos semoules respectives pour la dernière fois du périple. Nous profitons de la soirée en discutant sur fond musical qui se prête bien à l'ambiance. Rapidement, nous regagnons nos couches pour une bonne nuit en écoutant, par intermittence, tomber la pluie.

Jour 6 - Dimanche 16 Aout 11 km, +564, -1011

Dernier matin ! Il à fait humide et frais, je n'ai toujours pas eu froid, j'aime toujours autant mon quilt ! Au réveil, il ne pleut plus, et nous partons d'un bon pas en direction du refuge de Juclar. Manque d'attention sûrement, nous loupons la bifurcation qui nous y aurait conduit sans trop perdre de dénivelé et nous retrouvons dans le fond de vallée, à l'aire de pique nique del Travenc ! Oups, on va faire un peu de rab on dirait ! Qu'à celà ne tienne, haut les coeurs, nous remontons tout le dénivelé perdu le long du riu de Juclar qui est très joli.

Nous y croisons un groupe de grimpeurs, je me demande ce qu'ils viennent grimper ici, il faudra que je me renseigne ! Dans la montée, Yoann est très près derrière moi, tiens donc, on dirait bien qu'il y prend goût ! Il est quand même sacrément costaud parce que moi, avec son sac, un crane de cheval de 4 kilos et sans manger, ben heu ...

Nous atteignons l'étang de Juclar une bonne heure après notre départ, l'ambiance est feutrée, c'est le petit matin et nous ne voyons personne autour du refuge, où nous ne montons pas.

Nous devons traverser entre les deux étangs pour atteindre le col, frontière avec la France.

Petite pause fruits secs avant d'entamer la dernière montée du périple, le sentier est un peu escarpé et il y a quelques cordes pour aider, mais sur terrain sec il n'y a aucun problème ! Quelques personnes ont bivouaqué près du lac mais bien moins que ce à quoi je m'attendais en ce week end du 15 Août !

Au pied de la montée, je dis "A toute à l'heure à Yoann", parce que ça y est, c'est la dernière, je peux lacher les chevaux ! Youpiii je caracole jusqu'au col de juclar, en courant presque parfois, ne me demandez pas pourquoi, mais j'adore ! Mon sac est léger, je double quatre mulets allemands aux yeaux ébahis, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, me voilà en haut ! Il y fait frais, mais je n'aurais pas longtemps à attendre Yoann qui arrive rapidement.

Nous comprenons alors les raisons de la faible fréquentation des lieux : la France est sous la mer de nuages !

Pour nous, c'est grand bleu.

Nous contournons l'étang de Joclar sur un sentier assez cahotique, je m'attendais à plus roulant, mais ce n'est pas désagréable ! La descente est raide et donc rapide, dans l'autre sens ça grimpe fort ce qui ne nous empêche pas de croiser une fille qui monte en doudoune en plumes ! Nous suivrons ensuite le fond de la vallée pour rattraper la jasse de Pinet, découvrant alors le ciel bas qui règne ici.

Oh tiens, une montagne !

Y fait mouillé ...

Nous croisons beaucoup de randonneurs qui redescendent des bivouacs à fontargente, eux aussi avec tout qui balotte à l'extérieur du sac, nous croisons des gens qui montent complètement désabusés de la météo, nous en rassuront certains en leur disant qu'il faut continuer, qu'en haut il fait beau ! Quand à nous, c'est fini, nous atteignons la voiture à peine avant midi, comme prévu !

Tout s'est bien déroulé dans l'ensemble, les étapes étaient largement faisables et nous y avons pris du plaisir, c'est le principal ! Ceci étant, je reste assez déçue des paysages, où la main de l'homme est toujours trop présente à mon goût, nous avons croisé beaucoup de monde et marché sur beaucoup de pistes et de route, et clairement, ce n'est pas ce que je cherche quand je pars en montagne ! Mais c'est très personnel, je suis persuadée que beaucoup trouverons l'itinéraire tout à fait à leur goût. Pour la prochaine, je reste en Ariège !

****

Au niveau alimentation tout était au poil : je suis rentrée avec 2 kiri et deux crakers, soit ma ration prévue pour le dimanche midi au cas où. Par contre, j'ai pris 600 gr de croquettes en trop pour Mousse qui ne mange jamais très régulièrement, j'étais partie sur 400gr/jour mais comme il y a un jour où elle a fait une grève de la faim ... C'est moi qui ait tout porté le dernier jour pour lui laisser finir tranquillement la sortie. J'avais aussi pris trop de muesli, compte tenu du fait que j'ai eu du mal à les avaler au début. Cependant je ne suis pas rentrée avec grand chose puisque ensuite j'ai commencé à le manger au goûter, il m'en restait à peine 150 gr au retour.

J'ai réussi à gérer mon eau sans en prendre trop, voilà un moyen bien efficace de gagner 1 kilo !

J'ai oublié de peser mon masque, ma clé de voiture, et mon nécessaire à lentilles que j'ai finalement décidé d'emporter au dernier moment, soit une centaine de grammes supplémentaires en tout, mea culpa !

Bref, je crois qu'on peut dire que je connais quand même assez bien mes besoin maintenant pour pouvoir être assez précise sur ce que je dois emporter ou non. C'est très agréable de savoir que l'on n'a que le strict nécessaire avec soi (oui, pour moi, l'oreiller est nécessaire ! ), mais que pour autant, on a tout ce qu'il faut. Je n'ai pas suscité de remarques avec mon petit sac de 30L, mais je pense que la plupart des gens que nous avons rencontrés pensaient que nous partagions nos affaires de bivouac, Yoann ayant sa tente accrochée à l'extérieur du sac à dos. Au contraire, ils devaient se dire que j'étais pas cool de le laisser tout porter !

Nous avons eu plusieurs moment comiques en comparant nos affaires, par exemple celui où il a sorti sa grande serviette microfibre pour s'y enrouler alors que la mienne fait 20*20 (même pas de quoi faire un pagne !). Idem lorsque je l'ai vu sortir de la douche à l'hotel avec sa belle chemise apportée "au cas où" ! Je me suis aussi revue galérer lorsqu'il a fallu vider la moitié de son sac pour attrapper les jambes du pantalon restées au fond, etc ! Je crois pouvoir dire sans me tromper que l'idée de l'allègement à fait son chemin tranquillement et qu'à l'avenir Yoann devrait devenir de plus en plus MUL, ce qui lui permettrait de ramasser encore plus de crânes de cheval !

Bilbox · 29-08-2020 18:51:28

Je veux une photo de Naturlandia!
Sympathique récit, en effet il y a quelques points plus urbanisés qui rendent cette rando moins sauvageonne que d'autres, peut-être du aux stations de ski proches, je ne sais pas. Perso après une descente infernale je suis bien content de faire une heure de piste . Dans l'ensemble tu n'as pas donné envie

Ce coussin à 96g me turlupine quand même, un t-shirt en double ne te suffit pas? Content d'avoir vu une photo du chien entier, quand j'ai vu "mousse recoupée" j'ai cru que ses oreilles avaient été sacrifiées sur l'autel de l'ultra-légèreté, ouf.

Joy Supertramp · 29-08-2020 20:31:38

Haha, tu as raison, je devrais préciser "tapis mousse de bivouac recoupé" !
Naturlandia, je n'ai pas pris de photos, le moins on s'y arrêtais, le mieux c'était !
Je n'ai pas cherché à donner envie en effet, j'ai juste raconté comme je l'ai ressenti. En fait il y a tous les jours des passâges magnifiques, mais comme il y a aussi tous les jours de belles traces de vie humaine, ça m'a empêché de ressentir les émotions qui moi me font vibrer a la montagne.

Ceci dit, en suivant les étapes officielles, on n'enchaine pas les deux journées les moins fun qui sont alors au depart et à l'arrivée. Nous, on a commencé par le plus sauvage, en venant de l'Ariege, alors forcément !

Pour le coussin, non un t-shirt ne suffit pas, d'autant que celui qui n'est pas sur moi est mouillé le soir puisque je viens de le laver. J'ai eu un accident de voiture en octobre dernier et j'ai gardé une sensibilité aux cervicales. Une nuit ça irait mais plus... ça serait chercher les ennuis.

Lou_is34 · 30-08-2020 08:19:33

Joy Supertramp a écrit :

#582490Haha, tu as raison, je devrais préciser "tapis mousse de bivouac recoupé" !

Salut Joy ,

Tu l’as fabriqué comment le tapis pour Mousse et avec quoi exactement ?

Je regarde les matelas type accordéon sur décathlon pour pouvoir le recouper aux dimensions voulues et pour qu’il puisse rentrer dans son sac Palisades. Je ne sais pas si le côté argenté aura un effet cependant Hades sera tout de même isolé du sol.

florencia · 30-08-2020 10:04:45

Bonjour Joy Supertramp,

je reste assez déçue des paysages, où la main de l'homme est toujours trop présente à mon goût, nous avons croisé beaucoup de monde et marché sur beaucoup de pistes et de route, et clairement, ce n'est pas ce que je cherche quand je pars en montagne ! Mais c'est très personnel, je suis persuadée que beaucoup trouverons l'itinéraire tout à fait à leur goût. Pour la prochaine, je reste en Ariège !

Un peu le même ressenti général de mes différentes incartades Andorranes, plutôt en mode traversée que boucle. Immersion plus difficile du fait des facilités d'accès et proximités urbaines, mais chouette balade quand même

Merci pour le retour

Flo

Joy Supertramp · 30-08-2020 12:31:02

Merci Flo

Louis, c'est un bête tapis de bivouac en mousse avec un face alu, les moins cher au decath, découpé a la bonne taille pour qu'elle puisse se mettre en boule dessus. En guise de sit pad, il me va de la nuque aux fesses, nikel pour la sieste ! J'ai le même depuis plus d'un an, il est accroché a l'extérieur de mon sac. Dans les sacoches de Mousse je ne met que ses croquettes, plus facile a équilibrer niveau poids !

Dernière modification par Joy Supertramp (30-08-2020 12:31:32)

Lou_is34 · 30-08-2020 12:53:47

Merci pour les détails.

Si jamais je fais cet achat je le découperai en deux et mettrai un velcro sur la partie inférieure pour coupler les deux morceaux.

Je pense créer une page wiki pour nos amis à quatre pattes niveau matériel si les modérateurs veulent bien

Joy Supertramp · 30-08-2020 15:07:07

Ah oui, ça peut être une idée, enfin pour moi la liste est courte ! Laisse, harnais, sacoches si on veut et tapis. C'est tout

Elle mange et bois dans les ziplock, n'a pas besoin de friandises ou de jouets, je n'emporte plus de bottine, pas de duvet ou autre non plus... C'est vite vu !

Cat 09 · 04-10-2020 22:33:55

Salut Joy,

Merci pour le récit, qui me donne des idées, d'endroits à explorer, et d'autres à éviter !

Au passage : en raquettes vers les Pessons, je suis partante .

FHTM · 05-10-2020 10:56:36

Que de belles photos

Cela donne envie de partir en expédition !
Dommage que les contraintes de la vie de tous les jours ne permettent pas de partir quand bon nous semble.

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#1 27-08-2020 21:25:22

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#9 28-08-2020 09:48:57

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#19 30-08-2020 08:19:33

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#21 30-08-2020 12:31:02

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