[Récit + liste] 3ème partie de HRP à cloche pied

Bombadyl · 21-07-2023 16:20:45

Samedi 8 juillet 2023 - Départ

Aujourd'hui je retourne à Parzan.

Le lieu en soit ne fait pas rêver : village encaissé dont l'attractivité indéniable repose sur la présence de supermarchés frontaliers garnis d'alcool et de cigarettes.
Mais pour moi ce lieu est synonyme d'aventure inachevée.
C'est là que nous nous sommes arrêtés de marcher avec Tom l'an dernier et c'est là que je reprendrai seul le sentier qui me mènera un jour à l'océan.

J'ai réservé un BlaBlaCar direct de Toulouse à Parzan: une veine !
Seul bémol : il ne part qu'à 21h et me déposera au bord de la route vers minuit, juste avant la fermeture du tunnel-frontière.
Il faudra ensuite marcher une bonne heure à la frontale pour planter la tente hors de la forêt.

Ça c'était le plan prévu depuis une semaine.

Mais quand je me réveille ce matin je découvre que le conducteur a annulé son trajet...
Je cherche vite un plan de secours et opte pour un départ proche de chez moi à 14h mais une arrivée à 35km de Parzan. Tant pis je finirai en stop.

Je prépare donc mon sac plus rapidement que je ne l'avais prévu en tachant de ne rien oublier. Heureusement j'ai déjà fait les courses et reconditionné la nourriture pour 3 jours, il ne reste plus qu'à tout fourrer dans le sac à dos.

Me voici donc sur la route avec un conducteur très sympa qui se rend au championnat de France de Deltaplane. On discute montagne et aérologie.
Il me dépose à Arreau sur un petit parking à la sortie d'un rond-point : lieu stratégiquement choisi pour faire du stop.
À peine le temps de lever le pouce, une voiture s'arrête sur le parking: une infirmière et sa fille qui se rendent en Espagne. Bonne pioche !
Là encore on discute montagne avec la mère qui a fait plusieurs treks de haute altitude en Inde et en Bolivie.
Je suis déposé sur le bon parking avant Parzan avec une banane offerte pour la route !

Je remercie intérieurement le conducteur qui a annulé son trajet : 18h30 c'est bien plus confortable que minuit pour reprendre la marche en douceur.

Oui car mon objectif premier cette année est de faire accepter l'idée à mon genou droit de marcher quelques heures par jour sans douleurs.
Après un incident de parcours douloureux en Avril, l'IRM récente montre une fissure méniscale et plusieurs conséquences inflammatoires malgré 3 mois de repos sportif complet.
Après plusieurs hésitations j'ai décidé de partir quand même à la date prévue et de marcher doucement jusqu'à ce que mon genou en ait marre. Je ne veux surtout pas aggraver les choses et compromettre ma capacité à randonner par la suite.

C'est donc d'un pas de sénateur que j'aborde la piste qui s'élève progressivement dans la forêt.

Je suis heureux d'être là.
Le trajet maintes fois parcouru sur les cartes est enfin sous mes pieds.

Après une bonne heure de marche j'atteins la cabane de Barossa posée dans l'herbe au milieu de falaises impressionnantes d'où dégringolent quelques cascades.

Je suis tenté de tenté de poursuivre un peu mais il est peu probable que je trouve un bel emplacement de bivouac avant les lacs de barroude qui sont encore à plus de 2h de marche. Respectons le démarrage en douceur que je me suis promis.

La cabane est propre et occupée seulement par un couple de français. Deux espagnols sont allongés dans l'herbe, ils rejoindront sûrement la cabane à la nuit tombée.

Il n'y a pas beaucoup de plat aux alentours donc j'opte pour la simplicité de la cabane mais en accrochant la tente intérieure à la mezzanine: ça évitera que mon matelas ne grince sur le plancher de bois, et me garantira une nuit de sommeil sans moustiques.

Même si je n'ai pas beaucoup marché, je ne résiste pas au bain glacé dans une baignoire du torrent en contrebas.
Se baigner nu dans l'eau froide entouré de belles montagnes: c'est aussi ça la liberté !

Pour ce premier diner non prévu dans les courses initiales, j'ai acheté un sandwich sur la route. Ce n'est pas le meilleur des repas mais c'est bien pratique et plus varié que mes prochains diners.

Lorsque je me couche, un troupeau de vaches a envahi les abords de la cabane, forçant les 2 espagnols à se déplacer pour ne pas être piétinés. Ils restent quand même à l'extérieur, on laisse donc la porte de la cabane ouverte pour eviter les grincements métalliques nocturnes, en espérant que les vaches n'aient pas le culot de s'installer à l'intérieur.

Vers minuit nous sommes réveillés par la porte qui se ferme, les frontales dans les yeux et la mezzanine qui grince. Ça me rappelle pourquoi j'essaye habituellement d'éviter les nuits en cabane ou en refuge. Mais avec mon super kit nocturne boules quies + masque sur les yeux, je suis moins dérangé que mes voisins qui ralent.

Je suis en vacances, je peux dormir demain matin si besoin.

Parcours du jour: -> Trace téléchargeable sur VisuGPX

Quelques chiffres:

Pour ceux qui ont loupé les épisodes précédents:
HRP2021 - Partie 1 (solo)
HRP2022 - Partie 2 (duo)

Matt81 · 21-07-2023 17:26:52

Super, c'est reparti !!!

ludof · 21-07-2023 17:53:02

Chouette, un nouveau CR, je m'abonne !

J'adore tes diagrammes, en particulier les données dans le pavé "quelques chiffres". Tu utilises quoi comme application pour les générer ?

Ludovic

tolliv · 22-07-2023 12:32:23

ludof a écrit :

#687153J'adore tes diagrammes, en particulier les données dans le pavé "quelques chiffres". Tu utilises quoi comme application pour les générer ?

Si tu cliques sur le lien VisuGPX donné (au-dessus de la carte), tu vas arriver sur le site éponyme et si tu descends un peu, tu auras tous ces renseignements graphiques.

ludof · 22-07-2023 15:13:40

Merci Tolliv

DOM42 · 22-07-2023 19:25:27

Je découvre et vais suivre ça de près

Bombadyl · 22-07-2023 22:24:36

tolliv a écrit :

#687183
ludof a écrit :
#687153J'adore tes diagrammes, en particulier les données dans le pavé "quelques chiffres". Tu utilises quoi comme application pour les générer ?
Si tu cliques sur le lien VisuGPX donné (au-dessus de la carte), tu vas arriver sur le site éponyme et si tu descends un peu, tu auras tous ces renseignements graphiques.

Oui dans le récit de l'an dernier j'ai mis directement une capture des statistiques disponibles sur la fiche VisuGPX.
Cette année j'ajoute une petite fantaisie en synthétisant les 6 infos principales dans un bandeau unique créé sous PowerPoint mais en conservant les icônes VisuGPX que je trouve super (même tolliv n'y a vu que du feu )

tolliv · 22-07-2023 22:38:11

Bombadyl a écrit :

#687201 mais en conservant les icônes VisuGPX que je trouve super (même tolliv n'y a vu que du feu

Si, si, j'avais bien vu le photo montage (ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace). Je me suis même fait la réflexion que c'est vachement chronophage et qu'on ne doit faire ça qu'au début. Au bout de quelques années, on ne met plus rien du tout !
J'ai vu que c'était un photo montage également à cause de la mauvaise qualité d'image. En format png, tu n'aurais pas eu ces artefacts jpeg

Bombadyl · 22-07-2023 23:16:53

tolliv a écrit :

#687202Si, si, j'avais bien vu le photo montage (ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace).

Damned !
Un jour je l'aurai...

Merci pour le conseil PNG, je vais tenter pour le prochain (avant d'abandonner ces fantaisies chronophages)...

laxmimittal · 23-07-2023 22:54:55

bon ben c'est parti pour une HRP à cloche pied;

je m'inscris pour suivre

L.

azerty · 24-07-2023 07:30:28

Bon voyage.

karibou31 · 24-07-2023 10:18:07

Bons chemins Bombadyl en espérant que le genou tienne!

Bombadyl · 24-07-2023 13:57:24

Dimanche 9 juillet 2023 - Barroude/Troumouse

Je quitte discrètement la cabane (1740m) avant tout le monde et entame la montée à 6h55.

Je marche à pas de loup pour économiser mon genou.
En montée c'est facile.
Le vrai test sera la première descente.

Je ne cesse d'admirer le pic de Troumouse (3085m) avec ses falaises si caractéristiques et ses névés en fonte qui dévalent en cascade vers la vallée.

Je compte dormir ce soir dans le cirque de Troumouse juste derrière ce pic.
À vol d'oiseau c'est tout proche mais une longue muraille infranchissable (pour moi) va grandement allonger mon chemin.
Le soleil me surprend à l'approche du port de Baroude (2534m).
J'ai déjà bien grimpé et toujours pas de douleurs, c'est rassurant.

La découverte du site de barroude (2350m) est un émerveillement.

Je le traverse en admirant.

Je poursuis par un joli balcon parfois tourmenté, qui me mène en douceur à la hourquette de Chermentas (2439m).

Une nouvelle vallée s'offre au regard mais je résiste aux attraits du lac et de la verdure pour m'élever en direction de la hourquette de Heas (2608m) dont l'approche est un peu raide dans la poussière.

Là haut, la suite du programme est à l'affiche: le massif du Vignemale et les hauteurs du cirque de Gavarnie.

J'hésite à grimper sur les crêtes jusqu'au col de la Géla (2706m) pour avoir une vue plongeante sur les lacs de barroude. Mais le vent souffle trop fort pour aborder sereinement ce tracé, et ma gourde est presque vide.
J'opte donc pour la traversée du vallon afin de rejoindre le port de la Sède (2651m) juste en face de moi, bien à droite du joli pic de Gerbats (2904m).

De là, je devrais pouvoir plonger dans le cirque de Troumouse.
Au fond du vallon je m'arrête au premier ruisseau croisé (2400m) pour boire et déjeuner en face du Vignemale.

Ensuite je grimpe hors sentier jusqu'au col de la Sède, en perdant régulièrement les quelques Cairns disparates avant de rejoindre une petite sente dans l'éboulis.

En me retournant, je distingue la Hourquette de Héas dans l'ombre d'un nuage et son arête découpée au laser.

Le col de la Sède se dévoile enfin.

Un couple s'y repose.
Nous discutons un bon moment en admirant la vue imprenable sur le cirque de Troumouse et sur le Vignemale au loin.

Ils sont montés par le cirque et n'aimeraient pas redescendre par le même itinéraire: c'est très raide sur du caillou croulant et la chute est interdite.
Ensuite c'est encore plus raide mais sur du bon rocher.
En tout il y a presque 500m à descendre avant d'atteindre le fond du cirque et ses vertes pelouses à nos pieds.

Je m'engage dans la partie croulante en réfléchissant bien à chaque pas pour minimiser les risques.
Les 50 premiers mètres se passent bien.
Puis brusquement mon genou droit m'envoie une vive douleur que je connais trop bien.
Je tente quelques pas de plus mais c'est de pire en pire.
Impossible de trouver des appuis qui épargnent le genou dans cette pente trop raide et trop friable pour transférer plus de poids sur les bâtons.

Je dois me rendre à l'évidence: je ne pourrai pas descendre encore 400m de dénivelé sur ce terrain là sans compromettre la suite de la randonnée ou faire une erreur impardonnable en essayant de soulager mon genou.

La déception est forte mais je prends la décision de rebrousser chemin.

Remonter jusqu'au col ne provoque pas de douleur et se fait bien plus rapidement que d'en descendre.
C'est vraiment le poids du corps sur le genou fléchi qui déclenche la douleur et donc les grands pas en descente qui me sont impossibles.

Depuis le col je redescend tout ce que j'ai péniblement grimpé cette après midi.
Tant pis.

Je suis sur d'avoir pris la bonne décision.
J'arrive à me convaincre que c'était d'ailleurs la seule option viable. Même en raisonnant à très court terme, la douleur grandissante aurait pu me faire tourner de l'œil au milieu de la paroi et je préfère ne pas imaginer la suite.

Sur l'autre versant, la descente à petits pas ne me fait pas vraiment mal.
Le moral alors tombé au fond des chaussettes remonte un petit peu et je me dis que je vais peut-être pouvoir continuer malgré tout, à condition d'éviter les descentes trop raides.
En prenant les choses du bon côté, j'ai tout simplement trouvé la limite de ce que mon genou supporte et il faut à présent vivre avec en respectant cette limite.

Mais à présent que la douleur est réveillée, plusieurs pas qui passaient bien ce matin, me font mal à présent.
Le moral replonge.
Parfois j'ai l'impression de pouvoir marcher normalement sans douleur et sans gêne, à un rythme honorable.
Mais le moindre trebuchement qui m'oblige à me rattraper avec la jambe droite, me provoque une vive douleur.

Je ne cesse de descendre à la recherche d'un endroit plat au bord de l'eau pour me rafraîchir, m'allonger et faire le point calmement.

Plus je descends et plus la chaleur moite m'envahit.
Je trouve enfin du plat et de l'eau à la cabane de l'Aguila. Mais un troupeau de vaches squatte le ruisseau, bientôt rejoint par un troupeau de brebis.
Je m'allonge au frais dans la cabane humide et sans ouvertures.

Dans le noir, je tente de faire le point.
Je peux encore marcher, mais à quel prix ?
Suis-je en train d'hypothèquer mes chances de guérison rapide ?
J'étais parti dans l'idée d'arrêter en cas de douleur. Là j'ai clairement atteint ce stade.
Mais je n'ai pas envie d'arrêter si tôt.
Je peux encore marcher. Mais jusqu'où ?

Je me replonge dans la carte pour évaluer mes options.
L'idéal serait de dormir ici ce soir. Il reste environ 400m D- jusqu'à la chapelle de Heas et sa route.
Un bon test pour le genou reposé qui me permettrait alors de décider si j'arrête ou pas.

Mais l'endroit ne m'inspire pas du tout! Je ne vais pas planter la tente au milieu des troupeaux ni rester piégé dans cette cabane humide et aveugle.
En plus j'ai déjà dormi en cabane hier, je ne peux pas arrêter sans avoir fait au moins un beau bivouac !

Le prochain lieu sympa pour bivouaquer n'est pas tout proche. C'est le fond du cirque d'Estaubé après le lac des Gloriettes.
Pour l'atteindre il faut d'abord descendre à la Chapelle de Heas, suivre la route en pente douce sur 2,5km et enfin remonter une petite route en lacets sur 2,5km avant de pouvoir traverser le barrage et contourner le lac.
Programme peu alléchant qui me rappelle pourquoi mon itinéraire initial empruntait le col de la Sède.

Il est déjà 17h15. Tant pis je continue déjà jusqu'à la route et j'aviserai après.

La descente à petits pas se passe plutôt bien. Je retrouve le couple qui m'a vu passer deux fois au col de la Sède. Je ne dois pas marcher si lentement que ça finalement.

La vue sur la vallée dévoile d'un côté une mer de nuages prête à m'engloutir, et de l'autre un point de vue différent sur le cirque de Troumouse.

Troumouse n'a pas voulu de moi aujourd'hui mais je ne lui en veux pas : il m'a déjà accueilli il y a quelques années lors d'une très agréable rando familiale.

À 18h10 je passe devant la chapelle de Heas et l'auberge de la Munia dont le parking est rempli de camping cars.
Pas le type de bivouac auquel j'aspire si ça doit être le premier et le dernier de cette édition 2023.

Sur la route j'arrive à marcher normalement, c'est donc parti pour une longue descente bitumée à moitié dans les nuages.
À mi-chemin, une voiture s'arrête à ma hauteur: c'est toujours le même couple qui doit avoir pitié de moi et me propose un coup de pouce motorisé. C'est gentil mais j'ai l'impression (à tort) que je vais bientôt bifurquer vers la route du barrage.

Je finis par atteindre le croisement qui dévoile les grands lacets de la montée. Une voiture s'y engage avant moi: dommage, j'aurais bien triché à ce stade.

Je m'élève discrètement au dessus de la vallée que j'imagine à travers les nuages. Au moins j'echappe à la grosse chaleur et surtout je marche encore.

De lacet en lacet j'atteins le barrage et je retrouve un sentier, encore plus désert que la route.

Du lac des Gloriettes, je garde un souvenir d'infinité.

À la première passerelle, je m'aventure en face à la recherche d'herbe plate, la proximité de l'eau étant déjà acquise.
Ma visibilité se limite à 10m et plusieurs endroits qui semblaient parfaits se révèlent être au bord d'un autre sentier ou trop proches de l'eau.
J'opte pour un mini canyon en herbe par lequel les vaches ne semblent pas trop passer si j'en crois la plus faible densité de bouses.
J'y laisse l'intégralité de mes affaires pour aller me baigner dans un creux du torrent 50m plus loin.
L'intimité qu'offre la brume se paye avec un surcroît de motivation pour entrer dans l'eau froide et un temps de séchage à l'air libre indiscutablement allongé !

Pour le dîner, il convient de doubler les doses prévues.
Il parait que le chocolat c'est bon pour le moral: la grosse tablette de 200g en prend pour son grade.
Que ce soit à pieds ou en stop, par le col ou par la route, j'atteindrai Gavarnie ou un autre lieu achalandé en moins de 24h sans épuiser mes 2 jours de vivres.
J'ajoute à mon repas un cachet d'anti-inflammatoire prescrit par le médecin du sport. J'espère ainsi éviter des gonflements dans le genou qui viendraient s'ajouter à la douleur principale.

Lorsque le gris du ciel s'obscurcit, je plante ma tente et m'endors rapidement.

Parcours du jour: -> Trace téléchargeable sur VisuGPX

Quelques chiffres:

Edition = rédaction en plusieurs temps

Dernière modification par Bombadyl (24-07-2023 15:21:28)

tolliv · 24-07-2023 15:53:58

Un belge m'a raconté qu'il avait dû redescendre d'une montagne à reculons à cause de la douleur qu'il avait s'il descendait normalement.
Il avait placé son épouse en aval, pour le prévenir de la montée d'éventuels randonneurs parce que "vous comprenez, si les français remarquent que c'est un belge qui descend en marche en arrière.." (phrase à dire avec un accent belge à couper au couteau).

Dernière modification par tolliv (24-07-2023 22:57:40)

laxmimittal · 24-07-2023 23:31:59

ooohhh comme je compatis.

une arthrose des deux hanches m'a handicapée toute cette année. je ne pouvais pas aller chercher la pain à 500 m sans souffrir.

j'étais désespérée.

j'ai dû renoncer à ma portion de HRP cet été et à tous les we de randonnée avec mes amis parisiens du forum depuis décembre dernier.

je me suis rabattue sur un tour autour de la vallée d'aspe parce qu'il fallait absolument que je puisse randonner au moins huit jours cette année pour des raisons amicales.

finallement, je suis partie crapahuter 15 jours dans tous les sens de la vallée d'aspe aux divers vallées de hecho et je n'ai pas eu mal une seule fois.

J'espère de tout coeur que tu vas t'en sortir.

L.

ludof · 29-07-2023 22:17:58

Je compatis également, une blessure qui remet potentiellement en cause la possibilité de pratiquer une activité qui nous est essentielle est vraiment difficile à gérer.
J’espère que tu vas t’en sortir et que ça ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir.

En tout cas te lire est un vrai plaisir, tu as un vrai talent de conteur, et tes photos sont magnifiques.

Ludovic

Berezech · 30-07-2023 11:48:19

Grosse pensée pour toi, toujours un plaisir de lire ton récit.

Bombadyl · 05-08-2023 13:29:47

Merci beaucoup pour vos gentils messages qui me touchent !

La suite du récit est en cours de rédaction mais il faudra patienter un peu: je repars plusieurs jours avec les 2 enfants profiter de l'air d'altitude.

Poids des sacs pour 3 ou 4 jours d'autonomie avec eau et nourriture (et doudou et talkie-walkie...): 11.5kg, 3kg et 2kg.

Le volume du KS50 est tout juste suffisant... Ça fermera après quelques repas

DOM42 · 05-08-2023 14:02:53

Bonne rando à toi et tes enfants. On attendra ton retour

ludof · 05-08-2023 14:08:34

Si tu repars en rando c’est bon signe… profite bien !

karibou31 · 05-08-2023 14:29:04

Top! Profite bien! Je me demandais justement si le ks40 n'était pas suffisant.. visiblement dans certains cas non

Bombadyl · 09-09-2023 12:16:18

Merci pour vos messages. On en a bien profité ! Mais c'est une autre histoire...

Revenons au mois de juillet pour la suite de ce récit.

Hervé27 · 09-09-2023 17:27:51

Je rattrape mes récits en retard ! J'ai d'abord cru que tu allais renoncer dès ce 1er jour , mais non .

J'espère que la suite n'a pas été trop dure ...

Cat 09 · 09-09-2023 21:04:57

Je rattrape moi aussi du retard de lecture. Bon, si tu es reparti avec tes enfants, c'est bon signe. Par contre nous on est restés au lac des Gloriettes avec toi . La suite, la suite !

Bombadyl · 09-09-2023 21:45:01

Lundi 10 juillet 2023 - Estaubé/Gavarnie

Ce matin je découvre l'endroit où j'ai dormi.
Sans le savoir j'ai choisi un bien bel emplacement.

La journée débute sur un chemin quasiment plat, à l'ombre des montagnes et riche en marmottes.

Je m'arrête au bord d'un ruisseau face au cirque d'Estaubé pour déguster mon petit déjeuner.
Je prends le temps d'apprécier le paysage, la fraîcheur et de laver mes chaussettes de la veille.
Savoir que la balade touche peut-être à sa fin m'incite à ralentir encore davantage le rythme pour profiter de chaque instant.
Au ruisseau suivant, je renoue avec les bonnes pratiques de l'an dernier en y plongeant mon t-shirt avant d'attaquer la grimpette au soleil: vivifiant et salutaire !

La vue depuis la Hourquette d'Alan est splendide: le cirque de Gavarnie s'ouvre devant moi.

Le massif du Vignemale à droite m’indique la direction de l’Océan, qui s’est brusquement éloigné dans le temps hier au col de la Sède.

Je fais une pause à l'ombre de la falaise pour me rafraîchir.
Il y a du réseau: j'en profite pour envoyer quelques messages et prendre la météo des jours suivants, au cas où je décide de poursuivre après Gavarnie…

Puis il faut attaquer ce que je redoute à présent: la longue descente de 1100m vers le fond du Cirque.
Le sentier est tendre avec moi: il trace de beaux lacets pour m'offrir une faible pente qui plaît bien à mon genou.
Je fais de tout petits pas et j'appuie exagérément sur les bâtons pour ne pas risquer de réveiller la douleur.
Je me force à faire de nombreuses pauses et j'en profite pour admirer la beauté naturelle de ce cirque qui se dévoile petit à petit.

Arrivé au refuge des Espuguettes je fais le plein d'eau et je discute avec un autre randonneur qui s'intéresse à mon panneau solaire bricolé. Je lui confirme que j'en suis très satisfait et que pour 200g j'ai l'impression d'avoir une prise murale dans mon sac à dos. Je recharge mon téléphone seulement 1h le matin en marchant et ma montre 30 minutes pendant la pause déjeuner. C'est un peu surdimensionné pour les journées de plein soleil mais je n’ai pas besoin de powerbank ni de chargeur mural et je suis libéré de l'inquiétude de la météo concernant mon autonomie énergétique.

Ce randonneur curieux c'est Damien l'aventure dont j'avais suivi sur le forum le début de HRP avortée. Un projet qu'il souhaite reprendre l'an prochain.

Une française à l'accent américain se joint à notre discussion. Elle randonne sur plusieurs jours avec un groupe d'américains depuis l'Espagne et n'a pas vraiment apprécié l’équilibre précaire au pas des Isards pour atteindre la brèche de Roland.
On discute tous les trois de l'origine de ce nom: la confusion règne sur le lien entre Roncevaux, Gavarnie et Rocamadour. Après une recherche approfondie, tout s’explique: en tentant de briser son épée à Roncevaux, Roland a ouvert cette immense brèche ici à plus de 100km. Puis face à cet échec, il l’a jetée jusqu’à Rocamadour à 300 km. Logique.

Après cette longue pause, je reprends la descente et ne tarde pas à atteindre la limite des sapins. L'air devient chaud et moite et l'ombre intermittente ne suffit pas à assurer le confort thermique du marcheur.
Je commence à guetter les endroits qui pourraient être agréables pour une pause déjeuner. Je n'ai pas encore vraiment faim mais je cherche à fractionner au maximum cette longue descente.
Jusqu'ici j'ai réussi à éviter toute douleur et même quasiment toute sensation désagréable.
Je commence à envisager sérieusement de poursuivre après Gavarnie alors que j'avais presque abandonné tout espoir hier après-midi.
Avec un jour de plus je pourrais atteindre sans me presser les Oulettes de Gaube et décider alors de continuer ou de rejoindre le grand parking du Pont d'Espagne. Voilà une perspective réjouissante.

Au détour d’un lacet je passe devant un petit tuyau d’eau. Une famille espagnole est en train de s’y rafraîchir en s’aspergeant. Me voyant y remplir ma gourde, ils sont surpris et me demandent si elle est potable. Je leur répond (en espagnol approximatif) que je n’en sais rien mais que celà m’importe peu puisque j’ai un filtre. Content d’avoir réussi à échanger quelques mots, je poursuis ma descente.
Quelques lacets plus bas je repense à la scène et mon cerveau s’allume enfin: je réalise que la question était certainement intéressée car ils avaient soif mais n’osaient pas boire cette eau. J'aurais dû filtrer un peu d’eau pour eux… Je m’en veux de ne pas le leur avoir proposé !

Pris dans mes réflexions j'atteins la grande piste plate qui longe le Gave de Gavarnie.

La population de marcheurs change de physionomie: les sandales et les ombrelles font leur apparition, ainsi que les grands groupes arborant tous la même casquette jaune.
Je n'ai pas l'intention de venir grossir les rangs des terrasses déjà prises d'assaut. J'ai 24h d'avance sur mon décompte de nourriture (prévu large volontairement) et donc de quoi faire un très copieux pique-nique avant le ravitaillement.
Je cherche des yeux une plage à l'ombre au bord de l'eau... Un peu ambitieux parmi cette foule qui aspire sans doute à la même fraîcheur que moi. Mais je ne tarde pas à trouver le Graal en remontant un peu vers le cirque.

Trop de monde pour une baignade naturiste mais je m'enfonce dans l'eau glacée jusqu'aux genoux et je m'asperge abondement le haut du corps et la tête.
Un pique nique très agréable les pieds dans l'eau face au décor de Gavarnie.
Je suis tout de même chassé de mon havre de paix par un enfant de moins de deux ans qui manque de casser mes bâtons en marchant dessus et s'intéresse d'un peu trop près à mes affaires laissées en vrac sur les cailloux. Même si je ne peux qu'encourager une passion si précoce pour le matériel léger, je m'empresse de le soustraire à ses soins trop enthousiastes.

Dans le village j'achète d'abord du saucisson dans une charcuterie de montagne.
La vendeuse me propose la bonne affaire du moment: un saucisson acheté pour 20 euros (un peu cher reconnaît-elle mais c'est la spécialité incontournable de la maison!) accompagné de… 5 saucissons offerts !
C'est tentant mais je ne vais pas porter 7 saucissons (il m'en reste encore une moitié) pour 5 jours d'autonomie.
J'opte sagement pour un saucisson de 350g à la truffe d'été, que j'étoffe d'un fouet Catalan. Allez savoir comment, je paye au final 20 euros et me retrouve avec 2 autres saucissons offerts ! Face à un tel poids de cochonnaille, je fais l'impasse sur le fromage de peur de repartir avec une meule entière.

Je complète au Vival avec 500g de semoule, du chocolat, des tucs et des biscuits pour le petit déjeuner (ils n'ont pas les biscuits Nutella, meilleur rapport calories/poids que j'ai pu trouver ! Pas d'Oreo non plus, je dois me rabattre sur les Princes...)
Mon sac s'est méchamment alourdit et a perdu sa silhouette svelte.
Après un rapide reconditionnement (trop rapide !) dans une chaleur étouffante, je quitte le village par le haut, le long du cimetière pour attraper le sentier qui grimpe sous les arbres avant de rejoindre la route quelques lacets plus haut.

Au refuge des Espuguettes, un HRPiste pressé m'avait dit avoir fait du stop depuis le barrage d’Ossoue car le GR le long de la route ne présentait aucun intérêt.
Je suis donc préparé psychologiquement à ne pas vivre la plus belle section de la traversée et à respirer des vapeurs de goudron fondu au soleil.
Je n'échappe pas totalement à ces dernières mais ça ne dure pas longtemps: le sentier traverse un torrent pour continuer à l'ombre sur l'autre rive.
Je trempe entièrement mon t-shirt dans l'eau à chaque occasion et elles sont nombreuses heureusement. L'effet bénéfique ne dure que 10 minutes mais ces minutes sont précieuses.
Au refuge des granges de Holle, les randonneurs sirotent des bières fraîches à l'ombre.
J'hésite à m'arrêter pour un coca mais j'ai déjà renvoyé mon portefeuille au fond du sac sous 3 tonnes de saucisson.
J'attaque le raide sentier qui coupe les lacets de la route sous le cagnard.
Il est 16h, l'heure idéale pour ce genre d'exercice.
Heureusement je croise quelques ruisseaux et passe autant de temps à mouiller mon t-shirt qu'à le faire sécher en marchant.
Puis le sentier vire à droite, la pente s'adoucit, la brise se lève : la balade redevient agréable.

Il faut même souligner que le HRPiste pressé avait faux sur toute la ligne: une fois que la hauteur est prise, c'est un sentier verdoyant avec des marmottes en pagaille et une vue imprenable sur le Vignemale et la vallée d'Ossoue.

Si on lit la carte trop vite (sans regarder les courbes de niveau) on peut en effet penser que le sentier longe la route, mais en réalité il est perché à flanc et la route n'est plus qu'un petit trait tout en bas.

Je marche pendant 2 heures sur ce sentier en balcon, profitant de la belle lumière de fin d’après-midi, celle que je préfère.

Mes yeux sont un radar, évaluant la “bivouacabilité“ de chaque replat selon plusieurs critères: pente, densité et amplitude des bosses, exposition aux derniers rayons de soleil, vue dégagée, visibilité depuis le sentier…
Un très bon candidat se présente 500m avant la cabane de Sausse-dessus.
Un tout petit replat niché en surplomb du sentier. Je fais le détour pour vérifier sur place. Tous les critères sont validés. Aux premières loges pour un coucher de soleil sur le Vignemale.
Il est 18h, c’est donc amplement suffisant pour cette journée “bonus” et bien au-delà de mes espérances de la veille.

Sauf que… je n’ai pas pensé à faire le plein d’eau en chemin. Il y a bien quelques ruissellements boueux mais j’ai envie d’une baignade pour ne pas dormir dans ma sueur séchée. Il me faut donc aller jusqu’à la cabane de Sausse-dessus où coule un gros ruisseau. J’hésite à laisser le sac à dos sur mon emplacement pour ne pas céder à la tentation de prolonger la journée de marche. Mais peut-être qu’il y en a d’autres aussi bien à proximité du ruisseau…

Me voici donc reparti avec mon sac. Je traverse le ruisseau sur une passerelle. Il n’est pas facilement accessible pour une baignade…
Un randonneur arrive à la cabane en sens inverse. Il est sur le GR10 et attend son cousin qui vit semble-t-il une étape difficile. Il pense être à moins de 15 minutes des Granges de Holle et il fait une drôle de tête quand je lui montre qu'il reste encore près de 6 km.

Ce qui est sûr c’est que je ne vais pas dormir ici: le ruisseau n’est pas accueillant, le soleil est déjà caché et je n’ai plus la vue sur le Vignemale !

Comme il est toujours plus facile (même sur du plat!) de marcher vers l’avant que vers l’arrière, je pousse jusqu’au prochain ruisseau indiqué près de la cabane de Lourdes.

Je l’atteins 2.5 km plus loin, heureux d’avoir retrouvé en chemin le soleil et le Vignemale.
De loin, la cabane semble surchargée. Il y a de nombreuses silhouettes et des tentes plantées tout autour. Je ne ferai donc même pas l’effort d’aller la visiter.

Le ruisseau me tend les bras. Ni une ni deux, je jette toutes mes affaires dans l'herbe et reste assis dans l’eau jusqu’à ce que mes jambes soient refroidies “à coeur”.

Je suis dérangé par une famille qui semble à la recherche d’un bon emplacement de bivouac. Ils tournent longuement sans paraître séduits par le lieu.
Une fois rhabillé, je discute avec eux et ils m’expliquent qu’ils avaient tout misé sur la cabane. Ils ont des duvets mais pas de tente. Le père est résigné à passer la nuit à la belle étoile mais son épouse peine à accepter la situation. Elle me demande s’il y a des ours ici. Je réponds qu’il ne pleuvra pas cette nuit. Ils finissent par s’installer à l’écart du ruisseau, en légère pente dans les herbes hautes.

De mon côté, je m’installe bien à plat, quitte à devoir faire quelques pas pour apercevoir le soleil se coucher derrière le Vignemale.

Parcours du jour: -> Trace téléchargeable sur VisuGPX

Quelques chiffres:

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#1 21-07-2023 16:20:45

[Récit + liste] 3ème partie de HRP à cloche pied

#2 21-07-2023 17:26:52

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#3 21-07-2023 17:53:02

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#4 22-07-2023 12:32:23

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#5 22-07-2023 15:13:40

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#6 22-07-2023 19:25:27

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#7 22-07-2023 22:24:36

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#8 22-07-2023 22:38:11

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#9 22-07-2023 23:16:53

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#10 23-07-2023 22:54:55

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#12 24-07-2023 10:18:07

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#13 24-07-2023 13:57:24

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#14 24-07-2023 15:53:58

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#15 24-07-2023 23:31:59

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#17 30-07-2023 11:48:19

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#18 05-08-2023 13:29:47

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#19 05-08-2023 14:02:53

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#20 05-08-2023 14:08:34

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#21 05-08-2023 14:29:04

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#22 09-09-2023 12:16:18

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#23 09-09-2023 17:27:51

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#25 09-09-2023 21:45:01

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