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#101 29-09-2016 10:58:18
- enrico
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- Inscription : 13-08-2013
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
En préventif, j'ai remplacé la vaseline par la crème Nok, formule un peu plus sophistiquée à base de beurre de karité, et qui n'est pas préconisée que pour les pieds comme différentes interventions sur ce forum laisseraient penser. Çà permet de rationaliser sur une seule crème.
Je lis sur le tube Nok : "Nok : Pour quoi ? Se protéger des frottements : (pieds, plis de l'aine, entre-jambes, aisselles, mamelons)".
Après, quand le mal est fait, est-ce que ça ne s'apparente pas à une brûlure de 1er degré, pour laquelle il faut appliquer une crème grasse "en épaisseur conséquente". (biafine, vaseline, nok, nivéa...). Je me souviens avoir eu un problème similaire à celui décrit par Bruno7864. J'avais trouvé une crème Nivéa standard dans une épicerie de village, laquelle, appliquée "généreusement", avait réglé le-dit problème.
Dernière modification par enrico (29-09-2016 11:00:01)
"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"
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#102 03-12-2016 21:54:31
- SolAhimsa
- Membre du CFFH
- Inscription : 31-10-2016
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Salupe ! Déjà merci pour ce partage ! Des photos bien belles et qui de chez moi, me paraissent déjà exotiques
C'est vraiment beau. Je t'avouerai que je n'ai pas tout vu ce soir, c'est bien long en une fois !
Moi j'aurai une question par rapport à ta veste, la Haglofs LIM III (c'est bien ça ?)
Je comptais investir dedans, pour une marche entre l'Inde et l'Europe, en passant par l'Himalaya en été et les montagnes du Kazakhstan et Kirghizstan en hiver. Ce serait possible d'avoir un retour ? Sur sa tenue au long terme notamment ? Et sur la chaleur de cette veste (je la couplerais avec une autre doudoune. Et l'espace en dessous également, suffisamment large pour avoir d'autres vêtements, voire une autre doudoune très fine ?
Lentement seulement, le vivant se déploie à nos yeux, nous propose sa vérité. A chacun appartient alors de l'écouter
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#103 27-12-2016 00:22:40
- bruno7864
- partir, partir et découvrir
- Lieu : toujours dans la Lune
- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
41ème jour de marche Alpe-Simplon Dorf
42ème jour de marche Simplon Dorf-Embd
43ème jour de marche Embd-Zinal
44ème jour de marche Zinal-les Haudères
45ème jour de marche les Haudères-cabane de Prafleurie
46ème jour de marche cabane de Prafleurie-Les Golassons (sous le col de Mille)
47ème jour de marche Les Golassons-Lacs de Fenêtre
Le Valais Canton Suisse où culminent les plus haut sommets de la Suisse (+4000m) tel le Cervin et le Grand Combin. Mon arrivée dans le valais commence par un bivouac face à l'un des plus hauts d’entre eux le Weisshorn avec ses 4505m. Après le col du Simplon je rejoins le chemin des cols alpins qui permet de passer d’une vallée à une autre par des cols souvent proches des 3000, tout en longeant tous ces 4000 et leurs glaciers, ce sur près de 200 km. Autant dire qu’il y a du D+ et D-, mais avec à la clef la récompense d’un spectacle sublime lorsque le temps se dégage. C’est aussi dans cette région à Zinal que je vais reprendre contact brutalement avec la langue Française. C’est un peu de soulagement car au passage des vallées je finissais par me perdre par les langages en pratique, entre l’Italien (Simplon) Allemand (Zermatt) et parfois un mélange d’Allemand et de Romanche bref un vrai méli-mélo dans lequel seuls les Suisses s’y retrouvent. Pour essayer de rester couleur locale je m’efforçais de saluer les gens dans leur langage. Ça a commencé par Grüssgott, parfois Servus ou salve ou même Grüezi et un beau jour, alors que rien ne semble changé, alors que je m’efforçais à prononcer un GreuDtzi couleur locale, en retour j'ai reçu un bonjour en pleine poire, puis un deuxième. Ce retour à la langue Française était le signe que mon itinéraire allait bientôt changer de cap pour s’orienter vers le sud et la mer. C’est à Liddes face au Montagnes de l’Argentière que mon chemin a bifurqué à 90° dans cette nouvelle direction avec un petit pincement au cœur, dû à un voyage qui me semblait toucher à sa fin alors qu’il me restait encore toutes les Alpes Françaises à traverser. Dans ces moments on prend conscience que comme les animaux on est équipé d’une boussole interne implacable.
La météo n'est pas très bonne au réveil. Après avoir attendu la fin d'une averse je plie mon abri rapidement et me lance dans la montée du Chastelbergpass qui de ce côté ressemble à un mur infranchissable. Un sentier pourtant monte en lacets dans la pente à travers les arbres. Queln'est pas mon étonnement de voir déjà des couleurs sur les feuillages des fougères, annonciatrices de l'automne. Nous ne sommes que mi-août. Je marche depuis le début de l'été sans m'être rendu compte que le temps passait
Ça se gâte la pluie reprend en même temps que la pente s'accentue. Au col c’est le déluge. Les grondements de l'orage et les éclairs qui éclatent dans la montagne me font accélérer le pas. Je finis au petit trot sur un sentier transformé en torrent. Arrivé sur Simplon-Dorf cela ne fait pas 2 heures que je suis parti mais je suis déjà trempé jusqu’au caleçon et frigorifié. Etonnamment je n’avais jamais depuis le départ subit une averse montrant les limites d’imperméabilité de ma tenue de pluie. Aujourd'hui elle se montre vraiment défaillante. il me faudra trouver une solution pour continuer, mais pour l’instant avant tout, un endroit pour me sécher et me réchauffer, car je ne peux pas continuer dans ces conditions.
Heureusement à Simplon-Dorf en cette mi-août 2015 subsiste encore une petite épicerie. Les rayons y sont à moitié vide car malheureusement faute de clients elle fermera ses portes prochainement. Malgré tout j’y trouverai une cape de pluie de dépannage, quelques victuailles à un prix tout à fait correct. L’épicière m’indiquera un hôtel pas cher et ouvert en ce début de week-end du 15 août. Elle appellera même la patronne de l’hôtel pour qu’elle m’accueille. Bref un vrai service de proximité.
Même en suisse pays de cocagne des petits commerces de proximité disparaissent et sont une perte pour les riverains et les randonneurs de passage. Mais que voulez-vous ce ne sont que nos choix de tous les jours qui font que ces commerces ferment les uns après les autres. En randonnée des choix comme la dépose de nourriture ou l’envoi de colis, s’ils peuvent paraitre intéressant pour nous, sont à chaque fois un manque à gagner pour les petits commerces que l’on peut trouver sur le chemin. Chaque randonneur devrait bien y songer à la préparation d'une randonnée.
Je resterai à Simplon-Dorf coincé 2 jours par une météo qui ne s’arrange pas. J’en profiterai pour me reposer, j’en ai bien besoin, et rédiger les pages en retard du journal de cette traversée. Depuis une quinzaine de jours, en dehors d’une après-midi de repos à Vals, j’ai marché des journées entières à un rythme soutenu. Pour des raisons familiales je me dois d’arriver dans les Hautes Alpes avant la fin août. Alors depuis la frontière Autrichienne je ne chôme pas. Il s’avèrera après coup que j’aurais pu faire autrement, tant pis.
Enfin je peux partir. Ca n’est pas le grand beau loin de là c’est encore bouché et il pleut toujours mais l’orage a enfin cessé. Les pluies de ces dernières 48heures ont bien refroidi l'atmosphère qui était jusqu'alors étouffante. Le froid s'est installé appuyé par des précipitations neigeuses en altitudes. Les couleurs de la nature ont changé. sur le chemin du col du Simplon je peux observer quelques bâtiments témoignant du passé commerçant du col, passerelle d'échange entre la Suisse et l'Italie
Au col, cela commence à se dégager, mais l'éclaircie sera de courte durée. Heureusement ma cape de pluie de dépannage par dessus ma veste rend l'ensemble très efficace contre les ondées
De la montagne coule des torrents d'eau qui sortent largement de leur lit habituel. La force et le débit de l'eau les rend délicats à franchir
Rencontre avec le fameux mouton Polnaref …. un mouton local qui fait la fierté des habitants et l'on comprend pourquoi nez noir du Valais
Les 2 journées de repos ont été efficaces. J’arrive à Gspon après près de 7heures et 35 kilomètres sans arrêt. Il faut dire que le temps ne se prête pas à la flânerie. A ce rythme je vais vite rattraper mes jours d’arrêt. Je m’enfourne dans le premier resta à la recherche d’un peu de convivialité dans cette grisaille. dommage, le restau du village est aussi vide est sinistre qu'hors saison. Ce sera une Schnietsel trop cuite (escalope panée) accompagnée de pâtes pas assaisonnées, de quelques carottes et d'un brocoli archi cuit. Malgré le peu d'intérêt gustatif de ce plat, j'avale tout dans un silence glacial sous l'deuil inquisiteur du patron et la patronne, ce malgré mes quelques essais de dialogue. Au moment de payer, le patron hésitera avant de me rendre la monnaie mais devant ma grimace, il s'exécutera. Une superbe adresse en somme. Je file donc vers la vallée et Stalden VS.
colchique dans les prés....comme dit la chanson .....c'est la fin de l'été, un tube que je me chanterai bien souvent dans les jours à venir
en descendant sur Stalder le chemin traverse des vignes. Je me sens tout de suite mieux !!! Les bâtisses sont coquettes et un rayon de soleil vient participer à la fête
Le soir je trouverai un petit hôtel pas cher dans un petit village de montagne où je mangerai ces spaghettis al Diavolo !!! bons mais vraiment ultra épicés
Ce matin départ dans la fraicheur et la purée de poids. Mieux vaut ne pas se frotter aux arbres pour rester sec (forêt de mélèze)
au Augsbordpass à 2900m, il ne fait pas chaud. La glace présente sur un lac dans la descente confirme que la température est basse. J'y croise mes premiers randonneurs depuis Alpe Deverro quatre jours plus tôt
Les montagnes environnantes sont encore recouvertes d'une fine couche de neige fraiche
Dans la descente le brouillard se dissipe laissant entrevoir des alpages somptueux
et toujours en bas ces forêts aux couleurs presque effrayantes, heureusement une bonne poignée de framboise cueillie sur le bord du chemin, rassure mon estomac qui en demande plus
A Gruben je fais donc une pause spaghettis Bologne, très bons et surtout seul plat de la carte abordable me permettent de reprendre des forces pour la suite
Gruben un hameau aux maisonnettes toutes impeccables, et celle-ci plus qu'étroite, même pas certain que je tienne allongé sur la largeur de la maison
après Gruben dès que le chemin s'élève on a face à soit le glacier du Weisshorn
toujours le glacier du Weisshorn dans les nuages
c'est beau, alors j'en profite avant le retour de la grisaille
La fin sera plus difficile une fois le deuxième col de la journée franchi (la Forcletta - 2900m), il se mettra â pleuvoir et la descente sur Zinal sera plus longue que prévu. Zinal première vallée ou l’on parle Français, ça me fait presque drôle d’entendre parler Français tout autour de moi. Zinal et ses nombreux hôtels. Je suis claqué. Le temps, les lieux ne m’invitent pas au bivouac. Dans les rues défilent des gens avec des matelas mousse sous le bras. En effet c’est le congrès annuel de Yoga. tous les hôtels sont complets. Encore une fois la solution viendra d’une épicière chez qui j’avais fait deux trois emplettes qui me voyant errer dans les rues me dépanne, et trouve le moyen de me loger dans un hôtel pourtant fermé.
Etant arrivé trop tard la veille, je n’ai pas eu le temps d’aller dans un magasin de sport pour trouver de nouvelles chaussures et une tenue de pluie un peu plus costaud. Ce matin il me faudra attendre que les magasins de sport ouvrent une demi-heure après l’horaire affiché. Le vendeur du magasin de sport me propose une veste pas trop cher pour remplacer ma cape de pluie de dépannage. Avec deux vestes l’une sur l’autre je n’aurais plus avoir de soucis d’imperméabilité, une solution pas très MUL mais à l’efficacité incomparable. en revanche pas de chaussures. Nous sympathisons et nous échangeons sur la randonnée légère. Je lui donne un morceau de pierre d’alun. En échange il m'offre une bière à boire à sa santé une fois arrivé au col de Sorebois le bien nommé. Vue l'heure avancée, il est 11h et je ne suis pas encore parti, j’aimerai atteindre les Haudères avant la soirée pour essayer d’y trouver de nouvelles chaussures car après les Haudères plus rien pendant 100 km. Alors je me décide et fais ce que je ne voulais éviter de faire, je prends le téléphérique qui me fait gagner 600 mètres de dénivelé. Finalement je n'ai aucun regrets. Le brouillard enveloppe tout et le chemin passe sous les remontées mécaniques.
Après le col de Sorebois et ma bière descendue, une autre descente celle-ci vers le lac de Moiry. En montant vers le col de Torrent on peut admirer le glacier de Moiry entre deux nuages
Le col de Torrent 2916m accessible facilement, y'a qu'à monter. Sous le col un petit lac vont de plonger sur les Haudères
essai de rapprochement avec la vache valaisanne ou vache d'Hérens. Elle bouge la tête et je m'enfui
quelques fleurs résistent encore à ce temps résolument froid
Les Haudères village aux maisons traditionnelles, certaines posées sur des dates cylindriques. Mais surtout ce magasin providentiel de montagne. Le Denner Satellite. Magasin type far ouest bar-supérette-articles de sport. Toute la population des Haudères y grouille. Je n'y trouverai pas mes chaussures malgré un nombre d'articles impressionnant dans un espace restreint. En revanche on me changera les embouts totalement foutus de mes bâtons, ça fait 3 jours qu’ils ont perdus l’un après l’autre leur pointe métallique et que j’entame le plastique. Certains appelleront ça obsolescence programmée. Pour ma part je n’en reviendrai pas qu’après des milliers de kilomètres et autant de sollicitations importantes et variées, que les pointes de mes bâtons lâchent à quelques heures d’intervalle seulement.
Entre les Haudères et Arolla, le chemin des cols alpins n’est vraiment pas génial. Il faut marcher presque 2 heures dans la vallée parfois près de la route et en plus sous la pluie, avant de monter le pas des Chèvres 2855m entièrement dans le brouillard. Le temps n’étant pas meilleur que la veille cela ne m’invite pas à chercher un autre passage. Hier vu la pluie qui tombait j’ai encore choisi la facilité et le logement en hôtel. Mon budget en prend un sérieux coup, mais bon au diable les varices. Le soir un monsieur scotché au bar a voulu absolument diner avec moi. Après m’avoir raconté ses misères il m’a expliqué sur un ton pas très agréable, que vu le type de chaussures que j'utilisais je ne savais pas marcher. J’ai failli lui demander d'un rire agacé s'il savait où se trouvait Vienne, avant de prétexter que j’étais fatigué et monter me coucher.
passage dans les bois entre les Haudères et Arolla, il pleut. Que va donner la suite en altitude?
Avant le pas aux Chèvres le décor est hivernal, pourtant nous sommes le 19 août. Les fleurs ont été enveloppées par les chutes de neige de ces derniers jours
sous le pas aux chèvres le brouillard se dissipe laissant entrevoir les environs. Il fait froid, ça glisse sur les rochers, la pluie menace, mais je garde le moral
passage au pied du glacier de Cheilon
une autre vue sous le glacier de Cheilon. Malgré un peu de fatigue, après une bonne matinée de marche je file plus bas poussé par un vent glacial
arrivé au-dessus du lac des Dix, les nuages rendent le décor Irlandais, mais, à l’horizon, pas un pub à l'intérieur duquel on puisse se réchauffer auprès d'un feu de tourbe en buvant une Guinness
l’Irlande, l'écosse ne paraissent pas loin. Va-t-on voir un monstre émerger du lac?
passage au col des Roux dernier à franchir de la journée, après "enfin" une pause à la cabane de la Barma pour m'égoutter et me réchauffer un peu.
Ma nouvelle tenue de pluie composée de 2 vestes l'une sur l'autre a largement été nécessaire et efficace depuis l'acquisition à Zinal de la deuxième veste
l'arrivée sur la cabane de Prafleuri, ici les refuges s'appellent cabane. J'y passerai une excellente soirée en compagnie d'un groupe de randonneurs du Valais. Je ferai la promotion de la randonnée légère à des Néozélandais, discuterai vin local avec une dame viticultrice dans la région après lui avoir malencontreusement renversé son verre, gouterai un Gamay du Valais gentiment offert par un groupe de randonneurs locaux dont elle fait partie, et enfin ferai pleins de beaux rêves d'une météo meilleure à venir
ce matin, enfin après des jours de pluie et de brouillard le temps semble se dégager, et on peut enfinadmirer le lever du soleil sur les sommets dégagées. Toutes les personnes qui logent au refuge peuvent en profiter car à la cabane de Prafleurie on ne traine pas, et les retardataires sont mis dehors au plus tard à 7h30
Les quétons du refuge (patois Normand) moins trouillards que la veille se laissent approcher
au col de Prafleuri, vue sur ce que je laisse derrière et n'ai quasiment pu voir la veille.
entre le col de Prafleuri et le col de Louvie on entre dans un champ minéral parsemé de lacs. L'évolution au milieu des chaos rocailleux y est laborieuse mais les vues sont splendides
l
l'eau figée pour encore quelques instants avant l'arrivée des rayons du soleil
Passé le col de Louvie et pas loin de 50 jours de marche apparaissent au fond les montagnes Françaises de l'Argentière
des fleurs sous le col de Louvie dont certaines comme les gentianes ont été figées par le froid
Pendant toute la descente on peut admirer le massif du Grand et petit Combin immaculés par une neige fraiche, dans le creux le lac de Louvie et sa cabane vers laquelle je me dirigerai
je m'arrête quelques instants pour profiter de ce spectacles exeptionnel
le lac de Louvie, avec toujours dans le fond les grand et petit Combin
pour terminer la journée après m'être restauré à la cabane de Louvie je descendrai dans la vallée et remonterai de l'autre côté par un petit sentier dont l’entrée est cachée dans les buissons et que seul mes cartes numériques positionnées permettent de trouver. Un peu épuisé par cette longue montée une fois rejoint le chemin des cols Alpins je trouverai un lieu de bivouac au lieu-dit les Golassons vers 2070m, quelques kilomètres avant le col de Mille
passé le col de Mille on a en face de soi toute la chaine frontalière de l'Argentière surplombant Chamonix
arrivé à Liddes, je dépense mes derniers francs Suisse pour faire mon ravitaillement. Juste à la sortie j'ai encore le choix de rester en Suisse avec ses conséquences en suivant la direction de droite. Mon porte-monnaie vide m’oriente rapidement sur la gauche
après Liddes remontée sous le soleil dans des alpages fleuris puis c'est la combe de L’A en direction du col du névé de la Rousse et l'Italie
vers 2300m une bergerie entièrement restaurée par les habitants de Liddes et pouvant servir d'abri aux randonneurs
au col du névé de la Rousse un patchwork de minéraux calcaire et schiste
après le col du névé de la Rousse je me dirige vers le col de l’Arpalle en restant sur le flanc gauche de la montagne et évite ainsi la descente vers le plan de la Chaux et le chemin du TMB trop fréquenté à mon goût
dans ces pentes sauvages et rocailleuse je croise un troupeau de mouton profitant des quelques herbes disponibles
le col le la névé de la Rousse depuis le col de l’Arpalle
après le col de l’Arpalle la journée se termine aux lacs de Fenêtre à quelques encablures de la frontière
un des lacs de Fenêtre auprès duquel je planterai mon bivouac
mes chaussettes n'en peuvent plus, les reprisage de fortune n'y peuvent plus rien. Il est temps que je les remplace
se sera un des plus beau bivouac de ce voyage, avec un couché de soleil sur la chaîne de montagne du mont-Blanc (aiguille de l’Argentière, mont Dolent). Depuis Liddes la descente vers la mer est amorcée. Il ne me reste plus qu’à parcourir la courte partie Française des Alpes avec quelques incursions Italiennes. A cet instant magique j’aimerai que le temps s’arrête pour profiter encore et encore de tous ces paysages traversés depuis bientôt deux mois. Mais avide de découverte je ne peux m’empêcher de penser à demain.
Dernière modification par bruno7864 (08-01-2017 19:33:35)
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#104 27-12-2016 00:26:56
- bruno7864
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Moi j'aurai une question par rapport à ta veste, la Haglofs LIM III (c'est bien ça ?)
Je comptais investir dedans, pour une marche entre l'Inde et l'Europe, en passant par l'Himalaya en été et les montagnes du Kazakhstan et Kirghizstan en hiver. Ce serait possible d'avoir un retour ? Sur sa tenue au long terme notamment ? Et sur la chaleur de cette veste (je la couplerais avec une autre doudoune. Et l'espace en dessous également, suffisamment large pour avoir d'autres vêtements, voire une autre doudoune très fine ?
je ne te conseillerai pas particulièrement cette veste, ayant trop de condensation à l'intérieur malgré une taille plutôt ample choisie (XL), mais cela reste un avis subjectif et personnel
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#105 27-12-2016 12:02:44
- enrico
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Bonjour Bruno7864 ,
Content de lire la suite de ton périple. Je suis passé aux 3 lacs de Fenêtre pour basculer sur l'Italie par la Fenêtre de Ferret en tout début d'été dernier. Tout était encore sous une épaisse couche de neige. Dans le début de la descente de l'autre côté du col, des italiens que j'ai croisés passaient sans rien à la montée, mais moi, par mesure de sécurité, je n'ai pas hésiter à cramponner dans le début de cette descente sur neige bien dure, appliquant ainsi mon principe d'une prise de risque minimum en marchant seul. Autre temps, autres conditions !
Au fait, le plus haut sommet du Valais n'est pas le Weisshorn (4506m), mais le Dom, fièreté suisse qui, du haut de ses 4545 mètres, est le plus haut sommet entièrement suisse.
Dernière modification par enrico (27-12-2016 12:05:39)
"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"
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#106 27-12-2016 12:10:29
- Shanx
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- Lieu : Probablement au boulot :(
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Souvenirs, souvenirs...
Merci Bruno
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Mon trombi
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#107 03-01-2017 18:29:56
- bruno7864
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- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
lacs de Fenêtre (Suisse) les Granges de la vallée étroite (Nevache)
48ème jour de marche
49ème jour de marche
50ème jour de marche
51ème jour de marche
52ème jour de marche
53ème jour de marche
54ème jour de marche
Cette partie de la traversée longera la frontière Franco Italienne, en traversant d’abord le val d’Aoste pour rejoindre la France par le col du Tachuy aux portes de la Vanoise, et puis encore quelques incursions dans le Piémont jusqu’à arriver à la mer sur Menton par le col du berceau. Pas loin de 500 kilomètres restent à parcourir pour tremper les pieds dans la mer.
A ce tournant de la traversée je n’ai qu’une contrainte celle de passer avant la fin août sur Nevache, pour retrouver ma famille momentanément. J’avais prévu 3 mois de disponibilité pour réaliser ce voyage et je n’ai pas encore franchi le cap des 2 mois. Je sais désormais que j’aurais largement le temps de finir ce périple, alors que cette contrainte temporelle m’avait beaucoup préoccupé dans les premières semaines face à l’immensité de ce qui me restait à faire. Aujourd’hui je n’ai plus cette crainte et je peux prendre mon temps. Malgré ça, les montagnes défilent les unes après les autres comme une bobine de fil qui se débobinerait en tombant.
La marche est petit à petit devenue un besoin, et seul la soirée arrête désormais mes pas. En contrepartie les sollicitations journalières que mon corps subit se traduisent par des douleurs qui vont et viennent, auxquelles je m’accommode ou bien que j’apprivoise avec les moyens du bord car l’envie d’avancer est plus forte que tout.
passage de la frontière Italo-Suisse à la fenêtre de Ferret dans la fraicheur matinale
belle fenêtre!!! sur le val d'Aoste et le grand paradis dans le fond
deux ânes paissent tranquillement dans la montée du col de St Remy
le col le St-Remy au pied de la grande barre blanche (aiguille des Sasses 3015m)
une descente coté sud totalement hors sentier où il faut trouver le bon passage
difficulté suivante la fenêtre de Sereina
seul point d'eau depuis un bon moment, je suis contraint de prendre l'eau qui coule de ce névé souillé par les vaches.
Avec mon filtre Sawyer mini (50g) aucun soucis
Enfin des chaussures neuves trouvées dans un petit magasin de Morgex à un prix raisonnable. Les autres aux crampons bien usés avaient été changées à l'autre bout de la Suisse
les jours se suivent et ne se ressemblent pas passage au hameau de Arpy dans le brouillard sous une pluie fine
Au lac d'arby cela s'accentue il faut enfiler la tenue de pluie complète
j'avais prévu un passage hors sentier, je reste sagement sur un sentier en balcon pour rejoindre le refuge Deffeyes
après c'est guère mieux on ne voit pas à plus de 20 mètres. Je perds la trace du sentier. Heureusement j'arrive après avoir tiré tout droit à travers un ruisseau et une pente à retomber sur un sentier, ouf.
à quelques encablures de la frontière ça devient paumatoire. je ne possède pas de carte topo de l'endroit. Des sentiers partent plus ou moins dans tous les sens. Après en avoir arpenté une bonne partie et presque renoncé, je fini par trouver un cairn qui m'emmène vers l'accès au col du Tachuy, épuisé, trempé mais content d'atteindre enfin la France
descente sur la Sassière, refuge fermé, c'est trop humide et froid pour bivouaquer. Je descends au hameau de la Savone, accueil pas sympathique par quatre retraités en train de diner qui me laisseront sous la pluie sur le pas de leur porte, et déploieront une montagne d'égoïsme en me refusant le moindre accès dans l'une de leur granges pour la nuit, encore merci ?!?. Tant pis je plonge plus bas dans la vallée vers 1400m avant la nuit pour planter mon bivouac dans un endroit plus chaleureux.
le matin temps toujours instable, je ne remonte pas sur les hauteurs et utilise un sentier en balcon pour suivre la vallée de la Tarentaise, en profitant de la vue sur le mon Pourri et ses glaciers
quelques constructions traditionnelles de la Tarentaise
et cette chapelle comme fondue sur le rocher
remontée de la vallée jusqu'au lac de Tignes, passage après midi au village des Boisses pour faire mes provisions il tombe des cordes. Cette fois ci, un jeune restaurateur sympa me proposera de passer la soirée chez lui, les lieux d'hébergement étants tous fermés, donnant ainsi la preuve que l'hospitalité n'est pas l'apanage de l'âge mais bien un état d'esprit
Les jours se suivent mais heureusement ne se ressemblent pas, aujourd'hui c'est grand beau et il est prévu ce temps pour plusieurs jours alors je me concocte un programme à travers le parc de la Vanoise ayant un peu de temps devant moi avant mon stop prévu à Nevache. Cela commence par la montée du col de la Sachette
la vache de vue
passage au lac de la Plagne, petit arrêt au stand - refuge d'entre le lac. En 2013 ils avaient une vache et concoctaient fromages, faisselles, confiture de lait etc. un régal, ça n'a pas changé
lac de la Plagne Dôme de la Sache et mont Pourri
puisqu'il faut repartir passage du col du plan de Séry
de belles cascades sur le chemin, avant le passage près du refuge de plaisance
descente sur la vallée de Champagny dominé par le grand Bec et son glacier
la vallée étant encore trop agitée à mon goût en cette fin août ensoleillée. Je remonte jusqu'au refuge du plan des Gouilles. Refuge vide, pas un chat pourrait on croire, sauf que.....
je m'installe, me lave à poil à la fontaine en profitant de la vue sur le mont Blanc, car en dehors du chat il n'y a personne. Résigné au couché du soleil je m'apprête à me faire à manger lorsque le gardien débarque et me concocte un repas pour un régiment. J'apprendrai qu'il a un autre locataire, une fouine installée dans l'isolation de son refuge et contre laquelle il lutte en vain. Il me parle d'un passage qu'il aurait cairné et qui permet de remonter directement depuis le fond de vallée (à explorer une prochaine fois). Une bien belle soirée
le matin passage par la brèche au pied de la pointe de Méribel. Un passage a réserver pour les jours de beau temps. quelques chaines aident a longer la partie la plus vertigineuse sur le versant opposé
vue sur la suite du programme, et elle col de Chavières au fond
dès les premières portions d'herbe, les vaches sont toujours là souriantes
au grand Bec, choix cornélien quel direction suivre?
et bien ce sera omelette boisson sucrée il est à peine 10h30, mais il faut bien que je me remplume après des semaines Suisses plus frugales
sous le col de Leschaux, les veines de rocher prennent des formes originales
à partir du col de Leschaux un sentier en balcon
où l'on en prend plein les mirettes, avec droit devant le col de la Vanoise
et la grande Casse, avec des airs de Grossglockner, c'est vraiment chouette
la vue de tout ces glaciers me met en appétit. Je me laisse de nouveau tenter au passage du refuge des Glières
remontée sur le col du grand Marchet
là on découvre un grand cirque et cette cascade
passage au refuge de la Valette après avoir franchi le col du même nom. Trop de monde à mon goût et un accueil qui me laisse perplexe. Y'en a pour qui ça marche alors pourquoi devraient ils être aimable en plus. Interdit de bivouaquer dans le parc de la Vanoise. Qu'à cela ne tienne je pousse un peu plus loin pour planter mon bivouac près de ce petit lac en bordure mais en dehors du parc
un bivouac en or, j'ai bien fait de continuer
lever de soleil sur les aiguilles de Péclet et de Polset, Aujourd'hui cela fait exactement deux mois que je suis parti du Hoch Schneeberg en Autriche, c'est une bien belle journée qui se profile pour fêter ça
le glacier du Génépi est encore dans l'ombre
il me faut maintenant faire un choix soit le col de Chavière à droite soit le col d'Aussois hors cadre. C'est un peu plus long pour rejoindre Modane mais je me sens bien alors c'est parti pour le col d'Aussois
je rencontre une dame dans la montée, on papote tant et si bien que le col file sans que l'on s'en rende compte. le Mont Blanc se dévoile
là haut une minéralité de toute beauté
j'y passerai bien encore un moment mais j'ai de la route aujourd'hui alors je descends vers les fonds
vue depuis les fonds d'Aussois
je passe au dessus du Plan d'Amont (lac)
j'évolue sur un sentier en balcon sous ces magnifiques montagnes de la Vanoise. Premiers aboiement de patou dans la montagne. Mais comment font ils ailleurs sans le patou?
le sentier domine la vallée de la Maurienne avec au fond Modane, et en face Valfréjus et la montée vers le Thabor. Petite larme à la vue de ces lieux bien connus.
Demain midi j'ai rendez vous aux granges de la vallée étroite, mais je voudrai d'abord monter au Thabor. Alors je file sur Modane, y reprends quelques forces et monte vers le col de la vallée étroite pour m'avancer un peu. Lors d'une pause, je sème mon sac à vêtements (doudoune, etc.). Je ne m'en rends compte qu'une fois de l'autre coté de la vallée le soir, après ma toilette. Et ....., par chance mon tee shirt à manche longue n'était pas dans le sac
un bivouac bien mérité planté vite fait à la nuit. Au petit matin j'ai le plaisir de me réveiller au pied du cheval Blanc et du pic du Thabor
passage au col de la vallée étroite
étrange ligne de démarcation, mais où est l'eau, où est la montagne?
un début de réponse (lac du Peyron)
deux mois passés dans les montagnes. Mêmes les derniers hectomètres pourtant raides du Thabor sont avalés sans effort. De là haut je peux admirer un massif des Ecrins entièrement dégagé
descente vers la vallée étroite et ces montagnes si italiennes
je laisse sur ma droite le col du Vallon autrefois frontalier
arrivé aux Granges de la vallée étroite vers 13h, je n'ai pourtant pas chômé. Mes parents sont là attablés et affamés à la terrasse du refuge, on avait dit midi!! . S'en suivra une pause de 3 jours sur Gap en famille ou j'en profiterai pour faire quelques emplettes pour remplacer le matériel égaré
Dernière modification par bruno7864 (13-06-2018 00:10:31)
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#108 03-01-2017 19:00:21
- bebel
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
ça laisse sans voix...
Bravo
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#109 03-01-2017 19:33:03
- kodiak
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Angoisse de voir la fin s'approcher. Quoi, bientôt fini? Non, il n'a pas le droit.
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#110 03-01-2017 19:47:48
- domweb
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Eh bien, je m'aperçois que j'ai failli rater la fin (je me suis même demandé si tu ne l'avais pas refait dans l'autre sens ).
Je vais donc plonger dedans .
Merci et bonne année, Bruno
Si j'avais une pensée profonde à exprimer ici, je serais déjà couché. Alors, je veille...
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#111 04-01-2017 08:09:36
- DOM42
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Je suis ce périple avec toujours autant d'intérêt, et je reste admiratif par ce que tu as accompli.Chapeau !!!
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#112 04-01-2017 11:18:21
- ayoken
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
salut,
Toujours aussi plaisant à lire, Bruno, j'attends impatiemment la fin.
J'ai cherché ce sentier en balcon (qui démarre au dessus du Plan d'Amont en Vanoise) cet automne sans jamais le trouver. Tu l'a trouvé sans difficulté ?
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#113 08-01-2017 19:40:23
- bruno7864
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Bonjour Ayoken,
le sentier en balcon qui va sur Modane est le GR5, il est relativement bien indiqué en tout cas je ne me souviens . Plus compliqué est l'arrivée sur Modane où j'ai emprunté des chemins forestiers pour couper mais aidé d'une appli carto/smartphone aucun soucis
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#114 08-01-2017 21:36:47
- JJondalar
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Salut Bruno. Merci pour cette suite, ce chat halluciné, ce cuben bien tendu, cette chapelle collée au rocher comme avec du joint de salle de bain, ces spaghettis bolognaise et cette omelette (ils sont d'la goule les manchots ), la blancheur des glaciers rejoignant celle des nuages. Et merde aux quatre égoïstes, les quétons paissant tranquillement sont plus intelligents qu'eux.
A tantôt.
Dernière modification par JJondalar (08-01-2017 21:37:16)
La mésange à tête noire et la sittelle sont d'une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d'État ou des philosophes; au retour on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons."
H.D.Thoreau, Une promenade en hiver.
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#115 15-01-2017 21:13:11
- bruno7864
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Granges de la vallée étroite (Névache) - Menton
55ème jour de marche
56ème jour de marche
57ème jour de marche
58ème jour de marche
59ème jour de marche
60ème jour de marche
61ème jour de marche
62ème jour de marche
63ème jour de marche
64ème jour de marche
65ème jour de marche
Après une pause je reprends le chemin au même point où je l’avais quitté 3 jours plus tôt. Après un repas copieux à l’auberge des granges de la vallée étroite, je m’engage sur le chemin du col des Thures. Cet arrêt a pu me permettre de remplacer mon matériel perdu ou usé et me reposer un peu, mais ça n’est pas sans conséquences. Tout d'abord il y a eu la descente en voiture sur la nationale vers Gap, la vue sur ces vallées qui s’élargissent et les montagnes dont la hauteur s’atténue. Tout ça a été un choc pour moi. Pourtant ces lieux me sont familiers, mais je m'étais habitué à ces vallées resserrées qui pour l'habitant des plaines peuvent paraitre oppressantes, mais qui au bout d'un moment par leur proximité rassurent. Il y a aussi les bruits, les odeurs de la ville que je fuyais depuis mon départ d'Autriche. Et enfin la météo, car en ce dernier jour d’août le temps est en train de changer après quelques jours chauds et splendides. Après cet épisode caniculaire, les prairies ont définitivement pris leur couleur d’automne ajoutant à la mélancolie du voyage qui touche à sa fin.
l'arrivée au lac des Thures avec la vue en arrière sur le Thabor
le vallon des Thures, plateau d'altitude pâturage idéal et trait d'union avec la suite
après le col de l'échelle, je remonte sur la frontière avec un passage coté Italien, sur ce GR5 bis ou ter si peu emprunté mais si chouette, jusqu'au col des Acles. quelques bâtiments militaires, et présence d'une source qui semble couler d'un glacier souterrain tant elle est fraiche
installation du bivouac, quelques centaines de mètres sous ce col
habillé tout de neuf des pieds à la tête, je peux sereinement au chaud admirer le coucher de soleil
le lendemain est un autre jour. Il pleut et sa souffle, m'incitant à ne pas emprunter les crêtes au dessus de Montgenèvre
Je laisse sur ma gauche la station de Montgenèvre et me dirige vers le collet vert pour aller explorer le coté Italien
jeu de lumières dans un petit lac
le temps n'étant pas au beau fixe, je n'ose continuer sur le flanc de la montagne, et redescends récupérer d'abord la route des fonds de Cervières au niveau du Bourget, puis un chemin. Au passage du hameau des Champs les pentes herbeuses confirmeront que j'aurais pu rester à flanc de montagne. Arrêt bien mérité au refuge des fonds. J'y retrouve un peu de chaleur humaine, et y dévore les restes des plats de gigot et gratin que laissent les autres randonneurs, miam!
ce matin passage au col du Malrif, c'est grand beau
le grand lac du Malrif quelques encablures sous le col, et plongée vers Aiguilles
descente à travers les prairies et les forêts de mélèzes. Arrivée sur Aiguilles dans la douceur d'une fin de matinée. Quelques emplettes à la petite supérette, une terrasse ensoleillée me tend les bras avant de reprendre ma route
repu, en début d'après midi remontée dans le vallon du torrent de Peynin. L'orientation y devient vite délicate, mon appli carto prend tout son sens et me permet en quelques encablures à travers la forêt de récupérer un sentier qui me mène jusqu'à une bergerie (2305m), bifurcation pour monter le col du Clot du Loup
un accès au col du clos du loup depuis la bergerie qui débute hors sentier. Lorsque le terrain devient difficile, la trace d'un sentier apparaît enfin m'aidant à accéder aux parties supérieures bien plus tranquilles
la haut la progression est plus aisée, un bien bel endroit ou j'aimerai rester explorer les crêtes accessibles depuis le col, mais l'appel de la vallée suivante est trop fort
au dessus du hameau de Fontgillarde, je récupère un sentier montant vers le col Agnel agrémenté de sculptures
traversée du fond de la vallée de l'Agnelle, baignade et lavage dans le torrent pendant que le soleil peut encore chauffer mes os, puis recherche d'un coin pour dormir
au petit matin montée du col Longet dans une atmosphère glaciale, j'ai beau être habillé de tout mes vêtements et monter d'un bon pas mes mains malgré les gants en soie et les surmoufles me font mal. Mes doigts de pied guère mieux lotis se recroquevillent dans les chaussures. Et ce satané soleil qui joue à cachecache avec ce versant de la montagne n'aide pas. Si les matins restent si frais le bivouac en hauteur ne me sera plus possible
descente et remontée plusou moins hors sentier jusqu'au refuge de la blanche.
je fais l'erreur de vouloir m'y arrêter quelques minutes pour avaler quelque chose de chaud. Je me rend vite compte que ça n'est pas l'heure ou du moins que je dérange, ça tombe bien je ne comptais pas m'y éterniser
quelques pierres témoignent de la présence de minerai. Il y avait des mines dans cette vallée dans le passé
le col de la noire et son ambiance très noir
le lac sous le col, coté Ubaye
descente en suivant les premiers méandres de l'Ubaye. L'ambiance n'est pas à la flânerie. Près de la cabane du col, je suis contraint d'éloigner les deux Patous les plus agressifs d'un groupe pour permettre à une dame que je rencontre de passer. Sur six Patous deux sont faméliques, ça fait mal au coeur. Alors pourquoi les éleveurs les réclament, pour leur porter si peu de soins?
après le plan de Parouart, le temps se gâte. Je file au hameau du Maljasset tester le gîte. Ce sera plaisir sur toute la ligne
ce matin le temps à changé. Il fait froid signe d'une belle journée en perspective. Je me réserve une journée bien remplie sur la frontière Italienne autour du Chambeyron. Cela commence par la montée dans le vallon de Mary puis les lacs et le col de Marinet. Les premiers lacs sont dominés par le glacier qui coule du Chambeyron
le grand lac de Marinet encore dans l'ombre du matin
après le col de Marinet la raide ascension vers le monte Ciaslaras un 3000.
De la haut vue splendide sur ces montagnes Piémontaises et le Chambeyron
dans cet univers entièrement minéral, subsiste quelques trous d'eau, permettant un ravitaillement en eau aisé
puis c'est le colle del infernetto qui porte bien son nom
pause déjeuner couture au lac del Finestra sous le col. Mon pantalon est devenu trop large. Deux ourlets de fortune permettrons qu'il tienne bien autour de la taille
je rejoins le col frontalier de Stroppia. Au col la roche forme une silhouette de loup semblant surveiller chaque coté de la montage
une des plus belles journées de marche de cette traversée que ce passage sur la frontière, avec un coup de coeur pour le coté Italien vraiment sauvage. Une journée riche en émotions qui se conclura sur Larche
Le passage par Larche n'est pas le plus judicieux et aurait pu être évité en allant directement au col de Arche. Ce retour à la civilisation m'oblige à prendre une route forestière sur quelques kilomètres pour rejoindre le vallon de Lauzanier. Toutefois ça permet un démarrage en douceur, alors je profite de ce calme
le lac du Lauzanier
une montée au pas de la cavale dans la caillasse mais sur le sentier bien marqué du GR5
de la haut j'ai une vue plongeante qui permet de repérer la suite. Dès les petits lacs en contrebas atteint, je prends à les alpages en direction du pas de Morgon, juste en face. Un hors sentier sans grande difficulté qui permet de marcher à sa guise à travers une montagne accessible, avec une grande sensation de liberté
aux petits lacs en contrebas on quitte le sentier pour se diriger vers le pas de Morgon en face comme indiqué par la flèche)
après avoir traversé le torrent au fond du vallon, on remonte dans l'alpage, rien de bien compliqué... toujours en direction de la flèche
en route un petit crochet sur la droite permet de passer aux lacs de Morgon, ça vaut vraiment le détour, je ne l'avais pas fait la première fois où j'étais passé par là. Cette fois ci je n'ai pas regretté. Après le dernier petit lac et un dernier regard sur le pas de la Cavalle franchit quelques heure avant, je récupère des bribes de sentier qui mènent tranquillement au pas de Morgon très lisible
au pas de Morgon le Massif du mont Ténibre se dévoile
un sentier suit la ligne de crête et permet d'arriver rapidement au col du fer d'où partent d'autres chemins, puis au dessus du lac de Vens
un petit détour par la cime des Blanches pour se rapprocher du Ténibre
là haut vues splendides garanties
pour terminer cette journée je bascule sur le versant Italien, parsemé d'anciennes constructions militaires. Contraste saisissant avec ces fleurs resplendissantes dans le soleil de l'après midi
C'est aujourd'hui dimanche. Le soleil s'annonce tranquillement derrière la brume. Une belle journée en perspective. Hier je me suis arrêté dans ce fond de vallée dans un refuge (Prati del Vallone) fraichement aménagé dans d'anciens bâtiments douaniers. Seul client, les gardiens charmants se sont plié en quatre pour me servir un repas transalpin simple et bon comme j'aime. j'ai dormi royalement. Que demander de plus, ça ne peut qu'aller bien aujourd'hui
le premier col franchit, je descends sur une ancienne piste en lacets bâtie à flanc de montagne, vestige d'un passé militaire agité, et passant à travers cet étrange tunnel coudé
remontée vers le Passo di Rostagno. Par endroit le sentier se transforme en un chemin très élégant bordé de pavés
puis descente sur le refuge de Migliorero, magnifique bâtisse plantée sur un rocher et dominant un lac. J'y fais une petite halte cosette casse croute avec le gardien du refuge
après Migliorero, les passages s'enfilent comme des perles, le passo di Laroussa où je fais le pitre en ombre chinoise, le Hameau charmant de San Bernolfo, la remontée vers le lac del Laus, la bifurcation sous le col de Guercha vers pas aux boeufs où sans doute jamais un boeuf n'a pu passer. Puis ce énième col, celui du Saboulé
où je rencontre ces patous fort sympathiques et plutôt intéressés par ce qu'il y a dans mes poches
avec ces chiens comme avec les autres: toujours s'annoncer de loin avant qu'ils ne vous aient vu, en leur parlant et en les sifflant jusqu'à ce qu'ils vous regardent. Cela permet de ne pas les surprendre et de les rassurer. S'ils se mettent à aboyer en montrant les dents on reste ferme, on fait face et on ne les laisse pas entrer dans notre périmètre de sécurité, éventuellement en les menaçant de la pointe du bâton, poignée et poing contre la poitrine. Dans cette position c'est le chien qui prend des risques et il le sait. Si vous savez rester ferme, tout chien normalement constitué n'insistera pas longtemps. Mais la plupart du temps ces chiens viendront vous renifler les mains à la recherche de quelques caresses alors "no stress", parlez leur et tout ira bien
après les patous un troupeau de moutons se fondant avec la roche. J'entends sur les crêtes la voix du berger mais ne l'aperçois pas
après l'ultime col de la journée le Passo Tessina aisément atteint par un chemin douanier, la soirée devient déjà fraiche, nous sommes haut, mes mains ne résisterons pas. Malgré la beauté des lieux, je me résigne à descendre sur Sant Anna di Vinadio
mes vivres commencent à me manquer car je n'ai pas ravitaillé depuis Aiguilles dans le Queyras. Pas certain de trouver encore des refuges ouverts sur mon chemin avant Sospel, au col de la Lombarde je descends donc sur la station d'Isola 2000 pour y compléter mon ravitaillement et terminer sereinement ce voyage. Un endroit lugubre en fin de saison. Tout est fermé et la mini supérette n'ouvre qu'entre dix heures et midi, alors il ne faut pas rater le créneau. Ravitaillé je file au plus vite dans la montagne pour basculer de nouveau coté Italien à la baisse de Druos
ce massif de la Lombarde regorge de lacs nichés dans les creux de la montagne
un impressionnant chemin pavé sillonne tranquillement la montagne en s'affranchissant des éboulis et des surplombs. Construit à plus de 2000 mètres d'altitude ce chemin royal, permettait aux souverains de pacotille de se distraire à la chasse au chamois pendant que les grandes familles en ville géraient les affaires de l'Italie
et toujours quelques trous d'eau bienvenus
une habitante des lieux sereine
mes pas me poussent jusqu'au Val Morta endroit portant bien son nom. Quelques année auparavant j'y avais subit un orage terrible me faisant comprendre qu'en montagne on est rien et qu'il faut savoir rester prudent avant de partir. Là je franchi le collet di Valasco sans encombre et peut admirer l'Argentera imposante juste en face
il me faut maintenant trouver un endroit pour bivouaquer, le plus bas possible pour mes mains sensibles au froid. Vers 1800 je trouve une ancienne terrasse de culture juste à la taille de mon abri. Dodo face à l'Argentera, douce nui
les dernières Adénostyles de la saison dans la montée du col de Cerise
Le col de Cerise frontalier avec la France. Ce bâtiment militaire en ruine, vestige de l'époque nationaliste Mussolinienne symbole d'une Italie prête à tout pour se protéger de l'ennemi étranger. Un panneau est là pour que l'on se souvienne de cette période trouble ou des populations mises à l'écart tentaient de fuir l'horreur par ce passage. Aujourd'hui comme beaucoup d'occidentaux, pour mon propre plaisir, j'ai passé cette frontière et bien d'autres sans être inquiété. Malheureusement l'actualité nous rattrape et doit nous amener à réfléchir. Alors en franchissant à nouveau la frontière, j'ai espoir qu'un jour les hommes quels qu'ils soient pourront enfin en faire autant sans soucis
de retour dans le Mercantour pour terminer mon périple, j'ai eu beau surmonter des difficultés en traversant toutes ces montagnes, la rencontre avec ce taureau est l'occasion d'une frayeur. Il tourne la tête et je m'enfuie à toute jambe
la remontée vers le lac de Trecolpas pour le déjeuner, puis un franchissement du pas des Ladres en quelques enjambées, sans fournir un véritable effort, une situation presque génante
j'englouti le pas du Mont Colomb juste en face de la même façon, aidé par un petit hors sentier vers 2000m qui m'évite de descendre jusqu'en bas (indiqué sur la trace du parcours). Sous le col je rencontrerai quelques bouquetins et ce chamois pas vraiment sauvage
après cette chouette montée, la descente dès le col est dans la purée de poids. C'est encore pas aujourd'hui que je verrai le lac de la Fous. Il fait froid, malgré mes réticences je file au refuge qui semble ouvert. Parfois ça a du bon de céder. Cette fois ci pas de regrets. C'est impeccable, le personnel est très sympa. Une excellente soirée avec concours de vidage de plats avec un autre grand escogriffe qui ne laisse pas non plus sa part aux chiens
au petit matin passage au lac Niré avant la montée sur la baisse de Basto
A la baisse de Basto rencontre avec une famille de bouquetins
et bien entendu quelques lacs
le lac des merveilles,
s'ouvrant sur la vallée du même nom, et sa roche lisse qui a été décorée de gravures il y a bien longtemps
montée vers la cime du diable. Etre à près de 2700m à moins de 50 kilomètres de la mer, c'est le privilège de cette chaîne alpine qui permet d'évoluer dans un univers de montagne jusqu'aux dernières heures de marche
mais le temps est bouché, impossible de voir la mer. En revanche je rencontre en descendant un dernier chamois
s'en suit un long parcours sur une crête herbeuse ornée d'anciens postes d'observation stratégiques. La vue y est donc lointaine et splendide
jusqu'à ce dernier mamelon le Mangiabo 1821m avant de virer dans la pente pour une descente sur Sospel quelques 1400 mètres plus bas
la végétation devient de plus en plus méditerranéenne. Dans l'élan je me laisse glisser jusqu'à Sospel mais malheureusement tous les hébergements sont complet. Après avoir erré dans Sospel en vain, je me rabattrai dans les lueurs de la nuit sur le camping fermé mais où je pourrai quand même installer ma tente. Pas super chic ce dernier bivouac entre deux caravanes alors que j'avais toute la montagne pour moi quelques heures avant.
Tout ça est déjà presque terminé, déjà! Je m'écroule sur mon matelas en essayant de penser à autre chose, on verra demain
Dernière modification par bruno7864 (13-06-2018 00:16:34)
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#116 16-01-2017 13:03:22
- kodiak
- Pas assez léger, mon fils!
- Inscription : 09-06-2014
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Woah! On est arrivé! "On", parce que le lecteur a accompagné tes pas, à la lecture de ce retour bien sympathique (et illustré) qui fait baver d'envie. Merci bruno7864.
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#117 16-01-2017 13:50:46
- Magic Manu
- Magicien itinérant
- Inscription : 12-11-2011
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Wahou! Merci pour ce long récit. Je l'ai suivi d'un oeil en temps "réel", au cours de la publication. Maintenant, comme autrefois quand un nouvel album de XIII sortait et que je me bloquais un dimanche après-midi pour relire toute la série (HS: j'ai maintenant arrêté de la suivre...), je vais me bloquer une soirée au coin de la cheminée pour tout relire, tranquillement, à tête reposée!
"Il en faut peu pour être heureux" (Baloo, le Livre de la Jungle)
Le kilt? La meilleure façon d’être en « burnes out »!
Trombi
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#118 18-11-2017 20:15:14
- bruno7864
- partir, partir et découvrir
- Lieu : toujours dans la Lune
- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Cela fait déjà un peu plus de deux ans que je suis arrivé à Menton au terme de cette aventure. J'avais depuis un moment rédigé la fin de ce périple mais je ne me décidais pas à la poster. Ce dernier épisode étant avant tout le reflet de l'état d'esprit dans lequel je me trouvais à la fin de ce voyage, il est très personnel, j'hésitais donc. D'un autre coté, cela me semblait utile de le partager car l'après dans les quelques semaines qui suivent un long périple n'est pas toujours facile à gérer. Cela m'a donc décidé à poster cette épilogue
quelques images entre Sospel et la Mer
Epilogue
la mer n’est plus qu’à quelques pas, à peine plus de 20 kilomètres et ça en sera fini. J’ai du mal à réaliser qu’il va falloir que j’arrête de marcher pour reprendre une vie sédentaire. J’envisage secrètement de continuer en Corse ou dans les Pyrénées pour que cela ne s’arrête pas. J’ai encore un peu plus de quinze jours de libres devant moi. Mais les nouvelles de la maison ne sont pas trop bonnes. Un de mes deux chiens décline jours après jours et nécessite une présence constante. Il est vraiment temps que je rentre aider ma compagne dans cette épreuve.
Curieusement une petite pluie vient perturber mon départ de Sospel. Un évènement par ici. Pour attendre la fin de l’averse je m’enfourne prendre un café dans un bistrot. Le patron discute avec d’autres clients à prpos des migrants qui tentent en ce moment de passer la frontière pour venir manger le pain des Français. D’un coup me reviennent en mémoire mes ennuis physiques des premiers jours. L’aide et le dévouement apporté par les personnes que je rencontrais et pour lesquelles j'étais un étranger. Le clocher à bulbe si oriental de l’église de Neuberg. Ces montagnes de Styrie érigées en barrières acérées et infranchissables. Ces jours de doute durant lesquels la France et Menton me semblaient bien loin. Par ci, par là un passage et des petites choses qui me permettaient de repartir du bon pied. Les mats de Cocagnes ou mats de mai à Lessach, symbole d’un nouveau départ. Ces fleurs enivrantes qui jalonnaient mon chemin. Ces villages d’Autriche et des Grisons tout droit sortis de contes de fée. Au Tyrol Italien, ce type curant une étable affable, polyglotte et tellement drôle. La montagne rude et ces glaciers qui s’amenuisent tandis que dans les vallées l’activité humaine développe arrache, modifie, transforme de façon plus intrusive que jamais. Au pas des Orgues ce message d’encouragement laissé par Shanx quelques temps plus tôt que par ignorance je n’ai lu. Au même pas des Orgues les montagnes à perte de vue qui s’offraient encore devant moi. Cette main invisible qui m’a poussé dans la montée de l'autre coté de la vallée. Ces bivouacs plus beaux les uns que les autres, et celui de la plaine de Greina ou j’ai subi un orage terrible. Ce champ d’Edelweiss dans le Tessin. Ces chamois, bouquetins, marmottes, renards mais aussi ces animaux dits domestiques ânes, chevaux, vaches, moutons jamais agressifs alors que l’on ne leur réserve pas toujours un destin appréciable. Mon arrivée en France et ma première déconvenue par un refus d’hospitalité, contrebalancée dès le lendemain par la générosité d’un individu. Me revient aussi en mémoire l’écriteau du col de Cerise franchi deux jours plus tôt, et ces dizaines de frontières passées librement ces derniers mois. Enfin cette question: pourquoi moi et pas les autres?
La moutarde me monte au nez. J’avale mon double expresso aussi vite que je le peux, jette deux pièces sur le comptoir, souhaite bien le bonjour à cette compagnie dont je me serais bien passé et me tire de là.
A la fontaine d’Albaréa quelques kilomètres après Sospel je m’arrête pour une toilette lessive complète. C’est donc propre et frais que je franchi le col du Razet pour observer la mer qui apparait bientôt. A la frontière, j’attaque dans la caillasse et les buissons la montée du Grand Mont ou Gramondo en Italien, qui porte bien son nom avec ses 1378 mètres dominant les alentours. Là haut on peut admirer la côte de part et d’autres de la frontière. Il n’y a bien que les humains pour y voir deux pays. Pour le reste des espèces vivantes ça n’est qu’un versant de plus où éventuellement on vient se réfugier pour éviter la folie des hommes. Au bout de cette ligne de crête dominant Menton, le col du berceau, dernière montée de cette traversée. Je le rejoins par un sentier douanier menant au pas de la Corne. Ultime montée du col du berceau bien trop courte pour être savourée. Les larmes aux yeux, dans un sentiment mitigé entre joie et tristesse, je ralenti mon pas empruntant tous les contournements pour faire durer cette dernière ascension. Là haut je redécouvre le spectacle déjà vu quelques années auparavant après une première traversée des Alpes nord sud. Cette fois ci la vue de Menton n’est ni une victoire, ni un soulagement. Tout en grignotant mes dernières réserves de nourriture, je reste là haut assis à observer l’horizon à la recherche de nouvelles montagnes à traverser. Mais la mer est là devant moi, infinie comme l’écran blanc en fin de séance, arrogante, inamovible me barrant la route. D’autres rêves prennent alors forme, pour relier entre eux ces massifs d'Europe les uns avec les autres, pour à nouveau repartir, découvrir, rencontrer.
Enfin, après un long moment je me décide à descendre de ce perchoir. Arrivé sur Menton, impatient, je me dirige tout droit vers la gare, pour attraper le premier train qui me permette de continuer le voyage
Les images qui me reviennent en tête ce dernier jour
Dernière modification par bruno7864 (13-06-2018 00:21:13)
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#119 18-11-2017 20:53:15
- martie
- Membre
- Inscription : 04-03-2011
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Merci Bruno pour cet épilogue qui nous replonge un peu dans ton périple (et ça fait r^ver)
martie
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#120 19-11-2017 01:49:41
- Adrienne
- Apprentie MULe
- Lieu : Région parisienne
- Inscription : 28-10-2017
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Merci Bruno pour ce magnifique récit, et aussi pour cet épilogue qui, je pense, rejoins ce qu'on est sans doute beaucoup à éprouver.
Justement ce matin j'écoutais ce reportage sur France Culture sur les migrants qui passent la frontière italienne vers la France de plus en plus haut et de plus en plus tard dans l'année pour échapper aux gendarmes, au péril de leur vie. Ce qui est pour nous un loisir, un plaisir et un grand sentiment de liberté peut être un enfer pour d'autres, et j'avais eu les mêmes pensées que toi en passant à mon gré la frontière franco-italienne par les cols alpins il y a quelques temps, en imaginant ceux pour qui ces sentiers représentent une grande difficulté dans leur vie personnelle.
Merci de ne pas oublier ton humanité
Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)
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#121 19-11-2017 11:41:00
- kodiak
- Pas assez léger, mon fils!
- Inscription : 09-06-2014
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Merci bruno7864 d'avoir pris le temps de mettre une fin à ce recit resté en suspension.
«...toi qui passe libre ce col...»
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#122 19-11-2017 21:37:35
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Bonjour Bruno et merci de cette belle conclusion.
J'avais lu et beaucoup apprécié ton récit avant de prendre une route plus modeste depuis Menton cet été. Ton beau rêve devenu réalité a été un modèle.
Nous n'achevons jamais nos errances, nous les vivons dans nos mémoires bien au-delà de l'heure du retour. Elles sont encore plus belles quand, comme toi, nous savons en faire partager humanité, beauté et émotion.
C'est donc aussi un peu de nous tous que tu as fait avancer le long de ces beaux chemins. Merci
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre
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#123 02-03-2018 17:04:15
- Ezequiel54
- MULimaliste
- Lieu : Lorraine
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Salut bruno7864,
Je viens de (re)dévorer ton récit ! Bel exploit et magnifique parcours
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