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#1 06-05-2008 14:31:50

jeronimo
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 05-03-2007

Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Cher(e)s MUL(e)s,

D'abord, et à mon grand regret, ce récit ne comprendra pas de photos, car l'appareil que j'avais emmené est tombé en rade en tout début de rando...
J'en suis désolé pour vous, car j'adore profiter des photos dans les récits des autres (par exemple la magnifique sortie au Vignemale)! Si quelqu'un a un tuyau pour que je transfère les petites photos prises avec le téléphone portable avant que sa batterie s'épuise, je suis preneur! wink

Je disposais de trois jours (02-04 mai) et je voulais en profiter pour sortir en montagne en tête-à-tête avec mon grand fils. Tenant compte des avis recueillis sur RL et d'autres infos, j'ai choisi une boucle au départ de la gare de L'Argentière-Les Ecrins (commune de L'Argentière-La Bessée) car cette gare accessible par un train de nuit direct depuis Paris permet de démarrer directement la marche en montagne.

Les infos des skieurs sur le forum Skitour et la météo du 01 mai indiquaient qu'il y allait avoir de la neige en abondance, donc nous avons choisi de faire cette sortie en raquettes, ce qui était une première pour mon fils (et pour moi aussi sur plusieurs jours).

J'ai fait ce que j'ai pu pour partir en mode MUL, et mon sac pesait tout compris 10kg au départ:
- nourriture et eau (bidon 600ml porté plein + platypus de 2L portée vide)
- réchaud Superfly et bouilloire alu 800ml (150g), cuillères en plastique,
- couteau Gerber ultralight (https://www.randonner-leger.org/forum/v … hp?id=4095)
- bols de la soupe Harira Picard (https://www.randonner-leger.org/forum/v … d=4907&p=1)
- paire de raquettes TSL 205 toutes neuves (soldées chez GoSport) et bâtons Dynastar Népal 8
- sac de couchage TNF Orion en primaloft (celui avec lequel j'ai bivouaqué lors de la sortie MUL dans les Vosges en mars dernier)
- le matelas Z-Lite plié en U a remplacé la mousse de dos de... mon tout nouveau sac à dos Confiture²! (comme Patbald appelle le Jam²)
- ont servi: chapeau, bandana, coupe-vent tout neuf Golite Ether Wind, surmoufles GTX, gants en softshell Windstopper, chaussettes de rechange, guêtres D4 standard, un vieux sursac pas respirant (a servi de tapis de sol), téléphone (pas de réseau, mais a servi à prendre des photos... wink)
- n'ont pas servi: poncho (D4, + cordelette Dyneema et 6 sardines alu pour faire tarp), collant de course, maillot thermique Craft, gilet Montbell Thermawrap (150g), gants de soie, mini-guêtre Raidlight, couverture de survie épaisse (150g), appareil photo(:()
- deux cartes TOP 25 (3436ET et 3437ET; lourdes= pour une fois je ne les ai pas découpées juste aux mesures de la rando) dans leur pochette étanche Nature & Découverte (50g), mini-pharmacie, mini-nécessaire de toilette, lampe solaire à LED, boussole, sifflet, , lunettes de glacier, bricoles

Sur moi au moment de la pesée du sac:
- pantalon d'escalade D4 100% PA, bien coupe-vent et respirant, sèche vite (250g);
- maillot ML carline Millet
- micropolaire à capuche Haglofs
- montre-altimètre solaire Casio ProTrek 100
- chaussures Lafuma Trail Active GTX

L'objectif principal était de profiter à fond de la montagne et de mon fils, et ce fut le cas.

Le premier jour (02 mai), nous avons remonté le vallon du Fournel depuis l'Argentière (977m) jusqu'à la Grande Cabane (2235m); nous avons été surpris de devoir chausser les raquettes dès les Albrands (1389m), au moment où le sentier (GR 541) passe sur la rive droite du torrent donc reste à l'ombre de l'ubac. Mais s'il y avait trop de neige pour progresser sans raquette, elle était bien molle et lourde, donc fatigante... A Boujurian, nous avons décidé de repasser sur la rive gauche, côté adret, pour remarcher au sec sur la route. Du parking terminal (vers 1570m) jusqu'au ravin de Clausis (vers 2170m), nous avons de nouveau progressé en raquettes dans la soupe: normal, nous étions exposé plein sud, en plein après-midi, par une belle journée ensoleillée. Je suis arrivé à la Grande Cabane avec les pieds trempés! La cabane était presqu'entièrement ensevelie sous la neige, mais un trou permettait d'accéder à la remise à bois, où il y avait largement la place d'installer notre couchage.
La nuit a été douillette dans cet abri. Le minimum mesuré y a été de 0.5°C ; nous avions des sacs de couchage qui permettaient d'affronter des températures bien plus froides ; les gants et les chaussettes ont séchés dans les poches des vêtements que nous portions sur nous en dormant.

Le deuxième jour, nous sommes partis par grand beau et sur une neige regelée qui nous a permis de marcher sans raquettes jusqu'à 80 mètres en dessous du Col de l'Aup Martin (2761m). Pour l'atteindre, à cause de la raideur de la pente il nous a fallu chausser les raquettes et monter droit dans la pente, en appui sur les crampons frontaux : sportif, mais heureusement pas très long ! Du haut du col, outre un magnifique panorama jusqu'au Pelvoux vers le nord, une vue impressionnante sur la descente qui nous attendait : bien raide et protégée du soleil, couverte de poudreuse… Le seul moment où nous avons été face au risque d'être pris dans une avalanche que nous déclencherions nous-mêmes (pour les autres, nous avons généralement fait du slalom hors de portée des avalanches de fonte qui avaient heureusement déjà purgé les versants). Nous avons fait particulièrement attention pour descendre le segment exposé, tout en jouissant de la progression dans cette poudreuse ultra-légère qui nous arrivait parfois jusqu'à la taille…
Nous avons fait notre pause de demi-journée à la Cabane du Jas Lacroix (1946m). Celle-ci était ouverte, et utilisée comme camp de base pour des randonnées à ski, d'après le cahier ; mais celles-ci partent plutôt vers le vallon de Chanteloube, car il n'y avait aucune trace dans le vallon de l'Ale que nous venions de descendre.
L'après-midi a ressemblé à la veille : il a fallu patauger dans une neige très lourde mais sans pouvoir se passer des raquettes jusqu'à Entre les Aygues (Pré du True, 1604m), nous nous sommes donc de nouveau trempés et épuisés. Nous avons décidé de nous arrêter à la Cabane des Bans (1800m), qui est en fait un abri aménagé dans un chaos de blocs, sous un énorme rocher. Les blocs, qui avaient été exposés au soleil toute la journée, rayonnaient de chaleur, et nous avons donc étalé tout et tout le monde pour sécher et faire la sieste pendant les deux dernières heures d'ensoleillement… A la fin de notre sieste de lézards, il ne nous restait plus qu'à préparer le dîner avant… de se recoucher !

Le troisième jour a commencé par la descente jusqu'à Vallouise (1150m) : depuis le Pré du True jusqu'aux Grésourières (vers 1300m), il a fallu alterner marche avec et sans raquettes, le plus spectaculaire étant la traversée des énormes cônes de neige qui coupaient avec régularité la route, voire toute la vallée, témoignage de grandes avalanches descendues des deux versants. A Vallouise, où nous avons apprécié les superbes charpentes des grandes fermes traditionnelles, nous avons fait le plein de frais pour le picnic (tomates, melon, tomme) avant de repartir sur la Via Alpina le long de la Gyronde. Nous avons quitté celle-ci aux Vigneaux (1081m) pour monter au Champs des Ans (1530m), d'abord par le GR50, puis par une route forestière qui offrait des vues magnifiques dans trois directions, au gré des virages. Un vieux sentier, passant par les vestiges d'un hameau non porté sur la carte, nous a redescendu plein sud à l'Argentière, où nous avons fait la sieste au pied de l'Horloge perchée sur son rocher, en attendant d'aller dîner et de prendre notre train de retour sur Paris…

Au total, une randonnée modeste, mais spectaculaire à cause de l'enneigement total au dessus de 2000m, et assez sportive à cause de la neige fondante entre 2000 et 1400m… En tout cas, un coin dont j'ignorais tout et qui me donne envie d'y revenir, à pied, en raquette ou à ski !

Compte-rendu du matériel :

1) d'abord, mon nouveau sac à dos Golite Jam² commandé chez backpackinglite.co.uk (75 livres port compris, soit 90€) ; j'ai le modèle de couleur verte (Palm, que je trouve très joli, très discret) en taille M : celle-ci convient parfaitement à ma stature (175 cm avec un torse assez long).
Je confirme ce que d'autres ont dit (https://www.randonner-leger.org/forum/v … hp?id=2947) :
- le tissu donne l'impression d'être très solide ;
- les bretelles sont très confortables, la ceinture ne l'est pas mais est malgré tout très efficace pour reporter la charge sur les hanches, pour le poids testé (10kg) ;
- les poches latérales en mesh sont faciles d'accès sac sur le dos (bouteille, aliments, boussole, etc.)
- la grande poche dorsale est assez commode pour y fourrer un tas de chose (guêtres, gants et surmoufles, poncho, pharmacie, chapeau, cartes, coupe-vent, couverture de survie…)
- le compartiment principal est donc assez grand pour y loger le matelas Z-lite (après retrait de la plaque de mousse amovible) ; j'ai testé deux configurations : plié à plat sur 2 plis ou plié en U ; le confort de portage est identique dans les deux cas, mais la logeabilité me semble meilleure en U : dans ce cas je bourre entre les branches du U le sac étanche Seatosummit (50g) qui contient le sac de couchage et les vêtements ; il reste ensuite à poser par-dessus le reste du matos ;
- pour le moment je suis très content de ce sac ; pour porter davantage (autonomie plus longue) j'envisage d'installer le Z-lite à l'extérieur, en passant un élastique dans le dispositif de compression du fond de sac ; je vais voir aussi si je ne vais pas coudre une petite pochette sur la ceinture, pour avoir à portée des toutes petites choses (stick labial, crème solaire, etc.)

2) Coupe-vent Golite Ether Wind (110g en taille L) : bilan un tout petit moins enthousiaste, mais quand même positif.
J'ai choisi ce coupe-vent car je voulais quelque chose d'ultra-léger (bien sûr !) avec une capuche, coupe-vent et assez déperlant, bien respirant et pas trop cher (il m'a coûté moins de 50€ port compris chez ultralightoutdoorgear.co.uk) ; par exemple, il est moins cher que le Magic Anorak de Camp et a l'avantage de s'ouvrir complètement, ce qui lui donne plus de polyvalence.
Le programme est tenu (je l'avais déjà testé en course de fond sur plusieurs heures) : la respirabilité est excellente, l'efficacité thermique est notable, l'effet déperlant est sensible, la coupe est bonne (la capuche en particulier est très bien coupée) et la compressibilité est remarquable.
Seul bémol côté fabrication : les coutures ! L'un des élastiques de poignet a lâché, ainsi que les deux ( !) points de fixations du cordon de serrage de la capuche (ce n'est pas gênant car il suffit de faire un nœud à cet élastique pour qu'il soit bloqué dans les tankas)
Seul bémol côté usager : j'ai effleuré mon réchaud et j'ai fait un trou dans la manche ! Ce tissu s'évapore face à la flamme (le vêtement est fourni avec une étiquette de carton qui dit qu'il est highly flammable…)

3) les chaussures de trail : Lafuma Trail Active GTX.
Jusque là, j'en étais très content ; je parle ici de ma première sortie avec elles: https://www.randonner-leger.org/forum/v … hp?id=3515
Mais je crois que j'ai été trop loin avec elles… c'est-à-dire qu'il ne faut pas les utiliser avec des raquettes, pour les raisons suivantes :
- les conditions de neige : la membrane goretex perd toute efficacité quand elle est noyée (l'humidité ne peut plus être évacuée), ce qui est le cas dans une neige fondante et peu portante ; donc d'une part l'humidité intérieure (transpiration ou autre) ne s'évacue pas, d'autre part il est possible que sous la pression l'humidité extérieure traverse la membrane ; moralité : j'avais les pieds trempés !
- le froid : comme la chaussure est fixée dans la fixation de la raquette, le pied ne travaille plus en flexion-extension comme dans la marche, donc il ne dégage plus de chaleur, donc il n'arrive ni à se réchauffer, ni à sécher la chaussette et la chaussure ; moralité : j'avais froid aux pieds !
- l'usure : les chaussures de trail sont d'une construction trop légère pour supporter les contraintes des fixations des raquettes ; les miennes ont été abîmées en plusieurs points : d'une part sur les côtés extérieurs, là où les fixations ont frotté sur les parements de la chaussure ou sur les sangles qui tiennent les lacets… d'autre part au talon intérieur qui s'est décousu, peut-être à cause du poids excessif que je faisais supporter à la chaussure (poids normal= 450g, poids avec raquette= 1250g…, sans parler du poids additionnel de la neige fondue !)
- les guêtres. Les guêtres normales (un modèle standard en nylon de chez D4) avaient été prises en taille S pour assurer la meilleure compression possible des chaussures de trail (il a fallu donner un coup de canif à l'élastique de serrage du mollet pour ne pas être trop comprimé à ce niveau-là…). Cela a été efficace lorsque je portais les raquettes, car leur fixation maintenait la guêtre sur le coup de pied ; mais cela n'a pas pu empêcher la pénétration mécanique de neige par pression à la hauteur du cable de maintien, lorsque je ne portais pas les raquettes. J'avais emmené les mini-guêtres Raidlight pour voir s'il fallait les combiner avec des guêtres normales afin de garantir l'imperméabilité de la liaison chaussure-guêtre : bilan négatif. En effet, la mini-guêtre (qui est très bien par ailleurs) n'est pas imperméable ; donc si elle empêche bien l'entrée mécanique de la neige, elle n'empêche pas la transmission de l'humidité par capillarité à la chaussette, et donc à tout le pied puis la chaussure. Et comme elle dépasse sous la guêtre normale, elle absorbe dans tous les cas cette humidité…

Amitiés à tou(te)s, à votre disposition pour répondre à vos questions !

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#2 06-05-2008 20:14:33

ambrose chapelle
*
Lieu : Nancy
Inscription : 12-10-2005

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Merci pour ce compte-rendu j'ai toujours tes gants fins pour info , file-moi ton adresse par MP pour que je te les envoie. sinon tu penses pouvoir mettre un patch pour ton trou dans la golite ?


Il n'y a pas de mauvais temps, il n'y a que de mauvais équipement

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#3 06-05-2008 21:53:50

jeronimo
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 05-03-2007

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Salut Ambrose,
heureusement le trou dans le coupe-vent est petit; je ne sais pas encore ce que je vais y faire.
Je t'écris par MP au sujet des gants.

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#4 06-05-2008 23:13:58

HexCore
MULvivor
Lieu : Berlin
Inscription : 20-12-2007

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Salut Jeronimo,

Superbe récit, dommage pour les images, mais ca permet de faire marcher l'imagination smile


"Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, l'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes. !" Charles Baudelaire.

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#5 06-05-2008 23:40:16

NThony
Membre
Inscription : 11-07-2007

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

jeronimo a écrit :

heureusement le trou dans le coupe-vent est petit; je ne sais pas encore ce que je vais y faire.

Un bon bout de Duck Tape et c'est reparti smile

Dernière modification par NThony (06-05-2008 23:40:51)

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#6 07-05-2008 07:28:10

Patrick
Membre
Lieu : METZ
Inscription : 16-04-2005

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Salut jeronimo,
Superbe compte-rendu d'une rando qui semble avoir été sportive. C'était plus dur que la sortie vosgienne ?
Il y a des MULS qui n'ont pas de chance avec leur appareil photo big_smile . Est ce que le tien est définitivement naze, ou c'était juste un problème de piles ?
Sans raquettes, remettrais tu des trails ?

Patrick,

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#7 07-05-2008 09:15:54

jeronimo
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 05-03-2007

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Oui, Nthony, je vais sans doute mettre un petit bout de duct tape.

Salut, Patrick; oui, ce fut un poil plus sportif que la sortie dans les Vosges à cause du poids et de la mauvaise portance de la neige fondue. Paradoxalement, alors qu'il faisait plus chaud et très beau, j'ai eu les pieds trempés donc gelés (à la différence des Vosges où je portais des grosses wink).
Mais sans aucun doute je remettrai les trails en conditions non neigeuses (prochain projet: Mercantour-Queyras cet été).

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#8 07-05-2008 09:38:51

velox
R.I.P
Inscription : 21-08-2006

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Salut Jéro.
Dommage pour les photos
Tu sais ce qui serait super (enfin, pour moi en tout cas): un bout de carte avec le parcours porté dessus. Si c'est pas trop abuser.

Et le fiston, il a aimé (euh, kiffé?)?

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#9 08-05-2008 13:24:59

jeronimo
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 05-03-2007

Re : Trois jours en raquettes dans les Ecrins

Oui, le fiston a kiffé! Surtout le deuxième jour, quand on était dans un environnement totalement neigeux, sans aucune autre trace humaine que les trajectoires des avions dans le grand bleu et nos propres traces dans le grand blanc...

Je vais voir ce que je peux faire pour poster la carte, faut d'abord que je règle le problème de l'appareil photo...

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