[Récit + liste] Grande traversée de la Corse de Campomoro au Cap

florencia · 23-07-2014 19:37:39

Et oui, j’ai remis ça

Comme le disent les Corses, quand tu as mis les pieds une fois sur l’île, tu y reviens toujours un jour

Je suis donc repartie dans le même état d’esprit, que l’année dernière, lors de ma balade « une autre corse » https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=23988

Sauf que cette fois-ci, la traversée de l’île, le long de son épine dorsale, sera ma ligne directrice.

Le choix de remonter du Sud au Nord, pour avoir au maximum le soleil dans le dos.

La même période du 05/06 au 07/07, soit 33 jours de marche, pour ne pas trop souffrir de la chaleur.

Toujours l’envie d’alternance entre mer et montagnes, de sommets selon la clémence de la météo, d’insolites si possible, d’improvisation si besoin, mais aussi de profiter de l’ambiance des petits villages corses et de l’accueil de ses habitants, en comptant sur ma bonne étoile, pour faire de belles rencontres à nouveau

Des ingrédients qui se prêtent bien à l’île de Beauté et qui en font tout sa richesse et variété.

Bref, en prendre encore plein les mirettes, sans oublier, bien sûr, de garder tous les autres sens en éveil.

Je serais servie et pas déçue

L’expérience de ma précédente balade m’a aidé à mieux appréhender le terrain, en anticipant les pièges éventuels, en écoutant plus précocement mon système d’alarme qui me disait de faire demi-tour, plutôt que de m’entêter et m’enferrer dedans, ou enfin, à vivre plus sereinement les difficultés, quand je pouvais difficilement passer ailleurs.

Le choix de réinvestir dans un GPS aura été également un plus, en m’évitant certaines galères à garder le bon cap dans des décors plus que chaotiques parfois.

J’ai parfois revu le parcours prévisionnel à la baisse.

En raison des éléments, comme la neige parfois pour certains sommets, ou les orages avec la grêle, la pluie et le vent qui va avec, pendant 6 demi-journées consécutives. Des moments un peu frustrant, mais que j’ai essayé de vivre avec philosophie.

Parfois aussi par l’envie de profiter, plus que de cumuler les difficultés potentielles, en optant pour des sentiers plus roulant

Cette année, l’eau a parfois été un facteur limitatif et une préoccupation régulière, en tout cas, qui m’a conduit souvent à une gestion plutôt drastique, surtout avec la chaleur quasi constante en dehors des 6 jours de pluies. Si j’avais accepté de porter 2 ou 3 L plus souvent, il en aurait été différent Question de choix donc…

Pour les bivouacs, j’ai essayé au maximum de profiter des ressources qu’offraient le terrain, orri, bergeries, cabanes, chapelles ; ce qui fait que si on rajoute certaines nuits à la belle ou en gites, j’ai très peu souvent monté l’abri : 10 fois de mémoire dont 2 campings et 3 fois près des refuges du GR20.

Enfin, la préparation des pieds et des petites modifications d'équipements les concernant, a permis de m'éviter les désagréments de l'année dernière. Sans toutefois éliminer toute sensation d’échauffements de fin de journée, mais sans aucun bobo à déplorer

Voilà, place au début du récit.

Merci pour votre indulgence et patience, j'ajouterai, une nouvelle fois, au fur et à mesure ... une façon de me motiver pour écrire et partager avec vous cette balade Corse

Carte du tracé de la traversée : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 53#p365553

Points de ravitaillement alimentaire : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 23#p365823

Points de ravitaillement en eau sur le parcours : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 39#p365839

LISTE MATOS

0250 portage
0250 sac à dos nylon tramé dyneema 23L DIY

1207 bivouac
0188 tente demi tipi fermé cuben 25gr/m2 DIY
0069 piquets 4*9 ( titane)+5*6 (titane vargo)
0046 tapis de sol polycree
0210 matelas xlite 120 cm
0660 sac de couchage Quilt WM 350 (-2° confort)
0034 sac étanche silnylon 8 L

0509 vêtements
0045 legging nylon
0185 veste imper/respi ozo Haglof
0038 chaussettes Diozas Raid 500
0140 Gilet synthétique Montbell
0025 Jupe de pluie
0063 TS MC
0013 sac étanche cuben 25gr DIY 4,5l

0110 cuisine/hydratation
0012 réchaud ESBIT pliable titane
0004 mini cuillère plastique
0057 popote + couvercle alu bol titane 550 ml
0002 grattoire
0035 poche à eau 2 L

0169 divers/orientation
0020 lampe decath dynamo
0011 kit réparation (fils, aiguille, Kit matelas, cuben tape, 4m dyneema 1,25mm)
0066 telephone Simvalley + 2 batteries
0025 CB, CI, argent
0005 2 compeed, micropures
0040 2 batteries APN supplémentaires
0002 ziplock

0089 hygiène
0006 serviette microfibre 2*5*5 cm
0003 brosse à dent coupée
0010 dentifrice
0024 brosse cheveux mini
0014 miroir
0015 savon
0015 PQ
0002 ziplock

2334 TOTAL SAC

1212 vêtement sur moi
0307 pantalon W's trekker convertible north face
0180 TS ML icebreaker 150
0019 slip
0038 chaussettes Diozas Raid 500
0564 chaussures saucony Grid Excursion TR 7 W
0060 chapeau Schôeffel
0034 foulard "garde robe" maison
0018 Guêtres anti-débris

0828 Autre
0450 batons fizan everest +10 gr ductape
0052 2 bouteilles 0,5 L
0255 APN + étui avec batterie
0010 briquet
0005 boussole recta
0056 montre alti baro
0150 GPS Etrex 30

2180 TOTAL HORS SAC

4514 TOTAL SAC + HORS SAC

Consommables :
0028 2 pastilles esbit 14 g
0092 photocop A4 recto/verso cartes

Retour matos

SAD : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 60#p360460

Guêtres : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 29#p360129

Chaussures basses en Mesh : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 88#p365688

La préparation des pieds et leur entretient : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 90#p365490

Flo

Dernière modification par florencia (06-09-2014 10:41:00)

florencia · 23-07-2014 19:39:34

J1-Tour de Campomoro – pointe Lattuniccia

Trace GPX : http://www.openrunner.com/index.php?id=3935977

Cette fois-ci, je mets pied à terre à Propriano, voie d’accès maritime la plus proche du Belvédère de Campomoro, pointe Sud-Est de la Corse, que j’ai choisi comme point de départ de ma traversée.

Pas de transport en commun, je me dirige donc à pied à la sortie de la ville, en croisant les doigts, pour que malgré l’heure matinale, 6h40, le stop ne soit pas trop compliqué.

J’aimerai, en effet, pouvoir profiter de la température encore clémente de ce début de matinée, le long de côte, sinon cela risque de chauffer rapidement

Chose faite 1 petite heure et 3 stops plus tard ! grâce à un polonais vivant en Corse depuis 11 ans, et 2 locaux, un grand merci à eux. Entre la 2° et 3° voiture, j’ai à peine eu le temps de remettre mon sac sur le dos, que la suivante s’arrêtait !

Tout est encore calme, dans la petite station balnéaire. Je m’offre un petit café dans une cahute en bord de mer, puis prends tranquillement la direction de la tour

8h00, je suis à son pied. C’est partie pour environ 500 km et quelques 40 000 m de D+ et autant de D-.

Le sentier est agréable et oscille en douceur entre maquis et blocs rocheux, quittant rarement les bords du littoral

Contraste permanent entre le bleu du ciel et de la mer, et les différents verts du maquis en fleur.

La température grimpe rapidement. Heureusement, une petite brise de mer vient compenser et rafraichir et permet ainsi de progresser sans trop souffrir.

Les petites criques sont des vrais petits havres de paix, aux eaux limpides et couleurs variées

Du moins jusqu’en fin de matinée, où je croise les premiers bateaux et leurs occupants venus mouillés dans les criques

Des rochers modelés et façonnés par la mer et le vent

La tour de Senetosa est en vue

Je monte jeter un œil au phare, dont l’accès est interdit pour raison de sécurité.

Puis enfin j’aperçois au loin Tizzano, ville côtière, où je peux refaire le plein d’eau, acheter quelques produits frais pour ce soir

Les 3 km de large piste seront assez usant, en plein cagnard
Une pause ombragée sous la tonnelle d’un petit bar, accompagnée d’une première Pietra bien fraiche, sera bien méritée

Avant de poursuivre jusqu’à la pointe Lattoniccia où je me pose pour mon premier bivouac.

Je déguste mon houmous déshydraté maison, agrémenté de jus de citron et de tomates

Avant d’opter pour une nuit à la belle étoile sur de belles dalles rocheuses, avec vue sur la mer.

PS : une seule source indiquée par une pancarte mais dont je n’ai pas vérifié l’état ; situé à l’écart du sentier un peu avant le phare (au-dessus de « Laprijonu » sur la carte IGN) ; mon 1.5 L de départ m’ayant permis de tenir jusqu’à Tizzano.

Dernière modification par florencia (05-08-2014 16:58:52)

florencia · 23-07-2014 19:43:26

J2-Pointe Lattuniccia – Oriu de Grussetta

Trace GPX : http://www.openrunner.com/index.php?id=3935997

Réveil en douceur aux premières du jour, bercée par le bruit des vagues et le cri des mouettes.

Mon objectif aujourd’hui est de me rapprocher de la Montagne de Cagna, première montagne du Sud de la Corse et qui me permettra de suivre ma ligne directrice de crêtes.
Mais surtout de partir à la recherche du double Oriu de Grussetta, dont une photo sur le web m’a tapé dans l’oeil

Une des curiosités Corses que sont les tafoni, roches érodées par l’action conjuguée de l’eau, du sel, du vent et du soleil, et dont certains d’entre eux, ont été aménagé en abri, par les bergers. Encore me faudra-t-il le trouver

J’atteins tout d’abord la plage de Tralicetu

Pas un chat à cette heure matinale, un pur bonheur de marcher pieds nus sur le sable ou dans l’eau

Bref passage maquisé pour rejoindre la plage d’argent

Le sentier est toujours aussi agréable et désert

Il y a même de belle zone herbeuse de bivouac à la pointe de Murtoli

Arrivée à Murtoli, je loupe le sentier longeant le littoral et emprunte la piste. Un local en voiture, avec un fort accent russe, me dit que la piste regagnant directement la plage est privée ; j’obtempère à contre cœur et en suis quitte pour un bon petit détour …

Malgré l’heure qui s’avance, toujours personne lorsque j’atteins la plage d’Erbaju.

J’en profite pour un nouveau bain de pieds rafraichissant

Le lion de Rocapina se dévoile, perché sur son monticule, ne quittant pas du regard l’horizon maritime, tel le gardien des lieux

Il est déjà l’heure, pour moi, de quitter le sentier du littoral pour l’intérieur des terres

Je grimpe à la tour

Avant une raide descente une peu touffue

Je rejoins la longue piste menant à la plage de Roccapina et la remonte jusqu’à la Bocca di Curali pour prendre la direction de Serragia, non sans avoir refait le plein de mes 2 bouteilles 0,5L, au restaurant faisant l’angle avec la N196. S’en suis une montée pas des plus excitantes; le prix à payer pour rejoindre la Bocca di Acqua Veschi, point de départ pour atteindre le double Oriu de Grussetta

La source captée au point 261 est malheureusement rendue inaccessible par une muraille de ronces ; je devrais donc me contenter de mon litre d’eau jusqu’à demain

Heureusement, une fois quitté la piste, le sentier se fait plutôt sympathique et surtout un peu plus ombragé ; je commençais à me liquéfier sur place

Une fois au col, mon objectif se dévoile

Un gros amas de bloc rocheux qu’il me faut atteindre, j’espère que ses défenses ne seront pas trop épineuses

Il n’en est rien ; j’arrive rapidement au chemin entouré de 2 murets en pierre qu’il me faut suivre tout d’abord, puis quitter, lors d’un coude sur la droite

La sente est bien marquée. Une fois la zone de blocs rocheux atteinte, des cairns prennent le relai. Je surprends une couleuvre d’un bon mètre 50 de long qui s’enfuit prestement.

Puis soudain, l’oriu se dresse devant moi

Après une longue pause à l’ombre, allongée sur une dalle en pierre, je me remets en quête des autres curiosités des lieux ; plusieurs tentatives me seront nécessaires pour trouver la bonne voie, dans ce dédale de roches et végétation; j’ai même faillit renoncer pour économiser mes dépenses hydriques.

Dont le cheval de pierre

Le tafonu troué, véritable œil de guêt sur le village de Monaccia d’Aullène

Nuit dans l'Oriu, apportant une fraîcheur bienvenue

Dernière modification par florencia (05-08-2014 17:00:38)

Glop^2 · 23-07-2014 20:51:20

Aaaahhhh, voilà un excellent feuilleton à suivre pour les prochains jours, je suis déjà accro.
Merci Florencia

emmi · 23-07-2014 22:16:35

merci pour le rêve, encore...

vivement... (je ne sais pas quand)!!

domweb · 23-07-2014 22:18:23

Salut Flo ,

bien content de te lire, je t'attendais .

Tes premières photos me rappellent bien des souvenirs, de l'époque où je partais avec des copains pour des vacances de chasse sous-marine, avec nos poissons que nous faisions griller le soir sur la plage, avant de nous endormir sous les étoiles .

Je pense qu'à ta place, j'aurais beaucoup trainé dans l'eau, et pris pas mal de retard. Tu ne parles pas de ça, tu as résisté à la tentation?

Tes photos sont magnifiques (mais, sans rien enlever à ton mérite, le coin est exceptionnel). Bravo pour l'oriu!

Murtoli, paradis caché, pour quelques privilégiés. Je ne pense pas que les randonneurs soient accueillis à bras ouverts... .

Je vois que tu as, cette année, géré avec un peu plus d'attention aussi bien ton physique que ton mental, et peut-être accordé plus de place au plaisir?

Ton expérience des ces premiers jours me semble moins heurtée, et ton récit dégage une agréable sérénité.

Merci pour ce beau partage, et vivement la suite

TO · 23-07-2014 22:56:24

rrrhhhooo une nouvelle série sur RL
merci florencia
Je me joint aux commentaires de mon camarade
tes images font remonter une foule de souvenirs intenses d'une précédente vie plus...nautique....
notamment tizzano, sénétose et cala longua la petite crique que j'ai reconnue
bravo pour le repérage de l'oriou, la recherche motive bien et ça fait plaisir de toucher au but
c'est un vrai paradis, brulant, et merveilleux
effectivement il me semble que tu as développé un détachement et un recul tout philosophique
ça part fort et j'attend la suite avec impatience
40 OOO m d+ c'est pas de la tarte
a+

florencia · 24-07-2014 07:42:30

Merci à tous les 4! Cela fait plaisir et va me donner une belle motivation à poursuivre

Salut Domweb et TO

Très bonne analyse

Cette rando devait effectivement être placée sous le signe de la zénitude et du plaisir

Bon, je ne dis pas que je n’ai jamais invectivé le maquis de quelques mots fleuris, ou que quelques journées n’ont pas été un plus plus tendues, mais dans l’ensemble, je me suis plutôt laissé vivre, en profitant si possible de chaque moment ou opportunité.

Il faut dire que je n’étais pas pressée par le temps, puisque j’avais jusqu’à 34 jours pour faire la traversée!

Je n’ai pas hésité à stopper tôt mes journées de marche, selon l’envie ou les éléments, à profiter des gites quand j’en croisais ou à redescendre dans les villages pour croiser du monde, surtout à la fin, au Cap, où bivouaquer seule commençait à me peser.

La gastronomie locale a eu une place importante également; En tant qu’épicurienne, difficile pour moi de résister à la tentation

Les contacts avec les Corses ont encore été plus que chaleureux et spontanés, et quelque part m’ont aidé à aller jusqu’au bout. Certain(e)s m’ont suivi par appels téléphoniques ou SMS réguliers pour savoir où j’en étais et veiller aussi à ma sécurité. Assez incroyable !

Bref, comme tu dis, j’ai pris soins de moi, physiquement et mentalement

Flo

Fishbone · 24-07-2014 13:07:31

Merci Flo de m'avoir fait revivre à travers tes photos ces étapes que j'avais parcourues à cheval lors d'une randonnée effectuée dans le sens inverse. Les relations avec les Corses sont surprenantes quand on sait se faire discret.

florencia · 24-07-2014 14:11:14

@ Oubli pour Dom

Merci pour l’info sur Murtoli, je comprends mieux effectivement !

Si, si, je me suis baignée, enfin le premier jour, en fin de matinée et à l’arrivée au bivouac

@ Fishbone : oui, être discret et humble. Un berger rencontré m’a dit « à ta première phrase et à ton regard », j’ai su que tu allais rester passer la soirée ici...
Il fait parti des personnes qui ont gardé le contact

Flo

florencia · 24-07-2014 19:55:27

J3 – Oriu de Grussetta – Après le col de Monaco

Trace GPX : http://www.openrunner.com/index.php?id=3936852

Au matin, les rayons du soleil viennent donner des couleurs chaudes aux pierres, je quitte les lieux à regret

J’escompte suivre le sentier en pointillés longeant les crêtes jusqu’à Giannuccio, sans aucune certitude, puisque je n’ai pas pu trouver d’infos sur sa praticabilité.

Je rejoints donc le sentier encadré de murets en pierre

Le début est plutôt encourageant car relativement propre

Je le suis donc confiante, sauf que la perte d’altitude et la direction générale vers l’Est commence à m’inquiéter. Il devrait m’emmener au Nord ! Aucun autre sentier n’est répertorié sur ma carte, je sors donc le GPS qui me confirme, que je suis probablement en train de me diriger tout droit sur Monaccia D’aullène; Finalement, pas très étonnant qu’il y est aussi une voie d’accès à l’Oriu, depuis ce village.

Bah, cela fait un bon détour en distance, mais je n’ai pas le courage de remonter chercher l’existence d’un autre éventuel sentier. D’autant que je suis plutôt à sec côté eau et que cela me permettra de refaire le plein; un moindre mal donc, consciente que j’aurai pu être amenée à carrément faire demi-tour, puisque non assurée d’une issue possible.

J’arrive sans encombre à Monaccia. La fontaine se trouve dans la rue principale. Je prends le temps pour boire un maximum et remplir mes bouteilles. Et reviens sur mes pas, pour poursuivre en direction de Giannuccio. Lorsque le sentier rejoint la route, à mi-parcours, je suis tentée par un début de piste, qui semble correspondre à un sentier IGN en pointillés partant à flanc de la montagne de Cagna, mais après 30 minutes, le jeu à mains nues devient inégal et les traces sont trop maigres à mon goût et peu engageantes pour la suite. Je fais donc demi-tour, aucune envie de batailler à ce stade, et poursuis sagement en fond de vallée

A partir de Giannuccio, je me retrouve en terrain connu. Même si les souvenirs sont plutôt embrouillés et mitigés, je sais que plus rien ne m’empêchera d’atteindre le col de Monaco, ce soir

Un début de sentier tranquille en forêt (l’eau y est présente)

Puis rapidement, la pente se raidit

et la vue se dégage progressivement

Les amas de blocs rocheux font ensuite leur apparition, leur escalade ou désescalade est plutôt ludique

Les encouragements sont présents, on se sent moins seul dans l’effort (j’ai omis de photographier le premier : « cool ! »)

Uomo di Cagna est enfin en vue

Donnant accès au plateau menant au col de Monaco

Loin d’être tout à fait plat ou sans obstacle

Le plat herbeux précédent le col de Monaco

Le lieu est sympa, mais par expérience, je sais que cette zone se transforme vite en piscine

Je préfère donc poursuivre, d’autant qu’un peu plus bas, le sentier croise le ruisseau de Baroa Porca

J’y fait une halte pour me laver et manger une soupe froide d’épinards aux noix de Saint-Jacques

Avant de me trouver un lieu de bivouac herbeux, un peu plus loin

Dernière modification par florencia (05-08-2014 17:01:34)

CLeC · 24-07-2014 23:28:43

Bonsoir,

Ah oui je sens que ça va être un beau retour de Florencia comme je les aime : je lirai ça paisiblement !

florencia · 25-07-2014 13:41:50

J4 – Sous le col de monaco – Bitalza

Trace GPX : http://www.openrunner.com/index.php?id=3936052

J’aborde ce début de journée dans un état d’esprit bien différent, que l’année dernière, où j’avais eu quelques difficultés d’orientation et de cheminement, dans cet imbroglio végétal et rocheux. En effet, aucune pression de timing cette fois-ci, de bonnes conditions météo (pas de brouillard ni pluie ou orage en vue), la possibilité de jeter un coup d’œil au GPS, pour se rassurer de temps en temps, devraient changer la donne, tout du moins je l’espère

Le terrain est, malgré tout, toujours aussi inhospitalier, à mon goût

Des images parlent mieux que des mots, pour se faire une idée

Cela évolue entre une prédominance de zones forestières entremêlées d’obstacles

Des blocs rocheux à foison

et de rares prairies de fougères ou plats herbeux pour souffler à l’air libre

(Apaséu)

(Son ruisseau)

De rares perspectives

(la zone herbeuse, au centre, où j'ai bivouaqué)

Donc peu ou pas de points de repères, nécessitant de faire un cap boussole régulier et de bons yeux pour suivre la ligne de cairns pour éviter de se fourvoyer!

Un zeste de patience quand on ne trouve pas de suite logique, en acceptant parfois de retourner en arrière pour mieux reprendre et finalement avancer, pas très vite, certes, mais sûrement, l’essentiel

Je n’ai absolument pas pris le même chemin que l’année dernière en sens inverse, et je suis persuadée que si j’y retournais une 3° fois, j’emprunterai probablement encore d’autres variantes possibles

Mais j’abouche, malgré tout, devant la Punta Furcata, reconnaissable grâce ces 2 aiguilles

Cette fois-ci, je décide de faire un détour, afin de visiter les bergeries de Bitalza, situées plus à l’Est. Elles sont désormais inhabitées et devenues un lieu de villégiature, pour quelques familles, le temps d’un WE ou lors de la saison estivale

Finalement, je décide de rester bivouaquer ici. Le site est très sympa et surtout l’eau y coule à volonté. L’heure de la lessive complète et de la douche à sonner

Il y a même de quoi suspendre les affaires. Le luxe !

Après une visite du petit hameau déserté, je m’installe tranquillement sous le préau de Notre Dame de l’Assomption et profite des derniers rayons de soleil

Dernière modification par florencia (05-08-2014 17:03:02)

René94 · 25-07-2014 13:51:33

C'est bien tentant d'aller y faire un tour !

Merci, Florencia, pour cette découverte détaillée des charmes corses

florencia · 26-07-2014 11:30:31

J5 – Bitalza – Foret de Cartalavonu

Trace GPX : http://www.openrunner.com/index.php?id=3936839

Le temps est toujours au beau fixe, pourvu que cela dure

Je rebrousse chemin pour regagner les crêtes en face

Cela grimpe sec et la sente me parait moins bien dessinée que l’année dernière, je décide de naviguer à vue, sans plus m’en préoccuper

Cette partie de ligne de crêtes de la Montagne de Cagna est celle que je préfère, même si heurtée, il y a une forme de douceur

Je m’amuse à grimper ou me faufiler entre les blocs rocheux

Offrant de belles vues de part et d’autres. Dommage que la lumière ne soit pas au top

Quelques beaux sites de bivouacs protégés du vent, mais prévoir le plein d’eau

Le col où j’avais dû monter l’abri en urgence pour me protéger de l’orage l’été dernier, au pied de la Punta Chantata

Désormais, je dois descendre dans la forêt et le maquis

Un seul objectif, tout faire pour passer en amont du ruisseau Capitellu, pour éviter la zone épineuse !

Quelques petits aléas, cependant :

Lorsque j’ai abandonné les cairns, pour tester une sente, plus sur la droite, dans une forêt dense. Petite frayeur en faisant demi-tour, impossible de retrouver le cheminement emprunté à l’aller ! Heureusement que j’avais enregistré par prudence un point GPS lors de ma bifurcation…

Une chute d’un mètre sur le genou gauche, en voulant désescalader un rocher et en prenant appui sur une mauvaise branche. Premier accroc au pantalon et bobo

Une rencontre violente avec une branche en plein front, alors que je prenais de l’élan pour grimper une petite montée, qui me vaudra de m’étaler de tout mon long en aval, bien sonnée. Je mettrais quelques secondes à reprendre mes esprits et comprendre ce qui m’était arrivé!

Mais j’arriverai tout de même, sans trop de tergiversations, à rejoindre le pied rocheux de la Punta Chantata, la clé pour rejoindre le col de Ferula, sans devoir traverser le ruisseau

Mission accomplie

Bilan, je pense enfin avoir fait la paix avec la Montagne de Cagna, un lieu un peu à part en Corse...

Je fais une bonne pause à la fontaine de Bacinu

Avant de poursuivre en direction du Cartalavonu

Mon site de bivouac de l’année dernière fait de petites criques rocheuses

Et donnant sur la baie de Porto-Vecchio

La forêt, m’offre un bon havre de fraicheur pour ce milieu d’après-midi

Je fais une longue halte désaltérante au refuge, fin de la première étape du Mare à Mare Sud, en discutant avec quelques randonneurs. Ils ont soufferts durement de la chaleur, dans la fournaise de la plaine puis la montée régulière mais constante depuis Porto-Vecchio, et ce malgré leur 4 L de départ.

18h00, je m’enfonce à nouveau dans la forêt, pour y passer la nuit au calme

Edit: ajout d'une photo

Dernière modification par florencia (05-08-2014 17:04:04)

domi33 · 26-07-2014 12:33:54

Bonjour Florence,
merci du retour

que de bons souvenirs de 15 jours de randonnues en septembre 2012 :
Omo di Cagna, sentier du littoral, mare à mare sud ,....

la suite avec impatience
dominique

sqfp · 26-07-2014 13:32:36

Ca manque de cochons
Attendons la suite...

patou · 26-07-2014 14:03:04

Juste un mot : Wouaw
!

florencia · 26-07-2014 17:07:03

Salut Dominique et merci

Par curiosité, par où étais tu passé pour rejoindre Uomo di Cagna? À pied depuis le sentier du Littoral?

@sqfp :

Les cochons et sangliers sont partout, pas uniquement au Nord de la Corse et ils valent le détour également

Mais pour revenir à eux, globalement très discret cette année, peut-être lié au parcours. Des sons de grognements pas loin, des bruits de cavalcades, des sentes de terre et cailloux complètement défoncés par leurs soins, mais très peu en visuel et jamais embêtées, encore une fois, sans protection de la bouffe autre que ziplocs dans le SAD.

Par contre des ribambelles de mouflons et leurs bébés, plus d’une cinquantaine au total

A choisir, je préfère

@ Merci CLeC, René94 et Patou

Flo

domweb · 26-07-2014 17:57:20

Un peu tardivement, en regardant tes premières photos: qu'avais-tu mis sur le rocher (premier bivouac) pour protéger ton NéoAir?
J'ai du mal à voir.

florencia · 26-07-2014 19:37:14

C’est ma jupe de pluie, qui déborde juste au niveau de tête
Je la glisse par sécurité sous le matelas et au-dessus du polycree.

Flo

florencia · 27-07-2014 11:36:16

J6 - Forêt de Cartalavonu – Bergeries de Luviu

Trace GPX : http://www.openrunner.com/index.php?id=3936828

Très bonne nuit et réveil précoce, trop…

J’arrive Ospédale à 7h00 et bien sûr, tout est fermé. Moi qui voulais me ravitailler, c’est compromis, d’autant qu’un habitant m’apprend que rien n’ouvre avant 9 ou 10h00

Pas envie d’attendre, le thermomètre commence déjà à grimper. Je préfère profiter de la relative fraicheur pour avancer. Tant pis, je devrais me contenter d’un reste de soupe et d’un fond de crème petit-déj jusqu’à Bavella, c’est-à-dire demain soir

Cheminement forestier

Quelques vues sur la mer, jamais très loin

J’atteins rapidement les rives du lac d’Ospedale

Puis, direction la cascade de Piscia di Gallu, une curiosité touristique, j’espère que l’heure encore matinale m’évitera la foule.

Le ruisseau de Piscia alimentant la cascade

Décor d’aiguilles effilées et de roches

C’est le cas d’autant que la descente finale, plutôt abrupte, décourage la plupart des gens venus en tong

Un peu déçu, cependant, car on ne peut aller jusqu’en bas au niveau des belles vasques

et qu’il est difficile de bien voir la cascade à travers les arbres

J’en suis quitte à tout remonter.

Arrivée au Parking de départ de la visite, bonne surprise, un petit restaurant. 11h30, la bonne heure

Je m’offre ma première assiette de charcuterie Corse et m’offre une petite sieste digestive à l’ombre d’un arbre, surtout pour éviter les heures les plus chaudes.

Je ne suis plus très loin de mon objectif de ce soir, arriver au pied du monte Calva donnant accès aux crêtes menant à Bavella.

Depuis la Bocca d’Illarata, il reste 6 km de piste, défoncée par les 4*4

et 300 m plus haut, les bergeries de Luviu apparaissent

Surprise, je les pensais désertées, un peu comme celles de Bitalza.

Mais 2 4*4 sont là ainsi que plusieurs personnes attablées dehors.

J’hésite à m’avancer, mais l’unique source se trouve environ 200 m derrière les bergeries et j’en ai besoin pour ce soir et surtout pour la journée de demain, qui est sans eau.

J’explique que je ne veux pas déranger, juste refaire le plein d’eau et savoir si je peux bivouaquer un peu plus loin.

Une des personnes, visiblement le maitre des lieux, m’interrompt et me demande de m’assoir, qu’on va discuter et il me sert un verre de vin rouge en guise de bienvenue

En fait il s’agit du berger, Pascal, le dernier du secteur, d’ailleurs…

Alors que les autres personnes redescendent dans la vallée, il m’annonce que je reste manger ici ce soir et que je vais dormir dans une des bergeries. J’explique que j’ai de quoi bivouaquer sans problème, mais visiblement, il en est hors de question

« Tu sais faire les ravioles au bruccio » « non, pas vraiment « je vais t’apprendre » « ok, avec plaisir »
« Viens on va chercher le lait », il me tend les clés de son 4*4, « euh, je n’ai jamais conduit ce genre d’engins, surtout sur ce genre de piste »
« t’inquiète, je serais à côté de toi »…

Un petit km et quelques dizaines de mètres plus bas, se trouve la source et le réfrigérateur naturel, où baignent les bombonnes de lait.

Les différentes étapes de la fabrication du bruccio:

Faire chauffer le lait jusqu’à 35°C puis stopper immédiatement le feu

Peser minutieusement la présure pour faire cailler le lait, mélanger puis patienter 30 à 40 minutes

Retirer le petit lait et récupérer le fromage frais

Remettre à chauffer le petit lait jusqu’à ébullition

Quand cela tourne, c’est près

Miam

Pascal attend en fait du monde à manger ce soir, 8 motards et leur accompagnateur Corse champion du monde et double champion d’Europe de trail ou d’enduro, je ne me rappelle plus...

Alors, Il est plus que temps de se mettre à la cuisine!

Son ex femme est montée donner également un coup de main.

Un véritable festin va sortir de la petite cuisine

Au menu et dans le désordre:

Un ragoût de sanglier, déjà en train de mijoter, pour le plat

Des ravioles au bruccio et blettes, sauce tomate et parmesan râpé, en entrée (ma mission après un cours accéléré )

Une Flammenküche improvisée, avec les reste de pâtes, en guise d’apéritif

Sans oublier évidemment le fromage maison.

Et enfin des beignets à l’eau de vie pour le dessert

Moi qui craignais de ne pas avoir assez à manger d’ici Bavella

Très bonne soirée, plutôt bien arrosé, j’espère que les jambes ne seront pas trop lourdes demain

On parle de randonnées, du GR20, des différents types de randonneurs qui le parcourent, des trop gros sacs ou d’équipements trop minimalistes (les trails n’ont pas leur faveur, je tente de les convaincre de leurs avantages et de la préparation progressive pour bien se renforcer les chevilles, mais pas certaine d’avoir convaincue) mais aussi de trail en moto. La soirée se termine avec un mémorable tour de table de « présentation », conclu par pascal qui nous retrace son parcours de vie assez incroyable.

Au moment d’aller dormir, Pascal me propose de rester et de l’accompagner dans 3 jours pour la transhumance, tentant, mais patienter 2 jours + la journée de transhumance me parait long et m’enlève toute marge de sécurité pour ma traversée...

Une autre fois, qui sait

Dernière modification par florencia (05-08-2014 17:05:22)

highpictv · 27-07-2014 11:45:27

Tu as un très gros problème d'équilibrage de ton sac à dos !!! Toutes tes photos penchent à gauche

domweb · 27-07-2014 11:50:15

Quand je pense qu'il y en a qui vont chercher l'exotisme à des milliers de kilomètres! .

Les ravioli, souvenirs d'enfance...

Je connais un berger, à Cristinacce, qui fait, de ses propres cochons une charcuterie à tomber: je ne serais pas étonné plus que ça que tu me le sortes de ton chapeau .

Tu feras référence, je me régale .

domweb · 27-07-2014 11:52:53

highpictv a écrit :

Tu as un très gros problème d'équilibrage de ton sac à dos !!! Toutes tes photos penchent à gauche

Pas du tout, je connais ce lac, il est comme ça, c'est pour évacuer le trop plein

Salut Thierry

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