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#26 05-06-2022 20:07:38
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
29/07.
Quel paysage ce matin ! La mer de nuages se dégage sur la vallée, dévoilant des villages épanouis au flanc des montagnes. Surgissent dans le ciel les cimes immaculées de la chaîne du Mont-Blanc, loin sur l’horizon, comme des nuages immobiles trahis par leurs arêtes tranchantes. Deux bouquetins me saluent dans la moraine en contrebas. Clément dort encore comme un loir. Il est tôt. Enveloppée dans le soleil matinal, la grange paraît presque accueillante.
Petit déjeuner avalé, affaires rangées, panneau solaire chargé, nous rebasculons côté français. A la pierraille succèdent des herbages qui effacent les sentes. Nous n’y prêtons pas attention, dévalons sous le regard placide des vaches. En l’absence de chemin, autant couper au plus court. Nous voilà bientôt embourbés au milieu d’un adret raide au sol spongieux. Nous pataugeons, écartons les rhododendrons. Une trace s’étire en contrebas, rive droite. Nous l’aurions trouvé, avec une carte plus précise. Tant pis. Nous retrouvons bientôt le chemin au terme de cette traversée déversante, pieds et chevilles endoloris. Plaisir de reprendre une progression plus régulière.
Le bivacco Giorgio Casalegno se présente sous le col de la Mayt comme un plain-pied austère, néanmoins plus accueillant, et plus propre ! que notre grange d’hier. A l’approche du col, la montagne devient une poubelle. Traînent des pièces métalliques, rouleaux de fils de fer intriqués dans les graviers, plaques rouillées que dévore l’herbe. Nous fronçons les sourcils.
Quel vent, encore, au col de la Mayt ! Il nous avait épargné le temps de la montée, mais le revoilà plus enragé que jamais !
Nous sommes seuls à descendre de ce côté. Je m’inquiète de ne pas trouver de départ de sentier balcon vers le col de Thures. D’après la carte, nous ne devrions pas descendre plus bas que la bergerie perchée au bord de sa colline, veillant sur ce vallon évasé. Elle est pourtant déjà au-dessus de nous. Je crains qu’en descendant à l’aveugle on finisse par se retrouver bien trop bas.
Or nous voilà bientôt confrontés à un panneau. Un panneau italien, bien que nous soyons revenus en France. Un vrai panneau italien, c’est-à-dire un panneau qui indique la direction du col de Thures sans qu’il n’y ait ici le moindre départ de sentier. Moi qui avait jusqu’ici été surpris par la qualité du balisage de l’autre côté de la frontière, me voilà rassuré.
Nous improvisons donc cette traversée balcon. Sautant d’une sente moutonnière à l’autre, nous voilà bientôt, aux abord de la bergerie, dans des champs de graminées qui défendent les lieux en nous fouettant les pantalons.
Curieuse bergerie plantée au milieu de nulle part, manifestement bien entretenue, offrant une vue magnifique sur la vallée. On devine le Roux, tout au fond, et même la crête de Gilly, où nous passions il y a quelques jours. A l’arrière-plan, le Viso impose sa pyramide brune dans le ciel bleu.
Curieuse bergerie que ne dessert aucun chemin, aucune sente. On en devine une, de l’autre côté, qui semble se tracer longtemps dans la bonne direction, mais ce n’est rien de plus qu’un passage de moutons. Les brebis doivent sans doute couper comme nous, à travers l’alpage.
En tout cas, nous n’avons pas raté le sentier puisque nous déboulons sur le GR qui monte au col de Thures depuis le Roux, à l’endroit précis où une pancarte indique l’exacte direction d’où nous venons, dans l’herbage. Une pancarte italienne, bien entendu. Gloire soit rendue à notre sens de l’itinéraire, pour une fois ! Notre traversée, ni trop haute ni trop basse : un petit miracle.
La montée vers le col de Thures est extrêmement raide. Dans notre dos, un tableau en six plans, depuis le rebord de la ravine jusqu’au profil du Viso. Les plis et les replis de ces vallées – ceux-là même qui nous ont amenés à faire tant de tours et de détours – serpentent dans un relief tourmenté, pentes herbeuses et falaises au-dessus de forêts vert bouteille.
Au col, un furieux vent d’ouest s’ajoute à celui qui sifflait déjà à nos oreilles lors de la montée. Dans ces turbulences usantes nous profitons tout de même du paysage qui s’étire jusqu’aux cimes blanches des Écrins. Quant à la cabane mentionnée par Sylvie, elle se repose au soleil en contrebas – bien trop bas pour l’atteindre, malgré la fatigue. Le détour serait trop important. Le visage crispé de Clément est bien d’accord. Sur les nerfs, nous mettons les voiles.
Malgré ce qu’annonce le panneau, le col de Rasis paraît tout proche. Effet de perspective. Les combes se multiplient entre nous et le passage. Les pierriers qui, de loin, se superposaient sur un seul plan, se découplent au fur et à mesure de notre progression. Les arêtes se délitent, les sommets se dévoilent, la sente descend, remonte, et ce col, ce foutu col, nous nargue là-bas, tout là-bas.
Et puis, d’un coup, nous y voilà. Une raide descente dans la caillasse nous mène au bord d’un petit lac. Si l’endroit semblait accueillant de loin, nous constatons avec dépit que le sol est en pente douce, et très caillouteux. Nous sillonnons les environs avec espoir, poussons un peu plus loin, jusqu’au déversoir, revenons sur la rive, tenons un conseil houleux.
D’accord, ce n’est pas à proprement parler un terrain plat. D’accord, des énormes pierres saillent partout. Mais le vent, le vent, sans se taire tout à fait, se réduit ici à une brise, oui, presque une berceuse en comparaison de la furie qui nous éclate les tympans depuis des jours. Alors Clément peut bien râler, nous n’irons pas plus loin. Plus loin, il n’y a rien que des pentes abruptes. Elles dégringolent des crêtes et viennent s’échouer sur des plateaux herbeux balayés par les bourrasques, des centaines de mètres plus bas. Or le vent est désormais l’ennemi numéro un : n’importe quel semblant de replat relativement à l’abri devient un petit coin de paradis, même s’il n’y a de la place que pour une tente. Que Clément la prenne, cette place. Je me débrouillerai. Le problème d’avoir entamé le périple par deux bivouacs d’exception, c’est qu’on a pris des goûts de luxe. A en oublier que quelques pierres saillantes sont facilement amorties par le matelas, qu’il suffit de se tortiller pour esquiver les plus grosses, quitte à avoir le dos un peu ankylosé demain. Que ceux qui cherchent le confort aillent au camping. Pour ma part, cet endroit abrité du vent me convient parfaitement ; essaie-je de me convaincre.
Je plonge tout habillé dans le lac. A 2800 mètres d’altitude, l’eau est loin d’être chaude et je n’y reste pas longtemps. J’étale mes habits au soleil, dans le vent qui s’invite tandis que Clément plonge à son tour dans la vase, à l’instant précis où les nuages décident de voiler le soleil. Il ressort en grelottant, et même son sac de couchage n’arrive pas à le réchauffer. Vite, un bon repas chaud ! Nous ne sommes pas si mal installés, prêts pour une nuit enfin réparatrice !
Quelle naïveté. Avec un vent pareil, le temps change littéralement à la vitesse de l’éclair. « Range tes habits », dis-je à Clément, saisi d’un pressentiment. Quelques minutes après, les premières gouttes. La nuit tombe. L’orage tonne. Les éclairs s’abattent brutalement. Et puis le déluge. Oui, une pluie diluvienne, une pluie à craindre que le lac déborde, que les tentes finissent noyées.
L’orage passe. Un autre lui succède. Plus violent. A l’appel du tonnerre, le vent s’est levé. Il forcit, jette sur nos tentes des lames liquides. Des vasques se creusent dans le sol sablonneux. Les tendeurs se détendent, les sardines se délogent. Un piquet cède soudain. Je tiens la toile à la main, replante un ancrage précaire. Me voilà au milieu de la nuit qui range précipitamment mon sac de couchage dans son sac étanche. C'est la règle d'or : coûte que coûte, le duvet ne doit pas être mouillé.
— Duvet au sec, Capitaine !
— Rafales force-six, Capitaine !
— Rafales forcissent, encore !
— Une sardine a sauté, Capitaine !
— Elle a atterri dans mes mains !
— Tenez la toile ! Replantez !
J'entends Clément qui rit nerveusement en m'entendant gueuler ces ordres à moi-même. A vrai dire, lui-même ne fait pas le malin. Le nylon de sa tente s'est détendu sous le déluge et sa toile faseye dans tous les sens.
— Deux sardines en moins, Capitaine, ça pète de partout !
— Tenez bon !
— Replanté ! Je répète, le premier angle est replanté !
— Le troisième angle a sauté !
— On perd le contrôle !
— C'est le naufrage, Capitaine !
Plus le choix. Je sors précipitamment sous la pluie, en caleçon. En un éclair, je replante tous les coins de la tente. La terre est devenue liquide : je dois bloquer les ancrages sous des grosses pierres. Le vent me projette des trombes d'eau à la figure. Capitaine d'un navire en perdition.
Un troisième orage se déchaîne dans la nuit. Le pan latéral de ma tente se courbe comme une immense voile, projetant en tous sens les gouttelettes ayant condensé à l'intérieur. Elles transpercent la moustiquaire et m'arrosent le visage.
Alors, il me vient une idée. Dans la soirée d’hier, Clément a trouvé, sur un étroit emplacement de bivouac près du déversoir du lac, un long bout de cordelette en excellent état. Ne sachant qu'en faire, nous l'avons laissé là-bas. J'enfile ma veste de pluie, mes chaussures et m'élance dehors à l'occasion d'une accalmie. Quitte à être mouillé, j'en profite pour retendre la toile de Clément : gorgée d'eau, elle ne ressemble plus à rien.
La cordelette me sauve. Elle me permet d'ancrer stratégiquement le pan latéral de ma tente. La voilà stable, subissant sans se courber les assauts du vent, des rafales dignes de celles qui nous ont fait décamper sous le col Frappier. Et dire que nous nous estimions alors chanceux de ne pas subir de pluie en sus du vent !
Mon bricolage tient ses promesses. Je me sèche, ressors mon duvet et tente de somnoler dans le fracas. Je me retourne régulièrement vers le pan de toile, vérifie que tout tient bien. Même dans les bourrasques les plus violentes, ça ne bronche pas. Mais la crainte que la sardine se déloge de nouveau m'empêche de trouver le sommeil.
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#27 05-06-2022 21:01:48
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Thann, Alsace
- Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Hardi, moussaillons !
Curieusement, pas d'images de la tempête : j'avoue que le bivouac à fleur d'eau ne m'aurait pas rassuré non plus ...
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#28 06-06-2022 12:23:23
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
On s'approche doucement de la fin !
---
30/07.
Les orages prennent le large. Toute la matinée, il continue de pleuvoir. Jusqu’à ce que le vent se calme. Que le martèlement cesse sur nos tentes. Je risque un nez dehors. La montagne est gorgée d’eau. Des flaques profondes se sont creusées sous les tentes. Notre saucisson et notre pain, abandonnés à même le sol dans mon abside, sont détrempés. Nos habits mis à sécher la veille : encore plus mouillés qu’au sortir de la lessive.
Le soleil fait une apparition timide. Les nuages s’éloignent. Le lac resplendit. Nous nous étirons. Rien ne presse. Nous prenons un solide petit déjeuner tandis que les affaires sèchent et ne repartons qu’en fin de matinée.
Pas évident de trouver le passage vers le col de du Malrif. Nous sommes induits en erreur par des poteaux de balisage couchés au sol, sans doute arrachés par une tempête et jetés bien plus bas que le sentier. La tâche est d’autant plus ardue que nous ne savons pas où le chemin passe exactement. Où est le col ? J’ai beau trianguler notre position dans tous les sens, la carte grande échelle n’est pas d’un grand secours pour démêler l’intrication topographique. Moi qui pensais que cette variante du GR58 serait une promenade de santé !
Finalement, nous retrouvons par miracle un poteau rouge et blanc qui tient encore debout. Puis un autre. De fil en aiguille, nous revoilà dans le droit chemin, c’est-à-dire une sente minuscule ayant tôt fait de disparaître dans un pierrier escarpé. Nous jouons aux bouquetins jusqu’à une sorte de passe. Au-delà, la sente descend sur la crête jusqu’au col du Malrif, sous lequel s’étire une épaisse corniche de neige. Dans le vent, nous profitons une dernière fois du panorama sur l’est du Queyras, jusqu’au Viso, avant de basculer à l’ouest.
Nous mordillons du bout des lèvres dans le pain trempé et le saucisson mou. Heureusement, le délicieux fontu d’Abriès a survécu, sans tout à fait s’en sortir indemne.
L’absence de sentier dans l’herbage nous force à descendre à l’estime – nous commençons à avoir l’habitude. Nous nous étonnons de ne voir personne sur cette portion de GR pourtant dans la continuité de l’autoroute que nous avons quittée à Abriès il y a quelques jours.
Le ciel se couvre. L’horizon nord-ouest est menaçant. Nous essuyons une courte averse. L’orage nous pend au nez. Nous dévalons jusqu’aux Fonts de Cervières et nous installons dans un bosquet d’arbres à deux pas du torrent. Le vent fait danser la cime des arbres alentour, mais dans cette étroite clairière, nous sommes à l’abri.
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#29 07-06-2022 12:20:03
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Suite et fin !
31/07.
Encore un bel orage cette nuit, tout proche. Les éclairs fusaient comme des flashes de paparazzi. Quel plaisir de somnoler sous l’orage, profitant du spectacle hors de portée du vent !
Nous descendons la vallée en suivant le torrent, longeant d’abord la lisière de la forêt rive gauche, puis supportant une courte section de départementale, rive droite. Entre le hameau du Bourget et Briançon, une dernière montagne fait obstacle. Pas évident de trouver le chemin dans cet entrecroisement d’itinéraires. Nous revoilà revenu en terrain civilisé ! Nous profitons d’une promenade touristique somme toute variée, entre prés, hameaux, le long du torrent, sur des pontons aménagés. Puis, un parking et, au-delà, la sente qui attaque franchement la colline. Fini de rire.
Les Ecrins sont drapés de nuages noirs. De temps à autre se dévoile un bout de glacier, dans une intermittence pudique. Au-dessus de nous, le soleil brille encore. Pour combien de temps ?
La pluie attend que nous ayons déballé le déjeuner pour tomber. D’abord, nous n’y prêtons aucune attention. Au contraire, elle nous rafraîchit. Puis, ça s’intensifie. Mais le temps de remballer le pain et le saucisson, voilà que le ciel se dégage à nouveau ! Le vent, le vent, encore, le vent, toujours, c’est le vent qui pousse les masses nuageuses à une vitesse folle. Toute la journée sera marquée par une succession de nuages noirs, d’averses et d’éclaircies. Ça défile si vite que, systématiquement, la pluie tombe au moment de la réapparition du soleil. De la pluie solaire. Il n’y a plus de saisons.
Sous le regard hautain du Chenaillet, nous terminons l’ascension de la crête. De jolis lacs cerclés de roseaux s’étalent sous le dernier ressaut. Curieuse ambiance marécageuse à 2000 mètres d’altitude.
Ni Clément ni moi n’avons très envie de bivouaquer ce soir. Briançon en vue, le vent omniprésent, les nuages noirs dans le ciel, ont raison de nous. Je ressuscite le smartphone pour réserver un train de nuit. Ayant désormais une échéance, nous pressons le pas. Cependant, nous jouerons le jeu jusqu’au bout. Pas de GPS, aucune idée du temps qu’il nous reste à marcher. Sur la crête, un patou patibulaire rameute pas moins de cinq chiens pour nous forcer à faire un large détour alors que le troupeau n’est même pas visible. Nous le maudissons, ainsi que le berger.
La crête est jalonnée des traces d’un passé militaire. La pierre et le béton de forts et de blockhaus surgissent des herbes folles. Des hameaux entiers ne sont plus que des ruines. Les toits sont effondrés. Les lavoirs pourrissent. Les arbres prennent racine dans les maisons, percent les toits. Nous croisons régulièrement des avertissements « zone militaire, danger ». Etrange ambiance, surtout sous ce ciel noir. Une mince bande de lumière se découpe à l’horizon, jetant un éclairage ras, jaunâtre, dans les vallons. Les vallées qui s’étoilent depuis Briançon sont plongées dans des vapeurs grises.
Sans carte précise, nous improvisons une descente en espérant échouer à Briançon. De parcours VTT en parcours VTT, nous tombons finalement sur une route forestière qui serpente dans la bonne direction. La descente est éreintante, lassante. La régularité de la route met paradoxalement nos jambes à rude épreuve. Clément prétend que j’ai sous-estimé l’étape. La reconstruction de l’itinéraire lui donnera raison.
Briançon en vue, sous la pluie. On aura tout de même plutôt esquivé les gouttes. Je reconnais les pistes de ski qui déchirent le flanc de la montagne, en face. On discerne même la chapelle Notre-Dame des Neiges. Quelle épreuve ça avait été, l’an dernier, de monter là-haut avec un sac lourd de victuailles ! Le Prorel domine la croisée des vallées. Là-bas, c’est la porte des Ecrins. Il faudra tout de même qu’on se la fasse un jour, cette virée alpine en Oisans.
En attendant, notre instinct nous guide de ruelle en ruelle dans la grande ville, jusqu’à atterrir à deux pas de la gare.
- FIN -
Dernière modification par Ytreza (07-06-2022 12:20:18)
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#30 07-06-2022 14:34:34
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Thann, Alsace
- Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Merci Ytreza (et Clément)
Conditions particulières dans les Alpes l'été dernier ... ça donne un peu de fun (catégorie 2) à raconter.
Bien belle plume en tout cas !
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#31 07-06-2022 15:15:04
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Je crois que tu as aussi affronté le mauvais temps en Italie sur cette période, n'est-ce pas ?
Ça ne me dérange pas plus que ça, on s'ennuie s'il fait trop beau Vive les orages et la neige !
Un peu plus délicat quand on embarque quelqu'un. Mais seuls les bons souvenirs restent
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#32 07-06-2022 16:12:25
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Thann, Alsace
- Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
A ces dates je faisais (provisoirement) halte à l'entrée du Tessin, enfin vaincu par l'adversité ...
Les pluies de cet été m'ont permis de mieux appréhender mes marges de sécurité face au mauvais temps. J'ai ainsi repositionné ma limite de confort un peu plus loin, pourvu d'être assuré d'un mouvement sans autre entrave que l'eau tombée du ciel. Il y a alors une beauté particulière à la montagne : contraste des couleurs, odeurs magnifiées ...
Sous la pluie, je situe désormais l'entrée en zone de risque dans les moments où le terrain oblige à fortement ralentir : ça m'est arrivé cet été dans une zone d'éboulis de gros blocs, entrecoupée de névés englacés et de torrents gonflés par la pluie. Ralenti, je me refroidissais trop vite, ce qui me ralentissait davantage pour franchir les obstacles, par exemple pour cramponner avec des doigts gourds ... Le cercle vicieux par excellence ... Un rien peut alors suffire pour basculer en mode "accident" ...
Je retiens de cette période agitée qu'il vaut mieux des regrets que des remords : si la pluie se conjugue avec un terrain trop technique, je cherche le plan B, plus bas dans la vallée où la pluie est moins froide ...
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#33 07-06-2022 17:31:31
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Il n'y a rien de pire que la pluie froide. Elle gèle insidieusement nos doigts et avant qu'on s'en soit rendu compte on a presque plus la dextérité nécessaire à monter l'abri...
Sur des traversées longues en haute altitude sans visibilité météo, je me demande si ça ne vaut pas le coup d'emporter une paire de sur-gants étanches.
En tout cas on aura tout de même réussi à bien esquiver les gouttes, lors de la marche
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#34 07-06-2022 18:47:10
- pap35
- Membre
- Lieu : Rennes
- Inscription : 29-02-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Merci Ytreza pour ce récit si bien écrit et si bien illustré, j'étais immergé avec vous en te lisant. Et chapeau pour la débrouille face à l'adversité des éléments.
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#35 07-06-2022 19:17:35
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Thann, Alsace
- Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
#655719Sur des traversées longues en haute altitude sans visibilité météo, je me demande si ça ne vaut pas le coup d'emporter une paire de sur-gants étanches.
Farpaitement !
C'est ce que je fais, et si quelqu'un a trouvé un autre modèle de sur-gants (et pas sur-moufles !) que celui des OR Versaliner, je suis intéressé ...
Ils me permettent de tenir les mains au chaud et au sec un peu plus longtemps, mais malgré mes opérations d'étanchéisation, la masse de coutures que comporte un gant finit toujours par laisser passer l'eau. En gros, ils tiennent indéfiniment sous une pluie fine ou intermittente, mais 2 heures max sous une pluie soutenue.
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#36 07-06-2022 19:44:33
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Pourquoi pas sur-moufles ?
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#37 07-06-2022 19:45:34
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
#655725Merci Ytreza pour ce récit si bien écrit et si bien illustré, j'étais immergé avec vous en te lisant. Et chapeau pour la débrouille face à l'adversité des éléments.
Merci, content que ça t'ait plu
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#38 07-06-2022 20:35:39
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Thann, Alsace
- Inscription : 01-11-2017
- Site Web
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
#655731Pourquoi pas sur-moufles ?
Pour la dextérité, s'il s'agit de faire ou défaire un nœud, par exemple ...
Je comprends qu'une sur-moufle est plus simple et moins chère à réaliser qu'un sur-gant (moins de découpe et de coutures), mais je reste étonné de la quasi absence du produit "sur-gant imper-respi" sur le marché. Je suis peut-être le seul client ...
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#39 07-06-2022 22:49:15
- Cat 09
- Membre
- Inscription : 04-03-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
J'ai tout lu d'un coup, et... comment dire ? J'ai été bousculée par ce vent terrible, j'ai tremblé sous le bruit de la pluie et du lac qui bouillonne, j'ai couru retenir ma tente qui s'envolait, enfin bref, je suis épuisée de t'avoir lu ! Par la grâce de ton récit (et des magnifiques photos), on y est, on le vit nous aussi. Merci.
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#40 08-06-2022 07:22:23
- El gringo monitor
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- Inscription : 16-12-2021
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Bonjour, bravo pour la qualité rédactionnelle de ce récit. Concernant les gants, il n'y a pas de solution vraiment satisfaisante. Seuls les gants en laine, même humides, garantissent une chaleur relative et facilitent les manips. Autre solution : les gants vaisselle avec sous-gants en soie, c'est ce que j'utilisais pour la construction d'igloos.
L'ultra-légèreté, c'est aussi à la journée !
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#41 08-06-2022 09:29:12
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
#655747J'ai tout lu d'un coup, et... comment dire ? J'ai été bousculée par ce vent terrible, j'ai tremblé sous le bruit de la pluie et du lac qui bouillonne, j'ai couru retenir ma tente qui s'envolait, enfin bref, je suis épuisée de t'avoir lu ! Par la grâce de ton récit (et des magnifiques photos), on y est, on le vit nous aussi. Merci.
Merci, ça me fait plaisir J'avoue que c'est du boulot, entre la prise de notes sur place, la rédaction au propre, le développement des photos... Mais ça fait un beau souvenir.
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#42 08-06-2022 09:34:47
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Au sujet des sur-gants/moufles... en hiver j'utilise des sur-moufles et ça ne pose pas vraiment de problème de dextérité. En été, le froid n'est pas si vif donc s'il faut faire une manip précise genre un nœud, on peut très bien retirer gant et sur-moufle (juste faire gaffe que le gant ne prenne pas l'eau). Ceci dit en actif on n'a pas vraiment besoin de dextérité (je pense à une traversée de névé par exemple). Pour monter une tente non plus à priori, sauf imprévu.
Après l'utilisation est tellement ponctuelle qu'on peut peut-être utiliser des VBL improvisés avec des sacs congélation, par exemple... J'y avais pensé quand je me suis retrouvé surpris par 10 cm de neige en août 2020.
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#43 08-06-2022 10:35:03
- Ytreza
- Flocon de neige
- Lieu : Baumugnes
- Inscription : 06-01-2020
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Comme l'exige la tradition, voici les listes de matériel. Rien de révolutionnaire. J'ai prêté des petites choses à Clément : tente, sac à dos, quilt, veste, doudoune... C'est un des gros avantages qu'il y a à doubler le matériel d'été pour l'hiver plutôt que de viser de l'équipement spécifique au froid. J'ai tout en double
J'ai réparti les items communs pour que les totaux soient équilibrés.
Portage | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Sac à dos | Osprey Talon 44 | 1020 | Deuter Guide 45+ | 1700 |
Sac étanche | StS Lightweight 13L | 70 | StS Lightweight 20L | 100 |
Sacs congélation | - | 30 | - | 30 |
Sac poubelle | - | 9 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Housse de sac étanche | Mc Kinley | 54 | D4 | 100 |
Couchage | Thibault | Poids T | Clément | Poids C |
Tente | DD X-mid 1P | 888 | NH Cloud-up 1 | 1300 |
Kit réparation | 25 | xxxxxxxxxxxx | 0 | |
Sac de couchage | Cumulus Liteline 400 | 719 | EE Révélation Apex 267 | 850 |
Matelas mousse | Zlite recoupé | 328 | Zlite | 400 |
Tapis de sol | Polycree | 43 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Vêtements | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Chaussettes bivouac | Mérinos | 38 | D4 | 50 |
Caleçon change | D4 | 55 | D4 | 60 |
Doudoune | Patagonia micropuff | 248 | D4 Trek 100 | 300 |
T-shirt change | D4 | 120 | D4 | 150 |
Veste de pluie | D4 | 210 | Marmot Precip | 270 |
Lunettes de soleil + étui | xxxxxxxxxxxx | 0 | - | 100 |
Gants | D4 | 37 | D4 | 37 |
Alimentation | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Réchaud | MSR PR2 | 72 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Cartouche de gaz 230g à vide | - | 153 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Casserole 1300 mL | MSR alu | 200 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Cuichette | - | 12 | - | 15 |
Briquet | - | 11 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Bouteille plastique 1L | - | 27 | - | 27 |
Tasse | Toaks 550-L Titane | 72 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Mini tasse pliable | Highlander 20 cL | 10 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Paravent | Titane | 14 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Gourde filtrante | Katadyn Befree 1L | 61 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Hygiène | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Savon Alep | - | 100 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Brosse à dents | - | 11 | - | 10 |
PQ | - | 100 | - | 100 |
Serviette | D4 | 41 | D4 | 41 |
Coupe-ongles | - | 14 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Rasoir | - | 3 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Pharmacie | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Pansements | Elasto, compeed... | 50 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Stick lèvres | - | 13 | - | 13 |
Pince à échardes | - | 11 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Tires-tiques | - | 1 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Doliprane | - | 11 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Crème solaire | xxxxxxxxxxxx | 0 | - | 100 |
Médicaments Clément | xxxxxxxxxxxx | 0 | Divers | 30 |
Orientation | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Boussole | D4 | 29 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Stylo | - | 6 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Cartes imprimées | - | 90 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Altimètre | Me souviens plus. | 40 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Electronique | Thibault | poids T | Clément | poids C |
Téléphone GSM + écouteurs | Wiko Lubi 5+ | 70 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Frontale | Nitecore Nu25 modifiée | 30 | Me souviens plus. | 50 |
APN + housse StS | Panasonic LX15 | 340 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Batterie solaire + câble | Sunslice photon | 220 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
Liseuse/bouquin | Tablette e-ink Mobiscribe | 320 | Bouquin | 300 |
Smartphone* | Google pixel 3A | 150 | xxxxxxxxxxxx | 0 |
*éteint en fond de sac sauf à mi parcours j'avais besoin de me connecter un coup pour raison pro.
Portefeuille / Divers | poids T | poids C |
CNI | 5 | 5 |
CB, chèques, liquide | 25 | 10 |
Carte vitale | 4 | 4 |
Cartes navigo/SNCF | 8 | 8 |
Clefs | 10 | 10 |
Jeu d'échecs | 150 | 0 |
Hors sac :
Thibault | Clément |
Lunettes de vue | Lunettes de vue |
Chemise ML | T-shirt MC |
Chapeau | Casquette |
Tour de cou mérinos | Tour de cou synthétique |
Caleçon | Caleçon |
Pantalon | Pantalon |
Couteau | Couteau |
Chaussettes | Chaussettes |
Chaussures trail | Chaussures trail |
Mouchoir tissu | |
Bâtons |
Poids de base Thibault ~ 6400
Poids de base Clément ~ 6150
Dernière modification par Ytreza (08-06-2022 10:36:22)
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#44 24-06-2022 10:46:03
- Matt.Rcd
- Membre
- Inscription : 24-06-2022
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Salut, premier message sur le forum, même si je le suis depuis un moment déjà ! Merci pour ton récit que je lis ce matin, c'est vraiment bien écrit, je me suis régalé !
L'orage du 30/07 m'a rappelé des souvenirs, je m'en suis pris un (ou plusieurs?) le même jour que vous au Lac Sainte Anne, le matin à 8h30; il est repassé 3 fois en l'espace d'une heure et demie ! J'ai regretté d'être parti tôt ce matin là, j'aurais mieux fait d'avoir une marmotte avec moi !
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#45 30-06-2022 23:34:48
- Bombadyl
- Membre
- Lieu : Pyrénées
- Inscription : 27-05-2021
Re : [Récit + liste] Par monts et par vents - de Barcelonnette à Briançon
Merci pour cet excellent récit !
On avait eu un avant goût de la fameuse nuit à tenir la tente sous l'orage dans une autre discussion. Ça m'a fait plaisir de relire/revivre cette scène dans son contexte et de découvrir le reste de votre belle aventure.
Bravo et merci !
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