[Récit + liste] HRPêche, balades et tenkara

lasek · 25-07-2023 15:23:28

Après avoir parcouru une demie HRP, côté oriental, durant la canicule de Juillet 2022, l'envie de compléter la partie Ouest est rapidement arrivée.
Un survol rapide du parcours révèle le constat suivant : il y a beaucoup de rivières d'altitude ! Pourquoi ne pas en profiter pour se rafraîchir et pêcher un peu ?

Par le passé, j'ai pu emporter une canne à leurre ou à mouche sur un itinéraire de deux ou trois jours passant par des lacs, cependant cette pêche statique me correspond moins qu'une pêche en eaux vives. Là, une nouvelle conception de la marche se questionne : comment réunir une belle journée de marche sportive et quelques heures de pêche en rivière préservée, sur quelques jours en itinérance ; quel parcours et quel matériel ?

Parcours : le pays Basque et le Béarn offrent un terrain de jeu exceptionnel, sur lequel l'itinéraire HRP côté français traverse de nombreux cours d'eau. Pour ce premier essai il n'y aura donc pas à faire de gros détours ; toutefois la prospection le long ou dans l'eau rajoute un peu de distance, parfois fatigante.

Matériel de pêche : en parallèle de l'allègement du sac à dos ces dernières années, le passage au tenkara s'est fait naturellement : une canne, un fil, une mouche.
Une canne pèse un peu moins de 100g, le petit matériel un peu plus.
En sus se rajoute une pochette contenant le matériel pouvant se clipser sur le sac à dos, un tube de protection pour la canne, des chaussures aquatiques (pouvant servir de chaussures de repos), portant le total à 800g.

Liste complète : https://lighterpack.com/r/dm4pm6

Partie 1 : Esterencuby - Lescun (septembre 2022)

J0 : Le départ est à l'hotel des Nives, sympathique établissement. Arrivé en fin d'après-midi, je fais un coup de de pêche en nymphe un peu en aval, prends une bière sous les derniers rayons puis partage le repas du soir avec un commercial de passage. En raison du vin et de l'obscurité, la tente sera posée à 20m.

La nive d'Esterencuby

J1 : Le matin, montée débute sur un flanc de colline qui permet de rejoindre la HRP et la deuxième rivière. J'y croiserai un autre pêcheur ce qui peut expliquer les difficultés et le retard que je prendrai lors de cette pause. En milieu d'après midi, la montée commence sans trop de sente et se révèle un peu fatigante. Au sommet deux locaux me conseilleront de couper dans le bois lors de la descente vers Iraty pour chercher des champignons, et je n'aurai pas à chercher bien loin pour trouver quelques beaux cèpes qui égayeront le repas du soir, le chalet Pedro étant exceptionnellement fermé.

L'Egurgiko Erreka

J2 : Un temps basque se lève ; après une matinée de pêche difficile et une omelette aux cèpes il est temps de repartir pour le pic d'Ohri, où j'aurai la présence d'esprit de faire demi-tour sur un passage dangereux pour revenir sur le bon chemin moins évident sur la gauche. Malheureusement le bivouac un peu plus loin sur les crètes sera venté et peu agréable.

L'Urbeltza

J3 : Le lendemain matin permet de rejoindre le refuge de Belagua, les oreilles bourdonnent, pas de doute on est en Espagne ! Un gros déjeuner bien arrosé et le GR12 se poursuit en fôret puis sur un long Lapiaz qui me fera regretter d'avoir pris si peu d'eau et je suis content d'atteindre les sources de marmitou. Pas de pêche aujourd'hui, ça manque !

J4 : En descendant vers le pla de sanchese je ressens une douleur au genou ; mes chaussures (On Running Cloud Ultra) ne me satisfont pas depuis le départ, trop rigides trop serrantes. Un point météo indique que le temps va salement tourner. Ce faisceau d'indices m'inscite à stopper à Lescun après avoir pêché le ruisseau en fôret sous le pla. Quelques bières au village permettront de faire passer un bivouac zéro étoile près de la route.

Le Lauga

J5 : Après une descente en voiture, un dernier beau coup de pêche à Bedous s'offrira en attendant le train.
J'apprendrai plus tard que le temps a vraiment mal tourné sur la chaîne les deux jours suivants (celà a été évoqué sur le forum).

Le gave d'Aspe

Dernière modification par lasek (27-07-2023 21:20:52)

Bilbox · 25-07-2023 16:04:57

Sympa ce combiné rando pêche. Tu peux remonter des poissons de quel poids avec ça ?
Et juste le fil sur un bâton de rando serait possible?

lasek · 25-07-2023 18:01:48

C'est normalement suffisant pour toute truite française ; notamment en rivière d'altitude les poissons sont autour de 20cm et dépassent rarement 30cm.
Il est tout à fait possible de pêcher avec un bâton de rando ou un bout de bois ramassé en chemin, mais la réussite et le plaisir seront moindres, il va falloir se restreindre aux trous d'eau avec très peu de distance, là ou la flexibilité de la canne permet de propulser la ligne à quelques mètres.

elBlondin · 26-07-2023 20:14:28

Haha excellent la HR pêche, ca fait rêver

Tu connaissais les coins ou c'était total découverte des cours d'eau?

Dernière modification par elBlondin (26-07-2023 20:15:10)

lasek · 27-07-2023 20:13:00

elBlondin a écrit :

#687420Haha excellent la HR pêche, ca fait rêver
Tu connaissais les coins ou c'était total découverte des cours d'eau?

C'est la découverte, qui apporte un peu de piment, certains cours d'eau n'ayant pas forcément de nom sur la carte, et la remontée d'affluents représentant une petite exploration. Le fait de rester sur un itinéraire d'altitude permet d'accéder à des lieux qui ne sont probablement jamais pêchés.

lasek · 27-07-2023 21:20:27

Partie 2 : Etsaut - Pont d'Espagne (juillet 2023)

J0 : Les transports en commun pour rejoindre le fonds de la vallée ne sont pas des plus pratiques, heureusement je ne suis pas pressé et fais une escale à Bedous pour un bon déjeuner, et un passage sur la rivière à l'endroit où j'ai terminé ma randonnée l'an dernier. En fin d'après-midi je constaterai que la rivière n'est pas en très bonne santé à Etsaut, heureusement la crèperie de Borce est très accueuillante.
Le gave d'Aspe à Bedous

Le gave d'Aspe à Etsaut

J1 : La montée vers le col de Larry suit le GR10 et débute par le chemin de la mature. Il fait chaud et je croise un randonneur cueilleur de champignons dans la fôret, il aura un beau dîner. Après une cabane de berger la pente se radoucit et j'en profite pour pêcher une petite heure en partageant la rivière avec de beaux chevaux. J'apprendrai plus tard que beaucoup de chevaux d'altitude sont exportés au Japon pour leur viande, c'est déprimant. Après un déjeuner au refuge d'Ayous où la foule du weekend se fait oppressante, il est temps de redescendre vers le gave de Bious. Le plateau est magnifique, les randonneurs à la journée sont sur le retour et je suis rapidement seul. Après avoir hésité à continuer de marcher, je décide de bivouaquer au bord de l'eau et de passer quelques heures à pêcher le plateau et les affluents ; le brouillard descend, les vaches et chevaux se font proches, c'est une ambiance très particulière. Là c'est le drame, ma bobine de pointe est finie. Mais je viens d'en racheter une, aurais je pris la mauvaise ? Oui. Pas le droit à l'erreur désormais.

Le gave d'Aspe vers la source

Le gave de Bious

J2 : La montée vers le col de Peyreget permet de rejoindre un tracé HRP. Une fois dans la pierre je fais fuir quelques isards et en déduit que je suis le premier à passer là ce matin. Après une bière matinale au refuge de Pombie je descend vers le gave du Brousset. Il fait très chaud et la pêche infructueuse sera compensée par la baignade rafraîchissante.
Dans la montée vers le col d'Arrious je croise 3 pêcheurs, dont un qui me donne la fin de sa bobine de pointe, et quelques conseils sur le lac d'Arrious. Quelle chance ! Ragaillardi, je termine la montée dans la chaleur récompensée par une pêche qui m'a réconcilié avec les lacs. Entre deux rafales, depuis les surplombs, on voit nettement les truites monter sur les imitations et bien prendre leur temps : il faut pêcher petit. Après quelques prises, direction le refuge d'Arremoulit via le passage d'orteig pourvu heureusement d'une main courante. Après un coup du soir, le bivouac sera chaud mais peu reposant en raison des rafales incessantes.

Le gave de Brousset

Le lac d'Arremoulit

J3 : La montée vers le col de Palas port du Lavedan inclut un passage à flanc pas évident et un final où il ne faut pas se tromper de goulot. La descente vers le refuge de Larribet n'est pas non plus roulante, et je suis content de faire une longue pause bière avant de repartir. Le ruisseau sous le refuge rejoint le gave d'Arrens et est très beau, c'est un plaisir de regarder les poissons monter sur mes mouches dans ces poches d'eau. Au pla le gave est beau mais il y a beaucoup de monde en raison de la proximité avec l'accès routier, donc je décide de monter au plateau du dessus malgré l'avertissement d'un pêcheur sur le temps qui va changer. Vers 17h après m'être posé au début du plateau, une harde d'isards descend, il y a plein de jeunes qui sautent partout ; je les regarde une heure avec le gave au fond blanc a côté. Un couple de tchèques arrive, ils veulent poursuivre je leur dis que c'est incertain vu la météo, il n'y a que de la pierre au dessus. Un groupe d'enfants et de grands parents arrive avec un guide au béret, avec jumelles et longue vue pour observer les isards ; il me conseille le refuge non gardé Ledormeur à 40min de détour. Le brouillard s'est installé et je pêche sans succès avant de rejoindre le refuge pendant que les tchèques continuent leur montée. L'orage arrive bizarrement et j'ai juste le temps d'aller chercher de l'eau avant que la grêle s'abbatte. Le refuge est presque plein et nous discutons longuement de nature et de protection avec un autre pêcheur.

Le passage de Palas port du Lavedan, après le col de Palas

Le ruisseau de Larribet

Le gave d'Arrens près de la source

J4 : La descente du refuge se fait dans le brouillard, puis la longue montée vers le col de Cambalès permet de trouver un temps incertain au dessus des nuages. En haut je retrouve les tchèques qui ont passé une nuit horrible avec un demi-tour sous l'orage puis un bivouac sur le plateau dans le brouillard ou ils ont du changer d'emplacement à cause des vaches. Il y a aussi un groupe de musiciens qui fait le même itinéraire que moi à l'envers, avec leurs instruments, ce qui force le respect. Le début de la descente se fait dans un gros perriers puis un long névé se révèlera plus rapide pour rejoindre un premier lac où je pêcherais quelques saumons de fontaine glaciaires. En effectuant un détour par les lacs d'opale, je rencontre deux jeunes pêcheurs aux leurres, et leur fait essayer la tenkara, la prise ne se fait pas attendre, ils sont conquis. La descente le long du gave du Marcadau me révèle de nouveaux coins de pêche et affluents pour une prochaine visite. Des bus d'Espagnols convergent vers le refuge rénové, je ne me sens pas à l'aise dans ce lieu pourtant apprécié et poursuit la descente pour atteindre le plateau de cayan. Le temps est complètement bouché et la bruine fraiche, par chance je tombe sur une cabane abandonnée, my installe et fais un dernier coup du soir magique dans cette ambiance mystérieuse.

Une marmotte matinale

Un lac sans nom sous le col de Cambalès

Le lac d'Opale supérieur

Le gave du Marcadau sur le plateau de Cayan

J5 : Comme à l'aller il faut effectuer une longue succession de bus et trains, les horaires ne concordent pas et j'attendrai 3h30 à Lourdes.

Dernière modification par lasek (28-07-2023 11:31:20)

Bombadyl · 27-07-2023 22:32:57

Super!
Merci pour ce retour avec un point de vue original, au rythme des cours d'eau.
Ayant fait à peu près ce trajet mais en sens inverse, je le découvre sous un autre angle.
J'ai d'ailleurs croisé le groupe de musiciens qui allait de Wallon vers les Oulettes de Gaube : donc en sens inverse pour moi aussi. Ils ont fait un drôle de parcours

Pour les béotiens de la pêche, c'est quoi le tenkara ?

Tu mentionnes le col de Palas (jolie photo !). Le port de Lavedan juste après ne t'a pas paru plus difficile ?

lasek · 27-07-2023 23:40:45

Bombadyl a écrit :

#687486Super!
Merci pour ce retour avec un point de vue original, au rythme des cours d'eau.
Ayant fait à peu près ce trajet mais en sens inverse, je le découvre sous un autre angle.
J'ai d'ailleurs croisé le groupe de musiciens qui allait de Wallon vers les Oulettes de Gaube : donc en sens inverse pour moi aussi. Ils ont fait un drôle de parcours
Pour les béotiens de la pêche, c'est quoi le tenkara ?
Tu mentionnes le col de Palas (jolie photo !). Le port de Lavedan juste après ne t'a pas paru plus difficile ?

Le tenkara est le nom japonais d'une technique de pêche à la mouche minimaliste : une canne, une ligne une mouche - pas de moulinet, pas de réserve de soie à lancer. C'est ce qu'on appellait en France la volante, ou en Italie la valsesienne. Tombée en désuétude en Europe, cette approche est revenue depuis une quinzaine d'année comme importée du Japon - mais les anciens n'avaient pas attendu les japonais pour pêcher comme celà.
Les différences se situent d'une part dans la simplification du matériel (et son allègement, ce qui rentre dans la philosophie MUL) et d'autre part dans la proximité au poisson (la distance de lancer étant réduite il faut choisir ses postes et son approche en fonction)

Pour le col de Palas, bien vu, après recherche sur Géoportail (Locus ne mentionnant pas de nom) ma photo est depuis le port de Lavedan. Le col de Palas ne présente aucune difficulté, tandis que pour rejoindre le port du Lavedan dans le sens Ouest-Est, ce n'est pas évident : il faut prendre immédiatement à gauche à flanc et ne pas suivre les cairns qui descendent, puis il y a un pierrier à remonter, et en haut il faut absolument chercher les derniers cairns et ne pas s'engager sur les voies qui semblent possibles, ça on le réalise de l'autre côté.

Ptilapon · 29-07-2023 09:24:21

Hello,

Je pratique également le Tenkara, mais en Laponie. J'aime bien ce concept mais le résultat est plus incertain qu'une pêche au lancer léger. Certaines journées, les poissons se sortent les uns derrière les autres , à la mouche sèche ou la nymphe, d'autres jours, c'est bredouille. Et le vent est très compromettant.
Petites questions: Dans les Pyrénées, peut-on acheter des permis à la semaine? Est-il permis de pêcher dans la plupart des rivières et lacs? Quelle longueur de canne est-il approprier d'utiliser?
Petite photo d'une Ombre arctique pêchée à la nymphe.

elBlondin · 29-07-2023 11:40:58

Ptilapon a écrit :

#687555Petites questions: Dans les Pyrénées, peut-on acheter des permis à la semaine? Est-il permis de pêcher dans la plupart des rivières et lacs?

Lasek pourra surement t'en dire plus mais les pyrénées c'est normalement dans la listes de départements réciprocitaires, et tu doit pouvoir prendre des cartes hebdomadaires ou journalières sur le site "cartedepeche.fr", attention après toutes les AAPPMA ne sont pas forcement dans la réciprocité, il faut alors aller chercher les infos sur les sites des fédés de pèche des différents départements...

Après pour les cartes a la journée tu trouves en général la carte dans les bureaux de tabac/office de tourisme

lasek · 30-07-2023 19:41:49

Ptilapon a écrit :

#687555Hello,
Je pratique également le Tenkara, mais en Laponie. J'aime bien ce concept mais le résultat est plus incertain qu'une pêche au lancer léger. Certaines journées, les poissons se sortent les uns derrière les autres , à la mouche sèche ou la nymphe, d'autres jours, c'est bredouille. Et le vent est très compromettant.
Petites questions: Dans les Pyrénées, peut-on acheter des permis à la semaine? Est-il permis de pêcher dans la plupart des rivières et lacs? Quelle longueur de canne est-il approprier d'utiliser?
Petite photo d'une Ombre arctique pêchée à la nymphe.https://www.randonner-leger.org/forum/u … _9048.jpeg

La Laponie je ne connais pas il doit y avoir un milieu et des poissons différents, as-tu pu échanger avec des pêcheurs locaux ?
Ici en rivière d'altitude c'est assez rare de manquer de réussite, les truites sont toujours en recherche d'énergie et n'hésitent pas à trop monter sur des sèches à tout moment de la journée.

On peut acheter un permis à la semaine (34€) ou à l'année (105€) directement sur cartedepeche.fr en renseignant n'importe quelle aappma de la région, celà permet de pêcher dans toutes les rivières/lacs des pyrénées côté français, sauf le pays basque (bassin des Nives) qui nécessite une carte spécifique, également disponible sur le site. Il y a aussi de très rares exceptions telles que des parcours privés. Le sud-ouest est plutôt pratique de ce côté là, dans les autres régions il y a beaucoup plus de parcours privés. Côté espagnol la réglementation est compliquée je n'y ai rien compris.

La canne que j'utilise mesure 4m et permet de pêcher en milieu dégagé : rivière d'altitude, lac et même grande rivière de plaine. Pour pêcher principalement en lac une 4.5m est mieux mais autant prendre une canne à mouche classique pour pêcher loin. En rivière encombrée une plus petite canne sera plus adaptée.
Pour la ligne j'utilise de la level line 3 ou 4 mm, sur une longueur de 4 à 6m, et une pointe de longueur variable.

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