[Récit + liste] GR® 738 - Haute traversée de Belledonne

PedroLove · 01-09-2021 18:25:46

Hello à tous(tes) !

Voilà le récit de ma traversée du Massif de Belledonne, réalisée du 07 au 14 août 2021 en autonomie et au départ d'Aiguebelle. Il sera scindé en plusieurs parties et je ferai un retour sur le matériel à la fin. Merci d'avance pour celles et ceux qui prendront le temps de me lire !

Contexte

Cette traversée s'est passée dans un contexte post-maladie particulier pour moi, après quelques 5 mois compliqués sur le plan physique. Le moral était présent mais ce serait mentir si je disais qu'il n'y avait pas eu de coup de mou ! Cette randonnée était donc importante : elle serait la traversée de ma rémission. Avec un physique en cours de (re)construction, j'avais quelques craintes : ne pas être assez préparé, me cramer trop rapidement et finir par me créer de la frustration. Je me suis donc imposé quelques règles : me faire plaisir, prendre le temps de regarder et écouter la nature, et faire à minima 4 journées "là-haut".

J'ai donc passé du temps à la préparation du matériel et du tracé, pour être le plus serein une fois sur place. J'en profite d'entrée pour vous remercier à nouveau pour tous vos précieux conseils, qui m'ont permis de profiter au mieux. La communauté a d'ailleurs été très bienveillante en me suggérant de ne pas trop tirer sur la corde et d'écouter mon corps. C'est ce que j'ai fait !

Samedi 07 août (J1), le grand départ | 21,60km, 1854 D+

Arrivé la veille au soir, j’avais planté la tente à l’aire de bivouac de Aiguebelle. 2 tentes y étaient déjà plantées. Réveil matinal, 6:30, je veux commencer tôt pour arriver au point de chute avant le gros orage annoncé à 14-15h. Je devais commencer dimanche, mais j’ai réussi à partir plus tôt. Autant profiter de ce temps supplémentaire ! Après avoir salué les deux bonhommes de la tente d’en face qui font sûrement aussi le GR, je passe à la boulangerie - que Bebacksoon m’avait annoncé par texto. Un grand merci à toi pour toutes les infos en amont, tu as été mon éclaireur ! J’espère pouvoir te payer un coup un de ces quatre.

Après 2 grosses viennoiseries au chocolat et un grand café, j’attaque l’ascension à travers une forêt humide, grasse, presque huileuse. Le temps est ensoleillé pour le moment - un peu voilé par endroit. Je passe devant l’ancienne batterie puis devant le fort Montgilbert. RAS, pas assez sauvage encore pour moi ! Je croise des jeunes qui ont dormi dans l’ancienne batterie et se plaignent des rats qui ont rongé leurs sacs de bouffe. Je continue. Je croise 2 jeunes, Tom et Abdel (salut les boys), qui terminent le GR en 6 jours, dans l’autre sens. Ils squattent le forum de temps en temps, sont légers comme tout. C’est cool de parler matos !

Je me sens bien, vêtu de mon sac à dos et mon bob de pêcheur. La montée est raide et je goutte déjà à grande vitesse - mais je me connais, je suis un diesel. Plus loin, je décide de couper par les crêtes plutôt que par le Pontet. Un passage délicat sur une arrête, avec un arbre tombé en plein milieu. Je passe prudemment, la goutte au front tout de même (ah beh oui). Heureusement que ma copine ne me voit pas faire… j’apprendrai plus tard qu’il y avait un contournement. Je continue l’ascension sous les bois puis par une route forestière, je crois que je me suis trompé à la sortie des crêtes. Il y a des sources de partout, jamais je ne manque d’eau mais le fait que ma gourde s’en soit pas à portée de main m’empêche de boire régulièrement. Le temps se gâte, c’est tout vaporeux. Comme ces satanées vapettes électroniques qui t’emboucanent tout un quartier à chaque fois.

J’arrive enfin au col du Champet vers 14h après 20km. J’avais pressé le pas en prévision de l’orage alerte orange à 15h. Quelques spots pour planter la tente mais je re-vérifie la météo : c’est pas champion champion encore. Direction la Cabane de la Jasse plus bas pour être à l’abri. C’est royal, il y a une table et un poêle à bois ! J’allume le machin pour réchauffer la pièce et l’orage se met à gronder au même moment. Nom de diou, il y a même de la grêle ! Je suis plutôt content d’être à l’intérieur : quelle flemme d’être trempé dès le 1er jour. Pour m’occuper, j’entretiens le feu en m’écoutant un épisode de Thinkerview sur l’évasion fiscale. Bof, j’entends mais j’ai pas envie de ça.

1h30 plus tard arrive les deux gars que j’ai croisés ce matin. Ils sont vachement bien équipés : pantalon et veste de pluie Arcteryx, sursac et tout. Ils rigolent d’être enfin arrivés et de me trouver, en train de leur préparer un petit feu de bois ! On passera la soirée à discuter. Ce sont en fait 2 frères - Aurélien et Raphaël - qui randonnent souvent ensemble. Ils ont même fait un bout de la HRP avant qu’Aurélien se blesse à la cheville. Je parle du forum, ils ricanent gentillement en me disant « ouais super le mec est à 3.5kg de sac mais il se pèle les couilles la nuit et bouffe des racines ». Je rigole allègrement - je dois vous l’avouer - et on continue à parler matos, rando et autres choses de la vie. Les gars sont super sympas. Je file à l’étage me pieuter et je suis content d’avoir ma feuille de Polycree pour éviter de poser le quilt sur un matelas fort peu rassurant.

Dimanche 8 août (J2), sur les crêtes | 17,12km, 1481D+

Réveil naturel à 6:20-30. Dehors, le temps est à la grisaille - ou plutôt aux nuages qui font barrage. Fichtre! Moi qui pensais que ce serait dégagé. Du coup, je ne suis gratifié d’aucune vue, le brouillard me tire la langue. Aujourd’hui sera en grande partie une marche brumeuse. C’est chiant sur les crêtes, puisque je ne vois rien du tout. Je repère quelques coins à bivouac plus haut, sur les crêtes avant le col d’Arbarétan - mais qui sont probablement de belles cuvettes en temps de pluie. Je ne vois donc pas grand chose du sommet du Grand chat ou des Trois Mollards et je me console en me disant que j’aurai du beau temps la semaine prochaine. À partir du col de la Perche et en descendant vers les sources du Gargoton, le soleil se dévoile : hourra ! Et wouah ! C’est beau, c’est bien, c’est bon d’être en montagne. Je suis content d’être là.

Vers 11:00, arrêt à l’impeccable refuge de la Perrière : il y a même des prises USB murales ! Je suis impressionné par la propreté du lieu, rénové en 2018. Je commence à croiser du monde alors comme d’habitude, je papote, je papote…puis les 2 frères arrivent et Aurélien me lance « Et dis-moi tu marches avec quelles claquettes le soir déjà ? »…ah merde ! Mes sandales Chaco sont tombées du sac. Il a pu les récupérer sur le chemin. Ouf ! J’y tiens, j’ai du les prendre pour la semaine dans les Cévennes après la rando. Lourdes mais confortables. Je promets d’offrir une bière en guise de remerciement, puis je reprends la marche via le col d’Arpingon (ça grimpe fort) jusqu’au refuge des Férices, le tout sous le brouillard ou les nuages, je sais pas les différencier, a priori provoqué par la chaleur qui remonte de la vallée. La montée est raide, j’ai les mollets daubés mais les Compress Sport font effet - une 1ère pour moi. Un jour il faudrait que je m’étire quand même.

J’arrive donc encore une fois trop tôt au refuge (15:00) mais ça me laisse le temps de récupérer et découper du petit bois pour faire démarrer le poêle. Je découpe de fines lamelles, avec le couteau lourd mais offert par le papi, en guise d’allume-feu. Aurélien et Raphaël arrivent 1h plus tard. On tente d’allumer le poêle et mauvaise surprise : il n’est pas hermétique, il enfume le refuge ! On finit par lui jeter de la flotte pour l’éteindre et faire effet sauna. Nettoyage du corps à la source (à la fraîche !) puis repas et dodo. Fin de chantier pour aujourd’hui.

Je posterai la suite et le retour matériel plus tard ! Merci de m'avoir lu jusqu'ici.

Pedro

Magne2 · 01-09-2021 18:37:00

Merci du retour, bien sympathique tout cela après une journée de taf.

Bebacksoon · 01-09-2021 18:49:29

Hello Pedro

Je découvre ton récit comme une première bouchée de chou à la crème chantilly... c'est bon!
Bien sûr, cela me rappelle les bons souvenirs de ce GR738 cet été...
Hâte de lire la suite, prendre connaissance de ton retour matos et voir toutes tes belles photos.
Encore bravo pour ton parcours! Je suppose que tu es comme moi en ce moment, à réfléchir à la prochaine randonnée

COQ1 · 01-09-2021 20:07:38

Bonsoir,
Comme disent les anglo-saxons : "GOOD JOB" pour cette présentation.
Bien sportivement

Joy Supertramp · 01-09-2021 20:24:16

Salut,
Jolies photos, on attend la suite avec impatience !

Nicolas36 · 01-09-2021 21:12:50

PedroLove a écrit :

#624546« Et dis-moi tu marches avec quelles claquettes le soir déjà ? »…ah merde ! Mes sandales Chaco sont tombées du sac. Il a pu les récupérer sur le chemin. Ouf ! J’y tiens, j’ai du les prendre pour la semaine dans les Cévennes après la rando. Lourdes mais confortables. Je promets d’offrir une bière en guise de remerciement

Tu es tombé dans le côté obscur de la MUL : faire porter ses affaires par des MULETs.

laxmimittal · 01-09-2021 21:47:37

euh comment dire ...

entre ça :

... ne pas trop tirer sur la corde et écouter mon corps. ...

et ça :

... Samedi 07 août (J1), le grand départ | 21,60km, 1854 D+ ...

c'est déjà un très très bon rythme

je vais vite lire !!!

L.

Redfish · 02-09-2021 00:33:35

Miam !
Vivement la suite...

PedroLove · 02-09-2021 09:32:11

Merci à tous(tes) pour vos retours positifs ! Voilà la suite.

Lundi 10 août (J3), goutte à goutte | 20km, 1142D+

Réveil 6:30. Belle lumière au matin, je découvre les yeux grands écarquillés le paysage qui m’entoure : c’est grandiose, c’est exactement ce que je suis venu chercher. La nature à l’état brut, de la caillasse, des jeux de clair-obscur et des contrastes saisissants. Le soleil vient peindre de ses rayons les sommets environnants, tandis que la vallée baigne toujours dans l’ombre.

Départ avec les vêtements humides, c’est dérangeant pas plus de 5mn et j’enlève assez rapidement ma Salomon Bonatti qui me tient trop chaud.

Notes : il y a des coins pour planter la tente sur la gauche après le refuge des Férices.

J’arrive à la passerelle de Pré-nouveau après 500 de D- puis 500 de D+ pour remonter au refuge de Claran (propre, possibilité de bivouaquer).

Et oui, Belledonne ne te laisse aucun temps de repos : soit tu montes, soit tu descends ! Le plat ? Connaît pô. Je prends le temps de faire sécher la toile de tente au soleil restée humide depuis le jour du départ (il était temps de la faire sécher oui) et discute avec des badauds. Ils sont impressionnés par le fait que je sois en autonomie complète sur tout le trajet - alors que nulle envie d'impressionner qui que ce soit ne m'accompagne. Pendant ce temps, j’aperçois les 2 frères qui remontent un plus loin sur le chemin. Les pieds sont humides depuis 2 jours, ils commencent à faire la tronche alors je décide de marcher en sandales pour aérer les pieds. Les mêmes badauds me prennent du coup pour un hurluberlu.

Après le mini-col de Claran, descente à la Pierre du Carre qui est fermé. Source dispo, c’est sympa.
Je remets ma paire de NB Hierro V4, dont le grip était déjà trop entamé avant même d’entamer la traversée.

Le GR est fermé et il y a un contournement mais @Bebacksoon m’avait indiqué que c’était OK. Des randonneurs me confirme la même chose, donc je continue ma route.

Ça descend sec, 645 de D- en très peu de temps mais c’est roulant, alors je cours sur certaines portions. En bas, ça débouche sur une route forestière large et épaisse. Moins glamour, c’est pas très beau mais c’est la route. Je déroule bien grâce aux bâtons. Sur le chemin avant de commencer l’ascension je m’arrête à un pont au-dessus du ruisseau du Triat. Je rencontre un couple très sympathique - qui connaît le forum - et qui s’envoie 20 jours de pérégrinations dans le massif. Une petite baignade glacée et une Cliff bar plus tard je suis déjà reparti vers les Alpages du Praillet. J’apprécie le décor, c’est tout vert et il y a un troupeau qui rend la photo vraiment typique.

Je traverse la forêt d’épicéas jusqu’à l’Aup Bernard, un peu claqué et les pieds en sale état : ils sont restés humides toute la journée. Déception en arrivant, vers 16:00 : la source coule au goutte à goutte et je n’ai quasi plus d’eau. Je laisse la Platypus dessous pour espérer en tirer quelques centilitres. Les 2 frères arrivent 30mn plus tard. J’ai récupéré à peine 300ml pendant ce temps. On décide alors de descendre jusqu’au Cohard en rêvant d’une pression fraîche. Pas de pression mais de l’eau - qu’on cherchait - et un coin de bivouac peu ragoûtant en bas de Combe grasse. Ça fera l’affaire après une bonne journée à 20 bornes. Nettoyage du popotin dans un ruisseau de la Combe Jacques, semoule complète, carré de choco et au lit.

PedroLove · 02-09-2021 09:36:23

Bebacksoon a écrit :

#624549Je suppose que tu es comme moi en ce moment, à réfléchir à la prochaine randonnée

Salut @Bebacksoon ! Merci pour tes bons mots. Et oui, je suis effectivement déjà en train de planifier la prochaine ! c'est addictif, ce truc.

PedroLove · 02-09-2021 09:41:03

Nicolas36 a écrit :

#624565 Tu es tombé dans le côté obscur de la MUL : faire porter ses affaires par des MULETs.

Hahaha il y a un créneau ! Cette blague aurait aussi bien fait marrer Aurélien justement!

PedroLove · 02-09-2021 09:42:09

laxmimittal a écrit :

#624569euh comment dire ...
entre ça :
... ne pas trop tirer sur la corde et écouter mon corps. ...
et ça :
... Samedi 07 août (J1), le grand départ | 21,60km, 1854 D+ ...
c'est déjà un très très bon rythme
je vais vite lire !!!
L.

Haha merci ! Ça veut pas dire que j'en chie pas pour autant

PedroLove · 02-09-2021 09:43:12

Redfish a écrit :

#624591Miam !
Vivement la suite...

Merci Redfish !

PedroLove · 02-09-2021 09:45:54

Magne2 a écrit :

#624548Merci du retour, bien sympathique tout cela après une journée de taf.

Je suis content de lire les récits des autres aussi, alors content d'y apporter ma contribution !

COQ1 a écrit :

#624558Bonsoir,
Comme disent les anglo-saxons : "GOOD JOB" pour cette présentation.
Bien sportivement

Merci bien COQ1 !

Joy Supertramp a écrit :

#624560Salut,
Jolies photos, on attend la suite avec impatience !

Merci Joy Supertramp !

PedroLove · 02-09-2021 10:13:05

La suite.

Mardi 11 août (J4), tirer sur la corde | 24,56km, 2328D+

Réveil 6:40. Aujourd’hui je dois m’arrêter au Gîte de la Martinette. Nulle envie de passer par le grand mais fréquenté refuge de l’Oule alors je coupe par l’ancien GR via le chalet du bout. Ça grimpe très très fort et ce très rapidement dans des torrents de racines. Les veines de la forêt sont denses et épaisses, la lumière transperce les feuillages, l’ambiance est pleinement cinématographique. Je m’amuse à m’inventer des histoires de fées, lutins et autres féeries. Sur le chemin je trouve une sangle D4 par terre. Je l’utilise pour attacher ma BeFree à ma bretelle et pouvoir boire sans retirer le sac à dos. Ça changera beaucoup de choses pour mon hydratation !

Plus haut, j’arrive au lac du Léat. Le site est splendide et une famille a dormi ici. J’échange rapidement avec les parents qui préparent le petit-déjeuner pendant que les enfants jouent à l’étage et je me fais la promesse d’y revenir moi aussi plus tard, quand j’aurai des enfants. Petit regret mais j’étais trop fatigué la veille, de ne pas avoir poussé jusqu’ici pour bivouaquer. Tant pis ! Il faut écouter son corps qu’on m’a dit. J’acquiesce.

Le reste du chemin se fait en balcon, c’est rocailleux, ça grimpe sec, mais qu’est-ce que c’est beau.

Je suis en jambes, la banane sur le visage. Raaah, je suis heureux ! D’un bonheur simple.

J’entends au loin plus haut un berger qui gueule sur son chien ou son troupeau. Impossible de les voir, ils doivent se trouver dans un creux.

De la Grande Valloire, ça descend très bas avec 860 de D-. En arrivant dans la forêt, après un passage via un câble, je découvre une rivière à traileurs. Oui, c’est un sentier descendant hyper roulant, sur un tapis d’épines sèches, jonchés de racines suffisamment nombreuses pour être amusantes mais point trop pour ne pas être trop dangereuses. Alors je cours, je sens que j’ai de la caisse, que les jambes en veulent.

Ah, si seulement j’avais pas 13kg sur le dos, avec un vieux sac de surplus militaire tout bancal !

Les bâtons aident beaucoup, je découvre des appuis grâce à eux. C’est le grand kiff de courir en montagne quand même, ça me change des quais de Pantin, à côté de Paris. J’arrive beaucoup plus rapidement que prévu au Collet, il est à peine 12:00. Sur le passage, je suis alpagué par le proprio de l’Ancolie. Il tient le crachoir depuis un bon bout de temps à un groupe de jeunes et je sens qu’il aime raconter ses histoires à la pelle. Il me demande si je vais manger a la Martinette et en répondant par l’affirmative, m’explique que tout le monde va chez « elle » mais que je pourrais aller chez lui. Mais qu’il a la flemme de me faire à manger. Ah bon, bah écoute…non, quoi ? Une salade de tomates à la limite ? Ah désolé, je suis pas dans la salade là haha ! Il est fort atypique et je lui promets de parler de lui pour que les randonneurs s’arrêtent aussi chez lui plutôt qu’uniquement à la Martinette.

Passage à 12:30 à la Martinette, elle est sympa, le petit jeune qui l’aide au service aussi. Elle accepte de me faire un plat si je suis seul. Entre 12h et 16h elle peut fermer, apparemment. Je prends une bière locale bien vivifiante avec mon repas, puis de la tomme et du saucisson et me voilà décidé à aller bivouaquer au lac Blanc au-dessus des Sept-Laux, sous les bons conseils de @Bebacksoon. Je file un pourbish’ au jeune qui semble content du geste.

Démarrage en plein cagnard mais je reste à la fraîche sous la forêt au départ. 615 de D+ sur de la pierre qui bronze au soleil. Ça tape fort, je ne bois pas assez parce que j’avance comme un bœuf. Trop fougueux, je m’amuse à dépasser les gens, content de les entendre dire « Vous allez trop vite pour moi ! ». Arrivé là-haut au refuge, je m’offre une pression en guise de récompense avant d’attaquer vers le lac Blanc plus haut. C’est en arrivant que je me sens patraque : coucou l’insolation, c’est le prix de ma fougue. J’installe la tente, je m’hydrate, me force à manger et me met la poche d’eau fraîche sur le front. 2 heures plus tard ça ira beaucoup mieux, et je passerai le plus beau bivouac de ce GR, dans un cadre majestueux et intimiste.

Edit : photos en double

Dernière modification par PedroLove (02-09-2021 10:14:00)

Serval · 02-09-2021 10:25:42

Bonjour Pedro,

Texte sympa, jolies photos, merci et bravo !
Si je peux me permettre un conseil, tu devrais te débrouiller pour avoir de l'eau accessible en marchant. Bouteille de 500 ml à la bretelle du sac par exemple si ses poches latérales ne sont pas accessibles.

Hegemonie · 02-09-2021 10:54:55

Salut Pedro,
Tes photos sont absolument superbes, et le récit est très vivant!

Un peu mouillé au début, mais on sèche vite

06chamois · 02-09-2021 19:25:42

En effet belles photos et chouette chemin.

En attente retour matériel.

Clem_Ly · 03-09-2021 19:07:25

Tant ton récit que tes photos donnent envie de découvrir la suite !

Merci pour ce partage.

PedroLove · 03-09-2021 20:03:02

Merci pour vos messages ! La suite.

Mercredi 12 août (J5), des pierres, encore des pierres | 16,42km, 1135D+

Super dodo, réveil grand luxe : l’environnement m’anime, j’en ai oublié l’insolation de la veille. Je coupe à travers les monticules pour retrouver plus bas le GR jusqu’à la Bergerie de la Cos. Un berger travaille au loin, les randonneurs affluent de tous les sens : les Sept-Laux est un vrai carrefour. À droite domine le col de la Vache. J’attaque. Impressionnant pierrier, l’ascension est rude. Trois jeunes rugbymans me dépassent à vive allure - pourtant je marche déjà vite - dont un mec en savate 2 doigts. Il remettra quand même sa paire de trails pour descendre de l’autre côté. Puis belle rencontre avec Fred plus bas de l’autre côté, un jeune retraité heureux de pouvoir profiter de son temps libre, que je suis à travers les Roches Jaunes et le Pas du Pin pour ne pas passer par le refuge d’Habert : j’avais peu envie de croiser du monde. Fred m’explique le parcours qu’il a fait ce matin, on discute de plein de choses en descendant jusqu’au lac de Coche. Il m’offre le peu d’eau qui lui reste parce qu’il sait que vers la Brèche fendue, c’est assez sec. Si tu passes par le forum comme convenu, salut à toi Fred !

Le reste de l’après-midi est assez brutal : du pierrier et encore du pierrier en plein soleil, je commence même à en avoir marre de ces satanés blocs qui me crament les pieds. Content d’être à la Brèche Fendue, je passe le col de la Mine de Fer et arrive enfin au refuge Jean Collet où, grand luxe, un plat chaud m’attend. J’annonce mon arrivée, accueil un peu froid par madame mais monsieur, voyant qu’il ne me reste pas assez de monnaie pour une bière fraîche, décide de m’offrir le montant restant ! Un grand merci à lui, cette 1664 en canette m’aura bien rafraîchi en montant la tente. Je galère à la monter car la X-Mid 2P est gourmande en place puis vais faire ma toilette plus bas. Le dîner est bon, soupe de lentilles puis saucisse à la sauce tomate, polenta et gâteau maison. Au retour vers le lieu de bivouac, je rencontre 3 gars de Paris qui ont voulu faire la traversée mais s’arrêtent ici : sacs trop lourds, pas de préparation, ils se sont flingués les tendons. On rigole ensemble, surtout que l’un a fait la bringue et nuit blanche avant le départ de rando. Je file dans le quilt pour faire une nuit entrecoupée d’aboiements incessants de Patous plus haut. Attaque de loup ou randonneurs trop proches des alpages ? Je n’en saurai fichtrement rien, je me rendors.

PedroLove · 03-09-2021 20:12:17

Jeudi 12 août (J6), prendre son temps | 11,10km, 879D+

Réveil en douceur, peu avant le réveil de secours. Ce matin, c’est petit-déjeuner en commun, au refuge de Jean Collet. Les aboiements des patous cette nuit font parler. Je crois que je préfère finalement être seul mais l’avantage, c’est qu’il y aura du café, du pain et du beurre ! Et c’est vrai que c’est sympa ça. Mais c’est trop. Trop de monde, trop de bruit. Je ne réitérai que les repas du soir en refuge.

Je plie bagage et trace vers le lac Blanc sous les conseils de Fred rencontré la veille. C’est là que mon genou droit commence à me gêner. Je crains l’essuie-glace. Mais non, tout va bien alors je continue tranquillement. Je dépasse une dame du refuge partie plus tôt : « Oh moi je vais doucement vous savez ! ». « Chacun son rythme, madame ! ». En arrivant en haut, je découvre le lac opaque mais surtout et avant tout, ce bleu turquoise, d’une couleur vive et chatoyante. Ah, c’est beau !

Je croise un couple qui a bivouaqué au bord du lac et demande mon chemin pour le col de Freydane. Je bifurque sur la gauche pour attaquer le glacier avant de voir un autre couple à la droite, qui se dirige vers le col aussi mais par les pierres. Je décide de les suivre, voyant qu’ils semblent savoir où aller. Ce sera la belle rencontre de Jimmy et Mathilde, deux jeunes de mon âge, avec qui je partage pas mal de choses en commun. Bonne papote lors de l’ascension du col, j’en finis d’ailleurs par descendre jusqu’au lac du Grand Doménon, en oubliant de bifurquer par la gauche pour faire La Croix de Belledonne ! Tant pis, je la ferai demain. Échange de numéro, on se souhaite « à la revoyure » et je descends vers la berge.

D’emblée, je cherche du réseau pour prévenir les proches que ce sera mon point de bivouac - j'ai de l'avance sur le planning alors je veux profiter - mais le téléphone ne capte rien. J’essaie chez plusieurs personnes dans le coin, avant de demander à Dani et Rémi - qui sont clairement la plus belle rencontre de ma traversée. Deux gars du coin, qui pêchent dans ce lac à la mouche et la cuillère depuis 8 années maintenant. S’entamera alors une longue papote qui va durer tout l’après-midi ! Ils me feront pêcher avec eux, et j’attraperai - avant de les relâcher - un Cristivomer et un Omble Chevalier.

On discute des histoires du coin, des histoires de montagne, de pêche, de parcours de vie. Avant de partir vers 17:00, ils m’indiquent leur emplacement de tente depuis 8 ans et Rémi me file même un paquet de lyo pour le petit-déjeuner du lendemain. Merci à vous les gars pour l’après-midi ! Bon, seul hic, ils m’avaient garanti un temps OK pour ce soir - et je me suis en fait tapé le plus orage de ma vie. J’ai pas fait le fier, sans rire !

J’avais réussi à choper du réseau et regarder la météo. Grosso modo, ça annonçait un orage alerte orage. Je suis pas un grand montagnard, et très peu envie de me retrouver dans les faits divers, donc au départ je pensais me réfugier plus bas vers le refuge de Pra. Mais le coin du Lac Doménon est vraiment sympa, j’ai envie de me réveiller ici. Donc je persiste et Remi et Dani m’assurent que l’orage ne pétera que plus loin, que ce matin la météo était clean pour ici. La référence ici apparemment c’est « Calepin Météo / MTO 38 », un gars qui ne se trompe jamais selon leurs dires. Le ciel semble vraiment dégagé - alors je décide de monter la tente. De tenter.

1 groupe de 3 personnes s’installent pas loin et Benoît - salut à toi si tu passes ici - arrive aussi un peu plus tardivement. Le mec est en poncho tarp Six Moon Design, Z-Lite et Cumulus Liteline 400 : ça va être un délice pour l’orage, ce set-up !

1 heure 30 plus tard, c’est le déluge : des rafales de vent, une pluie battante et de la grêle. Je crains pour la X-Mid : est-ce qu’elle va tenir le coup ? Gros doute sur le moment, ça claque dans tous les sens, les bâtons tremblent fort. J’en viens même à les tenir. La grêle est molle, ouf. En prévision, je mets quand même doudoune, chaussettes sèches et affaires précieuses dans mon Nylofume. Ça dure un bon moment en grondant fort au-dessus de nous et finit par se calmer. On sort tous pour s’assurer que tout le monde va bien. Résultat des courses : je m’en sors pas mal ! Benoît a reçu pas mal d’éclaboussures sous son tarp et un gars du groupe a du se réfugier dans la tente de ses copines parce qu’il s’est rendu compte qu’il s’était installé dans une cuvette. On retourne dans nos tentes mais je prends le temps de renforcer les murs de pierre autour du palace X-Mid 2P. Ça finira par péter encore un bon coup mais moins violemment. Gros dodo ensuite, mon Quilt me tient chaud et le matelas isole très bien. C’est bien, du bon matos. Je m’endors content de mes investissements, et heureux d’avoir survécu à l’orage sans encombres.

Bebacksoon · 03-09-2021 20:18:08

Cette journée que tu décris (J5), a été pour moi la plus exigeante, techniquement et physiquement, mais la plus belle aussi. J'ai aussi entendu un Patou aller et venir, en aboyant la nuit, au dessus du refuge Jean Collet.
Par contre, je suis plus sauvage que toi et j'ai peu échangé avec d'autres randonneurs, sans doute mon côté intraverti

Dernière modification par Bebacksoon (03-09-2021 20:19:45)

Manche · 03-09-2021 21:48:27

Bonsoir PedroLove,
Merci pour ton recit et tes très belles photos.
A priori tu as réussi à bien manger tout au long du GR !
Est ce qu'il y a des étapes où c'était plus compliqué pour trouver de quoi manger ?

PedroLove · 03-09-2021 21:58:59

Bebacksoon a écrit :

#624788Cette journée que tu décris (J5), a été pour moi la plus exigeante, techniquement et physiquement, mais la plus belle aussi. J'ai aussi entendu un Patou aller et venir, en aboyant la nuit, au dessus du refuge Jean Collet.
Par contre, je suis plus sauvage que toi et j'ai peu échangé avec d'autres randonneurs, sans doute mon côté intraverti

Grand mystère ces aboiements de Patou, je suis curieux de savoir ce qu'il se passait réellement !

Journée éprouvante, en plein cagnard c'était costaud, souvent long, j'avais hâte d'arriver et de sortir des pierriers. Je trouve que ça demande beaucoup de concentration, et d'énergie, que de regarder chaque seconde où poser son pied, de craindre de se faire une cheville, etc.

Pour les rencontres, disons que j'y allais au feeling ! Après oui, le caractère doit y faire. Je suis loin d'être extraverti mais je suis un curieux des interactions sociales.

PedroLove · 03-09-2021 23:12:03

Manche a écrit :

#624793Bonsoir PedroLove,
Merci pour ton recit et tes très belles photos.
A priori tu as réussi à bien manger tout au long du GR !
Est ce qu'il y a des étapes où c'était plus compliqué pour trouver de quoi manger ?

Merci pour tes bons mots !

J'avais de l'autonomie alimentaire pour 7 jours donc j'étais serein (barres de céréales, semoule...). Je me suis juste autorisé un ravitaillement en fromage et saucisson au gîte de la Martinette (pour le plaisir de manger autre chose) et j'ai réservé le soir en refuge à Jean Collet pour le confort aussi. Je détaillerai tout ça dans bientôt avec mon retour matériel.

Autrement, le seul ravitallement possible est au gîte de la Martinette il me semble. Ça semble compliqué sur le reste du parcours, à moins de manger en refuge et de réserver des paniers pique-nique évidemment !

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

#1 01-09-2021 18:25:46