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#351 19-11-2023 10:33:25

azerty
[i]RL
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

L’an prochain pour croiser plus de monde, tu pourras faire le tour du Mont-Blanc. Enfin, côté distance, tu pourras le faire 10 fois, dans un sens, puis dans un autre. Sacré courage quand même, autant pour la rando que pour le récit.


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#352 19-11-2023 10:35:28

brons07
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bonjour,
toujours très agréable à suivre...
bolet rude ou orangé, comestible sans danger mais pas terrible comme son nom l'indique.

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#353 20-11-2023 09:20:59

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

azerty a écrit :

#694470L’an prochain pour croiser plus de monde, tu pourras faire le tour du Mont-Blanc. Enfin, côté distance, tu pourras le faire 10 fois, dans un sens, puis dans un autre. Sacré courage quand même, autant pour la rando que pour le récit.

Salut azerty wink !

La rando, je pouvais en voir la fin ... le récit c'est plus dur ... Je n'en suis qu'à la moitié, arghhh ...


brons07 a écrit :

#694470bolet rude ou orangé, comestible sans danger mais pas terrible comme son nom l'indique.

J'ai bien fait de ne pas essayer, alors lol  ! (je mangerai quelques bons cèpes un peu plus tard)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#354 20-11-2023 09:36:52

brons07
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Grosse poussée en Lorraine ces jours ci...

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#355 21-11-2023 12:33:33

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

J36 mercredi 26 juillet
Tverrelvnes - Susenfjellenden
49km +1560 -1256 12h06
Cumul 1443km D+30100m Marche 358h
Vidéo#36

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Dans le confort du gîte de Tverrelvnes, je crois que c’est la première nuit où je n’ai pas besoin de masque pour dormir. Je me suis couché tard, passé 23 heures, il faisait déjà bien sombre. Je reviens vers la nuit… J'ai encore des choses à faire ce matin, comme en particulier rattraper 4 posts Instagram de retard, ce que je fais en simultané avec mon petit-déjeuner. Il y avait une boîte de Müesli dans le placard de cuisine, et je me suis autorisé à me servir, sans doute un peu trop : je me sens obligé de laisser un billet supplémentaire avec mon loyer pour compenser ... J'ai toujours peur que ma réserve alimentaire ne suffise pas aux 3 jours de marche qui restent (crainte récurrente mais infondée), et toutes les calories sont bonnes à prendre !

Départ à "seulement" 8h30, avec un petit salut à la fenêtre au propriétaire adorable. J’ai déjà enquillé quatre cafés, plus mes cachets effervescents vitaminés, je suis à la limite de la surexcitation ce matin…

Les 2 cabines du gîte de Tverrelvnes
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Montagnes en vue
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Je commence évidemment par me tromper de chemin, faisant 100m sur la piste à l'opposé de ma direction ... La même chose en marche arrière, et autant de plus pour le total de la journée ...

Le temps est à moitié couvert, le soleil voilé. Avec une marche a priori facile pour aujourd’hui, je vais tenter de conserver la charge de mes batteries en prévision d'un lendemain difficile dans la montagne hors sentiers du Børgefjell, surtout avec une météo qui se dégrade. Bien reposé et avec le plein d'énergie, je trouve mon sac léger, trop léger ... mais non, une fois encore, je n'ai rien oublié derrière moi ...

Début de marche agréable dans la campagne d’une vallée norvégienne, où un tracteur s'affaire à la fenaison. Je quitte la piste après 3 km et attaque du sentier en petite montée, toujours bien au fil des marques de la Nordlandsruta. J'ai rapidement besoin de reconfigurer pour enlever le coupe-vent : il fait un très agréable 17°, pas besoin de se tremper de sueur dans l'effort. Et pourtant malgré la douceur humide de la vallée, je note la quasi absence des moustiques…

Je ne peux jamais être réellement en confiance avec mes chaussures de trail : moins accrochantes elles m'occasionnent de multiples débuts de glissade toujours rattrapés, mais me contraignent à une vigilance mentalement fatigante … La famille arrive dans 3 jours avec mes Mescalito, patience, et en attendant je serre les dents sur mes débuts d'ampoules !

Jamais très sûr de mes totaux, je fais le selfie des 1400 km ET de la mi-parcours à peu près au bon endroit et c'est presque un hasard ... Encore quelques jours tout de même avant que cette traversée ne devienne la plus longue à mon palmarès !

Campagne norvégienne
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ch'tite passerelle avant la grimpette
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1400km et à mi-chemin !
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Je remonte dans de la petite montagne (~250m D+ jusqu'à un peu moins de 800m d'altitude), sur du sentier très correct et majoritairement sec. Il y a bien toujours quelques marécages, flaques et mares de boue à négocier, mais beaucoup moins qu'ailleurs. Sur la hauteur en me retournant je bénéficie de jolies vues sur les montagnes qui s'éloignent au Nord, en attendant de découvrir bientôt les suivantes dès le col passé ... Je continue de suivre le marquage rouge et bleu, impossible à perdre !

vues arrière
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vues avant
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verticalité contrariée
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Passé le col et une cuvette boisée, la redescente dans la forêt est plus raide, sur ce qui semble être une ancienne piste forestière maintenant largement envahie par la végétation : il ne reste qu’un sentier serpentant au milieu des hautes herbes. Je reviens sous le couvert parfois très sombre des sapins, et peux par instant me croire sur les flancs d'une vallée alpine. J'aperçois tout en bas les rives du lac de l'Unkervatnet, avec au total 450m D- que je trouve un peu longs à descendre.

Au bas de la montagne un rideau de framboisiers  - hélas sans framboises - étouffe le chemin avant que je ne déboule dans un grand pré puis sur la route asphaltée au bord du lac. J'y marche 1,5 km et arrive à Grannes, au camping de l'Hattfjelldal. Dans mes repérages se trouve ici ma dernière opportunité de civilisation d'ici Røyrvik, encore à 115km, et après 3h de marche il est temps de faire une petite pause.

là en bas, l'Unkervatnet
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chemin étouffé par les framboisiers
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Aiguillé par un résident du camping, je vais demander permission au propriétaire de pouvoir utiliser la salle commune, au cours d'une conversation passablement compliquée : pour une fois mon interlocuteur (très âgé, je lui donne au moins 85 ans !) ne parle pas anglais, comprend mieux l'allemand mais ne me répond qu'en norvégien que je ne comprends pas du tout. Je retiens juste qu'il me dit oui, mais je n'ai aucune certitude sur la question qu'il a pu entendre / comprendre ... La petite salle est assez rustique, pas très engageante, mais elle me permet de remettre tous les appareils au taquet de charge. Je grignote sur le pouce mais ne me déchausse pas vraiment (ce ne serait pas sympa pour les résidents que je vois passer occasionnellement et avec qui j'ai quelques discussions sympas ...). Chose rigolote que je retrouve dans mes notes au moment d'écrire ce récit, je peux me délester ici dans le recyclage d'un petit pot de café en verre acheté dans le bus épicerie d'Umbukta, faute d'autre contenant : je transfère le café qu'il contient encore dans le tube de vitamines que je viens d'achever. Il ne faut jamais oublier d'être MUL !

Grannes, camping de l'Hattfjelldal
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En repartant au bout d'une heure, je sens vite que mes pieds hurlent de n'avoir pas eu l'arrêt séchage qu'ils méritaient. Je ne marche donc que 3 km, d'abord un peu au bord de route puis par un très beau sentier le long d'un gros torrent, où je trouve mes premières myrtilles assez mûres pour être dégustées, mais pas encore bien sucrées. Impossible cependant de m'attarder, les moustiques rappliquent sur quiconque fait halte plus de 10 secondes. C'est un peu plus loin que je trouve à m'arrêter près de la passerelle qui enjambe le torrent, et dans un courant d'air qui emporte les moustiques. Je peux enfin aérer mes pieds souffreteux, sur lesquels je ne cesse de rajouter des bandages partout où mes chaussures provisoires les font souffrir ...

Pause en 2 temps, aération des petons rafistolés ...
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Je repars à 13h30 après 1/2 h de complément de séchage, et un total de seulement 15km depuis ce matin : pas facile de faire tourner les compteurs en partant tard et en s'arrêtant souvent / longtemps. D'habitude et pour garantir une journée au "quota" de 40 km, je vise d'avoir atteint 20km pour la pause de midi : difficile d'aller bien loin en partant tard et en s'arrêtant souvent / longtemps ... 

D'ici j'ai devant moi une grosse remontée, avec 700m D+ pour passer au pied de la cime de Rotfjell (1338m) via un "col" à ~1050m d'altitude.  Avec un début de grimpette qui s'annonce assez raide sur la carte, je laisse le coupe-vent dans la poche de fond du sac, dans la perspective d'une grosse suée pour laquelle j'ai besoin d'un maximum de ventilation. Heureusement, c’est un bon sentier alpin avec quelques lacets qui m'est offert au milieu de la forêt, de conifères d’abord, de bouleaux ensuite, avant d'émerger sur les plateaux dénudés. Les 500m D+ les plus raides sont franchis facilement en 1h, et je n'ai quasiment pas eu de boue ou de tourbières : ça me change !

La pente se fait plus douce à flanc de montagne et au pied de quelques falaises, avant de m'engager entre 2 montagnes par une vallée très ouverte en direction de mon point le plus haut du jour à 1050m.

Hytta à l'ancienne : je ne suis hélas pas allé visiter
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sentier alpin dans les conifères
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déjà 500m D+ depuis les rives du lac
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Mêmes, causes, mêmes effets : après « seulement » 10 km depuis la précédente pause, mes pieds réclament encore du repos impératif. Décidément, les chaussures de trail me font trop souffrir, vivement que je retrouve mes escarpins habituels dans 3 jours ! J’ajoute ainsi un arrêt au programme, au bord d’un fort joli lac et dans un creux abrité du vent, sous un petit soleil très confortable. La vie est belle, mais le kilométrage n'est pas au quota, à peine plus de 25km à 17h ...

1050m, plus haut du jour
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re-pause, et encore un pansement en plus !
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mais qu'allait-il faire dans cette galère ?
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En arrivant vers mon lac de pause, j'avais cru de loin apercevoir 2 randonneurs devant moi : un mirage, puisqu'il ne s'agit que des effets de perspective offerts par un cabanon   inoccupé (et cadenassé) à l'extrémité du lac. Le compteur de la solitude a recommencé à courir, puisque depuis hier et un couple croisé au Krutvatnet je n'ai pas croisé le moindre randonneur, donc déjà 50 km en arrière. Mes derniers humains étaient au camping tout-à-l'heure, donc bien moins loin ...

Après la pause, la notion de chemin semble vouloir disparaître : il ne reste que les cairns avec leur marque de peinture, et encore… Je me guide sur une clôture à rennes qu'après un moment je dois passer en rampant à terre ... Je navigue à la descente dans un premier vallon, puis repasse un petit col avant de me diriger dans une large cuvette abritant le beau grand lac de Daarnege. La descente vers la rive du lac est paumatoire, car j'ai le plus grand mal à suivre le marquage évanescent : tantôt je trouve un cairn masqué dans un bosquet qui a poussé autour de lui, tantôt une infime trace de peinture subsistant sur l'écorce d'un bouleau : je mets quiconque au défi de parvenir à distinguer ces marques à 50 m de distance ! Je pense que la zone se revégétalise progressivement, et que le marquage date d'une époque où il n'y avait là que des pentes herbeuses et des bouleaux isolés. Bientôt ce sera une forêt. Je joue plusieurs fois au sanglier dans les buissons et les bouleaux, naviguant au GPS ...

quittant les hauteurs
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descente vers les lacs
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sur le tronc de ce bouleau nain, une marque (rouge ?)
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J'atteins un moment fort de la traversée quand je découvre que je dois traverser en bateau le bras qui relie le lac principal avec un autre plus petit. Dans ma préparation et les visionnages de photos et vidéos tirés de récits d'autres marcheurs, je me souviens bien d'avoir vu ce franchissement, mais en ayant totalement négligé de noter où j'allais le rencontrer. C'est donc un peu par surprise que je tombe dessus ce soir.

La barque est attachée à une corde qui circule entre 2 poulies fixées à des portiques sur chaque rive, plus un câble métallique tendu sur cette même longueur. Le marcheur fatigué en fin de journée a besoin de réfléchir pour comprendre l'exercice qui lui est demandé, avant de laborieusement parvenir à la conclusion que les poulies ne sont là que pour permettre de faire circuler la corde pour ramener à soi la barque si elle est sur l'autre rive, et qu'il faut ensuite empoigner le câble pour faire circuler l'embarcation entre les deux berges. Pour pimenter le tout, il faut se tenir debout sur le frêle esquif en plastique et espérer que l'eau n'est pas trop froide ... Bref, après quelques tâtonnements me voilà de l'autre côté et encore sec, bien content de ce bel instant que tous les marcheurs du Norge På Langs se doivent d'avoir imagé ! Personne n'est là pour me filmer et je n'aime pas me mettre en scène, alors pas d'image de moi debout sur cette barque et m'agrippant au câble !

à moi la barque
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ayééé ! j'ai traversé !
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Il est maintenant 18h30 et je me dois de commencer à faire des plans pour la nuit. J'ai eu tout à l'heure des panneaux m'indiquant la direction d'Harvasstua, a priori un abri mais sans que j'en connaisse avec certitude la nature. N'en ayant rien repéré au préalable je suppose qu'il ne s'agit pas d'un abri DNT, mais peut-être d'un abri ouvert qui me faciliterait la vie pour mon bivouac ? Il est à un peu plus de 6 km dans la vallée après un petit col, et je retrouve du chemin assez correct dans cette direction, redescendant dans la forêt de bouleaux. Juste avant d'arriver je manque de peu de me vautrer en marchant sur une planche glissante supposée m'aider à franchir un passage spongieux, bonjour la frayeur !

Quand j'arrive à Harvasstua je trouve une piste de gravier et une série de bâtiments tout semblables à la ferme de Tverrelvnes, et j'en conclus que je n'ai pas affaire à une cabane ouverte mais à un gîte payant, ce qui n'est pas ce que je cherche. Je veux pouvoir me poser quelque part à l'abri en toute simplicité car je crains une possible pluie cette nuit, mais pas forcément m'habituer au confort onéreux de tous les gîtes de l'itinéraire ... Je fais erreur car j'apprendrai ensuite qu'il y avait bien là une petite cabine ouverte aux randonneurs, masquée derrière les gros bâtiments de la ferme. N'ayant vu personne je n'ai pas pu demander.

Je me décide alors à un changement de plan : d'ici j'ai plusieurs kilomètres de route de gravier avant de pouvoir retrouver du sentier pour rentrer dans le Børgefjell, et je me dis qu'il n'est peut-être pas plus mal de les mettre derrière moi dès ce soir. Je reste néanmoins attentif aux opportunités de bivouac que je pourrais trouver aux abords de la route, mais le terrain est soit trop chaotique, soit marécageux ... J'avoue que je suis un peu obligé de me forcer,  surtout avec mes pieds meurtris par des chaussures inadaptées : je repère sur la carte que, si je pouvais remonter de l'autre côté de la vallée jusqu'à la limite du Parc national de Børgefjell, je pourrai trouver un plateau dégagé avec quelques lacs.

Va donc pour la grosse journée, et j'enquille ce soir 6 km de route de graviers avant de trouver un parking avec une dizaine de voitures, visiblement point de départ de randonnées dans le Børgefjell. De là je peux quitter la route et descendre vers le large torrent de la Vefsna, franchi par une longue passerelle au soleil couchant. Les lumières du soir sont belles et j'attaque là les 300m D+ de remontée vers le plateau. Cet ultime dénivelé n'est pas facile, sur un chemin qui alterne l'utilisation des dalles rocheuses et la traversée de tourbières. Pour une fois, je trouve ces dernières aménagées non pas avec des planches mais avec des pierres. J'imagine le travail que cela a dû demander, mais note que les pierres posées à la surface d'une tourbière ont tout de même une forte propension à vouloir couler au fond de celle-ci ... Je ne m'enfonce pas trop mais les pieds sont (ou plutôt restent) mouillés.

le soleil se couche, qu'est ce que je fais encore levé ?
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tourbières dans le soir
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marécage dallé
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Derrière moi les lumières du couchant se font de plus en plus belles, jusqu'à illuminer les nuages de couleurs incendiaires. Je voudrais avoir trouvé mon spot de bivouac avant que le spectacle ne s'éteigne, mais l'heure tourne. Me voilà enfin sur le plateau que je visais, mais la recherche du spot va s'avérer plus difficile que prévue, car le plateau est fait de caillasse et de petits étangs marécageux. C'est pratiquement en son point le plus haut et à 22h30 que je trouve enfin un espace où je peux m'installer, avec toutefois pas mal de grosses pierres réquisitionnées pour caler les piquets que j'ai bien du mal à enfoncer. Le feu du crépuscule s'éteint, mais j'ai maintenant face à moi les montagnes du Børgefjell près desquelles je passerai demain ...

le couchant s'embrase
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derniers rayons sur les sommets alentours
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Pioulou à l'heure de l'extinction des feux
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demain, le Børgefjell !
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Hélas pour moi toutes les eaux ici sont stagnantes et bien chargées en tanin (bref, jaunes ...), j'en suis réduit à filtrer celle que je suis allé chercher dans un petit étang à proximité . Pourchassé par les moustiques je me réfugie sous le couvert de l'abri, bien détruit par tous les kilomètres additionnels que je me suis imposé ce soir. J'ai passé aujourd'hui la mi-parcours en distance de la traversée, et je peux me dire qu'il m'en reste désormais moins à faire que ce que j'ai déjà mis derrière moi ... Pas le moindre randonneur croisé aujourd'hui, ni dans les 75 derniers kilomètres : la solitude revient en force ...


à suivre ...



Vidéo#36

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#356 21-11-2023 15:16:25

René94
Membre
Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
Inscription : 30-12-2009

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Pour avoir marcher en Ecosse et en Norvège, je suis admiratif de ta prouesse sportive et du mental nécessaire. Et encore plus admiratif de la précision de ton récit ! Merci Hervé smile


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#357 21-11-2023 22:00:30

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bonsoir René et merci  wink

Je n'avais jamais marché "là-haut", et à l'attention de ceux qui veulent faire cette même découverte, je retiens candidement 3 choses qu'il faut "accepter" pour mieux les gérer :
- les moustiques, surtout au début de l'été : un peu de protection mécanique, un peu de protection "chimique", un peu d'accoutumance ...
- les pieds mouillés : se déchausser et faire sécher l'épiderme 2 à 3 fois par jour, et cesser d'y penser. Au fond je le vivais bien, sûrement parce que l'eau n'était jamais vraiment froide
- les hors sentiers : on va y arriver dès le prochain épisode dans le récit, et c'est ce qui a été (relativement au reste) le plus dur. C'est dans l'Arctique que je pensais en avoir le plus, mais en fait ce sera à partir de la mi-parcours, justement là où je croyais au contraire enfin trouver de meilleurs chemins ... EDIT : je range aussi dans cette catégorie certains sentiers marqués, mais tellement anarchiques qu'on préfère marcher à côté ...

Face à cet environnement pour moi totalement nouveau, je vais lentement me "couler dans le moule" des randonneurs norvégiens, marchant de plus en plus de "hytta" en "hytta" pour y chercher abri, repos, voire ravitaillement, et bivouaquant moins souvent. Il faut dire qu'à partir d'un moment la météo a pris un tour ... intéressant : il a fallu s'adapter.

Dernière modification par Hervé27 (21-11-2023 22:03:23)


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#358 21-11-2023 23:27:00

Nayana
Helix pomatia
Lieu : Cote d'Or
Inscription : 05-10-2010

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Salut Hervé, à la lecture des derniers jours j'ai l'impression que tu as un gros coup de fatigue mentale et physique même si tu n'en as pas vraiment conscience sur le terrain. M'est avis que tu as du repartir reboosté après un petit repos en famille et quelques calories engouffrées pour te refaire une santé.

J'attends avec impatience la suite pour savoir si mon ressenti de ton récit rejoint la réalité  wink


Lentement mais surement...

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#359 22-11-2023 09:23:39

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Nayana a écrit :

#694649Salut Hervé, à la lecture des derniers jours j'ai l'impression que tu as un gros coup de fatigue mentale et physique même si tu n'en as pas vraiment conscience sur le terrain. M'est avis que tu as du repartir reboosté après un petit repos en famille et quelques calories engouffrées pour te refaire une santé.

J'attends avec impatience la suite pour savoir si mon ressenti de ton récit rejoint la réalité  wink

Coucou Nayana smile

Oui, c'est vrai : la fatigue s'accumule inévitablement, et comme c'est graduel on ne se rend pas compte qu'elle devient perpétuelle et omniprésente, même aux petits matins où l'on se croit bien reposé et repartir tout frais pour une nouvelle aventure.

Physiquement l'itinérance du marcheur reste très loin des limites de l'organisme : après tout, il y en a qui le font en courant ! Même au bout des journées à 60 km, j'avais confiance en mes jambes et mon souffle pour m'emmener encore un peu plus loin si c'était nécessaire, et ce n'était pas là le plus dur.

Mentalement c'est plus subtil, et plutôt que d'y aller à la volonté et de me forcer à faire ce que je n'aurais plus voulu faire, je m'efforce d'y aller à la motivation en me promettant et m'octroyant des récompenses. Cela signifie que quand je pousse la machine, il doit y avoir quelque chose à la clé, et pas besoin d'aller chercher au-delà de petites choses simples :
- un abri au sec et au chaud
- une baignade dans un lac
- un beau bivouac
- une pause-café confortable
- un repas plus conséquent : à chaque ravitaillement, je prenais ainsi un "real turmat", plat déshydraté plus riche et goûteux que le reste de mes victuailles (mais onéreux à 12-15 € l'unité), et que je réservais au soir de la journée jugée la plus "méritante" de la section
- du repos
- une douche chaude
- la possibilité de rencontres
- EDIT : du chocolat !!!!!!!!
etc.

Ce faisant, mes ressentis au soir des grosses journées étaient plus dans l'euphorie que dans l'épuisement, la joie et la satisfaction primaient sur la fatigue. Avec la volonté on souffre, et sur la distance elle ne peut que faiblir et on finit par craquer. Avec la motivation on se fait plaisir, elle s'auto-entretient et il n'y a virtuellement plus de limites ...

Bon, maintenant que j'ai dit tout ça, je vais pouvoir vous raconter les étapes qui m'ont laissé les souvenirs les plus "galère" ...

Dernière modification par Hervé27 (22-11-2023 09:24:54)


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#360 23-11-2023 09:10:36

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#37 jeudi 27 juillet 2023
Susenfjellenden - Namsvatnet
49km +694 -1097 12h12 (+pauses 2h15)
Cumul 1492km D+30800m Marche 370h
Vidéo #37

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Une fois de plus, la grosse journée et le bivouac tardif d’hier soir ne m’empêchent pas de me lever tôt, prêt au départ à 6h45. Je croyais avoir bivouaqué juste à l’intérieur des limites du parc national de Børgefjell, mais en réalité je ne suis encore que dans une réserve naturelle attenante au parc. C’est tout comme …

Nouveau bivouac avec une toile de tente parfaitement sèche au matin, cela me simplifie le rangement et le stockage puisque je peux tout fourrer dans un même sac étanche au fond du sac à dos.

Depuis loin en amont dans ma préparation, je sais que la « marque de fabrique » du Børgefjell c’est l’absence de sentiers et de marquage. Je dispose néanmoins dans mon téléphone de la trace gpx « officielle » de l’E1 à travers le parc, et c’est la direction que j’entends suivre d’ici au lac du Namsvatnet. Il y en a pour 50 km, et même si l’intention est présente dès le départ, il n’y a aucune garantie que je sache en couvrir la distance dans la journée.

Ma dernière actualisation météo date d’hier matin au départ de Tverrelvnes et me promet de la pluie soutenue : pas idéal pour traverser une montagne norvégienne, même si je ne m'engage pas dans la partie la plus "alpine" du massif. Je ne dois monter qu’à 1100m, alors que les sommets englacés sur lesquels j’ai eu la vue cette nuit et qui s’élèvent à 1700m sont plus au Nord de ma trajectoire.

La longue étape d’hier et le gros petit déjeuner au Müesli à Tverrelvnes ont écarté la crainte de manquer de vivres, et mes préoccupations portent désormais sur la difficulté de la progression sur les sentiers d’une part, la météo d’autre part. Si je devais être retardé / bloqué je n’aurai aucun moyen d’en aviser la famille qui arrive en voiture pour notre RDV à Røyrvik (à 90 km d’ici), où j’ai annoncé que j’arriverai au mieux demain soir et plus probablement samedi. Je dois aussi être économe de mes batteries, car je ne peux pas compter sur la recharge solaire …

Direction Børgefjell
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Comme j’ai dormi près d’une intersection, je commence évidemment par me tromper de direction et à descendre vers les rives du lac de Tiplingen en contrebas, mais mon habitude de toujours vérifier ma position GPS par rapport à ma trace prévisionnelle me fait vite m’en rendre compte. Trajectoire corrigée sur un sentier encore présent pour l’instant, je m’engage rapidement sur un flanc de montagne passablement spongieux. Le fond de la vallée est occupé par les 2 grands lacs allongés d’Østre et Vestre Tiplingen, le second se déversant dans le premier par un large torrent. Le tout est entouré de marécages, entre lesquels la sente tente de circuler en s’appuyant sur quelques veines surélevées et sèches.

Spongieux
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Je n’ai dormi qu’à ~6km d’un abri ouvert au bord du lac, mais j’ai bien fait hier soir de ne pas tenter de m’y rendre : cette lichette supplémentaire de marécages m’aurait éreinté, et j’ai au matin un peu plus d’énergie pour les franchir … La cabane en question nécessite un détour en cul de sac par rapport à l’itinéraire, que je n’ai aucune motivation à faire en aller-retour ce matin : je resterai donc ignorant du confort dont je me suis privé

M’attendant à perdre vite tout chemin, je suis trop heureux d’avoir encore cette sente et quelques vieux panneaux d’indications. J’ai même droit à un petit pont de bois tout neuf sur un ruisseau, puis une belle et longue passerelle métallique sur le chenal reliant les deux lacs. Le spot m’offre une belle vue en enfilade sur les sommets du Børgefjell, et la passerelle me mène de l’autre côté sur … plus rien ! C’est l’exacte limite du parc, et j’ai beau scruter le sol il n’y a plus là la moindre sente, et encore moins de cairns ou de marque de peinture.

Jusqu’ici c’est fléché …
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… et même aménagé
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ici je pénètre dans le Børgefjell, et c’en est fini des chemins !
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C’est là que je dois commencer à me débrouiller tout seul comme un grand (il ne suffit pas de vieillir pour être adulte …), et comprendre la relation entre la carte, le terrain, la route GPS de l’E1 dans mon téléphone ... Je dois remonter la vallée qui s’ouvre devant moi et commence à marcher d’une petite plaine à l’autre au milieu de buissons clairsemés. Les sections les plus marécageuses me détournent vers des bosquets un peu touffus et les choses se compliquent vite. Je me dis que si ça continue à progresser à cette vitesse, je ne suis pas sorti de l’auberge… Je retourne calmement à ma carte et à la trace pré-enregistrée, et y aperçoit un léger tressaillement des lignes de niveau que je relie à l’antédiluvienne moraine au-dessus de moi. Je m’extirpe de la végétation et l’escalade, et découvre sur son fil un profil bien mieux dégagé qui m’emmène vers la hauteur.

En réalité, une fois compris qu’il faut privilégier ces lignes de crêtes plutôt que les fonds de vallée ou les pentes, la progression se fait presque aussi rapide qu’avec un sentier. Finalement, le plus difficile se trouvait au tout début, aux basses altitudes ou alternent végétation et marécages. Plus sur la hauteur la végétation s’efface, le terrain est mieux drainé, la vue se dégage et on peut prendre son cap en visant des repères successifs.

Au début en fond de vallée
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Le mieux sera de suivre cette petite crête
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L’itinéraire .gpx que j’utilise en main courante s’avère assez logique : je trouve toujours un passage naturel et plutôt économe en énergie pour suivre la trajectoire qu’il m’indique. De fait je prends beaucoup de plaisir à ce début de hors sentier intégral, sur un sol (généralement) sec tantôt minéral, tantôt à la végétation rase. Je surveille le ciel qui semble pour l’instant m’épargner les lignes d’ondées que je vois circuler derrière moi, et m’offre même un peu de soleil alors que je longe un petit torrent : je saisis l’occasion pour une jolie pause-café, car si comme je m’y attends la pluie doit s’installer, je n’aurai aucun abri au sec autre que mon Pioulou pour me poser …

Maintenant c’est tout facile…
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et presque sec …
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Le minutage est parfait, car dès la pause finie j’ai droit à quelques gouttes, mais rien de durable. Le mauvais temps dans la montagne ne doit pas se prendre à la légère, et je me projette mentalement sur le parcours. D’ici je dois évoluer sur une quinzaine de kilomètres sur un genre de plateau autour de 1000m d’altitude, avant de franchir un petit col et redescendre une très longue vallée vers le Namsvatnet. Après les quelques gouttes que je viens d’avoir le ciel s’est dégagé et je retrouve du bon soleil : je dois progresser autant que possible pour limiter le temps que je pourrais avoir à passer sous la pluie si elle devait s’installer. J’estime pouvoir mieux l’encaisser si je suis dans une vallée à la descente que sur ce plateau, donc avanti !

Une première pluie est passée et s’enfuit devant moi
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Tant que le soleil donne dans ses jeux de lumière avec les nuages, l’environnement de la montagne, des restants de neige, des lacs et torrents est de toute beauté. C’est vraiment la Norvège telle que je l’avais rêvée ! J’en profite à fond, et avance … Les grains semblent pour l’instant bloqués au-dessus de la vallée derrière moi, ou bien passent devant moi à la perpendiculaire de ma trajectoire et tant que ça dure ça me va très bien.

Le jeu de cache-cache avec la pluie ne peut pas être toujours gagnant, alors j’anticipe avec une courte halte pour étanchéiser au duct-tape la connectique de mon panneau solaire. Comme ça, il peut rester à poste sans que je me préoccupe des changements de temps. La veste de pluie est enfilée plutôt que le coupe-vent, je suis paré et n’aurai plus à rouvrir le sac sous les gouttes.

Je me mouille les pieds pour traverser les torrents, puis au milieu d’une multitude de petits lacs et alors que le soleil donne je cale ma pause déjeuner. Je suis seul au monde et ne vois toujours personne depuis 2 jours. J’ai une vue double sur la montagne et ses reflets dans l’eau, je profite …

La montagne comme j’aime
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Je repars toujours au soleil, et une longue clôture me sert un moment de main courante. C’est pendant que je marche le long de celle-ci que l’ambiance s’assombrit, et que j’entends un premier roulement de tonnerre. Il ne me reste qu’une courte distance jusqu’au col, mais je suis tout de même ici bien exposé. Je peux juste me dire qu’en matière d’orage les probabilités sont en ma faveur, on se rassure comme on peut ! Je reçois une averse légère,  mais il semble que j’en ressorte au rythme de ma marche, les cellules (faiblement) orageuses se déplaçant avec une extrême lenteur.

Y’a qu’à suivre (là, je regarde derrière moi pour surveiller ce qui m’arrive dessus …)
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Pourtant pas plus haut qu’un ballon vosgien
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Vers la vallée d’à côté
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Je suis hors de la pluie quand j’aborde le névé sous le col, point haut de la journée à 1074m. En revanche la plus grosse des cellules orageuses me rate de peu, et alors que je retrouve le soleil le nuage d’une extrême noirceur passe sur la cime toute proche de Flåfjellet (1368m). La photo est garantie sans la moindre retouche …

Les fougères sous le col mettent une touche de couleur
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Pas passé loin … Garantie sans photoshop
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Je marche encore un peu à flanc avant de descendre en douceur par la vallée de Viermadalen, laquelle doit me mener jusqu’au Namsvatnet dont je continue obstinément de faire mon objectif. Du col au lac il y en a cependant toujours pour 20 km et je suis loin d’être rendu.

La grosse pierre m’a donné le cap sur les 2 derniers km
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L’orientation reste facile et, par rapport à la direction générale que j’ai dans Iphigénie, je n’ai toujours que des ajustements mineurs à faire pour choisir le terrain qui me convient le mieux. Par contre je réalise à quel point le hors sentier est consommateur de batterie : perpétuellement à pointer ma position au GPS par rapport à la trace, je consomme plus vite qu’à l’habitude mes mAh …

La menace pluvieuse se fait moins pressante sur cet autre versant, et je suis plus souvent au soleil qu’à l’ombre des nuages. Les pieds restent néanmoins souffreteux et je leur accorde une nouvelle bonne pause dans l’après-midi, avant d’entamer à 17h ce que je veux être le final jusqu’au Namsvatnet, alors qu’il me reste 15 km …

De lac en lac, ça ne descend pas vite
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Tandis que je passe un ruisseau je fais s’égailler une nichée de lagopèdes : avec toutes les rencontres faites avec ces volatiles depuis le Cap Nord, j’ai l’impression de voir une même famille grandir avec l’avancée de l’été. À la couvée d’abord, puis des poussins piailleurs dans un nid, et maintenant des boules de duvet qui courent au sol, voire déjà s'envolent sur de courtes distances …

Sur les berges du principal lac de cette vallée, sur la plage de sable je trouve à moitié effacée la trace écrite du passage d’un autre marcheur du Norge På Langs, et avec qui je corresponds déjà sur Instagram (Hi Peter wink !). Nous nous sommes donc manqués, probablement à hauteur d’Umbukta où il semble que nous avons pris des routes différentes. Toujours cette impression étrange de voir les mondes virtuel et réel s’entrecroiser, ici loin de tout …

Encore un lac …
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… et la trace d’un « northbounder » que je n’aurai pas croisé (Instagram @peter_early_retired ). Une semaine d’érosion …
En version originale : https://www.instagram.com/p/Cu7p4YqqTXJ/?img_index=3

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Lumières du soir …
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Une fois redescendus les étages de végétation, la progression vers le Namsvatnet se fait de moins en moins agréable. La route de l’E1 que je m’efforce de suivre n’est plus vraiment logique, et je tâtonne pour me rapprocher du lac. La carte indique bien un chemin sur l’autre rive, mais je m’en tiens à la route GPS dont je dispose. Le torrent maintenant puissant ne serait en effet pas évident à traverser, pour un sentier dont l’existence reste hypothétique.

À la réflexion …
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trouver son chemin …
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La navigation est compliquée et fatigante, les marécages sont innombrables, et j’apprends sur le tas à perfectionner ma compréhension de leur structure. Certains se traversent « à pieds secs », d’autres baignent vos pieds mais gardent une surface ferme, d’autres encore présentent des pièges où l’on s’enfonce jusqu’aux genoux … J’ai l’impression que plus j’approche et plus c’est exigeant, même si la fatigue doit jouer dans ce ressenti.

Plusieurs fois je crois trouver au sol un début de sente, laquelle s’évanouit à chaque fois après quelques dizaines de mètres. Je sais qu’au bord du lac il y a un embarcadère, des cabines, un petit refuge, et j’espérais trouver à leur proximité un peu plus d’aménagements. Il n’en est rien, et c’est à quelques centaines de mètres de l’objectif que je trouve la boue la plus conséquente, m’enfonçant une fois jusqu’aux cuisses en voulant franchir un petit fossé …

Namsvatnet !
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L’heure a bien tourné et c’est passé 21 h que j’arrive sur les berges du Namsvatnet. J’y trouve (enfin !) un chemin, quelques barques, et des humains ! Autour d’un tipi et d’un feu pour cuire leur pêche, il y a là 4 norvégiens avec qui j’échange un instant, avant de poursuivre vers l’embarcadère. Je passe devant la cabane théoriquement ouverte de Viermahytta, mais la trouve fermée à clé, avec un amoncellement de matériel de pêche et de canettes de bières : je soupçonne mes 4 pêcheurs d’avoir ainsi réquisitionné le petit abri à leur usage exclusif. Ce n’est pourtant pas là que je comptais faire halte pour la nuit, mais à peine plus loin près de la petite jetée où un auvent de rondins avec de larges banquettes fait face au lac. J’y trouve un gros sac à dos posé au sol, et son propriétaire sur la jetée avec son chien. Amené ici en bateau il a planté sa tente plus loin dans la forêt, et nous discutons un moment. 125 km sans croiser un randonneur, je n’avais plus eu ça depuis l’Arctique …

Tellement de directions pour si peu de chemins …
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Je prends mes appartements sous l’auvent, et s’il y a quelques moustiques ici au bord de l’eau je trouve aussi là un brûleur destiné à les éloigner, ce qui fonctionne très bien. Sans même me changer je vais me décrotter dans l’eau du lac avec encore sur moi mes vêtements de marche maculés de boue, chaussures incluses.

Dodo à l’arrêt du bateau-taxi
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Les lumières du soir sont magnifiques au bord des eaux calmes, le ciel s’est dégagé et les nuages rosis au crépuscule se reflètent sur le lac. J’en fais les images réglementaires, puis me traîne clopin-clopant jusqu’à mes pénates pour la nuit. Je suis content de cette grosse journée, car elle m’assure d’être à Røyrvik dès demain soir (40 km tout de même …).  Elle m’a néanmoins épuisé, tant physiquement pour la distance parcourue, que mentalement par la concentration permanente qu’exige l’absence de chemin ou de marquage. J’arrive cependant à passer plutôt une bonne nuit, coupé par mes bouchons d’oreille du clapotis de l’eau et des quelques chants d’oiseaux …

Demain je dois parcourir l’autre rive …
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À suivre …


Vidéo #37

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre

Hors ligne

#361 25-11-2023 13:05:05

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#38 vendredi 28 juillet 2023
Namsvatnet - Røyrvik
40km +601 -633 10h15 (+pauses 2h00)
Cumul 1532km D+31400m Marche 381h



Vidéo #38

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Bonne nuit agréable sous l'auvent du débarcadère sur la rive du Namsvatnet : j'émerge tranquillement avec le soleil du matin, les lumières dansantes qui me viennent des reflets sur le lac, les chants des oiseaux venus de l'épaisse forêt alentour, et enfin le grondement des cascades toutes proches de la Storelva. Le petit-déjeuner est pris du fond de mon duvet, et comme je suis pratiquement assuré d'être "en ville" à Røyrvik cet après-midi pour ravitailler, je n'ai nul besoin d'en garder pour plus tard ... Aujourd'hui je voyage au plus léger !

Le café siroté et les affaires remballées, il est temps de faire la grimace et de renfiler les chaussettes et chaussures évidemment toujours mouillées d'hier, lavées dans le lac avant de me coucher et accrochées à des clous pour un illusoire séchage.

D'ici j'ai 2 options : faire comme tout le monde et prendre le bateau-taxi (il faut le réserver par téléphone, mais je sais qu'il y en a un qui vient à 10h30 pour mon pêcheur-randonneur rencontré ici hier soir), ou bien marcher 20 km autour du lac du Namsvatnet. Dans les 2 cas, il y a ensuite 16 km de bord de route pour rallier la "ville" (459 habitants d'après Wikipédia, sur un territoire de 1500 km² ...). Le ciel est au grand beau, la journée promet d'être estivale, et j'ai tout mon temps puisque je ne suis pas attendu avant ce soir, sinon demain ...

mon bivouac ...
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Va donc pour la petite promenade de santé autour du lac : j'ai un sentier sur ma carte que l'itinéraire de l'E1 épouse, même si j'ai déjà dans mon esprit un doute sur son existence effective sur le terrain ...

C'est à 6h45 que je quitte la cabane de rondins et reprends à contresens le bout de sentier par lequel je suis arrivé hier. Aucun signe d'éveil quand je repasse devant la cabane de Viermahytta, et pas plus devant le tipi de mes 4 pêcheurs. J'ai un sentier sous les pieds, pléthore de fléchages de direction de randonnées, une belle passerelle par-dessus le torrent de la Virmaselva ...

paradis de pêcheurs
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Par-dessus la Virmaselva
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Aussitôt la rivière traversée, le sentier visible au sol n'est plus là que pour desservir les quelques cabines disséminées dans la forêt près du lac. Je vais de l'une à l'autre, sur l'air de "Ma cabane au Canada" ...

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Les sentes sont trompeuses, forcément plus faites pour relier les cabanes entre elles ou à leurs plages d'accès, plutôt que pour aider à la circumnavigation pédestre du lac. Quand le bout de sentier n'est pas dans la forêt, parfois quelques vieilles planches pourries permettent de ne pas enfoncer les pieds dans la tourbière, puis peu à peu toute assistance disparait : je suis livré à moi-même sans chemin et sans marquage, avec pour seul guide le GPS et ma trace pré-enregistrée que j'essaye de suivre au long d'un sentier qui n'existe que sur la carte ...

forêt et prairie aqueuse
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ultime avertissement
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En m'élevant un peu dans les prés spongieux et sorti de la forêt, je peux me retourner sur la première partie de chemin parcourue, et réalise que je ne suis pas allé voir et imager les cascades de la Storelva, alors que je n'en ai dormi qu'à 200m et que leur grondement perpétuel a bercé ma nuit ! Elles devaient être bien impressionantes vues de près ...

J'avance à la godille, chaque pas exigeant de se poser la question de la direction à prendre : je peux certes viser un point au loin pour me donner l'orientation générale, mais je dois aussi m'assurer d'avoir sous les pieds un terrain apte à supporter mon poids. Ce n'est en soi pas difficile, mais exigeant pour le mental tout comme pour la batterie du téléphone. La carto et le GPS fonctionnent en permanence, rongeant les précieux mAh ... Avec déjà un bon entraînement hier soir sur ce type de terrain, je perfectionne ce matin la technique : la surface des tourbières reste ce qu'il y a de plus simple à traverser, pourvu qu'elles supportent mon poids et au prix d'avoir le spieds perpétuellement mouillés. De toute façon, vu le temps qu'il leur faut pour sécher ... Sur tourbières et marécages la vue est dégagée et je peux m'y lancer dans des sections en ligne droite, plutôt que d'affronter les bosquets aux branches accrocheuses et qui toujours me dévient dans une direction non souhaitée ...

les cascades de la Storelva, vues seulement de loin
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zigzags : ma progression enregistrée comparée aux pointillés que j'essaye de suivre ...
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Tout ça est laborieux, fatigant, mais au moins j'ai la récompense de belles vues sur le lac d'une part, la montagne enneigée d'autre part. L'immensité du paysage fait cependant que je n'ai pas de repères pour jauger de ma progression, et donc l'impression déprimante de faire du surplace alors que j'ai une grosse distance à parcourir avant de toucher les pistes et routes à l'autre extrémité du Namsvatnet. Les cascades de la Storelva d'où je suis parti semblent toujours être à la même distance, et c'est logique puisque je commence ma journée par un vaste arc de cercle autour de l'extrémité Est du lac.

Sur la carte norvégienne regardée distraitement, on peut croire que les pourtours du Namsvatnet sont une plaine, mais ce sont en réalité des successions de collines. En plus de suivre une direction, il faut donc aussi veiller à garder son altitude pour ne pas se faire entraîner dans la montagne plus accidentée d'un côté, les rives difficilement praticables du lac de l'autre. Le cumul de dénivelé n'est pas négligeable ... Au sol je peux régulièrement apercevoir la trace du passage d'un quad, parfois utile pour progresser, parfois trompeuse quand elle m'éloigne trop de la direction générale, et j'ai parfois du mal à imaginer pareil véhicule dans ce dédale végétal.

Heureusement que j'ai ma trace gpx à suivre et que je peux utiliser un GPS, car elle m'amène pile à une belle passerelle,  là où le torrent qui descend de la montagne a creusé un lit profond qu'il eut été incommode de franchir sans assistance.

au moins les vues sont belles
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torrent aux eaux profondes
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passerelle !
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après 2h30 de marche, les cascades de la Storelva semblent toujours être à la même distance
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Le repos de la nuit, le soleil du matin et l'enthousiasme de rallier la ville où je vais retrouver ma famille m'ont bien porté au démarrage de la journée. Les heures passant le lessivage mental du terrain à parcourir va rogner sur mon moral. Les pointillés de la carte que j'essaye de garder comme main courante n'ont pas vraiment de logique sur le terrain. Je me retrouve souvent à jouer au sanglier dans des pentes de buissailles que j'aurai pu éviter, ou à essayer de gagner le sommet d'une colline assignée comme direction à suivre. La fatigue physique des jours précédents et l'inconfort de mes chaussures n'arrangent évidemment pas les choses.

En parallèle de mon humeur qui se dégrade, le beau soleil du matin s'obscurcit et des nuages arrivent sur moi depuis la montagne dans mon dos. Déjà parti avec une charge des batteries assez basse, je ne peux de ce fait plus compter sur mon panneau solaire pour tenir la distance.

Pour me remonter le moral, je me venge alors sur les mûres arctiques, enfin arrivées à maturité et qui abondent. Elles vont m'être précieuses au cours des prochaines semaines !

d'un étang à l'autre, le soleil se voile
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mûres arctiques ... un autre facteur de retardement !
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Faux espoir lorsque je trouve un beau sentier dans la forêt que je commence à suivre, avant de réaliser qu'il m'emmène à la perpendiculaire de ma direction, allant des rives du lac vers la montagne. Retour donc en mode sanglier, dans une section qui se fait plus boisée et accidentée. Je réalise alors à quel point les sous-bois sont difficilement praticables en l'absence de chemin : le sol sous la mousse est un chaos de petits blocs, truffé de cavités où l'on aurait vite fait de déraper et s'abîmer pieds et chevilles. À certains moments je me retrouve sans comprendre comment sur les flancs abrupts d'une colline, m'agrippant aux racines pour me hisser vers la hauteur et essayer de voir si je peux emprunter un meilleur itinéraire. Je donne alors la priorité aux "autoroutes" que constituent les vastes prés marécageux, mais entre deux il faut parfois repasser par un bout de forêt plus résistant à mon désir de progression.

Le ciel chargé s'est fait grondant, et c'est bel et bien un orage qui arrive droit sur moi depuis la montagne. La charge de mon téléphone devient critique et je coupe désormais l'enregistrement de ma trace : je dois impérativement pouvoir disposer d'une cartographie jusqu'à ce que j'atteigne chemin ou route. C'est la première fois que j'en arrive là depuis le départ du Cap Nord ! Je me paye donc une averse, laquelle m'empêche momentanément d'utiliser correctement l'écran mouillé du téléphone. S'orienter commence à prendre un petit côté stressant ...

Nouvel espoir quand une large trace de quad me guide plus près du bord du lac et à une cabine privée incroyablement isolée ici, mais la courte piste ne m'emmène pas plus loin. Je dois péniblement remonter par la pente boisée pour retrouver une tourbière que je puisse suivre. C'est alors que je suis à crapahuter dans la pente que j'entends le moteur d'un bateau, accompagné de la voix puissante de quelqu'un qui chante à tue-tête : en voilà un qui fait comme moi, et profite des instants où il se croit solitaire pour lâcher ses poumons et son répertoire dans l'immensité ...

Après l'averse revient un joli soleil, et j'avise le tronc d'un pin sur une veine rocheuse proche d'un lac pour aller m'adosser, me sécher, et tenter de redonner de la charge à mes appareils. Je suis rincé, et doit admettre que mon arrivée à Røyrvik se décale peu à peu de l'après-midi à la soirée ... Je tape encore dans mes provisions restantes lors de cette pause : décidément il en reste toujours, preuve que j'en emporte toujours trop ...

après la pluie d'orage
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Peu après cette pause je trouve une petite passerelle pour quad sur un ruisseau, et de là je vais pouvoir garder une trace du passage plus ou moins ancien des véhicules. Je me rapproche laborieusement d'une nouvelle cabine qui figure sur ma carte, et près de laquelle je dois enfin retrouver de la piste. Ces derniers kilomètres sont interminables, et quand enfin mes pieds quittent les marécages pour fouler la route de gravier (Il y a là quelques voitures sur le parking terminal de la petite route, mais personne à proximité), j'apprécie pleinement le soulagement physique et nerveux que cela m'apporte. Je marche essentiellement sans sentier depuis hier matin, soit environ 60 km à devoir associer une décision de direction à chacun de mes pas.

Si j'ai un conseil à donner à quiconque doit évoluer entre Røyrvik et Børgefjell, c'est que sauf à être un puriste de la marche il est infiniment plus simple de traverser le Namsvatnet en bateau. Vous aviez compris de toute façon, je pense ...

la civilisation se rapproche
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Soudain je n'ai plus à réfléchir, ni à extirper mes semelles de la succion des mousses gorgées d'eau, et je m'engage avec bonheur (et ce n'est pas une exagération) sur la route pour le rush de 16 km qui doit m'emmener à Røyrvik. Assez vite cependant je dois reconfigurer ma tenue et mes chaussures, et vais m'asseoir quelques instants à l'écart de la route pour me déchausser et sécher mes pieds, les protéger en prévision de la marche sur asphalte, essorer mes chaussettes au maximum ... Ces quelques instants me redonnent un peu d'énergie, et après encore 1 km la route de terre rejoint celle d'asphalte ...

la civilisation est là
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La détente nerveuse de la marche sur route produit son effet, et avec 12 kilomètres monotones à faire jusqu'à Røyrvik je dois lutter contre la somnolence. J'en viendrai même à devoir m'asseoir sur l'accotement pour pouvoir fermer les yeux quelques instants et laisser passer le coup de fatigue ! La route n'est pas large, avec tous les quelques centaines de mètres de petits espaces de côté pour permettre aux rares voitures de se croiser. J'en verrai passer quelques-unes mais ma fierté m'interdira de faire du stop ...

J'ai retrouvé du réseau et peux enfin rééchanger avec la famille, laquelle vise d'arriver ce soir pour loger dans un camping près de Trondheim, à encore 3 heures de route de Røyrvik, et notre rendez-vous n'est donc plus que pour demain. Par crainte de n'y pas trouver de place, j'appelle le gîte de Røyrvik pour m'assurer qu'à mon arrivée (que je prévois maintenant vers 19h) il y aura bien de la place pour moi. Une voix féminine dont le sourire perce le téléphone me répond, et je suis assuré désormais de mon hébergement.

Une nouvelle ondée va me laisser craindre d'avoir à faire tous les kilomètres restants sous la pluie, mais j'en suis quitte pour reconfigurer 2 fois ma tenue et le soleil revient. Les pas me coûtent et j'ai hâte d'arriver, et j'ai du mal à apprécier tous ces paysages que je ne regarde que du bord d'une route. Dans les derniers kilomètres je passe de la rive d'un lac à celle d'un autre, la route franchissant ces étendues d'eau sur quelques digues.

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De temps à autre je croise bien une voiture ou un camping-car garés en bord de route, leurs propriétaires à la pêche au bord du lac, ou bien juste à faire des photos dans les jolies lumières de fin d'après-midi.

Dans une longue ligne droite, c'est cependant un marcheur que je vois arriver à ma rencontre, et nous nous jaugeons mutuellement au fur et à mesure que nous nous rapprochons l'un de l'autre : je fais ainsi la connaissance de Lilian, venu de Hong-Kong pour marcher sur le Norge På Langs avec l'âme enthousiaste d'un vrai thru-hiker qui ne dépareillerait pas sur un PCT ou CDT ! La discussion est joyeuse, et dommage que nos directions soient opposées car faire un bout de chemin ensemble aurait certainement été sympa.

Lilian !
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C'est à 18h45 que j'arrive enfin à la pension Limingen, vaste bâtiment où je suis accueilli avec une infinie gentillesse par l'unique personne qui fait tourner la boutique familiale qu'elle a repris à ses parents retraités (que je rencontrerai le lendemain). Je la verrai successivement à la réception, à la cuisine, au service des repas, au ménage, au ravitaillement ... et à son temps perdu à la menuiserie d'un escalier de bois dans le jardin ! Avec la famille qui arrive demain je prends pour 2 nuits une chambre familiale (4 lits superposés et une salle de douche), et il est encore temps pour moi de dîner à table après être allé me doucher et me changer (les norvégiens dînent tôt !). Je ne partage l'hôtel qu'avec un jeune couple qui finit de dîner mais n'aurai pas l'occasion d'échanger avec eux.

Après dîner je vais vite m'écrouler de sommeil dans la chambre, remettant à demain toutes les corvées.

La pension Limingen en haut de la butte (au pied, un abri randonneur / point d'information où il est possible de dormir et faire un feu)
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Le lendemain forme ma deuxième journée zéro de la traversée, bien méritée après une session de plus de 380 km en 8 jours. Je consacre la matinée au petit-déjeuner et à la lessive, que je m'astreins à faire à la main alors que j'aurai pu confier mon linge à l'infatigable et souriante gérante !

là, j'en suis déjà à la 4ème eau de lavage des Darn Tough (et de ma chevillière)
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La voiture familiale avec mon épouse et notre fille n°2 arrive à l'heure du déjeuner, et les retrouvailles après 40 jours de séparation se font les pieds sous la table dans la grande salle de la pension, richement décorée de trophées de chasses, photos et objets anciens racontant la riche histoire des lieux. Les vieux parents de la gérante sont les seuls autres convives, et viendront discuter avec nous à la fin du repas, rattachant les lieux à leurs propres parents pour un siècle d'histoire de la boutique ...

Nous irons faire un tour à pieds le long d'un sentier de découverte sur les berges du lac, jusqu'à une jolie plage près de laquelle un peu d'habitat sami traditionnel a été reconstitué. Toutes choses déjà vues pour moi, mais pour fille et enfant qui n'ont encore vu la Norvège que de la fenêtre de la voiture depuis 2 jours, c'est de la nouveauté !

en famille !
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un peu de tourisme
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Je vous garde pour le prochain épisode les différents réajustements matériels que me permettent ces retrouvailles familiales mais aussi logistiques, je vous vends toutefois une partie de la mèche en photo.

je vous laisse déjà entrevoir un peu de renouvellement du matériel
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retour à la pension : l'étrave du chasse-neige reste à portée de main, on n'est jamais assez prêt ...
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Je fais avec ma fille l'expédition ravitaillement jusqu'au supermarché : j'ai maintenant si bien pris mes habitudes dans ces magasins qui se ressemblent tous, que j'ai vite fait d'additionner dans le sac ce qui me sera nécessaire pour la prochaine section de 5 à 6 jours.

Nouveau repas le soir à la pension, et la gérante trouvera le temps de nous montrer sur son téléphone une vidéo de l'hiver dernier, quand il fallait rouler en convoi et à des horaires pré-établis derrière un chasse-neige pour parvenir jusqu'ici dans ce bout du monde. Quelle vie !



à suivre ...


Vidéo #38

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#362 27-11-2023 07:01:13

Clara-xos
Membre
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bravo c'est top comme voyage  smile

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#363 27-11-2023 13:31:26

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#39 dimanche 30 juillet 2023
Skorovatn - Nesåpiggen
19km +734 -449 5h39 (+pauses 0h45)
Cumul 1551km D+32100m Marche 386h
Vidéo #39

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Aujourd'hui j'avais un choix :
- soit partir tôt de Røyrvik pour une longue étape de bord de route jusqu'à Skorovatn (42 km) avec un RDV en journée avec la famille,
- soit profiter d'encore une matinée tranquille, et neutraliser l'étape d'asphalte pour nous rendre ensemble à Skorovatn en voiture à l'heure du déjeuner

Forcément, quand on met d'un côté de la balance une pleine journée à marcher sur l'asphalte, et de l'autre du repos en famille, le choix est vite fait. J'escamote donc l'étape que je considérais la moins intéressante de toute la traversée, au profit d'un repos étendu et d'une entorse à la continuité de la traversée. Ce choix est à mettre en parallèle de l'option prise il y a 2 jours de contourner à pieds le Namsvatnet, au lieu de (comme tout le monde) le traverser en bateau ...

Après le petit-déjeuner pris tous ensemble à la pension Limingen, je procède à quelques changements de matériel à partir du stock de matériels ramené dans le coffre de la voiture :
- retour à mes Mescalito planet, avec une paire déjà bien entamée (~800 km) et qui me servira pour la semaine à venir. Une autre paire en version cuir et presque neuve (~200 km) prendra alors le relais jusqu'à la fin
- retour également aux X-socks plutôt que les Darn Tough, beaucoup trop chaudes pour la saison
- échange de mon bâton de marche Leki acheté à Alta contre un de mes vieux Fizan compact, bien plus léger
- Collant Under Armour bien plus fin et moins chaud que celui acheté à Narvik
- Kit popote 300ml vs 550ml, puisqu'il y a longtemps que je ne marche plus avec Sophie
- je me déleste des choses inutiles : un lexique de norvégien (tout le monde parle anglais ...), le surpantalon en tyvek qui ne m'aura que très peu servi, un micro pour la caméra pas vraiment heureux (il démultipliait tous les bruits de fond ...)
- etc.

Vers 11h nous rendons les clés de la chambre et prenons la petite route jusqu'à Skorovatn, laquelle longe la plupart du temps l'un ou l'autre des grands lacs du secteur, et toujours bordée d'épaisses forêts. Cela n'aurait pas été la pire marche sur route qui soit, surtout qu'après quelques brumes du matin le ciel s'est fait éblouissant de lumière. Nombreuses auraient été les possibilités de descendre faire des pauses au bord de l'eau, et ainsi casser la monotonie du bitume ... Mais bon, quand on a décidé de tricher, on assume !

au fil d'une route sur laquelle je n'aurai pas marché
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Vers midi nous descendons dans un fond de vallée où nous trouvons la bourgade de Skorovatn, ancien village minier reconverti en villégiature autour de son lac. Il y a là une station-service / snack / supérette / gîte, mais nous avions déjà fait le plein de victuailles à Røyrvik et allons nous trouver une place bucolique à souhait sur des tables de pique-nique dans la verdure au bord de l'eau.

pique-nique en famille à Skorovatn
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À 14h et après presque 2 jours de pause, je dois m'arracher malgré l'envie de prolonger le déjeuner par une sieste. Mon épouse et ma fille vont repartir faire du tourisme à travers la Norvège, tandis que je redeviens le passager de mes jambes ... Nous devons nous retrouver une nouvelle fois d'ici une semaine, selon des modalités encore à fixer ...

Le redémarrage se fait sans violence, via une large route de graviers qui s'élève en lacets vers le petit sommet qui surplombe le village. Le temps est magnifique et le soleil écrasant, j'ai bel et bien retrouvé l'été ! En m'élevant je retrouve des vues en arrière jusque vers le Børgefjell, maintenant bien loin derrière moi après le bon en voiture de ce matin. Quelques voitures sont garées au bout de la route, le point de vue est prisé par les promeneurs.

les vues du départ, depuis les lacets de la route
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En haut de la colline, un ancien accès à la mine procure un large abri de béton, peut-être un peu humide pour y passer une nuit ...
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C'est sans transition que je passe de la route au sentier, lequel grimpe à travers les dalles rocheuses. Après un total de presque 400m D+ depuis les rives du lac à Skorovatn, j'arrive sur un grand plateau cabossé, truffé de petits lacs dans les creux. J'y garde un chemin relativement bon, qui me permet de progresser avec l'insouciance de la forme retrouvée après un bon repos. Je croise à plusieurs reprises des promeneurs, très inégalement équipés : depuis une femme en bikini qui hurle dans son téléphone, jusqu'à un couple bien chargé et accompagnés d'un chien aboyant frénétiquement après son propre écho dans un petit défilé ... Encore quelques rares névés ici à 800m d'altitude, puis une redescente progressive au long d'une succession de lacs de toute taille.

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Le soleil est euphorisant, et avec ce bon sentier de montagne je ne pouvais rêver un meilleur redémarrage. À 17h30 je m'octroye une bien jolie pause au bord de l'eau, me donnant ainsi le temps de réfléchir à mon itinéraire. J'ai ici une bifurcation pour soit suivre l'E1, lequel traverse encore un peu la montagne avant de redescendre en vallée par un grand détour et l'utilisation de routes. Je m'étais noté un autre itinéraire référencé, restant dans la montagne et bien plus court car coupant ce détour, mais selon toute probabilité largement hors sentier.

Je dois faire mon choix juste après une dernière passerelle, étrangement pourvue d'une rambarde que d'un unique côté. Là il est évident que si je veux prendre l'option "courte", il me faut y aller à l'azimut dans la montagne. Il fait beau et je suis bien reposé, et malgré ma mauvaise expérience de mon tour du Namsvatnet, c'est cette option que je choisis.

avec le soleil, j'ai retrouvé la compagnie fidèle de mon ombre
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pour l'instant, j'ai des chemins et des panneaux
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unique pause de cette demie-journée reposante
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pont mono-barrière, après lequel je bifurque sans chemin
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Aucun sentier, aucun marquage, aucun cairn : je n'ai que ma carte, ma position au GPS et ma lecture du terrain pour me guider, au flanc d'une colline rocheuse à la végétation basse. En contrebas s'ouvre une gorge plus abondamment boisée, où la rivière forme de nombreux lacs. C'est très beau dans les éclairages du soir, et je crois voir ici des images des montagnes érodées de Tasmanie (où je n'ai jamais mis les pieds), telles que j'ai pu en visionner au hasard d'une vidéo de rando de quelque youtubeur "down under".

La progression se révèle plutôt facile, car je trouve toujours une terrasse me permettant d'évoluer à peu près de niveau dans la bonne direction. Après les quelques rencontres à proximité de Skorovatn, je replonge ici dans la plus totale solitude. Rien dans le paysage n'indique une quelconque proximité humaine ...

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Reparti de ma pause à 18h15, je me suis donné un maximum de 3 heures pour prendre un bivouac, pourvu de trouver le terrain favorable. J'aimerais trouver un spot avec une belle vue dégagée vers le Nord, afin de profiter si possible d'un "crépuscule de minuit".

Le bivouac n'est guère possible tant que je reste dans les flancs rocheux, et je dois attendre d'arriver au-dessus de vastes vallons herbeux pour pouvoir commencer à scruter l'environnement plus attentivement. J'ai perdu le soleil en arrondissant la montagne, et je repère qu'une crête toute en douceur sur l'autre versant reste encore à la lumière. Je fais le plein d'eau à une belle source abondante, puis me dirige vers cette cible.

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Il n'est "que" 20h30 et je juge l'emplacement parfait, encore juste au soleil et avec une belle vue dégagée sur une infinité de lacs. Le sol est couvert d'une mousse épaisse et pas spécialement humide, une bonne garantie de confort. Si les moustiques sont encore présents en début de soirée, leur intensité diminue avec le retour des nuits fraîches, mais je ne peux encore me passer de moustiquaire.

Le Pioulou planté je perds quand même le soleil derrière la montagne d'où je suis venu, mais j'aurai l'opportunité de me relever au milieu de la nuit pour profiter des instants où l'interminable crépuscule devient l'aube nouvelle ... Dans le ciel assombri brille Vénus, premier astre hors du Soleil et de la Lune que je peux apercevoir dans le ciel depuis plus de 40 jours ... Etape par étape, je reviens à la nuit !

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1h19 du matin, quand le crépuscule devient aube ... À droite, Vénus !
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à suivre ...



Vidéo #39

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Dernière modification par Hervé27 (27-11-2023 13:48:37)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#364 28-11-2023 00:48:21

Bombadyl
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#694864à suivre ...

On suit toujours !

Merci pour le voyage !


Listes : liste HRP2023

Récits : HRP 2021 -> HRP 2022 -> HRP 2023

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#365 29-11-2023 20:01:58

Etimul
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

On suit toujours mais c'est pas facile.
Il marche trop vite, trop loin, trop longtemps  pouce

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#366 29-11-2023 20:44:06

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#40 lundi 31 juillet 2023
Nesåppigen - Almdalshytta
47km +1061 -1347 12h54 (+pauses 1h39)
Cumul 1598km D+33200m Marche 399h



Vidéo #40

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Une belle nuit sous la tente au pied de la montagne de Nesåpiggen, je peux me réveiller au minuit solaire pour voir le crépuscule devenir l'aube, et revoir enfin un ciel assez sombre pour apercevoir avec Vénus un premier astre autre que le soleil ou la Lune.

Aube ou crépuscule, à 1h du mat' c'est la même chose
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Côté matériel, il semble que mon matelas se dégonfle lentement (le ThermARest NeoAir Uberlite), au point de devoir resouffler un coup dedans en fin de nuit hmm . Si je profite à fond du confort d'un matelas pleine longueur, les matelas gonflables constituent décidément un risque aggravé de fuite sur les longues distances. Il faudra tôt ou tard que j'en revienne au bon vieux matelas mousse indestructible (et comme je sais me contenter d'un confort minimal, je devrais pouvoir faire léger ...).

Pleinement réveillé passé 5h, et après le temps d'un petit déjeuner depuis le fond du duvet (café, chocolat, tortilla au Nugatti, le Nutella local tongue ), je repars à 6h30. Un petit vent s'est levé et des nuages d'altitude défilent.

nuages d'altitude à contre-jour
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Toujours hors sentier et en suivant l'itinéraire gpx que j'avais repéré dans la construction de ma trace prévisionnelle, j'évolue d'abord dans les pentes herbeuses d'un large vallon,  puis remonte facilement au long d'une crête aux rochers arrondis, au bout de laquelle je découvre une vue très dégagée vers de grands lacs en contrebas, et des montagnes basses vers l'horizon. Je suis ici remonté à presque 900m, et je dois ce matin redescendre de ~500m D- dans la vallée de Sanddøldalen où je dois pouvoir croiser un peu de civilisation.

au fil de la crête
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La descente s'engage par des veines rocheuses et des goulets relativement faciles, avant d'enquiller en mode sanglier dans les buissons et arbustes pour atteindre le large lac d'Holmtjønna. Comme je dois quitter la montagne ce matin sans trop savoir ce que me réserve la suite de la journée, tant pour l'itinéraire que pour la météo, je profite que le soleil donne encore pour m'octroyer une courte pause au bord de l'eau clapotante, partiellement abrité du vent un peu désagréable que j'ai subi sur les crêtes. Mes pieds convalescents sont heureux d'évoluer à nouveau dans les Mescalito qui me vont si bien, mais toute aération reste bonne à prendre.

le lac pour ma 1ère pause
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Je descends encore d'un cran vers un nouveau lac, et passe à côté de la cabine de Kviltjønnhytta (hors réseau DNT, il faut la réserver par l'association qui la gère). Idéalement située en bord du lac que je viens de longer, j'y vois du matériel de pêche entreposé sur le perron : je suppose donc qu'il y a des locataires et en l'absence de toute animation, le plus probable est que ça roupille encore (il n'est pas 10h). Je n'essaye donc pas de visiter, sortant à peine de ma pause, et passe mon chemin.

Kviltjønnhytta
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En parlant de chemin, c'est justement là que je commence à en retrouver, avec du marquage et des passages de planches sur les marécages. À un moment ce chemin marqué diverge de ma trace théorique, mais je décide de continuer à le suivre car de toute manière il descend vers la vallée où je sais pouvoir déboucher sur des pistes forestières. Cela doit se valoir en temps de marche, et j'y gagne probablement en confort. Avec la perte d'altitude revient la forêt, mon sentier se fait plus large en épousant une vieille piste revégétalisée, puis rejoint une bonne route de terre.

Après 20 km de hors sentier, ça soulage
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retour à la forêt
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une piste ! Chic, je vais pouvoir marcher vite !
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Je marche ainsi 6 km sur cette route de terre, saluant par 2 fois le conducteur d'un tracteur qui passera dans un sens puis dans l'autre. Vers la fin la piste franchit une large rivière sur un pont de ciment, puis rejoint la route d'asphalte qu'il me faut maintenant suivre sur 4 km de plus. Ces sections monotones cassent un peu les belles ambiances du début de matinée, mais il faut de tout pour faire une traversée : je suis contraint à suivre cette route pour longer le lac infranchissable qui me barre le passage, jusqu'à un pont par-delà lequel je pourrais repartir "dans la verte".

du ciment et de l'asphalte ...
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au bout du pont, la petite aire de repos parfaite pour la pause
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Il y a un gîte et un camping dans le secteur, mais à la mi-journée je n'en ai nul besoin. En revanche j'aimerais bien pouvoir faire une pause confortable, ce que je vais trouver dans un abri d'une petite aire de repos en bord de route, au bout du pont et sur les berges du lac. Il y a là un large auvent de bois, des tables de pique-nique, un bloc toilettes et des conteneurs à poubelle (pas grand'chose à jeter en 24h d'autonomie, mais tous les grammes sont bons à délester). Le vent désagréable est toujours présent, me contraignant à me tenir abrité sous l'auvent mais hélas à l'ombre, alors que j'aurais aimé profiter du soleil. La préoccupation de la charge des batteries est toujours présente, et je tiens le panneau solaire et la powerbank adossées un peu plus loin au tronc d'un arbre pour optimiser l'exposition.

Qui dit vallée, route et habitations dit réseau, et je peux donc réfléchir posément à ce que me réserve la suite de l'itinéraire. Je comprends hélas vite que les "sentiers" de ma trace prévisionnelle ne sont là encore que des directions à suivre sans aucun support sur le terrain. Pire : selon toute vraisemblance j'en ai pour ~60 km et potentiellement pour 2 jours ! J'avoue qu'à cette heure de la journée et après déjà 6 heures de marche, mon envie de retourner patauger hors piste dans les marécages et le nez rivé sur mon GPS est assez limitée. J'explore la carte pour voir s'il ne serait pas possible de faire différemment, mais non : sauf à me taper un immense détour par l'asphalte autour du Parc National de Blåfjella - Skjækerfjella, c'est à l'azimut qu'il me faut repartir pour cette 2ème partie de journée ...

Résultat peut-être de cette faible motivation ma pause dure plus longtemps qu'à l'habitude, et à 14h je me force à reprendre brièvement le bord de route, pour bifurquer dans un "lotissement" de cabines, puis couper à travers bois en tentant de rester aussi près que possible de ma direction GPS ...

retour dans la verte, à l'azimut
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Dans la forêt impossible de prendre un repère lointain pour se guider, et il y a toujours présent le stress de se retrouver peut-être dans des terrains difficilement praticables. Les choses s'améliorent en prenant de l'altitude : les arbres sont plus clairsemés, et des prairies (spongieuses) ouvrent un peu l'horizon et me permettent de tracer une succession de lignes droites au milieu de nulle part.

Preuve que je ne fais pas tout-à-fait n'importe quoi, 2 marcheurs arrivent dans ma direction sur la pente au-dessus de moi, mais prendront une tangente sans que je puisse les "intercepter" sur leur trajectoire. Ils n'avaient peut-être pas comme moi le besoin de parler à quelqu'un ...

Après la montée, j'arrive sur un plateau ondulé autour de 650 - 700m d'altitude où il est beaucoup plus facile de progresser : plus de visibilité d'une part, terrain plus sec d'autre part. Pas de chemin ni de marquage, même si quelques pierres en position inhabituelle pourraient être interprétées comme des cairns. Parfois une illusion de sentier, mais qui ne dure jamais : probablement la trace du passage répétitif des rennes ... Autre occurence encore plus rare quand je trouve des traces de pas, peut-être celles des 2 randonneurs aperçus tout-à-l'heure.

pierre en position inhabituelle. Cairn ou pas cairn, telle est la question ...
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Je suis guidé par le fait que je dois passer entre 2 collines (l'une et l'autre au-dessus de 1000m tout de même), et la navigation se passe finalement bien. De très légères ondées passent, sans que le soleil soit jamais totalement masqué. Je garde un œil derrière moi pour ne pas me faire surprendre par l'arrivée éventuelle d'un grain désagréable, mais l'après-midi se poursuit avec une bonne progression. Je ne fais pas de pause et avec la menace de pluie décide de pousser jusqu'à une cabane sur ma carte, que je n'ai malheureusement pas suffisamment bien référencé pour savoir si elle est DNT ou privée. Si elle n'est pas accessible, je me dis que je pourrai toujours planter la tente à proximité et profiter malgré tout des facilités offertes. C'est de toute façon un passage obligé, puisque c'est là que d'après la carte une unique passerelle permet de traverser la rivière.

Quand j'atteins vers 18h le col que j'ai eu en ligne de mire pendant plusieurs kilomètres, il me faut épouser les lignes de niveau et obliquer vers la droite en restant sur les hauteurs de la vallée de l'Almdalen, qui forme une gorge en contrebas. Sur ma carte l'itinéraire théorique est assez simpliste avec une succession de grandes lignes droites, mais sur un terrain fait de terrasses coincées entre des petites falaises je dois à tout instant prendre garde à mes choix d'itinéraire. Derrière moi le temps s'est chargé et des grains sont lancés à ma poursuite ...

Je dois à un moment rebrousser chemin pour pouvoir trouver un passage scabreux me permettant de descendre d'une terrasse à l'autre, où j'ai aperçu ce qui ressemble à un sentier. Je peux le suivre quelque temps, mais là encore il s'agit plus probablement du passage régulier des rennes, lesquels font d'ailleurs à plusieurs reprises leur apparition sur les flancs de la montagne, gardant bien leurs distances avec le randonneur affamé ...

de terrasse (spongieuse) en terrasse (spongieuse)
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Je finis par me retrouver coincé par des falaises et des éboulis de gros blocs sur ma droite qui m'interdisent de rester en hauteur, contraint de suivre une veine qui me fait descendre vers le torrent que j'aperçois dans le bas de la vallée. Je dois m'y faire mon chemin dans les bouleaux nains, mais finis péniblement par mettre les pieds sur le lit de galets où la rivière coule paresseusement. D'après mon itinéraire théorique j'aurais dû rester en hauteur et ne descendre qu'une fois proche du refuge, et j'ai maintenant ~3km à utiliser le torrent comme chemin.

maintenant obligé de descendre
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Je marche alternativement sur les galets ou dans l'eau peu profonde, et me dis que finalement ça n'est pas si terrible. Là où le torrent se resserre et que le courant se fait plus fort, je peux aller de rocher en rocher sur une rive avant de replonger parfois jusqu'aux cuisses pour retrouver du passage plus facile, sans me rendre immédiatement compte que la gorge se fait plus profonde ... L'heure tourne et j'ai avancé lentement dans les falaises et maintenant au fond de la gorge, il est 20h et bien sûr le temps s'est mis à une petite pluie. On réfléchit mal quand on est fatigué, m'étant focalisé sur atteindre la cabine et la passerelle qui s'y trouve pour franchir la rivière ...

mes vacances les pieds dans l'eau
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Dans une situation de plus en plus inconfortable, tantôt dans le torrent qui se fait plus profond, tantôt à monter / descendre des grands blocs au risque de m'y faire mal, je me dis qu'il est temps d'arrêter les âneries et de réfléchir. Je ne peux pas continuer ainsi le long du torrent et reviens un peu en arrière dans un secteur moins stressant, réalisant alors que puisque j'ai déjà les pieds dans le torrent depuis longtemps, je n'ai peut-être pas besoin d'une passerelle pour le traverser ... Les pentes de l'autre rive sont plus douces, il me suffit de les remonter jusqu'au-dessus de la partie (faiblement) boisée, et de là suivre les lignes de niveau dans les prairies marécageuses. C'est beaucoup plus facile même si c'est toujours fatigant, mais arrivé à hauteur de la cabane je peux redescendre par un très vague semblant de chemin, jusqu'à la fameuse passerelle que je finis par franchir en sens contraire de mon itinéraire.

passerelle à contre-sens
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De retour sur ma rive d'origine j'ai quelques marches pour parvenir à la cabine qui est perchée dans les arbres au-dessus du torrent, et j'y arrive bien fatigué à 21h. Ainsi que je m'y attendais elle est privée et fonctionne avec une boîte à clé dont je n'ai évidemment pas le code. Les abords ne sont pas évidents pour l'installation d'une tente, mais le local à bois et toilettes sèches est accessible. Il n'y a pas d'odeurs désagréables, et sur le sol de planches j'ai assez de place pour dérouler mon couchage, tandis que dehors s'installe une pluie venteuse sous laquelle je n'aurai pas aimé me trouver. Bien sûr j'ai négligé de faire le plein d'eau, et il me faut redescendre les marches pour retourner en chercher au torrent ...

Je me facilite ainsi l'existence à passer une nuit au sec, certes pas luxueuse, mais qui m'économise l'énergie du montage d'un abri, ainsi que pour demain le démontage d'une toile mouillée ... Je ne suis finalement pas si mal, et dormirai très bien dans mon abri de fortune ...

Almdalshytta, verrouillée
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le local à bois / WC où je passe la nuit, confortablement malgré les apparences ...
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et bravo aux courageux suiveurs qui ont tenu 40 épisodes : accrochez-vous encore un peu, plus que 29  ...



Vidéo #40

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
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#367 29-11-2023 21:01:53

Schum
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Inscription : 19-01-2019

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#694966(...)
et bravo aux courageux suiveurs qui ont tenu 40 épisodes : accrochez-vous encore un peu, plus que 29  ...
(...)

C'est un plaisir renouvelé à chacun de tes épisodes  pouce

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#368 29-11-2023 21:11:47

Matt81
Membre
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Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Schum a écrit :

#694967C'est un plaisir renouvelé à chacun de tes épisodes  pouce

+1 pouce

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#369 30-11-2023 00:12:02

perneto
Membre
Inscription : 01-10-2022

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Schum a écrit :

#694967

Hervé27 a écrit :

#694966(...)
et bravo aux courageux suiveurs qui ont tenu 40 épisodes : accrochez-vous encore un peu, plus que 29  ...
(...)

C'est un plaisir renouvelé à chacun de tes épisodes  pouce

Nous sommes nombreux à les attendre avec impatience ! Merci pour ton énorme travail d'écriture.

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#370 30-11-2023 15:20:01

WouinWouin
Membre
Lieu : Soignies
Inscription : 30-03-2021

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

C'est juste magnifique !

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#371 30-11-2023 17:02:16

ASM
Membre
Inscription : 22-09-2016

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#694660

Nayana a écrit :

#694649Salut Hervé, à la lecture des derniers jours j'ai l'impression que tu as un gros coup de fatigue mentale et physique même si tu n'en as pas vraiment conscience sur le terrain. M'est avis que tu as du repartir reboosté après un petit repos en famille et quelques calories engouffrées pour te refaire une santé.

J'attends avec impatience la suite pour savoir si mon ressenti de ton récit rejoint la réalité  wink

Coucou Nayana smile

Oui, c'est vrai : la fatigue s'accumule inévitablement, et comme c'est graduel on ne se rend pas compte qu'elle devient perpétuelle et omniprésente, même aux petits matins où l'on se croit bien reposé et repartir tout frais pour une nouvelle aventure.

Physiquement l'itinérance du marcheur reste très loin des limites de l'organisme : après tout, il y en a qui le font en courant ! Même au bout des journées à 60 km, j'avais confiance en mes jambes et mon souffle pour m'emmener encore un peu plus loin si c'était nécessaire, et ce n'était pas là le plus dur.

Mentalement c'est plus subtil, et plutôt que d'y aller à la volonté et de me forcer à faire ce que je n'aurais plus voulu faire, je m'efforce d'y aller à la motivation en me promettant et m'octroyant des récompenses. Cela signifie que quand je pousse la machine, il doit y avoir quelque chose à la clé, et pas besoin d'aller chercher au-delà de petites choses simples :
- un abri au sec et au chaud
- une baignade dans un lac
- un beau bivouac
- une pause-café confortable
- un repas plus conséquent : à chaque ravitaillement, je prenais ainsi un "real turmat", plat déshydraté plus riche et goûteux que le reste de mes victuailles (mais onéreux à 12-15 € l'unité), et que je réservais au soir de la journée jugée la plus "méritante" de la section
- du repos
- une douche chaude
- la possibilité de rencontres
- EDIT : du chocolat !!!!!!!!
etc.

Ce faisant, mes ressentis au soir des grosses journées étaient plus dans l'euphorie que dans l'épuisement, la joie et la satisfaction primaient sur la fatigue. Avec la volonté on souffre, et sur la distance elle ne peut que faiblir et on finit par craquer. Avec la motivation on se fait plaisir, elle s'auto-entretient et il n'y a virtuellement plus de limites ...

Bon, maintenant que j'ai dit tout ça, je vais pouvoir vous raconter les étapes qui m'ont laissé les souvenirs les plus "galère" ...

Analyse fort intéressante pouce
Je continue à te suivre avec beaucoup d’intérêt.

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#372 30-11-2023 17:44:13

tolliv
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hervé27 a écrit :

#694660Cela signifie que quand je pousse la machine, il doit y avoir quelque chose à la clé, et pas besoin d'aller chercher au-delà de petites choses simples :
- un abri au sec et au chaud
- une baignade dans un lac
- un beau bivouac
- une pause-café confortable
- un repas plus conséquent : à chaque ravitaillement, je prenais ainsi un "real turmat", plat déshydraté plus riche et goûteux que le reste de mes victuailles (mais onéreux à 12-15 € l'unité), et que je réservais au soir de la journée jugée la plus "méritante" de la section
- du repos
- une douche chaude
- la possibilité de rencontres
- finir des parts de pizzas wink
etc.


"La vie est trop courte pour être petite"

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#373 01-12-2023 16:24:15

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#41 mardi 1er août 2023
Almdalshytta-Vaalta (Blåfjella-Skjækerfjella nasjonalpark)
40km +1194 -985 11h30 (+pauses 2h30)
Cumul 1638km D+34400m Marche 411h
Vidéo #41

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Nuit rustique mais abritée et au sec dans le petit local à bois / toilettes sèches du refuge privé d'Almdalshytta, sans odeurs incommodantes (ouf !). Du vent et de la pluie pendant la nuit, et ambiance toujours maussade ce matin avec une pluie fine. Le temps d'une boisson chaude et d'un peu de grignotage en guise de peit-déjeuner, je suis dehors à 6h40 pour la suite des réjouissances ...

L'absence de soleil et l'itinéraire hors-sentier mettent mes batteries en péril, et même si je désactive l'enregistrement de ma trace pour aujourd'hui, ma capacité à disposer d'une cartographie conditionnera mes choix. Si je devais tomber à court, je repère préalablement l'échappatoire dont je pourrais disposer à la mi-journée dans la vallée suivante, avec une route carrossable susceptible de me ramener tôt ou tard vers une prise électrique ...

Je commence par retourner à la passerelle par laquelle je suis arrivé hier soir, au prix de quelques pas laborieux dans les marches aménagées dans la descente raide vers le torrent, avec cependant une section de tuyau d'arrosage accrochée aux arbres en guise de main courante.

retour à la passerelle
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Sur l'autre rive je reprends le semblant de sentier qui remonte la pente, et qui bientôt disparait une fois dépassé le niveau des bouleaux nains. Je retrouve la toundra spongieuse en remontant dans la montagne sous une pluie légère et un peu de vent. Avec la vue qui se dégage je recommence à prendre des azimuts pour rester au plus près de la direction générale indiquée par ma trace. Mes cibles successives peuvent être une petite éminence, un rocher, un buisson ... J'ai ~400m D+ d'ici à un col, juste après un grand lac d'altitude qui aurait peut-être fait un bel environnement de bivouac par beau temps, mais sous ce crachin ma cabane de planches aura été un luxe.

je laisse un temps maussade derrière moi ...
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... mais ce n'est pas  mieux ailleurs ...
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Le lac finit par se révéler après un peu plus d'une heure. Je vois que je dois complétement le contourner pour passer mon petit col, d'abord juste visible sous le plafond nuageux, puis qui disparait dans la pluie.

L'itinéraire numérique me faisait passer au large autour du lac, sans doute pour éviter les parties les plus marécageuses. Je décide de plutôt suivre les berges, ce qui me permet d'arpenter de jolies petites plages et raccourcir la distance. Il me faut bien passer le torrent à gué, mais mes pieds sont déjà mouillés de toute façon ...

tour du lac vers le col juste visible sous le plafond nuageux
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...Coquillages et crustacés ...
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J'ai encore 200m D+ de la rive du lac jusqu'au col, et c'est là que la chape nuageuse va momentanément se déchirer pour laisser passer un bon soleil, idéalement placé puisque m'éclairant de dos et permettant de redonner un peu de charge à ma powerbank. Le plafond nuageux remonte plus vite que moi, et quand j'arrive au col j'y trouve une vue bien dégagée vers l'autre versant. J'ai là tout le programme des prochains jours, avec une succession de collines, lacs, tourbières, rivières, forêts ... à perte de vue !

illusion de soleil ?
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nouveau col, nouvel horizon
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La descente depuis le col est plus profonde et plus raide que la montée, dans un environnement un peu délicat car constitué d'une succession de veines rocheuses arrondies, entrecoupées de goulets plus ou moins profonds. Pour garder ma direction générale il me faudrait prendre ces ondulations rocheuses à la perpendiculaire, mais l'exercice est hasardeux, surtout avec la petite pluie qui revient : glisser sur ces bourrelets de rochers lissés par les glaciers n'est pas une option, et je vais préférer me laisser descendre plus profondément dans le vallon, pour en remonter ensuite sans avoir à prendre de risques inutiles ...

1600 km, le barbu revient de Laponie
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Après mes veines rocheuses ondulantes je remonte sur un nouveau plateau de toundra mi-rocheuse, mi-spongieuse, sur lequel je croise d'innombrables petits lacs. Sous le ciel gris l'ambiance est monotone, voire sinistre ...

Je réalise ici que j'ai laissé passer ce matin la marque symbolique et virtuelle des 1600 km parcourus depuis le Cap Nord, et j'immortalise l'instant avec retard par mon selfie habituel. J'avais d'ailleurs totalement oublié celle des 1500km le jour où j'ai péniblement contourné le Namsvatnet, mais heureusement ma rencontre avec Lilian, marcheur de Hong-Kong sur le Norge På Langs, avait été immortalisée ...

Aujourd'hui ce Norge På Langs devient ma deuxième plus longue traversée (après l'arc alpin en 2021 mais désormais devant le yo-yo pyrénéen de 2022), et devrait prendre dès demain la 1ère place. En durée il faudra encore attendre car je n'en suis qu'au 41ème jour de marche, contre respectivement 50 et 45 ...

Malgré mes jambes fatiguées je continue à avancer, car la pause dans cet environnement serait fraîche et tristounette, d'autant que des grains menacent. Quand la pente s'amorce pour redescendre, je peux apercevoir la large cuvette de Gressåmoen, où je dois trouver quelques bâtiments que je crois alors être une ferme, peut-être gîte. Il y aussi là en bas une piste permettant de redescendre vers les grands axes routiers et ferroviaire qui remontent la Norvège, tout de même à ~25km.

Je redescends donc une nouvelle fois les étages de végétation, jusqu'à me retrouver dans une profonde forêt striée de ruisseaux et torrents. Je dois y faire mon chemin sans repères, dans les hautes herbes, les marécages et les branches basses, en m'efforçant de me rapprocher de la piste que j'ai sur ma carte.

descente dans la cuvette de Gressåmoen, où les grains défilent
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retour dans la brousse
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Je dois pousser sur mes jambes pour longer la grande rivière en fond de vallée en direction du pont que j'ai sur ma carte, et enfin j'arrive à un tronçon de piste qui m'y amène. Il pleuviote et il faut désormais vraiment que je m'arrête, car il y a maintenant 5 heures que je marche sans avoir fait de pause. Je vais voir de l'autre côté du massif pont de bois s'il n'y aurait pas matière à s'abriter dessous, mais non ... Je regarde à nouveau un peu mieux ma carte norvégienne, et elle semble me dire qu'à moins de 200m existe un abri à hauteur du parking terminal de la route. Demi-tour dans cette direction, et effectivement je trouve là une table de pique-nique massive sous un auvent, ainsi que des toilettes sèches et des conteneurs à poubelle. Nulle voiture sur le parking, bien qu'il s'agisse d'une des entrées du Parc National de Blåfjella-Skjækerfjella.

Je m'installe à la table sous l'auvent, bien abrité de la petite averse en cours. Pieds à l'air, je peux y déjeuner avec café puis chocolat chaud, moyennant un aller-retour à la rivière pour y puiser mon eau.

Je dois ici faire le point et me décider : poursuivre encore 20 km en hors sentier sur mon itinéraire prévu, ou bien amorcer un vaste contournement par la route de terre qui démarre ici. Comme déjà indiqué, ma crainte est de me trouver à court de batteries : ce ne serait pas trop grave s'il ne s'agissait que de faire des images, mais pour s'orienter hors sentier ce serait ici mission impossible.

inespéré !
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Comme toujours "the trail provides", et le ciel va se dégager pour laisser passer un beau soleil, dont mon panneau solaire peut profiter dans une parfaite optimisation. Je regagne rapidement les quelques % de batterie dont je craignais qu'ils puissent me manquer avant la fin de la journée. Je laisse durer la pause au-delà d'1heure, et finis par estimer que je peux prendre le risque de me lancer dans le hors sentier qui reste avec les batteries partiellement rechargées dont je dispose.

Juste avant de repartir j'ai entendu des voix venant de l'autre rive, je ne suis probablement pas seul. Je retourne franchir le pont, après lequel je peux suivre un large sentier à l'ancienne, apte à accueillir des carrioles. J'arrive vite à une vaste clairière, au milieu de laquelle sont rassemblés 5 ou 6 bâtiments de bois, autour d'une cour vaguement rectangulaire. C'est là que je rencontre les 2 randonneuses norvégiennes que j'ai dû entendre précédemment, bien surprises de voir un français sur le Norge På Langs, et encore plus par le sac ridiculement petit que j'ai sur le dos ... Elles font un circuit de quelques jours dans le Parc National, et déploient leur vaste carte papier pour échanger avec moi sur l'itinéraire d'où je viens car c'est leur direction.

J'ai eu bien tort de ne pas pousser jusqu'ici pour ma pause, car non seulement le site est très joli, mais constitue un monument classé. Il s'agit d'un ancien relais de poste, très bien entretenu. Il doit certainement être possible de le louer comme gîte car les intérieurs que je peux voir par les fenêtres sont meublés. Une cabane en rondins, rustique mais pratique, reste accessible en toutes circonstances pour abriter le randonneur de passage.

bel ouvrage, je n'en demandais pas tant !
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l'antique relais de poste de Gressåmoen
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Après les quelques instants de discussion avec mes 2 norvégiennes, je repars m'enfoncer au fond des bois, cette fois par un agréable sentier dans les sapins. Je peux y apercevoir encore quelques vieilles cabanes, toujours solides malgré leur âge évident. Le fléchage me mène jusqu'à ré-entrer dans le Parc national dont je n'avais pas réalisé que je l'avais momentanément quitté. Trop heureux d'avoir un sentier sous mes pieds, je le suis en remontant un vallon, jusqu'à ce qu'il s'estompe et que je redécouvre les joies de l'azimut ... Le ciel s'assombrit de nouveau et la pluie reprend, me contraignant à reconfigurer et à enfiler ma veste de pluie.

au fond des bois ...
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retour au Parc National de Blåfjella-Skjækerfjella, section de Gressåmoen ... et bientôt la fin du sentier
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Ainsi que j'en ai maintenant l'habitude, je ré-émerge progressivement de la forêt pour revenir dans les tourbières, sur lesquelles je "tire des bords" pour naviguer sans m'enfoncer en direction de la hauteur. La pluie n'a été que passagère et je dois déjà retirer la veste de pluie pour ne pas étouffer sous le soleil revenu, et une fois sur le plateau j'ondule d'un petit lac à l'autre, tantôt sur les rochers, tantôt sur la végétation rase. J'ai un petit peu de vent pour écarter les moustiques, toujours présents mais qui se raréfient de jour en jour.

Je refais une nouvelle pause à 15h30, profitant du soleil toujours présent et essayant encore une fois d'optimiser la charge. Même si par souci d'économie je m'efforce de limiter ma consultation du GPS, je dois perpétuellement y revenir pour corriger mes trajectoires et rester autant que possible fidèle au cap.

un rayon de soleil ?
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Je prends !
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À la fin de cette pause s'engage mon "trip du soir" traditionnel, mon objectif étant de ne pas m'arrêter avant d'avoir fait ma jonction avec le prochain vrai sentier balisé. Je marche dans de belles lumières, la toundra du plateau prenant des couleurs nouvelles avec l'avancée de l'été, s'enrichissant désormais des touches violacées des bruyères. J'ai maintenant attaqué le mois d'août, et à ces latitudes l'automne arrive vite ...

choses vues au fil d'une longue marche
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1er août : les couleurs changent ... Déjà ?
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Vers 18h j'arrive aux abords d'une large dépression occupée par un lac aux rives basses, parsemé d'îlots. De grands pins émergent isolément des buissons courts, come s'ils étaient les derniers survivants d'une forêt plus épaisse maintenant décimée. Je dois atteindre un large col au bout de cette dépression, en m'efforçant de rester à peu près à niveau dans la faible pente. Ma perception des distances est trompeuse, et ma traversée de cet espace va s'avérer interminable, la fatigue des longues heures hors sentier venant désormais présenter leur facture.

Durant cette traversée je vois arriver un lourd nuage déversant ses grains sur son passage, et crois même entendre quelques lointains grondements de tonnerre. Je reconfigure ma tenue et remets l'électronique à l'abri, prêt à me faire saucer, mais je ne reçois rien d'autre qu'une pluie légère que mon léger coupe-vent aurait suffi à contenir.

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c'est pas tout ça, mais le soir arrive ...
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L'environnement spongieux ne se prête pas au bivouac, pour lequel il me faut sans doute revenir un peu en altitude. Le "col"  que je visais est en réalité une cuvette marécageuse dont je ressors les pieds trempés (mais, bon, ils étaient déjà mouillés avant ...), et le petit dénivelé qu'il me faut franchir pour en ressortir est bien pénible pour mes muscles fatigués.

Depuis un moment déjà, je ne cesse de me pencher vers le sol pour collecter les mûres arctiques bien charnues qui se livrent à ma gourmandise coupable : elles m'apportent un peu de réconfort et d'énergie, mais entravent le maintien de la vitesse de croisière ...

éléments retardateurs
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De nouveau sur la hauteur, je peux enfin apercevoir le petit lac contorsionné au-delà duquel je dois pouvoir retrouver le sentier tant espéré. Il est 20h30 quand enfin j'y arrive, heureux de pouvoir poser les pieds sur un itinéraire piétiné, encadré par des alignements de piquets pour n'avoir plus à réfléchir à ma direction ... Il n'est cependant pas question pour d'aller plus loin ce soir, je suis rincé ! Par souci d'économie de batteries je n'ai pour l'essentiel pas enregistré ma trace : il est probable que les 40km mesurés à main levée sont une sous-estimation du total réel de la journée ...

Prêt à prendre le moindre spot de bivouac, je me rabats sur un mamelon moussu approximativement plat, mais où le rocher n'est pas loin sous la fine couche de terre sableuse. L'ancrage des piquets n'est pas idéal, et je passe un moment à collecter quelques rares grosses pierres pour consolider le Pioulou dans le vent toujours à craindre sur ces surfaces exposées.

J'ai le lac non loin pour aller prélever de l'eau que je filtre soigneusement, histoire de ne pas ingurgiter les larves de moustiques qui doivent y nager avec bonheur ... J'ai au moins de belles lumières dans le couchant, et c'est bien fatigué par cette enfilade de journées hors sentier que je me glisse au fond du duvet. Je sais au moins que, demain, j'aurai un chemin sous les pieds !

terre promise : derrière le lac, un sentier !
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mais, je te le dis, je n'irai pas plus loin ...
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à suivre ...

...et encore merci aux suiveurs attentifs et attentionnés calin !
Votre présence à chaque récit n'est pas la moindre de mes motivations, que ce soit avant, pendant ou après mon itinérance estivale annuelle. Je n'imagine pas la rando sans récit, et il n'y a pas de récit sans lecteurs !


Vidéo #41

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#374 01-12-2023 17:14:27

pepecoulon
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Lecteur fidèle en ces temps de pluie chez nous, je suis impressionné par ce trek
quelle force physique et morale pour l'accomplir !
et quel compte rendu détaillé accompagné de belles photos !
Chapeau bas !

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#375 01-12-2023 19:33:07

brons07
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bonsoir,
toujours là aussi...
Quelle histoire!

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