[Récit + liste] 4J autour des lacs de Luz, Gèdre, Gavarnie... (HP)

moby59 · 15-09-2023 11:07:04

L’idée du projet :
faire une boucle de 4 jours dans les Pyrénées sur une partie que je ne connaissais pas trop du Parc National, la partie entre l'est du lac de Gaube et la vallée de la route Luz-Pragnères-Gèdre-Gavarnie.
J'ai eu une modification d'emploi du temps un peu au dernier moment, donc ça a tout chamboulé mon parcours, avec malgré tout au passage 4 jours au lieu de 3 prévus initialement (cool). J'ai donc un peu à l'arrache sur la fin essayé de faire une double boucle en 8 avec repassage à la voiture (c'était relativement logique) pour ravitailler (et porter moins lourd). Au final la 2è partie de la boucle a été tronquée pour cause de mauvaise météo prévue, et surtout de projet trop ambitieux.
J'aime bien ces lieux pleins de lacs, parce qu'il y a plein d'eau pour ravitailler. Ça fait la seconde fois que je n'arrive pas à faire une boucle plus à l'ouest dans les Pyrénées Atlantiques du côté des Aldudes pour cause de "pas envie de porter 2 jours d'eau d'un coup" (il y a peut-être des solutions |autre que redescendre en fond de valée] mais je n'ai pas eu suffisamment de temps pour creuser).

Parcours prévisionnel :
https://www.visugpx.com/JRvnbr9kS3

Parcours réalisé :
https://www.visugpx.com/Sg7UhREJ2Z

Liste :
https://lighterpack.com/r/if49ak
(à peu près, notamment la nourriture qui inclue les 4 jours)
Poids du sac au départ avec 1L d'eau et la nourriture pour les 2 premiers jours : 8 kg tout rond.

Albums photos :
J1 : https://www.randonner-leger.org/forum/u … =88CJJMnSD
J2 : https://www.randonner-leger.org/forum/u … =88E79Y4qd
J3 : https://www.randonner-leger.org/forum/u … =88FGTbSE2
J4 : https://www.randonner-leger.org/forum/u … =88HtWtq9s
Je n'ai finalement pas forcément intégré 100% des photos de l'album dans le récit pour ne pas (trop) surcharger.

Dernière modification par moby59 (19-09-2023 17:33:36)

karibou31 · 15-09-2023 11:17:13

moby59 · 15-09-2023 11:34:56

Jour 1 :

Je me réveille à 6h, avant le réveil bien sûr. Je me lève dans la foulée, prépare rapidement mes affaires... enfin finit de préparer (ne pas oublier la pâte d'amandes dans le frigo, les bâtons et les chaussures de marche !). Hop en voiture, direction les Pyrénées. A peu près 4h30 plus tard j'arrive sur le parking des Granges de Bué. Je mets le sac à dos, tout est prêt, je ferme la voiture et c'est parti. Comme souvent les premières minutes sont assez intenses, ça monte forcément vu que le parking est au plus bas… ou au plus haut possible du bas selon comment on considère les choses, et en plus il fait un super soleil donc j'ai bien chaud. Il est 12h45 quand je suis parti, et je grimpe. Rien de particulier, c'est plutôt sympa, herbeux, un joli sentier bien lisible, une super cascade...

De l'eau à profusion, j'adore !

Je découvre le lac de Cestrède et sa vallée magnifique. quelques touristes profitent du lac qui semble un agréable rafraichissement en ce samedi après midi.
J'entame ensuite l'ascension pour rejoindre le col de Mahl Arrouy. Là c'est tout de suite plus minéral et finir en pierrier, ça glisse un peu, c'est pas évident, mais je me débrouille pas trop mal (Arrouy ). Une fois en haut... ben la même chose mais dans l'autre sens, donc ça descend, un poil moins glissant mais c'est quand même du bon pierrier classique, sans trace.
Je profite de la montre avec la trace enregistrée qui me rappelle à l'ordre quand je m'éloigne un peu trop. Je me fais la remarque que ok, d'accord, peut-être que lorsqu'on utilise le suivi de la trace, notamment avec un niveau de zoom élevé sur l'écran, on a tendance à plus suivre ce que le montre dit que son bon sens, à faire un peu moins attention au prochain point à viser et juste suivre bêtement ce qui est dit par le GPS. Dans la majorité des cas c'est tout à fait pertinent, notamment lorsqu'on est sur un bon gros GR bien balisé, mais sur la traversée d'un pierrier, parfois il y a une trace réellement logique, mais généralement c'est plutôt "ben faut aller de l'autre côté" (ou "en bas") et tu fais comme tu peux. Bref dans certaines situations je me trouve un peu ridicule à chercher en permanence un signe de "chemin" cohérent avec ce que la montre indique (des cailloux dans une position qui montre qu'ils ont été régulièrement foulés par exemple) alors qu'il n'y a rien à chercher et que le gars qui a tracé le chemin sur la carte il a fait un trait pour dire "en gros faut aller de là à là". Mais bon, pour avoir eu l'expérience inverse, à savoir me dire d'y aller au juger en supposant que "ça passe par là" et finalement être du mauvais côté d'une crête, c'est quand même un confort bien appréciable que d'avoir sa position instantanément sur une carte et dans quelle direction et à quelle distance est le chemin sur lequel on devrait être. Je pense que l'idéal est de trouver le bon niveau de zoom et pour ne pas passer son temps à se dire ah je suis trop à gauche, à maintenant trop à droite, alors qu'on a bougé de 5 mètres !

Premier ravitaillement en eau, je sors ma poche Sawyer, le filtre, hop je commence à transvaser dans ma petite bouteille de 50cL… et… rien ne sort. Ah… autant j'ai retesté mon réchaud à alcool avant de partir, autant le filtre, je l'avais à priori bien back-flushé et laissé sécher après ma dernière rando… oups !
J'appuie un peu plus fort sur la poche… et vous connaissez la réputation des poches Sawyer… *pouf* elle se met à fuir, d'abord d'un côté, que j'essaye de colmater entre le pouce et l'index, puis de l'autre… bref c'est mort !
J'ai bien fait d'emporter une bouteille d'un litre également. Je la condamne donc en "eau sale" et je tente le process hautement discutable mais pas pire que de boire directement l'eau du ruisseau : je fais du va et vient entre la bouteille d'eau "sale" vers "propre" et "propre" vers sale (donc en faisant un back-flush avec l'eau fraichement filtrée). Petit à petit je récupère du débit et je peux remplir mes 50cL d'eau propre. Ouf !

Alors que j'ai bien bien amorcé ma descente, la montre couine pour me dire "alerte tempête". Alors j'avais regardé la météo avant de partir, globalement les 2 jours qui venaient c'était grand soleil, et c'était bien plus tard les problèmes de météo, et surtout qu'en haut, juste au niveau du col j'ai fait un rafraîchissement des données car il y avait un peu de réseau, donc j'ai pu voir que la météo n'avait pas évoluée, donc je suis un peu perplexe. Je me dis tiens est-ce que c'est le fait descendre rapidement d'un seul coup, ça fait une variation importante et rapide de pression, que la montre interprète mal. Je trouve ça un peu bizarre quand même, car avec le GPS, le thermomètre, le baromètre, elle sait à quelle altitude elle est, et elle devrait compenser sans souci. Bref je ne m'inquiète pas plus que ça.

Je descends vers le lac de Mahl Arrouy, et puis comme j'ai encore un petit peu de jus et que demain la journée et s'annonce très longue avec une trentaine de kilomètres, et 1000m de dénivelé positif, je me dis que je vais essayer d'aller le plus loin possible sur les trois ou quatre petits lacs du coin. Sachant que j'avais regardé un peu les vues aériennes et que tout avait l'air bivouacable sans trop de souci. Donc je continue le plus loin possible avec des petits passages assez sympa. C'est le terrain j'aime bien, c'est à dire la montagne avec des lacs et où tout est recouvert d'herbe, c'est vert et pas trop minéral, et ça fait vraiment de jolies couleurs avec l'automne qui arrive, on a encore du vert mais aussi du jaune, bref c'est superbe.
Je m'approche du dernier lac possible, le lac Couy et je trouve plusieurs endroits bivouacables, avec des gros cailloux tout autour, qui les matérialisent bien, c'est parfait. Je choisit celui qui a la vue sur le lac et non pas ceux trop en retrait protégés du vent, puisque globalement il y a ni vent ni pluie ni orage, bref rien de méchant d'annoncé donc je serai bien au bord de l'eau. J'ai même hésité à monter la tente, mais je me suis dit que - quand même - si jamais y avait un changement de météo je préférais avoir un toit et éventuellement dormir avec les portes de la tente ouvertes plutôt qu'au milieu de la nuit si ça se mettait à pleuvoir devoir monter la tente en catastrophe dans le noir avec tout qui se trempe à vitesse grand V.
Je ne sais pas pourquoi, je me suis loupé dans le montage, j'ai confondu un des points d'ancrage entre un coin et un côté, donc elle est toute de traviole, j'essaie de la remettre mieux sans tout démonter et repartir de zéro. Économie de bout de chandelle, pfff ! Je passe une demi-heure pour monter une pauvre tente, et le résultat n'est pas terrible, mais bon, là encore, vu la météo c'est pas un problème.

Je profite du lac pour faire un brin de toilette puis je fais mon petit dîner tranquille avec mes traditionnelles protéines de soja texturées+bouillon kub+semoule aux épices (et des petits gâteaux gouter Gerblé en dessert).
Ensuite, comme je suis bien claqué parce que finalement j'ai fait quasiment 1500m dénivelé positif, je me lave les dents et me couche directement dans la foulée, il doit être 21h quand je mets le loup et les bouchons pour passer en mode nuit... et quelques de dizaines ne minutes plus tard, je ne suis pas encore endormi, mais j'entends le grondement de l'orage et puis je vois des petits flashes aussi même à travers le loup. Mmmh pas très rassurant ça. Bon finalement c'est loin. Enfin au début. Puis l'orage se rapproche et il se met à pleuvoir !
Je suis bien content d'être dans ma tente, et c'était une bonne idée de l'avoir montée. Donc peut-être que l'alerte tempête était assez pertinente en réalité !
Malgré tout ça passe rapidement, je ne prends jamais vraiment l'orage pleinement sur la tronche, il doit être dans une vallée à côté. Par contre la petite pluie fine + le vent qui s'est levé au passage, j'ai le droit à un brumisateur sur le visage, c'est pas super rassurant. J'essaye de trouver la place optimale dans la tente et finit par m'endormir.

10.9 km
1407m de D+
3h47

Dernière modification par moby59 (21-09-2023 09:07:29)

karibou31 · 15-09-2023 14:35:53

Top !
J'ai déjà eu cette alerte tempête sur la montre alors qu'il n'y avait rien dans le ciel, je n'ai pas pris le temps de fouiller mais je crois que c'était lié à un changement rapide de pression, si tu es monté vite ou un truc du style.. mais bon, je ne suis pas spécialiste météo

Je suis soulagé de voir qu'il n'y a pas que moi qui utilise des boule-quiès malgré le fait que ça ne soit pas forcément bien vu ici

moby59 · 15-09-2023 14:46:31

karibou31 a écrit :

#690733Top !
Je suis soulagé de voir qu'il n'y a pas que moi qui utilise des boule-quiès malgré le fait que ça ne soit pas forcément bien vu ici

J'ai le sommeil trop sensible et j'ai trop besoin de récupérer pour ne pas en mettre. Je pense qu'on est tous très différents sur ce point, mais personnellement j'ai l'oreille très fine et donc les moindres bruissements me tiennent en alerte. C'est pratique quand on est un homme préhistorique, nettement moins quand on ne dort pas à cause de la petite brindille qui frotte sur la tente.
Mon avis perso sur le sujet c'est : si c'est un bruit qui risque vraiment de me mettre en danger, il sera probablement très fort, et même avec les bouchons ça me réveillera. Il peut aussi être associé à d'autre stimuli (si la tente s'arrache sans bruit je pense que je le sentirai ) et quand je mets mon loup et mes bouchons c'est pour dormir, et non plus pour profiter du monde qui m'entoure.

Pour l'aspect "dans la nature", je reprendrai (en paraphrasant) une petite phrase de Matthew Walker (spécialiste du sommeil) : quand on dort justement on n'est pas là pour être en contact avec l'extérieur, donc ce qu'il y a autour on s'en fout, on dort. Par contre on peut être attentif aux deux extrémités (endormissement et réveil), ce sont les seuls qui comptent.*

* Il fait référence au fait de dormir dans le même lit que son conjoint en en supportant les inconvénients (mouvements, bruits...) et au fait que d'un point de vue de la récupération via le sommeil pur on est BIEN MIEUX à dormir tout seul. Bref, le choix de faire lit ou chambre à part peut être pertinent de ce point de vue là, en focalisant son attention ensuite sur les rituels de coucher et de réveil pour profiter de ces chouettes moments avec son ou sa partenaire.

Dernière modification par moby59 (15-09-2023 14:52:02)

karibou31 · 15-09-2023 14:47:32

Je suis complètement dans le même cas.. et d'accord du coup ! Même si j'ai réussi à m'en passer sur mes dernières randos.

moby59 · 16-09-2023 08:05:12

jour 2 :
Quelle nuit ! Il y a finalement eu 2 orages, un au moment du coucher et le second vers 4 ou 5h du matin, c'était très agréable ! Heureusement qu'ils annonçaient une nuit claire !!! Bien, merci Météoblue, un gros loupé. Mes affaires sont sèches, mais j'ai donc pris un peu les embruns et surtout comme j'avais assez mal monté la tente, j'ai une poche d'eau dans un coin, genre 2-3 litres de flotte qui se sont accumulés. S'il avait plu plus copieusement, il y a un moment où il se serait passé quelque chose de pas cool, genre toit qui s'écrase sur mon duvet ou poche qui se vide copieusement dans mes affaires...
Bref, ce matin il fait quand même beau, le ciel est totalement dégagé, et je prends mon petit dej tranquille en regardant la lueur s'éclaircir, il est 6h30, le soleil ne se lève pas avant une heure je crois, donc j'ai le temps de faire mes petites activités matinales tranquillement. J'en profite – comme à mon habitude – pour faire tout un paquet de photos. Le lac est magnifique, même s'il n'est pas encore éclairé par le soleil à cause des montagnes imposantes autour. C'est un classique. Ça me laisse du temps pour replier mon bardas en profitant de l'évolution des couleurs.
Ce matin je grimpe donc en direction du lac Glacé. Au bout de quelques minutes, sur une hauteur je vois un autre randonneur qui a bivouaqué entre les deux lacs. Je lui demande si lui aussi a été surpris par la météo, et il me confirme que de son côté également il n'y avait rien de prévu, pas d'orages annoncés. Il était d'ailleurs un peu traumatisé puisqu'il avait déjà fait un bivouac vraiment sous un très gros orage et il avait passé une nuit affreuse. Cette nuit il a eu très peur de revivre la même chose. Heureusement les orages étaient beaucoup plus éloignés et on n'a pas été vraiment trop embêtés. On se fait d'ailleurs mutuellement la remarque que les meilleurs coins pour bivouaquer, les endroits vraiment plats, sont souvent dans une petite cuvette, il y a une belle herbe bien verte, accueillante,… et en même temps c'est le pire endroit pour bivouaquer en cas de grosse pluie puisque c'est bien évidemment là que se formera un nouveau petit lac. On n'a pas eu ça à craindre cette nuit, mais c'est un grand classique.

Je poursuis mon ascension, et très vite je rejoins le col des Gentianes, et ensuite ça n'est que de la descente. Je profite d'un ensemble de ruisseaux qui se regroupent et d'un seul coup un peu plus bas c'est l'affluence. Certes il y a le refuge de Baysselance perché un peu plus, mais ce sont surtout des marcheurs venus passer la journée dans la vallée des Oulettes d'Ossoue par cette belle journée sans pluie ni orage (non toujours pas). Pas mal d'Espagnols aussi, certains viennent faire le Vignemale, ce qui est tout à fait logique (je visualisais surtout l'accès par le nord via le lac de Gaube, mais c'est plus direct ainsi). Je profite d'être planqué au milieu d'un paragraphe pour essayer de voir si je ne suis pas tout seul à avoir ce gros cliché, mais pour l'instant j'ai 100% de réussite (confirmé par l'accent du traditionnel bonjour/buenos dias/buenas "de quand on se croise"… : quand je vois un randonneur avec un t-shirt d'un genre de vert pomme Grany Smith, c'est toujours un ou une Espagnol(e). Alors il y a peut-être un semblant de logique car j'ai vu certains de ces t-shirts brodés avec ce qui me semblait être le nom d'une association de randonneurs ou quelque chose du genre, mais pas systématiquement. Il y a un truc que j'aurai loupé ? C'est une couleur officielle ? Mais bon, c'est peut-être un hasard.

Bref. Aujourd'hui, sans le savoir, c'est ma journée "misogi", non rien à voir avec misogyne, c'est une expression japonaise, vous vous renseignerez sur le terme si vous voulez, c'est passionnant, mais dans mon cas c'est un truchement de hasard entre ce que j'ai entrepris de faire et le bouquin que je viens de commencer (après avoir planifié mon trajet) : "The Comfort Crisis" de Michael Easter. L'idée c'est de faire quelque chose pour se pousser un peu aux fesses et sortir notablement de sa zone de confort, avec quand même un minimum de cadre pour assurer sa sécurité (ne pas mourir). En général ma rando solo annuelle est déjà un peu comme ça naturellement, parce que je veux aller à plein d'endroits différents et que je n'ai que peu de temps, mais là j'ai un peu tiré sur la corde, j'ai 30km à faire avec 1000m de D+ et au moins le double en D-. Ca fera peut-être sourire certains qui font 50 bornes par jour et 3000m de D+ (j'ai toujours en tête le récit "aux limites de la marche" de GrandeLoutre https://www.randonner-leger.org/forum/v … ?id=36356), mais par rapport à mes capacités physiques actuelles, 30 bornes c'est mon propre "aux limites de ma marche à moi". Vous allez vous marrer, mais c'est une fois de retour chez moi à triturer mes GPX dans visugpx que je me rends compte qu'à force de faire et refaire mes itinéraires je me suis planté en oubliant de forcer un point de passage dans Brouter lorsque j'ai créé mes trajets… et je me suis rajouté 2 bons kilomètres (et 50m de D+).
Bref 30 bornes c'est un peu extrême pour moi, c'est quasi 2 fois mon record précédent (17 km) et c'était avec moins de 600m de D+. Donc j'ai un peu prévu de pousser la machine aujourd'hui, on verra bien comment ça se passe. J'ai du temps car à l'arrivée j'ai ma voiture dans laquelle bivouaquer, avec de l'eau, à manger, des fringues, pas de tente à monter, … donc même si ça me prend 10 heures c'est pas trop grave.

En tout cas côté paysages, une chose est sûre, c'est magnifique. Le soleil est bien présent maintenant, il y a des cours d'eau partout, des cascades… le chemin est bien marqué, c'est un GR, c'est royal. Tu mets ton cerveau en mode off, tu peux te perdre dans tes pensées, et ça a du bon par moments.

Par contre, en terme de monde, ça augmente petit à petit. Plus je descend plus je rencontre de monde. Et en arrivant au barrage d'Ossoue, c'est carrément les touristes, pas du tout marcheurs, qui viennent profiter d'un dimanche au soleil, c'est une ambiance totalement différente, plus proche de la plage au mois d'août (trouver un coin pour poser sa serviette pour aller se baigner dans le lac du barrage). J'ai malgré tout la chance de voir plusieurs fois des marmottes, ça c'est très agréable. Il suffit de quelques moments sans personne, et hop une petite tête apparaît. On entend aussi les sifflements partout, et ça c'est quand même assez magique quand on n'est pas du coin. Après le barrage c'est dans ma tête un espèce de changement, je quitte la partie montagne à proprement parler pour un chemin carrossable et j'en ai pour un paquet de kilomètres car il doit encore me rester une vingtaine de kilomètres à faire. Et là vu qu'il est déjà 11h30, je me dis que ça va être long !
En effet ça commence par un joli tronçon de chemin large, pas trop de voitures car soit les gens sont déjà arrivés soit pas encore repartis, il doivent être en train de préparer leur pique-nique. Et moi je suis en plein cagnard et je dois continuer à tracer si je veux arriver avant la nuit. Pas trop de plan B possible.
Ensuite le chemin reprend un peu d'altitude, c'est le GR 10 et là nouvelle blagounette, juste au moment où je passe sous les énormes pylônes de la ligne super méga haute tension, hop la montre se met à bipper : alerte tempête ! Bien bien bien, j'en fais quoi de cette info moi. Le capteur a été perturbé par le rayonnement électromagnétique des lignes ? Ou il y a vraiment un truc ? J'ai du réseau, la météo fraîchement à jour indique un soleil pour les 24 prochaines heures !

Je profite d'une vue magnifique sur le cirque de Gavarnie, tout entier, c'est juste exceptionnel ! On voit la grande cascade en arrière plan, j'ai les petites maisons blanches du village au soleil, c'est vraiment super beau.

Par contre avec cette petite côte en plein soleil je commence à être bien claqué, j'ai besoin de faire une pause. Je me suis alimenté régulièrement tout au long de la matinée, mais j'ai mon houmous à réhydrater, et pour ça il faut que je m'arrête et m'assoie, donc ça m'offre un peu une excuse pour me poser. Il est 13h30, c'est largement temps.
En effet le ciel se voile, rien de catastrophique, mais ça m'inquiète un peu.
J'étends quand même ma tente humide et aère mes pieds le temps que mes flocons de houmous boivent un peu. Je le déguste ensuite avec 3 crackers, et je m'arrête là pour ne pas surcharger mes fragiles intestins.

Le temps se maintien, je reprends ma route. Il fait un peu moins chaud, j'ai moins besoin de la capuche du t-shirt, c'est pas désagréable.

Je rejoins une petite route sur les hauteurs de Gèdre, et cette route je vais la suivre pendant un paquet de kilomètres. Je suis perdu dans mes pensées, parce qu'à un moment j'ai un flash qui me revient : il y a une dizaine d'années j'ai fait du couchsurfing avec ma compagne et mon fils qui avait tout juste 6 mois et l'endroit où on était c'était une bergerie qui était en train d'être retapée. C'était plus proche du taudis que de la bergerie au moment où on y était, mais c'était pas grave, c'était quand même très sympa et c'était sur les hauteurs de Pragnère, je me souviens de l'épingle à cheveux par laquelle on y accédait, il fallait encore marcher 500m dans la forêt sur un chemin instable, passer un gué (le pont avait été emporté l'hiver précédent) avant de pouvoir enfin accéder à cette bergerie, et là où c'est très drôle c'est qu'il y a quelques semaines j'ai reçu un texto d'une personne, avec son nom et son prénom, et c'était un envoi en erreur, ça ne m'était pas destiné… mais pourtant j'avais les coordonnées de cet expéditeur dans mon téléphone. Et impossible de me rappeler c'était qui cette personne. Un collègue éloigné d'un ancien boulot ? Un stagiaire ?
Et là *ping* les neurones se connectent : c'était lui, le gars qui nous a hébergé cette nuit là !
Donc au moins sur cette longue route – fort jolie avec une vue bien dégagée sur la vallée la majeure partie du temps – ça me permet à chaque épingle à cheveux de me dire "attends, est-ce que c'était là ?" "est-ce que c'était vraiment cette route d'ailleurs ?" "Ça ressemble beaucoup... mais non". Ça aide à faire passer le temps, parce qu'on ne va pas se mentir c'était un peu longuet. Surtout que la montre indique encore un paquet de kilomètres à faire, et ça m'inquiète un peu. Je sens que ça chauffe un peu sous les pieds, et à la reprise après ma pause ce midi j'ai eu des tensions au niveau des fessiers, qui reviennent de temps en temps... ce qui m'a rappelé quelques souvenirs d'une rando il y a quelques années et c'était pas un souvenir génial.

Comme j'ai toujours du réseau, j'en profite pour échanger quelques photos et messages avec la famille et continuer à mettre à jour la météo. Et même si aujourd'hui c'est toujours parfait, la suite va s'annoncer compliquée. Normalement demain et après-demain le programme était assez intensif : j'avais prévu une dizaine de km et 2000m de D+ demain et 26km pour 1000m de D+ et 2000 de D- après-demain, sachant qu'ensuite je dois encore rentrer chez moi, donc 4h30 de voiture. Quand je vois le temps qu'il m'a fallu pour faire "pas encore" mes 30 km je me dis que ça va être compliqué parce qu'en plus ils annoncent une météo assez pourrie. Bref je commence dans ma tête à essayer de prévoir d'autres alternatives, c'est un peu compliqué en marchant et je me dis que je pourrais faire des essais de route dans OSMAnd quand je serai arrivé à la voiture, mais alors je n'aurai plus de réseau. Pas évident.
Les 8 derniers kilomètres sont longs, les 4 derniers sont en montée, puisqu'après avoir descendu quasiment tout au fond de la vallée jusqu'à Saussa Débat je remonte et rejoins d'ailleurs le chemin carrossable par lequel je suis arrivé en voiture Hier midi.

Une fois à la voiture...rhaaaaaa… globalement je suis claqué. J'ai donc fait 30 km, j'ai 36 000 pas à mon actif d'après la montre. C'est… trop… J'ai réussi, je suis content, mais j'ai un peu trop tiré sur la corde et ça m'inquiète un peu pour demain. Je ne me vois clairement pas faire 2000m de D+ sous la pluie. Je replanifie donc tranquillement dans la voiture un programme alternatif.

L'avantage c'est que je suis juste à côté d'un gros ruisseau et donc je peux en profiter pour me décrasser. J'ai bien transpiré aujourd'hui et ça me fait un bien fou. La force du débit rend l'eau moins froide (ouais c'est ma vision de la physique et je la partage avec moi-même). Bref je ne suis pas obligé de ressortir les pieds au bout de 15 secondes avec l'impression de perdre mes orteils. Il y a du soleil, je suis abrité du vent, c'est donc un vrai bonheur.

Dans ma voiture, c'est grand luxe. D'habitude je m'embête avec mon réchaud à alcool. Je sais que vous êtes des grands fans de mes photos de malade avec mon réchaud à côté de plein de chose inflammables, mais cette fois, niet, j'ai pris mon réchaud à gaz. Je ne sais même pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant, c'est tellement plus pratique !
J'ai aussi des vêtements propres, de la nourriture, des powerbank… C'est un gros bazar entre ce que je peux remettre directement dans le sac, ce qui n'attendra que demain, ce qui restera dans la voiture… j'espère que je n’oublierai rien en partant demain.

J'ai donc validé un nouvel itinéraire pour aller aux lacs de Litouèse et Bastampe. Ca me fera une dizaine de kilomètres et 1000m de D+ C'est pas mal, ça me semble adapté au combo météo+fatigue, et retour par la même route le lendemain. D'habitude je ne fais jamais ça, je fais toujours des boucles, mais là je ne vois pas trop comment faire autrement et c'est aussi plus sage car ça sera aussi l'occasion d'aller valider un sentier qui n'était pas sur OSM jusqu'à présent, que j'ai repéré comme potentiellement faisable sur les vues aériennes, qui m'a été indiqué comment probablement ok. Mais au moins j'aurai une trace GPS exacte et je pourrai valider la création du chemin dans OSM. Quand je peux j'aime bien participer à ce projet.

Étonnamment je réussit à créer ce tracé dans OSMAnd (heureusement que j'avais ajouté le chemin "probable" dans la carte avant de partir), à l'exporter en GPX, et - via l'application Garmin Explore – à la transférer sur la montre SANS connexion internet, et ça marche du premier coup. Je m'attendais à plus galérer, mais c'est plutôt agréable. Bref j'ai mon itinéraire sur la montre, je peux me coucher l'esprit tranquille.
Il n'est même pas 21h, je suis vraiment claqué, et je m'allonge. Je pensais bouquiner un peu, mais je n'ai même pas la force. Bon comme prévu, le grand classique du duvet à plume me frappe (de nouveau) : quand on dort dans un endroit où il fait plutôt chaud… on crève de chaud. Je dors en caleçon et donc le tissu colle à la peau des jambes, me fait transpirer, et donc c'est assez naze. Je passe mon temps à soit tout retirer – et comme j'ai transpiré avant je me caille – donc après je remets le duvet, et donc je crève de chaud et ainsi de suite.

Heureusement la solution arrive au milieu de la nuit sous forme de… pluie et orage. 2è loupé météo. Ça n'était absolument pas prévu cette nuit, et de nouveau je me prends la pluie. Alors je n'ai pas les embruns sur le visage, mais par contre, il faut qu'en urgence je ferme la fenêtre opposée du côté où je dors, que j'ai laissée un peu entrouverte, et par laquelle la pluie rentre vraiment massivement partout. Vive les vitres électriques : retrouver la clé de contact, essayer de passer vers l'avant de la voiture, allumer le contact pour enfin pouvoir utiliser le bouton de fermeture !
La solution c'est donc que quitte à être réveillé, j'enfile un caleçon long. Ça semble contre-intuitif, mais ça fonctionne plutôt étonnamment bien, puisque je l'envisage initialement pour me passer du duvet, mais au final c'est avec le duvet sur moi que je dors, parce que le fait de ne plus avoir le contact peau-tissu du duvet, ça me fait moins transpirer. C'est surprenant mais j'ai moins chaud avec le caleçon long + le duvet que le duvet tout seul !

L'orage passe, pas super sympa, il est plus proche que la veille, mais au moins dans la voiture je suis en sécurité. La pluie est bien violente. Ça résonne sur le toit, et une fois de plus j'apprécie mes bouchons !

Je n'ai pas mis de réveil, je me dis que je serai réveillé plus ou moins naturellement, et ça devrait le faire, je n'ai pas un programme chargé demain (enfin c'est ce que je crois), donc je peux prendre un peu mon temps.

30,31 km
6h55
1036m de D+

Dernière modification par moby59 (21-09-2023 09:38:02)

moby59 · 17-09-2023 07:45:08

jour 3 :
Lundi

Ce matin ça commence bien, je me réveille tranquillement à 7h15, j'émerge, je vois qu'il fait jour, bien. Je sors pour aller faire pipi, et là je vois que… ah tiens… il y a une nouvelle voiture, une camionnette avec une remorque pour animaux et l'endroit où je suis garé a été entouré d'une clôture avec un panneau "merci de ne pas vous garer, chargement d'animaux", bon ok, j'ai rien vu, rien entendu, je dormais.
Pendant que je prends mon petit dej, plic ploc, pschhhhhh, il se met à pleuvoir. Nouveau loupé météo, ils n'annonçaient pas de pluie avant 11h-midi mais rien de hautement probable et sérieux avant 13 ou 14h.
Bon, c'est bien parti. Ca me fait un peu réviser mon jugement sur ce que je vais emporter dans mon sac. J'avais déjà prévu d'échanger le polycree contre la chambre intérieur complète de la tente, certes ça fait quelques centaines de grammes en plus, mais vu la nuit annoncée, si c'est pour finir trempé par la pluie à 45° et le splash effect, c'est plus trop des vacances. Je n'ai pas non plus un parcours trop difficile (normalement) aujourd'hui et demain, ni trop de nourriture (juste pour 2 jours), donc je peux me permettre de m'alourdir un peu pour préserver ma sécurité et mon petit confort.
J'ajoute le pantalon de pluie et les mouffles étanches, ainsi qu'une petite polaire parce que j'ai peur de me cailler si je passe la journée sous la pluie. Je suis plutôt frileux et quand il fait humide j'ai du mal à me réchauffer. Le parapluie est également de la partie.
J'hésite à laisser mon trépied photo pour compenser un peu le surpoids, mais mon trajet est censé m'emmener à un "super lac tu verras c'est super mignon" comme me l'a conseillé un ami… Finalement, quitte à aller à ce "super endroit", autant avoir l'équipement photographique adapté, donc je fais mine d'oublier qu'il est resté dans le sac "ah mince il est venu avec moi" :-)

La pluie a stoppé pendant que je prenais mon petit dej, c'était sympa, mais elle était cachée à m'attendre derrière un nuage. Ca fait même pas 5 minutes que je suis parti que…. Plic ploc, pschhhh… une bonne averse. J'avais déjà commencé la rando avec la veste de pluie mais je sors le parapluie. Ahhhh qu'est-ce que c'est bien le parapluie, ça me permet entre-autre de pouvoir conserver mon appareil photo accroché à la bretelle de mon sac à dos sans devoir tout ranger, et ça évite de tremper le haut du pantalon ou d'avoir à trimbaler un poncho qui prend au vent, sous lequel on crèche de chaud… bref je suis bien.
Finalement la pluie ne dure pas et laisse place à un magnifique arc-en-ciel. Et même que j'ai vu le pied de l'arc en ciel, et au pied d'un côté, il y avait une vache ! Alors soit c'est elle qui a trouvé le chaudron de pièces d'or et l'a vite planqué, soit en fait toute cette histoire c'est n'importe quoi et en fait au pied des arc-en-ciels c'est pas de l'or mais des vaches qui apparaissent. En y pensant je me dis que ça doit être drôle les arc-en-ciels à Paris :-)

Je continue et re-grimpe pour la seconde fois le long de cette jolie cascade de Soutara. C'est marrant comme avec l'horaire très différent, donc l'éclairage très différent + la météo, je passe à des endroits en me disant "tiens je suis passé par là il y a 2 jours ? Je ne reconnais pas".

A un moment en arrivant sur le lac de Cestrède, ça bifurque vers la droite, et hop je prends un peu de hauteur pour rejoindre le lac d'Antarrouyes. La vue sur Cestrède est magique, ça me rappelle un peu des endroits comme (pour les connaisseurs) Respomuso, le lac Paradis, le lac Gentau…

C'est quoi ?

Je vois au loin un groupe de bergers qui rassemblent les brebis, probablement ceux qui sont arrivés discrètos ce matin. Moi je continue, je fais un genre de U, je reviens presque au dessus de la voiture, mais avec quelques centaines de mètres de dénivelé positif en plus, et surtout sur l'autre flanc (sud alors que j'ai commencé versant nord).
Ensuite je rattrape l'ancien canal de Caubarole, déterré sur la carte IGN. Alors canal peut-être, ancien, certainement ! Globalement on voit qu'il y a des rochers un peu moins aléatoirement arrangés, qui suivent un peu les courbes de niveau, mais recouverts de végétation épaisse. On suppose un simili-chemin, mais ça n'est pas super clair. A priori ça devrait passer pour aller jusqu'où je veux aller, à savoir rejoindre un chemin qui grimpe au lac de Litouèse en limitant au maximum la perte d'altitude au passage. J'ai fait pas mal de repérage avant le départ, j'ai créé ce qui me semblait être le sentier manquant dans OpenStreetMaps et j'ai intégré ça dans mon parcours du jour sur la montre. L'inconvénient c'est que si au début c'est assez visible et on voit que le sentier a été pratiqué, il y a de l'herbe écrasée, il y a néanmoins quelques passages un peu aléatoires. Ca n'est pas forcément très très long, on se doute d'où il faut aller en visant un point "logique" plus loin, mais entre les deux c'est… des grandes herbes, des broussailles, une forte pente, et débrouille toi
Ca descend, donc on ne suit pas exactement les courbes de niveau, donc on a vite fait de se trouver 20 mètres plus haut ou bas que prévu, et surtout quand on est plus bas, ça devient compliqué de distinguer là où est censé être le chemin.
C'est aussi un bon cas de syndrome de la jambe trop courte (et des pieds pas biseautés), puisque qu'il faut en permanence compenser le dévers latéral.

Finalement, rien de bloquant, ça se suit assez bien, il y a une certaine logique, et on voit que ça a déjà été un peu emprunté, surtout en cette fin d'été, donc c'est rassurant.
Je rejoins donc la magnifique tour radio 3G, 4G, 5G, 6G… ce qui est bien c'est que j'ai du réseau, je vais pouvoir faire une update météo. Ce qui est également bien, c'est que ça conclue la partie la plus "improbable" et délicate du parcours. Ca passe sans souci, pas de point vraiment bloquant.
Par contre ça m'a pris beaucoup de temps, il est 11h30 et je croise deux personnes en train de manger tranquillement devant un bâtiment en construction. J'ai un peu de mal à savoir s'ils bossent ici (on est lundi) ou si ce sont des randonneurs car ils ont un gros sac à dos, une popote, …
Ca me rassure, car s'ils sont ici c'est que la suite ça doit passer aussi, sinon je pense que je les aurai vu ce matin sur le chemin au loin, et ça m'étonnerait qu'ils aient emprunté le même sentier que moi.
Donc je poursuis, et c'est là où on a une nouvelle section qui n'existait encore pas il y a quelques jours sur les cartes IGN ou OSM… et là ça passe plutôt très bien, le sentier est plus ou moins visible selon les moment, mais globalement on sait où on va. Il y a même des marquages par endroit !
Le fait d'avoir la trace théorique est bien pratique pour confirmer qu'on est globalement pas trop loin de là on on devrait logiquement être. Et ça rejoint donc finalement le chemin officiel de montée vers le lac de Litouèse sans problème.
J'ai fait le plein d'eau au dernier ruisseau possible avant d'entamer ce contournement. J'ai pris 1.5L d'un coup, la capacité maximale que j'ai car sur les cartes ils n'y avait rien avant le lac de Litouèse. Ca me semblait pas mal… mais il fait très chaud, je suis en plein soleil (!) depuis ce matin, et j'arrive sur le bas de mes réserves. Ca va être juste.
En effet, parce qu'ensuite pour rejoindre le lac ça grimpe sévère, ça monte perpendiculaire aux courbes de niveau quasiment. On a une belle vue sur Luz en arrière plan, mais c'est sportif quand même !

Je grimpe, je grimpe, le temps passe, il doit maintenant être 13h30-14h, je n'ai aucune envie de m'arrêter pour faire un vrai déjeuner, donc plus je monte, plus je descend mes diverses barres de céréales, pâtes de fruit et surtout je termine ma pâte d'amandes, qui cette année – il faut l'avouer – n'est pas top. Je l'ai enrichie en protéines de pois et ça donne un goût un peu moyen, mais j'ai commencé par ça car c'est le plus vite périssable, et je préfère ramener des barres de céréales en trop que de la pâte d'amandes maison que je n'aurai justement aucune envie de manger une fois de retour à la maison. J'arrive en fin de mon stock de la journée dans mes poches de la ceinture du sac à dos. Heureusement j'arrive aussi enfin au lac de Litouèse où en fait, c'est des très très gros rochers, et c'est pas évident de s'approcher de l'eau pour faire le plein de mes bouteilles. Il me reste 3 gorgées dans celle de 50 cL, je me dis "allez, je ne traîne pas, je pousse pour faire mes dernières centaines de mètres de dénivelé pour passer la bosse entre le lac de Litouèse et celui de Bastampe, même si vu d'en bas ça à l'air plus impressionnant. Et là je galère, je n'ai plus de jus, il y a un endroit la trace n'est pas exacte, donc je me retrouve trop sur une crête et ensuite ça n'est pas possible de descendre, je rebrousse chemin, je passe par le fond d'une espèce de faille (douce la faille quand même) et là enfin ça descend logiquement. Et je finis enfin par arriver au lac, avec sa petite île au milieu, c'est très joli, il n'y a pas à dire, mais je suis cuit de chez cuit. Ca fait un quart d'heure que je n'ai plus d'eau du tout, donc il était vraiment temps d'arriver.

Côté météo ça c'est maintenu alors qu'en théorie à tout instant ça aurait pu péter, mais ça me permet d'en profiter. J'ai pu mettre la météo à jour au lac de Litouèse, et j'ai appris que peut-être je pouvais passer au travers jusqu'à 16h. Il est 15h quand j'arrive, donc pas de speed pour monter la tente. Je commence par me laver, je profite du lac, où je sais que vu l'endroit et l'accessibilité, il n'y a personne en ce lundi, je profite vraiment d'une toilette intégrale, même si je ne me baigne pas parce qu'elle est fraîche et surtout je ne vois pas d'accès vraiment facile, c'est souvent beaucoup de cailloux et rochers avec un peu d'algues, donc le genre de situation propice à se faire mal.
J'ai une petite ampoule sur le gros orteil gauche, première fois avec ces chaussures. Je pense que les 30 km d'hier n'y sont pas pour rien. Les Altra Lone Peak sont bien fatiguées, les crampons sont vraiment cuits, usés. La semelle n'est pas totalement lisse, je sens que la c'était un peu leur dernière sortie. L'an derniers j'avais déjà envisagé de les changer, mais là il va être temps. J'ai eu quelques petites glissades aujourd'hui, et je croise les doigts pour demain, car quand ça sera bien mouillé ça risque d'être moins rigolo à certains endroits. Entre les rochers glissants et les grandes herbes bien humides… on verra. J'ai fait 1159m de dénivelé positif, j'avais eu l'impression que c'était moins sur la trace planifiée sur OSMAnd, mais je les ai bien senti passer.
Même s'il est hyper tôt, je monte la tente, comme ça s'il se met à pleuvoir tout sera à l'abri. J'ai donc mon intérieur de tente, ça va être appréciable si la météo se déchaîne cette nuit. Je réhydrate enfin mon houmous. C'est plutôt le goûter que le déjeuner mais ce n'est pas grave, j'échelonne mes repas et ça me va très bien.
Je ne suis pas déshydraté, c'est une bonne nouvelle et j'en profite même pour aller faire une petite balade par la suite, pas un tour du lac complet mais une petite partie pour voir le petit îlot de plus près et puis j'ai essayé de comprendre par où arrive l'eau, parce qu'il y a un autre petit lac plus haut, je pensais qu'il se vidait dedans, et c'est probablement le cas mais il n'y a pas d'arrivée franche, pas de cascade, c'est assez atypique, ça arrive sous les rochers, il y a 2/3 résurgences, c'est assez marrant.

La météo se maintient, j'ai carrément lavé mon t-shirt à grande eau dans le lac, donc peut-être même qu'il va réussir à sécher, donc franchement je suis super bien. Je me pose sur mon matelas, ça glisse, c'est pas plat du tout, je vais voir ce que je peux mettre sous le matelas pour essayer de redresser le niveau, mais en tout cas ça fait du bien de se poser.
J'ai même carrément fait une petite sieste, et je dois dire que ça m'a fait beaucoup de bien, même si ensuite quand je me relève j'ai bien senti mes douleurs partout au niveau des jambes, mais j'étais quand même un peu mieux après.
Et surtout j'ai vraiment eu du temps pour ne rien faire, ce qui n'est pas toujours évident en rando suivant les parcours. Vraiment être juste perdu dans mes pensées. J'ai bouquiné un peu aussi, c'était chouette.
Et puis une chose en emmenant une autre, c'était l'heure du dîner, j'ai donc fait mes petites protéines de soja texturées avec le bouillon kub et la semoule aux épices. Toujours aussi bon.
Par contre j'ai pas mal galéré avec le réchaud, je voulais essayer de mettre le pare-vent un peu plus loin car il n'y a pas de vent pour voir si ça pouvait mieux fonctionner, mais ça n'était pas mieux. Quand je pose la popote sur le réchaud ça a tendance à l'éteindre. Donc ce soir c'était un peu tiédasse. Comme j'ai pas mal d'alcool j'ai mis un peu de rab. J'ai refait une deuxième chauffe avec le pare-vent plus proche comme je fais d'habitude, c'était finalement un peu mieux, mais les protéinées étaient à peine assez hydratées.

Après le dîner je pars faire une petite balade digestive, pour voir si à priori on peut faire le tour complet du lac, car sur la carte OSM il n'y a pas de chemin sur le côté est. J'ai commencé et il y a visiblement un chemin bien délimité. Je n'ai pas été très loin car je ne voulais pas y passer des heures, je n'avais pas les bâtons, j'avais l'appareil photo à la main, le trépied, bref c'était pas évident, mais à priori ça passe (Je confirme, j'ai mis la carte à jour depuis).

Il est 20h30, je suis dans mon lit, prêt à fermer les écoutilles. Il n'y a toujours pas eu une goutte d'eau. J'ai quand même bien bien arrimé la tente, enfoncé les sardines à mort, tout bien tendu. Protégé et rentré les affaires s'il se met à pleuvoir à 45°. Bref on verra bien dans la nuit. Allez, aux plumes !

11,87 km
1159m de D+
4h29

Dernière modification par moby59 (18-09-2023 10:42:02)

moby59 · 18-09-2023 10:41:13

jour 4 :
Mardi

J'ai plutôt pas trop mal dormi, il y a eu un peu d'orage et de pluie, mais comme les derniers jours c'est resté assez lointain et pas trop intense. Au réveil tout est mouillé autour de la tente, mais à l'intérieur tout est au sec. Je suis content d'avoir pris la partie chambre car j'ai pas mal glissé avec mon sac de couchage et matelas, car le sol était un peu en pente, et au moins je suis "bloqué" par la cuvette du tapis de sol. Même chose au réveil où je me trémousse dans tous les sens dans la tente sans transformer mes vêtements en chiffon pour éponger la condensation de la paroi intérieure. Petit confort j'avoue.

Le côté moins confort c'est le réchaud. Hier soir après pas mal d'essais très moyens j'avais quand même abouti au fait que ça brûlait mieux avec le pare-vent bien tout autour de la popote, ce matin ça ne veut pas, j'ai mis une bonne grosse dose d'alcool (tout mon fond de bouteille genre 20 mL) mais ça s'éteint tout seul au bout de quelques secondes lorsque je pose la popote. Je rallume, tient un peu la popote à 1cm au dessus du réchaud le temps que ça chauffe bien, repose la popote, recommence, au bout d'un moment ce qui devait arriver arriva : j'ai fait le test dont on avait parlé il y a 2 ans il me semble : il se passe quoi quand on renverse un réchaud à alcool ? Comment éteindre l'incendie ? C'est bon j'ai pratiqué. Le tout dans les conditions idéales : le sol où j'étais était sec, là où il y avait l'abside cette nuit, mais tout autour c'est trempé. Donc oui, comme on peut s'y attendre, tout prend feu : l'alcool qui se répand par terre sur l'herbe, l'herbe, et même la popote, recouverte d'alcool ! C'est assez joli, surtout au lever du soleil. Mais j'étais paré, j'ouvre ma bouteille d'eau à portée de mains et j'arrose copieusement le tout. Avec moins d'un demi-litre l'incendie est largement éteint. Plus d'alcool en stock, donc en guise de thé vert menthe bien chaud ça sera eau fraîche du Lac... moins fun à 6h45 du matin...

Je fais quelques photos des couleurs changeantes de l'approche du lever du soleil en finissant de me préparer et de plier et vers 8h10 je suis prêt. Par contre ma montre a décidé que les jolis chevrons pour indiquer la direction dans laquelle aller, ça ne fonctionnait que si on faisait le parcours dans le sens initial. Si on choisit "faire l'itinéraire en sens inverse", elle affiche juste son bon vieux trait rose "que tu sais jamais dans quel sens aller". C'est pas hyper gênant, mais moi je veux le top. J'en profite donc pour tester en live le transfert de trace depuis le smartphone, sans réseau et PENDANT une activité. Réponse : je ne sais pas, car pour une raison propre à Garmin, on ne peut pas activer le Bluetooth pendant une activité. Comme je le coupe par défaut pour économiser la batterie, pas possible de transférer ma nouvelle trace dans le bon sens. Bon ça va, j'ai fait 20 mètres depuis le départ, donc j'arrête l'activité, ne l'enregistre pas, active le Bluetooth, transfère ma trace via Garmin Explore et relance une nouvelle activité avec la trace dans le bon sens.
Parenthèse terminée.

Je remonte donc ce que j'ai descendu hier, pour retrouver le lac de Litouèse en profitant au passage du point de vue plus élevé sur le lac de Bastampe avec le jolis nuage rosés de soleil. A propos de soleil justement, j'ai hâte de retrouver du réseau pour mettre à jour la météo. C'est justement chose possible à Litouèse. Rien n'a trop changé normalement si je ne traîne pas trop j'aurai presque le temps de rejoindre ma voiture avant de subir le déchaînement des hydrométéores. Je me dis que comme ça descend plus et que j'ai l'expérience du trajet aller, ça devrait aller beaucoup plus vite… tout en me rappelant certains passages un peu coriaces, qui à mon avis ne sont pas plus faciles dans un sens que dans l'autre. Je vois bien aussi que Luz est dans les nuages, qu'il y a une grosse couche de nuages d'altitude, et que je suis en sandwich entre les deux. A quel moment je vais me faire engloutir ?

Enfin bref, je descend, rejoint la petite forêt qui me permet de retrouver les cabanes EDF en construction et le pylône d'antennes réseau. Les 2 mêmes gars sont là, à bosser cette fois. Je me demande s'ils dorment ici ou s'ils viennent en hélico tous les matins, ou s'ils montent direct perpendiculaire à la pente le long de la conduite forcée ? Ça fait quand même quelque chose comme 900m de D+ depuis la vallée. Comme d'habitude, les questions arrivent dans ma tête alors que je suis déjà reparti, tant pis, ça restera un mystère.
Dans cette même tête j'ai sectionné l'itinéraire en différentes parties auxquelles je donne des noms : la remontée au lac, la descente vers la forêt, le contournement vers le pylône, le no-man's land (le trajet que j'ai ajouté sur OSM), le passage difficile de l'envolée aux oiseaux (où j'ai coupé comme un sanglier en dérangeant masse d'oiseaux hier), le long contournement jusqu'au premier lac et enfin la redescente.
Alors c'est très drôle mais avec la météo qui devient petit à petit plus brumeuse et l'herbe écrasée dans l'autre sens, je ne passe pas forcément exactement aux mêmes endroits. Parfois j'ai un indice "ah oui j'étais passé juste à raz de cet arbre", parfois je ne reconnais rien, et je suis bêtement mes deux indicateurs principaux : visuellement "ok, je vise tel point car ça me semble le plus logique" et la trace GPS "oui, t'es bien là où tu es censé être, continue". A tel point que je ne repasse pas par l'envolée aux oiseaux et que par contre je me retrouve 30m trop bas à devoir remonter sur un espèce de pierrier glissant à tapis roulant intégré. Il faut dire que la semelle de mes Altra est bien fatiguée et qu'avec l'humidité c'est un peu limite.
M'enfin, je rejoins la partie plus "lisible" de l'itinéraire qui rejoins le lac d'Antarrouyes. Là j'y retrouve un parc à mouton plein à craquer de brebis. Hier il était vide, ce matin il y a foule. Ce qui est drôle c'est qu'elle sont super calmes, pas un bêlement, pas un mouvement (faut dire qu'il n'y a pas trop la place, on dirait une rame de métro aux heures de pointe). Le berger est là, j'exprime mon étonnement, il m'explique qu'elles ont à manger et que c'est ravitaillement en minéraux également, elles ont fort à faire. Il me demande si j'ai des infos sur la météo car il n'y a pas de réseau et il m'explique sa technique habituelle pour connaître la météo : s'il y a des touriste qui partent bivouaquer c'est qu'il fera beau. Diablement efficace… en temps normal. Car des touristes il en a vu samedi (orage, pluie) et dimanche (orage, pluie). Lundi et aujourd'hui c'est nettement plus calme Je poursuis ma balade, profite d'une éclaircie pour apprécier la magnifique vue sur le lac de Cestrède et justement des marcheurs j'en croise, un petit groupe de 4 jeunes qui ont bravé la météo et qui se demandent si eux aussi pourront profiter de la vue. Nous sommes désormais dans la brume, mais je les remotive un peu en leur disant qu'avec un peu de chance ils seront au dessus des nuages en arrivant…

Moi je continue ma redescente. Ca fait travailler les abdos… et les intestins. Je vise un petit bois de feuillus accueillant déjà croisé hier, mais je passe du stade "ah non absolument pas envie de quoi que ce soit" à "faut pas trop que ça tarde à venir ce petit bois, sinon il va falloir un plan B", bizarre l'aspect psychologique. Le temps s'assombrit et je visualise très bien les choses : si je continue jusqu'à ma voiture, je vais rentrer à l'intérieur et il pleuvra dans les 30 secondes. Si par contre je m'arrête pour ma pause technique, je vais me prendre la pluie juste la durée du temps que j'aurai passé à gérer la situation.
Et c'est exactement ce qui se passe, je pénètre dans MA forêt, grimpe un peu trouver un endroit tranquille, fait ce qui doit être fait, et quand je remet mon sac j'entends les gouttes sur les feuilles (des arbres hein). Je sors le parapluie et finit ma rando tranquillement abrité. Pas d'arc-en-ciel aujourd'hui par contre.
Je rejoins ma voiture, me pose un peu le temps de me laver, changer, réhydrater mon houmous (que j'aurai bien baladé pour rien). Il est 13h30, j'ai même pas pris une demi-heure de pluie, et quand on ajoute les 2 minutes d'hier, c'est franchement exceptionnel vu la météo annoncée ! Bref, je suis ravi, physiquement cuit de chez cuit par contre, et j'ai encore de la route à faire, heureusement c'est assis

11,6 km
604m de D+
3h53

Dernière modification par moby59 (18-09-2023 10:42:11)

moby59 · 18-09-2023 10:56:43

Retours et analyse :

Parcours :
Mon parcours "prévu" était je pense très bien, mais malheureusement trop ambitieux pour moi.
Comme dit dans le récit, petit bug sur la fin du J2 : Bien entendu il faut passer par le GR 10 et non pas la route qui redescend sur Saussa et compagnie, pour ensuite remonter pour via Ayurès pour rejoindre le parking ! Je ne comprends pas pourquoi BRouter m'a fait passer par là !

L'idée de repasser par la voiture était sympa (si on peut et aime dormir dans sa voiture), bien entendu remonter bivouaquer près d'un lac (typiquement Cestrède) serait nettement plus sympa mais rallonge encore cette journée bien dense.
Si vous commencez plus tôt que moi le J1, l'idéal serait de pousser (idéalement jusqu'à la plaine avant le barrage d'Ossoue) le J1 pour avoir nettement moins de km le J2 et ainsi la possibilité de remonter bivouaquer à Cestrède en fin de J2.
Pour les J3 et 4 je ne me prononce pas trop vu que le n'ai pas fait ceux prévus, mais là encore, si vous bivouaquez à Cestrède en fin de J2, le D+ du J3 est tout de suite plus facile à gérer. Le J4 par contre restera bien long si vous faites le passage par Bastampe.

Mon parcours réel du J3/J4 avait un petit intérêt personnel : aller vérifier si ça passe, ajouter le chemin dans OSM et aller jusqu'à Bastampe qu'on m'avait recommandé. Dans cet esprit c'était très bien. Après il y a une bonne partie du parcours par forcément hyper sympa (entre le lac d'Antarrouyes et le pylône radio). Faut aimer faire le sanglier Ca ne serait pas clairement mon premier choix.

Matériel :

Réchaud à alcool :
Il faut que je teste mieux à la maison dans des conditions non favorables, genre sur un caillou plat et dehors et non pas dans ma cuisine sur ma plaque à induction pour comprendre ce qui se passe. J'ai tenté d'agrandir un peu les trous "d'arrivée d'air" en me disant que peut-être ce sont eux qui causent le souci (pas assez d'air, extinction quand je pose la popote), mais en pratique la popote est bien plus collé au cercle du haut du réchaud sur ma plaque à induction que dans la nature, donc en théorie il y a une meilleure arrivée d'air quand la popote est mal posée (moitié en diagonale, coincée par le pare-vent) que sur ma plaque de cuisson.

Filtre à eau Sawyer Micro :
Le côte "bouché" m'a fait un peu peur mais il a fini par retrouver son débit. Vraiment pratique le coup de l'adaptation sur bouteille standard.
J'ai une fois de plus régulièrement transporté plus d'eau que nécessaire (parce que pas envie de m'arrêter, retirer le sac à dos pour gérer le transvasement d'eau d'une bouteille à l'autre via le filtre) là où un Befree contourne ça.
Donc le Befree j'y pense de plus en plus, et en même temps cette histoire de backflush et de compatibilité dans tous les sens entre poche et bouteilles, ça me fait renforcer mon idée que le Sawyer est un meilleur principe.
Un truc qui me questionne (vu que je n'ai jamais essayé) : est-ce que les poches souples des Befree ne sont pas pénibles à remettre dans les poches des sacs à dos quand elles ne sont plus bien remplies et sont donc molles et informes ?

Parapluie :
Toujours aussi fan, j'ai eu de la chance d'avoir de courts épisodes de pluie et c'était parfait.

Pantalon de pluie :
Toujours mitigé. D'un coté j'apprécie bien le fait de moins tremper le pantalon quand je marche dans les hautes herbes mouillées (même s'il ne pleut pas), de l'autre on transpire dedans et humidifie tout le pantalon dessous… le ratio est discutable. C'est un vieux pantalon Vaude prévu pour le vélo, les bandes thermo commencent à se décoller aux fesses, il est probablement moins respirant qu'un Gore-tex moderne. J'aurai probablement du mal à mettre 150 ou 200€ dans un neuf UL spécial marche vu l'usage en général bien limité… et le fait qu'un pantalon peut vite se faire malmener dans les broussailles et lorsqu'on s'assoie. Donc durée de vie d'un pantalon de pluie en Pertex Shield par exemple ? Faudrait que je creuse le forum, je n'ai encore pas du tout cherché.

Nouveau matelas Therm-a-rest Neoair X-lite :
Mon néoair "premier du nom" devenu poreux a été échangé gratuitement dans le cadre de la garantie à vie, et j'ai donc un x-lite tout neuf à la place. J'ai gagné quelques dizaines de grammes au passage, c'est toujours bon à prendre. Il a l'air un poil plus fragile (tissu plus transparent) mais au moins le kit de réparation est livré avec.
Vu les températures élevées durant les nuits où je l'ai testé (12-14°C) je n'ai pas vraiment pu savoir si l'aspect thermique était meilleur. J'ai apprécié qu'il reste gonflé toute la nuit, les coins arrondis me dérangent un peu vu que j'ai plus vite les pieds par terre notamment, mais globalement ça me donne relativement l'impression d'un échange standard. Niveau bruit, confort, sensations c'est pareil… et c'est déjà très bien.
Je l'ai gonflé à la bouche. La nouvelle valve est plutôt très sympa : sens unique, pas besoin de boucher la valve avec la langue pendant qu'on reprend son souffle (comme je faisais avant).
Bref pour l'instant c'est nickel. On sait pourquoi on a raqué bien cher au départ.

La protection de plaque arrière Peak-design :
Une demi-heure de couture à la barbare avec un reste de mesh 3D replié sur lui même et une boucle avec un vieux morceau de tissu élastique récupéré d'un sac à dos allégé. C'était plus un prototype qu'un truc prévu pour être joli et franchement pour 3.53 grammes et une demi heure de couture à la main, c'est un apport de confort exceptionnel pour le tas d'os que je suis. Avant la plaque métallique finissait par me faire des douleurs en frottant sur mes côtes (et la peau entre les deux quand même rassurez-vous), désormais c'est nettement adouci.
Après cette année j'avais 200g de moins sur le clip (objectif plus léger) donc il y a 2 paramètres modifiés en même temps, mais vu le poids aucune raison de ne pas le prendre !

L'objectif Sony 20-70 f/4.0 :
Toujours sur mon vaillant A7RIII (42 mégapixels). C'est peut-être plus sur le sujet photo que je devrais rentrer dans les détails, mais en gros ça a été un peu comme mon précédent 16-35 : une relation amour haine, juste pas pour les mêmes raisons.
Ce 20-70 c'est d'un côté un objectif phénoménal. Le range est honnêtement très pratique. 20mm c'est encore régulièrement trop long pour mes goûts, mais on peut toujours faire du panoramique par assemblage. J'en ai fait largement plus que d'habitude. F/4.0 c'est pareil. En journée pour du paysage, pas besoin de plus grand. Cette année je n'ai pas eu l'occasion de faire de photos d'étoiles, donc l'absence de grande ouverture ne m'a pas vraiment manquée.
Le piqué au centre est excellent, les capacités de crop à 70mm sont encore très très bonnes.
Par contre 2 problèmes principaux :
Le piqué est optimal à f/5.6 (sauf à 70mm où on peut descendre jusqu'à f/8.0) et ensuite ça descend rapidement. Donc là où certains objectifs s'améliorent petit à petit parfois jusqu'à f/11.0 où la diffraction commence à être importante, là on est dans le cas où idéalement il faut l'utiliser à f/5.6 tout le temps. Pourquoi pas… sauf que ça veut aussi dire profondeur de champ plus courte, et je me suis souvent retrouvé à faire 3 photos avec la mise au point à des zones différentes pour ensuite faire du focus stacking (assemblage de ces 3 photos pour garder les portions les plus nettes de chacunes). Et ça – actuellement - c'est hyper pénible à faire car pas intégré dans mon éditeur de photos préféré (Lightroom). Donc le faire pour 1 photo de temps en temps, parce qu'elle est vraiment exceptionnelle et qu'on ne pouvait de toute façon pas faire autrement, pourquoi pas. Mais pour chaque paysage où on veut intégrer un premier plan (cas typique des photos à l'ultra grand-angle) c'est vite pénible.
Le second souci c'est la distorsion à 20mm (et pas que). Certes elle est facile à corriger, mais les coins des images deviennent souvent très baveux à cause de cette correction, et ça je n'aime pas du tout. Donc je me suis retrouvé à faire des panoramiques à 28mm (la distorsion est plus faible). C'est lent, moins intuitif, ajoute d'autres problèmes (qualité de l'assemblage, temps à y passer…).
On peut désactiver la correction, c'est souvent assez indolore en photo de paysage où rien n'est droit de toute façon, donc si c'est déformé on ne s'en rend pas compte, là le piqué dans les coin est nettement meilleur, mais il faut malgré tout faire tout un processus manuel pour recadrer l'image (car sans correction les coins sont carrément noirs) et au moins corriger le vignettage. C'est pénible. Ce qu'on gagne à la prise de vue (un seul objectif polyvalent) on le perd en post production
C'est pas catastrophique non plus, sur la majorité des images ça n'aura pas vraiment d'impact (coins avec du ciel, premiers plans de toute façon trop proches pour être nets… mais globalement on sent que Sony a un peu trop tiré sur la corde, et pour compenser il faut tricher (ajout de netteté plus importante en post production, recadrage pour dégager les portions un peu floues…). Donc un peu frustrant.

En terme de focale, globalement c'est très bien. 70mm + crop ça fait quelque chose de déjà assez sympa (cf photos de marmottes). C'est pas exceptionnel comme télé, mais le confort de ne pas avoir à changer d'objectif est bien présent. Régulièrement quand j'ai fait des photos sur la partie longue du zoom je me suis demandé "si j'avais un 16-35 et un télé dans mon sac, est-ce que j'aurai changé d'objectif pour faire cette photo ?"… et en toute honnêteté, au moins la moitié du temps ça aurait été non par flegme. Après, est-ce que c'est suffisant pour envisager uniquement ce 20-70 ? La question reste entière.

Donc pour résumer, c'est un super objectif pour – à mon avis – un appareil de 24 mégapixels, éventuellement 33. Au delà il faudrait le considérer comme un 28-70, et pour ça il y a d'autres solutions plus pertinentes et/ou moins chères. Mais sur un A7C par exemple c'est probablement un excellent choix si la plage de focale vous convient. Ca fait un total à 1 kg, c'est pas mal !
Bref l'objectif est reparti chez le vendeur pour remboursement, car vu le prix, c'est trop de frustration Il y a d'autres objectifs annoncés pour cette monture (nouveau 16-35 f/2.8 plus léger, 17-50 f/4.0 chez Tamron…) et j'irai peut-être aussi tester 2 ou 3 petites focales fixes à ranger dans un petit sac à la ceinture. On verra en 2024 car je n'ai pas d'autres randos planifiées dans l'immédiat.

Dernière modification par moby59 (21-09-2023 09:51:48)

karibou31 · 18-09-2023 11:40:24

Top merci pour ce retour !

Le parapluie tu le tiens à la main (comme sur la photo) ou tu as un système d'accroche ?

Concernant la Befree (que j'ai en version 1L Tactical), quand c'est rempli c'est pas si souple que ça je trouve, ça se remet facilement dans les poches, sauf si évidemment la poche est difficilement accessible et qu'il faut se contorsionner, mais je pense que ça sera pareil avec toutes les gourdes souples. En revanche, c'est le côté débit qui se réduit qui me gène le plus maintenant. Sur ma dernière rando c'était vraiment vraiment énervant. Depuis j'ai tenté un nettoyage à la javel, on verra sur la prochaine. Ceic étant, après avoir vu la Salomon de Bombadyl, j'en ai trouvé une en occasion pour la tester et voir si c'est pas plus pratique à l'usage (un peu plus petite, se met dans la poche bretelle donc plus besoin d'avoir flasque 500ml pour la poche bretelle + la Befree pour filtrer ce qu'on met dedans !).

moby59 · 18-09-2023 18:12:39

Le parapluie, oui je le tenais à la main. La fois précédente j'avais pris des scratchs et élastiques, je ne m'en étais pas servi. Je les ai pas loin au cas-où...
L'idée étant d'accrocher le parapluie à la bretelle bien entendu.

Merci pour les retours sur le befree

tolliv · 18-09-2023 21:18:55

Salut Moby59,
merci pour ce récit sympathique.
Dire que tu as failli mettre le feu au lac avec ton réchaud à alcool, j'en frémis encore !

Dommage que tes photos soient si moches dans les coins

chouxrave · 19-09-2023 09:57:05

Salut Moby59,

Belle ballade mais pourrais-tu légender certaines photos, nom du col, vallon, lac…
En tout cas moi ça m'aiderais à suivre ton parcours.
merci

moby59 · 19-09-2023 17:30:09

chouxrave a écrit :

#690990Salut Moby59,
Belle ballade mais pourrais-tu légender certaines photos, nom du col, vallon, lac…
En tout cas moi ça m'aiderais à suivre ton parcours.
merci

C'est un peu compliqué de tout légender.
Si tu veux sur une autre galerie (par contre il y a plus de photos), sur chaque image zoomée (prise pendant la marche et hors panoramas par assemblage) tu as un lien vers la localisation GPS :
https://www.olivierbouillaud.com/galeri … ndo-gedre/

Dernière modification par moby59 (19-09-2023 17:30:51)

moby59 · 20-09-2023 11:26:44

Pour le "truc" en métal où j'ai mis "c'est quoi ?" dessous, des idées ? J'avoue que je sèche complètement !

raphus · 20-09-2023 12:05:01

Hello,
C'est un pluviomètre il me semble

moby59 · 20-09-2023 17:38:46

raphus a écrit :

#691122Hello,
C'est un pluviomètre il me semble

arf !
Tu aurais des sources ou d'autres photos du genre ?
Je ne trouve pas grand chose sur le net (à part des pelletés de pluviomètres en plastique à vendre)

Nicolas36 · 20-09-2023 17:53:19

Entre le lac de Pedoures et l'étang de Couart tu en as un. Sonic et Eloi l'ont pris en photo, J10 de leur HRP.

moby59 · 20-09-2023 18:19:02

Ah j'ai finalement trouvé une source :
https://www.climaynievepirineos.com/d/e … t/pltt.htm

"Pluviomètres totaux" -> récolte l'eau sur une longue période (1 an, en évitant l'évaporation) et les relevés sont fait pour l'année totale.

Dernière modification par moby59 (26-09-2023 09:59:59)

laxmimittal · 20-09-2023 23:44:54

un grand merci pour ce récit et ces belles photos;

tu t'es vraiment donné beaucoup de mal mais la récompense est au bout.

tu as explosé tes limite et nous on aun beau récit.

bravo pour le réchaud à gaz dans la voiture, c'es UN PEU mieux

L.

raphus · 21-09-2023 07:41:16

moby59 a écrit :

#691134Ah j'ai finalement trouvé une source :
https://www.climaynievepirineos.com/d/e … t/pltt.htm
"Pluviomètres totaux" -> récolte l'eau sur une longue période (1 an) et les relevés sont fait pour l'année totale.

Oui c'est bien ça, nous en avons pas mal dans les Alpes, pour la plupart abandonnés j'ai l'impression (certains sont pliés au sol).

Neofeet · 21-09-2023 08:49:54

Merci pour ce retour.
Je me suis régalé à le lire tant sur le fond que sur la forme.
Et encore merci pour ces belles photos.

moby59 · 21-09-2023 09:35:47

J'en profite pour quelques retours supplémentaires :

- La lanshan 1 (normale) juste le double toit.
Ca fait pas mal de fois que je me fais le même constat : très bien, mais quand même borderline quand la météo est pluvieuse. Elle est un poil courte pour mon petit mètre 80, mais en même temps j'ai du mal à trouver mieux sans y laisser un rein... voire même mieux tout court.
Par exemple les portes qui se recouvrent des z-packs, honnêtement je ne suis pas convaincu en cas de grand vent. J'ai souvenir d'une vidéo de miss Wanderlust qui se prenait la flotte qui rentrait dans sa z-packs à $$$ ça ne m'avais pas spécialement convaincu d'investir.
Eventuellement la x-mid pro 1, mais c'est $600 avant port/taxes/douane...
Sinon la version non pro, en n'utilisant que la partie "toit" (490g, vs les 438 de ma lanshan 1).

J'avais aussi un peu creusé les sursacs, mais en terme de poids c'est vite proche de la chambre intérieure de la lanshan, en étant nettement moins confortable.

- la montre Garmin Epix.
J'en ai déjà parlé pas mal dans le récit, mais c'est vraiment un compagnon exceptionnel pour la rando. Peut-être que la cartographie détaillée n'est pas vitale, car on cherche avant tout à savoir si on est sur la trace ou non, mais c'est aussi très confortable lors des intersections de voir instantanément d'où on vient, vers où on doit aller et à quoi ressemble l'intersection. Typiquement "ok il y a une patte d'oie, je dois prendre le chemin de droite". Le fait qu'elle couine quand on s'éloigne un peu trop de la trace est aussi super pratique. Je ne compte plus le nombre de fois où - perdu dans mes pensées - je suis le seul chemin que je vois, et *bip* la montre m'avertit que je ne l'ai pas vu, mais en fait il y avait un petit sentier là, et que c'est lui qu'il faut prendre.
Sur le choix Epix/Fenix. A l'usage pour des sorties comme ça de quelques jours, ça n'a pas grande importance. J'ai fait le test. Sur mes 4 jours, avec le GPS en mode "intelligent", c'est-à-dire qu'il choisit s'il faut utiliser les 2 bandes de fréquences (grosse conso) ou non en fonction de la qualité de réception, elle a consommé l'équivalent de 96% de batterie. J'ai refait le niveau tous les soirs et noté où elle en était, mais en gros elle aurait tenu au micro-poil les 4 jours si je ne l'avais jamais chargée. A la louche : 19h15 d'enregistrement GPS + le reste du temps en veille (écran qui s'allume seulement en tournant le poignet).
Sachant qu'il aurait suffi de la basculer sur le mode de réception "multi" (GPS+glonass+galileo) pour réduire sa consommation, voire même en GPS seul (qui suffit généralement) pour réduire encore notablement plus cette conso.
En tout cas l'écran de l'Epix, avec nos cartes, c'est vraiment Petite surprise malgré tout : finalement l'ombrage du relief, autant c'est très joli et sympa quand on regarde d'un peu loin ou autour de sa position, autant en marchant, on utilise un niveau de zoom trop important pour que ça ait vraiment du sens. En gros on n'a jamais vraiment de variation d'altitude (et donc d'ombrage) suffisante sur la surface affichée à l'écran pour que ça soit visible. En tout cas pas sur le relief que j'ai pratiqué.

Dernière modification par moby59 (26-09-2023 09:58:39)

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