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#1 24-09-2013 00:39:36
- oli_v_ier
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[Récit + liste] Improvisations en laponie
Improvisations en Laponie
Par où commencer ? Le début. Ok, mais c’est quand ? Le premier sentier ? L’arrivée dans le pays ? Le début de la préparation ? Bon j’ose : voici le récit depuis le tout début de la préparation .
27 mai, Fredlafouine me demande si j’ai un projet pour cet été. Rien de précis en tête, je lui demande conseil :
« Si tu as des suggestions. Je cherche du sauvage, pas trop loin/cher de Paris en avion. Pas chaud, plutôt frais. »
Il me répond : « Facile : Paris-Reykjavik. Bon, y a Paris-Bodo sinon. »
Reykjavik, j’ai promis à Stéphanie d’y retourner avec elle, donc niet. Bodo ? C’est où ça ? Je jette un œil sur google earth. Ah ouai c’est bien au nord. Norvège… Laponie, je me dis qu’il faudrait que j’aille y jeter un œil un jour. Je mets l’idée de côté, il faudra négocier pour trouver du temps cet été.
Dimanche 21 juillet, 1h du mat’ , changement de programme la veille de partir au camp de base : on ne va plus rendre visite à nos amis dans le sud après le camp, du coup ça libère du temps en août. Pourquoi pas en profiter pour aller dans le nord ? Je me rappelle la suggestion de Fred, fait quelques recherches sur internet : le vol Paris – Bodo via Oslo le moins cher est du 12 au 26 août, 377€. J’hésite : je n’aurai que peu de temps de préparation… je n’ai aucune idée d’itinéraire, je ne sais pas vraiment ce qui m’y attend… Bah « justement ! » je me dis, « Va voir ! » . Paiement, dodo.
Au camp de base je demande conseil, on me dit d’aller aux Lofoten, mais je veux plutôt des grands espaces, du sauvage, des forêts, des rivières. Je reviens chez moi le 2 août sans avoir le temps de bosser le projet avant le soir du … 10 août. Vite fait je trouve et relit le récit de Ju_Belledone, chope des cartes de Norvège et Suède pour mon Etrex, pour le matos je me pose peu de questions par manque de temps, je prends quasiment le même que pour l’Islande, en retirant quelques trucs. J’ai 14 jours là bas, je devrais donc en marcher une douzaine, je prends 12 jours de nourriture (purée que c’est lourd).
Départ Morlaix en train vers 12h, métro + RER, décollage à 20h45 de Paris. Je dois passer la nuit à Oslo avant de prendre l’avion pour Bodo vers 8h. Je décide de rester à l'aéroport. Nuit horrible ! Je n’ai pas trouvé le bon coin. D’abord installé en vrac dans le fauteuil d’un bar, puis sur une banquette qui s’est libérée, à 1h je commence à m’endormir, les employés virent tout le monde. A côté il y a un terrain de jeux pour enfants, le sol est souple et isolé, c’est moins froid que le carrelage. A 3h des gamins survoltés viennent jouer, purée la loose ! Je déménage et m’endors derrière des bureaux à 5h sur un bout de mes matelas.
Je dors un peu dans l’avion, à Bodo le centre ville est tout près de l’aéroport, cool. Il fait gris mais pas trop froid, 10-15°C, il ne pleut pas. Je dois trouver une cartouche de gaz et des cartes papier. Au centre d’information, trouve une carte très générale sans aucune info topographique du nord de la Norvège, la Suède est encore moins détaillée. C’est pourri, mais j’ai une vue d’ensemble du coin. Je trouve un intersport et demande conseil au vendeur « J’ai 12 jours d’autonomie, où me conseillez vous d’aller marcher ?». Il m’incite à rester en Norvège et me donne des conseils sur les montagnes au sud de Bodo. Mais quand je regarde les cartes, je vois pas mal de routes dans la région. Sulitjelma a l’air d’être un point de départ de pas mal de possibilités, vers le sud ou vers l’est. Et je crois me rappeler que l’itinéraire de Ju-Belledone passait par là. Il n’y a pas de cartes de la Suède. Je suis embêté, je ne sais pas quoi prendre comme cartes, « mais évidemment, couillon » je me dis « tu ne sais même pas où tu veux aller » !
Hop décision, je prends celles que le vendeur me conseille, elles couvrent toute la zone au sud de Bodo jusqu’à la frontière avec la Suède à l’est de Sulitjelma. Je me dis que j’irai vers l’est voir comment c’est et si c’est pourri, j’irai vers le sud en faisant une boucle pour revenir vers Bodo à travers les montagnes et les routes.
Rien de spécial à voir au centre ville de Bodo, à 12h j’arrive à la gare routière, il y a un bus pour Sulitjelma à 13h. Je me pose devant le port où je mange 5 crêpes nature qu’il me reste du voyage. Me voilà dans le bus, c’est parti ! Je m’endors aussitôt . Changement de bus à Fauske où j’ai 1h d’attente. J’en profite pour préparer mon sac pour la rando, je sors les batons, etc.
De Fauske à Sulitjelma, forêt, tunnel, forêt, j’arrive à 16h. J’ai repéré sur la carte à peu près où descendre, le chauffeur me confirme que c’est là qu’il faut monter pour le « trail ». Je commence enfin la marche… par une montée sur une route en graviers. J’en chie, elle s’éternise cette piste… La vue se dégage un peu au fur et à mesure que je monte mais les nuages sont assez bas et la vue vers les montagnes au loin est bouchée. Bref c’est pas terrible. Enfin le sentier commence, mais il suit la route, c’est moche. Ca fait 2h que je marche et ça n’ennuie déjà.
J’arrive dans la montagne vers 800-900m, c’est pelé, j’ai la tête au ras des nuages et il y a un signe rouge en forme de T peint tous les 30m sur les cailloux, c’est moche (bis !).
Je passe un petit col, ah enfin une vue un peu plus sympa, il est 19h je suis naze, je pose l’abri là.
Je dors plutôt mal, me réveille souvent ne sachant si le temps avance lentement ou si la nuit est déjà passée, en regardant ma montre je comprends à 3h du mat qu’il ne fera jamais nuit ! Bah oui idiot, tu es bien plus au nord qu'Oslo.
Le temps est toujours couvert, je pars à 7h et arrive assez vite au bord d’un lac où je vais à la rencontre de 3 personnes près de cabanes (Sorjushytta). Je pose ma question « J’ai 10 jours de nourriture, où me conseillez vous d’aller ? » . Très gentils ils prennent le temps de me donner des conseils : faire le tour du glacier au sud mais j’ai l’impression que je pourrais en faire le tour en 3 jours. Allons voir. Je continue à suivre le sentier vers l’est en longeant le lac. C’est pas moche, mais vraiment rien d’exceptionnel. Je passe la frontière avec la Suède en lisant bien tous les conseils inscrit sur de grands panneaux en bois et me voilà arrivé à Sarjasjaurestugan, cabane non gardée.
Elle est tout confort, en lisant les instructions, j’apprends qu’il en coûte 250KR pour une nuit et 40 si on l’utilise sans dormir.
Hé bé c'est carré ! Je me demande alors si le simple fait d’être entré m’oblige à payer ?! Je fais une bonne pause dehors, somnolant par moments, puis reprends la marche. Je croise deux mamies et 3 jeunes blonds super équipés.
Vers 18h j’arrive à Staddajakkstugorna où je suis accueilli par un couple et leur enfant de 2 ans ½.
Je sympatise avec le gars, on parle rando jusqu’à 19h : je lui parle d’Islande (il rêve d’y aller), il me parle de Suède, notamment du Sarek. Bonne surprise, ils vendent des cartes. Ca tombe bien parce que je suis sorti de ma carte depuis quelques heures. Ils acceptent les KR norvégiens, la carte coûte 140kr et va jusqu’au début du Sarek. Le gars m’explique qu’il y a peu ou pas de sentiers au Sarek, je comprends maintenant pourquoi sur les cartes il y a des sentiers balisés partout en Norvège et en Suède, sauf au Sarek : c’est délibéré. Bon l’objectif se précise ! Allons voir ce Sarek. Le gars me conseille un endroit pour bivouaquer plus loin, j’y arrive à 20h et effectivement l’endroit s’y prête bien : vue sympa, sol confortable, petite rivière à proximité. Je pose l’abri là où la végétation est la plus souple, c’est mieux que n’importe quel matelas de rando. Il y a des baies partout à portée de main. On joint l’utile à l’agréable en les mangeant : ça évite de les écraser et d’en mettre partout.
Jour 3
J’ai un peu mieux dormi, en quittant l’emplacement de bivouac je remarque que les rennes créent quasiment des sentiers par leur passage répété dans la végétation. Le gardien d’hier soir m’a mis en garde contre les buissons parfois très denses qu’on rencontre dans la région, ces sentes peuvent être une aide précieuse. Beaucoup de rennes ce matin, leur comportement est toujours le même : quand ils me voient ils s’arrêtent (de marcher ou de manger), me regardent 5 ou 10 secondes, puis se mettent à courir 5 à 10 secondes, puis s’arrêtent à nouveau, etc. Sur cette nordkalottleden, pas grand monde, sentier très bon, des ponts, des planches pour passer les marais, l’autoroute quoi .
Je tourne à droite avant d’arriver à Staloluokta, je suis maintenant sur la Padjelanta et c’est pareil : autoroute peu fréquentée. C’était assez joli près de Stalol mais jusqu’à Tuottar je trouve ça assez ennuyeux. A Tuottar je suis accueilli par la gardienne et sa fille qui commence à peine à marcher. Quand elle me demande où je vais, je réponds que je ne sais pas trop, que j’irai bien voir le Sarek, mais que je n’ai que le début du parc sur ma carte. Je crois qu’elle s’inquiète pour moi, parce qu’elle enchaine avec de nombreux avertissements : pas de sentiers balisés, pas de ponts, rivières difficiles, végétation dense par endroit, peut rester bloquer à cause d’une rivière, tenir compte qu’on n’y progresse que très lentement comparé aux sentiers, carte indispensable « blue lines are important in Sarek ! ». Elle vend celle qui couvre tout le parc, je la lui achète et lui donne l’autre.
Le soleil pointe enfin son nez, j’ai la carte d’un coin qui ressemble à ce que je recherche, cool ! Je prends 1h pour l’étudier et voir par où entrer au Sarek et surtout sortir. Il y a des traits bleus partout, beaucoup viennent de glaciers, difficile de se faire une idée précise de leur taille d’après la carte. Au cœur du Sarek se trouve la convergence de plusieurs vallées, je me dis que ça doit être pas mal et que ça me laissera plusieurs sorties possibles, au pire en revenant en arrière. Je choisis ma porte d’entrée au bas de la vallée d’Alggavagge, il y a un pont indiqué au bord du parc. La gardienne m’a dit qu’il était en mauvais état mais allons voir.
Je pars hors sentier vers le nord-est de Tuottar, ça me fait du bien, je retrouve la patate après une première moitié de journée où je n'étais pas très en forme. Mon nez coule de plus en plus depuis ce midi, une vraie fontaine maintenant. Merde à tous les coups je suis malade, c'est pas le moment .
Herbe, marais, buissons, les linaigrettes me servent à repérer de loin les zones les plus humides « linaigrettes = trempette ». Je repense aux chaussures de marche de la gardienne aperçues en train de sécher sur sa terrasse, jamais vu une tige aussi haute !
Je franchis une barrière de rennes en passant dessous, dans cette nature sauvage c’est vraiment très moche. Après un col très plat apparaissent enfin les premières montagnes du Sarek. Le soleil dans mon dos les illumine, c’est magnifique. J’ai envie de continuer pour voir si ça passe plus loin (rivières), mais le point de vue est tellement beau que je décide de bivouaquer là. On verra demain si je pourrai entrer au Sarek.
La suite bientôt !
Edit : partie n°2
Dernière modification par oli_v_ier (18-11-2013 23:37:55)
La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.
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#2 24-09-2013 01:16:45
- Ontheroad33
- Pandabruti
- Lieu : Bordeaux
- Inscription : 15-08-2011
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Ben ça commence bien ! Merciiiiiiii
J'aime bien cette idée d'impro, je tends de plus en plus vers ça... 100% découverte et surtout liberté absolue !
La suite, la suite !
"Je ne sais pas où je vais. Ouh ça je ne l'ai jamais bien su. Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n'irais plus." La Rue Kétanou, Où Je vais, Album En Attendant Les Caravanes, 2000.
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#3 24-09-2013 04:29:20
- ju_belledonne
- Membre
- Lieu : Somewhere in Canada
- Inscription : 29-11-2006
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Ca rappelle de très bon souvenirs, en effet j'étais dans la même zone. Nom de diou ce que c'est joli
Par contre tu étais sur la Padjalantleden, ce qui explique l'autoroute , la Nordkallotleden en elle meme est en général beaucoup plus sport
. C'est marrant ca m'avait fait la même chose la première nuit : réveil a 2h du matin j'avais commencé a préparé le ptit deg et.... merde j'avais zapé le coup du soleil de minuit
Dernière modification par ju_belledonne (24-09-2013 15:27:42)
Apprenti MUL ayant pris gout aux périples aux "longs cours".
Liste 1400km en laponie https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=18111
Récit 1300 km dans les rocheuses canadiennes https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=24005
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#4 24-09-2013 07:39:37
- ULK
- Membre
- Inscription : 10-05-2011
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Sublime !
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#5 24-09-2013 07:54:12
- Iksarfighter
- Voyageur nordique allégé
- Lieu : Toulouse ou Ariège
- Inscription : 18-05-2009
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Les grands "T" (Tur) rouges fréquents ça doit être en cas de brouillard épais lorsque le sentier ne se marque pas au sol dans la caillasse.
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#6 24-09-2013 09:15:56
- Colline
- Membre
- Lieu : Venansault
- Inscription : 15-05-2013
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Hâte d'avoir la suite! J'admire ton courage face à l'inconnue! On sent les années de rando derrière!
"L'homme fait des provisions pour un an et il ne sait pas s'il vivra jusqu'au soir." Tolstoï
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#7 24-09-2013 10:00:29
- eraz
- multimedia
- Lieu : Sancy
- Inscription : 26-08-2007
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Kikoo oli_v_ier
Marre de cette mode du teasing, de ces CR qui s'arrêtent brusquement en me laissant sur ma fin...
Au fait... Pas de problème à la frontière Norvège-Suède? .
eraz
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#8 24-09-2013 11:14:58
- jeanjacques
- .
- Lieu : Agen
- Inscription : 05-06-2010
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Aura t'il besoin d'une nouvelle carte ? Parviendra t'il au Sarek ? Quels dangers maintes fois évoqués par la population locale rencontrera t'il ? Arretera t'il de se gaver de baies diverses ?
La suite, demain.
Super poney
Quelques récits de rando
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#9 24-09-2013 11:51:26
- zaack77
- Somewhere else, high above...
- Inscription : 22-03-2006
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
On verra demain si je pourrai entrer au Sarek.
Ca fait un peu Seigneurs des Anneaux quand Frodo essaye de rentrer dans le Mordor....
Excellent récit! Ca donne envie et je me rappelle maintenant pourquoi j'aime tant RL .
"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles." Sénèque
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#10 24-09-2013 13:06:56
- arnom
- Membre
- Inscription : 09-06-2009
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Et heu... c'est combien l'abonnement pour pouvoir lire la suite
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#11 25-09-2013 09:41:15
- JJondalar
- Membre
- Lieu : Estérel
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Je prends un ticket pour la suite, moi aussi. J'aime beaucoup.
J'ai roulé dans le Parc national de Stora Sjöfallet qui n'est pas loin du Sarek. Il est clair que la marche fait découvrir mille fois plus de beautés que le vélo.
J'ai cru avoir mal lu, et j'ai relu. Non, il n'est pas question de moustiques. Tiens, bizarre.
La mésange à tête noire et la sittelle sont d'une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d'État ou des philosophes; au retour on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons."
H.D.Thoreau, Une promenade en hiver.
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#12 25-09-2013 09:46:27
- arnom
- Membre
- Inscription : 09-06-2009
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
J'ai cru avoir mal lu, et j'ai relu. Non, il n'est pas question de moustiques. Tiens, bizarre.
C'était improvisé, donc les suédois n'avaient pas eu le temps de préparer les moustiques
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#13 25-09-2013 09:50:05
- JollyJumper
- Banni(e)
- Inscription : 01-05-2013
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
J'ai cru avoir mal lu, et j'ai relu. Non, il n'est pas question de moustiques. Tiens, bizarre.
13 aout, fin de saison.
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#14 25-09-2013 10:11:34
- JJondalar
- Membre
- Lieu : Estérel
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
JJondalar a écrit :J'ai cru avoir mal lu, et j'ai relu. Non, il n'est pas question de moustiques. Tiens, bizarre.
13 aout, fin de saison.
Ils prennent leurs RTT en juillet ? J'ai voyagé jusqu'au 12 juillet et je me souviens avoir vécu un enfer dans la Toundra Finlandaise et le nord de la Suède. L'arrivée des moustiques c'est : fonte des neiges + redoux = éclosion des œufs. C'est pourquoi je me pose cette question. Tu veux peut-être dire que les moustiques arrivent plus tard sur les hauteurs du Sarek ?
oli_v_ier nous dira.
La mésange à tête noire et la sittelle sont d'une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d'État ou des philosophes; au retour on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons."
H.D.Thoreau, Une promenade en hiver.
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#15 25-09-2013 10:22:55
- wwwfabien
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- Lieu : Essonne
- Inscription : 23-06-2010
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
As-tu une liste de nourriture pour ces 10 jours ?
Aucun soucis pour le transport en avion et la douane norvégienne lors de l'importation de denrées alimentaires ?
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#16 26-09-2013 03:43:37
- oli_v_ier
- Administrateur
- Inscription : 24-01-2005
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Nom de diou ce que c'est joli
C'est tes souvenirs qui parlent : mon appareil photo est médiocre et je n'ai pas ton talent
.
Par contre tu étais sur la Padjalantleden, ce qui explique l'autoroute
, la Nordkallotleden en elle meme est en général beaucoup plus sport
.
Bah même au début sur la Nordkallotleden c'était pépère (cf carte ci-dessous). Je suppose que tu veux dire que la Nordkallotleden plus au nord est plus sauvage.
En passant, je ne m'attendais vraiment pas à un maillage si étroit des sentiers balisés dans cette région (c'est dire à quel point je n'ai pas bossé le sujet ). La région est quadrillée.
J'ai cru avoir mal lu, et j'ai relu. Non, il n'est pas question de moustiques. Tiens, bizarre.
Attends la suite !
As-tu une liste de nourriture pour ces 10 jours ?
Aucun soucis pour le transport en avion et la douane norvégienne lors de l'importation de denrées alimentaires ?
Quasi la même que pour l'Islande, en simplifiant : j'ai pas eu le temps de trop cogiter. L'objectif de ce voyage était juste de découvrir une partie de cette région, un repérage en quelque sorte (envie de packraft en tête dans les années à venir), donc je n'ai pas trop peaufiné cette fois-ci. Avec regret d'ailleurs, mon sac était trop lourd au départ. J'ai de temps en temps pensé aux 3kg de Fredlafouine et au moins d'1kg de JeanJacques en Corse .
Pour les restrictions douanières, j'ai regardé avant de partir : pas grande restriction sur la bouffe. Il y en a certaines quand même, mais je n'ai rien trouvé sur la masse de nourriture. En Islande elle n'est pas limitée non plus il me semble, maintenant.
Dernière modification par oli_v_ier (08-10-2013 15:02:37)
La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.
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#17 26-09-2013 07:52:37
- N_75
- hamacoeur
- Lieu : loin des livres !
- Inscription : 29-11-2012
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Bonjour Olivier,
dans ton 1er message tu écris :
"...la vue se dégage...bref c'est pas terrible. Enfin le sentier commence mais il suit la route, c'est moche...çà m'ennuie déjà"
Moi qui rêve de pouvoir un jour me balader dans cette région (au passage merci pour la carte), ces mots m'interpellent.
Alors n'est-ce pas dû à la fatigue du transport qui t'a empêcher d'ouvrir les yeux, les narines et les oreilles à fond ? Ou peut-être le fait de ne pas avoir préparé ton voyage, et donc de ne rien connaître de ce qui t'attend, ce qui ne te rend pas trop serein ? Ou alors est-ce par rapport à la suite qui s'annonce.
En tout cas, merci du compte-rendu, et vivement cette suite...
Tu vois, je suis : packraft ?
les citations: "Il faut se méfier des gens qui vendent des outils, mais qui ne s'en servent jamais" (Pagnol)
"C'est curieux chez les intellos ce besoin de faire des phrases" (Audiart)
Ah oui, une info, tout le monde n'a pas eu la chance de croiser des personnes pour leur apprendre l'anglais ! Eh oui, il y en a qui se sont salis les mains et se les salissent pour les autres !
Et une question, pourquoi fermez vous la porte aux gens qui n'ont pas leurs congés d'été en juillet mais en août ?
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#18 26-09-2013 08:29:36
- Alex KXK
- Membre
- Lieu : 68 / Haut-Rhin
- Inscription : 22-04-2010
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Ah le Sarek....
La suite la suite
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#19 26-09-2013 14:29:21
- Caroline73
- Membre
- Lieu : Savoie
- Inscription : 06-12-2012
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Super sortie! J'adore! J'me tâte moi-même pour faire la Nordkallotleden l'année prochaine... Hâte de lire la suite de ton voyage.
J'ai cru avoir mal lu, et j'ai relu. Non, il n'est pas question de moustiques. Tiens, bizarre.
Attends la suite big_smile !
Ma plus grande crainte concernant la Laponie...
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#20 26-09-2013 16:06:25
- oli_v_ier
- Administrateur
- Inscription : 24-01-2005
- Site Web
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Moi qui rêve de pouvoir un jour me balader dans cette région (au passage merci pour la carte), ces mots m'interpellent.
Alors n'est-ce pas dû à la fatigue du transport qui t'a empêcher d'ouvrir les yeux, les narines et les oreilles à fond ? Ou peut-être le fait de ne pas avoir préparé ton voyage, et donc de ne rien connaître de ce qui t'attend, ce qui ne te rend pas trop serein ? Ou alors est-ce par rapport à la suite qui s'annonce.
En tout cas, merci du compte-rendu, et vivement cette suite...
Fatigue ? Oui un peu certainement.
Manque de préparation ? Sulitjelma est une ancienne ville minière, on me l'avait dit avant que j'y aille. Maintenant dans le coin ils font beaucoup de travaux hydroélectrique. Enfin tu imagines le topo, c'est pas super beau. Mais quand on s'éloigne de tout ça c'est mieux . J'ai aussi en tête (en référence en quelque sorte) les paysages islandais. La température, l'ambiance en laponie m'a rappelé l'Islande, mais ce n'est pas pareil.
Bon ce soir, la suite .
La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.
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#21 26-09-2013 16:09:20
- Guybrush84
- Threepwood
- Lieu : Aix en Provence
- Inscription : 02-08-2010
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Bon ce soir, la suite
.
Ah !
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#22 26-09-2013 16:47:06
- arnom
- Membre
- Inscription : 09-06-2009
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Chouette
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#23 26-09-2013 20:55:57
- oli_v_ier
- Administrateur
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Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Jour 4
Maintenant c’est sûr j’ai la crève. Ce matin il pleut, j’ai le nez bouché, y a plus qu’à espérer que ça passe vite.
Les couleurs et les contrastes sont sublimes ce matin. Et puis c'est à moi de "faire" le chemin, j'aime ça.
(ci-dessous la vallée que j'envisage de suivre)
Je continue hors sentier vers le nord, passe quelques rivières sans difficulté dont une pieds nus, puis arrive à l’emplacement supposé du pont. Je n’en trouve aucune trace. La rivière est assez large mais ne me semble pas infranchissable. L’eau est transparente, des petits rochers affaiblissent le courant par endroits, ça a l’air tout bon. Je trouve un endroit pas trop mal pour traverser, l’eau dépasse à peine les genoux, facile. Et puis le soleil est revenu !
J’utilise des botillons néoprène pour la première fois, c’est top confort mais les manips sont un peu pénibles comparé aux surbottes. Me voilà dans le Sarek . Pas si sauvage que ça ici : je me dirige vers une sorte d’enclos puis monte vers une bâtisse qui domine le coin, il est indiqué « Alkavare kapell » sur la carte. C’est ouvert et c’est une… chapelle !
C'est curieux, mais elle a du caractère, elle doit avoir une histoire.
La vue sur le lac plus bas est magnifique, il est 12h je fais une grosse pause et profite du lieu et du moment.
Je repars en suivant un sentier qui part à flanc dans la vallée. Il est plutôt bon même s’il devient difficile à suivre par endroits : à la sortie des marais et dans les buissons. En fait je me rends compte que plusieurs sentiers ou sentes suivent l’axe de la vallée en parallèle et en gradins, suite logique de la présence humaine et animale. Le jeu est de trouver et suivre la meilleure trace.
L’étanchéité de mes chaussures est mise à contribution de nombreuses fois dans les zones humides. A l’aide de quelques sauts et petits contournements je reste les pieds au sec. Une fois je dois mettre les botillons pour traverser une grande zone humide plutôt que de la contourner.
Mignonne cette vallée. La rivière en bas coule paisiblement en plusieurs petit bras et quelques cumulus créent un jeu d’ombre et de lumière qui met en perspective la taille de la vallée. Les torrents dégoulinent des névés et glaciers qui dominent là haut, mais aucun n’est problématique, je dois enlever les chaussures une seule fois. Je croise un randonneur solo avec ses écouteurs et un groupe de 5 gars qui marchent dans l’autre sens. Alors que j’approche de la vallée de Guopher des averses commencent à se produire, le ciel s’est bien couvert. Je dois traverser une rivière plus importante, une tente est plantée de l’autre côté avec un couple à côté qui me regarde passer. L’eau passe vite mais ne dépasse pas le mi-mollet, sans problème. Le couple me demande mes impressions, il est curieux de mes botillons néoprène, mais encore plus quand il me voit remettre mes trails.
« C’est les seules chaussures que vous avez ? »
« Oui »
« Mais comment vous faites dans les marais ? »
« Je mets les botillons, en général il n’y a pas beaucoup de cailloux dans les marais, donc c’est ok ».
Je lui pose des questions itinéraire, il me donne plein d’infos, me parle du village Sami à l’est (Rinim), de la vallée au nord d’où ils viennent, de la vallée de Rapadalen qui peut être très galère à cause de la végétation, du mont Skierffe au bout qui semble être un joli point de vue. La convergence des vallées est un peu plus loin, je continue. La pluie arrive avec le vent de face, je galère un peu à trouver la bonne trace en tentant de voir entre les gouttes avec la tête baissée sous la capuche. Aucune trace ne dure plus de 100m, le jeu du « quelle est la meilleure trace » ne m’amuse pas, je finis par tracer tout droit sans plus prêter attention aux sentes. Mentalement c’est bien plus reposant, je retrouve le sourire. Entre deux grosses averses qui remontent de la vallée de Rapadalen à droite j’entrevois des paysages magnifiques, les contrastes sont fascinants.
Une « Wind shelter » est indiquée sur la carte, alors que je m’en rapproche de multiples sentes se mettent à y converger. J’y rentre et à peine la porte fermée, une nouvelle grosse averse arrive, il pleuvra ainsi jusqu’à ce que je m’endorme. Il n’y a pas de bas flanc, mais un banc assez long pour s’allonger. Je préfère m’allonger au sol pour avoir plus de place. J’ai passé ma journée à me moucher, je m’endors malade, bercé par le son de la pluie sur le toit et les murs, et par le sifflement du vent dans les haubans de la cabane.
Me voilà au cœur du Sarek. Plusieurs possibilités pour la suite, je commence à calculer mentalement combien de jours il me reste au maximum pour revenir au point de départ sans rater l’avion.
Jour 5
Il a plu toute la nuit, au matin une fuite apparait dans le toit, elle goutte juste à côté de mon sac de couchage. J’ai suivi l’évolution du baro, il est passé de 1003 à 999 mbar ce matin et descend encore. Il vente assez fort, le temps est vraiment pourri. Je commence à tousser, il n’en faut pas plus pour me convaincre qu’il serait peut-être opportun de passer une journée cool ici à récupérer, bricoler (j’ai de la couture à faire sur la poche avant), lire les cartes, me laver, faire une lessive, manger et me promener dans le coin.
Je passe pas mal de temps à étudier la carte du Sarek en analysant les différentes sorties et les galères associées dont m’a parlé le gars d’hier. Un allemand bivouaque non loin, il vient me rendre visite, on discute rando. Il est assez curieux de mon matos, le sien semble assez ancien, sa tente date des années 70 me dit-il. Dans l’après midi le baro remonte à 999. Le vent fait un 180° en 1h, mais il fait toujours aussi mauvais. En fin d’après midi le temps se dégage, deux suédois s’arrêtent dans la cabane, aujourd’hui ils n’ont fait que 6km, partis tard. Ils viennent de la vallée de Rapadalen, ils ont mis 4 jours depuis Aktse. Comme le gars me le conseillait hier, ils n’ont pas fait l’intégralité de la vallée en passant par la montagne au nord : ça permet de faire la jonction entre le bas de la vallée et Akste sans prendre le bateau navette. Deux difficultés aujourd’hui pour eux, des rivières dont une très puissante avec de l’eau jusqu’aux hanches. Depuis hier le débit des rivières que je vois depuis la cabane a considérablement augmenté, ça dégouline de partout sur les pentes. Je leur dis que le baromètre remonte, ils sont contents, eux aussi auront des problèmes s’il pleut encore cette nuit. L’un d’eux me demande si ce sont mes chaussures posées là, « Les seules ? » « Oui » . Il ouvre grand les yeux et rigole « J’ai encore vu personne marcher avec ça ici. Nous on les utilise plutôt comme chaussons pour marcher autour de la tente le soir » . Il porte des bottes et son pote a le même genre de chaussures que la gardienne de Tuottar. Il me dit « tu dois marcher vite avec ça. Moi c’est 3 – 3,5km/h max. Mes pieds ne sont pas bien tenus, je compense avec de grosses chaussettes mais c’est pas top ». Je lui réponds que les trails ne sont pas parfaites pour ce terrain à cause des marais, mais que pour l’instant je ne regrette pas ce choix. Ils repartent vers la vallée que j’ai empruntée hier, après avoir remis leur claies de portage.
Cette vallée de Rapadalen et le Skierffe au bout sont tentants, mais c’est encore plusieurs jours vers l’est : 4 pour les deux suédois en forme et habitués du coin, mais pour moi ce sera plus ou moins ? Si je mets 4 jours, je serai à Aktse le jour 9. Ca me laisse maxi 4 jours pour revenir. Si je veux assurer, soit je fais demi-tour (bof), soit je vais vers la vallée au nord (que l’allemand m’a décrite comme facile) et je reviens vers Staloluok. Bref je déciderai demain selon comment je le sens. Ma toux et mon nez bouché ne se sont pas améliorés, ni empirés, c’est déjà ça. Je profite aussi de l’après-midi pour faire une grosse sieste, quelques courtes promenades et faire le tri dans mon matos, brûler tous les papiers inutiles, je laisse de la bouffe dans la cabane, dont 500g de beurre ! Il m'en reste 400g
.
Edit : la suite, partie 3
Dernière modification par oli_v_ier (18-11-2013 23:39:24)
La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.
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#24 26-09-2013 21:26:49
- Iksarfighter
- Voyageur nordique allégé
- Lieu : Toulouse ou Ariège
- Inscription : 18-05-2009
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Ibuprofène + Doliprane ça aide un peu à supporter une rhino-pharyngite contractée en voyage.
Il semble y avoir du monde qui randonne dans le Sarek, tant mieux en cas de souci.
Hors ligne
#25 26-09-2013 21:37:10
- fredlafouine
- Fouinez!
- Lieu : bretagne
- Inscription : 24-05-2009
Re : [Récit + liste] Improvisations en laponie
Ibuprofène + Doliprane ça aide un peu à supporter une rhino-pharyngite contractée en voyage.
Il semble y avoir du monde qui randonne dans le Sarek, tant mieux en cas de souci.
Déprimant.
´·.¸¸.·´¯`·.¸ ><((((((º>
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