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#276 07-10-2023 09:27:20

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Matt81 a écrit :

#691925

Hervé27 a écrit :

#691853A l'approche des cabanes de Gappohytta

C'est dans cette cabane que "ma vie" a connu un joli changement  smile


Mmmmhh .... Tu nous racontes ça quelque part wink ?


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#277 08-10-2023 13:14:50

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#17 jeudi 6 juillet 2023
Nordre Måskanvarrirøysa-Skaktarelva
45km +1068 -1224 11h23 (+pauses 3h43)
Cumul 638km +11 000m 158h
Vidéo #17

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Il a plu une grande partie de la nuit jusqu'à 3h du matin, puis à nouveau une légère ondée avant que je n'entame le processus de remballage. J'émerge de ma tente avec l'essentiel déjà réempaqueté : plus que l'abri, les piquets et la feuille tyvek à glisser dans la poche extérieure du sac. Pas question de mettre du matos humide à l'intérieur ... Ce matin le temps se dégage avec un peu de ciel bleu et du soleil, mais la nébulosité qui se déchire s'accroche encore sur les reliefs environnants, ajoutant à la magie des lieux. Le retour du soleil a fait remonter la température vers 10-11°C, donc pas vraiment froid dans l'environnement encore joliment englacé que je vais traverser.

Je commence à marcher à 6h35, douillettement couvert de ma polaire et du coupe-vent. J'avais bien fait de m'arrêter ici hier soir à ce genre de col juste à la fin d'une lente montée : j'aurai pu croire qu'après ça le terrain redescendait lentement vers la vallée sur l'autre versant, mais c'est en réalité un long couloir froid qui remonte encore jusque sous 1000m d'altitude, et où la fonte des neiges est loin d'être achevée. D'abord à travers les pelouses, le chemin traverse de plus en plus souvent de longs champs de neige, longe des torrents tout juste libérés d'épaisses congères, et alimentés par des lacs toujours encroûtés par les glaces. Dans le jour permanent la neige reste molle même au petit matin, et les névés n'ont que des pentes très faibles, nul besoin de crampons ... Hors la neige ce sont des pelouses brunes que l'herbe n'a pas encore eu le temps de verdir depuis la fonte. Le dépaysement est total et j'essaye d'immortaliser chaque image, chaque instant, chaque impression ... Je n'échangerai ma place pour rien au monde ...

depuis le bivouac que je quitte
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d'abord un peu de pelouses et beaucoup de caillasses
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puis le vrai spectacle ...
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Les nuages s'accrochent mieux dans cette vallée glacée que là où j'avais planté le bivouac, j'y perds le soleil et progresse sous une chape de brumes. Dans ce monde en noir et blanc, la presque unique touche de couleur est apportée par les marques de peinture rouge de l'itinéraire. L'ambiance est incroyablement paisible : quand je fais taire le bruit de mes pas dans la neige, je n'entends que le murmure des cours d'eau qui cherchent à rejoindre le lac le plus proche. Les oiseaux arctiques sont pour une fois silencieux : c'est vide, c'est sinistre, c'est beau ... J'aimerai avoir les yeux plus grands !

Les pelouses disparaissent progressivement pour ne plus laisser la place qu'aux champs de neige, à la rocaille et aux lacs englacés, et après 1 heure de marche depuis mon campement je passe un nouveau point haut de la traversée à 986m d'altitude, seulement 1m de plus que le précédent d'il y a 2 jours en Finlande, en tout cas si je me fie à mon GPS. En général, la carte norvégienne que j'utilise n'indique pas d'altitude "officielle" pour les cols, seules celles des sommets, des refuges ou des lacs est (parfois) donnée. Comme les lignes de niveau sont très espacées sur ces vastes cols très évasés, je n'ai que la technologie comme référence ...

Les sommets sont invisibles dans le plafond nuageux, et j'en viens à m'inquiéter un peu de la tournure que pourrait prendre la météo. La descente s'amorce sur une alternance de neige et de pierriers où je me laisse guider par les cairns et leurs tâches bien visibles de peinture rouge. Des tiges coupées de bouleau - incongrues dans cet environnement minéral - y sont dressées, ou alors traînent au sol, marquage d'hiver qui s'efface maintenant pour laisser la place au court été.

une tige de bouleau pour rehausser la marque au-dessus de la couche de neige d'hiver
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encore dans les glaces
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Je vois devant moi la vallée qui s'abaisse et se libère de sa gangue de neige, avec toutefois un dernier névé à franchir sur lequel je reste prudent : je vois sa pente s'accentuer et disparaitre devant moi, m'amenant à me détourner sur un côté pour trouver un passage moins raide. Je fais bien, car suivre la direction du marquage m'aurait amené sur un décrochage de 5-6m de haut en l'amont duquel il eut été mal avisé de glisser. Après cela mes pieds retrouvent définitivement le sol caillouteux du sentier, mais je ne suis pas encore à pieds secs. Le torrent bien gonflé par la fonte des neiges en cours ne m'inspire pas là où la marque le traverse, je préfère le longer encore pour ne le traverser que plus bas, là où il s'évase largement. J'ai les pieds dans l'eau plus longtemps, mais avec moins de risque ...

Un peu de ciel bleu refait son apparition, mais la brume continue de masquer devant moi la grande vallée vers laquelle je redescends. Je retrouve les pelouses, admire une belle cascade se jetant presque directement dans un lac, tandis qu'avec la perte d'altitude l'herbe sous mes pieds commence à retrouver sa verdure. Encore un franchissement de torrent un peu délicat avec de l'eau jusque sous les genoux, et je n'ai plus qu'à me laisser descendre sur du sentier facile. Les piaillements perçants des oiseaux reprennent, et devant moi le fond du haut de la vallée de Rostadalen ressemble d'abord à une immense plaine, l'autre versant m'en étant masqué par la brume.

direction la vallée
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on pense à l'Islande
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derrière moi enfin un peu de ciel bleu
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sous la brume la vallée de Rostadalen se fait passer pour une plaine
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À force de descendre la végétation reprend de l'épaisseur et de rares bouleaux refont leur apparition. La Rostaelva coule ici de manière plus encaissée et sa vallée se fait plus profonde. Un peu de soleil revient, et devant moi un beau massif se dégage, avec le mont Høglikka à 1503m et un joli glacier suspendu, offrant un beau contraste avec la vallée verdoyante qu'il domine. Je sacrifie au rite du selfie au franchissement des 600 km au compteur, puis atteins à 9h50 le refuge DNT de Rostahytta dans le creux de la vallée près du torrent.

600 !
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Après 3h15 de marche il est temps de faire une pause : comme il fait bon (14°C), je veux d'abord juste laisser un message dans le hyttebok et me trouver en extérieur une place abritée du petit vent pour un café + en-cas, mais je fais ici la rencontre de Isak, jeune marcheur norvégien de 18 ans sur la Nordkalottruta. Il a planté sa tente dehors mais squatte en journée le séjour et m'invite à entrer. Un peu fatigué (pas étonnant quand je vois la taille de son sac et sa montagne d'affaires éparpillées) il s'offre aujourd'hui un jour de repos ... Il y a plusieurs jours qu'il n'a vu personne et tout comme moi il est heureux de trouver quelqu'un avec qui parler ! Je fais 3 étapes quand il en fait une, et il en est à son 2ème jour zéro quand je n'en ai encore pris aucun ...

Pour moi c'est aussi une bonne occasion de découvrir l'intérieur d'un refuge DNT dans toute sa splendeur, n'ayant pas pénétré plus loin que dans le vestibule de Gappohytta hier. Fauteuils, canapés, tapis, tables basses, salle à manger, cuisine équipée, dortoirs ... et le luxe suprême avec des prises USB où recharger mes appareils qui se vident depuis hier sous la pluie et la brume ! On passe du temps à tchatcher, et je vais finalement rester là plus de 2h ... Isak prend au pied de la lettre mes anecdotes de la veille sur ma crainte infondée de manquer de vivres d'ici à Riksgränsen, et veut m'abandonner un peu de ses réserves de cacahuètes, fromage ou barres de céréales. Je dois lutter pour le convaincre, et n'accepte au final que les cacahuètes que je glisse dans une poche de bretelle du gilet ALD, lesquelles seront vite grignotées dans l'après-midi ...

Rostahytta
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C'est rustique
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Il est passé midi quand je repars, heureux de cette 1ère véritable rencontre depuis la séparation d'avec Kim et Lukas il y a 10 jours. La pause plus longue que prévue complique mon objectif des 40 km quotidiens, mais qu'importe, j'ai encore de longues semaines devant moi ... Dehors le soleil s'est un peu affirmé et malgré les nuages qui s'accrochent encore l'ambiance est bien agréable, le mont Høglikka s'est fait plus imposant ... Je franchis la Rostaelva sur un pont suspendu métallique, et m'engage dans la remontée sur l'autre versant. Isak m'avait dit que je pourrai trouver là un peu de signal, car il y a une route plus bas dans la Rostadalen. J'en trouve 3 fois rien, juste assez pour envoyer un message de type "RAS je vais bien" à la famille, et rappeler que je ne m'attends pas à d'autre occasion de trouver du réseau avant 3 jours ...

Pont sur la Rostaelva
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Mont Høglikka 1503m
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En suivant le sentier sous mes pieds je commence à être pris d'un doute : il s'écarte franchement de ma trace GPX prévisionnelle, et j'en viens à me demander si je n'ai pas manqué une bifurcation pour partir dans la mauvaise direction. Le chemin sur lequel je me trouve n'existe pas sur la carte norvégienne, et pourtant j'y trouve bien une marque rouge, mais pour quelle destination ? Je sors de l'incertitude en basculant vers le fond de carte "Outdoors" d'OSM que j'ai bien de précharger, et où figurent les itinéraires balisés : je suis bien sur la bonne trace, ouf ! Quelque part dans le temps entre la réalisation de la carte norvégienne et le balisage actuel, un changement est intervenu. Le sentier dûment marqué (mais donc absent de la carte norvégienne) que je prends est un peu plus long, mais remonte moins brutalement dans les lignes de niveau.

La prochaine cabane à Dærtahytta était mentionnée à 17km depuis Rostahytta, peut-être un peu loin comme objectif de la prochaine pause. On verra bien. Pour l'instant je m'élève gentiment, laissant vite les bouleaux du creux de la vallée. Le chemin déroule bien sur une ascension régulière, et je refais en sens inverse les étages de végétation, retrouvant les pelouses rases d'altitude et les lacs de toutes tailles. Le paysage s'ouvre sur un plateau / vallée évasée à ~750m d'altitude, avec en fond le torrent à passer : peu profond, mais pas d'autre possibilité que de se re-mouiller les pieds. Dommage pour mes chaussures qui commençaient à sécher des traversées de ce matin ...

J'emprunte une vallée perpendiculaire pour remonter plus encore, pour arpenter un nouveau plateau et passer un "col" à 960m. Le chemin reste correct entre herbes et caillasse, j'avance bien, motivé par quelques moustiques à ne jamais m'arrêter trop longtemps ... Derrière moi je peux admirer le massif franchi ce matin, enfin dégagé des brumes. Je suis à la même altitude que mon itinéraire matinal, mais autant l'ambiance était alors sombre et sinistre dans une vallée relativement étroite, autant ici le vallon est très ouvert et ensoleillé, et l'herbe presque verdoyante. J'y longe 2 jolis lacs entourés de quelques névés, et en l'absence totale de vent l'ambiance est étouffante. Je m'installe à 15h au soleil et adossé au rocher au bout du second lac, pour une pause déjeuner tardive.

vue arrière sur les montagnes du matin
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banzai !
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bientôt la pause
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Je repars à 16h avec "seulement" 22 km au compteur, le quota des 40 km  semble de plus en plus compliqué à atteindre pour ce soir ... Je n'avais pas bien consulté ma carte, et alors que je croyais commencer à descendre vers Dærtahytta, il me reste encore une petite montée dans les pierriers à un col à 1040m, nouveau "record" de la traversée ! Je me demande d'où sortent les moustiques qui, même à cette altitude, continuent de tourner autour de moi ... La vue porte loin, et je peux reconnaitre distinctement le mont Saana au-dessus de Kilpisjärvi, à environ 50 km en ligne droite et quitté seulement hier matin. Tout ce qui est derrière est donc bien plus loin mais inidentifiable pour moi qui n'a que peu de repères dans cette région. Pourtant maintenant plus haut que ce matin je n'ai quasiment pas à marcher dans la neige, qui a bien mieux fondu ici sur ce plateau bien exposé. Juste pour le plaisir je vais quand même m'offrir un grand névé que la marque évitait, car la descente sur la neige est quand même plus simple que sur le pierrier : il y aurait eu juste assez de pente pour une ramasse, mais je ne veux pas me mouiller les fesses et le fond du sac en plus des chaussures ... Malgré l'altitude j'ai toujours les mêmes 14°C que ce matin dans la vallée, il fait bon ...

il a fallu mettre les pieds dans l'eau pour peindre cette marque
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Dærtahytta au bout de ce vallon
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contrastes de vert juste avant Dærtahytta, tout à gauche de l'image
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Après un pierrier plus raide, l'atterrissage à Dærtahytta se fait en douceur dans la prairie de fond de vallée, et j'y suis à 17h40. Je n'y entre que pour laisser un mot dans le hyttebok, rencontrant là un couple allemand qui se préparait à repartir, et une dame à sa lecture qui ne m'accordera que peu d'attention. C'est toujours étonnant de ne voir personne sur les chemins, et ne toujours trouver du monde qu'aux refuges : à croire que les marcheurs d'ici y passent tout leur temps et se téléportent de l'un à l'autre ... C'est peut-être pour ça qu'ils s'autorisent de si gros sacs ?

Reparti à 18h00 pour dépasser les "maigres" 28 km parcourus depuis ce matin, j'ai en tête l'information d'Isak passé là il y a 2 jours : d'ici le chemin est extrêmement roulant, au point qu'on pourrait "y faire son footing". Avec 24 km d'ici au refuge suivant de Dividalshytta, où saurai-je placer le curseur pour prendre mon bivouac ? Oserai-je marcher une nouvelle fois jusqu'à minuit pour atteindre ce refuge et dormir une première fois dans le confort d'une cabane DNT ? Je vais en caresser l'idée toute la soirée, la jugeant tour à tour impossible, déraisonnable, oui, non, peut-être ... En tout cas le chemin avance bien et la moyenne horaire est excellente : il n'y aura qu'un unique mais vaste marécage à franchir pour me ralentir, peut-être le plus grand depuis le départ de la traversée. Je m'en sors bien au début, mais les tout derniers mètres me voient m'enfoncer jusqu'aux mollets avant de retrouver le sentier solide à flanc de montagne.

Regard en arrière vers Dærtahytta, histoire de faire ressortir l'isolement de ces refuges
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entre et autour de ces deux lacs, un long marécage à traverser
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Je déroule et cavale sur ce très bon sentier, faisant rapidement remonter le compteur de plus en plus près du "quota" des 40 km. Exceptionnellement je vais apercevoir 2 tentes plantées entre un lac et le chemin, et quelqu'un affairé à sa cuisine qui ne m'accordera aucune attention par-delà les 30 mètres qui nous séparent. Je suis en jambes et heureux de marcher, je me laisse porter par mon élan sur cet itinéraire d'où je peux assez librement et sans trébucher laisser mon regard flâner aux alentours. Devant moi 2 montagnes vers lesquelles je me dirige s'imposent au regard, et selon ma carte je vais avoir à zigzaguer entre les 2 par la vallée qui les sépare. La plus grande de forme pyramidale est nommée Jerta et monte à 1428m, dominant les plateaux / fonds de vallée à 700m où je circule. Il est 21h quand j'approche enfin de son pied, séparé d'elle par la plus large rivière que j'aurai eu à traverser jusqu'à présent, sur un gué avec de l'eau au plus profond jusqu'à mi-cuisses et au total sur presque 100m car je l'emprunte en diagonale : les restes de boue du marécage de tout-à-l'heure sont lessivés !

Depuis Dærtahytta le plafond nuageux s'était réinstallé, mais ici le soleil maintenant bas sur l'horizon réapparait, illuminant les terrasses herbeuses au-dessus de moi. J'y aperçois une tente jaune bien photogénique me rappelant ma Nemo Blaze, et son propriétaire debout face au soleil admirant le paysage. Cette vue emporte ma décision de trouver par ici mon propre spot, car à force de descendre vers le Sud et avec l'été qui s'avance, ce sont mes dernières occasions de voir le Soleil de Minuit.

Au pied du Jerta aux lumières du soir
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Skaktarelva franchie, plus qu'à trouver le bivouac
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Bien entendu pour bivouaquer il me faut ma réserve d'eau, et il suffit d'avoir décidé de m'arrêter par ici pour que soudain les versants se fassent plus arides ... Je dois marcher encore un peu pour retrouver un bon torrent d'eau fraîche, et gagner une nouvelle terrasse herbeuse ensoleillée. Je veux m'installer sur son point haut mais un petit vent m'en dissuade : je plante légèrement en contrebas, mieux abrité.

21h45 donc pour jeter le sac à terre et planter les piquets, le quota des km bien dépassé et une vue magnifique sur la rivière illuminée par les rayons rasants du soleil. J'approche du quart du périple, seuil psychologique qui me permet de commencer à croire que je vais aller au bout de ce périple un peu fou ... Plus que 2200 km !

c'est piqué !
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23h49 ...
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à suivre ...

Vidéo #17

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#278 08-10-2023 18:33:15

Matt81
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

de très belles images sur cette série: le pouvoir des "montagnes" et des nuages  smile

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#279 08-10-2023 19:23:35

Yapluka
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bonjour Hervé,  n'as tu pas des problèmes aux pieds à force de marcher dans l'eau glacée et dans la neige ?
Cela m'est arrivé quelques fois, mais je n'aurais pas pu le faire pendant plusieurs jours consécutifs.
Parviens tu a les réchauffer ?

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#280 08-10-2023 19:47:41

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Yapluka a écrit :

#692019Bonjour Hervé,  n'as tu pas des problèmes aux pieds à force de marcher dans l'eau glacée et dans la neige ?
Cela m'est arrivé quelques fois, mais je n'aurais pas pu le faire pendant plusieurs jours consécutifs.
Parviens tu a les réchauffer ?

Salut Yapluka,

Dans l'eau oui, mais pas du tout glacée ! Les rivières à traverser provenaient alors de lacs chauffés au soleil 24/24 dans des températures très douces, et les eaux de fonte ruisselaient sur des sols qui n'étaient eux-mêmes pas froids. En ce début d'été exceptionnel les eaux vraiment froides ont été plutôt rares (peut-être un torrent ce jour-là), et comme ce n'était pas répétitif je m'en remettais vite. Plus tôt ou plus tard dans la saison, ça aurait probablement été une autre histoire !

J'ai eu la discipline de me déchausser à l'occasion de chaque pause, en moyenne 3 fois par jour, limitant ainsi les ampoules. J'en ai parfois attrapé par négligence quand j'ai trop attendu pour m'arrêter, mais elles n'ont touché que les orteils et sans me créer de réel handicap. On voit ainsi fleurir puis flétrir les pansements sur les photos de pause que je publie lol .

Après chaque traversée, l'eau s'évacuait plutôt rapidement de mes Mescalito, et le peu qui restait se mettait ensuite vite en température. Au bout d'un moment je cessais tout simplement d'y penser. En revanche il me fallait penser à fréquemment corriger le laçage : après un bain tout se distendait et il fallait resserrer, mais au fur et à mesure du séchage (quand il était possible ...) tout rétrécissait lentement et pouvait me faire souffrir ... Ce sont ces changements de tension et les frottements générés qui ont amené par 2 fois mes lacets à se rompre (sur 4 paires de chaussures donc 8 lacets).


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#281 09-10-2023 21:57:46

Etimul
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

En voilà une belle saga.
Hervé en terre normande  smile

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#282 09-10-2023 22:08:55

tolliv
Sérénitude
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Coucou Hervé, j'ai une question concernant la traversée des rivières, je n'ai vu l'information avant.
Tu le faisais avec les chaussettes ? Ou bien enlever les chaussettes et la semelle intérieure pourrait améliorer le séchage et limiter l'humidification des pieds ?


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#283 10-10-2023 01:33:24

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

tolliv a écrit :

#692080Coucou Hervé, j'ai une question concernant la traversée des rivières, je n'ai vu l'information avant.
Tu le faisais avec les chaussettes ? Ou bien enlever les chaussettes et la semelle intérieure pourrait améliorer le séchage et limiter l'humidification des pieds ?

Salut tolliv,

L’idée est envisageable dans nos montagnes, quand peut-être une fois dans la journée on rencontre un cours d’eau sans aménagement et gonflé par une pluie récente.

Là-bas dans une journée il y a une poignée de torrents à traverser à gué qui font de belles images dans les vidéos, mais aussi de bien plus fréquentes et longues sections spongieuses ou marécageuses que je montre proportionnellement moins souvent parce que moins photogéniques…

Tu n’imagines pas le temps et l’énergie que consommerait le fait de s’arrêter avant et après chaque section mouillée pour modifier la configuration des chaussures … On n’avancerait pas …

Pour ma part j’ai donc appliqué la méthode « gros bourrin », et dès lors qu’il n’y avait pas de chemin à pieds secs évident, je traversais franco sans aucune espèce de précaution.

En général pieds et chaussures sont déjà mouillés avant de traverser le torrent, alors un peu plus ou un peu moins …


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#284 10-10-2023 10:54:27

tolliv
Sérénitude
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Effectivement, cela serait agaçant !
En plus, aller dans la rivière après être passé dans des marécages permet de les laver fréquemment !


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#285 10-10-2023 12:25:39

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#18 vendredi 7 juillet
Skaktarelva à Gaskashytta, Øvre Dividal nasjonalpark
45km +964 -1154 11h19 (+pauses 3h12)
Cumul 682km D+12000m 170h
Vidéo #18

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Dans la nuit j'ai pu suivre la course du soleil par-dessous la toile tendue du Pioulou, et ce matin est bien lumineux. Arrivé tard hier soir, je me donne un peu de temps et suis moins matinal que d'autres jours, prêt pour le départ à seulement 7h45. Dans le jour permanent je sens bien que je me décale vers le soir, rendant plus difficiles les départs du matin pour lesquels je dois me faire (un peu) violence ...

En perspective pour aujourd'hui j'ai jusqu'à 3 refuges DNT sur ma route : Dividalshytta, Vuomahytta et Gaskashytta. J'aimerai pour une fois dormir en dur dans l'une de ces magnifiques cabines, mais jusqu'à présent je n'y suis jamais arrivé dans les bons horaires. Vuomahytta ferait sans doute une étape encore trop courte, alors que Gaskashytta pourrait tomber pile si je peux reproduire mon gros kilométrage d'hier ... Tout dépendra donc de la qualité des chemins, ainsi que de pauses d'une durée raisonnée.

J'ai pour commencer une petite montée de 250m D+ dans la pente herbeuse, sur laquelle court un sentier bien formé et surtout bien sec. L'environnement se fait un peu plus pierreux quand je passe vite le petit col (979m enregistrés), et surtout beaucoup plus couvert avec un soleil désormais caché par les nuages. De là le chemin court à flanc un long moment à la limite entre prairie et pierriers, dominant d'abord une plaine cerclée de collines arrondies (Julosvággi), pour arriver ensuite au dessus de la vallée plus profonde de Dividalen. Avec un peu de soleil retrouvé, je m'imprègne de la vue contrastée sur le fond de vallée boisé d'une part, les sommets et plateaux encore partiellement enneigés d'autre part.

un petit regard en arrière dans la montée
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et c'est parti pour une petite ascension
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nouveaux horizons par-delà le col
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d'un côté Julosvággi, une vaste cuvette
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de l'autre côté Dividalen, une vallée plus profonde
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Le chemin décroche alors pour descendre assez directement dans la pente, suivant une petite crête bien drainée où il ne risque pas de tourner en marécage, et d'où j'ai de beaux points de vue surplombant la vallée. Le sol est mi rocheux, mi-sableux, et donc une adhérence plus aléatoire dans la pente qui me conduit à faire attention ... Je retrouve la forêt de bouleaux et arrive juste avant 10h au refuge DNT de Dividalshytta. Je n'y trouve personne et y fais ma pause à l'abri des moustiques, en m'acquittant du droit de passage en journée ici très modeste de 30 couronnes (~€2.60) : d'une région de Norvège à l'autre et selon l'association en charge, les tarifs sont très variables. Ce passage en journée peut être tarifé de 30 à 100 couronnes, et je parle bien du tarif réduit pour les membres cotisants du DNT ... J'y reste ~1h15, le temps de chauffer un  café et d'optimiser la charge des appareils sur les prises USB du séjour. Bien entendu, je laisse un petit mot dans le hyttebok.

redescente en forêt
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en quittant Dividalshytta
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Je repars à 11h10 pour ma nouvelle section en direction de Vuomahytta avec un temps à nouveau ensoleillé. Le refuge est encore relativement en hauteur sur les flancs de la vallée et il faut encore redescendre plus profondément pour atteindre les rives de la Divielva. Pour la première fois depuis la vallée de Reisa, je retrouve une belle forêt de pins. Les températures sont remontées au-delà de 20°C : dans l'effort et au soleil l'ambiance est bien estivale.

J'arrive à la Divielva dans une section où elle est large et peu profonde, et ne voyant aucune passerelle je me prépare psychologiquement à remouiller mes chaussures qui séchaient peu à peu depuis hier soir. Le sentier marqué continue cependant de suivre la rivière sans indication d'une traversée à gué, et sur une plus longue distance que je ne le croyais. Le chemin est bien aménagé, avec des pontons pour enjamber les petites sections marécageuses, et je progresse vite. La forêt de bouleau me fait une impression luxuriante, tant elle contraste avec les prairies rases, les pierriers et les champs de neige des derniers jours. De fait je vais bien finir par arriver à une belle passerelle, aussitôt suivie d'un jeu d'escaliers pour rejoindre le plateau 40m plus haut.

pont sur la Divielva
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Le chemin remonte au-dessus des gorges de l'Anjavasselva, une large rivière affluente de la Divielva. Le chemin court facilement sur le bord du plateau dans une forêt clairsemée de pins et de bouleaux, mais les points de vue sur le torrent rugissant en contrebas sont difficiles à trouver : on l'entend mais on ne le voit pas, en tout cas au début. Au soleil la température monte encore, j'enregistre 24°C : avec les eaux fraîches qui coulent en contrebas je me prends à rêver d'une pause au bord de l'eau et d'une baignade ...

difficile d'attraper un bon point de vue sur les gorges de l'Anjavasselva
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Anjavasselva
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J'arrive à l'entrée de la gorge et j'ai désormais la rivière juste à côté de moi le long du chemin. Je commence à prospecter un spot favorable pour me poser, avec la combinaison improbable de n'y avoir pas trop de moustiques, un replat sec pour m'installer et une vasque pour me baigner ... Malheureusement le tracé se fait plus marécageux et je dois continuer d'avancer, espérant trouver plus en amont une zone de rochers en bord de torrent.

Le haut de la vallée est bien beau avec ses reliefs enneigés, mis en valeur par un fond de ciel partagé entre un beau bleu et de grands nuages en chou-fleur ... qui pourraient bien signaler la montée d'un orage ! Je les surveille tout en avançant, et effectivement le temps se rebouche progressivement et je perds le soleil : l'idée de la pause-baignade en prend un coup ...

Un pont me permet de traverser un gros torrent affluent de l'Anjavasselva, avec juste après quelques bancs sommaires sur un replat qui doit parfois servir de bivouac. Le temps s'est encore assombri et j'anticipe l'averse qui arrive en enfilant ma configuration pluie : veste, jupe, caméra à l'abri ... La pluie arrive quelques minutes plus tard, d'abord légère puis soutenue. Après le dernier pont, le très bon chemin que j'ai suivi jusqu'à présent s'est fait plus pénible : encombré de végétation, avec des arbres en travers, des portions boueuses / marécageuses non aménagées ... Avec la pluie, chaque bouleau auquel je me frotte déverse sur moi l'eau emmagasinée ... Lorsque la pluie sera passée je dérangerai (sans l'avoir voulu) un couple de lagopèdes, qui une fois encore chercheront à me donner le tournis pour que je ne trouve pas leur nid ...

dernier pont, derniers aménagements
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après l'averse
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d'aucuns y ont laissé leur slip
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Je me suis désormais mis en tête de ne m'arrêter qu'à Vuomahytta, que je crois trouver rapidement là où le chemin doit bifurquer de l'Anjavasselva pour repartir dans la montagne. J'ai l'impression de piétiner sur ce qui est maintenant un mauvais chemin, et pour tout arranger j'ai sous-évalué la distance jusqu'au refuge : je réalise qu'il me reste 9 km et non 7 ...  Je suis tout de même content quand je peux me dégager de cette interminable section de chemin compliqué dans les bouleaux et qui m'aura pris 2h, pour m'élever enfin à nouveau en terrain dégagé.

Le chemin est plus facile mais ce qui a précédé m'a scié, et j'ai bien du mal à parcourir la dernière poignée de kilomètres jusqu'au refuge Vuomahytta, au bord du grand lac de Vumajavri. Je viens de faire une section de 5 heures et 19km sans pause, et je m'arrête longuement pour une pause déjeuner bien tardive (arrivé à 16h15 !). J'y rencontre un couple finlandais, puis une marcheuse suédoise qui nous y rejoint, tous sur la Nordkalottruta et en sens opposé à ma direction. Je décide de bien m'y reposer, programmant un redémarrage à 18h en vue d'un trip du soir : le refuge suivant de Gaskashytta est à 17 km et donc un peu loin, et même si je me berce de l'illusion d'y arriver tard ce soir il me faudra sans doute bivouaquer encore ...

arrivée à Vuomahytta
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Quand je repars je crois que le beau temps est revenu, m'offrant un large ciel bleu sur un lac de Vumojavri bien ensoleillé. Je dois remonter la vallée de la Geibbajohka, torrent qui s'écoule dans le vallon et reliant toute une série de lacs peu profonds. Une concentration d'oiseaux cherche à me dissuader d'avancer, et malgré leurs intimidations par des attaques en piqué je passe outre ...

Au bout de 3/4 h je vois une première ondée derrière moi, et malgré le vent de face je dois me rendre à l'évidence que cette pluie vient bien dans ma direction. Je reconfigure sans attendre, et me voilà donc à revenir dans les hauteurs sous une nouvelle averse, heureusement dans des températures très douces qui rendent la chose très supportable.

en quittant Vuomahytta, l'illusion du beau temps revenu
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remontée le long de la Geibbajohka
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un voile de pluie vient de passer
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je recommence à patauger dans la fonte des neiges
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derrière moi, notez l'averse ultra-localisée
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En m'élevant je retrouve la neige et les pierriers, avec parfois l'indication de ponts de neige fragiles à la surface de certains grands névés, m'invitant à des contournements prudents. L'ambiance est très belle malgré la pluie (ou grâce à elle ?), même s'il me faut marcher dans les ruissellements de la fonte des neiges toujours pas achevée. L'averse passée devant moi rend le ciel très sombre dans la direction où je vais, renforcé par le contre-jour du soleil bas du soir qui arrive à percer. Heureusement que je sais que ces nuages noirs s'éloignent de moi, sinon je n'aurai pas osé aller à leur rencontre ...

est-il bien raisonnable de monter encore ?
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c'est vraiment sombre...
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J'arrive au large col dans de grands champs de neige et de la caillasse, allant d'un cairn à l'autre et retrouvant les traces des marcheurs rencontrés à Vuomahytta. La traversée du col est longue, et en son point le plus haut à 986m le retour du soleil dans une ondée m'offre un bel arc-en-ciel. Il est 20h30 et je suis maintenant résolu à me laisser descendre dans la vallée jusqu'au refuge de Gaskashytta, quelle que soit l'heure à laquelle j'y arriverai.

et la lumière revint ...
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Le marquage est excellent, avec parfois jusqu'à 10 cairns successifs visibles simultanément. En revanche pas vraiment de chemin matérialisé au sol tant que je suis dans la caillasse, il me faut attendre de redescendre dans la prairie pour cela ... au prix d'un sentier plus spongieux sur lequel les eaux ruissellent, évidemment ...

Au moins je profite de la belle lumière et des contrastes offerts par le soleil rasant qui perce entre les nuages d'averse. Des couleurs d'or vienne enluminer certains versants, et les jeux de miroir sur les petits lacs que je croise sont de toute beauté. Je descends longuement dans la vallée, et mes jambes sont de plus en plus fatiguées avec l'heure qui avance et le kilométrage qui monte.

Je finis par redescendre dans l'ombre, le soleil bas caché par la montagne. La prairie laisse la place à une forêt fantôme de bouleaux décharnés, dévorés par les chenilles, et la vallée s'élargit pour déboucher sur l'immense lac tout en longueur d'Altevatnet. Les dernières longueurs avant d'arriver à Gaskashytta s'éternisent : j'aperçois les cabanes par-delà le torrent profond, que je finis par franchir par une solide passerelle de bois.

passées la pierraille et la neige, descente en soirée vers Gaskashytta tout en bas de la vallée
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y'a plus de bouleau ...
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J'arrive à 22h15 au refuge, au grand étonnement de ses occupants : un groupe de 4 norvégiens en sortie "hytta" donc pas vraiment en rando, et un couple de belges sur la Nordkalottruta qui vont se coucher et avec qui je n'échangerai un peu (en français !) que demain matin. Je suis à la fois fatigué et excité de ma journée, je vais avoir besoin d'un peu de temps  pour arriver à me délasser tout en échangeant avec les 4 norvégiens qui passent à peine à table, et nous dînons ensemble.

Gaskashytta, 3ème refuge DNT sur le parcours du jour
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Ma grande préoccupation est de me réhydrater : les grandes sections de marche d'aujourd'hui (3h, 5h et 4h respectivement) étaient longues, alternativement dans la chaleur, la boue, la pluie ... et je sens bien toutes les crampes qui tentent de me saisir, aux jambes mais aussi dans les bras ... Autre petite douleur inhabituelle, apparue hier : quelque chose qui ressemble à une tendinite à ... l'index de la main droite, et je m'oblige à garder ce doigt relevé / au repos, même quand je dois tenir mon bâton que je ne peux plus serrer avec. La douleur ne s'est manifestée que sur ces 2 jours, et aura disparu demain pour ne plus revenir, mystère ...

L'heure tourne et il ne doit pas être loin de minuit quand nous allons nous coucher. Sachant que même après ma nouvelle longue marche d'aujourd'hui,  je me lèverai certainement tôt demain matin, je préfère m'installer sur un canapé du séjour plutôt que dans l'une des 2 chambres. Cela m'évitera de réveiller tout le monde en refaisant mon paquetage, ou de déranger quiconque par mes ronflements (qui ne me réveillent pas puisque j'ai des bouchons d'oreille).

Je dors enfin pour la 1ère fois dans le confort d'une cabane DNT, et comme il y a du monde le compteur de la solitude est pour une fois à zéro !


à suivre ...


Vidéo #18

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#286 12-10-2023 11:05:10

Hervé27
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Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#19 samedi 8 juillet
Gaskashytta-Lappjordhytta, Rohkunborri nasjonalpark
37km +745 -772 9h03 (+pauses 1h39)
Cumul 720km D+12700m 179h
Vidéo #19

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Ainsi que je m'y attendais, je me réveille et me lève ce matin plus tôt que mes colocataires de la cabane DNT de Gaskashytta. Je sors des couvertures à 6h30 ... Ayant dormi sur l'une des banquettes du séjour, je peux m'affairer à mon petit-déjeuner et au ré-empaquetage sans déranger mon voisinage. Seul un des 2 belges émergera avant mon départ, nous permettant d'échanger quelques mots en français, et je lui ferai quelques excuses pour mon arrivée tardive d'hier et les bruits de conversation qui se seront prolongés jusqu'à près de minuit ... Après avoir capitalisé sur 2 très longues journées consécutives d'une part, avec la perspective d'une étape d'aujourd'hui plutôt tranquille d'autre part, je m'octroie un temps substantiel pour me remettre en condition de marche, et ne quitte le refuge que quelques minutes avant 8h.

Le ciel est mitigé, partagé entre nuages paresseux et ciel bleu. Les températures sont douces autour de 14-15°C, très agréables pour marcher.

je quitte Gaskashytta, 1er à partir
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Mon chemin de ce matin me fait longer l'immense lac de retenue d'Altevatnet jusqu'à la villégiature d'Innset, avant de me ramener cet après-midi dans la montagne pour une incursion dans le Parc National de Rohkunborri, et la perspective de passer ce soir en Suède. J'espère des kilomètres reposants le long du lac mais il n'en est rien : le sentier court dans la hauteur à flanc d'une montagne abrupte. Il est très irrégulier parmi les gros cailloux dissimulés dans la végétation, et entrecoupé de plusieurs sections boueuses entretenues par l'eau ruisselante. C'est un peu pénible pour mes jambes fatiguées par ma marche d'hier soir ... Autour de moi les bouleaux sont partiellement décharnés, et je ne sais dire s'ils se remettent lentement de l'agression des chenilles, ou s'ils sont en train d'y succomber ... Au sol l'herbe est d'un beau vert bien dense, tacheté des couleurs des fleurs d'été : ce serait bucolique si je pouvais détacher mon regard de mes pieds sans peur de trébucher ...

c'est quand même plus facile avec des ponts
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Altevatnet
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Après quelques kilomètres le chemin se recale plus proche de la rive du lac, mais longe ou traverse des marécages. Heureusement les aménagements de planches se font plus fréquents et je peux échapper aux plus grosses difficultés. J'aperçois déjà quelques rares premières cabanes privées, mais le gros des villégiatures est plus loin, proche du barrage et de la route carrossable.

marécages aménagés
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Les nuages s'épaississent sans être encore menaçants, mais en tout cas suffisamment pour que je perde le soleil. Avec le lac à ma gauche, je vais attraper sur ma droite quelques jolies vues sur une large vallée remontant vers le Nord et une belle enfilade de sommets enneigés entre 1500 et 1700m. Une série de passerelles permet d'enjamber le torrent qui en arrive, et après lesquelles je marche désormais sur des pistes de quad. Je vais y croiser un marcheur arrivant en face, un anglais (en tout cas je l'identifie ainsi par son accent et sa prononciation), et nous discutons quelques minutes au bord du chemin. Plutôt âgé (en tout cas un peu plus que moi), il marche sur la Nordkalottruta et notre discussion est sympathique. Quand nous nous séparons il me donne le code d'accès à la cabine d'Altevasshytta où il a dormi cette nuit (réservation et paiement par tél ou en ligne), mais je n'en ferai pas usage. Je regrette de ne pas avoir sacrifié au selfie ou de lui avoir demandé son nom, car après nous être éloignés il me semblera que son visage m'était familier ... Il est possible qu'il se soit agi d'un randonneur invétéré qu'il m'arrive d'apercevoir sur Youtube @johndavidfleetwood, mais je ne peux en être certain ...

quelques jolies vues
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Toujours proche des rives de l'Altevatnet, je passe désormais à proximité de cabines de plus en plus nombreuses, puis arrive enfin au parking terminal de la route de terre carrossable. Plutôt que le sentier marqué qui passe dans l'intérieur et en hauteur à l'écart des zones habitées, je vais par facilité marcher sur cette route. Cela permet à mes jambes de se reposer, et à mon regard de divaguer librement pour observer toutes ces cabanes dont les norvégiens sont si friands. Chaque cabine se doit d'avoir une hampe, sur laquelle le drapeau national est fièrement hissé lorsque le lieu est occupé. Je me dis que cela signale aussi aux visiteurs indésirables quelles sont les habitations inoccupées qu'ils pourraient visiter, mais nous sommes en Norvège et cela ne semble pas être la préoccupation ...

700 km ! Vous savez quoi ? Je suis heureux !
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Je suis en quête d'un lieu aménagé, en clair une table de pique-nique, où je pourrais m'installer pour ma pause. J'ai chargé pour ce faire un peu d'eau dans le torrent, que j'entends filtrer étant donné la densité des habitations et des toilettes sèches disséminées ...  Je finis par enfin en trouver une quand j'arrive à proximité de la digue de retenue, mais l'absence de soleil et un vent froid rendent le lieu inconfortable. Je me résous à poursuivre en recherche d'un spot abrité, espérant le trouver en bord de lac de l'autre côté de la digue : c'est hélas tout aussi venté, et je continue donc le long de la piste plus étroite (et moins carrossable), qui d'ici commence à reprendre de la hauteur vers la montagne. Je peux changer mon eau pour celle d'un torrent venant de ce versant dépourvu de toute construction, et mes jambes fatiguées me font jeter mon dévolu sur un rocher plat au bord de la piste pour me poser. Pas l'endroit le plus glamour, mais on fait avec ce que l'on a quand on l'a ...

sur la digue de l'Altevatnet, la digue, la digue ...
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en piste !
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au-dessus d'Innset (il y a là-bas un élevage de chiens qui offre le gîte gratuit aux marcheurs du Norge På Langs)
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Quand je repars je vois passer 2 quads qui transportent toute une famille à la descente, mais pour le reste la marche est d'une tranquillité absolue. Le temps est désormais résolument gris, et quand la piste vire pour s'engager plus franchement dans la vallée montante, je vois que la suite de la balade va se faire dans la brume. Je remonte ainsi la vallée de Salvasvággi au-dessus d'un joli torrent, de nouveau dans la toundra et loin de tout arbre. Le plafond de brume me masque la montagne au-dessus de moi, et je m'interroge sur les conditions que je vais rencontrer vers le col à près de 1000m vers lequel je me dirige ...

L'itinéraire passe tantôt sur la piste de quad, bien défoncée par endroits, tantôt par l'étroit sentier balisé qui cherche à s'en individualiser. Peu de risque de s'égarer avec la main courante du torrent en contrebas, mais les secteurs de boue malaxée par les roues des quads sont parfois agaçants ... J'ai une inquiétude quand je vois des éléments métalliques disposés au bord du chemin, manifestement destinés à la construction d'un pont : s'ils sont là c'est que le pont n'est pas encore construit et que son éventuel prédécesseur est peut-être détruit, et donc comment traverse-t-on ? Le torrent que je trouve est en fait aujourd'hui plutôt facile à traverser pour un piéton, le futur pont semblant plus destiné aux besoins des quads ...

les rennes gardent majestueusement leurs distances
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J'ai désormais atteint la chape de brume et les ambiances sont fantomatiques. Le taux d'humidité est à 100%, et je vois la vapeur d'eau se condenser directement au-dessus des névés que le petit vent caresse. Il me faut mettre les pieds à l'eau pour traverser le large torrent et remonter le vallon sur l'autre versant, toujours privé de la moindre vue au-delà d'une centaine de mètres dans le brouillard. Je désespère un peu de ne rien voir aujourd'hui de la montagne, quand à l'approche du col je débouche soudain dans la lumière et émerge hors de la mer de nuages ...

c'est beau même dans la brume
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et la lumière fut
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le brouillard reste derrière
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Je croise alors un nouveau randonneur, qui m'avertit d'une infinité de cours d'eau à traverser pour la suite, du fait de la fonte des neiges toujours en cours. Je découvre de beaux reliefs enneigés autour de moi, ainsi qu'un village d'éleveurs de rennes que je suis étonné de trouver là, à presque 1000m d'altitude. Ne sachant si cet épisode de soleil va durer, je m'installe sur un rocher un peu avant 15h pour une jolie pause, juste avant d'avoir atteint le col proprement dit. Toujours autant de plaisir à siroter un café ou un chocolat chaud !

pause
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Le beau temps et la belle lumière se maintiennent, plutôt agréables à cette altitude avec 11-12°C, mais je supporte de garder mon coupe-vent. Je reprends la marche dans un environnement magnifique mais détrempé : l'eau ruisselle de tous côtés, et je cesse totalement d'essayer de poser mes pieds au sec. Je patauge en permanence, libéré de la préoccupation d'éviter de me mouiller ... Finalement c'est encore sur la neige que je me mouillerai le moins, si mes pieds n'étaient pas déjà détrempés ... Au col j'entre dans le Parc National de Rohkunberri, et redescends légèrement dans une vallée peu profonde, laquelle m'offre des vues magnifiques sur un cirque de montagnes et de glaciers à ~1500-1600m d'altitude. Je traverse encore le large torrent qui en arrive, puis remonte rapidement vers un nouveau col, toujours dans la tranche 950-980m d'altitude qui décidément se répète.

pataugeoire
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parfois un tronçon sec ... mais ça ne dure jamais
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la brume a failli me cacher tout ça ...
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De l'autre côté je découvre une nouvelle mer de nuages vers laquelle il va me falloir redescendre, sauf à m'arrêter ici pour bivouaquer ? Je veux néanmoins progresser encore car il n'est "que " 17h30 et je suis encore loin du quota des 40 km auquel je m'astreins. Le sentier ne redescend pas tout de suite et court quelque temps à flanc de montagne, en surplomb d'une série de petits lacs nichés dans les terrasses herbeuses. Les spots de bivouac ne doivent pas manquer, mais le vent s'est fait désagréable et cela ne me donne pas envie. Bientôt je rentre dans la mer de nuages, poussée vers moi par le vent ...

autant de lacs, autant de spots
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mais la mer de nuages n'est pas loin
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retour momentané à la brume
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Nouveau marcheur, toujours dans l'autre sens, lorsque le sentier commence à descendre. N'était-ce qu'une impression, ou bien avait-il réellement ce regard condescendant à l'égard de mon petit sac en m'indiquant la proximité du prochain refuge ? Lorsque je lui dis que pour lui la prochaine cabane est encore loin à Altevasshytta, il me répond qu'il n'en a cure car il dort en tente. Je crois qu'il a cru que je me moquais de lui quand je lui ai dit que moi aussi, et il a poursuivi sa route d'aventurier de l'extrême sous le poids de son énorme sac ...

Il y a décidément foule aujourd'hui, car je vais encore croiser un trio de randonneurs, lesquels s'enquièrent de la possibilité de bivouaquer dans la direction d'où je viens. J'ai en effet vu pas mal de spots idylliques entre ici et le col, et les avise que s'ils vont au-delà ils devront composer avec des sols gorgés d'eau (ce versant est plus sec, car mieux exposé et la fonte des neiges y est terminée). Je leur souhaite un beau bivouac !

Je ne veux pas m'arrêter avant d'atteindre la cabine DNT de Lappjordhytta, pas très loin en distance mais encore pas mal en contrebas. L'épaisse mer de nuages que je voyais du col se dissipe au fur et à mesure que je progresse, et je peux entrevoir un peu du gigantesque lac de Torneträsk en direction d'Abisko ... pratiquement une mer intérieure ... Je veux a minima faire une dernière pause à Lappjordhytta avant un possible trip du soir, et avec le monde croisé aujourd'hui je m'attends à trouver des lieux bien occupés. Le sentier descend maintenant plus abruptement et revient vite sous le couvert de la forêt de bouleaux, ici épargnée par les chenilles. Le cadre est luxuriant et idyllique, le petit vent frais semblant même avoir dégagé les moustiques.

Là en bas, la Suède et un petit bout du vaste Torneträsk
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idyllique forêt de bouleaux, intacte
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La cabane, toujours plus loin que ce que je pensais, prend beaucoup de temps à se faire voir, et j'y suis enfin juste après 18h30. Il est perché sur une terrasse avec de très belles vues vers la vallée. Le cadenas DNT est en place, signalant que les lieux sont inoccupés : je fais donc usage de ma clé et visite. L'idée d'une cabane pour moi seul ce soir est la plus forte, et j'abandonne l'idée de marcher plus loin ce soir. Je me mets à l'aise et dîne, dédaigne les 2 dortoirs et m'installe dans l'une des 2 couchettes du séjour. Royal au bar, je ne verrai plus personne aujourd'hui ... (200 couronnes la nuitée, soit ~18€). Je suis encore en Norvège, à quelques centaines de mètres seulement de la Suède où je passerai longuement demain, en direction de Riksgränsen et de mon ravitaillement. Avec "seulement" 37 km ma journée est un peu courte et en-dessous du quota, mais je ressens le besoin de lever un peu le pied ...

Lappjordhytta
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la nuit à la fenêtre : 2h du mat'
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à suivre ...



Vidéo #19

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#287 12-10-2023 18:49:14

Etimul
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

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#288 12-10-2023 20:06:45

Nayana
Helix pomatia
Lieu : Cote d'Or
Inscription : 05-10-2010

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hello Hervé. Avec le jour permanent, tu n'as pas été tenté d'envoyer valser ta montre et de marcher selon tes envies ?


Lentement mais surement...

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#289 12-10-2023 20:48:03

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Nayana a écrit :

#692308Hello Hervé. Avec le jour permanent, tu n'as pas été tenté d'envoyer valser ta montre et de marcher selon tes envies ?

Salut Nayana,

Un peu, et j'ai d'ailleurs plusieurs fois marché jusque 22 ou 23h ... Il y a cependant des "forces de rappel" qui m'ont à chaque fois recentré vers la journée "normale" (et ce avant de quitter le cercle arctique et de commencer à retrouver des "nuits" plus sombres) :
- même si le soleil ne se couche pas, on ressent fortement un "soir" qui s'éternise, et l'envie d'aller cocooner au fond d'un duvet ... Les contrastes de température jour / "nuit" étaient d'ailleurs plus importants que ce à quoi je m'attendais (de l'ordre de 10°C, surtout par beau temps)
- les matins ensoleillés, j'avais vite trop chaud dans ma tente pour y traîner longtemps (parfois dès 4 ou 5 h), m'invitant à remballer et me remettre en chemin. De toute façon je ne suis pas adepte des grass'mat ...
- les jours de ravitaillement (en moyenne tous les 4/5 jours), ainsi que les hébergements en hôtel ou gîtes avec certains horaires à respecter m'amenaient également à me recaler

Mais sinon, j'ai ce faisant pleinement satisfait mes envies de partir tôt, marcher longtemps, m'arrêter tard ... Je n'aurai pas pu tenir les mêmes kilométrages avec les contraintes des heures de nuit à nos latitudes.


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#290 14-10-2023 11:52:01

Cyri2le
Membre
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

bonjour Hervé27
merci pour le partage de cette randonnée.
Comment as tu fixé la moustiquaire à ta tente et réduire son poids de 240g à 95g?
Merci
Cyri2le

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#291 14-10-2023 12:10:32

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Cyri2le a écrit :

#692440bonjour Hervé27
merci pour le partage de cette randonnée.
Comment as tu fixé la moustiquaire à ta tente et réduire son poids de 240g à 95g?
Merci
Cyri2le

Salut Cyri2le smile

La moustiquaire STS Nano Solo ne fait que 85g à la base (pas 240 ...), je l'ai alourdie de 10g avec cordelettes & mousquetons ultra-légers aux angles et sur un côté, que je vais simplement crocher aux angles de fixation de la toile du Pioulou pour ce qui est du sol, et pour sa pointe supérieure à un anneau de cordelette que j'ai ajouté au manche de mon bâton d'autre part. C'est facile et rapide à fixer et enlever, et ça me permet de n'utiliser la moustiquaire que quand c'est nécessaire.

Pour bien la maintenir au sol et avoir un espace habitable aussi large que possible, je la cale aux angles avec des pierres, ainsi qu'avec ce qui traine dans ma tente (sacabouf, poche à eau, chaussures etc.)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
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#292 14-10-2023 13:00:43

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#20 dimanche 9 juillet
Lappjordhytta - Norddalsbrua
45km +852 -910 10h25 (+pauses 3h25)
Cumul 764km D+13600m 189h
Vidéo #20

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Je passe une excellente nuit dans la cabane de Lappjordhytta, et me lève tôt comme c'est mon habitude. Chaque matin je ne peux m'empêcher de soulever un coin du masque qui me maintient dans le noir, histoire de sonder l'heure qu'il peut être ... Forcément, le grand jour m'extirpe alors instantanément de mon demi-sommeil, et j'ai vite des fourmis dans les jambes pour repartir ...

Départ donc à 7h00 pour une étape qui sera essentiellement suédoise, avec pour objectif principal la villégiature frontière de Riksgränsen, encore à 35 km. Nous sommes dimanche et je n'ai aucune certitude sur l'ouverture d'un commerce alimentaire à l'heure où j'y parviendrai, mais mes besoins sont plus larges, avec plusieurs articles à remplacer / renouveler :
- chaussettes usées
- semelles que j'avais négligé de renouveler avant de partir, et l'impression de n'avoir plus d'amorti
- chevillière qui ne tient plus qu'à un fil ...
- collant que j'ai abîmé en renversant de l'eau bouillante dessus (l'élastane n'aime pas du tout ...), en plus de multiples accrocs ...

Dès la préparation j'avais dans l'idée de faire une escapade à Narvik quand je serai à cette hauteur, peut-être pour un jour zéro. Dans une vraie ville, je suis assuré de trouver tout ce qui m'est nécessaire ... Je me déciderai en cours de journée sur le plan final exact, en fonction des horaires de train, du timing de mon arrivée à Riksgränsen, mais aussi des coûts associés (transport & hébergement ...).

Le temps ce matin est couvert et pour une fois presque frais avec 12°C. Je note un retour modéré des moustiques, quasi absents hier soir : avce la température encore fraîche ils n'ont pas retrouvé leur pleine vigueur ... Je dois d'abord finir de descendre en fond de vallée, vers laquelle j'ai droit à des vues magnifiques : succession de lacs jusqu'au colossal Torneträsk, luxuriantes forêts de bouleaux, montagnes arrondies encore à demi couvertes de grands champs de neige. Une fois en bas, entre 2 beaux lacs cristallins reflétant le vert des forêts alentours, je passe entre les grosses bornes peintes en jaune qui me signalent mon passage en Suède ...


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je laisse momentanément la Norvège derrière
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J'ai dormi dans le refuge DNT payant de Lappjordhytta du côté norvégien de la frontière, mais j'aurai pu tout aussi bien pousser vers son pendant Suédois de Pålnostugan, tout près des rives du lac de Torneträsk. Il ne me faut en effet que 45 mn pour y parvenir, et là où je croyais trouver un refuge payant je découvre une cabane certes plus rustique, mais gratuite ... Je jette un œil à l'intérieur avec l'intention d'y laisser un mot dans un registre, et me retrouve confus d'y avoir réveillé un autre randonneur dont je n'avais pas immédiatement décelé la présence ... Il me dit que ce n'est pas bien grave, je suis entré 10 mn seulement avant son réveil programmé.

Je fais ainsi la connaissance de Tino, venu de Barcelone et qui depuis quelques années consacre tout son temps à la marche, laissant derrière lui les affres de la vie moderne. Sur ce voyage il est parti d'Oslo il y a 2 mois et remonte vers le Cap Nord, mais ne veut pas s'arrêter là car ses plans à géométrie variable devraient ensuite l'emmener en Finlande pour redescendre à Helsinki avant l'hiver ... De fait lui aussi marche sur le Norge På Langs, même s'il ignorait que cet itinéraire porte un nom !

En sa compagnie je me lance dans un second petit-déjeuner (ça tombe bien puisque j'ai des provisions à finir avant d'arriver en ville), et nous restons un long moment à discuter.

Salut Tino !
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Je quitte Tino après 1h30 à tchatcher, temps pendant lequel le ciel s'est éclairci : la chape de nuages se décale et laisse la place à un bleu profond et lumineux. Après 1 km, la sensation de mon sac trop léger me met le doute : aurai-je laissé quelque chose dans le refuge ? N'y tenant plus je pose et ouvre le sac, vérifiant son contenu : ouf, tout est bien là ! C'est juste la sensation habituelle des fins de section avant ravitaillement, quand on n'a plus que son poids de base et rien d'autre sur le dos ...

Le sentier court quelque temps à petite distance des rives du grand lac, puis remonte dans la colline dans une succession de montées / descentes. Avec 18°C et les efforts au soleil, j'ai maintenant trop chaud et dois retirer mon coupe-vent. Les aménagements se multiplient et la progression est rapide, je peux porter plus d'attention à mon environnement et en particulier à une multitude de cris d'oiseaux encore jamais entendus sur ce périple (même si je ne les vois pas toujours).

Dans la colline, l'ambiance luxuriante que j'avais jusqu'alors est remplacée par un paysage desséché, fait de bouleaux rongés par les chenilles et d'une végétation basse grillée par la sécheresse. L'eau de la fonte des neiges coule pourtant abondamment dans les torrents, et je croise de multiples petits lacs coincés entre les rochers, mais les sols sur la hauteur sont incroyablement secs ...

le lac Torneträsk s'enfonce jusqu'à l'horizon (Abisko doit se trouver sur la droite de l'image)
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torrent de fonte des neiges
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paysages presque arides
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Je croise un couple de randonneurs, visiblement à la journée avec leurs sacs ballants, ce qui m'avertit que la route est désormais toute proche. Un peu plus loin c'est un pêcheur avec son épuisette ... A 11h j'arrive effectivement sur la route nationale E10, qui vient d'un côté d'Abisko (à ~10 km) et de l'autre va vers Riksgrånsen et la frontière norvégienne. J'ai dessiné mon itinéraire pour privilégier la Norvège là où c'était possible, mais aussi pour ne pas me retrouver sur des itinéraires trop fréquentés. J'oblique donc vers Riksgrånsen, laissant derrière moi Abisko et un tronçon de Kungsleden ...

J'avais repéré l'existence d'un itinéraire thématique courant entre la route et la voie ferrée, avec toutefois 2 méprises :
- ce que je croyais être une "route des mineurs" est en réalité une "route du rail" : ce sont les restes de la route percée au début du XXème siècle pour la construction de la voie ferrée reliant les mines de fer de Kiruna en Suède au port de Narvik en Norvège, et qui depuis permet l'exportation maritime du minerai de fer par un port d'eau profonde toujours libre de glaces
- l'itinéraire thématique est à l'abandon depuis de nombreuses années ... La route disparait parfois dans la végétation, ou bien a été ensevelie / effacée par des aménagements ultérieurs de la route nationale ou de la voie ferrée ... Les planches qui franchissent les zones marécageuses sont pourries, les passerelles au-dessus de certains torrents sont défoncées, les panneaux d'information / direction sont à terre et effacés etc.

Surtout au début je vais avoir quelques difficultés à retrouver d'abord, à suivre ensuite l'itinéraire. Je me retrouve parfois dans les hautes herbes et à enjamber des troncs d'arbres tombés, parfois sur le bord de la route nationale, souvent à regarder mon GPS pour comprendre par où il me faut passer. J'ai quand même droit à quelques belles sections en relatif bon état, et les vues sous le soleil vers les montagnes enneigées de part et d'autre sont euphorisantes.

arrivée sur la route nationale
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un joli petit bout de sentier m'évite de suivre la route asphaltée
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ici le chemin est en bon état, mais les aménagements ne sont plus faits que de planches pourries
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Parmi les aménagements survivants de ce sentier thématique, je croiserai plusieurs abris. Le premier en mauvais état était niché sur un rocher, accessible du chemin par un escalier de planches (pourries). Le second est mieux conservé et je décide d'y faire ma halte déjeuner, à l'ombre et raisonnablement ventilé sur le banc adossé à l'une de ses façades extérieures. Il y aurait bien eu bancs et table sous l'auvent, mais c'est infesté de moustiques avec un lac tout proche. Je serai quand même embêté par quelques taons, que je finirai par occire pour être enfin en paix ...

Je commence à voir passer des trains, tantôt de passagers mais les plus fréquents sont les trains chargés de minerai de fer qui descendent vers Narvik. Pour ces derniers, je compte jusqu'à 60 wagons et en vois passer bien 7 ou 8 pendant que je marche jusqu'à Riskgränsen. Pour l'un d'eux une forte détonation se fera entendre d'un wagon passant juste à ma hauteur, et je vois le train freiner en urgence. Il redémarre après quelques instants, et une multitude de bruits divers liés aux manipulations du conducteur pour vérifier et ré-enclencher les systèmes. Impressionnant !

les abris au long du Rallarvägen : celui est en bon état et j'y fait ma pause
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Dans une section où le chemin la route nationale, je me retrouve à marcher en dévers sur les remblais de celle-ci, ce qui réveille ma douleur à la cheville (tendinite péroniers latéraux ...). Je dois réajuster le laçage pour mieux tenir celle-ci, mais surtout il va me falloir une nouvelle chevillière car celle que j'ai porté occasionnellement est désormais trop usée et inopérante ... Je vais mieux quand je peux poser le pied bien à plat, mais il est nécessaire que je renouvelle l'ensemble semelles / chaussettes / chevillière ...

Le chemin s'améliore néanmoins au fur et à mesure que la journée avance et que je me rapproche de Riksgränsen : les aménagements de planches sont récents, on voit que le sentier est plus emprunté avec la marque du passage de VTT ...

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Bloc abandonné là par le glacier, il y 12000 ans ...
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Je passe par un genre de village à Vassijaure, où je trouve une gare de dimensions disproportionnées par rapport à la faible densité de l'habitat alentour. Elle avait certainement une fonction quelconque fonction industrielle au long de la ligne ferroviaire et des multiples aménagements hydroélectriques. Je dois emprunter le passage souterrain sous les voies, puis traverse un camping un peu incongru, coincé entre un étang, la voie ferrée et la route ...

Gare de Vassijaure, disproportionnée avec l'absence d'une ville alentours
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Vassijaure toujours, le camping
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J'ai bien entendu retrouvé du réseau depuis que j'ai atteint route et voie ferrée, et réussi à me décider sur l'organisation logistique de la suite. J'arriverai trop tard à Riksgränsen pour pouvoir prendre un train pour Narvik dès ce soir, mais je peux envisager de m'y rendre demain pour un aller-retour express en journée, depuis une autre gare 13 km plus loin. Je pourrai ainsi tout à la fois faire une petite journée de marche (j'ai besoin de souffler un peu), ravitailler pour la très longue section qui suit (290 km jusqu'à Sulitjelma !), renouveler quelques articles dans un magasin de sport ...

Comme toutes les arrivées d'étape, Riksgränsen se fait désirer tout au long d'interminables kilomètres quand je commence à en apercevoir les bâtiments. Le chemin fait un large détour au-dessus de zones marécageuses pour y arriver, mais sur un sentier très facile et agréable. J'y croise un jeune randonneur bien chargé, que j'entends bien avant de le voir car il chante à tue-tête sur son chemin ... Un peu comme moi ...

à l'approche de Riksgränsen
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les belles montagnes sont toutes proches, mais j'attendrai demain soir pour y retourner
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Riksgränsen est surtout une station de sports d'hiver et donc une villégiature d'hiver. J'y arrive en longeant de vastes bâtiments d'hôtels / résidences / commerces de sports d'hiver etc. tous fermés en cette saison. Heureusement et bien qu'il soit dimanche et bientôt 18h, le supermarché est ouvert et largement fréquenté. En bord de route à la frontière avec la Norvège, il draine une importante clientèle ... Je n'ai pas l'intention de faire ici un gros ravitaillement, car j'entends y procéder demain à Narvik. L'objectif est donc juste de m'offrir quelques nourritures plaisir, que je consommerai en partie sur place sur l'une des tables en extérieur, et pour l'autre partie à l'heure du dîner à mon bivouac. À l'intérieur du magasin, je suis stupéfait de l'étendue des rayons de sucreries qui occupent peut-être la moitié de la surface : les norvégiens viendraient-ils ici chercher des sucres dont ils seraient privés par une politique nutritionnelle un peu trop dirigiste dans leur pays ? J'ai l'impression de voir ici la version "sucreries" des venta "alcool / cigarettes" de la frontière franco-espagnole ...

plaisir et diététique ...
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Je repars à 18h30 avec le plein de calories, et l'intention de ne marcher que le strict minimum, le temps de trouver un spot de bivouac que j'espère tout proche. L'itinéraire s'éloigne en effet désormais de la route, n'accompagnant plus désormais que la voie ferrée. Un musée (fermé à cette heure) occupe sur la frontière une ancienne fortification ruinée, et me voilà donc revenu en Norvège après cette escapade suédoise de la journée.

La recherche de bivouac s'avère aussitôt bien plus compliquée que je ne l'espérais : le côté norvégien est blindé de cabines privées, dont la présence interdit de profiter de tous les beaux spots disséminés dans cet entrelac de rochers granitiques et petits lacs. Je zigzague entre toutes ces petites résidences de vacances sur une route de terre carrossable, réalisant qu'il va me falloir marcher encore un moment avant de pouvoir m'en extraire.

Passant à la petite gare de Bjørnfjell, je vais faire un plein d'eau au robinet de la salle d'attente, envisageant un instant de m'installer là pour la nuit (je sais que d'autre marcheurs du Norge På Langs le font). Par ce grand beau temps je voudrais quand même pouvoir bivouaquer, et d'ailleurs il y a du passage dans la gare : une dame est là avec une brouette chargée de bouteilles qu'elle vient de remplir : elle a une cabine aux alentours et comme tout le monde ici elle n'a pas l'eau courante ... Je verrai d'ailleurs un peu plus loin un terrain où sont entreposées des dizaines de brouettes, visiblement à louer pour les propriétaires de cabines quand ils sont de passage ...

un ancien fort ? bâtiment industriel ? aujourd'hui un éco-musée sur la frontière
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Sorti de la zone résidentielle, le chemin du rail continue et s'engage désormais vers les gorges qui descendent vers Narvik. J'aperçois les dernières cabines nichées au bord de petits lacs coincés dans les rochers (des petits coins de paradis), et désormais je scrute la moindre possibilité d'installer mon bivouac. Hélas il n'y a rien dans ce relief de rochers et de falaises, le seul endroit où j'envisage un instant de planter le Pioulou étant une piste adjacente mais dont le sol de caillasse damée s'avère "impiquable".

cabanes nichées au bord d'un ultime lac
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le sentier de découverte se poursuit, toujours bien documenté sur l'histoire du percement de la "route du fer"
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La soirée avançant je croise les derniers VTTistes et traileurs, dont la présence m'invite à m'éloigner encore. Il y a bien une table et des bancs près d'une bâtisse en ruine faisant partie du circuit, et où j'envisage de me poser, mais je ne m'y sens pas à l'aise, trop dans le passage d'éventuels visiteurs ...

Je ne désespère pas car ce n'est pas la 1ère fois que ma recherche d'un bivouac s'avère plus compliquée que prévue. Je me répète qu'on finit toujours par trouver, et que ce n'est pas la nuit qui va m'arrêter ... Sur ma carte il y a un refuge de randonnée encore à plusieurs kilomètres plus profondément dans la vallée, mais j'ignore s'il est accessible avec la clé DNT. En espérant n'avoir pas à marche encore jusque là, je poursuis et scrute le terrain ... J'en viens même à jeter un œil à quelques alcôves percées dans le rocher au bord du chemin, reliques glacées et humides du temps du chantier de percement de la ligne.

j'ai été à 2 doigts de me poser là
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Pont ferroviaire de Norddalsbrua
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Finalement, je me dis qu'avec le temps magnifique qui s'est imposé, il n'est peut-être pas nécessaire de planter la tente. Si je n'ai pas de piquets à planter, nul besoin de chercher un sol tendre, ni d'un espace plan particulièrement vaste ... Avec cette inspiration, je m'écarte du chemin pour grimper sur un gros rocher monolithique, et y trouve une vaste zone raisonnablement plate à son sommet, et de très belles vues vers la vallée. Je me trouve non loin du spectaculaire pont ferroviaire de Norddalsbrua à cheval sur la gorge, et ce rocher promet de rester ensoleillé toute la nuit ...

Il y a bien quelques lignes électriques disgracieuses, mais autrement le site est spectaculaire. Profitant de ce que pour une fois je randonne avec un matelas pleine longueur, ce sera très confortable malgré la dureté froide de la roche ... Il est 21h, ce sera donc un bivouac cow-boy !

là-bas, les montagnes pour demain soir
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le lundi toute la nuit au soleil ...
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bientôt minuit ...
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Avec ma recherche de bivouac qui s'est éternisée, je ne suis plus qu'à 5 km de la gare de Katterat d'où je dois prendre le train pour Narvik demain à 11h : autant dire que j'aurai tout le temps de m'y rendre sans me presser !



à suivre ...


Vidéo #20

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
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#293 16-10-2023 12:33:20

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#21 lundi 10 juillet
Norddalsbrua - Oallajohka (+A/R train à Narvik)
18km +701 -339 5h13
Cumul 782km D+14300m 194h
Vidéo #21
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C'était une belle nuit à l'Etoile, la seule visible depuis 3 semaines : le Soleil ! Sans tente sur le sommet plat de mon monolithe, la rosée a été forte, détrempant le sursac (SOL Escape Bivy) et bloquant sa respirabilité ... Bref, ma fin de nuit est humide. La température n'est descendue qu'à 10°C, pendant le temps où le soleil à raz de l'horizon s'est caché derrière la petite éminence voisine. Il réapparait avant que je finisse de prendre mon café chaud du fond de mon duvet. Des nappes de brumes flottaient vers 3h de matin sur le plateau de l'autre côté de la gorge, j'ai dû avoir les mêmes pendant mon sommeil. La vallée quant à elle reste profondément enchâssée dans l'ombre ...

2h du matin
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3h du matin
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Je n'ai qu'une très petite journée au programme, puisque l'objectif immédiat est de me rendre quelques kilomètres plus loin à la petite gare de Katterat, et d'y attraper à 11h le train pour Narvik, et y revenir en fin d'après-midi pour aller chercher bivouac dans la montagne. C'est jour de ravitaillement dans une vraie ville, et un semi-repos bienvenu après 3 semaines depuis le Cap Nord.

L'alerte donnée hier par ma cheville est toujours présente, je dois la ménager et améliorer mon confort de marche en renouvelant mes semelles, ainsi que trouver une nouvelle chevillière qu'il me faudra porter plus systématiquement. Mes chaussettes sont percées et mon collant de marche se délite, il est impératif que je remplace les premières, le besoin est moins urgent pour le second mais ce serait bien quand même ...

On ne se refait pas, même si rien ne presse et que je n'ai pas long à marcher, mon bivouac est vite remballé après le café et je décolle juste après 6h30. La vive lumière fait que je suis tous les matins réveillé entre 4 et 5h, et il m'est difficile de traîner dans mon duvet au-delà de 6h ...

Délesté du gros de mes provisions faites hier à Riksgränsen (ainsi que de ma poubelle qui, mine de rien, commençait à représenter un % substantiel de ma charge portée), mon sac ne pèse rien, alourdi peut-être seulement de l'humidité captée dans la nuit par sursac et duvet ...

Je reprends le chemin du Rallarvegen, toujours agrémenté de panneaux d'information racontant l'histoire du percement de la ligne ferroviaire. L'ancienne route descend maintenant dans la gorge et je perds instantanément le soleil, tandis qu'au-dessus de moi la montagne enneigée reste illuminée : ce soir j'y retourne, promis ! J'arrive sur la voie ferrée que je traverse à hauteur d'un chantier en cours de recouvrement de la voie unique pour la protéger des avalanches. Quelques lacets dans la forêt, et me voilà au refuge de Vokterbolligen : il y a un large espace de bivouac à proximité, mais l'épaisse rosée qui recouvre encore le tout me fait dire que ma nuit y aurait été encore plus détrempée que sur mon rocher. Le refuge en lui-même n'est pas accessible avec la clé DNT, il doit se réserver auprès de l'association qui le gère. Dormir sur mon rocher au soleil était le bon choix hier soir.

retour dans l'ombre des gorges
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refuge de Vokterbolligen
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Le sentier descend encore dans la forêt, puis j'enjambe un beau pont sur la Hunddalselva pour retrouver le soleil de l'autre côté. Il y a là les ruines du village qui s'était établi le temps du percement de la ligne, documentée par des panneaux d'information nommant là l'école, là le magasin d'alimentation, ici l'église ... ou encore le bunker où la dynamite du chantier était stockée ! Sauf pour cet indestructible bloc de béton, tout était en bois et il ne reste que des fondations recouvertes par la végétation, et quelques tables de pique-nique modernes près du torrent sous les bouleaux. La piste reprend de la hauteur sur l'autre versant, très agréable sous le soleil. J'arrive à la dizaine de maisons formant le tout petit village de Katterat autour de sa gare à flanc dans la montagne, avec son habitat propret et ses pelouses soigneusement entretenues par des robot-tondeurs électriques ... Nulle voiture ici, d'ailleurs il n'y a pas de route : on ne vient ou part d'ici qu'à pieds ou en train ...

l'ancien village d'ouvriers le long de la Hunddalselva
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un panneau parmi d'autres sur le Rallarvegen
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indestructible
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c'est une maison bleue ...
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Je suis là à 8h10 pour un train que je dois attraper à 11h, c'est dire si j'ai du temps à tuer. Je vais poser mes affaires dans la grande salle d'attente de la petite gare, où je suis bien évidemment seul. J'y charge mes appareils, fais usage des toilettes et grignote ce qu'il me reste ... Je peux également faire usage du réseau pour poster un peu d'informations, de même qu'affiner mes plans de la journée.  C'est en consultant les horaires affichés dans la salle que je réalise que pour me rendre d'ici à Narvik mon train n'est pas direct : celui que je dois prendre va en fait dans l'autre sens et remonte à Riksgränsen, d'où je dois en attraper un autre à la redescente ... Etait-il bien nécessaire que je marche jusqu'ici ? (réponse : oui, si je veux maintenir la continuité de mes pas sur le trajet ...)

Katterat gare
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L'attente est longue mais au moins il fait bon dehors au soleil, et mon train finit par émerger du tunnel à la sortie duquel se trouve la gare, après s'être annoncé à force de sirène tout au long de sa remontée dans les gorges. Du monde à bord, dont pas mal de randonneurs qui vont peut-être jusqu'à Abisko pour un départ sur la Nordkalottruta ou le Kungsleden : ça parle un peu toutes les langues, et pas mal allemand ... De la fenêtre je revois les passages emblématiques de ma marche de ce matin et d'hier soir, pour me retrouver sur le quai de la gare de Riskgränsen pendant 20 mn avant de repartir dans l'autre sens ...

retour involontaire à Riksgränsen
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La descente des gorges en train est très belle, et comme tout le monde je fais quelques images de la fenêtre. Pour une fois ce n'est pas un grand lac que j'aperçois, mais bien la mer de  Norvège qui pénètre jusqu'à l'extrémité du fjord. Le temps est toujours aussi radieux, et je profite pour une fois de voir défiler les paysages sans avoir à activer mes jambes ou mouiller mes chaussures ...

le fjord au bout des gorges, direction Narvik
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À Narvik à 12h30 je me dois d'être efficace, car il me faudra remonter dans un train dès 15h. La ville me fait l'effet d'une mégapole, guère différente de bien des villes d'Europe, sauf pour le cadre magnifique en bord de mer entouré de montagnes. Je traverse le centre-ville en direction des enseignes de sport que j'ai repéré, lesquelles se trouvent dans de vastes galeries commerciales. Dès la 1ère d'entre elles je trouve tout ce que je recherche :
- de nouvelles chaussettes : ce seront des Darn Tough, histoire d'essayer et parce que je ne trouve pas de X-Socks ... Je ne leur reprocherai que d'être trop chaudes pour marcher en été ...
- de nouvelles semelles : je retrouve les mêmes SIDAS que d'habitude, tout baigne
- un nouveau collant : pas aussi léger que le X-Armour, mais le plus léger de tout ce que le magasin avait à proposer. J'aurai souvent trop chaud avec, mais il me protègera mieux des moustiques.
- une protection pour la cheville, mais que je trouverai inefficace à l'usage, peut-être parce que choisie d'une trop grande taille ?

Je me pose sur un banc de la galerie commerciale pour enfiler mes nouvelles affaires, et dispose des anciennes dans une poubelle, en espérant que mes vieilles chaussettes et semelles n'auront pas trop parfumé les locaux ...

J'enquille ensuite par le supermarché voisin pour mes courses alimentaires, où je me charge à mort du fait de la très longue section qui s'annonce : presque 300 km jusqu'à Sulitjelma, avec comme unique ressources intermédiaires ce que les (coûteux) refuges suédois auront à m'offrir sur le parcours. Retour sur mon banc pour reconditionner tout ça et le faire péniblement tenir dans le sac, et je réalise que j'ai oublié de racheter de l'alcool à brûler : je n'ai pas encore tout-à-fait fini le litre acheté avec Sophie à Alta il y a 3 semaines, mais ce qui me reste ne tiendra plus que 2 ou 3 jours. Deuxième session donc dans le magasin, où je reprends aussi de l'alimentaire à engloutir sur place ... et ne trouve pas d'alcool ! J'interroge un employé qui vérifie et me fait savoir qu'ils n'en ont effectivement plus ... Un peu ennuyé je ressors et me dirige vers l'autre galerie commerciale que j'avais vu près de la gare, et nouvelle déconvenue : là aussi ils sont en rupture !

L'heure avance et il faut bien que je me dirige vers la gare, et je me dis qu'il va peut-être me falloir apprendre à manger froid (hors des refuges, tous équipés de réchauds à gaz), avec cependant en chemin la réalisation qu'il me reste une unique chance de trouver mon alcool  : comme ce matin, mon train ne sera pas direct et me fera remonter à Riksgränsen, avec cette fois 50mn de correspondance avant de redescendre à Katterat. Juste le temps de faire l'aller-retour à la supérette, en croisant les doigts ...

Narvik, quai de la gare au milieu des autres randonneurs
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Du quai de Riksgränsen et avec mon sac bien alourdi qui me tire sur les épaules (pas vraiment, mais en comparaison des jours légers qui précédaient, c'est l'impression), je redescends vers la supérette mais ne trouve pas mon alcool à brûler au milieu des sucreries. Là aussi il me faudra demander à l'employé, qui me dirigera vers une armoire sécurisée comme l'exige la règlementation suédoise (puisque je suis revenu en Suède rien que pour ça !). Je paye ma bouteille d'1 litre que j'emporte avec les quelques nourritures plaisir que je n'ai pu m'empêcher de rajouter ...

Je reviens vers la gare où je retrouve un solide gaillard avec un gros sac à dos qui vient visiblement de faire la même manœuvre que moi, puisque monté de Narvik où je l'avais vu sur le quai, descendu à la supérette et attendant maintenant le train à la redescente. Hans Christian va comme moi à Katterat, mais pour y passer ses vacances auprès de ses parents. Il aimerait bien parcourir le Norge På Langs un de ces jours, et sur le trajet vers Katterat on parle ainsi rando, tout comme de la météo exceptionnelle de ce début d'été. Il me parle de la maison bleue de ses parents, dont il se trouve que je l'ai imagée ce matin ... J'y gagne un abonné sur Instagram !

De retour à Katterat et juste avant de repartir dans la montagne, je vais profiter une nouvelle fois des toilettes de la gare. Ce matin j'y avais aperçu une réserve de produits ménagers : on doit encore là-bas se demander comment ladite réserve s'est miraculeusement enrichie d'1/2 litre d'alcool à brûler ... En ressortant je fais la rencontre d'un couple de français dont je crois qu'ils viennent de manquer le train, mais un autre passe et s'arrête dont je n'avais rien vu sur les horaires, celui-là venu directement de Narvik. J'ignorais qu'il y avait plusieurs opérateurs sur cette ligne prisée des touristes, et ma logistique aurait peut-être été différente ... Pendant les quelques minutes où le train reste en gare, je vais me délester de mes derniers emballages dans une corbeille du train à l'arrêt, car je n'ai vu aucune poubelle publique à Katterat ...

Il est 18h et voilà que toujours sous un beau soleil je reprends enfin le chemin de la montagne, la piste étant juste là au bout des rails. Je remonte doucement un long vallon, préférant la piste facile à un sentier peut-être moins confortable qui court plus près du torrent en contrebas. Je veux en effet préserver ma cheville aussi longtemps que possible avant de la remettre vraiment à l'effort, et puis c'est tellement reposant de marcher à pieds secs sans se soucier de risquer de trébucher sur le prochain caillou ! Je croise pour une fois des promeneurs qui reviennent au village (l'une des maisons fait gîte), mais pour l'essentiel le grand vide de la montagne norvégienne se ré-impose vite à moi.

derrière moi la vallée s'éloigne (la ligne de train visible sur la droite), Katterat n'est déjà plus visible
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le long de la Hunddalselva
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Je suis prêt à marcher tard si ma cheville ne me pose pas de problème, aidé par une météo toujours éblouissante. Avec la soirée et en reprenant un peu d'altitude je commence à mieux respirer, après toutes les heures chaudes de la journée (j'avais 25°C à Narvik). La balade sur piste est bien agréable, mais je ne veux pas me poser avant d'être résolument revenu dans le "sauvage". Aucun marquage ne me signale quand je dois quitter la piste, je ne peux me fier qu'à ma trace pré-enregistrée et à mon GPS. Je dois obliquer en direction du torrent, où je discute un instant avec 3 jeunes campeurs allemands déjà installés qui se font un circuit de 5 jours depuis Abisko.

sauf erreur, le Dáskoriehppi, 1421m
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Je repars en ayant une large zone marécageuse à contourner, sans véritable chemin mais avec parfois quelques cairns dépourvus de toute marque de peinture. Je croise 2 cabines privées qui sont probablement la justification de ce cairnage, et mon itinéraire se met enfin à grimper entre 2 montagnes en direction d'un col dont je suppose la présence. Miracle, je retrouve les marques rouges, mais le sentier n'est guère matérialisé au sol : je le perds souvent, scrutant l'environnement pour retrouver une trace de peinture ... Remonté au-delà de 800m d'altitude, je retrouve des restants de neige parfois marqués d'empreintes très récentes allant dans la même direction que moi. Pas plus de 2 personnes, passées probablement aujourd'hui car la chaleur n'a pas eu le temps d'éroder leurs traces. Effectivement, je verrai une belle tente rouge perchée au-dessus du col et à distance du chemin quand j'y passe à 21h30, après avoir remonté un vallon encaissé.

Cabines de pêcheurs
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retour dans la montagne ...
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la 3ème marque rouge est en réalité la tente de ceux qui m'ont précédé sur le chemin
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je passe le col et un nouveau lac, il va être temps de se poser
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L'environnement est très beau mais les emplacements de bivouac ne sont pas évidents dans les rochers. Je pourrai poursuivre jusqu'à un "abri d'urgence " (= cabine proprette avec 2 couchettes et un poêle) un peu plus loin au long des lacs, mais ce soir je veux absolument retrouver ma tente que je n'ai plus monté depuis 4 jours. Je prospecte et finis par trouver un beau replat encore bien ensoleillé, mais le piquage va s'avérer difficile, sur une mince couche de sol pulvérulent et peu solide d'une part, du rocher par endroits impénétrable au-delà de quelques cm d'autre part. Le montage est de guingois, et je dois m'aider de quelques gros cailloux pour faire tenir mon piquage un peu bancal. Il n'empêche, le site dans la montagne est magnifique, entouré de névés, lacs et torrents ...

c'est par ici que je vais prendre bivouac, presque au centre de l'image
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le Pioulou m'avait manqué ces derniers jours ...
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bonne nuit !
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à suivre ...



Vidéo #21
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#294 16-10-2023 13:02:03

WouinWouin
Membre
Lieu : Soignies
Inscription : 30-03-2021

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

C'est toujours aussi agréable de te lire ! Les paysages font rêver et donnent des envies !

Merci encore pour ton partage  smile

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#295 16-10-2023 18:44:25

Matt81
Membre
Inscription : 22-02-2008
Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

WouinWouin a écrit :

#692543C'est toujours aussi agréable de te lire ! Les paysages font rêver et donnent des envies !

Merci encore pour ton partage  smile

tout pareil  wink

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#296 16-10-2023 21:13:17

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

WouinWouin a écrit :

#692543Les paysages font rêver et donnent des envies !

Matt81 a écrit :

#692544tout pareil wink

Merci à vous 2 ainsi qu'à tous ceux qui laissent des mots gentils ici ou sur les vidéos. Tenez bon : plus que 48 épisodes (49 si je fais un épilogue eek ) !

@WouinWouin :
à ton tour wink !


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#297 16-10-2023 21:32:43

Hartza
Membre
Inscription : 11-08-2022

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Prêt pour les 49 prochains épisodes! big_smile Moi aussi je les attend avec impatience!
pouce Merci pour ces beaux compte rendu et au plaisir de te lire


Liste moyenne montagne printemps été: https://lighterpack.com/

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#298 17-10-2023 08:05:37

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 03-10-2019

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Merci Hervé pour ce récit fleuve !  pouce
Pour l'alcool, qu'est-ce que tu demandes dans les magasins ? En Islande, j'ai trouvé du Raudspritt (etanol/isopropanol) ou rödsprit (etanol). Un alcool teinté en rouge comme son nom l'indique.


Moins on porte, mieux on se porte !

Liste lighterpack 2022

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#299 17-10-2023 09:47:57

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Ruz boutou a écrit :

#692587Merci Hervé pour ce récit fleuve !  pouce
Pour l'alcool, qu'est-ce que tu demandes dans les magasins ? En Islande, j'ai trouvé du Raudspritt (etanol/isopropanol) ou rödsprit (etanol). Un alcool teinté en rouge comme son nom l'indique.

Salut Ruz Boutou,

En Norvège le Rødsprit effectivement, en général en rayon avec les produits ménagers ou bricolage. Trouvé partout sauf ce jour-là à Narvik.

En Suède (Riksgränsen) c’était un autre nom qui me rappelait mes cours de chimie d’il y a 40 ans, alors je l’ai oublié…


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#300 17-10-2023 18:46:34

bernard_lyon
Μηδὲν ἄγαν
Lieu : Lyon
Inscription : 16-12-2015

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Allez, après 2 semaines d'absence j'ai repris la lecture et viens de regarder les dernières journées… bien belle aventure, avec des paysages superbes ! Merci Hervé.
En plus on sait que le récit va nous accompagner encore quelque temps, ça devient une addiction de te suivre  tongue


Mon trombi | Liste | HRP Banyuls-Alos d'Isil | GR738
"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")
Modification non explicitée : orthographe ou syntaxe

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