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#476 22-01-2024 14:57:30

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#66 samedi 26 août 2023
Valle - Gaukhei
51km +971 -454 11h36 (+pauses 1h24)
Cumul 2676km D+55300m Marche 652h
Vidéo #66

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Il a plu un peu toute la nuit, mais au chaud et au sec dans mon cabanon de camping je m'en bats l'œil. Seuls les sombres prévisions météo de la journée à venir entament mon mental. Quand la lumière (relative) du jour me tire du sommeil aux petites heures, je jette un nouveau regard déprimé à mon écran, lequel me confirme encore les pluies soutenues que je vois m'arriver dessus depuis plusieurs jours ... De fait je ne me presse pas pour quitter mon lit, les muscles ont encore besoin de détente après la tension accumulée hier sur les routes ...

Cette pluie me condamne à rester désormais sur les routes jusqu'à l'arrivée, avec très peu d'options hors asphalte. C'est la mort dans l'âme que je me lève, me chauffe un café et fait un rien de ménage derrière moi. Avec un sac poids plume chargé avec ~2 jours de provisions, je quitte mon cabanon à 7h00, calé sous mon parapluie. Je fais en partant un passage aux lavabos du camping pour une toilette de chat, après ma douche oubliée hier soir sous le poids de l'endormissement.

Encore un point sur écran dès mes premiers pas pour visualiser mon parcours et les abris potentiels contre les plus fortes averses, et ... la pluie a pour l'essentiel disparu des prévisions de la journée ! Les 20-30 mm d'eau que je voyais encore m'arriver dessus l'heure précédente se sont transformés en légères ondées irrégulières, et même des éclaircies dans l'après-midi. J'ai du mal à croire qu'une perturbation aussi massive puisse subitement disparaitre des écrans à la dernière minute, mais c'est bien le cas !

Décontenancé et alors que j'entends bien le piquetis des gouttes qui viennent battre la toile de mon parapluie, je suis d'abord sceptique. De toute façon, quand bien même la pluie s'arrêterait maintenant (ce qu'elle fera effectivement quelques instants plus tard), les chemins sur les plateaux ne vont pas s'assécher instantanément. Je décide donc de laisser à la météo le temps de changer d'avis, et je repousse à plus tard dans la journée l'option de tenter une ultime section dans les hauteurs.

les options du jour : le choix d'encore beaucoup de route avant l'ultime incursion la montagne
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regard en arrière sur Valle : de quoi être sceptique sur la fin du mauvais temps dans la montagne
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le selfie des 2600 km avec 25km de retard
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Je suis donc toujours la vallée de Setesdal et la rivière Otra, avec peu de choses à en dire au vu du contexte répétitif. Je me délasse avec quelques jolis paysages, agrémentés d'impressionnantes cascades qui dévalent les falaises plus ou moins boisées. Les eaux de l'Otra en offrent de beaux reflets lorsqu'elles s'assagissent dans des étangs. Les lumières rasantes du matin ont du mal à s'affranchir du plafond nuageux, m'offrant pendant quelques instants une lumière jaunie inhabituelle.

Des petites ondées alternent avec des moments plus lumineux, mais pour l'essentiel le temps ce matin reste bouché. Vers 10h30 je fais halte à la station-service / cafétéria de Rysstad, où je peux m'installer seul dans une petite arrière-salle décorée d'un siècle de publicités tabagières, que je regrette de n'avoir pas filmé / photographié, ça valait son pesant de nicotine ! Pour le reste de ces 30 km supplémentaire d'asphalte, je vous les résume en une courte sélection de photos ...

des reflets et des couleurs étrangement jaunies au matin
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des cabanes traditionnelles plus ou moins entretenues
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des lacs de retenue interminables
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des cascades bien gonflées
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et toujours ces vieux greniers traditionnel ("stabbur")
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Insensiblement le temps s'éclaircit, et pour une fois je peux marcher juste en T-shirt, remisant veste de pluie et bonnet. Il faut dire que je ne suis plus qu'à 200m d'altitude et les températures de la fin d'été sont très douces. À 13h30 j'atteins enfin la bifurcation qui va me permettre de prendre une piste en lacets et rejoindre les hauteurs de la vallée de Setesdal, vaste réserve naturelle où, parait-il, vivent les rennes sauvages les plus méridionaux d'Europe ...

La piste grimpe franchement dans la pente boisée, et je remonte vite de 400m D+ jusqu'aux rebords du plateau. Une ondée me surprend en pleine ascension, et j'arbitre en faveur de renfiler la veste de pluie, compromis entre être mouillé par la pluie ou la transpiration d'une part, garder un peu de confort thermique d'autre part ... Quelques torrents bien gonflés passent sous la piste solidement aménagée, il faut bien que s'évacuent les eaux tombées des derniers jours / semaine ... Sans l'averse j'aurai fait une pause quelque part dans un virage ensoleillé, mais je me vois contraint de la repousser à un moment plus favorable.

Il ne pleut plus quand j'arrive sur le plateau, et la route de graviers cède le pas à une piste cabossée accessible aux 4x4. La variété de mouvements qu'elle me permet constitue un changement heureux après presque 90 km de graviers et bitume depuis hier matin ! Le ruissellement est intense, recouvrant parfois entièrement le chemin. Parfois à raz des étangs, parfois plus en hauteur, le chemin oscille dans la forêt dispersée de bouleaux, dans un terrain qui ne laisse guère d'intermédiaire entre les deux options rocheuse ou aqueuse ... C'est joli mais j'ai du mal à imaginer pouvoir y planter le bivouac. Les rares zones propices sont d'ailleurs occupées par des cabines privées, ce n'est pas un hasard ... Je croise mes 1ers randonneurs des 3 derniers jours, tout un groupe en sens contraire avec qui je n'ai que le temps de dire bonjour.

J'ai en ligne de mire le mignonnet petit refuge DNT de Tjønndalen, niché dans un vallon herbeux fermé par un petit lac et au milieu des moutons, et où j'arrive juste avant 16h00 avec déjà 38km au compteur, et alors que la piste s'est faite beaucoup plus spongieuse ... Encore trop tôt pour moi pour y finir la journée, et avec le ciel variable et parfois ensoleillé qui s'est installé, l'idée d'un ultime bivouac sauvage me motive pour ce soir, si je sais le trouver. La cabane à l'ancienne est cernée de barrières et portillons pour empêcher les ovins d'en souiller les abords immédiats, et je m'installe sur un banc à l'extérieur pour m'y offrir les instants de repos exigés par les masses laborieuses de mes membres inférieurs ... Un coup d'œil rapide à la porte de la cabane me montre les sacs à dos et l'équipement d'occupants momentanément absents, probablement en vadrouille aux alentours.

sur le plateau, un paysage d'étangs et de forêts
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petit refuge de Tjønndalen
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Je repars à 16h30, motivé à l'idée d'un trip du soir pour aller me perdre une dernière fois dans la solitude norvégienne. À peine parti je rencontre un couple, justement les occupants du refuge qui y reviennent après être allés explorer la partie plus élevée du plateau vers laquelle je m'engage. Il m'annoncent quelques sections boueuses avant de pouvoir profiter de quelques jolies vues, histoire pour moi de ne pas quitter trop vite ce à quoi la Norvège m'a habitué.

Je n'ai maintenant plus qu'un petit sentier sans marquage régulier, et je m'élève au-dessus du vallon dans une végétation de plus en plus rase, la forêt se réduisant peu à peu à seulement quelques bouleaux nains. Le terrain est chaotique et rocheux, jamais régulier, souvent glissant avec mes chaussures qui s'usent et perdent de l'adhérence. C'est exigeant et fatigant, mais au prix d'un peu de brutalité je peux m'immerger à nouveau dans un environnement pleinement sauvage. De 700m au refuge, je m'élève par étapes à 800, puis 900m, touchant un plus haut (mesuré) à 970m. La vue porte loin sur ce plateau cabossé, une fois encore criblé de lacs de toutes tailles dans ses moindres creux.

Au début d'être sur les hauteurs mais encore un peu tôt pour m'arrêter, un joli spot sableux coincé entre des rochers dominant un lac me fait de l'œil. Sa présence semble m'indiquer que, malgré l'aspect inhospitalier, il y a du bivouac possible, et je poursuis plein d'optimisme pour pleinement profiter de cette marche du soir. Une nouvelle ondée me passe dessus et poursuit son chemin poussée par le petit vent. J'ai plus de mal à poursuivre le mien, détrempé et cabossé ...

myrtilles d'automne
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entre 2 ondées
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Je vais d'un lac à l'autre au fil des montées - descentes, toujours plus attentif aux opportunités de bivouac avec l'heure qui tourne, mais rien n'est plat, et encore moins sec. J'espère tantôt dans les abords herbeux des lacs, tantôt dans le sommet des mamelons qui bordent le chemin, mais non. Les rochers, les bourbiers, les buissons et les grosses mottes d'herbe malcommodes dominent, alors j'avance tant qu'il fait jour ... Au moins il y a régulièrement des passerelles pour franchir les torrents, c'est déjà ça ...

Je dois admettre que le chemin est décidément bien inconfortable et casse-pattes, beaucoup plus boueux et détrempé que tous les épisodes précédents : même ceux des hors sentiers du Trøndelag, c'est dire ! Passés les deux derniers lacs qui ont déçu mes attentes pour planter le Pioulou, le sentier commence à redescendre légèrement (attention à la glissade !) jusqu'à l'intersection où, enfin, je rattrape mon itinéraire prévisionnel quitté il y a 3 jours. De là j'ai 2 possibilités : poursuivre vers le Sud dans l'espoir de trouver ce bivouac rêvé qui m'échappe, ou alors remonter le chemin sur 1,5 km vers le refuge DNT de Gaukhei. Il est 20h et la fatigue de ce mauvais chemin se fait lourdement sentir :  adieu mon rêve d'un dernier beau bivouac, va pour le refuge !

Ces derniers 1500m, que je parcours tout en sachant qu'il me faudra les refaire en sens inverse demain, sont peut-être les pires : boue profonde, rochers et herbes glissantes. Je redouble de prudence pour éviter la chute idiote de fin de journée, et après 20mn parvient enfin au grand refuge de Gaukhei joliment niché dans une crique d'un grand lac, alors que le couchant prend de magnifiques couleurs.

d'un lac à l'autre, mes espoirs de bivouac sont douchés
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l'esprit se console aux lumières du couchant. Les pieds, eux, souffrent ...
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arrivée à Gaukhei, charmante seulement pour les yeux ...
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Je croyais trouver un refuge gardé qui allait plomber mon portefeuille, mais non : c'est un refuge en libre-service au coût bien plus abordable. Il y a déjà là un couple norvégien adorable qui m'accueille, Knut et Tuula, lesquels me font visiter ce refuge devenu labyrinthique au fil des extensions successives intervenues dans son histoire, résumée en photos anciennes accrochées aux murs. Les autres occupants sont 2 jeunes que je crois d'abord être leurs grands enfants, et un pêcheur installé dans un bâtiment annexe et qui ne nous rejoint que pour bénéficier de l'usage de la cuisine.

Craignant peut-être les ronfleurs, Tuula me fait découvrir, au bout d'un corridor à travers la réserve de l'épicerie libre-service, l'existence de la chambre normalement réservée au gardien ou à l'inspecteur DNT de passage, où je vais profiter cette nuit d'un espace bien confortable pour moi seul. La pièce est plutôt fraîche et je pourrais y faire tourner le poêle, mais il est plus agréable de dormir au froid quand on bénéficie comme ici d'une lourde couette.

Knut et Tuula parcourent le Norge På Langs par sections au fil des années, sans ordre particulier. Cela fait 6 ou 7 ans qu'ils occupent ainsi leurs étés de randonnée, et il ne leur reste plus que 2 ou 3 sections à parcourir, à travers l'Hardangervidda d'une part, et les 2 régions du Troms (Tromsø) et du Finnmark jusqu'au Cap Nord d'autre part. Forcément nous allons discuter passionnément de matériel, d'itinéraires, ainsi que des conditions particulièrement détrempées de ce mois d'août. En  bons connaisseurs des chemins de leur pays, ils me disent n'avoir jamais vu un terrain autant gorgé d'eau aussi tard dans l'été, on ne voit normalement cela qu'à la fonte des neiges. Ils trouvent également que l'automne est bien précoce, et ce n'est pas la première fois que je l'entends dire. Ils finissent ici leur section depuis Haukeliseter (la sortie Sud de l'Hardangervidda où je suis passé il y a 3 jours), ayant choisi de rester à l'abri dans les refuges les jours de pluie. Ils me décommandent l'itinéraire théorique que je me suis prévu pour la suite, tant le terrain est difficile cette année : ils n'ont guère besoin de me convaincre, j'ai trop galéré ce soir pour vouloir encore m'en payer une pleine journée supplémentaire. Je n'ai plus que 100 km à vol d'oiseau d'ici à Lindesnes, et ~140 par routes et chemins : je veux maintenant couvrir cette distance pour arriver au soir du 3ème jour, soit le 29 août.

Avec ma grosse journée "méritante", je sacrifie mon Real Turmat déshydraté pour m'offrir un plat de consistance pour mon dîner, que je finis froid tant la conversation est prenante ... Alors que la nuit tombe nous voyons danser des lumières de l'autre côté du lac, annonçant l'arrivée très tardive à la frontale de tout un groupe supplémentaire, mais pas de problème de place dans le dédale des multiples dortoirs du grand bâtiment. Epuisé, je m'éclipse à l'arrivée des nouveaux et évite de me faire prendre par une nouvelle conversation. Je me réfugie dans ma coquette chambre privative, heureux malgré tout d'avoir un peu renoué avec la montagne avant la fin.



à suivre ...


Vidéo #66

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#477 22-01-2024 22:46:24

Matt81
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Plus que 3... ce long récit va me manquer j'suis sûr  smile
As-tu réfléchis au prochain projet itinérant ?

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#478 23-01-2024 11:31:29

lignedefuite
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

A craindre de ne savoir que dire, on peut savourer d'en avoir suffisamment écrit.


le plus lourd dans mon sac à dos est le confort qui est dans ma tête...
Si j'étais un marcheur, je serais John Muir.

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#479 23-01-2024 21:53:33

Shaiia
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hello Hervé,

Je viens de prendre mon billet d'avion pour Alta. smile

J’atterris le 1er aout. Je vais marcher jusqu'au 1er septembre donc un petit mois.
Je suis une grande lente mais en contrepartie je peux marcher longtemps donc je pense pouvoir faire 750 km. J'espérais pouvoir arriver jusqu'à Narvik (ou un peu au nord de cette ville) et de là prendre le train de nuit jusqu'à Stockholm. Je reviens à Paris de Stockholm avec Transavia le 2 septembre.

Tu penses que c'est jouable en un mois ?

J'ai une question technique. Y-a-t-il des refuges DNT sur ce tronçon ? Est-ce que cela vaut le coup que je prenne une cotisation annuelle et que j'aille récupérer une clé/pass à Oslo.
Je l'avais fait pour Jottunheimen et finalement je ne l'avais pas utilisée du tout, j'avais essentiellement bivouaqué ou était restée en refuge gardé.

Voilà voilà. Très impatiente de suivre ta trace (même sur un petit bout de trajet), je me dis que cela peut être fun d'essayer de parcourir ce beau parcours par tronçons smile

Amicalement

PS : tu es inspirant. Merci!

Dernière modification par Shaiia (23-01-2024 21:53:55)

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#480 23-01-2024 23:57:58

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Shaiia a écrit :

#697478Hello Hervé,

Je viens de prendre mon billet d'avion pour Alta. smile

J’atterris le 1er aout. Je vais marcher jusqu'au 1er septembre donc un petit mois.
Je suis une grande lente mais en contrepartie je peux marcher longtemps donc je pense pouvoir faire 750 km. J'espérais pouvoir arriver jusqu'à Narvik (ou un peu au nord de cette ville) et de là prendre le train de nuit jusqu'à Stockholm. Je reviens à Paris de Stockholm avec Transavia le 2 septembre.

Tu penses que c'est jouable en un mois ?

J'ai une question technique. Y-a-t-il des refuges DNT sur ce tronçon ? Est-ce que cela vaut le coup que je prenne une cotisation annuelle et que j'aille récupérer une clé/pass à Oslo.
Je l'avais fait pour Jottunheimen et finalement je ne l'avais pas utilisée du tout, j'avais essentiellement bivouaqué ou était restée en refuge gardé.

Voilà voilà. Très impatiente de suivre ta trace (même sur un petit bout de trajet), je me dis que cela peut être fun d'essayer de parcourir ce beau parcours par tronçons smile

Amicalement

PS : tu es inspirant. Merci!

Coucou Shaiia, tu as quelques mois pour rêver avant de te lancer cool !

Tu pars du Cap Nord ? Je suis arrivé à hauteur de Narvik au 20ème jour, dont les 10 premiers avec ma fille pour qui c'était une première. Les itinéraires sont relativement roulants et sans réelle difficulté, donc à toi de t'astreindre à tenir un "quota" de 25 km/j, et ça se fera (presque) tout seul si la météo est clémente.

Tu peux visualiser les refuges gratuits comme payants sur le site www.ut.no (l'onglet "Carte").

Si tu fais ~25km/jour, tu n'en auras aucun de payant jusqu'au jour 10, puis une alternance de gratuit et de payant jusqu'à Kilpisjärvi au jour~20 (tout gratuit en Finlande), et c'est sur les 10 derniers jours que le confort des cabines DNT commencera à devenir très tentant ...

La cotisation DNT est amortie en ~3 nuitées, c'est donc à toi de voir : tu peux budgéter de te faire ce "cadeau" pour récompenser quelques belles journées. Même si tu ne cotises pas, je recommande d'avoir la clé, ne serait-ce que par sécurité : il n'y aura pas toujours quelqu'un d'autre pour t'ouvrir le cadenas d'une cabine où tu arriverais en pleine tempête avec toutes tes affaires trempées ... (je t'envoies un MP à ce sujet). Pas de refuges gardés sur cette section.


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#481 24-01-2024 13:31:01

Shaiia
Membre
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hello Hervé,

J'avoue que je vais plus préparer que rêver jusqu'à août big_smile
J'ai commencé à me faire des petites fiches.

J'ai un peu peur du climat parce que beaucoup de Bivouac. J'ai randonné sur le Kungsleden durant l'été 2022 et je n'avais eu que 5 jours sans pluie sur 3 semaines mais il y avait des refuges gardés avec séchoir régulièrement (sauf sur la dernière partie un peu moins fréquentée). Cela m'a appris à gérer le mouillé tout le temps.
Toutefois, je suis revenue avec une belle mycose que j'ai mis 6 semaines à soigner avec nettoyage des pieds et soin deux fois par jour donc si je pouvais éviter de ramener une petite mycose norvégienne, ce serait bien smile
Je prends mon PLB Garmin en cas de gros pépin afin de pouvoir appeler les secours.
Je vais payer la cotisation DNT, je suis toujours partante pour payer des associations qui favorisent la randonnée en construisant et maintenant des refuges.
Je vais essayer de récupérer la clé par voie postale car mon transit à Oslo est court. Je lis sur leur site que c'est possible.

En revanche, tu vas te moquer de moi, mais je ne sais pas comment lire les MP sur randonner léger big_smile Où sont-ils ? J'ai cherché 10 mn sans rien trouver (je suis un boulet, j'admets)

Amicalement

PS : j'ai eu ton MP smile Merci pour la clé, je t'ai envoyée mon adresse.

Dernière modification par Shaiia (24-01-2024 13:45:12)

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#482 24-01-2024 13:45:40

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Shaiia a écrit :

#697529
En revanche, tu vas te moquer de moi, mais je ne sais pas comment lire les MP sur randonner léger big_smile Où sont-ils ? J'ai cherché 10 mn sans rien trouver (je suis un boulet, j'admets)

lol  en toute logique, dans ta boîte mail ... vérifie peut-être tes spams / indésirables ...

EDIT : j'ai vu ton EDIT ...

Dernière modification par Hervé27 (24-01-2024 13:46:59)


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#483 24-01-2024 20:46:14

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#67 dimanche 27 août 2023
Gaukhei - Åseral
46km +552 -1122 9h56 (+pauses 2h26)
Cumul 2723km D+55800m Marche 662h
Vidéo #67

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Je quitte Gaukhei un peu plus tard que je ne l’aurais voulu, faisant traîner mon petit déjeuner en compagnie de Knut et Tuula, qui sont comme moi des lève-tôt en rando. Les sentiers fatigants d'hier dans ce relief labyrinthique et ruisselant m'ont convaincu : il ne faut plus insister à essayer de suivre encore aujourd'hui le fil des ultimes collines qui descendent vers la mer. Trop exigeant sur le physique et le mental, lesquels maintenant veulent arriver au plus vite ... J'ai encore de quoi occuper ma matinée sur un sentier jusqu'au village de Ljosland, puis de là je m'en tiendrai aux grands axes à proximité des routes, ce qui de toute façon était le seul plan possible pour les derniers 100 km. Alors, un peu plus ou un peu moins ...

Départ du refuge à 7h30, sous un ciel grisouilleux mais pas menaçant.  D'ici je reprends mon itinéraire planifié, avec 20km jusqu'à Ljosland dont la moitié sur le même genre de mauvais sentier que ceux de la veille. Je reviens d'abord sur mes pas d'hier soir, retraversant sur 1,5 km les mêmes portions de gadoue qui m'avaient fait pester. Pas beaucoup d'énergie, la progression est lente dans un terrain accidenté.

Gaukhei : mon dernier refuge DNT, j'en repars avec un souvenir mélancolique
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retour de quelques heures sur l'itinéraire prévisionnel, direction Ljosdal
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Le vent froid souffle un peu sur le plateau, et s'engouffre dans les couloirs rocheux où il me faut passer. Il bat dans la capuche du coupe-vent, et le bruitage est alors aussi fatigant à mes oreilles qu'il peut l'être dans le son de mes vidéos ... Sur les hauteurs les plus exposées, des sentinelles de pierre, déposées là par la calotte glaciaire millénaire quand elle s'est retirée, hantent les abords du sentier. Je m'efforce de goûter la beauté austère des lieux, mon esprit surimprimant sur eux l'accumulation des regards promenés durant 2 mois maintenant dépassés. Des flots de souvenirs se télescopent, l'esprit ne parvient plus à ordonnancer l'information ... J'ai peur que l'oubli ne commence à faire son œuvre, espérant que mes notes, images et autres supports permettront de sauver l'essentiel du naufrage de ma mémoire. Bientôt la fin. Sucré-salé.

retour au plateau cabossé et boueux
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beauté austère
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Après 2 heures laborieuses, l'environnement change enfin quand j'amorce la descente dans une première vallée. Passé juste avant à presque 1000m d'altitude, je dois maintenant revenir vers ~700m, et cette petite différence sépare l'automne de l'été. La température s'adoucit, le ciel s'illumine et la végétation reprend de l'ampleur. J'arrive dans une cuvette verdoyante abritant un joli lac, entouré d'un mix de prés et de forêt, et déjà une ferme et une cabine. Quelques passerelles pour franchir les torrents, encore un peu de yo-yo dans les collines boisées, et bientôt j'atteindrai la piste qui doit faire le tour d'un grand lac de retenue avant de descendre à Ljosland.

l'altitude change soudain la saison
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Je réalise que ces quelques centaines de mètres sont peut-être les dernières sur un vrai sentier de randonnée, avant le bitume rébarbatif du final. J'en ai un petit pincement au cœur, mais le reste de mon organisme est soulagé par la perspective de la facilité à venir ...

Le hasard des rencontres est bien fait, car c'est dans cette ultime portion que j'arrive à la hauteur d'un marcheur, assis au soleil sur une poutre à côté des fondations ruinées d'une ancienne cabane. Petit salut mutuel, quelques mots échangés, et voilà que je me retrouve assis à ses côtés à faire pause commune. Il ne fait qu'un tour improvisé sur la journée, profitant de la fenêtre de beau temps. À me voir arriver du Cap Nord avec mon léger baluchon, il hallucine et me presse de questions. Il doit aussi me trouver maigrichon, car il insiste pour me nourrir avec ses excédents de victuailles ! La rencontre était ce dont j'avais besoin : la passion sincère de mon interlocuteur pour mon histoire me fait comprendre que cela en valait la peine. Quelle meilleure récompense que de s'entendre dire que l'on a fait rêver quelqu'un ? Sucré-salé.

Derniers cailloux, dernière gadoue, me voilà enfin sur la piste. Parti un peu tard, il m'aura fallu près de 3h30 (pause décomptée) pour ne faire que 10km. Il est midi et en général à cette heure le compteur est déjà au double, c'est dire ... La route de terre épouse les berges du lac de retenue : le niveau de l'eau est bas, mais les bois flottés montrent que tout récemment il a été beaucoup plus élevé. Le barrage avait alors à évacuer les eaux de Hans. Les kilomètres sur le gravier sont longs, le lac est tout en circonvolutions, mais au moins je n'ai plus à réfléchir à où poser le pied. Le paysage me rappellerait presque l'arrière-pays varois, si je remplace les chênes kermès par les bouleaux.

à rien de la fin des sentiers
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Plus près du barrage je commence à croiser quelques rares promeneurs du dimanche, et passé la digue je descends rapidement de 700 à 500m d'altitude, et arrive à Ljosland à 14h. Autour d'une placette se trouvent le gîte, un restaurant et une épicerie. Tout est fermé en ce dimanche et je ne vois personne, mais tout ce qui m'intéresse ici c'est l'agréable table de pique-nique et, luxe suprême, les toilettes publiques impeccables ...

Je délasse mes pieds nus au soleil, un peu inquiet de la longue section (probablement) bitumée que je leur concocte. J'inspecte un peu mes chaussures, lesquelles devraient sans problème m'emmener encore jusqu'à l'arrivée. Les semelles bientôt lisses ne sont pas pour rien dans mon inconfort des derniers temps sur les sentiers rocheux et glissants. Il me faudra maintenant juste respecter un peu de régularité dans les pauses pour limiter la surchauffe de l'épiderme.

Une voiture se gare, une dame en descend et, après quelques manipulations, rentre dans l'épicerie, pour en ressortir quelques instants plus tard avec de menus achats. Bizarre puisque je n'y avais vu personne, et je vais déambuler près de l'entrée, pour découvrir que l'établissement est en libre-service. Ce que j'ai vu dans les refuges DNT vaut donc aussi dans certains villages, mais c'est la première fois que j'en vois une. Je n'ai pas particulièrement besoin de ravitaillement, mais pour le fun je m'identifie à l'entrée avec ma carte de crédit et mon code, débloque ainsi la porte, puis vais attraper un paquet de biscuits, une glace et - bien entendu - du chocolat, que je paye à une caisse automatique. Je débloque la porte avec mon ticket, et me voilà dehors avec mes plaisirs anti-diététiques ... Vive la Norvège !

Ljosland : à chacun sa déco !
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pneus bientôt lisses
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Comme prévu, je ne retourne pas d'ici dans la montagne. Je repars à 15h et abandonne mon tracé prévisionnel pour tirer par la route qui descend avec la vallée droit vers la Mer du Nord, au Sud. La fréquentation du dimanche est bien faible, les voitures sont rares et je peux avancer plutôt paisiblement dans l'atmosphère douce et ensoleillée. Sur une douzaine de kilomètres la route est bordée par les longs lacs qui occupent le fond de la vallée. Je passe tantôt le long d'une ferme, tantôt je longe des cabines et leur accès à l'eau, avec des barques diverses tirées sur le rivage. La marche machinale me rend somnolent, et au bout de 2 heures j'ai trop besoin d'aller me poser quelques instants sur la rive pour permettre au corps et à l'esprit de lâcher prise ...

amusements de bord de route
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lâcher prise ...
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La route continue dans la vallée plus étroite, au fond de laquelle coule maintenant le torrent après la suite des lacs qui a précédé. L'heure tourne, les kilomètres aussi et je dois envisager la fin de journée. Les abords de la route ne me semblent pas propices au bivouac : les surfaces herbeuses que j'aperçois sont trop bien entretenues et certainement privées, trop proches des habitations près desquelles je passe régulièrement. Le reste n'est que tourbières ou pentes rocheuses. Plus en aval, à la confluence avec une autre vallée, se trouve la bourgade de Kyrkjebygda / Åseral (souvent des noms multiples sur les cartes ou les panneaux, c'est déroutant), où je peux espérer arriver à bon pas d'ici 19h. Je pense y trouver un camping ou même un hôtel (soyons fou !), mais le plan est foireux : avant même d'y parvenir, une recherche via mon téléphone repousse tous les hébergements possibles encore de nombreux kilomètres plus loin. Quand j'arrive au village j'ai encore longtemps de jour, et donc bien assez de temps pour trouver une solution.

Le village est bien tranquille en ce dimanche soir, seule de temps à autre passe une voiture. Un espace propret est à disposition des publics de passages, qu'ils soient camping-caristes, cyclistes ou marcheurs. J'y cale une petite pause de réflexion, plein d'eau préalable au robinet des lavabos, et même une prise secteur pour recharger un rien de batterie, c'est toujours bon à prendre. Sur le panneau touristique des directions, celle du Cap Nord attire mon regard : le but est de faire rêver pour y aller, alors que moi j'en viens ... 2416 km ... Lindesnes est à 102 km. Presque rien. Sucré-salé.

2416 + 102 = 2518
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Un peu d'exploration cartographique me montre l'existence d'un complexe sportif juste à l'écart du village : je me dis que si je cherche un bout de pelouse, ou bien encore un auvent quelconque, c'est par là-bas que je pourrais le trouver. J'y vais d'un pas tranquille, un peu à rebours de ma direction de demain. Sur place je vois que le complexe abrite aussi les écoles, et j'aurai bien discrètement étalé mes affaires dans quelque recoin, s'il n'y avait eu la présence d'un peu de monde à la pratique sur les terrains de sport. Je n'ai pas la patience d'attendre qu'ils s'en aillent, et me résous à aller tenter ma chance ailleurs.

Je prends la sortie sud du village, donc ma direction pour demain, et commence à scruter quelques vastes prés en bordure de rivière, jaugeant de leur visibilité depuis les habitations alentours. Un chemin agricole y descend, et finalement c'est à quelques mètres de l'eau clapotante que je vais trouver un espace agréable. Pas de grosse pluie ou crue attendue dans la nuit, je ne devrais pas avoir de surprise. Je monte le Pioulou à la lumière descendante entre chien et loup, peu probable que sa couleur de camouflage attire l'œil de qui que ce soit. Je retrouve évidemment quelques moustiques, ça faisait longtemps mais rien de plus méchant que dans nos contrées. La nuit sera forcément très humide, mais je fais avec ce que j'ai !

mon bivouac humide (au matin : divulgâchis, il fait beau !)
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à suivre ...


Matt81 a écrit :

#697352Plus que 3... ce long récit va me manquer j'suis sûr  smile
As-tu réfléchis au prochain projet itinérant ?

Réfléchi, assurément. Une petite idée qui fait sens me trotte dans la tête, mais l'été risque d'être professionnellement occupé et le temps pourrait me manquer. Ce ne sera donc peut-être pas pour cette année.



Vidéo #67

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#484 26-01-2024 12:45:25

foxof
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Inscription : 15-05-2022

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Matt81 a écrit :

#697352Plus que 3... ce long récit va me manquer j'suis sûr  smile
As-tu réfléchis au prochain projet itinérant ?

Réfléchi, assurément. Une petite idée qui fait sens me trotte dans la tête, mais l'été risque d'être professionnellement occupé et le temps pourrait me manquer. Ce ne sera donc peut-être pas pour cette année.

Un endroit ou tu pourrais marcher dans autre chose que la boue par exemple? big_smile


"Une fois là-haut, il n'y a plus qu'à continuer"

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#485 26-01-2024 21:21:51

Shaiia
Membre
Inscription : 19-07-2022

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Hello Hervé.

Toujours dans ma démarche tout à fait intéressée ...  big_smile
Est-il facile de trouver de l'eau potable sur le trajet sur la partie nord nord ? Ou dois-je stocker avec refill le matin et le soir ?

Merci beaucoup

smile

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#486 26-01-2024 22:12:44

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Shaiia a écrit :

#697656Hello Hervé.

Toujours dans ma démarche tout à fait intéressée ...  big_smile
Est-il facile de trouver de l'eau potable sur le trajet sur la partie nord nord ? Ou dois-je stocker avec refill le matin et le soir ?

Merci beaucoup

smile

Salut Shaiia smile

Pas d'inquiétude à avoir, l'eau est partout ! Du Cap Nord jusque dans les 1ères heures après Kautokeino, elle viendra souvent des tourbières où elle se sera chargée en tanins, lui donnant une jolie couleur jaune. Tu préfèreras peut-être la filtrer, mais les norvégiens la boive telle que, et j'ai fini par faire pareil (du moment que je ne voyais rien flotter dedans ...).

La seule section un peu sèche en terme d'eau courante était les 2 jours entre Masi et un peu après Kautokeino, mais même là il y a toujours l'eau des lacs, à filtrer de préférence. Cette année était très anormalement sèche dans l'arctique, ce qui fait un peu rire quand on a les pieds mouillés du matin au soir.

Après c'est la montagne, et je n'y ai jamais porté plus d'1/2 litre. On peut même ne rien porter du tout et attendre le prochain ruisseau pour s'y pencher.

Ce n'est que bien plus au Sud et dans le Trøndelag que j'ai retrouvé de l'élevage un peu intensif, m'amenant à être prudent.


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#487 26-01-2024 22:29:53

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#68 lundi 28 août 2023
Åseral - Kvås
52km +369 -604 9h56 (+pauses 2h49)
Cumul 2775km D+56200m Marche 672h
Vidéo #68

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Arriver. Terminer. En finir.

Vraiment ? Non, c'est pas fini, je voudrais continuer encore ! Poursuivre ma vie de libertés, marcher encore, marcher toujours. Qu'est-ce qui m'oblige à arriver ? Pourquoi arrêter ? Mais qu'est-ce que je veux à la fin ? Sale, fatigué, libre, n'est-ce pas là le bonheur ?

Décalé de 5 mois dans le temps, j'approche ce soir (26 janvier 2023) de la fin de l'angoisse de la page blanche, tout comme dans ces dernières semaines, journées, kilomètres ... j'approchais de la fin du parcours. Ces matins-là à la fin du mois d'août, c'était l'idée de rentrer retrouver les miens. Ce soir de janvier, c'est celle de bientôt clore un grand chapitre de ma vie, et apposer le mot "FIN" qui enfermera dans l'armoire aux souvenirs les 18 mois durant lesquels j'ai vécu avec la Norvège en tête, sinon sous les pieds ... Aujourd'hui chapitre pénultième, et dans quelques jours quand j'en trouverai le courage : le dernier, l'ultime, le final. La peur d'un grand vide ... mais après je serai libre, à nouveau. Sucré-salé.

Hier avant de prendre bivouac, j'étais sous un panneau qui ne me donnait plus que 102 km jusqu'à Lindesnes. Au rythme auquel je peux désormais avancer sur les routes et chemins de campagne que j'ai encore devant moi, l'arrivée est totalement envisageable pour demain soir. Il me "suffit" de dépasser 50 km aujourd'hui, et plus rien ne m'empêchera d'arriver dans 36h à l'extrême rivage norvégien sur la Mer du Nord.

antépénultième ? pénultième ? cela dépend comment on compte et quand j'arrive ...
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Sous le Pioulou coincé entre un grand pré et la rivière, la nuit a été bonne mais la toile est évidemment détrempée. Ce matin l'air est calme et lumineux, de légères brumes s'élèvent au-dessus des eaux alors que les premiers rayons du soleil éclairent les montagnes collines. Pour ma part je resterai encore un long moment dans l'ombre du fond de la vallée. Il n'est plus très loin de 7 heures quand je reprends la marche, sans m'être embarrassé du temps d'un café ou d'un petit-déjeuner. Il y a une station-service pas très loin le long de la route, peut-être pourrai-je m'y offrir quelque sustentation ? Hélas la partie réception / cafétéria est encore fermée : tant pis, je marche ...

Par la route j'arrive vite sur la rive de l'Ørevatn, lac serpentineux qui s'allonge sur 10 km en fond de vallée, pour une largeur de quelque centaines de mètres. Je longe longtemps cette étendue d'eau tranquille qui joue au miroir, avant de changer de rive en même temps que je bifurque par une route secondaire moins oppressante, via un pont qui profite d'un resserrement des deux berges. Je passe au soleil à cette occasion : la météo a décidé d'être clémente en cette fin d'aventure ...

jeux de miroir
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tiens, t'es là, toi ?
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Les ambiances sont belles, paisibles, incroyablement silencieuses, sauf quand bien sûr passe une rare voiture. Je longe quelques villégiatures au long du lac, puis la route remonte à flanc de la pente abrupte et boisée en direction d'une station "d'altitude". Traduction : je remonte d'une toute petite centaine de mètres, et culmine à 370m sur un promontoire qui m'offre une belle vue sur le lac en contrebas. J'y fais avec 33 km de retard le selfie des 2700 km, 20 km de décalage dans ma mesure des distances, plus 13 km parce que j'ai oublié de le faire avant de quitter mon spot de bivouac. Quelle importance ? Sauf à chercher à discerner la différence sur la croissance de ma pilosité ?

2733km de croissance pileuse. La capillotraction, énergie d'avenir
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J'ai bien fait de passer ici plutôt que la route principale, car après la petite station d'Eikerapen l'asphalte cède le pas au gravier. L'itinéraire doit surtout servir de piste de ski de fond en hiver, et je ne suis pas fâché d'être ici dans un environnement plus champêtre. Je redescends dans un vallon, et quand j'aperçois un banc (mouillé de rosée) avec pleine vue sur la tourbière, j'y fais ma première pause du jour. Les pieds à l'air, je finis consciencieusement mes réserves, ne gardant plus qu'une petite barre de céréales. J'avancerai aujourd'hui le sac léger ... Dans la douceur de fin d'été, je ne suis plus qu'en short et T-shirt, et même mon chapeau retrouve son utilité pour me protéger des rayons du soleil.

choses vues à Eikerapen
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Du fond du vallon je dois remonter rattraper une route que, sur la carte, je crois être de bitume. Chance, elle est encore faite de graviers, m'assurant d'une circulation quasi-inexistante. Elle ne dessert que quelques rassemblements de fermes qu'on n'ose même pas qualifier de hameaux, j'y avance toujours aussi vite mais le cœur plus léger ...

Les anciens points de collecte du lait, reconvertis en boîtes aux lettres. On y trouve aussi parfois les compteurs. Ils sont toujours décorés.
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Seul sentier programmé de la journée, je dois quitter la route de graviers pour un petit chemin agricole qui doit me faire remonter par une bucolique vallée boisée, et redescendre de l'autre côté vers le village de Skeie au bord d'un grand lac. C'est seulement là que, si hier midi à Ljosland je ne m'étais pas détourné, j'aurai dû terminer mon itinéraire de montagne, mais c'eut été beaucoup plus tard, car plus long et difficile dans les rochers et la gadoue. Pour l'instant je profite de la traversée de ce vallon, par ce chemin qui suit une ligne électrique. La piste se rétrécit, devient spongieuse. Je dois entreprendre le contournement d'une tourbière et commence d'être pris d'un doute sur la qualité de la suite ... J'atteins toutefois une cabine entretenue, puis une autre, toutes deux desservies par une solide et sèche piste de 4x4. Par contraste avec les bords de route, cette promenade au soleil dans les collines de la Norvège méridionale est bien plaisante ...

Monté à 460m, je redescends rapidement sur la piste un peu raide jusqu'à Skeie, altitude 200m. Je contourne le grand gîte pour me rendre directement à la "Bakeri" de bord de route, mélange improbable d'une boulangerie, d'un salon de thé, d'un relais routier et d'une cafétéria. Je m'y installe sur une table en extérieur sur le parking sans charme, histoire de me déchausser librement sans incommoder personne. Je m'y nourris d'un sandwich, d'une tartelette, d'une glace et d'une boisson sucrée, retournant plusieurs fois me servir en café libre-service. Les appareils sont également mis à charger : malgré le soleil je ne sais pas ce que la suite me réserve, et je ne veux pas risquer de manquer. Depuis un mois que je fais la course aux prises électriques, les réflexes ont la vie dure ... Je néglige la supérette voisine, résolu à ne porter que le moins possible jusqu'à l'arrivée : je passerai encore dans au moins 2 bourgades achalandées d'ici ce soir, j'ai le temps de voir venir !

J'atteins la première des 2 bourgades au bout de 12 km somnolents dans un début d'après-midi digestif. Je suis resté sur la route (pas d'autre choix), longeant le lac de Lygne dans les chaudes lumières d'un après-midi d'été. L'irréalité de mon arrivée prochaine alimente un état euphorisant : le regard s'attarde sur les maisons lumineuses au milieu des vertes pelouses, sur les hangars à bateaux colorés en bord de lac, sur le clapotis de l'eau le long de plages de sable où traînent des transats ...

Dans mon appli carto (Iphigénie), j'active de plus en plus fréquemment la fonction pour lire la distance en ligne droite au point ultime du parcours : depuis hier je n'ai plus que 2 chiffres, et à 14h aujourd'hui je passe sous les 50 km ... à vol d'oiseau, et je n'ai pas d'ailes !

50 km à vol d'oiseau ... et à la rame, ça fait combien ?
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mon jeu des 1000 bornes
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Scènes de la campagne norvégienne
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Nouvel arrêt donc à Birkeland, où je vise directement la supérette. Je n'y achète que le minimum à empiffrer sur place, et pour alimenter un dîner ce soir et un petit déjeuner demain matin. Pas la peine de charger, je suis dans des vallées civilisées que je traverse avec une Carte Bancaire et tout l'amour de mon banquier. Je traînasse sur un banc de la galerie marchande, non loin des toilettes et à côté d'une prise électrique ...

Je repars à 16h30, ayant repéré qu'un itinéraire plus discret se trouve sur l'autre rive de la Lygne, me permettant d'éviter la route principale. Je traverse la rivière et m'engage sur cette toute petite route, et à peine y ai-je fait quelque pas que passe un vieux bonhomme sur un quad avec qui j'échange un salut. Une minute plus tard, il est revenu vers moi me faire la conversation, me demandant si par hasard je ne fais pas partie de ces marcheurs qui traversent la Norvège depuis le Cap Nord (ou jusqu'à celui-ci, selon) ? Quelque chose lui a mis la puce à l'oreille, mais quoi ? Nous ne parlons que quelques minutes, et je salue ici Daag chaleureusement, c'est le genre de rencontre dont on a besoin sur la fin d'un périple ...

La petite route dessert quelques habitations coincées entre la falaise et la rivière, et des prés d'un vert éclatant impeccablement tondus. Je passe devant un groupe de maisons, où un autre vieux bonhomme profite de la fin d'après-midi d'été sur un fauteuil devant sa porte. Il me demande si, par hasard, je ne fais pas partie de ces marcheurs qui traversent la Norvège depuis le Cap Nord ... Impression (sympathique) de répétition, et cette fois la discussion avec Arnie dure plus longtemps qu'avec Daag. Arnie est plus un surnom que son véritable prénom norvégien, il l'utilise depuis un stage militaire qu'il a effectué en Alaska ... il y a longtemps : le chapeau qu'il en a ramené ressemble (un peu) au mien, et il va le chercher au fond de son garage pour me le montrer. Sa barbe blanche ressemble à la mienne, et je regrette de ne pas nous avoir pris tous deux en photo côte à côte : bien malin celui qui aurait deviné nos 30 ans de différence ! Il me désigne les sapins plantés là par son père à la naissance de chacun de ses enfants : le sien est le premier et domine les bâtiments du petit domaine, avec un fût de près d'1 m à la base et peut-être plus de 30m de haut ... Bientôt, Arnie verra peut-être passer Ewa, puis Kim & Lukas, et d'autres dont je n'apprendrai qu'après qu'ils étaient derrière moi sur le chemin ... En tout cas, je suis le premier de la saison dans cette direction !

l'aîné de la fratrie se prénomme Arnie, 85 ans
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Je vise ce soir d'être à Kvås, où je sais pouvoir trouver un camping et une douche chaude afin de me refaire une beauté avant d'arriver. Seulement, si tous les papys du coin viennent chacun me faire la causette pendant 20 mn, je risque d'arriver tard ! Passé la ferme d'Arnie, je n'ai plus qu'un petit chemin de campagne à suivre sous les arbres au bord de la rivière. C'est absolument charmant, et combien délassant dans une journée qui aurait pu n'être faite que de bitume.

Eilevstad Herregård, cottage historique magnifiquement entretenu
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vous allez me manquer !
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Je quitte ce bel itinéraire de promenade à hauteur du village de Snartemo, retraversant la Lygne et revenant sur la route principale. Je passe sous la voie ferrée qui va de Christiansand à Stavanger, et force désormais le pas pour être le plus tôt possible au camping. J'atteins Kvås à 19h30 quand la vallée se resserre et la rivière se fait tumultueuse : les jambes sont fatiguées et je n'ai pas le courage de me détourner pour aller voir les cascades indiquées comme l'attraction du coin. Je reste sur les bons chemins aménagés pour déboucher dans le camping, qui s'avère être en libre service : un QR code, un paiement en ligne et zou, à moi de me trouver un espace dans le périmètre désigné pour les tentes. Je n'ai pas fait sécher la toile humide du Pioulou en journée, alors je l'installe au plus vite pour lui laisser le temps de se ventiler un peu. Je ne sais pas où je dormirai demain soir, mais selon toute vraisemblance cette installation du Pioulou est la dernière de mon Norge På Langs. Sucré-salé.

Il n'y avait pas de difficulté particulière aujourd'hui, hors la distance et l'échauffement des surfaces bitumées. Les muscles et tendons sont fatigués, et la douche chaude sans limite me régénère un peu. Je voudrais m'abandonner au plus vite à mon duvet, mais je me discipline pour prendre un dîner proprement assis, les pieds sous une table de pique-nique. J'ai quelques voisins sur la vaste pelouse, tous motorisés : je suis le seul piéton ... Je veux être sûr que pour demain, tous les appareils seront chargés à bloc, alors j'ajoute mon chargeur dans le fatras de multiprises qui encombre la petite pièce du lave-linge : un de ces 4 quelqu'un va s'électrocuter, c'est sûr !

Aucun regret de mon choix d'itinéraire routier pris à Ljosland, alors que le temps est fermement revenu au beau. J'ai pu souvent éviter les routes les plus importantes, et de toute façon je ne voulais plus avoir les pieds mouillés. Sur la météo, la journée de demain est encore clémente mais la pluie pourrait arriver en soirée, et sera forte après-demain. Cela justifie pleinement mon choix d'aller au plus vite et avancer l'arrivée d'une journée. Finir dans les rabasses eut été trop glauque ...

Demain, j'arrive ... Cette pensée tourne en rond, irréelle, et je l'emporte avec moi dans mes rêves de cette nuit ultime...

Pioulou, dernière ...
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... à suivre ...


Vidéo #68

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#488 26-01-2024 22:39:06

Shaiia
Membre
Inscription : 19-07-2022

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Merci beaucoup Hervé pour tes réponses et ton récit  smile

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#489 26-01-2024 23:54:00

ludof
Membre
Lieu : Lyon
Inscription : 24-08-2021
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Pour quelqu’un qui dit avoir l’angoisse de la page blanche, ton récit est encore d’une richesse et d’un niveau de détail impressionnant, surtout 5 mois après les événements…

Merci de nous avoir fait vivre tout ça par procuration  pouce

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#490 27-01-2024 19:21:50

Matt81
Membre
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

En effet, prenant jusqu'au bout...  pouce

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#491 28-01-2024 15:29:17

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

#69 mardi 29 août 2023
Kvås - Lindesnes & FIN
47km +627 -685 9h32 (+pauses 1h57)
Cumul 2822km D+56800m Marche 682h



Vidéo #69

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À l'heure d'écrire ces dernières lignes, je prends une grande inspiration, pousse un long soupir, regarde le beau soleil d'hiver à la fenêtre, d'où j'aperçois la Forêt Noire par-dessus les brumes de la Plaine d'Alsace. Je m'interroge sur tout ce que j'aurais pu faire si je n'avais pas passé autant de temps à mettre en forme cette histoire. Tout-à-l'heure, quand je cliquerai sur "Valider" en bas de cet écran, la page sera enfin tournée. L'heure de sortir reprendre l'air, rêver à demain ...

Ce matin de fin d'août, à moins de 50 km de l'arrivée et avec une météo amicale en prévision, je suis certain de pouvoir rallier d'ici ce soir le point final, peu importe l'horaire. Cartographe en chambre, j'avais bricolé un itinéraire qui me faisait zigzaguer sur tous les sentiers que je pouvais trouver à travers les collines, histoire d'alterner autant que possible avec la route obligée. Je rectifie maintenant ce tracé de fastidieux zig-zags, peut-être un peu aléatoire, pour désormais tirer au plus vite : pas question de risquer de décaler l'arrivée à demain et au retour du mauvais temps. Je crois également que la fatigue de l'organisme joue sa part, de même que l'abrasion de mes semelles, laquelle met une touche d'inconfort sur les sentiers irréguliers ...

Ne nous y trompons pas : l'humeur est euphorique, il n'y a aucune part de déprime dans mes décisions. Comme à chaque fin de grande itinérance, je suis saisi du syndrome de l'écurie, qui me fait vouloir aller toujours plus vite vers l'arrivée retrouver ma litière.

Si seule compte l'arrivée au terminus, est-ce à dire que la journée qui précède ne vaut pas la peine d'être contée ? Ce serait injuste, elle doit avoir droit à son récit comme les autres, même si maintenant après 5 mois beaucoup de détails en ont été effacés de ma mémoire. Je vais faire de mon mieux, aidé de mes photos, vidéos et humeurs Instagram ...

Après une nuit encore plus humide que la précédente au camping de Kvås, l'excitation du dernier jour ne m'autorise aucune grasse matinée. À 6h30 l'abri est remballé et j'ai ma petite maison une dernière fois sur mon dos. Je perds encore un peu de temps pour optimiser la disposition de mes affaires, me délester des moindres déchets, me rafraîchir le visage aux lavabos ... Les brumes responsables d'avoir détrempé ma tente traînent encore dans ce fond de vallée encaissé, et le soleil éclaire déjà les flancs des collines quelques dizaines de mètres au-dessus de moi.

départ d'un camping dont je fus le seul piéton
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ambiance au soleil levant dans les bois autour de Kvås
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J'ai une quinzaine de kilomètres de route à parcourir, toujours le long de la rivière Lygna, avant d'atteindre la grande ville de Lyngdal. La route n'est pas spécialement large mais constitue un axe de communication important, et malgré l'heure matinale le trafic y est un peu plus conséquent que dans mes autres épisodes routiers. J'apprécie d'autant mieux les instants de calme, qui me permettent alors de capter du regard les petites choses du bord de route qui font les jolis souvenirs. Quand Kim & Lukas passeront à leur tour par ici début octobre, leur imagerie Instagram s'attardera en partie sur les mêmes choses, mais aussi sur d'autres qui m'ont échappé. Les visions des marcheurs ne sont jamais tout-à-fait les mêmes.

Je passe aussi sous le chantier impressionnant de construction d'un pont autoroutier, devant relier 2 tunnels qui n'ont pas encore percé des flancs de la montagne. L'ampleur de ces travaux au milieu de nulle part ne laisse pas de surprendre, et je me tords le cou à tenter d'observer la progression aérienne du béton loin au-dessus de ma tête ...

je fais le rêve brumeux d'un phare
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au long de la Lygna
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torticolis
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s'il y avait eu un photographe, vous m'auriez vu trôner là
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J'aborde l'agglomération de Lyngdal à 9h30 au débouché de la vallée, et le terrain s'ouvre alors largement sur un vaste estuaire comblé par les sédiments, aujourd'hui plaine à la fois urbaine et agricole. Je réalise qu'il s'agit là de la plus grande ville traversée de tout le parcours : Røros était bien plus petite, et mes autres passages urbains étaient à Narvik et Mo I Rana, ralliées par des allers-retours en train hors itinéraire ... J'y marche longtemps au long des zones résidentielles et artisanales, avant de me retrouver en centre ville au milieu de la matinée. Fidèle à mon souhait de ne plus me nourrir que sur ce que l'itinéraire m'apporte, je fais ma pause à la terrasse d'une Bakeri, dont je repars à 11h le ventre plein et le sac toujours léger, sans faire aucune course.

Lyngdal, la ville à la campagne, ou l'inverse
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Lyngdal : viking bedonnant (moi dans quelques semaines)
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Je poursuis la traversée de l'agglomération pour peu à peu me décaler vers son front de mer. La mer ... La Mer du Nord. La mer tout au Sud qui ne porte pas le nom qu'elle devrait pour les Norvégiens. Elle prend ici la forme d'une jolie plage de sable au fond d'un long fjord, aménagée d'un camping de bungalows sous les pins. Pour un peu je pourrais me croire dans quelque estuaire sur la côte Atlantique. Si j'efface mes allers-retours à Narvik et Mo I Rana, le dernier point du parcours m'ayant amené à pieds au bord de l'eau salé était à Olderfjord, quelques jours à peine après le départ, une éternité ...

mon premier contact avec la mer depuis Mo I Rana
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Toujours par la route, je m'engage maintenant dans le dédale complexe de péninsules montagneuses, de fjords et de bras de mer qui me mène vers le terminus. La route monte, descend, zigzague …La forêt est touffue, bien plus dense que ce à quoi je m'attendais. La douceur du climat y permet la présence d'essences que je n'avais pas encore croisé en Norvège : j'ai aperçu mes premiers chênes hier, et aujourd'hui je vois mes premières ronces où je peux même ramasser quelques mûres bien sucrées. Pas mécontent toutefois de n'avoir point rencontré ces épineux sur les 2800 km précédents ... La forêt est variée, ça me change de la trilogie bouleau - pin - sapin ...

Je croyais que toute cette péninsule était une masse rocheuse désolée exposée au vent et aux embruns. C'est en réalité un mélange de forêt aux essences variées, et de jardins luxuriants autour de fermes et résidences de villégiature. Ma route tortueuse est étroite mais aussi touristique. J'y marche un peu dans l'inquiétude des camping-cars qui pourraient m'arriver en face et me serrer sur le bas-côté (je marche systématiquement sur la gauche de la chaussée), ou du bus ou camion qui pourrait m'arriver par derrière. Avec tous les kilomètres de bord de route dans l'épisode "Hans", puis à nouveau ces derniers jours, j'ai éduqué mes oreilles à détecter l'arrivée de tout bruit de motorisation, en jaugeant la cylindrée, la distance et la vitesse avant de n'en rien voir ... Il me faut souvent me serrer, parfois descendre dans le fossé quand passe un camping-car de location piloté par un conducteur fébrile ...

Le trafic n'est pas intense non plus, et la majorité du temps je m'efforce de profiter du paysage, m'imaginant passer ici des vacances fainéantes dans quelque cabine au bord de l'eau avec son quai privatif et un bateau amarré dans son hangar. La mer est partout, nul ne sait plus distinguer ce qui est une île ou une péninsule. Quand la route emprunte un pont pour franchir le resserrement d'un fjord, c'est pour rejoindre la péninsule de Lindesnes, une presqu'île fragilement reliée au continent par l'isthme étroit où s'est installée la petite ville côtière de Spangereid. Un étroit canal a été percé là pour faciliter le passage des embarcations du fjord à la mer ouverte, coupant techniquement la presqu'île de son cordon ombilical terrestre. Dans ce dédale, je repense au Marlborough Sound en Nouvelle-Zélande, vieux et beau souvenir de 30 ans d'âge.

Après la jolie combinaison de soleil et nuages de beau temps de ce matin, quelques nuées plus sombres s'approchent et me font craindre une ondée prochaine. Il n'en sera rien, mais ici le crachin n'est jamais loin ...

luxuriances dans la douceur océane
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dédale
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la montagne à la mer, il faut y croire dur comme fer
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Spangereid
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À Spangereid, après avoir longé le canal j'arrive enfin sur la mer ouverte, même si de nombreux îlots rocheux y essaient encore de masquer l'horizon marin. Au large carrefour des routes de front de mer qui se rejoignent ici, trône une enseigne improbable qui regroupe en un même lieu station-service, magasin de bricolage, de vêtements, de souvenirs, épicerie, bar et cafétéria ... Il est 14h30 et j'ai déjà plus de 35 km au compteur du jour, tandis qu'un panneau me flèche Lindesnes à seulement 9 km : il m'aura fallu 69 jours pour passer de 4 à 1 chiffre ! Je m'octroie ici ma pause déjeuner attablée, à la fin de laquelle je fais quelques courses pour être en mesure de me nourrir ce soir et demain  matin. Selon toute vraisemblance, c'est ma dernière pause du Norge På Langs, alors je savoure ... J'hésite aussi à m'acheter ici quelques vêtements civils neufs et surtout propres, mais remets l'opération à plus tard : je veux arriver avec l'exacte charge avec laquelle j'ai voyagé, ce n'est qu'après que j'envisagerai de remplacer mes oripeaux, lesquels doivent rester mes seuls compagnons du final.

1 chiffre qui en dit long
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Vu l'horaire et la distance qui reste je suis bien au large pour arriver dans l'agréable douceur de la fin d'après-midi, et le sprint final est lancé à 15h30. J'ai encore un peu consulté les sites de réservation pour m'assurer des possibilités de retour au bercail, mais l'abondance d'offre m'autorise à m'affranchir du sujet pour l'instant. Je remets à plus tard la logistique de mon retour, et m'abandonne à l'instant et aux émotions qui montent en puissance.

Je compte les km à rebours jusqu’à l’objectif : 9 km, ce n'est rien, mais il faut quand même les parcourir ... Je suis écartelé par une aventure qui continue encore et pourtant se termine. Je marche vers un bout du monde, et quittées les zones d'activités de la bourgade de Spangereid, la petite route est maintenant plutôt tranquille. Les quelques véhicules qui passent vont vers le phare ou en reviennent, à en juger par leurs immatriculations étrangères ou bien les marques discrètes des sociétés de location, et en cette fin de journée ils se raréfient.

La configuration de la route, de la forêt et du relief ont tendance à me priver des vues dégagées vers la mer, renforçant l'anticipation de leur pleine découverte dans le final. La péninsule n'est pas une réserve naturelle inhabitée mais un lieu de vie humaine, où les villégiatures de bord de mer cohabitent avec un passé rural encore présent.

Le temps et l'espace se dilatent maintenant que la fin est proche. Je m'obsède des chiffres après la virgule de mon décompte des kilomètres restants, et leur défilé est expiatoirement lent. Je brise le supplice du temps suspendu quand, un peu après 17h, je passe par la hauteur à niveau du village de pêche de Lillehavn. Il s'y trouve là le camping où j'ai l'idée de dormir ce soir, et il serait bon que je m'y réserve une place, quelle qu'elle soit. La chose est faite en quelques instants, et j'en repars après seulement 1/4 heure, avec en poche la clé d'un minuscule bungalow qui suffit à mon bonheur. Je n'y laisse aucune affaire, car je veux finir au phare avec l'intégralité de ma charge d'une part, et la gérante veut terminer un ménage jusqu'alors incomplet d'autre part.

vues volées vers la mer
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les derniers écoliers sont à la retraite
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mon bungalow rikiki, juste à côté du bloc des commodités
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Port de Lillehavn
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Maintenant assuré d'un toit agréable pour ce soir, c'est l'esprit totalement libre que je reprends ma route vers le Sud. Je peux descendre dans le petit port de Lillehavn, au bout duquel j'ai repéré sur ma carte un sentier qui, certes, me rallonge la distance, mais m'évite une portion de route. Mes jambes se sont engourdies et raidies avec le bitume, et les premiers pas sur le sentier irrégulier et caillouteux sont laborieux, à croire que mes muscles de randonnée se sont déjà atrophiés ... En tout cas, quelle détente que de pouvoir cesser de guetter la trajectoire des véhicules : le petit sentier monte et descend au long du relief, plutôt dans l'intérieur et donc avec peu de vues, mais il me rappelle un bon échantillon de la Norvège. Un peu de caillasse, un peu de gadoue, des tourbières, des arbres rase-moquette, une passerelle par-dessus un ruisseau, et même un lac ! Dernier inventaire avant liquidation ...

la Norvège en concentré
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sentier ultime
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Quand mes pieds retouchent la route, je n'ai plus guère besoin d'outil cartographique pour mesurer ce qui me reste à parcourir. Les petits panneaux indicateurs me livrent désormais la distance au mètre près, mais le temps ne s'écoule pas plus vite pour autant, au contraire. Bientôt, je ne compte plus les derniers kilomètres, mais les mètres ...

un supplice tout en précision
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La forêt soudain régresse, laissant place à un environnement rocheux. La route va s'engager entre 2 parois, et mon cœur bat la chamade quand apparait, dans l'axe du petit défilé, la pointe d'un bâtiment en rouge et blanc tout en hauteur.

tachycardie
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Difficile de placer des mots sur le bonheur qui gagne en intensité en même temps que je débouche sur le site et que la vue prend de l'ampleur. Voici la fin venue, elle exige un cérémonial que je vais laisser me porter.

Tout le site du phare est désormais un musée et d’accès payant… sauf si vous êtes un marcheur du Norge På Langs ! Auquel cas, vous vous présenterez comme moi à l'accueil d'où l'on vous dirigera vers la maison du gardien du phare, préalablement prévenu par téléphone de votre arrivée. Hors des horaires du musée, l'accès du site est libre et vous tenterez votre chance en allant toquer à la porte du maître des lieux ... Je suis chaleureusement accueilli dans la maisonnette blanche au pied du phare, incité à m'asseoir dans la cuisine où l'on m'apporte un grand cahier, registre scrupuleux des marcheurs sur le départ ou à l'arrivée. J'écris mes quelques lignes, puis le gardien me propose de prendre une photo qu'il ajoutera ensuite, ce que j'accepte volontiers.

Je voudrais parler, parler et raconter encore, puis le gardien amusé me fera comprendre qu'il doit aussi accomplir quelques tâches liées à sa fonction, dans un éclat de rire partagé.

Ressorti de la maisonnette, je compte désormais "officiellement" parmi les marcheurs qui ont complété le Norge På Langs. Il me reste une ultime formalité que j'accomplis volontiers, celle d'entreprendre l'ascension du phare par ses escaliers métalliques raides. L'intérieur du bâtiment est illustré de haut en bas par des photos encadrées des phares emblématiques des côtes de Norvège. Je grimpe à hauteur de la mécanique qui entretient le mouvement rotatoire de l'optique sommitale, et sors sur la plateforme qui domine la mer. Les lumières dans le soleil couchant (et avant les pluies qui arrivent) sont magnifiques. Je l'ai fait. J'y suis. C'est fini.

2822 km
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il est des nôtres, il a fait son tour comme les autres
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merci Grande Loutre, pour l'équipement comme pour l'inspiration !
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Mon voyage achevé, je poursuis un peu la visite des lieux en bon touriste, puis retourne dans l'enceinte du musée désert où je discute avec l'employée, en même temps que je m'offre un muffin et un chocolat chaud. Je voudrais parler, raconter encore, scénario qui se répètera ... Avec le temps qui se couvre je prends le chemin en sens inverse, direction mon camping à 3 km, mais ceux-là ne rentrent plus dans aucun décompte. Je rentre à la maison.

Pour un peu, on dirait que j’ai les yeux qui piquent. Le vent de la mer, sûrement, car à l'instant où j'écris ces lignes j'ai le même sourire que j'avais alors et qui me remontais jusqu'aux oreilles.


merci à Kim & Lukas qui, à leur arrivée le 5 octobre, m'ont imagé ma page d'écriture enrichie de la photo faite par le gardien
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Quelle marche ! J'ai quitté le Cap Nord (et le Knivskjellodden, bien entendu !) le 20 juin, et marché les premières semaines avec un temps chaud, ensoleillé et sec ... tout ça pour aller vers le Sud à la rencontre d'un ouragan (Hans !), et de conditions plus froides et arrosées. Au moins les derniers jours pour arriver à Lindesnes auront été beaux.
Tant de paysages magnifiques, de rencontres, de moments magiques au soleil de minuit ! Je suis maintenant empli de souvenirs qu'il va me falloir mettre en ordre, ayant vécu un jour à la fois pendant si longtemps. Maintenant je dois admettre que c'est fini : il est temps de raconter mon histoire !




Bon, allez, j'appuie sur "Valider".


FIN

Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre

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#492 28-01-2024 16:11:51

Schum
Membre
Lieu : région liégeoise, Belgique
Inscription : 19-01-2019

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

En un mot comme en cent... Waouw! Ou Oufti, comme on dit chez moi... lol
Bravo Hervé, quelle aventure ! Tu nous auras fait rêver, et quelle inspiration! Encore une fois merci de partager ça avec un tel brio.


Edit: ajout du lien

Dernière modification par Schum (28-01-2024 16:53:37)

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#493 28-01-2024 16:40:13

Bolton
Membre
Inscription : 02-07-2012

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Merci pour ce récit  smile

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#494 28-01-2024 16:41:50

bernard_lyon
Μηδὲν ἄγαν
Lieu : Lyon
Inscription : 16-12-2015

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Merci Hervé smile ! Toujours un plaisir de te lire, et je me doute que l'écriture a dû être un effort presque plus lourd que la marche. Superbe aventure, racontée avec passion et précision. Comme toujours, une mine d'inspiration et d'information.

Le viking a dû se requinquer depuis l'arrivée tongue , et doit être déjà en pleine cogitation pour la suite !


Mon trombi | Liste | HRP Banyuls-Alos d'Isil | GR738
"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")
Modification non explicitée : orthographe ou syntaxe

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#495 28-01-2024 17:48:07

Nayana
Helix pomatia
Lieu : Cote d'Or
Inscription : 05-10-2010

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Ce moment doux amer quand le but du voyage apparait à l'horizon... avant de se créer le prochain  smile

Merci pour le récit Hervé  rl


Lentement mais surement...

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#496 28-01-2024 17:52:41

Pinson
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 30-06-2021

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Merci Hervé d'avoir partagé cette formidable aventure

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#497 28-01-2024 17:59:17

WouinWouin
Membre
Lieu : Soignies
Inscription : 30-03-2021

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bravo et merci !

Je ne peux qu imaginer les sensations que l'on ressent à l arriver d'un si long Trek.

Merci de continuer à nous faire rêver  smile

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#498 28-01-2024 18:07:16

Matt81
Membre
Inscription : 22-02-2008
Site Web

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Grand merci Hervé d'avoir pris cet énorme temps à partager en détails cette aventure ici avec nous.
Ce fut un régal de te lire, et de regarder tes images fixes et qui bougent. C'est aussi très inspirant d'un point de vue "matériel" et la gestion de celui-ci, et une mine d'informations en version française  à qui voudrait s'y lancer.
Ca mériterait une version "livre" papier sans aucun doute même si je puisse comprendre qu'il doit maintenant te tarder d'imaginer puis réaliser d'autres projets.
Encore merci pour tout ce travail pouce

Dernière modification par Matt81 (28-01-2024 18:41:21)

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#499 28-01-2024 18:11:59

Yapluka
Membre
Inscription : 23-05-2023

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Formidable ! Bon retour parmi les sédentaires. Jusqu'au prochain départ...

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#500 28-01-2024 19:08:46

Stéphane_33
Membre
Lieu : Bordeaux
Inscription : 05-12-2018

Re : [Récit + liste] Nuits du Sud : Norge På Langs été 2023 - 2822km - 70j

Bravo Hervé, tu as tenu la distance aussi bien sur le terrain que pour le récit smile
Merci pour tous ces moments partagés.
Stéphane.

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