Journée grise, mais très excitante: l'itinéraire décidé la veille laissait pas mal d'incertitudes (portions hors-sentier et raccourcis hypothétiques). Première épicerie sur la route: on se régale aux Aldudes. Une chose commence à nous déranger au pays basque: marcher sur un tapis de bouses! Et puis nous sommes un peu déçus de ne rencontrer personne sur les chemins. Sinon la forme est toujours là, les sacs sont un bonheur à porter (5 ou 6 kg maintenant).

Nico me réveille à 7h15, j'ai pas entendu le réveil à 6h. Lui oui mais n'a pas pris la peine de vraiment me réveiller. Super de prendre son petit déj avec les vaches qui se réveillent et qui font leurs besoins en concerto tout près… On réussit quand même à partir à 8h. Le ciel est gris, après 5 min de marche il se met à pleuvoir. Les houses de sacs à dos et les mini-gri sont sortis pour la première fois de la traversée. Un peu plus haut au dessus de la grange, on s'aperçoit que le sentier indiqué sur la carte espagnole n'existe plus (ou pas…). Pas grave, disons que c'était l'échauffement. On redescend 70m puis à droite pour poursuivre le même chemin qu'hier, il doit nous mener au fond du vallon: à Iñarbegi Auzoa. Il pleuvote à peine maintenant alors on enlève les mini-gris.

Il nous faut aller au col de Basagar or le chemin descendant du col indiqué sur la carte est interrompu sur la fin. On s'attend donc à avoir à forcer le passage en faisant une petite partie de hors piste ce qui vu la végétation ne sera peut-être pas évident. On y va quand même et oh surprise un chemin existe, c'est même une voie carrossable! Ah ces cartes… Ce n'est sûrement pas la dernière des surprises qu'elles nous réservent.

Arrivés au col de Basagar, deux possibilités. Soit on descend sur la droite en suivant le chemin (qui de plus est indiqué sur la carte), 90m plus bas on prend à gauche et on remonte 110m. C'est pas grand chose, mais un petit sentier prometteur monte sur notre gauche et il se pourrait bien qu'il nous mène au même endroit que l'autre. Allez, on tente le coup. On monte donc tout droit vers la colline nommée Larremesko Kaskoa, de là on poursuit vers le sud est sur une sente devenant de plus en plus fragile. Fragile ça veut dire qu'elle semble vouloir disparaîtreà tout moment. On s'arrête de temps en temps devant des traces qui semblent rejoindre le chemin qu'on distingue parfois à droite en contrebas. Mais on résiste à la tentation de le rejoindre: la sente continue, et dans la bonne direction. On rejoint enfin le chemin en vue d'une grange indiquée CR “habitation de tourisme rural” nommée Urruska sur la carte.

D'après la carte, le chemin s'y arrête mais on avait supposé hier qu'on pourrait encore une fois passer hors sentier pour rejoindre le col au dessus des Aldudes: . Arrivés en vue de la grange, on décide de quitter le chemin y menant: il monte raide et un tout petit sentier semble passer à flanc (alt 700m) pour rejoindre le col. Encore un pari? Ok on tente. On a quand même un peu l'impression de jouer au casino: on gagne, on gagne mais on peut perdre tous les efforts économisés si l'option s'avère mauvaise, s'il faut faire demi-tour ou galérer hors-piste. De temps en temps la végétation masque complètement le sentier et nous fait douter, mais on finit toujours par le retrouver et finalement on arrive très rapidement au col d'où on ne voit pas les Aldudes mais la colline (553m) qui domine le village. Là encore le chemin sur la carte fait un détour vers l'ouest, on descend direct, au flair, sur un chemin (cette fois) qui nous semble aller dans une direction plus proche de ce qu'on veut. Sur la fin il descend raide et on rejoint le goudron juste avant les Aldudes (près d'Alasta). Il est 10h30. Toutes options payantes aujourd'hui! On a un sourire grand comme ça. En plus au Aldudes il y a une épicerie, une fontaine près de l'église et une cabine, j'appelle Steph pour lui donner des nouvelles. Des ouvriers bossent sur l'église, on les écoute s'engueuler gentiment avec leur accent. Quelques emplettes: saucisson bien sûr, pain, tablette de chocolat, gouda et pomme. On se gave, il nous en reste pour ce soir. Le village est sympa et le banc près de la fontaine confortable: on y fait une bonne pause. D'ailleurs combien de randonneurs peut-être hrpistes a-t-il accueilli ce banc? On repart à 12h en prenant le chemin menant à la colline Otsamunho. La pente au départ des Aldudes est raide et il ne faut pas manquer le lacet qui tourne à gauche dans la caillasse 2 ou 3 minutes après le départ, ne pas aller tout de suite vers la rangée d'arbre… Changement de carte, le sentier est indiqué sur la carte française.

Objectif pour ce soir, la cabane du Lindux qu'on espère ouverte. Le soleil perce parfois maintenant et il commence à faire chaud. On trouve de l'eau à un des mini-col au sud ouest de l'Ostamunho avant le col de Mizpira.

Maintenant en hauteur, la vue est superbe et on se rend compte qu'avant le Lindux “y a de la route”! Tantôt à toute crête, tantôt sur la route on avance bien mais les pieds chauffent. Il y a une fontaine publique au col d'Hauzay. On se trompe de crête pour trouver le Lindux mais on finit par la trouver, fermée… Merde. Tant pis on monte l'abri.

Il y a des palombières partout mais aucune n'est vraiment suffisante pour servir d'abri pour deux. Il y a du vent, on est à 1200m après une bonne journée il fait pas chaud, je mets la doudoune.

Près de la cabane un immense réservoir en plastique est rempli presque à ras-bord, il est en plein vent. La douche… Là ça va être dur! Mais on a juré… Bon ok vas-y d'abord. Nico s'y colle, il revient sous l'abri, gelé mais bien sûr “ça fait du bien”! Tu m'étonnes, vu ta couleur elle doit être brûlante. J'arrive devant le véritable défi de la journée, nu comme un ver. Une vanne à l'horizontale semble permettre d'obtenir un bon débit. La main sur la vanne… j'ouvre en grand, d'un coup. Ouah putain ça envoie, je suis trempé en deux secondes. Savonnage énergique: ça réchauffe, les rafales de vent sont vraiment glaciales. Rinçage, séchage et réchauffage dans la doudoune! Faudra qu'on s'y fasse: dans les hautes Pyrénées ça sera autre chose. On savoure la pomme et le reste de saucisson et au lit.