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Jour 26

Cabane Arago - Camping d'Amélie les Bains +1100m/-2800m

Dernier sommet sur notre route: le Canigou. Je m'attendais à une colline, pas du tout: son ascension vaut le détour. Surtout qu'on a des chances d'y voir la mer pour la première fois. La dénivelée négative est impressionnante, ça sent la fin ! Mais avant il faudra survivre à la chaleur étouffante des versants catalans…

Descente aux enfers

On se lève tôt pour partir tôt: il s'agit d'arriver à Amélie avant que les magasins ferment. J'ai passé une nuit pas trop mauvaise, mais ce n'est pas le cas de Nico et Micha. 650m mètres de montée nous attendent alors que le soleil se lève, on est vite chauds bien qu'on marche à l'ombre. Après le col de Vallmanya, on aperçoit deux personnes en train de descendre du Canigou. Ca alors! Il s'agit du couple d'hier. Nico échange deux mots avec le mec: ils sont partis à 3h du mat pour voir le lever de soleil et redescendent récupérer leurs sacs ! Ouch. La miss est méconnaissable avec ses gants, sa capuche serrée jusqu'au nez avec un gros bonnet dessous et au moins quatre couches de vêtements. Devait effectivement pas faire chaud là haut à attendre…

Bientôt la cheminée du Canigou

L'itinéraire se redresse petit à petit jusqu'à ce que ça devienne de la petite escalade comme j'adore. Micha n'est pas à l'aise du tout, mais il y arrive quand même. Moi qui m'attendais à une colline, je suis heureusement surpris ! Le sommet est venté, alors on met la polaire.

“Est-ce qu'on voit la mer?”. Pas vraiment: on la devine plutôt, là où le soleil donne un reflet, loin loin loin là bas… Boah tant pis, si tout va bien après demain on se baigne dedans !

Sans trop tarder on commence la descente de l'autre côté, vers le refuge des Cortalets. Amélie les Bains se trouve 2600m plus bas… Sacré descente !

On aperçoit les premières personnes et peu après, c'est la “foule”: comme si c'était un pèlerinage, on croise des randonneurs de tous âges en route vers le sommet..

Lorsqu'on arrive au refuge, c'est par dizaines qu'ils s'équipent pour monter. Des navettes font l'aller-retour depuis la vallée. Je visite le refuge: quel luxe ! C'est très grand et bien décoré avec de vieilles photos et des objets de collection. Ma carte ne couvre pas cette zone, alors je repère par où aller sur la carte du refuge. Les instructions du guide de Micha concordent avec ce que j'ai vu alors on emprunte le GR10 qui part derrière le refuge.

La végétation, les couleurs et les odeurs commencent à changer, c'est l'autre versant que l'on aborde, presque le dernier. Finalement on rejoint la piste après avoir pu en éviter une bonne partie par le GR, puis dans un virage serré à gauche on la quitte pour un sentier parfois ombragé très agréable. En permanence à flanc, souvent à plat, c'est un régal pour les yeux et les jambes. Nico et moi on marche à bon rythme puisqu'on distance Micha petit à petit.

Sentier à flanc dans la vallée ou coule la Lentilla

Dans la forêt on dépasse l'abri de Pinetell, la maison forestière et on fait une courte pause au col de la Cirera où la vue est dégagée. Mais que c'est joli par ici ! J'avais tellement entendu dire que la fin de la HRP est horrible que me voilà agréablement surpris. Mais la journée n'est pas finie.

Micha arrive, on repart sur un chemin qui descend vers le refuge de Batère. Le soleil est haut maintenant et il fait vraiment chaud. Après avoir bu un verre et trié ce qui était mangeable dans nos mélanges de fruits secs achetés au Pas de la Case, on se remet en route. Il ne nous reste plus que (!) 1300m de descente pour arriver à Amélie les Bains. Mais avant on passe près des tours de Batère. On est un peu juste en eau: la rivière juste avant les tours était à sec.

Tour de Batère

Par la suite c'est un peu confu, disons qu'on se débrouille pour aller vers l'est en longeant la piste et coupant les virages chaque fois que c'est possible.

Les paysages sont jolis, mais la piste c'est chiant en plus il y a très peu de vent, la chaleur est suffocante, il est 15h. Mais je dois être un peu spécial: passé un certain cap je prends de plus en plus de plaisir à avoir chaud et là le cap est passé! Nos gourdes sont vite terminées et Micha donne des signes de fatigue un peu inquiétants: le visage rouge, il se plaint de la chaleur. Nico est ok. Le guide de Micha nous aide à trouver un sentier complètement défoncé qui descend raide sous la végétation en évitant le chemin interminable et tout en lacets.

On doit attendre Micha une nouvelle fois: la sueur lui a causé une irritation à une cicatrice qu'il a dans le dos, ça a l'air très douloureux. Il demande si on a des pansements, Nico s'occupe de le lui mettre et on repart mais en laissant Micha devant. Il titube parfois, oulala il est temps qu'on arrive… A part une grosse soif, Nico et moi on se sent bien, heureusement.

Enfin Amélie les Bains

Soudain on arrive sur le plat, voilà Amélie les Bains ! On longe la rivière un petit moment et de superbes maisons puis nous voici en ville. Il y a pas mal d'agitation dans les rues, ça fait tout bizarre. On a décidé d'aller au camping municipal que nous indiquent des passants, mais avant il faut faire des courses. Toujours sur l'indication de passants, on trouve une épicerie en plein centre, au fond d'une petite ruelle très étroite. Dedans je n'y tiens pas et ouvre une bouteille pour y boire -sachant je j'allais l'acheter bien sûr ! On ressort avec de la nourriture pour ce soir, demain matin et midi. Ce sera encore une gavade de gorets ce soir !!!

Le camping nous semble loin . . . loin . . . Quand on y arrive enfin, le gars nous annonce qu'il n'y a plus de place. Ça nous emm…e d'avoir à chercher un coin ailleurs, alors on insiste: “on n'a pas de tente”, “demain à 6h on n'est plus là”, “ça fait 26 jours qu'on marche” ! Il accepte (sans trop de difficulté!) de nous trouver un emplacement pour … caravane !

La scène est cocasse: nous voilà installés tels des empereurs romains, allongés par terre sur nos matelas en appui sur un coude parmi des caravanes plus équipées les unes que les autres. S'étirer, boire de l'eau, rigoler, manger et se reposer, voilà nos seules occupations jusqu'à ce qu'on ai le courage de se lever pour aller prendre une douche, la première vraie douche en 26 jours ! Un pur bonheur .

Micha a acheté une bouteille de vin, mais n'a pas de tire bouchon. Il pourrait aller en demander à côté mais préfère me montrer comment faire sans. Plutôt que d'essayer de sortir le bouchon il commence à appuyer dessus comme un malade pour l'enfoncer dans la bouteille. Le bouchon résiste, mais fini par s'enfoncer petit à petit jusqu'à ce que d'un coup il pénètre dans la bouteille en projetant une gerbe de vin. En plein effort, Micha avait la tête juste au dessus et se retrouve avec du vin dans les narines, partout sur sa figure et son T-shirt…et moi écroulé de rire devant lui !

Après on continue encore à manger et boire avant d'aller faire une petite balade digestive dans le camping. Tels des clodos, les jambes un peu faibles, on traîne nos pieds parmi les mobiles homes et les caravanes en disant bonsoir aux vacanciers qui nous regardent, puis on revient s'allonger par terre. Micha s'endort avant même la tombée de la nuit: en T-shirt et short sans même sortir son duvet, il en a chié aujourd'hui, apparemment !

hrp/26.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:31 de 127.0.0.1