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Jour 27

Amélie les Bains - Grange à St Martin de l'Albère (à l'est du Pertus) +1900m/-1200m

Grosse étape, assez diversifiée: on passe du meilleur au pire, mais il y a beaucoup de pire… Timing mal géré cette fois-ci, un orage vient jouer les trouble-fête en fin de journée.

Un dernier effort

Après avoir eu un peu chaud en début de nuit, avec le sac de couchage simplement mis en couverture, j'étais bien content de rentrer dedans un peu plus tard. Les étoiles étaient beaucoup moins visibles qu'en haut du Vignemale (normal) mais c'était sympa quand même. J'avale un cake entier de 500g, beaucoup d'eau et c'est parti pour 1250m de montée quasi-ininterrompue. On a décidé de se lever tôt ( bon ok: pas très tôt) pour moins souffrir de la chaleur, mais incroyable: on a à peine commencé à monter depuis 2 minutes que des gouttes perlent sur mon front !!! L'air est chaud et très humide, moite, ce qui explique qu'on sue si vite. Pendant un moment Nico marche avec moi, on gère l'effort. Micha semble toujours à fond. On se fait la réflexion: il est dingue ce mec, c'est comme s'il ne connaissait que deux allures: à l'arrêt… ou à fond !

C'est un sentier comme je les aime: en sous bois et tout en petites courbes sur un tapis de feuilles mortes. La vue sur les paysages alentour est inexistante ( sauf un point de vue peu après le départ), mais c'est pas grave: la forêt est jolie.

Courte descente dans la montée au dessus d'Amélie les Bains

Après une petite descente, Nico accélère et je ne peux pas le suivre alors je monte à mon rythme. Pourvu qu'ils ne me refassent pas le coup du barrage de Lanoux (jour 23) !

De temps en temps des panneaux indiquent la direction: Roca de Frausa ou Roc de France. D'autres précisent que le GR10 est fermé et qu'il faut monter par le roc de France: pas grave, c'est ce qu'on a prévu.

Alors que le sentier progresse plein sud en faisant une longue courbe sur la droite, je remarque une trace qui part à gauche. Mes deux compagnons ont choisi de continuer sur le sentier: je les aperçois alors qu'ils sont sur le point de passer sous les arbres direction plein ouest. Le coin est joli, j'ai juste le temps de prendre une photo avant qu'ils disparaissent…

Je sors la carte et là, comme je m'y attendais, il y a un embranchement où on doit prendre à gauche. Je hurle “Stoooop” aussi fort que possible en leur direction. Les deux petits points réapparaissent. Je leur fait signe de revenir et pendant ce temps je me marre bien “C'est pas vrai, quand même…”. Nico arrive, puis Micha :

“Eh les gars: l'océan c'est par là (je désigne là où ils allaient), retournez-y si vous voulez, mais moi je vais à la mer et c'est par là (je désigne le petit sentier qui part à gauche) ”
Avec un grand sourire, bien entendu. J'enfonce le clou en rajoutant: “C'est pas tout de marcher vite !”. Ils rigolent et on repart, vers la mer cette fois-ci.

Du roc de France la vue est superbe. Ca vaut le détour (même si le GR10 est ouvert).

Roc de France

Par contre pour redescendre du roc en allant vers l'est, on est obligé de faire du hors piste dans un terrain assez délicat, mais finalement on rejoint une route en terre sans encombre. Au col du Puits de la Neige on bascule du côté espagnol pour descendre vers le refuge des Salines. On dirait un peu un monastère, avec une cour intérieure bien ombragée, il y fait tellement frais qu'on s'arrête boire un verre en même temps que des vététistes espagnols hyper bien équipés.

Fontaine des Salines, après le refuge

Un peu plus bas que le refuge, on remplit les gourdes à une fontaine d'eau fraiche et délicieuse.

Las Illas est un charmant petit village où on s'arrête faire une nouvelle pause avant de se mettre à la recherche de la bonne route pour aller vers le Perthus. Un peu au pif on emprunte une route récemment refaite qui monte en lacets et qui s’avérera être la bonne. La suite de l'itinéraire est sans intérêt et mieux vaut avoir un bon moral pour ne pas péter les plombs. D'abord du goudron, puis un chemin sinueux à souhait peu ou pas balisé. On est un peu au radar, de temps en temps on aperçoit le Perthus ou le fort de Bellegarde qui nous permet de choisir le bon chemin aux intersections.

Si: une chose capte notre attention, c'est l'espèce que gigantesque masse noire qui est en train grossir à vue d’œil dans notre dos alors que devant c'est un magnifique ciel bleu.

Avant le Perthus, le mauvais temps approche

Glups, ça c'est un gros orage bien maousse pour notre pomme !

Bientôt l'orage

On presse le pas, Micha nous donne une heure avant que ça pète, mais quelques gouttes arrivent en avance. Estimant qu'elles ne sont que passagères, on s'abrite sous un arbre. 1 minutes, 2 minutes, 3 minutes. Micha s'impatiente. 4 minutes. Notre prévisionniste (Micha) l’œil fixé sur le ciel et la moue dubitative nous prédit: “30 secondes. Dans 30 secondes il ne pleuvra plus.”

Je compte mentalement: “30…29…” etc. Quand j'en suis à 5 il sort de sous le couvert des arbres et nous regarde triomphant avec les bras écartés: “Ca y est! Il pleut plus !…” - bien sûr il pleut toujours autant qu'avant - et s'en va à grandes enjambées. Nico et moi on se regarde… “Quel barjot! On y va? Ok c'est parti”. Heureusement ça ne dure pas trop longtemps et on arrive au Perthus 30 minutes plus tard.

La première chose qui me frappe c'est des gens dans tous les sens les bras chargés d'alcool, de cigarettes, etc. Impression d'arriver directement dans le parking d'un supermarché mais avec des maisons dedans. Etrange.

On nous regarde bizarrement encore une fois, un mec se fout de nous en regardant nos bâtons de marche: “c'est vrai… on sait jamais… il pourrait neiger !”. J'ai du mal à saisir le sens de sa remarque tellement elle est conne !

Déluge au Perthus

On prend de la bouffe pour ce soir et demain, Le Perthus c'est comme le Pas de la Case, mais en pire ! Sauf que là il fait bon: la petite pluie - qui a d'ailleurs repris - rafraîchit l'atmosphère. Soudain “BRAOUM”. “Aaaah, il arrive !” on se dit. Quelques minutes plus tard un véritable déluge transforme la rue en torrent avec son et lumière. No problema : on est installé à table dans un bistro côté français (la frontière passe au milieu de la rue commerçante). Pas folles les bêtes !

Ça n'arrête pas de tomber, après avoir bien bullé on prend notre courage à deux mains pour repartir sous la pluie dans l'espoir de trouver un coin où bivouaquer pas trop loin après le Perthus. Dur de repartir, il est 20h !

Pour quitter la rue principale, ne pas louper la petite ruelle à droite qui passe sous le pont de l'autoroute. C'est encore de la route, sous la pluie en plus: pas la joie… Heureusement les voitures son rares.

Aucun emplacement de bivouac. Il est 20h30, alors que la pluie devient de plus en plus forte et que notre ventre commence à crier famine, on aperçoit une sorte d’alcôve/refuge sur le bord de la route, creusée directement dans le flanc de la colline. Au pas de course on vient s'y abriter: deux bancs, une table tout en ciment et une source d'eau au fond.

Un moment on pense même y bivouaquer, mais après une bonne bouffe on est de nouveau d'attaque. C'est reparti, à un moment on pense même à continuer jusqu'à Banyuls, mais la raison l'emporte! Il est maintenant 21h30, les gros nuages ont disparu.

Coucher de soleil, l'avant dernière journée n'est pourtant pas finie !

Le soleil se couche alors qu'on n'a toujours rien trouvé pour bivouaquer, même pas un coin d'herbe plat: on préfère continuer à marcher alors qu'il fait maintenant complètement nuit . Forcément le balisage est de plus en plus difficile à suivre ! On hésite souvent mais finalement on arrive à un village nommé: St Martin de l'Albère.

Stop, on s'arrête près d'un muret, Nico et moi on se sépare pour trouver quelque chose. Micha a sommeil, quand je le rejoins il se plaint et s'inquiète de ne pas voir arriver Nico. Parti vers des maisons au bout de la route, à mon avis c'est plutôt bon signe: il a dû rencontrer quelqu'un.

Après 10 minutes d'attente, je prends le sac de Nico et on décide d'aller voir, en espérant qu'il n'est pas en train de revenir par un autre chemin !

Le voilà qui vient, apparemment il a rencontré du monde et on lui a proposé de dormir dans une grange. Chouette je me dis, mais il rajoute que juste avant il avait parlé à un gars en train de sortir d'une superbe propriété (il me la montre alors qu'on passe à côté). Après lui avoir expliqué notre situation, le gars désolé répond : “Oooh quel dommage ! On vous aurait accueillis avec plaisir, mais on ne l'avait louée que jusqu'à aujourd'hui, là je viens de rendre la clé aux propriétaires… ”. Le lieu, tel qu'il m’apparaît dans l'obscurité, c'est pas une maison, mais un mini-château genre avec les spots pour éclairer les murs en pierre et des petites lanternes un peu partout dans l'immense jardin. Aaarg, j'imagine ce que ça doit être à l'intérieur… Menfin, la vie de château c'est pas encore pour nous: d'abord on finit la traversée !

Grange à St Martin de l'Albère

La grange est… une grange ! Ça sent la grange, un tracteur, une charrette, au sol il y a du foin… comme on en trouve dans les granges ! Après avoir remercié les propriétaires, on pousse la charrette et on s'installe. Au moins le foin c'est plus confortable que les dalles de marbre de château…

Notez les godasses qu'il a: des running route... slick (lisses) !

hrp/27.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:33 de 127.0.0.1