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Jour 10

Arrémoulit - Lac d'Arratille +1175m/-1250m

Nico se remet de sa tendinite, c'est mon tour d'avoir des soucis de santé, nous nous contenterons de contempler le Balaïtous d'en bas, de même pour la Grande Fache. Dommage. Déçus par Respumoso, l'étape est quand même superbe, surtout la montée au col de la Fache (côté espagnol) et bien sûr la vallée du Marcadau. Premier jour où ça chauffe entre nous aussi!

Ni Balaïtous, ni Grande Fache et on se fache...

Le Balaïtous depuis le col d'Arrémoulit

6h20 debout,

“Comment ça va Nico?”
“Beaucoup mieux !”

Il ne sent presque plus rien et c'est cool.

“On est partis ?”
“On est partis !”

On part sans laisser de mot dans le livre d'or du refuge, il n'y aurait pas eu d'éloges sur l'accueil de toute façon. Hier soir mon talon d'Achille “claquait” de temps en temps mais ce matin ça va. Par contre j' ai une douleur au gros tendon interne derrière le genou droit qui revient très tôt ce matin. Je l'avais déjà senti un peu hier. Donc démarrage mollo en espérant que ce n'est que de passage.

300m à l'est, après l'aire de bivouac et les petites mares on découvre un abri sous roche super bien fait près d'un immense bloc. On a décidé de ne pas grimper le Balaïtous: c'est plus sage de pas trop forcer aujourd'hui vu les problèmes qu'on a eu. Col d'Arrémoulit, photos du Balaïtous pour essayer de distinguer l'itinéraire qu'on avait emprunté Stéphanie et moi quelques années plus tôt (voir notre ascension du balaitous ) mais il faudrait des jumelles.

Embase de Respumoso

La descente vers Respumoso est jolie surtout les lacs d'Arriel et la vue sur la vallée, mais une fois arrivés au barrage, c'est horrible. Du béton partout, des construction inachevées, en ruine, des poubelles un peu partout. On ne s'arrête pas. Refugio de Respumoso. Personne.

Partout est écrit qu'il est interdit de mettre une tente. Le refuge est immense comparé à celui d'Arrémoulit, une dame attend près de la porte d'entrée. On pose nos sacs pour faire un tour dans le bâtiment… Porte fermée. La dame nous dit qu'il faut attendre le gardien qui est allé chercher quelque chose derrière le refuge. Ni une ni deux, on reprend la route direction le col de la Fache. Le contournement du lac de Campo plano est joli et surtout la montée au col de la Fache. Un grand névé se présente, je choisis de passer par les pentes herbeuses à gauche, en boitillant maintenant: mon genou me fait un peu mal. Nico attaque ! Il sort son piolet (enfin!) et s'engage sur le névé. Arrivés en haut le site est magnifique, un deuxième névé nous attend, de petits étangs dégèlent doucement.

Premier névé du col de la Fache Nico sur le premier névé du col de la Fache Deuxième névé du col de la Fache

Au col de la Fache, pas mal de personnes sont en route vers la Grande Fache. Sagement on renonce aussi et on descend vers la vallée du Marcadau. L'objectif de la journée est le refuge Wallon, si ça va on pourra pousser un peu plus loin. Quelques petits névés en pente nous attendent, la neige est comme il faut: j'en profite pour faire un peu de bâton ramasse. La reprise est laborieuse! Après quelques mètres en glissade, je tombe, puis parviens à me remettre sur mes pieds et termine la glissade. Après avoir expliqué à Nico le principe, il ne veut même pas essayer, part en glissade les bras écartés, et termine sur les fesses. D'autres névés se présentent, il essaie le bâton ramasse quelques mètres mais c'est pas évident et finalement décide de faire à sa façon. Sachant qu'on aura bien d'autres névés à descendre, le glacier du Vignemale ainsi que celui du Mont Perdu, je propose qu'on s'exerce quelques minutes sur ces névés sympas. Il en voit pas l'intérêt, je n'insiste pas.

Moutons verts cherchant de l'ombre Refuge Wallon (ou du Marcadau)

Aaah voici la vallée du Marcadau. C'est la troisième fois que j'y viens, avec de plus en plus de plaisir.

On s'arrête au refuge Wallon, quelques étirements: mon genou m'inquiète. Il ne faut pas que ça s'aggrave. J'accepte de pousser jusqu'au lac d'Arratille, mais d'abord une bonne pause dans cet endroit merveilleux.

Nico à peine arrivé voulait repartir, il patientera 45 minutes. On visite le refuge, boit beaucoup, étudie la carte. En repartant il me dit que c'est court comme étape demain, on pourrait partir plus tard… (il s'agit d'atteindre le sommet du Vignemale (3298m) par la crête du Montferrat (+1700m/-700m) pour y bivouaquer).

Je lui explique que c'est une étape pas facile techniquement et physiquement, la crête du Montferrat c'est plus de la rando là, il va falloir grimper. C'est en altitude sur un itinéraire que je n'ai jamais parcouru en entier, ça peut prendre beaucoup plus de temps que prévu. Il n'est pas convaincu. J'explique aussi que de toute façon il faut une marge de manœuvre sur ce type d'itinéraire. Il se braque et me reproche de vouloir à tout prix avoir raison, même si dans ce cas, de nous deux, je suis celui qui a fait le sommet, parcouru une partie de la crête, observé l'autre et lu le topo.

Bref ça chauffe un peu entre nous pour la première fois, mais on est déjà réconciliés alors qu'on entame la montée vers le lac d'Arratille. Je peine dans la montée, mais c'est magnifique alors ça passe bien. Arrivés au lac Nico sans me demander mon avis choisit où on va bivouaquer et bien sûr, c'est exactement là où je ne me serais pas mis ! Je laisse faire: visiblement il a besoin de me montrer que je ne suis pas le chef. Ok, je comprends ses sentiments.

On se retrouve donc à 1m du lac à chasser les insectes sur un sol très irrégulier et marécageux! Je vais faire un tour et quand je reviens il me dit que quand même ce serait bien de pousser un peu plus chaque jour que ce qu'on fait là. Putain ce qui est sûr avec Nico c'est que des fois c'est pas un fin psychologue ! ;-) Il me dit ça au moment même ou je me sens le moins bien physiquement, inquiet pour la suite. Jamais je lui aurais posé la question avant hier ou hier quand il souffrait de sa cheville (il n'a plus mal du tout)! Mettant ma colère de côté, je réponds

“Non. C'est pas une course, on a prévu 30 jours, c'est déjà pas mal. On a eu de sérieux avertissements quand même. Profitons de la montagne et jouons l'endurance. Si vers la fin on pète la forme pourquoi pas accélérer, mais là…”
“Je suis aussi bien à bronzer là qu'à Brest” il me répond
“T'es pas obligé de rester bronzer…” Imbécile j'ai envie de rajouter.

De longues minutes de silence s'en suivent. Plus tard il finit par admettre que ouaip, mieux vaut jouer l'endurance. Le soir on déménage, il nous trouve un coin sympa où dormir et on se régale en rigolant de nos pâtes bœuf en sauce. Ce soir encore on observe un moment le brouillard envahir les vallées, peinards.

Bivouac près du lac d'Arratille

hrp/10.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:10 de 127.0.0.1