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Jour 23

Pas de la Case - Cabane au sud des Bouillouses +1250m/1600m

Une première partie ennuyeuse (sauf une nouvelle gamelle de Nico!) puis me voilà de retour dans la région du Carlit que j'avais visitée deux fois à ski cet hiver ( photos ). Elle est aussi belle que fréquentée, mais la foule ne nous dérange plus, en plus on fait des rencontres sympathiques. En fin de journée, les orages se succèdent, il s'agissait d'arriver à un abri à temps !

Le Carlit

J'ouvre l’œil vers 2h du matin, beaucoup de condensation ruisselle le long des parois de l'abri. Je sors ma petite serviette éponge, en sortant un bras et en 30 secondes tout est presque essuyé et je me rendors. Le lendemain matin la condensation n'est pas revenue, la toile est juste restée un peu humide.

Après avoir dégusté un cake aux fruits chacun au petit déj', c'est reparti. Comme hier, on choisit la sente de vache la plus praticable en essayant de monter un peu pour avoir moins de chemin à faire pour contourner la colline. Arrivés en vue du ruisseau de Baladrar, on est un peu trop bas et ça nous oblige à passer par un terrain assez scabreux: des rhododendrons parmi des petits blocs instables. Micha est décidément aussi peu à l'aise en hors-sentier qu'il est rapide sur sentier… Pour passer le ruisseau il y a un petit saut à faire et Nico refait la démonstration à Micha qu'il est le roi de la gamelle. Alors qu'il prend appel sur sa jambe gauche pour voler par dessus les flots, son genoux droit reste coincé par le bas du short et il n'arrive pas à le tendre suffisamment pour arriver de l'autre côté: plouf. Le voici donc allongé sur le côté de tout son long dans la rivière et seule une partie du T-shirt en ressort sèche. Il est indemne, heureusement, et mort de rire, comme nous ! Ca fait plusieurs jours que son short est devenu trop grand, décidément il faudra qu'il trouve une solution !

On passe devant les mines de Pimorent en ruine et au col de Puymorens on fait une pause pour téléphoner à la famille. Après, plutôt que de faire le crochet jusqu'au ruisseau Garcia, on monte tout droit dans la pente jusqu'à rejoindre un chemin carrossable qui nous mène rapidement au refuge Cortal Rousseau. C'est une petite cabane en ciment avec quasiment rien à l'intérieur, j'aimerai pas avoir à y passer une nuit d'hiver !

Sans s'arrêter, on prévoit de faire une pause près de l'eau à l'étang de Lanoux. Dans la descente après le port de Lanous, un léger mal de ventre inexpliqué me fait ralentir, Micha et Nico sont rapidement hors de vue. J'arrive à un embranchement non indiqué sur ma carte. Merde, par où ils sont passés ? Ils auraient pu m'attendre quand même. Je cherche un indice au sol mais rien. J'opte donc pour l'itinéraire de droite : c'est celui indiqué sur ma carte et Micha a la même… Le sentier descend sous le barrage du lac et remonte vers l'abri de la Gimbarde qui est tout près du lac. Peut-être m'y attendrons-t-ils, parce que je ne les vois pas du tout. Je crains qu'ils n'aient pris l'autre chemin et je regarde à gauche vers le barrage lorsque je les aperçois enfin tout là haut. Nico me fait des gestes, je lui réponds. On se rejoint près de l'abri, Nico m'accueille sèchement avec un “Ben qu'est-ce que t'as foutu !”. Étonné, je réplique “Là t'exagère, c'est vous plutôt…” et Nico surenchérit “Ah ben voilà, j'étais sûr que t'allais t'énerver alors que t'a pas suivi les instructions et que comme d'habitude t'en a fait qu'à ta tête”.

Je m'échauffe !… Micha tente de calmer le jeu en disant que c'est sa faute s'ils sont allés à gauche. Mais je lui explique “bon que vous ayez pris à gauche, même si vous auriez dû attendre ou laisser un signe que je sache par où passer, peu importe: on s'est retrouvé et c'est ce qui compte. Ce que je n'accepte pas c'est l'agression de Nico qui m'accuse à tort et à travers.” Ca continue à barder un moment, puis on se réconcilie, comme d'habitude ! Il fait beau, on déguste nos gâteaux et quelques fruits secs: le Carlit nous attend !

Carlit face ouest

De loin la voie normale fait peur: c'est une pente d'éboulis interminable qui semble très raide. J'ai toujours un peu mal au ventre, mais dès le début de la pente, le mal disparaît devant le défi physique. On monte à vive allure, il s'agit en fait de simplement de poser les pieds dans la trace, là où le sol se dérobe le moins. Malgré le terrain, les 400m sont avalés en 30 minutes! On se regroupe en haut pour profiter de la fraîcheur et du panorama hélas un peu gâché par une brume d'été qui limite la vue.

Sommet du Carlit

Il y a pas mal de monde, Micha (le Hollandais) fait la connaissance d'un Anglais par ces mots: “I hate English people” (je hais les Anglais). Auquel l'Anglais répond calmement que ça tombe bien parce que lui hait les Hollandais !!! Nico et moi on se regarde: c'est quoi ce délire? S'en suit 2 minutes de “chambrage” en tout genre à propos des Anglais et des Hollandais, puis ils se serrent la main en souriant.

L'Anglais nous explique alors la supposée inimitié entre Hollandais et Anglais pour d'obscures raisons historiques et nous questionne ensuite sur notre aventure. On partage une orange et il redescend vers les Bouillouses.

On reste encore profiter du lieu, d'autres randonneurs arrivent et intrigués par nos piolets, nous demandent d'où on vient. Vu notre bonne mine et nos tous petits sacs, il ne nous est pas difficile de leur donner envie de tenter l'aventure !

Du Carlit, vue vers Les Bouillouses dans la brume de chaleur

La descente sur l'autre versant commence par quelques petits passages où il faut poser les mains, plus amusants qu'autre chose, puis le chemin descend en lacets sur une pente caillouteuse. Ce côté c'est vraiment la foule, heureusement le chemin s'élargit au fur et à mesure qu'on descend. On croise énormément de Hollandais depuis qu'on marche avec Micha, étrange! A un moment, il lance un pari à Nico:

“Je te parie que ceux qui marchent là sont hollandais.”
“Comment tu sais ?”
“Je reconnais leur façon de bouger…”

Le pari est lancé, une bière est en jeu. En passant à côté, Micha leur dit bonjour en hollandais et ils répondent en hollandais ! Et une bière pour Micha !, qu'est-ce qu'on rigole.

Plus bas il se met à courir en faisant l'avion les bras écartés, Nico lui emboîte le pas, j'hésite un peu puis je les rattrape et les dépasse lancé à pleine vitesse. Que c'est grisant !

On se trouve maintenant sur le plateau des Bouillouses, là où je suis venu cet hiver à deux reprises pour faire un peu de ski de rando. C'est bien moins joli que quand tout est enneigé, mais ça me plaît bien quand même: c'est une constellation de lacs. Le mal au ventre me reprend puis par ma faute on se perd un peu avant d'arriver aux Bouillouses, décidément ce coin ne me réussira pas (je m'y étais égaré en hiver aussi…). On en est quitte pour une petite galère.

Foule aux Bouillouses

Quand on arrive au barrage des Bouillouses, je découvre enfin à quoi ressemble le lac dégelé. C'est la foule mais comme d'habitude elle nous rend de bonne humeur: un véritable spectacle !

On fait une pause au chalet refuge des Bouillouses où je retrouve le panneau qui m'avait fait sourire cet hiver (au dessus de l'entrée de la salle hors sac): y est écrit quelque chose comme “Pour randonner heureux, randonnez léger ”!

J'avais repéré une cabane un peu plus bas, près de l'étang de la Pradella et on reprend la route après avoir vérifié auprès d'un gars du refuge qu'elle serait ouverte. Quand on ressort le ciel est devenu très menaçant, l'orage arrive et on ne traîne pas. Mon mal de ventre reprend aussi soudainement qu'il a disparu lorsqu'on s'est arrêtés…

5 personnes sont déjà à la cabane, mais elles sont très sympa et en plus ont du pain en trop. On discute un moment dehors, mais un premier orage arrive et on se réfugie dedans. Il est 16h, on a bien fait de ne pas trop traîner aujourd'hui: timing parfait !

Alors qu'un véritable déluge s'abat sur le coin et que des éclairs illuminent le ciel, 5 cavaliers tout de cuir vêtus et ruisselants passent à 50m de la cabane et suscitent notre admiration.

Le reste de la journée est ponctué d'autres orages et la veillée est brève: une longue étape nous attend demain. On ne trouve pas de source près de la cabane, alors on prend l'eau de l'étang à laquelle on rajoute des pastilles purifiantes.

Avant de s'endormir, on ramasse toute la bouffe dans des sachets: il nous a semblé entendre des bruits suspects dans la charpente…

Peu après nous être glissés dans nos duvets sur nos matelas à même le sol en ciment, ça ne loupe pas: Nico et moi repérons des mini-têtes de Mickey blanches qui nous observent à moitiés cachées derrière une poutre. Plus tard, c'est 6 ou 7 petites souris blanches que l'on distingue en train de se déplacer rapidement sous les toits. Presque indifférents à ce manège, on s'endort rapidement, parfois dérangés par les graviers qu'elles nous font tomber dessus, mais même le bruit du sachet poubelle soumis à leur voracité ne suffira pas à nous faire lever.

hrp/23.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:28 de 127.0.0.1