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Jour 21

Refuge Barbote - Refuge Sorteny +2000m/-2300m

Rien de particulièrement exaltant durant cette étape, si ce n'est qu'on arrive enfin en Andorre. Fin de journée pénible, surtout pour moi, mais la soirée est “inoubliable”…

Arrivée en Andorre

Merveilleuse nuit passée dans ce merveilleux refuge, on se lève soucieux de voir le temps qu'il fait, vu le ciel d'hier soir et les prévisions annoncée par le randonneur qu'on a croisé. C'est légèrement voilé, mais annonce probablement du grand beau temps. Pour descendre au refuge de Vall Ferrera on suit Micha: Nico et moi n'avons pas le petit morceau de carte manquant.

Cabane pouvant servir d'abri entre le refuge Barbote et Vall Ferrera

Dans la descente on croise une petite cabane avec 4 ou 5 places dedans et une vue panoramique exceptionnelle sur la vallée. De là, on hésite un peu sur l'itinéraire à suivre. Finalement on choisit d'aller à droite en longeant une rivière. 1600m, fin de la descente: on traverse le torrent d'Arcalis et on fait un peu de route en montée jusqu'à arriver à un parking.

Micha propose qu'on fasse l'aller-retour au refuge de Vall Ferrera, 100m plus haut. “ça fait 10 minutes, pas plus pour y aller”. Ok, on y va. Le timing est à peu près respecté et on découvre un refuge vaste et vide avec tout au fond: “le plus petit supermarché des Pyrénées” selon Micha !

Une espagnole très sympatique nous vend quelques friandises dont on dévorera la moitié avant de repartir.

Le plus petit supermarcado de la traversée !

Pourquoi donc Micha voulait-il monter ici ? Ah voilà: il ressort les yeux brillants avec un pack que l'on prend d'abord pour du jus de fruit, mais qui se révèle être… 1 litre de vin! Il en boit quelques gorgées non sans nous en avoir proposé puis scotche l'ouverture et le range précautionneusement sur le dessus de son sac, à la verticale.

On refait les 100m en descente, puis c'est parti pour 800m de montée jusqu'au port de Boet (2509m). Même tôt le matin on a trop chaud, c'est pénible. Le sentier est balisé par des points colorés parfois difficiles à repérer, mais avec un peu de flair, on parvient au col sans avoir trop perdu de temps.

Une vallée carrément moche se découvre: pas un arbre, tout est dans les tons jaune fade ou gris, mais sa forme est un V presque parfait. 600m à descendre d'un côté aussitôt enchaîné par 700m de montée l'autre côté pour rejoindre le Port du Rat. Mais c'est le destin du randonneur: remonter ce qu'il descend. Et redescendre ce qu'il a monté bien sûr ! Bref, on se met en mode veille, laissant nos pensées s'évader pendant ces dénivelées passées dans une vallée sans charme. Ah j'oubliais: au Port de Boet on quitte l'Espagne pour la France, mais ce sera bref: arrivé (dernier) au Port du Rat, me voici maintenant… en Andorre!

Port du Rat, arrivée en Andorre

Lorsque j'arrive au col l'effet est saisissant: une succession de crêtes et de pics se déclinent en tons de gris sans qu'on en distingue la fin. Sans se le dire, je suis sûr qu'on a tous les trois cherchés à distinguer la mer. Mais elle est encore bien loin… Côté Andorran, c'est le contraste: on passe du désert à la station de ski d'Ordino-Arcalis. Retour à la civilisation. Avant de descendre, je resserre mes lacets un peu plus que d'habitude. La station est pleine de monde: ça randonne en famille ou bien ça bulle allongé au soleil à la terrasse d'un restaurant. En passant à côté, on se décide à faire une pause et boire un verre à la terrasse, mais en entrant, des sandwiches avec de la viande et des frites nous passent sous les yeux, on ne résiste pas longtemps. On s'offre une pause d'au moins deux heures à manger et buller à la terrasse. Étonnamment j'apprécie de revoir du monde, peut être parce que j'arrive à les regarder d'un air totalement détaché.

Micha me confie:

“ Je me demande si je fais bien de rester avec vous. Vous êtes partis à deux, c'est pour marcher à deux. Je ne voudrais pas m'incruster”.

Je le rassure en lui faisant comprendre qu'il n'y a aucun problème. A trois c'est différent bien sûr mais s'il y a un problème, on n'hésitera pas le lui dire. Il est un peu taré, mais sympa et jovial, on s'entend bien et on marche à la même vitesse… quand il ralentit. Alors continuons ensemble, on verra bien. Il me fait un grand sourire et on se tape dans les mains.

Quand j'en parlerai à Nico plus tard, il sera tout à fait du même avis.

Le vin de Micha s'est en partie répandu dans son sac: ça pue la vinasse… Il trouve vite la solution: remplir sa gourde de vin et boire ce qu'il reste !

En repartant de la station, on emprunte un sentier qui part à flanc et on fait un petit détour par l'étang de Tristaina inférieur près duquel se trouve un immense refuge non-gardé. Avec pelle, scie et divers outils accrochés à l'extérieur. A peine à 30 minutes de la station de ski et de la route, on trouve même de la nourriture, des allumettes, des bougies, etc à l'intérieur et tout est super propre ! S'il avait été côté français ou espagnol, ça n'aurait probablement pas duré longtemps…

Micha, Hollandais et super sympa, une endurance impressionnante Refuge de l'étang de Tristaina inférieur

En redescendant pour rejoindre la route qui mène à El Serrat, une violente douleur se déclenche dans ma cheville droite, au niveau du cou du pied. Exactement la même que celle qu'avait eu Nico le jour 8. Merde. Du coup je traîne et la portion de route m'est pénible. Avant El Serra, on bifurque à gauche par une route moins fréquentée par les voitures. Après avoir passé un poste de gardiennage de parc (je crois), des cars remplis de randonneurs espagnols bruyants (pléonasme?) et des lacets interminables d'un chemin sous un soleil de plomb (je pense qu'on doit pouvoir les couper, mais je n'ai pas eu la force d'identifier l'itinéraire), on arrive au refuge Sorteny, je boite toujours comme un éclopé.

Rhaaa. Qu'est-ce qu'il m'arrive encore? Les tendinites au talon c'était fini, les ampoules c'était… stabilisé. Pourquoi cette douleur que je n'ai jamais eue ?

L'intérieur du refuge Sorteny tel qu'on le découvre me fait penser à un château: une pièce unique, gigantesque et totalement vide. Des lits superposés métalliques sont disposés le long de chaque mur sauf un. Doit au moins y avoir 100 places là dedans! Seul un couple français est installé. On installe nos matelas à part en s'étalant bien: il y a largement la place. On mange et on papote, Micha boit son vin, soudain Nico interrompt nos discussions… “PUTAIN! C'est quoi ça?!”. On regarde par la fenêtre et là, enfer et damnation, une horde de randonneurs, ils ont au moins 50, monte vers nous. Oooaah nooon . Nous imaginions déjà une petite veillée tranquille.

Alors qu'ils arrivent, notre situation s'empire: ce sont les espagnols des cars que nous avons croisés. Notre repère est rapidement envahi, mais heureusement à l'intérieur ils ne se montrent pas si bruyants que le pensait. Un instant on a envie lever le camp, mais il ne nous a pas semblé voir d'emplacement de bivouac à proximité et avec ma cheville, je n'ai pas trop envie de bouger.

On regroupe nos affaires, ils s'installent un peu partout. Puis remballent tout et partent… C'est quoi ce bordel? 15 minutes plus tard, ils reviennent mais ce ne sont plus les mêmes: sans doute un problème d'organisation !.. Le refuge est maintenant complet.

Le couple français est fan de taping (il s'agit de faire de la musique en tapant sur tout ce qui peut créer un son). Alors qu'ils commencent à jouer, Micha se lève et annonce, “oui bonne idée, faisons un concert, moi je chante et je ramasserai les sous !”. Il emprunte alors mon chapeau, entonne une chanson en hollandais et fait ensuite la quête auprès des espagnols. Nico et moi sommes pliés de rire sur nos bancs à le regarder, les espagnols apprécient moyennement…

Après avoir vu ensemble quelles seraient les prochaines étapes jusqu'à Banyuls, on se couche à 22h alors que certains veillent encore dehors (ouf). Mais le problème c'est quand il viennent se coucher au fûr et à mesure. J'ai mis mes boules Quies, mais impossible de ne pas entendre deux espagnols discuter de je ne sais quoi, à pleine voix, à 1m de mon lit avant de se coucher. Je ne peux retenir un “Silencio !” qu'ils exécutent en maugréant.

Plus tard, alors que je me lève pour aller aux toilettes, Nico me demande la frontale: il est quasiment sûr qu'il y a des souris dans la charpente et qu'une d'elle lui est tombé dessus. “Pas d'bol !” je plaisante. N'empêche il a eu les boules et trouvait la loupiotte de sa montre un peu juste pour faire le point de la situation et se calmer !!!

Quelle soirée…

hrp/21.txt · Dernière modification : 2015/11/22 08:24 de 127.0.0.1